Monstres Et Baguettes Magiques _ L'hypnose - Steven Heller

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MONSTRES ET BAGUETTES MAGIQUES L’hypnose n’existe pas ? Steven Heller, Ph.D. & Terry Lee Steele Introduction par Robert Anton Wilson

The Original Falcon Press Tempe, Arizona, U.S.A.

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Copyright © 1987 by Steven Heller All rights reserved. No part of this book, in part or in whole, may be reproduced, transmitted, or utilized, in any form or by any means, electronic or mechanical, including photocopying, recording, or by any information storage and retrieval system, without permission in writing from the publisher, except for brief quotations in critical articles, books and reviews. International Standard Book Number: 978-1-935150-63-3 (Print Edition) ISBN: 978-1-61869- 630-4 (Amazon Kindle English Edition) ISBN: 978-1-61869-631-1 (ePub English Edition) ISBN: 978-1-61869-633-5 (Amazon Kindle French Edition) ISBN: 978-1-61869-634-2 (ePub French Edition) Library of Congress Catalog Card Number: 87-80595 First Print Edition 1987 First eBook Edition 2012 French Translation by Helga Lainé-Schwarzenberger Couverture par Linda Joyce Franks Address all inquiries to: The Original Falcon Press 1753 East Broadway Road #101-277 Tempe, AZ 85282 U.S.A. (or) PO Box 3540 Silver Springs, NV 89429 U.S.A. website: http://www.originalfalcon.com email: [email protected]

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Condensed Chaos Prime Chaos The Pseudonomicon For up-to-the-minute information on prices and availability, please visit our website at

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Je crois fermement que tous les problèmes et symptômes présentés sont en vérité des métaphores qui contiennent une histoire du problème réel. Il est, ainsi de la responsabilité du thérapeute de créer des métaphores qui relatent une histoire qui intègre des solutions (possibles). La métaphore est le message… L’hypnose est, en soi et de soi, une métaphore dans une métaphore… Steve Heller, Ph.D.

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Table des Matières Title Page Avant Propos Introduction « Avantissement » / Remerciements (Avant Propos et Avertissement…) I Dans l’Hypnose légèrement II Metaphore – Changement – Vie III L’Hypnose de Tous les Jours L’Apprenti-Sage IV Oublie-Le V Systèmes de Croyances VI Systèmes D(eux) VII PEPS VIII Des Systèmes – et Alors ? IX Les Patterns (Routines) X Gauche Rencontre Droite Rencontre Gauche XI Réalité... Réellement ? XII Inconscient versus Conscient XIV Utiliser l’Utilisation XV Peser les Ancres XVI Ancres Partantes XVII Confessions d’un Hypnothérapeute XVIII Divagations Epilogue Bibliographie Sur l’Auteur L’Hypnose et au-delà... ... FasterEFT

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Avant Propos « Il était une fois, dans un pays lointain, un « tisserand » renommé. Les gens se rendaient chez lui avec leurs fils de toutes les couleurs – des fils qu’ils avaient collectionnés depuis de nombreuses années. Et le tisserand aidait chaque personne à apprendre comment tisser les fils en une belle tapisserie, chacun avec un modèle, un patron unique pouvant être utilisé de beaucoup de manières différentes. » Steve Heller, avec l’aide de sa chère amie et collègue Terry Steele a fourni aux lecteurs une ouverture dynamique et brillante dans un monde magique situé à l’intérieur de chacun de nous – un monde où l’on pense que résident nos vraies capacités, nos apprentissages internes et nos ressources de guérison. En utilisant l’humour, la métaphore et des cas instructifs, Heller nous amène loin au-delà du monde conscient, de ce que nous « pensons » et « percevons » être la réalité et il étend nos esprits dans une dimension connue comme inconscient. Ses théories et approches originelles, souvent provocatrices aident à mettre une nouvelle lumière sur la question classique à laquelle beaucoup d’entre nous sont confrontés : « Pourquoi ne puis-je pas surmonter mon problème alors que je suis compétent dans d’autres domaines de ma vie ? Pourquoi suis-je continuellement coincé dans ce domaine ? » La vision de Heller nous amène dans un domaine puissant à l’intérieur de l’esprit inconscient qui non seulement perpétue les problèmes, mais contient aussi les solutions. Ici, Heller offre au domaine de la psychothérapie une contribution majeure : sa conceptualisation du système sensoriel « l’inconscient/hors du conscient » fournit finalement aux cliniciens des moyens tangibles et précis de travailler avec les aspects insaisissables et problématiques du fonctionnement de l’inconscient. En évoquant, évaluant et utilisant avec créativité le langage de nos systèmes sensoriels, Heller est capable d’identifier le système sensoriel hors-duconscient qui génère le système, la douleur ou le comportement non-souhaité. Il nous montre ensuite comment il aide de façon enjouée et hypnotique les clients à entrer dans leur propre système sensoriel hors-du-conscient pour ramener à la conscience consciente les ressources innées de ce domaine capital et crucial. Ce processus facilite les découvertes du client des choix dans leur vie et active leurs capacités à casser les habitudes de leur sentiments et comportements non-souhaités. Ce qui avant créait le problème – le système sensoriel hors-du-conscient devient maintenant un allié et une ressource pour générer une croissance non seulement à l’intérieur de la zone du problème, mais aussi dans d’autres domaines de la vie. Ceux qui voyaient ces beaux tissus avec leurs modèles uniques voulaient savoir qui était leur professeur. « Le Tisserand » disaient les gens fièrement. Et ainsi la légende du Tisserand grandissait et se propageait à travers le pays. Joyce C. Mills, Ph.D. Encino, California Richard J. Crowley, Ph.D. North Hollywood, California

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Introduction Rien n’est. Rien ne devient Rien n’est pas. — Aleister Crowley (The book of lies – Le livre des mensonges) Bien que j’utilise une forme « d’hypnose » depuis plus de quinze ans, j’ai trouvé ce livre de Steven Heller et Terry Lee Steele non seulement illuminant, mais intellectuellement renversant. Il se trouve que je n’avais jamais vraiment compris « l’hypnose » avant. Lorsque j’ai appris « l’hypnose » on l’appelait « méditation guidée » et on la supposait être une sorte de synthèse de la psychanalyse et du bouddhisme, amenant rapidement au fondement de la conscience. Puis j’ai tout réappris, mais on l’appelait « projection astrale » supposée être des authentiques voyages d’un véritable « ego » hors du corps. Puis, on m’a demandé d’animer des séminaires et j’ai commencé à y inclure quelques-unes de ces techniques sans en faire des revendications spécifiques, excepté qu’elles montraient quelques propriétés inhabituelles de l’esprit humain. Puisque je n’avais aucun diplôme à ce moment-là, si le mot « hypnose » était prononcé, je disais toujours que nous utilisions « la méditation guidée » ce qui était en quelque sorte similaire à une très légère « hypnose ». Je ne voulais pas qu’ils pensaient aller en hypnose profonde, puisque je n’étais pas sûr de savoir comment gérer cela. Bien sûr, beaucoup de gens visiblement, entraient en « hypnose profonde » que j’en ai eu l’intention ou non, et j’ai appris finalement que je pouvais le gérer, j’ai obtenu un diplôme et j’étais qualifié pour jouer avec le cerveau des gens. Mais quelque part « l’hypnose » qu’elle soit « légère » ou « profonde » - me semblait toujours un peu bizarre et j’ai préféré travailler avec des techniques que je pensais mieux maîtriser. Maintenant j’ai lu Heller & Steele et je réalise que j’utilise « l’hypnose » tout le temps que je le sache ou pas. Il semble alors que chaque vendeur, chaque avocat, chaque politicien, chaque policier et chaque mari et femme ayant une dispute, utilisent « l’hypnose » à leur niveau et que le monde est à bien des égards un cirque de bandes rivales d’hypnotiseurs essayant de s’hypnotiser les uns les autres. Bien sûr, certaines choses ne sont pas complètement nouvelles pour moi. Il y plusieurs années, perturbé par des symptômes d’allergie qui ont déconcerté mon médecin, on m’a persuadé d’essayer un guérisseur de la « Christian Science ». Je fut guéri en une séance. La supposée allergie n’est jamais revenue. Non seulement satisfait, cela a éveillé ma curiosité et j’ai commencé à lire beaucoup de littérature sur la Christian Science (je suis même allé à quelques-uns de leurs services religieux, mais mon allergie aux églises semble incurable et cette phase n’a pas duré très longtemps). Puis j’ai commencé à expérimenter sur moi-même ce que j’ai compris de la Christian Science pour guérir d’autres maladies lorsque les symptômes ne semblaient pas trop sérieux et qu’il était une absolue ineptie de prendre un traitement médical. J’ai découvert que je pouvais guérir un bon nombre de mes maladies mineures et à une ou deux reprises, celles de mes amis. Je n’ai pas ouvert un cabinet de guérisseur, parce qu’il me semblait de n’avoir que peu de talent dans ce domaine, mais je pense que tout le monde a autant de talent que moi, mais la plupart des gens ont simplement peur d’essayer et de l’utiliser. Ce qui est comique dans cette histoire de ma carrière médiocre de guérisseur par la croyance est que les principes ayant appris des livres de Mme Eddy et ses disciples sont les mêmes que ceux que vous allez apprendre en lisant ce texte, mais Mme Eddy n’a jamais 9

admis d’utiliser l’hypnose. En fait, tout le chapitre de Science et Santé est consacré à dénoncer l’hypnose et les hypnotiseurs. Mme Eddy pensait que l’hypnose était le travail du diable (qui n’existe pas) et la Christian Science est le travail de Dieu (qui existe) donc l’hypnose ne marche pas, mais la Christian Science marche. La drôle d’entourloupe de cette logique est typique pour la Christian Science et pour beaucoup d’autres systèmes qui utilisent l’hypnose sans réaliser ce qu’ils font. Je pense que vous allez encore mieux comprendre pourquoi le Dr. Heller explique le succès de l’hypnose en disant : « L’hypnose n’existe pas ? » Prenez le livre de Mme Eddy, ouvrez-le à n’importe quelle page et lisez dix pages consécutives (peu importe lesquelles puisque son style est holographique et le sens partout), après dix pages au pays d’Eddy, revenez et relisez le Dr. Heller. Vous commencerez à comprendre que l’hypnose en tant que telle n’existe pas et que nous sommes tous en hypnose profonde plus souvent que nous ne le réalisons. Puisque je suis un fervent croyant de la synchronicité, je me suis arrêté pendant que j’écrivais ces lignes et j’ai pris un autre livre que j’étais en train de lire, pour vérifier l’hypothèse de Jung selon laquelle : Si je l’ouvrais au hasard je trouverais un texte qui rend le point exposé ci-dessus encore plus clair. Le livre que j’ai utilisé pour cette expérience est « Les Politiques de la Liberté Irlandaise » par Gerry Adams, le Président du Sinn Fein, un parti politique dont les rumeurs disent qu’elle est une « façade » pour l’I.R.A. (bien que Sinn Fein, bien sûr, le nie). Ceci est le passage que j’ai trouvé dans l’exposé idéologique de Mr. Adams qui se trouve être un membre du Parlement Britannique qu’il soit ou non une « façade » pour l’I.R.A. : Le langage neutre n’existe pas, car le langage est un moyen par lequel la culture, la totalité de notre réaction au monde dans lequel nous vivons, est communiqué et pour cette raison la langue irlandaise a dû être détruite. Quand un peuple a parlé une langue commune pendant des milliers d’années, cette langue reflète son histoire, ses sentiments, sa conception et sa philosophie. Mr. Adams continue de parler de « bata scoir » qui était un bâton utilisé à l’école du 19e siècle en Irlande. Chaque fois qu’un enfant parlait Irlandais, il était frappé avec le bâton qui était entaillé pour enregistrer le nombre de ces offenses. Certains appelaient cela l’impérialisme culturel ou le lavage de cerveau, mais peu l’appellerait « hypnose » . Ainsi, le nombre de ceux qui parlaient irlandais est passé de 100% en 1800 à presque 5% en 1900 et toute une culture ou tunnel de réalité est morte dans ce processus. Il n’y avait pas de « bata scoir » utilisé aux Etats-Unis quand j’ai grandi, mais un procédé d’apprentissage similaire et plus subtil était utilisé sur les esprits de ma génération. Quand j’ai commencé le lycée, les Allemands et les Japonais étaient les mauvais dans le monde, et les Russes étaient nos braves alliés dans la guerre contre le fascisme. Au moment où je suis sorti du lycée, les Russes étaient les méchants et les Allemands et les Japonais étaient nos braves alliés dans la guerre contre le communisme. Soit vous appelez cela du conditionnement ou de l’hypnose (mais l’hypnose n’existe pas…) cela a fonctionné avec la majorité de cette génération. Un tunnel de réalité était éradiqué et un nouveau était gravé à la place. Entre 1970 et 1980 je résidais au nord de la Californie. Bien qu’il y ait aussi quelques enclaves ultra-réactionnaires et de grande morale, dans les villes où j’habitais, presque tout le monde était radical – radical politique, radical philosophique ou thérapeute radical. L’avortement était un droit. Il n’y avait pas de jeu d’argent autorisé, bien que j’aie entendu que cela était un peu libéralisé depuis que je suis parti. La bisexualité était une variante permise et souvent observée. La science et le mysticisme oriental étaient en train de fondre 10

dans un nouveau paradigme qui combinerait le meilleur des deux hémisphères – ceux du globe et du cerveau. Le socialisme, toutefois, était seulement l’opinion d’une minorité excentrique et le pacifisme bien qu’universellement respecté dans notre société, n’a jamais eu d’influence quelconque sur le gouvernement national. Mais l’hypnose n’existe pas. Ces cinq dernières années, j’ai vécu en Irlande. L’IVG est illégale et même, dire à une patiente où en Angleterre elle peut avorter, peut engendrer des poursuites du médecin. Les jeux de hasard, par contre, sont légaux depuis toujours. La bisexualité si elle existe, on en a entendu parler vaguement et l’homosexualité est connue pour être très insultante pour Dieu qui a inventé le Sida pour punir ces foutus sodomites. La science et le mysticisme oriental sont à peine connus et la possibilité de s’unir en synergie éveille des regards vides comme si vous disiez qu’une bicyclette et une vache sont en train de s’accoupler et de se reproduire. D’autre part, deux des cinq plus grands partis politiques sont ouvertement socialistes (Labour et Workers Party) et l’un des deux (Labour) faisait partie du dernier gouvernement de coalition ; l’Irlande est entourée par des états socialistes partout en Europe et ne peut pas comprendre pourquoi les Américains pensent que le socialisme est diabolique et impossible. Concernant le pacifisme, il est inscrit dans la Constitution et tous les cinq grands partis sont officiellement pacifiques : aucune législation contraire à la neutralité irlandaise n’est introduite au Dadh Eriann (le parlement). Et pourtant, l’hypnose n’existe pas. Il y a dans le monde, des gens qui vivent dans des tunnels de réalité qui les amènent à penser que les tunnels de réalité californiens et irlandais sont fous et pervers. Il y a des nudistes, des Bouddhistes, des communistes russes et des communistes albanais, des socialistes nordiques et des existentialistes français, des chamans Samoan et des juifs intellectuels New-Yorkais, et tous sont sûrs et certains de détenir l’unique et véritable tunnel de réalité. Et pourtant il n’y a pas une telle chose comme l’hypnose. La Christian Science marche par la croyance en Dieu. Les différences politiques et religieuses sont produites par l’endoctrinement ou quelques processus mystérieux appelé « lavage de cerveau ». Toute cette « projection astrale » que j’ai mentionnée plutôt, montre seulement que les occultistes sont des gens très névrosés et facilement sujets à des hallucinations. Dans « Programming and Metaprogramming in the Human Biocomputer » (Programmer et Métaprogrammer l’ordinateur humain) le Dr. John Lilly dépeint en trois phrases une chose totalement évidente une fois dite, et qui va pourtant complètement révolutionner votre monde lorsque vous commencerez à la comprendre vraiment : Dans la province de l’esprit, ce qui est cru vrai, est vrai ou devient vrai dans les limites de l’expérimentation et de l’expérience. Ces limites sont d’autres croyances à transcender. Dans la province de l’esprit il n’y a pas de limites. Timothy Leary le disait encore plus simplement dans les années 60 : « Tu peux être tout ce que tu veux, cette fois-ci . » Il est difficile de croire que toute une culture puisse être détruite lorsque la langue irlandaise était détruite et pourtant c’est arrivé. Il est difficile de croire qu’une allergie peut partir quand un praticien de la Christian Science dit qu’elle est partie et pourtant c’est arrivé aussi. Il est difficile de croire que l’hypnose n’existe pas bien que nous nous hypnotisons nous-mêmes et les uns les autres tout le temps, et cependant c’est ce qui se passe tous les 11

jours et pourquoi « nous » craignons que « nous » allons nous expédier en enfer avec des bombes nucléaires.

****** Un jour, un voisin est venu voir Nasrudin, le grand Sufi sage ou un tricheur (est-ce qu’il y a une différence ?) « Puis-je emprunter un peu de farine ? » demanda-t-il. « J’aimerais t’en prêter » disait Nasrudin, « mais malheureusement je suis en train de la sécher sur le fil à linge maintenant. » « Mais comment peux-tu sécher de la farine sur le fil à linge ? » protesta l’homme. « C’est facile quand tu ne veux pas en prêter. » répondit Nasrudin. Si vous ne comprenez pas cette histoire et que vous aimeriez savoir comment même un Sufi peut sécher de la farine sur un fil à linge, lisez les pages suivantes avec grande attention. Tout sera clair une fois que vous aurez fini. Et puis lisez ces dix pages de Mme Eddy. Si cela n’est toujours pas clair, qu’il n’y a pas de limites dans la province de l’esprit, prenez le livre de Phil Laut Money Is My Friend (l’argent est mon ami) qui vous dit comment devenir riche et arrêter de vous soucier de l’argent. Analysez ce que le système de Laut a en commun avec ce livre et la Christian Science. Si vous êtes toujours perplexe, réfléchissez encore une fois à tout cela très profondément et lentement, et puis allumez la télé au moment des pubs. Vous allez vite voir combien il est facile de sécher de la farine sur le fil à linge. Vous pourriez même voir qui crée ces fils à linge qui rendent de tels miracles possibles. Robert Anton Wilson Dublin, Irlande 23 Janvier 1987

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« Avantissement » / Remerciements (Avant Propos et Avertissement…) Lorsqu’un individu se balade dans une nouvelle zone et qu’il est mordu par un chien, cela est un accident regrettable. Toutefois, lorsqu’une plaque indique : « Attention au chien » que l’individu se balade quand même et qu’il est mordu… alors on pourra appeler cela différemment. Quand vous explorerez les nouvelles zones de ce livre, sachez qu’il est de mon intention de vous « mordre ». Vous êtes maintenant dûment averti. Mon expérience avec la plupart des gens qui lisent des livres sur l’hypnose montre qu’ils cherchent un livre de cuisine avec des recettes exactes. Pour ceux qui croient qu’ils ont besoin d’un autre livre de cuisine, je recommande n’importe quel livre dans la série « Betty Crocker ». Vous n’allez pas trouver de recettes exactes ici. Même avec un livre de cuisine, un grand chef sait que d’apporter des changements dans les recettes fait la différence entre un cuisinier moyen et un super chef. Un grand cuisinier est quelqu’un de créatif qui ajuste les recettes en accord avec les circonstances. J’espère qu’en lisant ce livre, vous allez décider d’être un chef créatif… Utilisez ce que vous pouvez apprendre comme un guide, mais pas comme une carte routière exacte. Sentezvous libre d’ajouter, de soustraire, de diviser et de changer les ingrédients pour les adapter au « repas » que vous voulez servir et pour être en phase avec les convives assis à votre « table ». Au cours de mes séminaires « Hypnose Clinique : Techniques Innovantes ®, on m’a souvent demandé ce qu’il faut pour être un hypnothérapeute efficace. Ma réponse était et est toujours : « Vous devez apprendre les outils et techniques nécessaires qui aident à diriger les individus vers leurs propres ressources et créativité internes. Une fois que vous avez fait cela, vous devez coûte que coûte dégager de leur chemin. » Je donne cette réponse parce que je pense que chacun de nous a tous les outils et les solutions nécessaires à l’intérieur de luimême pour une vie plus efficace. Nous avons quelques fois juste besoin d’un peu d’aide pour savoir où regarder. Nous passons souvent trop de temps et d’énergie à essayer de comprendre où se trouvent les autres personnes. Un compas a 360° et si nous ne savons pas où nous sommes, nous avons 359 chances sur 360 d’aller là où nous ne voulons pas être dès le départ. Là quelqu’un pourrait répondre : « Si c’est cela d’être un bon hypnothérapeute, à quoi sert l’hypnose ? » Ma réponse est : « L’hypnose aide l’individu à ne pas faire obstacle lui-même à son propre chemin! » Dans la plupart des soi-disant dysfonctionnements, l’individu a suivi ses propres traces en forme de cercle. C’est comme s’ils étaient pressés d’attraper leur propre arrière-train. Lorsqu’ils ratent cette partie de leur anatomie, ils agissent comme s’ils étaient en échec. D’autre part lorsqu’ils réussissent, ils souffrent d’un chronique « Tête dans le Derrière ». L’intention de Terry et de moi-même est de vous aider à obtenir des outils nécessaires pour aider les gens à retirer leur tête de cet endroit plutôt sombre. En construisant une nouvelle structure ou en remodelant une ancienne, vous ne voudriez pas essayer de mettre le toit avant d’avoir construit les murs. Bien sûr, vous ne monterez pas les murs avant d’avoir fini les fondations ; ne construisez jamais les fondations sur du sable mouvant. Nous espérons que ce livre sera un plan général qui vous permettra de construire des structures flexibles sur des fondations solides.

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Je ne suis pas le seul à trouver difficile qui, et dans quel ordre, remercier les personnes pour leur contribution. A ceux, que j’ai omis de mentionner et auxquels je n’ai pas attribué le mérite adéquat, je demande de bien vouloir m’excuser. Quant à ceux que j’ai mentionné, ce que j’écris est loin de ce que je ressens par rapport à leurs contributions et leurs efforts. La première personne et la plus importante à qui je veux dire merci est mon co-auteur, Terry Lee Steele. Si ce n’avait pas été pour Terry, je pense que je n’aurais pas continué ce travail jusqu’à sa conclusion. En plus de ses contributions directes, elle avait son pied bien placé sur une certaine partie de mon anatomie, me rappelant « gentiment » de travailler et de travailler un peu plus encore. Les tâches ennuyeuses qu’elle a accomplies avec une bonne humeur sans faille, a rendu ce livre possible. Elle n’est pas seulement une personne délicieuse mais aussi talentueuse et dévouée qui est devenu rapidement « une thérapeute de thérapeutes ». J’aimerais remercier mon ami et collègue, Dr. James Walker, non seulement pour s’être frayé un chemin à travers mes fautes d’orthographe et de syntaxe, mais aussi pour avoir soulevé plusieurs bonnes questions qui nécessitaient des réponses. Ses questions m’ont amené à ré-écrire plusieurs chapitres. Pour ce travail supplémentaire qu’il a aidé à produire, je ne peux que dire…(censuré). J’aimerais aussi dire un merci tout particulier à Dr. H. Brian Herdeg ; pour moi Brian est un médecin unique, non seulement au niveau des soins (médicaux et personnels) qu’il prodigue à ses patients, mais aussi pour sa volonté de s’ouvrir à de nouvelles méthodes et approches. Alors que de nombreux médecins par le passé m’ont envoyé des patients en douce, Brian fut le premier à accepter ouvertement ce que je faisais. De plus, il a fait du lobbying pour que d’autres médecins acceptent mes méthodologies et il m’a aidé à être présenté à des groupes de professionnels. Il a aussi contribué à me faire rentrer sans subterfuge dans un hôpital. (Par le passé, on me faisait entrer comme un membre de la famille du patient) . Il a fait tout cela sans aucun profit personnel. Pour sa confiance et plus important pour son amitié, merci. J’aimerais étendre mes remerciements tout particulièrement à une dame spéciale, Susan Song. Elle n’a pas seulement supporté les épreuves et tribulations de ce livre, mais plus important encore, elle m’a supporté moi. Susan a lu, relu et puis re-relu des ébauches très brouillonnes de ce livre. Elle a fait plusieurs suggestions qui m’ont aidé à clarifier où j’allais. Elle a aussi contribué à l’organisation de mes séminaires et des choses ennuyeuses en général. Sans ses contributions j’aurais été enterré sous une avalanche de paperasse. Nous aimerions ajouter une reconnaissance spéciale à John Grinder et Richard Bandler, connu par beaucoup comme Bandler & Grinder ou simplement B&G. Leur travail de pionnier, dans ce qui est connu comme « Systèmes et Ancrage », n’a pas seulement rendu notre travail plus facile, mais plus important encore, il a aplani la route pour beaucoup de voyageurs. Alors que nous ne sommes pas des « PNListes » il y a des zones dans ce travail qui s’approchent de ou chevauchent la PNL. La différence entre notre méthodologie et la PNL, quoique substantielle, ajoute simplement de l’épice à la recette. La contribution principale de B&G à l’auteur était de « vous donner une carte qui va vous faciliter encore ce que vous faites déjà dans votre pratique clinique. » (Richard Bandler, communication privée 1975). Il y a bien plus de personnes que j’aimerais remercier que celles déjà mentionnées. A toutes ces personnes qui m’ont permis de jouer avec leur cerveau « Merci pour votre confiance ». Je sais que j’ai appris autant de vous que j’espère que vous n’aurez pu apprendre de moi. A tous ces professionnels qui m’ont fait suffisamment confiance pour se former avec moi et qui m’ont envoyé leurs patients, merci. A vous tous qui avez participé à mes séminaires, merci de votre soutien et accompagnement. Un merci spécial à ces patients « en phase terminale » qui m’ont permis de travailler avec eux, pour me rappeler qui j’étais et ce 14

qui est vraiment important. Enfin et surtout il y en a d’autres envers lesquels je suis reconnaissant. Ma sœur, Marsha Pearlman, pour ses efforts de dactylographie finale et la préparation de ce manuscrit ; le Dr. Jack Klausen et Glori Klausen, d’abord pour leur amitié sincère et puis pour leurs efforts à m’introduire avec mes méthodes dans les hôpitaux, chez les professionnels et le personnel auxiliaire ; le Dr. Robert Reed pour son amitié et sa confiance et pour ses efforts à introduire mes programmes dans son coin unique du monde ; un nouvel ami et collègue Dr. Ed Aronson pour être devenu mon « attaché de presse » et pour son application à rendre mes programmes disponibles à un plus grand nombre. Steven Heller Février 1987

****** Lorsque j’ai entendu Steve parler de son travail, je savais qu’il y avait quelques pièces manquantes au puzzle de l’hypnose que j’ai cherché et travaillé à développer. Tout au long de nos années de collaboration j’étais étudiante et collègue. Une étudiante tenace, afin de persuader Steve d’assumer son rôle de professeur pour définir, guider et partager ses idées et compréhensions. Un collègue enthousiaste voulant rassembler ces pièces du puzzle et les imbriquer pour qu’une image plus complète de la communication hypnotique soit disponible et évidente pour d’autres. Ecrire ce livre avec Steve fut une expérience intéressante. Ce fut aussi instructif, frustrant et un teste complexe de patience. J’étais déterminée à créer un livre qui donne des détails, des explications et fournit des principes de base et des lignes directrices pour les applications en situation de thérapie. Steve était autant que moi déterminé à ne pas produire un livre style recettes qui amène le lecteur à croire qu’une seule recette magique existe. Il n’y en a pas. Je pense nous avons réussi. Mon espoir est qu’en lisant ce livre, vous soyez illuminés, encouragés et divertis. A la fin de cet ouvrage, j’espère que vous commencerez avec créativité à intégrer le savoir, la technique et l’intuition. Ma gratitude va à Shirley Coleman pour des heures de dactylographie et des mémos intelligents, à toute la famille, aux amis, aux collègues et aux clients qui m’ont apporté un élan et un soutien moral. Un merci spécial à Mike Dicken qui est une source constante de force, d’encouragement et de joie. Terry Lee Steele

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I Dans l’Hypnose légèrement HYPNOSE – LE PREMIER PAS L’hypnose n’existe pas ? peut paraître un sous-titre étrange pour un livre écrit par un homme qui fut dans le domaine de l’hypnose clinique pendant des années. Ce titre déplaira certainement à ceux qui croient fermement que l’hypnose existe et le livre en soi va déplaire à ceux qui croient fermement que l’hypnose n’existe pas. Je crois fermement que l’hypnose est juste un état… au sud de l’Oregon et au nord de Washington, il n’existe pas vraiment, sauf dans l’esprit des gens. Paul Watzlawick, dans son excellent livre « The Language of change » (Le langage du Changement) déclare : « Il n’y a rien de tel que de jouer du piano ; je l’ai essayé plusieurs fois et rien n’en est sorti. » Un problème majeur en discutant ou en écrivant sur le processus de l’hypnose réside dans le fait qu’à travers des années, tellement de définitions de ce qu’est ou n’est pas l’hypnose furent accrochées au mot même, que les gens gardent des notions et des idées préconçues. On peut dire qu’ils étaient hypnotisés à croire ce qu’ils croient sur l’hypnose. Le but de ce livre n’est pas de donner une définition académique de l’hypnose. Il y a beaucoup de bons livres sur le sujet qui font un travail excellent en donnant plusieurs définitions différentes et contradictoires de l’hypnose. Ces définitions, les gens sont libres de les rejeter ou ne pas les accepter selon leurs pensées. Toutefois, si l’hypnose signifie un état spécial où une personne est mise dans un profond état mystique tel qu’elle perde la volonté sur son être, parce qu’une autre personne, appelé hypnotiseur, crée de telles suggestions puissantes et irrésistibles auxquelles la victime ou sujet est incapable de résister, alors l’hypnose n’existe pas. Si ce « pouvoir » existait, je n’écrirais pas ce livre ni n’exercerais dans ma profession. Je rentrerais simplement dans n’importe quelle grande entreprise et amènerais le PDG à me donner l’entreprise. Si, toutefois, nous considérons l’hypnose comme un terme générique qui regroupe toutes les formes de conscience altérée et ne considérons pas l’hypnose comme un état mystique, nous pouvons alors obtenir une image plus claire et plus confortable. Pour illustrer encore l’usage du mot « hypnose » comme un terme générique qui couvre beaucoup d’états, considérons alors un état appelé sommeil. Nous reconnaissons qu’il y a un sommeil léger, un sommeil profond, un sommeil paradoxal avec MOR (mouvement oculaire rapide), un sommeil agité etc.. Cependant, tous ces états sont contenus dans la catégorie appelée « sommeil ». Des experts débattent toujours de ce qui produit le sommeil et pourquoi les gens dorment de tant de façons différentes, mais aucun ne nie l’existence de l’état sommeil. Si vous allez imaginer une ligne horizontale et vous pensez d’un côté le conscient éveillé, et de l’autre le sommeil, vous pouvez alors envisager et saisir les nombreuses graduations entre ces deux points opposés. Vous pourriez accepter ainsi l’hypnose comme une zone entre les deux pôles où la conscience qu’a l’individu de son environnement est diminuée, pendant que la conscience du processus interne, sentiments, pensées et images est augmentée. Une autre similitude pour l’hypnose peut être trouvée dans l’électricité. Nous savons tous que l’électricité existe pourtant les experts débattent toujours de ce qu’est vraiment l’électricité. La seule notion généralement acceptée est que l’électricité est une forme d’énergie. Vous pouvez considérer les techniques hypnotiques comme un groupe de méthodes pour la production d’une forme différente d’énergie dans le cerveau et l’état hypnotique, un conduit pour diriger cette énergie vers l’accomplissement des buts. 16

HYPNOSE EN TANT QUE COMMUNICATION Nous incluons dans notre définition de l’hypnose toute forme de communication dans laquelle une ou des personnes, soit un hypnotiseur, une femme, un mari, un enseignant ou ?, utilisent des mots, des tonalités, des expressions ou des mouvements qui provoquent et/ou évoquent chez une autre personne une expérience interne et cette expérience devient une réalité en soi. Par exemple, si j’écris ou dis le mot « rose », vous pourriez penser à une fleur particulière, peut-être de couleur rouge. Je pourrais parler d’une personne nommée Rose [en anglais une signification supplémentaire : quelqu’un d’autre pourrait se souvenir de quelqu’un qui s’est levé (raise, rose, rosen)]. Si je parle d’une belle rose rouge, alors une personne pourrait se rappeler une occasion spéciale, les émotions, les sons, les images, les odeurs et en effet, elle pourrait revivre toute cette expérience. Pourtant, une autre personne pourrait faire une grimace terrible parce qu’elle est allergique aux roses. Je me rappelle lors d’une conversation avec une femme adorable, d’un incident survenu parce qu’une autre femme nous a rejoint. Soudain je me sentais revenir à l’âge de quatre ans « voyant » une tante qui pour moi était gargantuesque. Je ressentais la peur d’être écrasé par sa taille et je l’ai « vue » dans sa robe à pois. Après un instant, je secouais ma tête et revins au présent pour réaliser que le parfum de la deuxième femme me rappelait le parfum de ma tante. L’odeur seule m’a fait régresser à cette expérience de l’enfance. L’hypnose n’existe pas et vous avez besoin d’une transe profonde et des suggestions puissantes pour produire une régression. Vraiment ??? Une technique de la soi-disant hypnose traditionnelle s’appelle « hallucination négative ». Cela est produit en mettant quelqu’un en « état d’hypnose » et en suggérant, par exemple qu’ils ne vont ni voir ni entendre une certaine personne ou un certain objet. Un soi-disant « bon sujet » sortira de la transe, et comme suggéré, ne verra ou n’entendra pas la personne ou l’objet. Combien de fois avez-vous appelé vos enfants pour le diner et que leur réponse fut de ne pas répondre ? Un individu vient à votre cabinet en disant : « Je ne peux pas prendre une décision ; c’est tout simplement impossible. » Ceci, aussi est une hallucination négative. Cet individu a décidé de me trouver, a décidé quelle route prendre et a décidé d’entrer en relation avec moi. Ou prenez la personne qui dit : « Tout le monde me hait, ils m’ont toujours haï. » Manifestement si elle a vécu pour raconter son histoire, en toute probabilité quelqu’un a tenu à elle et l’a aidé, mais elle a exclu cette partie de l’histoire de sa réalité. Alors que quelqu’un vous fait la tête ne veut pas dire qu’il n’est pas constipé. Encore une fois, l’hypnose n’existe pas ; ou peut-être tout est hypnose.

UN MONDE PLAT Il était une fois des gens qui croyaient que la terre était plate. Des personnes d’autorité avaient affirmé cela. En conséquence ils ont construit tout leur monde basé sur les limites d’une terre plate. Si nous nous restreignons aux anciennes définitions de l’hypnose, nous connaîtrons alors un monde plat. Notre monde devient rond quand nous faisons un pas en arrière, voyons et entendons les soi-disant phénomènes hypnotiques tout autour de nous sans avoir besoin d’une transe. Quelqu’un vous dit : « Je ne peux pas réussir. Je rate toujours tout. » Pourtant, ils savent comment marcher, ils savent comment parler, ils savent comment faire toutes ces choses et plus – avec succès. Nous parlons d’un système de croyances, une ou des suggestions qui ont été acceptées et selon lesquelles nous agissons même au détriment de déformer la réalité. Pour récapituler, si vous considérez l’hypnose comme un état spécifique qui inclut toujours une transe profonde, alors l’hypnose n’existe pas. Toutefois, si vous utilisez l’hypnose 17

comme un terme générique pour contenir tout ce qui altère la perception ou change le conscient, alors vous pouvez réaliser que l’hypnose n’est qu’un mot. Ce mot en contient d’autres comme la méditation, la fantaisie, l’imagerie guidée, la relaxation profonde – tout ce qui encourage ou précipite une personne à se tourner vers l’intérieur et avoir une expérience interne qui devient plus profonde ou plus importante que la réalité consensuelle externe. Puisque nous vivons tous dans le même monde et que nous avons plus ou moins les mêmes opportunités, il est triste que des gens utilisent cette chose qui n’existe pas pour se convaincre que leurs choix n’existent pas. En espérant que ce livre vous aidera à devenir conscient comment utiliser ces mêmes méthodes différemment ; d’emprunter les mêmes techniques dont les personnes usent pour créer leurs limites et d’utiliser ces mêmes techniques pour créer de nouveaux choix et de nouveaux horizons.

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II Metaphore – Changement – Vie DES ILLUSIONS Las Vegas, Nevada. Les lumières brillent, un sentiment d’excitation flotte dans l’air. Un jeune couple, c’est leur premier voyage, entre dans un beau casino, heureux d’apprendre à jouer au Blackjack. Ils voient un joueur assis à une table de blackjack avec des milliers de dollars en jetons de cent dollars devant lui. Ils regardent et écoutent avec fascination. Le joueur mise trois et quatre cents dollars par main, gagne et perd. Ils étudient la méthode du joueur, regardent son style de jeu, jusqu’à ce qu’ils comprennent le tout, « pensant » de façon sure et certaine qu’avec autant d’argent devant lui, il doit être un expert. Ils prennent leur fonds limité, s’assoient, jouent et perdent tout. Alors ils décident que quelque chose ne fonctionne pas chez eux, puisque copier un expert les amène à un tel échec. Si seulement ils avaient parlé au directeur du casino, ils auraient appris que « l’expert » est en réalité un roi de la pizza à Chicago. Il connait tout sur la pizza et rien sur le blackjack. Il a assez d’argent pour acheter un nombre important de jetons et les apparences sont trompeuses. Même un singe pourrait avoir une main gagnante de temps en temps. L’erreur du couple fut de faire des suppositions basées sur des apparences. Il était une fois un petit garçon et une petite fille qui entendaient des adultes utiliser des gros mots, et les voyaient faire des choses exceptionnelles : conduire une voiture, voter, se battre et beaucoup plus encore. Le petit garçon et la petite fille supposaient que puisque les adultes « savaient » de telles choses, ils devaient être des experts de la vie et de la façon d’être parents. Le petit garçon et la petite fille commençaient à copier les adultes, seulement pour souffrir de douleur et de frustration. Ces adultes étaient experts en matière de pizza, mais les enfants étaient trop petits pour regarder au-delà des apparences.

DES ROSIERS Il était une fois deux petits rosiers nommés Judy et Jim. Ces rosiers vivaient confortablement dans une pépinière lorsque deux personnes arrivèrent et prirent Judy, prétendant qu’ils étaient des experts et qu’ils savaient beaucoup sur les rosiers – et, en effet, ils en savaient beaucoup. Ils ont planté Judy dans un sol fertile avec la meilleure combinaison de soleil, d’eau et de nutriments. Ils écartèrent les mauvaises herbes et les insectes et traitèrent Judy avec gentillesse. Judy fleurissait, grandissait avec de grandes belles roses, et si tant est que les rosiers aient des sentiments, Judy était heureuse. Deux autres personnes allèrent à la pépinière et prirent Jim, déclarant qu’ils étaient des jardiniers experts et savaient tout sur les rosiers. Mais ils étaient réellement des rois de la pizza de Chicago. Ils plantèrent Jim dans une terre salée, sablée, trop chaud le jour et trop froid la nuit. Ils l’arrosèrent trop, puis trop peu, et ne firent rien pour la mauvaise herbe et les insectes. Malgré tout cela Jim survécut mais il était fané, rabougri et triste à voir ; Alors, Jim regardait Judy à travers le champ et voyant sa beauté, il décida (si tant est que les rosiers puissent décider) que le problème venait tout simplement du fait qu’il était défectueux et pas bon. Maintenant, cher lecteur, si vous pouviez parler à un rosier, je suis sûr que vous lui diriez : « Jim, ce n’est pas toi ! Les experts n’étaient pas des experts et c’est ton environnement qui pose problème. » Mais à quoi bon ? Un petit rosier ne peut pas marcher, 19

ne peut pas conduire une voiture ni travailler. Toutefois, le temps passa et Jim, coûte que coûte apprit à marcher, à parler, à conduire une voiture et à travailler. Il se sortit de cet environnement minable et déménage pour s’installer dans l’environnement riche et fertile où vivait Judy et devinez quoi ? Faux ! Jim continua à faner et à faire éclore des roses petites et laides. Jim était tellement convaincu d’être défectueux qu’il se disait : « A quoi bon ? Cela ne sert à rien, ce n’est même la peine d’essayer. » De plus il porte son passé avec lui et il « sait » que l’environnement riche n’existe pas. Bon, que peut-on attendre d’un rosier ?

UNE AFFAIRE DE SINGE Il était une fois un singe rhésus que l’on enferma dans une cage spéciale. Cette cage avait des carrés rouges, jaunes et verts. Quelques jours plus tard, un « expérimentateur » configurait les carrés rouges de telles façons qu’ils émirent des chocs intermittents en causant beaucoup de douleur au singe. Le singe devint anxieux mais apprit rapidement à éviter les carrés rouges. Puis l’expérimentateur fit en sorte que les carrés rouges et jaunes donnent des chocs intermittents et le singe agissait comme s’il était maniaco-dépressif, alternant une hyperactivité, puis une dépression et un repli sur soi. Le singe apprit vite à éviter les carrés rouges et jaunes et puis tous les carrés furent mis sous tension. Le petit singe commençait à se mordre, à cogner sa tête contre les barreaux et à déféquer sur lui. On peut dire qu’on a rendu le singe fou. Cette expérimentation dura un mois. Le singe fut transféré dans une deuxième cage avec un sol blanc. Une musique douce jouait, il était caressé, choyé, nourri. Peu après, il se calma et deux semaines plus tard il jouait et explorait sa cage. Il n’était pas différent d’un singe d’une population rhésus qui n’a pas été exposé à cette expérimentation. Bon, mais que peut-on attendre d’un singe stupide ? Il n’est pas aussi intelligent qu’un homme. Il ne savait pas comment rester accroché au passé pour toujours, ni comment continuer à anticiper un désastre. Il savait seulement comment s’adapter à des circonstances changeantes. Lorsqu’il fut remis dans la première cage, il fut anxieux pendant deux jours, mais après s’être assuré qu’il n’y avait pas de choc, il recommençait d’être aussi joueur dans cette cage. Bon, comme je vous le fait remarquer, les singes ne sont pas aussi intelligents que les hommes ; peut-être juste plus intelligents que des rosiers. Lorsque vous lisez les « méta-huit » - une métaphore dans une métaphore, dans une métaphore – vous êtes amené à penser, à vous souvenir, à vous connecter, à chercher et à comprendre, c’était le but. Pour comprendre une métaphore, vous devez dans la plupart des cas, rentrer dans votre propre histoire, vous rappeler ces situations qui semblent similaires et vous souvenir de ces mots… Mais sait-on que l’hypnose n’existe pas ?

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III L’Hypnose de Tous les Jours L’Apprenti-Sage ÉVEILLER L’HYPNOSE Un soir, un groupe d’amis et moi-même dînions dans un restaurant local. Notre serveur, très distrait, semblait agité et déprimé. Abrupt, lent et peu amical, ce dernier, en définitive, laissait beaucoup à désirer. Comme je voulais passer une soirée agréable, j’ai décidé de lui parler d’une « drôle » de façon pour l’aider à se sentir mieux. Alors qu’il passait à notre table, la cafetière à la main, j’ai touché son bras et lui ai dit : « Je suis désolé que vous ayez oublié cette soirée spéciale… avec cette personne spéciale … ces choses excitantes qui se sont déroulées… ces sentiments chaleureux dont vous seriez embarrassés de parler…puisque nous sommes tous des étrangers. » Pendant un instant son visage devint blanc ; il a regardé en haut à gauche et me répondit : « Comment savez-vous cela ? » Puis il sourit et commença à rire, et toute son attitude changea comme par magie. Il disait : « Wow, c’était une sacrée nuit. Je ne sais pas comment vous l’avez su. » Quand il revint à notre table, je lui ai dit : « N’est-ce pas incroyable que votre attitude change et que vous continuiez à vous sentir encore mieux lorsque vous vous rappelez ces sentiments chaleureux et heureux ? » Le service fut délicieux le reste de la soirée. Encore mieux, lorsque nous partîmes, le serveur nous annonça que non seulement nous étions l’un des meilleurs groupes qu’il avait servis mais il nous demanda aussi de faire appel à lui lors de notre prochaine visite. Pour tout vous dire, je n’ai absolument aucune idée quant à ces hallucinations qui le troublaient, mais ma communication lui permit de retourner dans sa propre histoire. Puis, il y a trouvé une expérience qui remplissait les blancs et ce souvenir l’aida à changer toute son attitude en quelques secondes. Bien sûr, l’hypnose n’existe pas et si elle existe, il aurait dû aller de plus en plus profondément en transe.

TRANSACTIONS HYPNOTIQUES Une définition classique de la suggestion hypnotique est : utiliser des mots qui amènent le sujet à retourner dans le temps et y retrouver un souvenir qui cause un affect émotionnel. Si nous acceptons ceci comme une définition de la suggestion hypnotique, alors ma communication et la réaction du serveur correspondent bien à cela. Ma communication lui a laissé deux choix : me demander de quoi diable je pouvais bien parler, ou de répondre comme il l’a fait. Je crois que ces genres de « transactions hypnotiques » survient beaucoup plus souvent qu’on ne le pense. Elles (la communication hypnotique et les réactions) sont encore plus habituelles dans un environnement chargé d’émotions. L’arène de la thérapie est un tel environnement. Un patient entre dans le cabinet d’un thérapeute, s’assied et dit : « Je vais vraiment mal aujourd’hui. Mon rendez-vous d’hier soir m’a énormément blessé. » Le thérapeute répond : « Je comprends. Cela fait vraiment mal. » Qu’est-ce que comprend spécifiquement le/la thérapeute ? Est-ce que le/la thérapeute se souvient d’une époque où il/elle fut blessé/e parce que son ami/e disait : »Ne m’appelle pas, je t’appelle. » ? ou « Je ne veux pas te faire de mal, mais je suis amoureux/se de ton/ta meilleure ami/e. » ? Peut-être le patient voulait-il dire que son ami/e l’avait frappé/e sur la tête avec un marteau. En réponse à la phrase » … mon ami/e m’a fait du mal » le/la thérapeute a halluciné… il/elle l’a rempli d’images, de sentiments et de 21

réponses de sa propre histoire. Qui hypnotise qui ? Cette transaction ci-dessus s’approche fortement de la définition d’une transaction hypnotique. Dans le milieu de la thérapie, je crois que, soit vous utilisez l’outil appelé hypnose, soit vous finissez par être hypnotisé par les personnes qui vous paient pour être aidées.

SONS « ENTRENSEANTS » (qui mettent en transe) Si nous comprenons le mot « hypnose » uniquement dans le sens d’un état de transe, alors notre capacité à reconnaître des « transactions hypnotiques » sera sévèrement limitée. Si, toutefois, nous utilisons le mot « hypnose » pour comprendre n’importe quelle transaction et n’importe quelle communication qui entraîne un individu à entrer dans ses propres expériences et à faire appel à sa propre imagination pour répondre, nous obtiendrons une carte qui nous permettra de prendre conscience des « transactions hypnotiques » qui s’opèrent autour de nous. De plus, si nous en venons à accepter que ces transactions peuvent être « déclenchées » non seulement par des mots, mais aussi par des signaux visuels, des sons, des personnes et des choses, alors notre carte sera encore plus utile. Un collègue et moi-même avons enseigné à un interne en psychiatrie l’utilisation de l’hypnose. Ce dernier nous a amené une vidéo de son travail avec un « schizophrène ». Selon lui, non seulement il avait des difficultés à travailler avec ce patient, mais à la fin de la séance, il devenait une boule de nerfs. Alors que nous regardions sa cassette, j’ai commencé à rire, ce qui l’énerva encore plus. J’ai arrêté la cassette et je lui ai fait remarquer que ce patient était très efficace pour l’hypnotiser. J’ai remis la cassette au début et je l’ai aidé à comprendre ce que je disais. Le patient était assis d’une certaine façon que je peux au mieux décrire comme un bretzel (de façon tordue). Il usait aussi d’une « salade de mots » avec beaucoup de pauses entre les mots pour s’exprimer. En quelques minutes, l’interne « copiait » le patient : assis de la même manière, sautant d’une idée à l’autre, s’arrêtant entre les mots avec une évidence accrue d’anxiété. Une autre façon de décrire leur transaction serait : le patient était en train d’utiliser des mots, des sons et du langage corporel et l’interne répondait comme un sujet hypnotique parfait. En prenant conscience de ce qui se passait, l’interne fut capable d’interrompre l’attitude du patient et de commencer à obtenir du patient qu’il le suive. Une femme, très dépressive et en colère, est entrée dans mon cabinet. Elle m’a raconté que son mari lui avait dit qu’elle était un gros cochon. J’ai pensé qu’il était très impoli de sa part de lui dire cela, mais j’ai pensé aussi qu’il y avait des façons plus élégantes pour elle de le gérer que de devenir aussi dépressive. Alors que j’investiguais pour savoir comment et quand son mari avait dit cela, il s’avérait que ce dernier n’avait pas du tout utilisé ces mots. Elle avait entendu « ce son » de voix et avait « su » ce qu’il voulait dire. Les gens « n’enregistrent » pas passivement les phrases prononcées par un orateur. A la place, ils entendent ce qu’ils veulent entendre. Ils reconstruisent activement les deux, les sons et la syntaxe de la parole en accord avec leurs attentes. Aitchison, 1976

REGRESSER J’ai lui ai demandé de fermer les yeux et « de se souvenir de ce son… jusqu’à ce que vous éprouviez ces sentiments qui vous font savoir qu’il vous appelle un ‘gros cochon’. Lorsque vous avez ces ressentis, faites-le moi savoir en levant le premier doigt de votre main gauche. » Une ou deux minute plus tard, elle me le signalait et je lui ai dit : « Maintenant, 22

regardez son visage…comme il était juste à ce moment-là…alors que vous entendez ce ton. Maintenant, laissez son visage s’estomper et remplacez-le par cette autre personne qui a utilisé ce même ton à un autre moment de votre vie et qui a utilisé des mots comme ‘gros cochon’. » Elle fut capable de découvrir que le ton de son mari (lorsqu’il était en colère) lui faisait penser exactement au ton de la voix de son père quand il était en colère. Elle s’est souvenue aussi que son père appelait sa mère « gros cochon » et lui disait qu’elle allait devenir exactement comme sa mère. Alors, lorsqu’elle a entendu le ton de voix de son mari, elle s’est déconnectée de la réalité consensuelle, elle est allée dans sa réalité interne, elle a rempli des mots du passé, a répondu à ces mots comme s’ils avaient été prononcés et devint dépressive. Tout cela se basait sur des faits qui se sont produits des années auparavant. Aitchison (cité plus haut) en discussion avec des psycholinguistes a exposé ceci : …ce n’est pas seulement l’attente de la personne d’entendre des modèles de son qui influence ce qu’elle entend, mais peut-être, à une plus large mesure, son attente des habitudes de syntaxe et de sémantique… Lorsque quelqu’un entend une phrase, elle s’accroche à des indices externes et « saute à des conclusions » de ce qu’elle entend. Maintenant, examinons un phénomène hypnotique appelé régression. Un hypnotiseur va utiliser des mots (suggestions) destinés à susciter le sujet à « retourner » dans le temps pour « re-sentir » des évènements passés ou d’examiner des évènements passés. Là, où cette « régression » est efficace, le sujet va réagir, du moins émotionnellement, comme si l’évènement passé se déroulait dans le présent. Si nous examinons la transaction entre la femme et son mari et ce qui est arrivé à cause de son « ton de voix », cela correspondra à la définition d’une régression hypnotique. Bien sûr, la femme n’était pas en transe. Ou l’étaitelle ? Quand elle a expliqué ce qui l’a amenée à « se rendre dépressive », elle a commencé à regarder fixement. Alors qu’elle rentrait vraiment dans son histoire, j’ai observé que ses pupilles se sont dilatées, sa respiration et sa couleur de peau avaient changé et que ses yeux devenaient vitreux. Lorsque j’ai passé ma main lentement à travers sa ligne de vision, elle ne la voyait même pas. N’importe quelle personne qui connaît les bases des phénomènes hypnotiques aurait été capable de voir qu’elle était en transe. Si le simple fait de raconter ce qui s’est passé produit un état hypnotique, nous pouvons nous demander ce que l’incident même aurait produit. Dans le monde « réel » de la vie de tous les jours, des communications et transactions hypnotiques se déroulent tout autour de vous. Alors que vous vous ouvrez à ces nombreuses possibilités, je suis sûr que vous allez commencer à en voir beaucoup plus. Qu’en est-il d’un parent qui regarde un enfant « méchamment » et dit : « Tu ferais mieux de ranger ta chambre, sinon » et puis s’en va, laissant l’enfant se demander : « Sinon quoi ? Le géant vert va me jeter ? » L’enfant devient anxieux, agité et attend le désastre. Qu’en est-il d’un enfant à qui on dit : « Qu’est-ce qui se passe avec toi ? Tu ne peux rien faire correctement ? » et l’enfant se met à penser : « Je ne peux rien faire correctement », transformant ainsi la question en directive. Il/elle peut même en arriver à croire que maman ou papa vont être contents s’il/elle ne fait rien correctement. Si l’enfant commence assez souvent à bien exécuter les suggestions, je n’ai pas besoin de vous dire ce que seront ces résultats.

L’HYPNOSE ET SCÉNARIOS DE VIE Les thérapeutes « AT » (Analyse Transactionnelle) suivent un concept qu’ils appellent « Scénarios de vie ». Ils croient que les individus reçoivent un « scénario » à suivre qui, si douloureux et inchangé, va amener l’individu à agir de manière autodestructrice. « Tu ne 23

peux pas boire, tu ne peux pas boire jusqu’à ce que tu sois un homme. » Un tel message peut être traduit inconsciemment par : « Pour être un homme, je dois boire. » Ici c’est une implantation d’une suggestion qui peut prendre une telle emprise que l’individu finit par devenir alcoolique. En fait, les personnes de « l’AT » soutiennent que cela n’est pas rare. Une autre façon de regarder cet exemple pourrait être : les mots utilisés ont amené la personne à remplir avec sa propre signification. Cette signification est devenue une suggestion post hypnotique qu’il exécute plus tard avec beaucoup de succès… en se soûlant. Un cas rapporté par un thérapeute était un homosexuel à qui on avait dit quand il était un jeune garçon : « ne fais plus jamais ça [le « ça » : on l’a surpris jouant au docteur] avec les filles. » Il fut battu avec une ceinture. Le garçon a traduit cette transaction en « c’est mal de faire ça avec des filles, mais c’est ok de le faire avec des garçons. » Des années après il est étiqueté « homosexuel » pour avoir été un si bon sujet hypnotique. Dans ces exemples ci-dessus d’un alcoolique et d’un homosexuel, nous pouvons trouver quelque chose d’important à considérer. En résultat de ce que j’appelle « transactions hypnotiques », ces individus ont appris à croire en certaines idées. De leurs idées, ils ont appris à se comporter de certaines manières que nombreux appelleraient douloureuses. Avant de poursuivre, j’aimerais vous faire retourner… à notre ami, le serveur. Plusieurs mois après l’incident que j’ai décrit, je suis retourné dans ce restaurant avec plusieurs amis. Comme le destin le veut, notre table se trouvait dans sa section. Lorsqu’il venait prendre notre commande, il s’arrêta, me fixa et disait : « Je ne vous ai pas déjà vu ? » J’ai répondu : « Je venais souvent dans le passé. » Il accepta cette explication et continua son travail. J’ai expliqué à mes amis ce que j’avais fait avec lui auparavant. Nous étions tous d’accord pour dire qu’il était une personne polie et chaleureuse. Vers la fin de notre repas, il passa et nous demanda si nous voulions autre chose. Certains ont commandé un café. Il revint avec la cafetière dans la main, s’arrêta, me fixa, sourit et dit : « Maintenant je sais qui vous êtes. Je ne sais toujours pas comment vous avez su tout cela. » Alors, il s’est assis et s’est mis à nous raconter comment je lui ai fait penser à cette fille et maintenant ils étaient fiancés. Après son récit, j’ai essayé de lui expliquer ce que j’avais fait, mais il ne m’a pas cru. Il continuait à penser que j’avais des informations confidentielles. appelez-vous maintenant… lorsque je lui ai parlé d’une façon particulière, il tenait la cafetière dans les mains. Une partie de ce que j’ai dit, impliquait le sentiment de chaleur. D’une façon que je n’aurais jamais pu prédire, son esprit a fait une connexion instantanée entre la cafetière, l’incident, les sentiments et moi. En bref, une expérience rapide d’apprentissage qui, en me voyant, déclencha seulement une petite partie de l’expérience. La cafetière a déclenché le tout. Nous pourrions appeler toute la transaction une expérience d’apprentissage. Elle aurait pu être bizarre mais une expérience d’apprentissage tout de même. En fait, il y a beaucoup de chercheurs en hypnose qui affirment que tout apprentissage se fait dans un état qui est similaire à l’état hypnotique. Certains diraient même qu’apprentissage et hypnose sont seulement deux mots différents pour décrire la même chose.

2+2=HYPNOSE Maintenant, si quelqu’un vous demandait d’additionner deux plus deux, je suis sûr que vous répondriez correctement. Si l’on vous demandait comment vous connaissiez la réponse vous pourriez répondre que vous l’avez appris enfant. En d’autres termes, la question en soi vous a amené à retourner dans votre histoire personnelle et d’y trouver la connexion associative « exacte ». Vous l’auriez fait instantanément, sans vous rendre compte consciemment du processus. Une autre façon d’exprimer l’exemple 2 + 2 peut être la suivante : Lorsque vous étiez enfant, un individu qui faisait figure d’autorité – nommé 24

enseignant – se tenait devant une classe. Il ou Elle a écrit au tableau 2+2=4 et a répété verbalement l’information plusieurs fois. En plus, il ou elle a demandé à la classe de se souvenir de la réponse pour que, lorsque l’on vous demande d’additionner 2+2 vous répondiez automatiquement 4. Nous pourrions être d’accord pour dire que cette transaction pourrait être appelée : enseigner et apprendre. Si nous examinons la transaction plus attentivement et d’une perspective différente, nous pourrions aussi être d’accord pour dire qu’elle contient une ressemblance frappante avec la définition classique de « suggestion hypnotique » et « réponse post-hypnotique ». Maintenant… pensez au serveur, sa cafetière et sa réponse. C’est comme si la cafetière était devenue le déclencheur (tout comme la question 2+2) qui l’a amené à retourner dans son histoire personnelle et d’y trouver « la réponse ». Dans ce cas, la réponse était de réagir face à moi avec toute la mémoire etc. Maintenant, en parlant d’hypnose de scène, un volontaire est amené sur la scène et mis dans « cet » état et on lui répète que lorsqu’il entendra le claquement des doigts de l’hypnotiseur, il va réagir en chantant du Dixie. L’hypnotiseur alors claque les doigts et le sujet répond avec « la bonne réponse » en chantant Dixie. Demandez-vous… MAINTENANT…en dehors du facteur temps raccourci, ce qu’est la différence entre « apprendre » 2+2=4 et la transaction entre l’hypnotiseur de scène et le sujet ? L’hypnotiseur de scène choisit maintenant un autre volontaire et suggère que lorsqu’une lumière rouge s’allume, le sujet lèvera sa main gauche. Plusieurs minutes après, l’hypnotiseur allume la lumière rouge et le sujet lève sa main gauche. Alors quoi !? Nous pourrions appeler cela un exemple de suggestion post-hypnotique. Vous conduisez sur une route fréquentée, écoutant la radio et plongez profondément dans vos pensées. Tout un coup, un feu devient rouge – et devinez quoi ? Vous vous arrêtez (espérons-le) sans y penser et presque automatiquement. Vous pourriez appeler votre action une « réponse conditionnée » et vous pourriez soutenir qu’elle est différente de l’exemple de la lumière rouge de l’hypnotiseur de scène. Pourtant, si la suggestion lumière rouge/main gauche était répétée plusieurs fois, vous pouvez imaginer ce que le sujet ferait à chaque fois qu’il voit une lumière rouge. En plus des définitions de transactions et de communications hypnotiques que vous avez lues jusqu’ici, j’aimerais ajouter : l’hypnose est une forme d’éducation. Des idées, croyances, possibilités, fantaisies et beaucoup plus peuvent être « suggérés » et si acceptés et suivis d’action plusieurs fois, ils peuvent devenir une part conditionnée de votre comportement. De plus, dans certaines conditions, une réponse conditionnée peut être établie en une fois sans répétition et sans « entraînement ». Pensez encore au serveur. Nous n’avons jamais répété sa réponse, ou ma « suggestion », pourtant, des mois après, il réagissait. Je crois que tous les comportements, utiles ou non, sont appris via une quelconque transaction hypnotique.

CAS 1 : AUTODESTRUCTIF Un jeune homme brillant et talentueux m’a été envoyé avec le problème de « toujours annihiler ses opportunités ». Avant de me voir, il a fait deux ans de thérapie classique afin de trouver une réponse à son problème. Son problème était étiqueté comme trouble « caractérologique ». On lui a également dit qu’il avait des tendances de sociopathie et d’autodestruction. (En fait il parlait plus comme un psychiatre que comme un « patient »). Il a fini une année complète d’université avec une moyenne de 4. Il a essayé trois fois de finir sa deuxième année, mais à cause de sa performance lamentable, il a été obligé d’abandonner à chaque fois. En raison de ses talents et de son intelligence évidente, il a été embauché par plusieurs entreprises dans différents postes de management, malgré son manque de diplôme universitaire. Toutefois, chaque fois qu’il a reçu une promotion, ou que sa position devenait 25

permanente, il se soûlait, ne venait plus au travail et finissait par être renvoyé. Une fois, il est allé tellement loin qu’il a attaqué et blessé son supérieur immédiat. Le jeune homme a été élevé dans un environnement strict, style européen dans lequel le père était le chef de famille incontesté. Enfant, il avait très peur de ses parents, et comme la plupart des enfants, il croyait qu’ils savaient tout. Etudiant dans le système américain, il fut encouragé à poser des questions. Chaque fois qu’il questionnait son père sur n’importe quel sujet, il était confronté à des agressions verbales et souvent il était puni. Pendant un état hypnotique formel (quoi que cela veuille dire) il a retrouvé une image très claire : il a vu sa mère debout au-dessus de lui, pointant un doigt vers lui et criant. Puis il fut capable « d’entendre » ses mots : « N’essaie jamais d’être mieux que ton père. » Il fut capable de se souvenir de ses sentiments de terreur et de condamnation à une mort imminente. Le fait que son père était un facteur en retraite qui n’est jamais allé à l’université n’est probablement pas… TRES IMPORTANT. Puisque l’hypnose n’existe pas, c’est simplement une coïncidence qu’à chaque fois qu’il était en train de dépasser son père, quelque chose arrive pour l’empêcher d’être meilleur que lui. C’était un très bon garçon puisqu’il faisait seulement ce que sa mère lui avait dit. Supposons qu’une partie de notre jeune homme reconnaisse ses talents et son potentiel et qu’elle veuille les utiliser pendant qu’une autre partie de lui dise : « Qu’est-ce que tu es en train de faire ? Etre mieux que ton père et perdre l’amour de ta mère ? » (ou n’importe quoi du même genre) Ce conflit pourrait produire un conflit classique d’approche/évitement. Plus il s’approche de la réussite, plus il s’approche « de dépasser son père », plus il tombe dans les suggestions passées et les peurs qui s’y rattachent. Plus il fuit ses talents et capacités, plus sa partie « succès » le pousse. Les résultats sont stress, douleurs, peur et échec à répétition, peu importe le chemin qu’il prend. Bien sûr, puisque sa mère n’a pas utilisé de boule de cristal pour le mettre en transe, aucune hypnose n’était impliquée…VRAIMENT ?

ANXIETE ET HYPNOSE Maintenant, retournons à notre métaphore de l’hypnotiseur de scène. On peut l’imaginer donner la suggestion suivante : « Lorsque je tire sur ma cravate une fois, vous lèverez votre main gauche. Lorsque je tire sur ma cravate deux fois, vous allez descendre votre main gauche.» Nous pourrions définir cette transaction comme donnant une suggestion posthypnotique qui va être déclenchée par un signal visuel (tirer la cravate). Un homme arrive à une fête et voit une femme le regarder d’un « drôle » d’air. Son cœur se met à battre plus fort, son estomac se noue, ses paumes de main commence à transpirer, il panique et se dépêche de sortir de la fête en se disant : « Je ne peux pas gérer « ça » » - peu importe ce que « ça » veut dire pour lui. Si nous retournons et examinons cette transaction, nous pouvons conclure que ce qu’il « a vu » dans le visage de cette femme a déclenché sa « réponse ». En effet, la façon dont elle l’a regardé, a agi « comme si » un signal visuel qui a déclenché sa réponse (juste comme l’hypnotiseur de scène tirant sur sa cravate). Sa réponse ne peut, en fait, peu ou rien avoir à voir avec la réalité de la situation. La femme peut même avoir des difficultés avec ses yeux et l’a « regardé de cette manière » parce qu’elle avait du mal à le voir. Le Dr. Max Hamilton (1955) aborde ce sujet en relation avec des états anxieux quand il dit : …ainsi le patient souffrant d’un état d’anxiété n’est peut-être pas capable de décrire la situation qui provoque l’anxiété ; c’est à dire qu’il peut lui sembler que son anxiété est sans cause. Cette conscience de la relation entre l’ancienne expérience et l’expérience présente 26

est fondamentale, car elle implique que chaque expérience consciente est modifiée par une expérience du passé ; par exemple, le fait même de faire l’expérience est modifié par les expériences du passé. Ceci équivaut à dire qu’aucune émotion n’est vécue deux fois exactement de la même manière. Par conséquent tout comportement, son aspect émotionnel inclus, est un comportement appris. Ma conviction profonde est que nos problèmes et nos limitations (aussi bien que nos attitudes et nos comportements réussis) sont le résultat d’une forme de transaction/communication hypnotique. En Hypnose Clinique : Séminaires de « Techniques Innovatrices® » j’ai démontré que le soi-disant « phénomène hypnotique » peut être produit non seulement par des mots, mais aussi à travers des expressions faciales, des postures du corps, certaines tonalités et simplement en regardant fixement. Ces expériences m’ont conduit à conclure que l’hypnose est une méthode de communication qui ne doit pas se limiter uniquement aux mots, mais peut prendre des formes multiples.

JE NE PEUX PAS – JE NE VEUX PAS Si un homme arrivait à votre bureau souffrant des maux suivants : cancer en phase terminale, sa femme est partie avec le livreur de lait, son fils est accusé de meurtre et la banque vient juste de saisir sa maison, nous pourrions être d’accord pour dire que ses problèmes sont des problèmes réels. Il serait juste de dire qu’une solution logique du problème réel serait à l’ordre du jour. Où peut-il aller pour le traitement de son cancer ? Comment peut-il recevoir des conseils juridiques ? Quel pas faut-il faire et dans quel ordre ? Toutefois, le client ou patient classique qui arrive dans un cabinet de thérapie ne souffre pas souvent de tels problèmes de « réalité », ni n’est autant aux abois. En toute probabilité, leur situation de réalité n’est pas substantiellement différente de celle d’un échantillon général de la population. Pourtant ces individus peuvent être anxieux, dépressifs, ou même « agir » en psychotiques. Si nous considérons la possibilité que les problèmes qu’ils présentent sont le résultat d’une forme de transaction hypnotique, alors leurs problèmes ne sont pas basés sur la logique ou la réalité (comme l’homme à la fête qui s’est sauvé parce qu’ « elle » l’a regardé d’une « drôle » de manière). Essayer d’appliquer des solutions logiques à des problèmes illogiques (et probablement hypnotiques) est, à mon avis, une thérapie ILLOGIQUE. Un homme dit à son thérapeute : « Je ne peux pas sortir et rencontrer des femmes ! » Manifestement, il a vu d’autres hommes rencontrer des femmes. Si le thérapeute dit : « Allez, John, d’autres hommes rencontrent des femmes. Vous avez rencontré des femmes dans votre vie. Vous devez vraiment essayer. » Ce thérapeute a fait une gaffe. John sait probablement tout « cela » et a entendu sans doute ce « conseil logique » avant. Si la logique était la réponse, il aurait résolu son problème et utiliserait son argent à des fins plus agréables qu’une thérapie. A quel point est-il logique pour un individu de lever la main lorsqu’un hypnotiseur tire sur sa cravate ? Pourquoi ne pas être illogique ? Dites à cet homme de sortir et de se faire rejeter par au moins dix femmes, mais de prendre méticuleusement note de ses réactions. Paul Watzlawick (1978) en confrontant la question de la logique et des approches créatives, a spécifié : …puis cela révèle l’inadéquation d’une procédure qui consiste essentiellement à traduire ce langage analogique en un langage digital d’explication, d’argument, d’analyse, de confrontation, d’interprétation etc. et qui, en traduisant, répète l’erreur qui a amené la victime à chercher de l’aide au départ, au lieu d’apprendre le langage du cerveau droit (hypnotique) et de l’utiliser comme la voie royale au changement 27

thérapeutique. (Pour ceux qui aimeraient une description plus complète des méthodes illogiques qui marchent, je peux vous recommander l’excellent livre de Dr. Watzlawick The Language of Change – Le langage du changement) Je crois que l’hypnose est le « langage de l’hémisphère droit » et donc une voie royale au changement thérapeutique.

SVENGALI ET TRILBY Si nous commençons à réaliser que des mots et d’autres formes de communication peuvent amener un individu à se tourner vers l’intérieur et créer un monde halluciné auquel il réagit, nous avons élargi notre concept même de l’hypnose. Si ce monde halluciné est un monde dans lequel les choix sont réduits ou exclus et dans lequel l’individu est conditionné à répondre de façon préétablie, nous aurons alors une meilleure compréhension des suggestions et phénomènes hypnotiques. Bien sûr, certains diront : « Cela ne peut pas être de l’hypnose. La personne n’était pas en transe. Personne n’a porté de cape, ni utilisé une boule de cristal. » J’ai une question pour vous, cher lecteur : A quelle époque, Svengali et Trilby ont-ils vécu ? Pour ceux d’entre vous qui doutent, nous pouvons limiter la période à « entre aujourd’hui et un jour dans le passé ». Vous abandonnez ? En vérité, Svengali et Trilby n’ont jamais vécu. Ils sont le produit de l’imagination d’un écrivain. Pourtant, il y a beaucoup de gens qui ont été hypnotisés pour croire qu’ils étaient réels. Mais, bien sûr, par peur d’oublier : l’hypnose n’existe pas… ou peut-être tout est hypnose. J’aimerais faire revenir notre ami métaphorique, l’hypnotiseur de scène. Lorsque nous l’avons quitté, il était en train de donner la suggestion suivante à son sujet : « Lorsque je tire une fois sur ma cravate, vous allez lever votre main gauche. Si je la tire deux fois, vous aller descendre votre main. » A partir du moment où cette « suggestion » est acceptée par le sujet, nous pouvons nous attendre à ce qu’il ou elle réponde à cette demande. Si le signal est donné assez souvent, le pauvre sujet va développer une réaction conditionnée. Ceux qui ont appris l’hypnose traditionnelle et ses phénomènes, vont reconnaître que chaque fois qu’un signal est donné, le sujet répondra par des séquences préétablies et stéréotypées, pas à pas. Chaque réaction d’un individu peut être différente de celle d’un autre, mais chacun répondra d’une façon préétablie et presque compulsive. Maintenant, voici ce que j’ai du mal à comprendre : Comment la réaction stéréotypée du sujet hypnotique se différencie-t-elle de la soi-disant réaction névrosée ? Le « névrosé » dans certaines conditions (signaux/réplique) tend à répondre de façon préétablie, stéréotypée et compulsive. Qui peut dire la différence ?

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IV Oublie-Le L’AMNESIE RAPPELÉE Avant qu’il ne soit complètement oublié, j’aimerais aborder le sujet de l’amnésie et sa relation avec ce livre. Freud a défini l’amnésie comme une répression d’un matériel traumatique que l’ego (je pourrais l’appeler l’esprit conscient) n’est pas capable de gérer. Si nous acceptons cette définition comme étant correcte, nous pourrons supposer sans danger que l’information traumatique est toujours là mais que l’individu n’a aucune conscience du trauma. Si ce trauma est toujours là, alors, en toute probabilité, l’émotion et les conséquences sont toujours actives. Toutefois, à cause de l’amnésie, l’individu va éprouver des sentiments déplaisants sans connaître leur source. Puisque les gens n’aiment pas ne pas savoir, ils trouvent quelque chose à blâmer dans leur réalité externe. Cette « chose » peut être totalement sans rapport, symbolique ou peut contenir un trait qui, inconsciemment, rappelle au sujet le trauma initial. L’individu peut alors réagir avec ce que certains psychologues appellent l’effet « comme si », répondant à une situation actuelle avec des réactions et sentiments comme s’ils répondaient à une situation liée au passé. Il y a plusieurs années pendant la recherche en hypnose, un professeur de psychologie a induit une transe somnambulique à une femme. Le sujet était capable de produire des phénomènes hypnotiques les plus profonds, y compris l’amnésie post-hypnotique. La portée de cette recherche était de tester la théorie selon laquelle en exécutant une suggestion posthypnotique, le sujet retournerait dans l’état hypnotique. Pendant cet état somnambulique, il avait été dit au sujet que, lorsque l’horloge sonnerait 22 heures le soir de la fête de la faculté, elle retirerait une de ses chaussures, la poserait sur la table du dîner et mettrait des roses dans la chaussure. Mieux encore, il fut suggéré qu’elle n’aurait aucun souvenir de cette suggestion, que cette action lui paraîtrait être sa propre idée et qu’elle se sentirait obligée de finir sa tâche. « Une chose très intéressante se passa sur le chemin pour arriver à la fête. » Pendant qu’elle exécutait la suggestion hypnotique, le professeur lui demanda ce qu’elle faisait. Elle répondit que son mari lui avait offert un très beau vase en cristal qui ressemblait exactement à sa chaussure et qu’elle ne savait jamais quoi en faire. Elle continua à dire qu’elle s’était soudainement rendu compte comment arranger les fleurs dans le vase et qu’elle devait essayer cette méthode dans sa chaussure avant de l’oublier. Bien que son explication semblait absurde, elle agissait comme si elle affirmait une vérité. Alors que le professeur essayait de lui expliquer combien son histoire était ridicule, elle devenait anxieuse, agitée et sur la défensive. L’expérimentation prit fin à cause de son anxiété et sa sensation de gêne extrême. Alors, si nous examinons objectivement cet exemple ci-dessus, nous pouvons voir un cas de suggestion post-hypnotique exécutée sans souvenir conscient de la source de cette suggestion. Mieux encore, il montre à quel point le sujet a désespérément cherché une explication « logique » à ses actions et montre le bouleversement émotionnel produit lorsque l’explication du sujet a été défiée. Vous-même, cher lecteur, pourriez dire : « Alors, elle était simplement en train d’exécuter une suggestion hypnotique. » Pour ma part, je crois que ce « phénomène hypnotique » est recréé dans toute notre vie plus souvent que nous ne le pensons. Prenez l’homme qui arrive à la fête, qui a « vu » la femme le regarder d’une façon étrange et qui a répondu avec un battement de cœur accéléré, des nœuds dans l’estomac, en se disant : « Je sais pourquoi elle me regarde de cette façon, elle me hait. » Si quelqu’un devait le 29

questionner au sujet de son interprétation, il se défendrait probablement et deviendrait peutêtre irrationnel. Mais, bien sûr, l’hypnose n’existe pas. Si ma thèse est correcte, alors la réponse de cet homme aura autant de sens que celle de la femme avec sa chaussure. Essayer de donner du sens à ses actions et réactions serait fastidieux et il en résulterait probablement très peu ou rien.

CAS 2 : PEUR DES HAUTEURS Un exemple d’une technique hypnotique que j’utilise en partie dans un cas, devrait montrer comment ceci se met en place. Une femme d’une cinquantaine d’années avait une peur terrifiante des hauteurs. Elle « savait » que c’était parce qu’elle était tombée d’une échelle d’environ un mètre et demi à l’âge de huit ans. Je lui ai dit que si l’échelle était la cause, alors n’importe qui tombant d’une hauteur de deux mètres devrait avoir la même peur qu’elle. Je lui ai demandé de fermer ses yeux et de se regarder monter l’échelle jusqu’à ce qu’elle sente la peur et de signaler avec le premier doigt de sa main gauche dès qu’elle était en contact avec cette peur. J’ai observé les expressions de son visage, son rythme de respiration et l’apparence générale. Lorsqu’elle a montré un état de peur, j’ai touché légèrement son bras droit et j’ai dit d’un ton lent et égal : « Gardez ce ressenti et rappelez-vous que lorsque je vous toucherai, vous sentirez cette peur immédiatement. » J’ai claqué mes doigts et dit plus rapidement « remplacez cette image par une image remplie de belles fleurs, sentez-les, et sentez le plaisir. » J’ai observé les changements jusqu’à ce qu’elle apparaisse calme et relaxée. Je lui ai alors dit que lorsque je lui toucherai le bras, elle ressentirait la peur et comme si elle voyait un projecteur de diapositive, elle regarderait les scènes clairement en retournant à la source de cette peur et de le signaler lorsqu’elle y serait. Lorsqu’elle me l’a signalé, je lui ai dit de laisser partir ce sentiment inconfortable en claquant les doigts et de regarder comme si elle voyait quelqu’un d’autre jusqu’à ce qu’elle voie et/ou entende quelque chose à laquelle se connecter et qu’elle ne reviendrait pas à l’état conscient avant que cette connexion soit faite. Cinq minutes après environ, elle ouvrit les yeux et me raconta l’histoire suivante : Lorsqu’elle avait à peu près cinq ans, elle avait une amie qui avait pour habitude de monter sur des boîtes pour sauter. Sa mère l’a attrapée une fois, lui dit qu’un jour elle se casserait une jambe et que ce sera bien fait pour elle. Sa mère lui disait aussi que ce sera une bonne chose parce qu’autrement elle tomberait de plus haut et se tuerait. C’était une suggestion hypnotique puissante bien placée. Lorsqu’elle est tombée de l’échelle, c’était la même chose que de mettre une lumière rouge et le sujet lève une main. A partir de ce moment-là, dans son esprit, la prochaine chute la tuerait et elle n’avait aucun souvenir de la « suggestion ». Alors elle s’est protégée en développant une réaction phobique à la hauteur. Si elle évitait les hauteurs, elle ne mourrait pas. Rien de tout cela n’est sensé, excepté dans son esprit ; là c’était réel. Le problème était résolu en lui demandant de fermer les yeux et de se voir elle-même comme un expert de démolition de l’armée. Je lui ai alors touché le bras et lui ai dit de « voir » toutes ces peurs comme des bombes à retardement et de les faire exploser en toute sécurité ; de sentir ensuite le plaisir des fleurs et se voir dans le jardin, puis me faire un signe dès que la tâche serait accomplie. Lorsqu’elle leva le doigt, je lui ai demandé de faire revenir ses bons sentiments ; avec cela j’ai claqué mes doigts pour lui rappeler tous ces bons ressentis. Alors, faire exploser des bombes à retardement par quelqu’un n’a pas plus de sens que le trauma hypnotique originel, excepté que cela marche. J’ai observé des gens qui montraient une anxiété sévère et puis un profond soupir de soulagement dès la fin de l’exercice. Quelque 30

temps plus tard, beaucoup m’ont dit qu’ils avaient moins peur en général et ils étaient plus à l’aise quant à ce qui était leur zone de problème auparavant. Si nous saisissons une fois encore le concept qui veut que le problème soit en réalité une métaphore, alors faire exploser des bombes à retardement est simplement le bon outil pour le bon travail, métaphoriquement.

LANCEMENT DE FUSÉE Si vous devez assister au lancement d’un missile guidé, vous pourriez être en admiration. Vous pourriez apprécier la puissance et la sophistication sans en comprendre la moindre de ses subtilités – à moins que vous ne soyez un expert en ce domaine. Vous pourriez considérer le missile comme un véhicule qui aurait besoin d’un système de guidage et un dispositif de déclenchement. Pour relier cette métaphore de missile à notre sujet, vous pourriez considérer une suggestion post-hypnotique comme le système de guidage, dirigeant le comportement (le véhicule) vers une cible et le dispositif de déclenchement comme un stimulus spécifique qui déclenche la suggestion hypnotique. Toutefois, pour que le vaisseau soit propulsé, il faut du carburant et dans notre métaphore, la peur est le carburant qui garde le système en marche. Sous tous les soi-disant problèmes réside ce carburant appelé peur : peur d’être rejeté, peur de mourir, peur de tomber, peur de ne pas être assez bon. Peu importe comment vous le nommez, en finale c’est toujours la peur. La peur est ce qui rend le champ fertile pour « semer » les suggestions hypnotiques qui deviennent des comportements étiquetés par certains psychiatres et psychologues comme des comportements névrosés, psychotiques, paranoïaques, maniaco-dépressifs ou dans des rares cas, normaux. Il y a le cas d’une jeune femme qui ne pouvait pas dire « non ». Elle était étiquetée nymphomane. L’hypnose a révélé qu’étant enfant, elle devait obéir sans poser de questions. Sa mère se mettait en rage quand elle n’obéissait pas. Un jour, elle a dit « non » à sa mère. Sa mère l’a battue, elle est tombée à la renverse sur une cuisinière et fut brûlée par l’eau bouillante pendant que sa mère hurlait : »Ne dit plus jamais ‘Non’ ! » Quand elle fut une jeune femme à chaque fois un homme lui demandait de coucher avec lui, elle disait toujours « oui ». Sans même savoir pourquoi, la peur de dire « non » était trop grande, elle exécutait la suggestion hypnotique en disant « oui ». Rappelez-vous du jeune homme qui, chaque fois qu’il était proche d’être meilleur que son père, fichait tout en l’air en faisant tout pour être renvoyé ? Lui aussi répondait en fonction de sa peur et de la suggestion du passé. Les acteurs sont différents, mais l’histoire (et le monstre appelé peur) est la même. La peur n’a pas besoin d’être rationnelle pour nous affecter fortement. Si vous avez déjà réagi à un « poisson d’avril » auquel vous avez cru ou si vous vous êtes réveillé la nuit en entendant des craquements dans la maison qui vous ont effrayé etc., alors vous savez que la peur n’a pas besoin d’être rationnelle. La peur est connue pour bloquer les effets de la Novocaïne chez les patients dentaires. Des chirurgiens sont conscients qu’un patient sévèrement peureux est un candidat enclin à nécessiter une anesthésie plus forte, à mourir sur la table d’opération ou à mettre plus de temps à récupérer, etc.. Mettez cette émotion qui cause autant de réactions physiques et mentales en rapport avec une suggestion posthypnotique comme : « Ne sois pas meilleur que ton père » et vous obtenez une combinaison puissante qui n’a pas besoin de faire du sens pour affecter la vie d’une personne de façon douloureuse.

METTRE LES PIECES EN PLACE Une femme fut placée dans un établissement spécialisé à trois reprises. Son histoire était 31

très intéressante. Petite fille, elle a vu sa mère devenir folle et être emmener. Son père buvait et lui hurlait :« Tu es comme elle ». Après une si forte suggestion, bien sûr, la peur est toujours présente. Alors, elle a fini par être admise en établissement spécialisé et qualifiée de folle. Il n’y a rien de tel que l’hypnose. Il y a très peu de différence entre le cas ci-dessus et les « dynamiques » du sujet levant sa main à la lumière rouge ou tirant sur la cravate. Vous rappelez la femme avec la chaussure ? Elle commença à avoir peur quand on lui posa des questions et c’est alors qu’elle devint irrationnelle. Plus elle était apeurée, plus elle essayait irrationnellement de trouver une raison « logique » pour défendre son comportement. Si pour certaines raisons, la séquence avait été répétée plusieurs fois, elle aurait pu développer un réflexe conditionné. Elle aurait pu essayer différents arrangements dans des chaussures différentes. Elle répéterait son comportement pour prouver qu’elle n’était pas folle la première fois ! Je crois que tout apprentissage suit les principes de l’hypnose ou que tout hypnose suit les principes d’apprentissage. Vous devez décider pour vous-même. La première expérience de lecture d’un enfant se fait par suggestion. Par exemple, une image de chat est montrée à l’enfant. Il voit les lettres C-H-A-T, et l’enseignant répète « C-H-A-T se dit chat. », vous voyez l’image ? Tôt ou tard l’enfant accepte la suggestion. Il serait aussi facile d’enseigner à l’enfant que F Y Z se dit chat. La peur de ne pas appartenir au groupe, l’autorité de l’enseignant et la répétition de la suggestion, tout s’allie pour produire l’apprentissage. Je n’oublie pas un seul instant le renforcement positif dans l’apprentissage : complimenter l’enfant pour sa bonne orthographe est important. De la même façon, dire à un enfant que les enfants devraient être vus et non entendus et puis complimenter l’enfant pour être si silencieux. Bien sûr, dans le dernier exemple l’enfant pourrait grandir timide et retiré, mais le principe reste le principe.

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V Systèmes de Croyances HALLUCINATION +/En utilisant l’hypnose traditionnelle, vous pouvez prendre un bon sujet (peu importe ce que cela veut dire), induire une transe profonde (peu importe ce que cela veut dire) et suggérer au sujet que lorsqu’il ouvrira les yeux, il « verra » six chiens grognant arriver sur lui de façon menaçante. Le « bon » sujet répondra après avoir ouvert les yeux d’une manière très forte à cette métaphore « suggérée ». S’il était connecté à des appareils de monitoring psychologiques, ils enregistreraient ses fortes réactions. Pendant qu’il réagit à cette métaphore induite par l’hypnose, le sujet va montrer de la colère et être sur la défensive lorsque l’on lui suggérera que les chiens ne sont pas vraiment là. Son système de croyances interne lui dit qu’ils (les chiens) sont réels et c’est ainsi qu’il va réagir. Des experts dans l’art de l’hypnose définiront le phénomène ci-dessus comme hallucination positive induite par hypnose – ce qui veut dire, créer quelque chose qui n’existe pas et à laquelle le sujet répond comme si elle existait. Une autre façon de définir le phénomène ci-dessus serait de dire que, par l’hypnose, une croyance fut induite temporairement (métaphoriquement) au sujet ; que cette croyance est devenue sa carte intérieure du monde et il a réagi comme si sa métaphore était le monde réel. Aussi longtemps que son « système de croyances » sera opérationnel et en vigueur, il continuera à répondre aux « chiens » comme s’ils étaient réels. Bandler & Grinder (1975 a, b) affirment que nous n’agissons pas sur le monde directement ou immédiatement, mais plutôt à travers des cartes internes (systèmes de croyances) du monde et que la « carte n’est pas le territoire ». Le patient – ou n’importe quelle autre personne – qui dit : « Je ne peux pas y arriver » ou « Personne ne m’aime » est, en effet, en train d’utiliser le langage pour décrire sa carte (son système de croyances interne), mais pas nécessairement le monde réel ou son expérience réelle. Les cartes, comme le langage, sélectionnent certains aspects et en ignorent d’autres et comme le langage, les cartes sont des expressions culturelles d’éléments significatifs pour la société. Aziz 1978 Je pourrais ajouter que les systèmes de croyances de l’individu sont plus une expression d’éléments qu’il a appris à croire significatifs. Toutefois, ce que sa carte a omis peut être plus important que ce qu’il continue à « voir ». Une fois que la personne devient consciente du biais culturel en construisant la carte, il ou elle ne peut plus jamais prendre une carte comme une représentation correcte du monde. Créer une carte est comme sculpter une statue. Ce qui importe n’est pas seulement ce qui reste en vue, mais aussi ce qui a été amenuisé. Humain Nature, janv. 1979 Vol. 2, pg 34 Nous pourrions présenter la proposition ci-dessus de la manière suivante : Nous ne réagissons pas à la réalité (quoi que cela veuille dire). En effet, nous agissons et gérons la réalité selon nos métaphores qui deviennent notre réalité individuelle et personnelle. 33

CROYANCES : BON OU MAUVAIS A chaque transaction entre individus – que ce soit entre amis, amoureux, parent/enfant, patient/thérapeute – chaque personne apporte avec lui un ensemble de systèmes de croyances ou de cartes internes. Je crois que la plupart de ces systèmes de croyances sont efficaces et permettent aux personnes d’atteindre leurs buts désirés. Toutefois, certains de ces systèmes de croyances peuvent être moins qu’efficaces et peuvent nous entrainer sur des chemins douloureux. Les individus qui viennent dans un cabinet de thérapeute pour chercher de l’aide apportent avec eux toute une histoire, tout un passé, toutes ses origines et ses contextes, toute une série de systèmes de croyances. La plupart de ces systèmes de croyances sont constructifs et utiles – autrement ces personnes n’auraient pas survécu assez longtemps pour chercher de l’aide. Mais dans les domaines où ils montrent de la douleur et du dysfonctionnement, soit leur système de croyances dans cette zone est « le problème », soit il les empêche de trouver la solution. C’est comme si… On leur avait donné une fois pour toute, une carte qui indiquait que San Diego en Californie était en réalité San Francisco en Californie. Ils passeraient une grande partie de leur vie à essayer de prouver à tout le monde que San Diego est San Francisco. Puis ils se faufileraient discrètement à San Francisco pour la déménager brique par brique à San Diego et prouver ainsi que leur carte était la vraie. Je crois qu’il serait beaucoup plus utile de les aider à faire une nouvelle carte. Un de mes systèmes de croyances basique est que les individus seraient hypnotisés dans leur système de croyances métaphorique, que ces métaphores soient élégantes et efficaces ou douloureuses et auto-limitantes. Comme je l’ai exposé avant, je pense que tout apprentissage est une forme d’hypnose et que les transactions hypnotiques se produisent tout le temps entre les gens. L’individu qui a été hypnotisé pour « voir » six chiens grognant agit plus ou moins de la même façon que la personne qui est « sûre » qu’elle ne peut pas réussir ou qui « sait » qu’elle ne va jamais trouver quelqu’un qui l’aime ou qui « entend » des voix lui disant de faire des choses étranges, etc.. Ces personnes sont « sûres » de ces choses parce que leurs systèmes de croyances excluent tous les faits qui pourraient prouver autre chose. Trop souvent, à mon avis, les thérapeutes sont enclins à accepter ces cartes douloureuses comme exactes et puis aident leurs patients à « vraiment rentrer dans ces sentiments ». Un individu entre dans un cabinet de thérapeute et se plaint que personne ne l’a jamais aimé ou n’a jamais été gentil avec lui ; que tout le monde l’a « arnaqué ». Si le thérapeute accepte ces déclarations comme des faits véridiques, alors je pense que le thérapeute a succombé à l’hypnose du patient. Maintenant, si vous voulez bien considérer l’hypnose comme une métaphore – qui veut dire : l’hypnose substitue un type de conscience par un autre, une réalité par une autre – alors le thérapeute a été hypnotisé pour accepter la réalité et le conscient d’une autre personne comme vrai. Tout d’abord, puisque la personne a survécu pour raconter son histoire, c’est que quelqu’un dans le passé a été gentil avec elle, l’a nourrie, s’est occupé de ses vêtements, etc. Et les enfants avec qui il a joué étant petit ? Les cadeaux qu’il a reçus dans le passé ? Est-ce qu’il ment ? C’est une possibilité. Une autre possibilité est que ses systèmes de croyances sont tels qu’il a exclus de son conscient tout ce qui pourrait contredire ses « métaphores » personnelles. Il peut même déformer et fausser sa conscience consciente pour la « faire » correspondre à sa « métaphore ». Le thérapeute qui accepte la « métaphore » du patient comme étant la réalité suit la carte du patient et finit aussi par être perdu. Mais les thérapeutes ne font pas cela… n’est-ce pas ? Ridicule n’est-ce pas ? Bien sûr, un Républicain conservateur pourrait affirmer que tous les Démocrates sont des voleurs de chevaux pourtant, tous les voleurs de chevaux ne sont pas Démocrates. Un Démocrate « libéral » pourrait « prouver » que tous les Républicains ont « soldé » l’état aux grandes entreprises, mais ces choses-là sont différentes, n’est-ce pas ? Dans l’exemple de la métaphore induite par hypnose (six chiens grognant) la 34

« suggestion » garde l’hallucination en vigueur. Quand une personne « sait » que tout le monde la hait, ou qu’elle échouera toujours, ou tout autre problème, ce sont ses systèmes de croyances qui entretiennent ces hallucinations. Nous pouvons considérer qu’à un moment de son existence quelqu’un ou quelque chose a créé une métaphore (ou une suggestion hypnotique) qu’il a interprétée en donnant le sens que les gens le haïssent ou qu’il va toujours échouer. Pendant sa vie, il a, en toute probabilité, fait l’expérience que quelqu’un l’a aimé et accepté et que, sans aucun doute, il a réussi plein de choses ; pourtant ses systèmes de croyances produisent le phénomène hypnotique appelé « hallucination négative » (ne pas voir ou ne pas entendre ce qui est à voir ou à entendre), ce qui résulte à ne pas « voir » ou ne pas « entendre » l’information qui est en conflit avec ce qu’il croit. En effet, ses systèmes de croyances ont créé une carte intérieure et il « sélectionne » dans le monde ces indices qui correspondent et répondent à la carte. Juste essayer de convaincre un sujet hypnotique avec de la logique que les chiens grognant ne sont pas réels, va susciter de la résistance, de la même manière, attaquer ses systèmes de croyances internes sera contré la plupart du temps avec le même résultat… la « résistance ».

CROYANCES COMME SOUVENIRS Comme je l’ai indiqué ci-dessus nous ne répondons pas ou n’agissons pas sur le monde (la réalité) même, mais nous agissons et répondons plutôt au monde basé sur nos séries internes de croyances. A une même situation du monde « réel » il peut y avoir et souvent il y a une multitude de réponses et de croyances. Deux personnes vont à la plage ensemble ; l’une d’elle sourit et dit : « N’est-ce pas beau ? C’est si chaud et agréable. Wow ! J’adore la plage. » L’autre personne répond : « Beurk, c’est affreux, terrible et sale. Regardes toutes ces puces de sable et le goudron par terre. A cause de la chaleur je colle et sens mauvais. Je ne comprends pas comment tu arrives à supporter cela. » Bien, la plage est la plage, est la plage et pourtant… voici deux réponses complètement différentes et incompatibles. Chaque individu répond physiologiquement, psychologiquement et émotionnellement selon ses propres systèmes de croyances sur la plage. Ces systèmes de croyances proviennent de leurs propres « souvenirs » (métaphores) relatifs à leur signification donnée par rapport à une plage et ces « souvenirs » sont, en fait, devenus leur propre réalité individuelle. Les souvenirs sont ainsi des systèmes physiques dans le cerveau dont l’organisation et les activités constituent des enregistrements ou des représentations du monde extérieur, non pas au sens passif des images, mais en tant que systèmes d’action. Les représentations sont exactes dans une mesure telle, qu’elles permettent à l’organisme de présenter des actions appropriées au monde. J.Z. Young, 1978 On serait tenté de dire que la plage est devenue « comme si » un signal hypnotique qui mettrait en marche certaines réponses spécifiques selon chaque « souvenir » de l’individu concernant la plage. Mais, bien sûr, l’hypnose ne peut être le résultat d’une plage ou d’un souvenir…n’est-ce pas ? Des systèmes de croyances qu’ils soient élégants et réconfortants ou douloureux et destructeurs, sont créés de façons multiples : en modelant ; en apprenant des modèles ; des circonstances ; des traumas ; une répétition d’évènements ; des suggestions etc. Je suis convaincu que peu importe comment ils sont créés, ils affectent tous nos comportements de façon similaire à des phénomènes hypnotiques. Peu importe ce que peuvent être les facteurs spécifiques en cause, les systèmes de croyances sont créés, du moins partiellement, par - et 35

continuent via - le véhicule de suggestion, les exemples et les paramètres émis par d’autres. Nous devons penser à une image du monde alors comme la synthèse la plus compréhensible, la plus complexe des myriades d’expériences, convictions et influences, de leurs interprétations, de l’attribution de valeur et de sens donnée aux objets de perception qu’un individu peut rassembler. L’image du monde est, dans un sens très concret et immédiat, le résultat de la communication…(suggestion). Ce n’est pas un monde, mais une mosaïque d’images individuelles qui peuvent être interprétées d’une façon aujourd’hui et d’une autre demain ; un pattern de patterns (une habitude des habitudes) ; une interprétation d’interprétations ; le résultat de décisions incessantes sur ce qui peut ou ne peut pas être inclus dans ces méta-interprétations, qui elles-mêmes sont les conséquences des décisions passées. P. Watzlawick, 1978

CROYANCES NEGATIVES Certaines personnes sont comme une moquette douce et épaisse en laine. Ils ont tendance à garder les empreintes des gens qui leur ont marché dessus dans le passé. Parfois, il arrive que ces « empreintes » (systèmes de croyances) complètent et dans de nombreux cas supplantent la soi-disant réalité. Lorsqu’ « une mosaïque d’images individuelles » d’une personne est continuellement interprétée d’une façon stéréotypée, elle se bloque et sa gamme de choix est limitée. Si ces systèmes de croyances lui disent que personne ne l’aime ou qu’elle échoue toujours, il ou elle peut continuer de déformer ou nier la réalité pour soutenir son « image du monde ». Si nous examinons encore une version traditionnelle d’hypnose (système de croyances hypnotiques) qui soutient que l’hypnose est la communication d’idées et d’attitudes qui prend une solide emprise sur le système de croyances interne de la personne et puis amène cet individu à répondre à ces « suggestions implantées » nous pouvons voir plus clairement la relation entre phénomène hypnotique et systèmes de croyances. L’enfant à qui on dit de ne jamais dire non, ou qu’il ne devrait pas essayer d’être meilleur que ses aînés, peut grandir et agir selon ces suggestions comme si elles étaient des lois absolues – une partie des Dix Commandements. Cette personne « sait » que toute violation de tels commandements va apporter beaucoup de blessures et de douleurs. Maintenant, ce n’est pas vrai dans la réalité, mais c’est vrai dans le monde intérieur de la personne, basé sur ses propres systèmes de croyances. Cette personne agit sous le phénomène hypnotique connu comme « hallucination négative » qui la conduit à continuellement nier l’information externe qui prouverait que ses systèmes de croyances ne sont pas nécessairement corrects. Au lieu de cela elle continue à être triste, misérable et déprimée parce que ses systèmes de croyances internes l’hypnotisent et l’entrainent à suivre les mêmes chemins qui provoquent ces « suggestions » à porter ce fardeau douloureux. Il y a plusieurs années, un psychiatre et moi-même avons discuté le cas d’un de ses patients. Le psychiatre était frustré parce qu’il « savait » qu’il pouvait aider ce patient, « mais rien ne se passait ». Il m’a dit que si son patient était psychologiquement plus astucieux, plus conscient, plus motivé et vraiment capable de comprendre le « vrai » but de la thérapie, il pourrait assurément l’aider. J’ai répondu : « Si votre patient avait toutes ces capacités facilement disponibles, une chose est sûre, il n’aurait pas besoin de vous ! Avez-vous considéré de travailler avec le patient que vous avez, au lieu de celui dont vous rêvez ? » Voici la morale de cette histoire : Si un individu était capable d’être instantanément comme le thérapeute le souhaite, il ne serait pas dans le cabinet du thérapeute. Puisque l’individu vient chercher de l’aide, c’est un pari sûr de supposer qu’il ou elle est coincé/e – du moins dans 36

certains aspects de sa vie. Je suis convaincu qu’une des premières et peut-être l’une des plus importantes de toutes les tâches à portée de main, est de découvrir ce qui empêche cette personne d’avoir des nouveaux choix qui l’amènerait à se « décoincer ». Pour faire ces découvertes, c’est ma conviction, vous devez examiner leurs systèmes de croyances. Une fois que vous commencez à comprendre (encore mieux : reconnaître) quels systèmes de croyances les gardent emprisonnés, vous devez alors commencer à travailler avec l’individu en face de vous et non avec celui que vous auriez pu halluciner. Utiliser les systèmes de croyances de l’individu connus - et peut-être douloureux - pour les conduire vers de nouvelles destinations, est un chemin élégant pour amener le changement.

INDUCTION PAR LE SYSTEME DE CROYANCES Pendant l’un de mes séminaires, un jeune psychologue était malheureux parce qu’il « ne pouvait pas » être hypnotisé. Il disait qu’il avait vraiment essayé de coopérer, mais que cela ne servait à rien ; il pouvait toujours « entendre tout ce que la personne disait » et « rien de différent se passait ». Après lui avoir demandé de s’asseoir devant le groupe, je lui ai demandé : « Je suppose que vous avez une très bonne idée de ce qu’une personne doit vous dire pour vous hypnotiser correctement, n’est-ce pas ? » Il fit signe « oui » de la tête et dit : « Je pense que oui. » J’ai répondu : « Etant donné que nous sommes tous ici pour apprendre, j’aimerais savoir ce qui devrait se passer pour vous faire savoir que vous êtes en état hypnotique ? » Il nomma plusieurs possibilités dont la catalepsie du bras. Je mis l’accent sur son choix (système de croyances) en disant « vous voulez dire que vous croyez que la catalepsie du bras est une façon pour vous de savoir que vous êtes en hypnose ? » Il a répondu : « C’est juste ! Absolument ! Je lui ai alors demandé de me faire une faveur « personnelle » et de fermer ses yeux, ce qu’il a fait. Je lui ai dit alors que peu importe ce que je disais, il devrait ignorer mes remarques et écouter sa propre voix interne à la place, dire ses « propre » mots. Il faisait oui de la tête et j’ai commencé à dire quelque chose sans importance comme « vous continuez simplement comme vous êtes » et « c’est juste…bien plus lentement » (accordé à sa respiration). Après encore quelques commentaires, j’ai dit : « et continuez à écouter votre propre voix interne. » Suite à cela je me suis tu. Après trois ou quatre minutes j’ai pris légèrement son poignet droit et j’ai commencé à lever lentement son bras droit, tout droit devant lui et puis je l’ai tenu environ 30 secondes. Puis j’ai lâché lentement. Son bras restait là où il était et après presque cinq minutes il a ouvert les yeux. Il a regardé son bras toujours en « catalepsie » et a dit : « ça alors ! Je l’ai fait ! » Ceci est un exemple d’utilisation du système de croyances unique d’un individu pour l’aider à connaître et ressentir le changement. Dans ce cas, les systèmes de croyances de l’individu ont été utilisés pour produire ce qu’il voulait, mais échouait auparavant : être hypnotisé ! Lorsqu’il a dit qu’il pouvait toujours entendre la voix de la personne et que rien ne se passait, il a utilisé des mots qui décrivaient une de ses cartes, mais pas nécessairement le monde « réel ». Sa carte lui disait qu’il ne devait pas entendre la voix de l’hypnotiseur. Je lui ai alors demandé d’entendre sa propre voix et j’ai juste arrêté de parler. En plus j’ai utilisé ce qu’il attendait « qu’il se passe quelque chose de différent » – catalepsie de bras – pour l’aider à modifier son état. Argumenter avec ses systèmes de croyances ou continuer à faire ce qui ne marchait déjà pas, seulement plus et mieux ( ?) aurait eu probablement comme résultat une personne encore plus retranchée. Vous pourriez …maintenant…utiliser l’exemple ci-dessus comme un guide pour développer certaines nouvelles approches créatives pour ces patients qui sont « résistants » et/ou « intraitables ». Si, comme je le crois, les systèmes de croyances et les réponses qui en découlent sont presque de nature hypnotique, alors, utiliser cette chose qui n’existe pas – l’hypnose – pour 37

aider les individus à leur donner une nouvelle carte, peut-être utiliser, en effet, ce qu’ils savent déjà faire pour les aider à apprendre et à connaître quelque chose de nouveau. Quand nous échouons à faire cela (utiliser ce qu’ils savent), nous courrons peut-être le risque d’encourager l’individu à continuer de répondre automatiquement selon son ancien système de croyances et de nier la possibilité d’un changement. La réaction de la personne peut être devenue tellement automatisée que la source ou le but original de la réaction est « introuvable » dans la conscience consciente. Young (1978), commençant d’un point différent et peut-être allant à un autre endroit, a dit : Toute action d’apprentissage vient essentiellement de l’intérieur comme une conséquence du fonctionnement des programmes, en partie hérités, en partie acquis. Ces programmes coopèrent avec les signaux venant des organes sensoriels, mais même ceux-là ne nous sont pas simplement imposés. Ce que nous voyons et entendons est largement le résultat de nos programmes de recherche, certains suivant des rythmes habituels. Tout comme le sujet hypnotique va répondre automatiquement aux « six chiens grognants » lorsque le « signal » hypnotique est présenté, des individus vont aussi avoir tendance à associer certains stimuli externes (signaux) avec certaines réactions stéréotypées. Le « signal » externe devient un symbole ou une métaphore qui met en marche toute une série de réponses ou de réactions, comme si l’individu exécutait une suggestion posthypnotique. Young (cité) tourne l’idée comme suit : …la clé du concept telle que nous l’utilisons est qu’un symbole est une sorte de signal particulier parce qu’il représente les traits de l’environnement de telle façon que l’organisme reconnaît immédiatement sa signification et agit en conséquence…Alors les programmes du cerveau symbolisent l’environnement dans le sens où ils fournissent des actions qui y correspondent ou le représentent. Certains de ces programmes le font parce qu’ils sont hérités et beaucoup sont construits, suite à l’expérience de l’environnement enregistrée dans la mémoire.

ERICKSON – CROYANCES – METAPHORES En 1979, j’ai eu le plaisir de passer deux jours avec le Dr. Milton Erickson dans sa maison à Phoenix, Arizona. A un moment, j’ai posé la question suivante au Dr. Erickson : « Diriezvous que vous percevez tous les symptômes et toutes les maladies comme étant des métaphores qui contiennent une histoire sur le « vrai » problème et que votre approche de base est de construire des métaphores qui contiennent une histoire sur la solution possible ? » Le visage de Dr. Erickson s’est illuminé et comme un petit garçon trouvant une surprise, il a dit : « Exactement ! » L’une de mes plus importantes croyances est que les systèmes de croyances de l’individu sont des métaphores ; que l’individu agit et réagit métaphoriquement au monde ! Cela nécessite des approches métaphoriques pour aider à élargir les choix de chaque personne. Après l’odyssée à travers le Théâtre Magique, le héros de Steppenwolf de Herman Hesse rit à cœur joie (laughs out loud: lol) lorsqu’il réalise que la réalité n’est rien d’autre que le libre choix d’une porte parmi beaucoup d’autres qui sont ouvertes à tout moment. 38

P. Watzlawick, cité Lorsqu’une personne découvre trente et une saveurs de glaces, elle va trouver difficile d’affirmer qu’il n’y a que le goût vanille qui existe. J’espère à travers ce livre, vous montrer que l’hypnose est en elle-même, un très puissant état métaphorique ; que le problème en soi est une métaphore basée sur des anciens systèmes de croyances ayant été établis par des conditions qu’on peut appeler hypnose. Il pourrait sembler logique, par conséquent, de saisir et d’utiliser cet outil puissant appelé hypnose pour aider à construire de nouvelles métaphores élégantes et efficaces. Ces nouvelles métaphores vont alors être dirigées vers des nouveaux choix et réactions au monde « réel ». Paul Watzlawick (cité) approchant la même destination venant d’une autre direction, a déclaré : Le but d’une thérapie réaliste et responsable peut seulement être d’améliorer les capacités pour faire face aux problèmes de la vie lorsqu’ils arrivent, mais pas de créer une vie sans problème.

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VI Systèmes D(eux) EXCES DE BAGAGE Il est deux heures du matin et un homme débarque d’un avion. Il commence ses vacances dans un endroit qu’il ne connaît pas. Excité par son nouveau voyage, il arrive à la zone des bagages et attend. En peu de temps son bagage arrive. Il cherche en vain du regard un porteur pour l’aider mais pas de chance. Il prend son bagage et commence à traverser l’aéroport. Il réalise alors qu’il porte un excès de bagage. Comme il marche à travers les corridors sinueux, le poids du bagage commence à le ralentir. Lentement son excitation s’estompe, remplacée par la frustration et la fatigue. Chaque pas devient de plus en plus douloureux et ses épaules hurlent sous l’effort. Bientôt, chaque pas est une agonie ; il regarde ses pieds, écoute ses pas et sent encore plus le poids. Le temps d’arriver à la sortie de l’aéroport, il est épuisé. Quelle façon idiote de débuter un voyage. Il y a, cependant, une chose qui est plus bête encore. S’il continue de porter un bagage excessif alors qu’il sait combien c’est idiot. La plupart des thérapeutes et en particulier ceux qui utilisent l’hypnose, font du voyage thérapeutique un voyage douloureux car ils portent eux-mêmes un bagage excessif et souvent inutile. A la fin du voyage, ils se retrouvent, comme leurs patients, frustrés et fatigués. Le bagage auquel je fais allusion est celui des vieux systèmes de croyances et idées préconçues, la façon dont les gens pensent, ressentent et communiquent. Ceux qui ont lu les bons livres écrits par John Grinder & Richard Bandler (en particulier The Structure of Magic II) sont familiers avec ce que vous allez lire maintenant. Toutefois, restez avec moi, continuez ce livre, car vous y trouverez des informations supplémentaires et des subtilités à considérer. Les autres pourront trouver l’information difficile à croire. Continuez à lire, car vous êtes sur le point de faire un voyage. Une partie de l’excédant de bagage dont nous pouvons tous nous passer est la « supposition » que les individus pensent et traitent l’information d’une façon plus ou moins similaire. Rien ne pourrait être aussi éloigné de la réalité. Il est vrai que nous utilisons tous nos « sens » - la vue, l’ouïe, l’odorat, le toucher, etc. – pour « connaître » le monde autour de nous. Il n’est pas vrai que nous le faisons de la même manière que tous les autres. Non seulement nous traitons l’information de façon unique, mais nous exprimons aussi nos expériences aux autres de manière unique. Les mots que nous utilisons sont en effet des métaphores pour nos réactions et nos expériences individuelles. Pour les thérapeutes ou pour n’importe qui, intéressé par une communication sensée, il est impératif de savoir comment traduire les métaphores des autres. Allons-y, prétendez que vous et moi sommes en train de marcher ensemble le long d’une belle plage. Nous sommes complètement dans notre expérience individuelle. Nos « sens » intériorisent l’expérience externe. Nous respirons l’air salé, sentons la chaleur du soleil et voyons le beau ciel bleu. Inconsciemment, chacun de nous traite cet apport de données. Ce traitement va être basé sur notre expérience dans le passé, nos systèmes de croyances, nos attentes et nos valeurs concernant la plage. Chacun de nous va prendre conscience de tout ou d’une partie de notre traitement. Si nous allons nous asseoir ensemble pour discuter de notre expérience, à chacun viendront à l’esprit certains mots décrivant l’expérience pour nousmême. Chacun « supposera » que l’autre a choisi les mêmes mots et a connu et éprouvé les mêmes choses. De telles « suppositions » naît une mauvaise communication. 40

SYSTEME D’EMISSION CONSCIENT J’aimerais que vous considériez les mots que nous utilisons pour communiquer nos expériences internes à une autre personne comme notre système d’émission conscient, c’est à dire : comment nous tentons de communiquer nos expériences à quelqu’un d’autre après avoir pris « conscience » des expériences. La plupart d’entre nous a tendance à « supposer » que notre système d’émission est le même que celui de tous les autres. Des experts dans le domaine du langage et ceux spécialisés dans les hémisphères du cerveau ont « découvert » que cela n’est pas le cas. Au moment où un individu a environ 11, 12 ans, il a développé un système de sortie préféré. Ce système indique quelle partie de ses expériences il a tendance à rendre plus importante – du moins consciemment. Ces systèmes « d’émission » sont au nombre de trois : Visuel – Kinesthésique – Auditif. On a estimé que 40% de la population, du moins aux Etats-Unis, a tendance à préférer un système Visuel pour exprimer ses expériences. Ces individus ont tendance à utiliser des mots fortement visuels tels que « Je vois ce que tu veux dire. » « Je vois bien. » « En ce qui concerne les systèmes d’émission, ce n’est pas encore clair pour moi. Pouvez-vous me montrer un exemple ? » Un autre 40 % de la population a tendance à préférer un système d’émission kinesthésique dans la communication avec les autres. Ils ont tendance à utiliser des phrases comme : « C’est dur pour moi de saisir. » « J’aimerais pouvoir manier cela. » « Hey ! Cela commence à se mettre en place. » En bref, ces individus ont tendance à sentir qu’il est important d’émettre l’information d’une façon ferme et solide pour que vous puissiez le saisir. Enfin et surtout 20 % ont tendance à préférer un système d’émission auditif. Ces individus ont tendance à utiliser beaucoup de mots pour assurer la compréhension. De plus, ils utilisent des phrases telles que : « J’entends bien. » « Cela commence à sonner juste ». « Je bourdonne d’idées », « Dis-moi si cela sonne juste. »

SYSTEME D’EMISSION : LA PLAGE Retournons à la plage pour quelques instants. Si nous demandions à une personne « visuelle » ce qu’elle aimait à la plage, nous pourrions entendre ceci : « J’aime regarder les vagues et le beau ciel. On peut voir que les gens s’amusent bien, et en plus, quand je bronze, j’ai bonne mine. » Si nous posions la même question à une personne « kinesthésique », elle pourrait dire « J’apprécie beaucoup la chaleur, je peux sentir la tension partir. Je me sens libre avec des picotements partout. » Une personne auditive pourrait répondre « J’adore le son des vagues se briser sur la plage. C’est beaucoup plus calme et je peux vraiment m’entendre penser ». D’autre part un « visuel » pourrait dire : »J’adore regarder la plage et l’eau si bleue. Je me sens bien. » Pendant qu’il a fini par une phrase « kinesthésique », il est arrivé là via le chemin visuel. Un « kinesthésique » pourrait dire : »Je me relâche vraiment quand je viens à la plage. Je me sens calme et je peux prendre le temps de voir ce qui se passe. » Il a fini avec une remarque visuelle, mais passe fermement à travers le « kinesthésique » pour y arriver. L’individu « auditif » pourrait dire : « c’est si calme à la plage. Je peux sonder des nouvelles idées. Je peux regarder les gens et me sentir calme. » A ce point, certains peuvent être un peu incrédules et penser : »J’utilise tous ces systèmes ». C’est juste… et pas juste… à la fois. Une personne droitière utilise sa main gauche, mais a tendance à s’appuyer sur la main droite plus souvent que sur la main gauche. Des individus qui ont une tendance fortement visuelle utilisent aussi des phrases kinesthésiques et auditives. Toutefois, si vous faites attention vous commencerez à voir clairement qu’ils peignent des images verbales. Ils vont vous montrer ce qu’ils veulent que vous voyiez. Si vous demandez à une personne visuelle de « mettre la main » sur quelque 41

chose, elle aura tendance à avoir une image de la main. Ella attendra alors que vous lui disiez où « la » mettre (attention…). Un individu fortement kinesthésique utilisera aussi des phrases visuelles et auditives. Quand vous vous mettez vraiment en contact avec ce qu’il fait, vous allez découvrir qu’il essaie de vous donner ses sentiments par rapport aux choses. Il aimerait que vous ayez réellement une prise sur ce qu’il vous donne. La personne auditive peut vous duper. Mon expérience a été qu’elle a un deuxième système très développé. Ce deuxième système peut être soit visuel soit kinesthésique. Encore, si vous écoutez réellement vous allez entendre son système préféré. Elle va avoir tendance à utiliser beaucoup de mots pour décrire ses sentiments (kinesthésiques) ou pour construire une image. Dans tous les cas si vous voulez vous débarrasser de votre excédent de bagage que représente un esprit fermé, je crois que vous allez faire un nouveau voyage excitant. En « faisant attention », en « vous mettant à l’écoute » et en « saisissant les choses », vous allez découvrir le système préféré de la personne. Vous allez même avoir le plaisir de trouver ce qu’est votre système d’émission. A ce point, j’aimerais vous recommander un peu de prudence. Beaucoup d’experts en « systèmes » ont exposé qu’une personne visuelle est toujours en premier visuel, un kinesthésique reste kinesthésique et, auditif une fois, auditif toujours. Je ne suis pas d’accord avec cette conclusion. Par expérience je sais, qu’un individu peut être essentiellement kinesthésique dans une série d’expériences et de circonstances, visuel dans une autre série de circonstances et d’expériences et auditif dans d’autres expériences et circonstances. Je crois aussi que là où l’individu fonctionne bien, il aura tendance à utiliser tous les systèmes plus ou moins à parts égales – avec un système un peu plus égal… Inversement, je crois que vous trouverez une histoire différente dans les zones de dysfonctionnement. Dans ces zones, en règle générale, vous constaterez que l’individu est plus ou moins « coincé » dans un système. Pensez maintenant à un patient type « dépressif ». Presque dans tous les cas, « les dépressifs » sont coincés non seulement dans un système kinesthésique mais dans un système kinesthésique douloureux. Vous vous demandez, cher lecteur, ce que tout « cela » a à voir avec l’hypnose et la thérapie ? Relaxez-vous, installez-vous confortablement, commencez à voir l’image et écoutez. Nous avançons vers ces régions.

ENTENDEZ CE SENTIMENT DE L’IMAGE La façon dont nous faisons l’expérience de quelque chose de manière visuelle est entièrement différente de l’expérience de celle relatif au ressenti, elle-même différente de celle de l’ouïe. Pensez à chacun des systèmes d’émission conscients comme une « personne » à l’intérieur de nous-mêmes. Quand ces « personnes » travaillent ensemble, nous avons tendance à avoir plus qu’assez de choix à notre disposition. Toutefois, si nous utilisons seulement un de ces « partenaires » - par exemple le système auditif – pour résoudre un problème et que ce « partenaire » n’a pas la réponse, nous allons avoir un problème. Nous tournerons en rond à force de suivre nos propres empreintes dans un cercle. Puisqu’il est plus facile de décrire un téléphone quand vous en tenez un dans la main que de le décrire quand vous n’avez jamais connu un téléphone, j’aimerais peindre une image pour ceux qui ont besoin de voir. Pour ceux qui essayent toujours de le saisir, laissez-moi vous donner quelque chose pour le tenir. Bien sûr, ceux parmi vous qui ont besoin de l’entendre, peuvent lire les mots. Si nous prenons l’expérience de l’été et la décrivons visuellement, nous pourrions dire : « J’aime voir le ciel bleu, les beaux arbres verts, toutes les couleurs vives des fleurs. » Si nous devions alors décrire les sentiments de l’été nous 42

pourrions parler du « soleil chaud, de la sensation d’une brise d’été douce, des sentiments de paix et de tranquillité ». Cela serait une description très différente de l’été de la première. Si nous continuions à décrire les sons de l’été, nous pourrions dire : « J’aime les sons de l’océan, les sons des oiseaux qui chantent, le bruissement que font les arbres dans la brise d’été. » Ceci est une troisième façon de décrire l’expérience de l’été. Chacune de ces façons est, en soi, incomplète et appauvrie. Aucune de ces descriptions ne pourraient être aussi complète qu’une description qui les inclut toutes trois : « Ah, j’aime l’été. Je sens la chaleur et la détente. Je vois tellement de fleurs aux couleurs vives et le ciel est beau. J’aime les sons de l’été aussi. Les oiseaux qui chantent et à la plage, le son de l’océan est si apaisant. » Maintenant, nous avons une description « Gestalt » multi sensorielle de l’été. Chacun de nos « partenaires » - ou systèmes – a une façon unique de connaître le monde autour de nous. Parce que chaque spécialisation d’un « partenaire », chaque système a une façon différente de réagir et de résoudre des problèmes. A mes séminaires d’hypnose clinique de Technique Innovative® je tente de « montrer » aux gens combien nos réactions et réponses peuvent être différentes selon nos « systèmes ». Je choisis une personne dans chacun des trois groupes ayant découvert quel est leur système préféré. Je me retrouve donc en face des trois systèmes d’émission sauf si je me trompe. Je demande au « visuel » de tenir sa main droite devant lui. Je lui demande alors d’avoir un ressenti de chaleur dans « cette » main. Beaucoup sont totalement incapables d’accomplir cette tâche. Certains y arrivent, mais avec un effort visible. Je lui demande alors de regarder en haut et de percevoir une image claire du soleil pendant une journée chaude. Quand il signale (en faisant oui avec la tête) qu’il a créé cette image, je dis : « Maintenant, levez la main et voyez le soleil réchauffer votre main. Quand vous sentirez la chaleur, baissez votre main. » Normalement en dix secondes il descendra la main et admettra qu’il sent la chaleur. Puis, je demande au « kinesthésique » de regarder en haut et d’obtenir une image claire du soleil. Il aura des grandes difficultés et dans la plupart des cas, il sera incapable « d’obtenir cette image ». Alors, je le guide à faire comme suit : « J’aimerais que vous teniez votre main droite devant vous, à hauteur de la taille. Maintenant, j’aimerais que vous vous rappeliez le ressenti d’une main chaude et moite. Quand vous aurez cette sensation dans cette main, faites oui de la tête. » Quand il fait signe de la tête (normalement en quelques secondes) je lui dis : « Maintenant, lentement levez cette main, en prenant toute cette sensation de chaleur avec vous. Quand vous la montez, construisez une image solide du soleil chaud qui correspond à ces ressentis. » En quelque secondes il fera signe de la tête. Avec « l’auditif » je vais tenter d’établir quel système n’est pas son deuxième système. Par exemple, supposons que son deuxième système soit kinesthésique. Je vais lui demander de créer une image exactement comme le visuel. Il rencontrera de grandes difficultés. Je vais alors lui dire « j’aimerais que vous vous rappeliez le son que font les vagues qui échouent sur la plage. » Quand il fera signe de la tête je continuerai : « Maintenant, comme vous entendez les vagues, j’aimerais que vous vous rappeliez de la chaleur du sable et regardez-vous mettre la main dans le sable. Quand vous sentirez la chaleur sur votre main, levez lentement cette main et construisez une image du soleil. » Lui, aussi, va réussir. Chacun finit par réussir, mais chacun prend une route différente. Maintenant, arrêtez et faites une pause. Pendant celle-ci, demandez-vous comment les exemples ci-dessus pourront avoir des ramifications dans le domaine de la communication, de la thérapie et de l’hypnose.

CAS 3 : DES SYSTÈMES POUR L’INDUCTION Maintenant que vous avez eu une pause « d’introspection » j’aimerais vous donner un 43

exemple de ma pratique clinique. L’un de mes confrères médecin, m’a demandé de m’entretenir avec un patient. Ce patient souffrait d’une douleur intraitable dans tout le dos. Il a été hospitalisé pour une série de tests. Les examens ont révélé qu’il avait un cancer en phase terminale, mais il n’a pas été informé de ces résultats à ce moment-là. Quand j’ai rencontré le patient, il déclarait : « ça fait mal, je me sens déchiré par la douleur, je ne peux plus résister à la douleur. » Par ce système d’émission (des mots) j’ai su qu’il était, du moins dans l’expérience présente, kinesthésique. Je lui ai demandé ce qu’il avait trouvé paisible et relaxant dans le passé. « Faire de la voile » a-t-il répondu et son visage s’est relaxé légèrement. Puis, je lui ai demandé ce qu’il aimait en faisant de la voile. Sa réponse fut plus informative encore : « J’aime le son que fait le bateau en traversant l’eau et le son en cascade que font les voiles quand le vent est bon. » Avec ces remarques très brèves, il m’a dit ce qu’il utilisait comme système pour trouver les sensations de relaxation et de paix. Je lui ai demandé de fermer les yeux et de se souvenir du son de la pluie sur la fenêtre. Après quelques instants je lui ai demandé de se souvenir du son du feu qui craque. Quand j’ai vu les signes de relaxation (respiration profonde, muscles faciaux relaxés) je lui ai demandé de « voir » les flammes en écoutant les sons du feu chaud et relaxant. Puis, j’ai ajouté : « Quand vous commencez à sentir cette chaleur paisible du feu, tout votre corps se souviendra de tous les plaisirs et vous pourriez vous voir faire de la voile. » Il y eut alors une profonde relaxation évidente. Après plusieurs de mes demandes supplémentaires concernant des souvenirs auditifs menant à des expériences kinesthésiques, il est entré en hypnose.

CAS 3 : DES SYSTÈMES – RÉDUCTION DE DOULEUR La technique décrite ci-dessus est une version mise à jour d’une veille technique hypnotique. Les hypnotiseurs « du temps jadis » savaient qu’en aidant un individu à utiliser son « imagination », ils pouvaient contrôler ou éliminer la douleur. Ils utilisaient des systèmes sans les connaître vraiment. J’aimerais vous donner les outils de base qui vous aideront à accomplir la même chose. Lorsqu’un individu ressent une douleur physique, due à un accident ou une maladie, il sera majoritairement dans son système kinesthésique. Le but est de l’aider à avancer dans un autre système, par exemple, visuel. Cela va les aider, en fait, à utiliser une zone différente de leur cerveau, différente de celle qui contrôle la douleur. Quand vous avez accompli ce changement, leur perception de la douleur décroit pendant que leur perception de confort augmente. En d’autres termes : vous les aidez à utiliser un système différent pour « l’expression » de leur problème (ici la douleur). Une façon d’obtenir ce résultat est de demander au « patient endolori » de créer une « image » de leur douleur. Par exemple une femme s’est plainte d’un fort mal de tête dans mon cabinet. Elle m’a dit que c’était si grave qu’elle ne pensait pas pouvoir continuer la séance. Je lui ai demandé de fermer les yeux et de voir quelle couleur avait son mal de tête. Elle m’a regardé comme si j’étais fou. Bien sûr, elle avait raison. Je suis juste bien payé pour cela. Finalement elle a haussé les épaules et a fermé ses yeux. Après peu de temps elle m’a informé qu’elle avait une image en couleur qui semblait rouge et orange vif ». Je lui ai demandé d’écouter le son régulier de sa respiration et avec chaque respiration et chaque expiration, elle allait expirer de plus en plus la couleur hors de son système. Je lui avais précisé de continuer jusqu’à ce qu’elle puisse voir « tout cela » de l’autre côté de la pièce comme un tableau accroché au mur. Il lui a fallu plusieurs minutes avant de me signaler que le tableau était accroché au mur. Je lui ai demandé d’imaginer quelqu’un rentrer dans la pièce, décrocher le tableau du mur et d’entendre les pas de la personne sortir de la pièce. En moins de cinq minutes, elle sortit de l’état hypnotique dans lequel elle s’était trouvée spontanément et le mal de tête avait disparu. 44

Après ce que vous venez de lire, je sais que vous pouvez voir et saisir fermement le concept que chaque système est une manière différente de « s’exprimer ». Si un individu est incapable de « résoudre » un problème – la douleur dans l’exemple ci-dessus – vous, en tant que thérapeute, pouvez l’aider à utiliser un système différent. Dans les domaines de « douleurs émotionnelles » peut-être que « regarder » d’une nouvelle façon peut l’aider à voir la solution. Peut-être « écouter » ou « saisir » quelque chose de nouveau fera l’affaire. Changer le système kinesthésique du « patient en douleur » en un système visuel va presque toujours faire l’affaire. J’ai utilisé cette méthode avec des grands brûlés, des patients atteint d’un cancer et pour la chirurgie où l’anesthésie ne pouvait pas être utilisée. Vous pourriez… ESSAYER VOUS-MEME. Vous pourriez être très content.

DISCORDANCE DE SYSTÈME : EXERCICE Récemment, pendant un dîner au restaurant, j’ai surpris une conversation entre une actrice bien connue et ses deux compagnons, l’un d’eux était manifestement son producteur. Elle était en train de décrire ses derniers jours comme « étant tendu ». Elle a fait des déclarations telle que « J’ai été tendue, j’avais des nœuds ; le stress de notre planning de tournage m’écrase ; j’ai finalement bien dormi ; je me suis endormie comme si je flottais ; et je me suis réveillée ce matin en me sentant toute légère ; j’ai décidé de rester relaxée. » Le producteur écoutait poliment et puis lui répondit : « Tu devrais voir les épreuves de tournage. Tu as l’air superbe. Nous avons un bon produit et quand ils le verront ils vont être impressionnés. » Pendant que le producteur parlait, l’actrice commençait à montrer un air agacé et puis ennuyé et puis totalement désintéressé. Aussitôt que le producteur eût fini, elle se tourna vers son autre compagnon pour lui parler avec entrain. A partir de ce moment-là elle ne dît guère plus de deux mots au producteur. Voici un bel exemple de comment il ne faut pas communiquer. Si je n’avais pas eu connaissance du sujet de leur conversation, on aurait dit deux conversations décousues et séparées. Devenir conscient du système des personnes autour de vous peut être le début d’une aventure très excitante. Pour vous aider à faire ce voyage, j’aimerais vous donner un exercice que vous pouvez décider de faire avec plaisir ou vous pouvez le faire et puis choisir d’y prendre plaisir. Vous pouvez aussi choisir de ne pas choisir de le faire. C’est aussi votre choix. Dans des lieux publics tels que des restaurants, écoutez et regardez les gens autour de vous. Faites attention à la manière dont certaines personnes peignent des images vives avec leurs mots. Pour raconter un voyage en montagne ils peuvent utiliser des mots qui décrivent la vue de la montagne. Alors qu’ils parlent, certains vont même « peindre » une image en bougeant les mains. Une autre personne peut décrire le même sujet par les ressentis de l’expérience. « Je me suis senti si calme et relaxé dans les montagnes, et la brise douce en montagne sentait vraiment bon. » Quand ils parlent, les gestes de leurs mains semblent « entrer en contact » avec quelque chose – contact avec leur corps, se touchant la poitrine ; contact avec l’autre personne. L’auditif tentera de parler de la résonance dans les montagnes. Ils peuvent utiliser beaucoup de mots pour décrire l’expérience en détail. Même quand ils décrient les sentiments ou quelque chose de visuel ils ont tendance à utiliser beaucoup de mots. Certaines personnes peuvent vous duper au départ. Quand vous vous mettez réellement à l’écoute, vous saisirez leur système plus facilement et verrez clairement combien ces systèmes sont différents. Gardez à l’esprit que chaque système est important et qu’aucun système n’est « meilleur » qu’un autre et que tous les systèmes existent en vous. Lorsque vous avez pratiqué l’écoute les gens autour de vous et vous êtes à l’aise pour reconnaître leur système d’émission (préféré), vous êtes prêt pour le prochain pas. Vous pouvez maintenant commencer à prendre un rôle plus actif en découvrant leur système 45

d’émission préféré. Dans des conversations générales vous commencerez à poser des questions neutres, telles que : « Que veut dire confort pour vous ? » Qu’est-ce que vous avez le plus aimé pendant vos vacances ? » La réponse à des questions posées ainsi, un kinesthésique pourrait répondre : « Je me sens relaxé, sans pression » ou « je me sentais vraiment bien pour partir. Je pouvais sentir le stress de tous les jours se dissiper. » Un visuel en répondant à la question sur le confort peut dire quelque chose comme : « Je me vois dans une belle pièce ou le ciel est bleu et tout à l’air paisible. » A la question sur les vacances, le visuel peut répondre : « Wow ! Le paysage est super. Il y avait tellement à voir. » Dans tous les cas, vous serez agréablement surpris de découvrir les différences. Soyez prudent lorseque vous posez ces questions, cependant. Si vous demandez à quelqu’un « Pouvez-vous décrire de quoi ont l’air les montagnes pour vous ? » vous allez dans la plupart des cas, recevoir une réponse « visuelle ». A travers « les caractéristiques des questions », vous leur demandez de changer pour le système visuel. « Comment vous êtes-vous senti en vacances ? » demande une réponse kinesthésique. La plupart des individus, sauf s’ils sont sous stress, sont assez flexibles pour « changer ». Supposons qu’une personne entre dans un cabinet de thérapeute et dise qu’elle souffre de dépression. Elle continue de dire qu’elle est écrasée par ses sentiments et se sent vraiment en dessous de tout. Elle est – à ce moment de sa vie – coincée dans le système kinesthésique. Elle est en douleur, ce qui est une expérience kinesthésique. Aussi longtemps qu’elle restera dans ce système le problème va subsister. Si le système kinesthésique contient des choix, elle pourra l’utiliser facilement pour être plus à l’aise, je pense qu’elle aurait fait ce choix. Au fur et à mesure que vous commencez à aider cette personne à prendre du recul et à regarder ce qui se passe dans sa vie, vous l’aidez à « alterner » les systèmes. Cela conduit souvent à « voir » des choix différents. Aider une personne à « changer » son système d’émission conscient va souvent résulter en cet état qui n’existe pas…l’hypnose. De plus, cela permet à l’individu « d’utiliser » une autre partie de son cerveau que celui qui cause le « problème ». En effet, vous l’aidez à casser sa « façon de penser » et le rendez capable de faire appel à un autre « partenaire » ou système pour résoudre son problème.

CAS 4 : SYSTÈMES – DÉPRESSION Une femme est venue dans mon cabinet, pour la décrire au mieux, complètement « écrasée ». Elle était assise tout effondrée sur la chaise et elle a utilisé l’une après l’autre des phrases kinesthésiques pour expliquer l’état de sa vie et de son être. En utilisant des phrases kinesthésiques, je lui ai demandé de rentrer vraiment en contact avec ces sensations et de les tenir. Je lui ai demandé de fermer les yeux et de ressentir vraiment toutes les émotions et de s’efforcer particulièrement pour ressentir les sensations physiques. A ce stade de la procédure a commencé un processus pour éloigner son attention de son état émotionnel vers son état physique. Par la suite, je lui ai dit de sentir son mental commencer à construire une image claire de ce à quoi tous ses sentiments pourraient ressembler. J’ai ajouté : « L’image que vous recevez, peut être en couleurs, ou une situation, elle peut être sensée ou non. » En quelques minutes son rythme de respiration s’est approfondi et son comportement général s’est beaucoup amélioré. Plusieurs minutes après elle a commencé à rire et a dit : « J’ai une image mais cela n’a aucun sens. En fait ça a l’air ridicule. » J’ai répondu : « Vous avez maintenant plusieurs possibilités pour gérer cette image » — une suggestion qui laissait sous-entendre qu’il y avait des options pour trouver une nouvelle solution. « Soit vous pouvez vous souvenir du son du vent et voir l’image être poussée de plus en plus loin, jusqu’à ce que vous puissiez voir un beau ciel. Dans ce ciel clair, il y a un soleil brillant et agréablement chaud et vous pouvez bientôt sentir toute cette chaleur et tout le 46

confort. » Cette dernière phrase lui offre une possibilité de retourner dans son système kinesthésique mais maintenant d’une façon agréable. Cela pourra résulter en une restructuration basique de son expérience kinesthésique. « Un autre choix serait de questionner un objet ou une personne dans votre image. Si vous le faites, écoutez d’abord le son de cette voix et puis les mots, jusqu’à ce que ce soit clair pour vous. » Elle a choisi la deuxième solution et en cinq minutes, elle a ouvert ses yeux en sursautant. Elle m’a expliqué qu’elle savait maintenant ce qui la dérangeait. Je lui ai demandé de refermer les yeux, ce qu’elle a fait. Et puis j’ai dit : « J’aimerais que votre inconscient créatif produise une nouvelle image. Cette image provient d’un moment de votre passé lorsque vous vous sentiez coincée dans une situation similaire, et à laquelle vous avez trouvé une solution. J’aimerais que vous regardiez comment cette partie de vous met à jour cette solution pour correspondre à votre situation actuelle jusqu’à ce que cela ait l’air bien. Puis, attendez jusqu’à ce que vous puissiez vous voir, vous sentir bien et forte et que vous ressentiez ces mêmes sentiments maintenant. » Il a fallu presque dix minutes de plus avant qu’elle n’ouvre ses yeux. Elle a souri et dit : « Je ne suis pas sûre de ce qui s’est passé, mais je me sens bien. » Je lui ai alors demandé de changer chaque sentiment désagréable en image, juste comme elle venait de le faire dans mon bureau. Deux jours plus tard, son mari m’a appelé. Il m’a dit que sa femme était plus heureuse, plus relaxée qu’il ne l’avait pas vu comme cela depuis des mois et même « qu’elle avait l’air plus jeune et agissait comme tel ». La procédure décrite ici n’était pas un remède mais un pas de géant dans la direction de nouveaux choix.

SYSTÈMES : RAPPORT Une application importante et pratique des systèmes d’émission concerne l’établissement de rapport. Rencontrer quelqu’un dans « son système » établit un rapport presque instantanément et améliore celui-ci avec les gens avec lesquels vous interagissez en ce moment. De plus, être capable de communiquer dans le système de quelqu’un d’autre peut vous aider à établir une connexion rapide avec le patient en état d’urgence. L’exemple suivant va éclaircir ces points. Un jeune homme fut envoyé par son médecin traitant à trois thérapeutes. Il lui a donné trois noms car il doutait de pouvoir trouver un thérapeute qui pouvait l’aider. Le jeune homme vivait une dépression profonde depuis plusieurs mois et son médecin le considérait comme suicidaire. Il avait été en thérapie deux ans avant sa « crise » actuelle, mais avec peu de succès. A ce stade il se sentait complètement désespéré. L’un des trois noms était le mien. Lorsqu’il m’a appelé j’ai écouté avec attention la façon dont il s’exprimait. Certaines de ses déclarations étaient : « Je me sens écrasé par mes problèmes ; je ne sais pas si je peux faire face plus longtemps ; je sais que je vais bientôt m’écrouler. » A ses déclarations (kinesthésiques) j’ai répondu : « Cela doit être dur de porter ce poids vous-même. Vous devez vraiment être par terre avec cette lutte. J’aimerais que vous descendiez et saisissiez juste assez de force pour venir dans mon bureau. Je sens vraiment que si nous nous rencontrons et prenons de front ce problème, nous allons être capables de trouver une solution. Une fois que vous aurez mis la main sur les choses, le poids tombera. » Il a répondu « Dieu merci ! J’ai finalement trouvé quelqu’un qui comprend mon problème. » A cet instant, je n’ai eu aucune idée de ce qu’était son « vrai » problème. Je savais qu’il était coincé dans un système, du moins, pour son problème présent. J’avais besoin de le rencontrer dans ce système avant de commencer à le guider pour en sortir. Le rapport fut établi et en quelques séances il commença à « regarder » après de nouvelles solutions et à « voir » des choses qui avaient besoin d’être « clarifiées ». 47

Récapitulons ensemble. Ce que vous venez de lire décrit le système d’émission conscient : Comment un individu communique dans son esprit conscient (dialogue interne) et avec l’auditeur ce que sont leurs expériences actuelles. J’espère que vous avez une image claire du système visuel. J’ai fait tous les efforts pour vous la dépeindre clairement. J’aimerais aussi que vous saisissiez le concept du système kinesthésique. Je sens que vous serez à l’aise avec ce dernier. Pour ceux qui sont auditifs, vous pourriez lire tous les mots encore une fois, jusqu’à ce que cela sonne juste et vrai. Gardez aussi à l’esprit qu’en aidant quelqu’un à utiliser tous ses systèmes, vous l’aidez à découvrir de nouveaux choix. Dans chaque système existe une information qui peut contenir la solution : une information qu’ils ont pu entendre, quelque chose qu’ils ont pu voir ou un moment où ils ont réagi avec des sentiments différents dans une situation similaire. Parmi tous ces systèmes il y a une réponse. Cependant, quand un individu se repose sur un seul système et y reste coincé, il exclut, en effet, de son conscient au moins deux tiers de son histoire et de son expérience. Si tel est le cas, il n’est pas surprenant qu’il aie des douleurs. Ce qui est surprenant, c’est à quel point il a réussi malgré son handicap auto-imposé.

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VII

PEPS Maintenant que vous maîtrisez et que vous êtes à l’aise avec les systèmes d’émission, vous êtes prêts à continuer votre voyage. Nous allons rentrer dans le domaine des systèmes, des processus et des programmes internes. Cette partie de votre voyage va vous aider à comprendre exactement comment un individu génère les expériences internes qui conduisent à l’émission consciente. Avant de commencer, nous avons besoin de faire un petit détour par la salle d’ordinateurs. Quand vous entrez dans une salle d’ordinateurs, vous pourriez être submergé par la complexité apparente de l’ordinateur. Si vous voulez, pensez à cet ordinateur comme à une pelle sophistiqué : en bref, un outil dirigé par vous. L’ordinateur a été conçu avec certaines caractéristiques et capacités. Tout ce qu’il fait, ce sont des calculs à une grande vitesse. Toutefois, si le « programmateur » crée un mauvais programme, alors ce qui va sortir sera « bon pour la poubelle ». Ce processus est aussi connu sous « GIGO en anglais (garbage in, garbage out) » qui est le terme anglais informatique pour « Polluant entrant - Polluant sortant (PEPS) ». Même dans le cas où le programme enregistré est bon, vous pouvez toujours obtenir des réponses aberrantes, bon à jeter à la poubelle, si les programmes internes de l’ordinateur (tels que son programme de démarrage ou son système d’exploitation) ne fonctionnent pas correctement. Si vous considérez les messages de l’ordinateur, par exemple, l’affichage comme son système d’émission, vous pourriez alors penser aux données et informations du programmateur comme données d’entrée du système. Vous pourriez aller un pas plus loin et considérer ses capacités intrinsèques et ses programmes internes comme une sorte de système « invisible » et « inconnu » qui est, en fait, central pour le « bon fonctionnement et le bienêtre » de l’ordinateur. Vous pourriez alors faire un parallèle entre la façon dont les gens traitent leurs programmes et ce que vous venez de lire. Alors c’est bien. Continuez votre lecture et les parallèles deviendront encore plus clairs et importants.

SYSTÈME INCONSCIENT D’ENTRÉE Comme vous l’avez déjà découvert, la façon dont un individu communique avec les mots indique ce qui est son système d’émission conscient. Peut-être plus important encore sont les « programmes » qu’il utilise pour générer son expérience consciente. J’appelle ce système, le système d’entrée inconscient. « Inconscient » parce que dans la majorité des situations, l’individu n’est pas consciemment conscient de ce qu’il fait. « D’entrée » parce que c’est comme s’il s’agissait d’un « programme » pour traiter ses expériences. Quand un individu réagit à une expérience « ici et maintenant » avec une réaction « ici et maintenant » son système d’entrée inconscient ne joue qu’un petit rôle. Toutefois, si des individus réagissaient toujours d’une manière « ici et maintenant », ils n’auraient que peu ou pas du tout besoin de thérapeute. Dans les zones de leur « dysfonctionnement » il y a fort à parier qu’ils sont en train de répondre à quelque chose d’autre qu’ « ici et maintenant ». Lorsque leur système est un système PEPS ce qui en sortira, attirera les mouches. Eloignant-nous un instant. Précédemment, je vous ai parlé d’une promenade sur la plage. Dans une telle situation, la plupart d’entre nous réagissent à la plage. Nos sens et nos réactions ne seront pas seulement engagés dans l’expérience de la plage, nous serons aussi 49

plus ou moins conscients de la majeure partie de notre expérience. Si quelqu’un vous demandait de vous souvenir de la première fois où vous êtes allés à la plage, vous iriez alors dans votre système d’entrée inconscient c’est-à-dire que vous allez utiliser un certain « programme » pour retrouver ce mémoire. Un observateur entraîné pourrait savoir par quelle méthode vous avez généré cette mémoire. L’observateur connaîtrait votre « programme » en analysant ce que vous faisiez avec vos yeux. En 1969 un monsieur du nom de Bakan a découvert une relation entre les mouvements des yeux et le rappel hémisphérique. Son travail ainsi que celui de beaucoup d’autres a établi un rapport spécifique entre la position et les mouvements des yeux et le type de « souvenir » dont l’individu se rappelle. Ce « rappel » peut être visuel, kinesthésique, auditif ou une combinaison des trois. Lorsque le système d’entrée inconscient (système de rappel) est PEPS, alors il va éprouver beaucoup de « M.... ». (problèmes, résultats négatifs...) Par exemple : si nous demandons à un ami comment s’est passé son entretien pour un poste. Lorsqu’il se met à répondre, il crée une « image » de son passé. Supposons que cette image en soit une où il est passé pour un idiot lors d’une prestation à l’école primaire. Supposons encore que cette image soit principalement inconsciente. Il y a de grandes chances pour qu’il se sente mal. Il va probablement penser que la perspective de l’entretien est la cause de ce ressenti. Il pourrait dire : « J’ai vraiment peur. Je rate toujours les entretiens. » Si vous pouvez l’aider à devenir conscient de la « vraie » source de sa peur, vous pourriez l’aider à avoir un nouveau choix. S’il n’est pas aidé ainsi, il continuera à s’hypnotiser luimême à réagir pendant les entretiens « comme si » il était encore un enfant en primaire et il va probablement avoir une amnésie de l’image qu’il voit « vraiment ». A ce point vous pourriez penser : « Cela est fantastique ! Mais comment j’y arrive ? » En poursuivant votre voyage, vous découvrirez le comment.

TOUT EST DANS LES YEUX Pour que vous compreniez le système d’entrée inconscient de quelqu’un d’autre, vous devez d’abord apprendre ce que veulent dire les mouvements et positions des yeux. J’aimerais que vous imaginiez un visage qui vous regarde (face à vous) ou si cela vous aide : dessinez un visage sur le papier. Puis, je veux que vous prétendiez que le monde entier est droitier/dominant hémisphérique gauche. Bien évidemment, cela ne se rapproche pas de la vérité, mais nous allons explorer les variations en continuant. Maintenant, retournez au visage imaginaire ou à celui que vous avez dessiné. J’aimerais que vous « voyiez » les yeux de cette « personne » tournés en haut à gauche, soit votre droite en la regardant. Lorsqu’un individu est en train de regarder à gauche, il déclenche cette partie de son cerveau qui a enregistré les souvenirs VISUELS DU PASSÉ. Une autre façon de le dire serait : Il voit quelque chose qu’il a déjà vu dans son passé. Quand cette personne regarde en haut à droite – votre gauche en la regardant – elle CONSTRUIT des images VISUELLES ; c’est-à-dire qu’il créer une image d’une nouvelle idée ; une nouvelle compréhension ou quelque chose qu’il n’a jamais vu avant. Par exemple, si vous devez demander à quelqu’un de faire une image claire d’un éléphant, il va, dans la grande majorité des cas, regarder en haut à sa gauche. Après avoir « obtenu l’image » (qui peut être en une fraction de seconde), il vous regardera à nouveau. Dans beaucoup de cas, ils bougeront aussi leur tête légèrement pour dire « oui ». Si vous leur demandez ensuite de créer une image claire des couleurs rouge et orange, ils regarderont encore en haut à gauche. Si vous leur demandez alors d’obtenir une image claire d’un éléphant avec des points rouges et orange, ils regarderont en haut à droite. (Ils peuvent d’abord regarder brièvement en haut à gauche pour se « rappeler » chaque morceau avant de 50

regarder à droite). Ils vont regarder en haut à droite, parce que, espérons-le, ils n’en ont jamais vu un en réalité par le passé. (S’ils en ont déjà rencontré un, s’il vous plaît, donnezleur ma carte.) Soyez conscient et averti ! Quelques-uns et peut-être la plupart des individus vont vous rendre la chose facile. Leurs mouvements des yeux seront très prononcés. Peu auront des mouvements d’ yeux très rapides et minimes. Pratiquez… Vous le « verrez » presque intuitivement. Lorsque, en réponse à une question ou dans n’importe quelle situation, un individu regarde en bas à sa gauche – votre droite quand vous le regardez – il est, en ce moment-là dans son SYSTÈME AUDITIF interne. En effet, il est en train d’avoir un dialogue interne. Il est peutêtre en train de répéter ce qu’il veut dire ou en train de ré-entendre une conversation passée ou n’importe quelle expérience auditive. Il est possible aussi qu’il soit en train d’ « analyser » quelque chose qu’il a entendu ou veut dire. Lorsqu’un individu regarde en bas à droite – votre gauche en le regardant – il est en train de se souvenir d’UNE EXPÉRIENCE KINESTHÉSIQUE PASSÉE. Comme vous observez cette personne, vous allez souvent voir une évidence de son expérience kinesthésique ; changements de couleur du visage ; lèvre inférieure vers l’avant et plus pleine ; changement du rythme respiratoire. En règle générale lorsque quelqu’un est en train d’éprouver une expérience kinesthésique présente, il aura tendance à regarder dans la direction générale de l’auditeur et prendra contact physique avec son propre corps. Lorsque cette personne tente à se rappeler une expérience du passée de ses « sentiments » qu’elle regardera en bas à sa droite.

LE SYSTÈME INCONSCIENT PRÉFÉRÉ Dans notre discussion au sujet des systèmes d’émission conscients, j’ai essayé de démontrer que bien que nous utilisions tous les systèmes nous avons tendance à avoir un système préféré. Ceci est aussi la règle générale pour notre système d’entrée inconscient. (En poursuivant la lecture, vous constaterez que les exceptions sont aussi fréquentes que la règle). Quand vous commencerez à observer les gens autour de vous, je suis sûr que vous « verrez » que chaque individu à tendance à utiliser un système inconscient davantage que les autres. Quelques individus dans la majorité des situations, feront référence à leur système inconscient visuel. Lorsqu’on leur pose une question ou lorsqu’ils essayent de retrouver de l’information, ils vont invariablement diriger leurs yeux vers le haut, généralement à leur gauche. Ce mouvement indique qu’ils sont en train de trouver « une image ». Quelques individus vont presque toujours bouger leurs yeux en bas à droite lorsqu’ils cherchent après une information passée. En effet, ils essayent d’attraper et d’obtenir la sensation de l’information. Peu d’individus commenceront par regarder en bas à gauche en cherchant de l’information ou en se rappelant une expérience du passée. Cela vous indique qu’ils sont en train d’utiliser des mots comme « programme de rappel ». En faisant attention aux mouvements des yeux, vous, en tant que communicateur et thérapeute et en tant que personne soucieuse du bien-être des autres, allez gagner beaucoup d’informations. Vous saurez tout simplement comment, à ce moment précis, un individu est en train de traiter l’information ou les expériences à un niveau inconscient. Vous « verrez » ce qu’est son « programme ». Avec cette information vous serez capable de communiquer d’une façon très puissante. Vous pourrez commencer à communiquer avec cette personne au niveau conscient et au niveau inconscient. Imaginez que vous avez une conversation avec un individu. Si le système conscient d’émission de cette personne est visuel et elle fait référence à son système d’entrée visuel 51

inconscient (input V), vous devrez donc « parler visuel » avec les deux, les mots et vos mouvements des yeux. Si vous bougez vos yeux vers le haut une fraction de seconde avant de parler et lorsque vous aurez terminé, vous aurez communiqué au système inconscient de cette personne. Les mouvements de vos yeux signalent que vous « comprenez » comment cette personne génère ses expériences à ce moment-là. (Dans la dernière partie sur les systèmes, je vous donnerai des exemples de communication à utiliser lorsque le système d’émission et d’entrée sont mixtes : par exemple le système d’émission est kinesthésique alors que le système d’entrée est visuel).

VARIATIONS DE « PATTERN » (habitude/modèle) Il existe plusieurs subtilités et variations que vous aimeriez connaître. Par exemple, lorsqu’un individu laisse planer ses yeux dans les deux sens sur une ligne plus ou moins médiane, il éprouve un argument interne (auditif) c’est-à-dire avec lui-même. A de nombreux moments, il génère aussi très rapidement des images visuelles, souvent déroutantes et confuses. Ce « programme » peut se produire de temps en temps et chez n’importe qui, mais, plus fréquemment dans le cas d’individus en proie à un stress extrême. En fait, des individus avec un dysfonctionnement sévère révèlent souvent cette habitude. Cela peut être douloureux et en général est un vrai programme PEPS. Une autre variante est celle du visuel « tout droit ». Ceci est un « programme » où l’individu paraît regarder l’auditeur/trice, mais au lieu de cela, il est en train de générer des expériences internes visuelles. Souvent, un tel individu est presque inconscient des gens et des évènements qui se passent autour de lui à ce moment-là. Il y a deux indices principaux pour repérer ce programme : Un regard fixe sans clignement d’yeux et une dilatation des pupilles. Si vous croyez qu’un individu est engagé dans ce modèle (pattern) vous pouvez le tester pour vérifier. Avancez votre main en disant : « Quelle couleur rose je tiens ? » Si l’individu a un regard perplexe et confus, il n’a probablement pas « visualisé » tout droit . En revanche s’il continue à regarder fixement et vous donne une réponse par exemple : « c’est rouge » - vous avez bien deviné. Si nous tendons la « main » pour lui donner la rose, il pourrait même « la » prendre. Vous pouvez même suggérer qu’il ferme ses yeux et continue à tenir et à regarder la rose. Si vous le faites, soyez préparé à vous sentir un peu seul. Il va probablement entrer en hypnose. Je peux me tromper. Il pourrait déjà être dans un état hypnotique. Il y a une autre variation importante que vous devez prendre en considération pour le modèle auditif/visuel. Quand un individu semble « regarder à travers vous », il est en réalité dans l’auditif et en train de faire des images de ce qu’il est en train de dire. En fait, il ne vous voit pas, vous, l’auditeur. Au lieu de cela, sa conscience est littéralement modifiée, et il est en train de regarder au loin un tableau imaginaire ; se parlant à lui-même et visualisant soit les mots, soit les scènes qui correspondent aux mots. La plupart des individus trouvent ce modèle déconcertant lorsqu’ils se trouvent face à cette réaction. Ceci est probablement le plus incompris de tous les modèles. Lorsqu’un homme utilise ce modèle de fonctionnement avec une femme, elle va souvent avoir l’impression qu’il est en train de la « déshabiller ». En réalité il sait à peine qu’elle est là. Lorsqu’une femme utilise ce modèle avec un homme, il aura l’impression « qu’elle agit comme s’il n’était rien ». En fait, elle est tellement absorbée dans son processus qu’elle est inconsciente du monde qui l’entoure. Je crois que ce modèle se termine toujours dans une forme « d’autohypnose ». Si, pendant que quelqu’un fonctionne de cette façon ou suit ce modèle, vous faites un mouvement rapide (par exemple lever votre bras) ou vous faites un bruit soudain (par exemple claquer des doigts) vous le verrez presque sursauter. Ils regarderont confus et surpris, effrayé. C’est presque comme si on les sortait de 52

« transe » trop vite. Souvent cette personne manifestera une amnésie à l’égard de ce qui s’est produit juste avant leur « réveil ».

GAUCHE – DROITE – GAUCHE Maintenant, considérons tous ces gens qui ne sont pas droitiers, dominant hémisphérique gauche. Lorsque l’individu est gaucher, une transition est facile. Inversez simplement les mouvements des yeux. Si un gaucher regarde en haut à sa droite, il génère du visuel passé. S’il regarde en haut à sa gauche, il construit de nouvelles images. Les yeux en bas à droite correspondent à l’auditif pendant que les yeux en bas à gauche indiquent des souvenirs kinesthésiques. Les variations mentionnées ci-dessus ont le même sens général sans tenir compte de la dominance hémisphérique droite/gauche. Cela sonne et a l’air simple n’est-ce pas ? Bien, cela l’est et cela ne l’est pas. Il y a une catégorie de personnes que j’appelle « dominant cerveau croisé ». Ce sont des individus qui peuvent être droitiers pendant qu’ils sont de dominance cerveau-droit comme s’ils étaient gauchers. De l’autre main (jeu de mot intentionnel) ils peuvent être gauchers et dominant cerveau gauche comme s’ils étaient droitiers. Lorsque vous avez des doutes sur la façon dont une personne est organisée au niveau inconscient, posez-lui des questions. Par exemple, vous pourriez poser des questions qui demandent un rappel visuel. Quelle était la couleur de votre première voiture ? Quel était le style de votre première maison ? Faites attention où l’individu dirige ses yeux. S’il regarde en haut à droite pour de l’information du passé, oubliez de quelle « main » il est. Sa dominance hémisphérique va vous dire d’où il tient son expérience. L’utilisation principale de sa main va seulement vous dire avec laquelle il va signer son nom et pour notre travail ce n’est pas trop important.

SYSTÈMES MYTHES Je vais maintenant risquer de m’isoler sur une branche en espérant que vous vous retiendrez de la scier pendant que j’y suis perché. Si vous la sciez quand-même, merci de vous assurer qu’il y a un joli coussin doux pour mon atterrissage. Il y a quelques « faits » sur lesquels la plupart des experts de systèmes sont d’accord. Je me trouve en désaccord total avec quelques-uns de ces « faits ». Le premier fait stipule : lorsque le système inconscient (d’entrée) de l’individu est différent de son système conscient (d’émission), cet individu est incongruant. Je crois qu’un individu peut avoir ce que l’on appelle des systèmes « mixtes » tout en étant congruent. A mon avis, il s’agit de la façon dont ils utilisent leur système mixte dans le monde réel qui détermine s’il y a un problème ou non. Lorsque l’individu fonctionne bien et qu’il a la capacité de faire des choix, alors son système mixte est simplement son programme unique. C’est seulement lorsque son système mixte produit de la douleur et un manque de choix que j’appellerais son système mixte PEPS. Le fait suivant que j’aimerais aborder est le système d’entrée préféré. (Certains systémiques appellent cela le système « principal ») Le point de vue générale est que les individus ont presque toujours un système inconscient spécifique préféré. Si leur système inconscient préféré est visuel, ils vont presque toujours bouger leurs yeux vers le haut dans la zone visuelle ; il en sera de même si leur système préféré est auditif ou kinesthésique. Pendant mes longues années d’expérience, j’ai découvert que le système d’entrée inconscient préféré change souvent. Bien que je pense qu’il existe un système inconscient préféré, je crois aussi que nous changeons notre système inconscient préféré selon les circonstances et nos « souvenirs » internes. De plus, un individu peut avoir un système inconscient préféré, disons dans une expérience agréable, alors que ce système peut être entièrement différent dans une 53

situation douloureuse. En bref, il peut avoir deux programmes différents selon le contenu émotionnel de ses expériences. Exemple : Un individu vous raconte une expérience agréable. Son système d’émission est kinesthésique pendant que son système d’entrée (mouvement des yeux) est visuel. Il commence alors de parler d’une expérience désagréable et douloureuse. Son système d’émission reste le même pendant que son système d’entrée change pour l’auditif. Ce type de changement peut avoir lieu dans tous les systèmes (K-A-V) et dans n’importe quelle combinaison. Dans la dernière section au sujet des systèmes je ferai quelques recommandations pour expliquer comment gérer ces systèmes « changeants » et ce que ce changement peut indiquer.

SYSTÈME HORS DU CONSCIENT La plupart des experts de systèmes soutiennent que la façon dont un individu parle (émission consciente), le mouvement de ses yeux (entrée inconsciente) et le prétendu « langage corporel » s’élèvent à la totalité des systèmes de communication de l’individu. Je crois qu’il existe encore un système : le système inconscient hors du conscient (système hors du conscient). Ce système a l’air compliqué au départ. Alors que vous commencez à être à l’aise avec ce système, vous découvrirez que, non seulement c’est facile à comprendre, mais aussi que ce système pourrait être la clé d’un résultat thérapeutique réussi. Référons-nous à l’analogie de l’ordinateur : Vous rappelez-vous que j’avais mentionné son système d’exploitation. Généralement ce système est « invisible et inaudible ». Le système hors du conscient procède de la même façon. Si un individu utilise des mots tels que « Je vois ce que vous voulez dire. » « C’est clair pour moi. » « J’aime voir le ciel bleu et regarder un beau paysage. » Cette personne utilise à ce moment-là un système d’émission visuel. Si en même temps, elle utilise des termes visuels et bouge également les yeux en haut à gauche et à droite, vous saurez alors que leur système d’entrée inconscient était aussi visuel. Si vous devez demander à cette personne si elle avait conscience d’avoir créé des images dans son esprit et qu’elle a confirmé ce fait, alors vous saurez que son système inconscient est un système qu’elle a pu amener sans difficulté à la conscience. Il y a beaucoup d’individus pourtant, qui clameront ne pas créer d’images ou vous diront « je ne peux pas visualiser » . En réalité, cela ne peut pas être vrai, mais pour eux, dans leur réalité personnelle, c’est vrai. Ce que cette personne dit en réalité : « Je suis incapable de devenir consciemment consciente des images que mon esprit produit en ce moment. ». En fait, elle génère des images sinon elle ne saurait pas ce qu’est une chaise, ou où elle a garé sa voiture, mais elle est bloquée dès que cela concerne la conscience consciente des images internes. Par conséquent son système visuel est dans cet exemple un système inconscient hors du conscient. En bref n’importe quel système (K-A-V) que l’individu est incapable de faire remonter à la conscience, ou qu’il en est inconscient, est son système hors du conscient. Dans les zones de dysfonctionnement et de douleur, le système hors du conscient peut empêcher l’individu d’avoir des choix quant au changement.

DES SYSTÈMES BLOQUÉS : DES EXEMPLES Si vous ou moi devions nous rappeler visuellement une expérience désagréable de notre passé, nous commencerions probablement à ressentir quelques sentiments désagréables. Vous pourriez faire une pause maintenant… et vous souvenir d’un trauma passé ; regardez-le aussi clairement que possible… puis prenez conscience des sentiments qui correspondent à ce que vous « voyez ». Puisque vous êtes conscient de la connexion entre ce que vous « voyez » et 54

ce que vous « sentez », vous avez plusieurs choix qui vont changer votre ressenti. Vous pouvez arrêter les images ou les changer en quelque chose de plus agréable ou vous rappeler que c’est du passé et vous avez survécu. Mais l’individu qui voit quelque chose de douloureux sans la capacité de « savoir » qu’il est en train de le « voir », a un problème douloureux. Cette personne prendra conscience de ses sentiments douloureux, mais sans savoir d’où ils viennent. Sans cette connaissance elle a peu ou pas de contrôle de ce qu’elle va continuer d’éprouver consciemment ! L’individu dont le système visuel est hors du conscient ou qui prétend ne pas pouvoir avoir d’images visuelles, est quelqu’un qui, pendant une période de sa vie, fut forcé de voir ou a vu accidentellement des choses très angoissantes qui ont causé beaucoup de douleur. Pour se protéger de cette douleur il a tiré un rideau mental sur ces souvenirs (visuels) et a, en fait, produit une amnésie de ces évènements – du moins dans l’expérience visuelle. Ces images du passé continuent à se dérouler à l’intérieur mais la personne a trop peur de les voir. Pour éviter de regarder ces images pénibles et douloureuses, elle exclut de « voir » toutes les images. Un autre exemple du Système-Inconscient-hors-du-Conscient pourrait être celui d’une personne qui, en traitant l’information, regarde en bas à droite (K), décrit des évènements visuellement et vous informe qu’elle a des difficultés à « rentrer en contact avec mes sentiments ». Maintenant, puisqu’elle est un être humain qui marche, parle et respire, les sentiments et les émotions doivent continuer mais pour certaines raisons, les canaux qui amènent ces sentiments au conscient sont bloqués. Cela peut être une information importante pour vous. La personne qui vous guide avec les yeux vers un système kinesthésique – c’est-àdire que son système inconscient est kinesthésique – mais qui vous dit des choses visuellement ou annonce qu’elle a des problèmes à ressentir les choses ou qu’elle ne peut pas entrer en contact avec ses ressentis, cette personne est quelqu’un, qui selon toute probabilité, a été forcée d’endurer une telle douleur physique et/ou émotionnelle et afin de se protéger, elle s’est littéralement déconnectée de cette partie de son expérience. Par la suite, elle a des difficultés à utiliser son système kinesthésique comme une ressource. Vous allez découvrir que de telles personnes ont tendance à avoir beaucoup de maladies somatiques.

HORS DU CONSCIENT : RÉCAPITULATIF Les deux exemples précédents pourront avoir été des choix très efficaces au moment où ils les ont utilisés pour la première fois. Par exemple, si je me casse la jambe et que j’ai la capacité de me déconnecter de la douleur en attendant d’arriver chez un médecin, j’ai utilisé cette capacité pour rendre la situation plus confortable pour moi. Toutefois, si je continue à bloquer la douleur de ma jambe et que je continue à marcher sans la faire soigner, je vais finir avec la gangrène et le remède devient pire que la maladie. Des personnes qui viennent dans un cabinet de thérapeute ont à un moment de leur vie, développé un remède pire que la maladie. Je ne veux pas me brûler les doigts, mais je trouve que de me couper le bras droit pour les protéger est une chose stupide à faire. Si je me brûle les doigts, ils guériront. Recoudre mon bras droit peut être une tâche plus difficile à accomplir. Un individu qui a bloqué sa capacité à utiliser un ou plusieurs systèmes, s’est, en effet, coupé le bras pour protéger ses doigts. Idéalement un être humain qui fonctionne bien va utiliser tous les systèmes, consciemment et inconsciemment. De plus, il va le faire en congruence. Lorsque les mouvements des yeux sont en haut et qu’ils sont en train de construire des images, leur description sera celle des images ; ou si leur description est celle des sentiments, ils savent qu’ils sont en train de faire des images et sont conscient de la connexion entre ce qu’ils « voient » et ce qu’ils sentent. Lorsqu’ils sont dans leurs sentiments 55

leurs mouvements du corps et des yeux se situeront dans cette partie du cerveau qui indique qu’ils sont dans leur ressenti kinesthésique. C’est également vrai pour l’auditif. Malheureusement, les gens qui ne fonctionnent pas bien, qui sont en douleur, ont tendance à faire des sentiments au départ des images qu’ils voient dans leur tête ou ils tournent des mots en images et en mauvais sentiments. Ils font ces choses sans en être conscients et par conséquent sans choix. Ils ne s’occupent pas du monde autour d’eux, mais leur système de croyances interne et leur réalité interne ont plutôt pris la priorité sur la réalité externe. En fait, ils utilisent le même système pour trouver les mêmes souvenirs douloureux, pour générer les mêmes sentiments douloureux en dépit du monde et des options qui les entourent. Mais bien sûr, il y a ceux qui affirment toujours que l’hypnose n’existe pas. Pourtant, des gens peuvent être assis dans une pièce parfaitement calme sans qu’il ne se passe quoique ce soit, et dans leur esprit, ils se mettent à halluciner des choses du passé, à répondre avec des réactions physiologiques et à sentir émotionnellement la peur, l’appréhension, la dépression. Même si vous leurs dites que rien ne se passe autour d’eux, ils continuent à se sentir mal.

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VIII Des Systèmes – et Alors ? LES PUZZLES Lorsque j’étais petit garçon, j’ai reçu un puzzle en cadeau. Quand j’ai renversé la boîte pour sortir toutes les pièces, je fus submergé. Il y avait tellement de petites pièces que je ne savais pas par où commencer. Quelqu’un m’a aidé à comprendre le secret. J’ai appris à prendre une petite pièce et à la joindre à une autre petite pièce jusqu’à ce qu’il y ait plusieurs petites pièces qui forment une plus grande pièce. J’ai alors appris à prendre quelques-unes des plus grandes pièces et à les joindre encore en une plus grande pièce jusqu’à ce que tout le puzzle soit rassemblé. Alors, si vous vous sentez confus ou submergé à ce stade, je comprends. J’espère pouvoir vous aider à rassembler les petites pièces en une plus grande pièce jusqu’à ce que vous ayez assemblé le puzzle. Ce que vous allez lire maintenant n’est pas la réponse mais plutôt un guide général. Les façons dont vous pouvez utiliser les systèmes et les méthodes pour les appliquer sont seulement limitées par les limites même de votre imagination. Une fois que vous serez à l’aise avec les principes généraux, je veux que vous vous sentiez libre de jeter les règles. Lorsque vous pratiquerez, vous trouverez ce qui marche le mieux pour vous et encore plus important si vous êtes thérapeute, ce qui marche le mieux pour vos clients/patients. Les thérapeutes de tous bords sont en général d’accord pour dire que le premier pas vers une thérapie réussie est d’établir un rapport. Certaines écoles de thérapie considèrent qu’il faut plusieurs séances pour établir le premier lien. Avec l’utilisation des systèmes je crois que le rapport peut, dans la majorité des cas, être établi en apprenant à communiquer dans le système d’émission conscient de la personne (c’est à dire les mots) aussi bien que dans son système inconscient (mouvements des yeux).

LES SYSTÈMES : COMMENCEZ Le premier pas pour vous est d’écouter et de faire davantage attention à la façon dont l’individu s’exprime et moins à ce qu’il dit. En faisant attention à ses choix de mots, vous allez découvrir ce qu’est son système d’émission conscient à ce moment-là. La prochaine étape pour vous est de « parler sa langue ». C’est à ce stade que beaucoup de thérapeutes (et les gens en général) « perdent » leur auditoire. Voici un exemple de ce qu’il NE faut PAS faire : Pat : Les choses ont l’air désespéré. Je ne peux tout simplement pas voir d’issue à mon problème. Tout est en noir et blanc et je me sens piégé. Dr : Je sais comment vous vous sentez. J’ai été coincé moi-même. Nous pouvons faire un effort pour rentrer en contact avec quelques nouveaux choix solides qui peuvent vous aider à ressentir l’espoir. Lorsque vous aurez examiné l’exemple ci-dessus, vous ressentirez quelques sentiments troublants. Si c’est le cas, imaginez ce que le patient pourrait ressentir. Le système d’émission conscient du patient était très clairement visuel. Lorsque vous regardez les déclarations, je suis sûr que vous allez le voir. La réponse du thérapeute était lourdement kinesthésique. Par conséquent les chances d’établir rapport est quelque peu entre mince et rien. Voici un 57

exemple à suivre : Pat : Les choses ont l’air désespéré. Je ne peux tout simplement pas voir d’issue à mon problème. Tout est en noir et blanc et je me sens piégé. Dr : Je sais que lorsque les choses ont l’air sombre, on peut finir par se sentir piégé. Peut-être qu’ensemble, nous pouvons trouver une façon différente de voir les choses. Lorsque j’aurai une image plus claire de la situation, je serai capable de vous aider à voir les éléments qui vous ont échappés. Rappelez-vous que dans une boîte de crayons il y a beaucoup de couleurs en plus du noir et blanc. Lorsque vous re-examinerez le deuxième exemple, je suis sûr que vous sentirez facilement la différence. Alors que notre docteur mythique n’a rien dit de concret, ses déclarations semblent être en plein dans le mille. J’aimerais que vous preniez un peu de temps pour essayer « de parler le langage de l’autre » pour constater les résultats par vous-même. En bref, écoutez le système d’émission conscient, et mettez en pratique vos réponses dans le système de la personne. Je sais que si vous faites attention, vous découvrirez combien cet outil est puissant. Pour ceux d’entre vous qui aiment l’aventure et l’excitation, continuez résolument de parler dans un système qui n’est pas le système d’émission conscient de votre patient. Si vous regardez attentivement, vous pourriez voir que beaucoup de gens manifesteront une dilatation des pupilles, un changement de respiration, un regard fixe et un sentiment de ne pas être là. Nous pourrions dire qu’ils sont peut-être entrés en hypnose. Si vous aimez jouer avec cela, faites ceci : D’abord communiquez dans le système d’émission conscient de votre patient lors de quelques échanges. Puis, brusquement changez à un autre système, faites un pas en arrière, taisez-vous et observez.

SYSTÈME PLUS (+) VERSUS SYSTÈME MOINS (-) : UN CAS Une fois que vous vous sentirez raisonnablement sûr de vous, que vous aurez identifié le système d’émission conscient de l’individu dans la zone de son problème, la prochaine étape sera de trouver si le système change lorsqu’il parle de quelque chose d’agréable. Dans de nombreux cas, il y aura un changement net. Vous pouvez découvrir cela en disant par exemple « Lorsque les choses ne sont pas si désagréable pour vous, qu’est-ce que vous aimez faire ? » Quand il aura répondu, demandez : »Qu’est-ce que vous aimez le plus ? » S’il y a un changement net, vous obtiendrez des informations précieuses. Vous saurez vers quels systèmes diriger la personne afin de l’aider à se sentir mieux ; quel système a besoin de nettoyage ; et à commencer la communication dans le système « douloureux » en avançant doucement vers celui dans lequel il sait se sentir bien. Voici un exemple de ma pratique : Moi : Qu’est-ce qui vous amène… c’est à dire dans quoi aimeriez-vous avoir un nouveau choix ? Pat : Je suis vraiment déprimé. Je n’ai plus d’énergie et je n’ai plus envie de rien. [Ceci fut suivi de plusieurs minutes de commentaires kinesthésiques] Moi : Je suis désolé que vous vous sentez si mal. Des problèmes peuvent être si lourds que nous pouvons nous sentir bien et coincés. Pat : (fait oui avec la tête) Oui, vous avez raison. Je suis tellement fatigué de me sentir ainsi.

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Moi : Si je pouvais agiter une baguette magique et enlever tous ces mauvais sentiments que préfériez vous faire ? Pat : Peindre. J’adore peindre [Avec cette déclaration il y eut un changement remarquable de son comportement et elle apparaissait un peu plus détendue] Moi : Qu’aimez-vous le plus dans la peinture ? Pat : J’aime voir la peinture prendre forme. J’aime vraiment mettre les différentes couleurs sur la toile et lorsque j’ai fini, je me sens vraiment bien en regardant simplement ce que j’ai créé. [A ce stade, il y eut un changement définitif vers une sortie visuelle et elle était en train de sourire réellement] Moi : Quoi d’autre vous êtes-vous vu faire dont vous êtes fière ? Pat : [pause] Oh, je sais ! Une fois, j’ai conçu une robe de toutes pièces ! Cela n’est peut-être pas grande chose pour vous, mais pour moi c’était important. J’avais regardé partout pour un patron qui correspondait vraiment à ce que je voulais, mais je ne pouvais pas le trouver. Soit ils étaient horribles, soit ils ne m’allaient pas. Alors j’ai vraiment conçu mon propre patron de robe et l’ai ajusté à ma taille. C’était simplement beau et elle me seyait parfaitement. [A ce moment-là, elle s’est assise bien droite avec un bon contact du regard ; sa voix était forte et elle avait l’air tout sauf déprimée] Moi : C’est super. Vous avez vu que l’idée d’un patron de quelqu’un d’autre ne vous allait pas et vous avez agi. Je peux voir combien vous devez être fière. Alors j’aimerais que vous nous rendiez un service. J’aimerais que vous fermiez les yeux et que vous vous regardiez dessiner un patron et le découper. Puis j’aimerais vous voir passer toutes les étapes qui vous conduisent à créer le patron et la robe qui vous semble idéale, juste en la regardant. Dès que vous aurez cette image claire dans votre esprit, j’aimerais que vous me signaliez « OUI » en levant le premier doigt de votre main gauche. [En disant cela, j’ai touché légèrement ce doigt. Avec l’accent sur le mot oui et par le toucher de son doigt j’ai établi une réponse idéomotrice.] Pat : Ok [Elle ferme les yeux et continue à être très relaxée. Après un certain temps son doigt monte.] Moi : Merci. Maintenant, j’aimerais que vous vous regardiez vous-même, une femme si impliqué dans ce qu’elle crée…UN NOUVEAU PATRON. [Voici le début qui l’a aidé à se dissocier et se concentrer sur le plaisir de créer des nouveaux patrons] J’aimerais que vous fassiez attention à sa concentration sur ce nouveau patron…le sentiment de plaisir…la sensation des ciseaux dans sa main…la détermination à créer un beau nouveau patron qui lui sied et qui l’aide à vraiment être bien [J’ai continué de lui parler de son expérience dans tous les détails pendant presque 20 minutes. J’ai accentué le fait de perdre la notion du temps et du lieu ; de ne pas faire attention à des muscles endoloris ou des sentiments ; de résoudre le problème du mauvais patron ; d’accepter que les patrons crées par d’autres ne sont peut-être pas les bons pour elle et qu’elle pouvait choisir de les abandonner et de créer ses propres patrons. Pat : [Ouvre ses yeux ; regarde autour d’elle et soupire] Quelle expérience. Au début l’image était très vague, mais après elle devenait plus vive. Je me suis sentie comme flotter et m’observer moi-même. Après un moment je pouvais entendre votre voix, mais elle était très 59

loin, et je ne sais pas si j’y ai fait attention. Je me sens très bien. Je sais que je vois les choses différemment, mais malgré tous mes efforts, je ne pourrais absolument pas vous dire ce qui s’est passé. Moi : Cela semble que vous aviez eu une belle expérience d’apprentissage et que vous avez pris plaisir dans ce processus. Maintenant notre rendez-vous est presque fini. [Pat a eu un regard surpris et a jeté rapidement un coup d’œil à sa montre] Mais j’aimerais vous demander autre chose. Comment aimeriez-vous essayer de peindre un beau tableau ou créer un nouveau patron avec les yeux bandés en le faisant seulement par vos sentiments ? Pat : [rit] Je ne le ferais pas. Ce serait probablement impossible. Même si je pouvais le faire, je suis sûre que ce serait frustrant et je ne crois pas que j’y prendrais plaisir. Je n’aimerais probablement pas regarder le produit fini. Moi : C’est ça ! J’étais sûr que vous le saviez et que vous l’aviez juste oublié pendant un moment. Maintenant que vous voyez cela clairement, je sais que vous allez comprendre et continuer à vous sentir mieux ! Pat : [regard surpris] Quoi ? Je ne sais pas si je comprends [sourit…la tête fait lentement oui] Moi : Bien ! Elle voit ce que je veux dire et elle peut vous montrer une surprise agréable. Je vous vois la semaine prochaine.

CAS : DEUXIÈME SÉANCE Pat : J’ai vraiment vécu une semaine intéressante. Après vous avoir vu, pendant trois jours, je flottais littéralement. Les choses paraissaient plus lumineuses, non seulement dans ma vie, mais les couleurs aussi étaient lumineuses. J’étais beaucoup plus consciente de ce qui s’est passé autour de moi. Le quatrième jour je me suis sentie abattue et aussi déprimée qu’avant. Moi : Vous n’avez pas l’air déprimé maintenant…En fait, vous avez l’air très bien. Pat : Je me sens très bien. Quand j’étais assise toute déprimée, j’ai soudainement entendu votre voix. Je vous ai entendu me demander comment j’aimerais essayer de peindre les yeux bandés, seulement par les sentiments. J’ai tout un coup réalisé que j’étais occupée à conduire ma vie seulement par mes sentiments sans regarder d’autres façons de faire. Puis je me suis vue découper un patron de robe qui ne m’allait pas et si je voulais le changer, je devrais faire un nouveau patron. J’ai commencé à regarder tout ce que je faisais pour me rendre malheureuse et après un moment je l’ai vu. [Elle a continué à expliquer comment elle s’était concentrée sur tout ce qui pouvait aller de travers ; penser des pensées « folles » etc. ; et comment elle a regardé l’image complète etc.] Maintenant j’aimerai vous poser une question. Moi : Demandez. Pat : Vous m’avez hypnotisée, n’est-ce pas ? Moi : Et bien, il me semblait que vous aviez décidé d’entrer dans cet état. Pat : Bon, c’était merveilleux, seulement je n’ai jamais cru que je pourrais être hypnotisée. Moi : C’est bien de voir que vous êtes capable d’intégrer de nouvelles idées. 60

Pat : Je ne vous l’ai pas dit avant, mais je suis allée chez un médecin qui utilisait l’hypnose et ce fut un désastre. Il n’arrêtait pas de me dire de me sentir lourde et de m’enfoncer dans la chaise. Plus il me demandait de me sentir lourde, plus je me fâchais. Je pensais qu’il me disait d’être encore plus déprimée que je ne l’étais déjà. Alors je l’ai vraiment combattu et je n’y suis jamais retournée. Moi : Peut-être ne savait-il pas vous montrer ce que vous aviez besoin de voir. [A ce stade, je lui ai donné une brève leçon sur les principes des systèmes et lui ai fait remarquer combien elle répondait à la communication visuelle] Pat : Cela a du sens. D’abord, quand j’ai fermé mes yeux, j’ai commencé à être tendue. Puis vous avez demandé de me voir moi-même faire le patron et j’ai commencé à obtenir l’image dans mon esprit. Cela semblait très naturel. Ensuite, j’ai flotté.

EXAMEN DE CAS Examinons ensemble le cas ci-dessus. Au début quand elle a expliqué son « problème », elle était dans son système kinesthésique. J’ai commencé à lui parler dans ce système. Puis je lui ai demandé de se souvenir de quelque chose d’agréable et elle est passée au système d’émission visuel. Avec cette information, j’étais prêt à l’aider à trouver de nouveaux choix. Je savais que je devais l’aider à retourner dans son système visuel, l’aider à se rappeler plus d’expériences kinesthésiques agréables et à utiliser ses capacités (créer et dessiner le patron de la robe) pour créer une métaphore, qui pourrait l’aider à aborder sa situation de façon nouvelle (le patron, un nouveau modèle) et de comprendre juste comment elle a créé ses mauvais sentiments. Lorsque vous relisez ce cas, je suis sûr que cela deviendra très clair. Enfin et surtout, ses commentaires concernant ses expériences précédentes avec l’hypnose devraient vous donner une raison de… faire une pause maintenant… et de noter l’importance d’utiliser le système de communication de l’individu.

LES SUBTILITÉS Il y a encore quelques points concernant le système d’émission conscient que j’aimerais que vous saisissiez pour que ce soit très clair. Un individu visuel a besoin d’un peu de temps et d’espace pour « faire » ses images. Si vous arrivez trop près trop vite l’individu visuel réagira généralement avec de l’anxiété. Une fois que la personne visuelle attestera être à l’aise avec vous, alors vous pourriez entrer (lentement) et faire quelques contacts physiques. D’un autre côté un individu kinesthésique sentira que vous êtes froid et sans ressenti si vous êtes assis (ou debout) trop loin et ne faites pas de contacts physiques. Ces deux points sont importants. Si vous voulez « gâcher » tout rapport en quelques secondes, approchez très vite et touchez un visuel et tenez vous éloigné d’un kinesthésique. Ensuite, quand un individu ressent de la douleur physique ils sont dans un système kinesthésique douloureux. L’aider à bouger du kinesthésique en visuel et/ou auditif produira quelques changements profonds et intéressants. De plus, amener lentement un individu de son système d’émission conscient vers un autre système et puis continuer à passer tous les trois en boucle, va dans la plupart des cas, résulter que l’individu « part en voyage » dans cet « autre état ».

LA PROCHAINE ÉTAPE Une fois que vous aurez établi le système d’émission conscient de la personne dans les 61

deux zones, celle du problème et celle agréable, vous serez prêt pour le pas suivant, majeur. Il est à présent temps d’apprendre ce qu’est le système inconscient. Encore une fois, vous devez découvrir s’il y a un déplacement dans le système inconscient quand l’individu change du problème à une expérience plus agréable. Quand vous apercevrez le système inconscient, vous serez prêt pour un travail puissant. Vous aurez tout ce dont vous avez besoin pour commencer une communication sur deux niveaux en même temps et pour produire ce que l’on appelle « l’hypnose informelle » sans induction ou transe « formelle ». Un homme entre dans votre bureau, s’assoie et commence à discuter de son problème. Vous avez découvert que son système d’émission conscient est kinesthésique et vous réagissez selon ce système. Vous découvrez ensuite que son système inconscient est visuel (ses yeux bougent presque toujours en haut à gauche et puis retournent vers vous avant de parler). Un des choix qui se présente à vous : quand il finit une phrase, regardez brièvement en haut à votre droite (son côté gauche puisqu’il est en face de vous) puis regardez-le en « parlant kinesthésique ». Quand vous terminez votre phrase, regardez encore une fois brièvement en haut à droite. En fait, vous êtes en train de lui dire que vous comprenez tout simplement comment il crée ses expériences et où il continue à « trouver » une source à son problème. Au lieu de cette méthode ou pour y ajouter quelque chose, vous pourriez choisir de lire ses pensées. Lorsque vous parlez dans son système (kinesthésique) vous pouvez changer lentement vers son système inconscient et lui dire ce qu’il est en train de faire. Exemple : « Je sais que vous vous sentez mal maintenant, que vous êtes fatigués de vous sentir ainsi et lorsque vous vous rendez compte de ces images de votre passé [bougez vos yeux en haut à droite – sa gauche] et que vous apprenez à arrêter de voir tout cela ou à changer ces images, vous serez surpris de la vitesse à laquelle vous pouvez vous sentir mieux. » Avec cette méthode, souvent, de nombreuses choses intéressantes peuvent et vont se passer. J’ai eu des personnes qui se sont rappelé soudainement des évènements passés et leurs douleurs qui s’y rattachent. A un moment, un homme s’est figé, il s’est arrêté de respirer pendant plusieurs secondes et puis s’est mis à pleurer. Il avait déclaré ne pas avoir de sentiments et être une personne froide. Souvent, l’individu s’arrête tout simplement, regarde fixement et dans de nombreux cas, fait « oui » avec la tête ou confirme d’une autre manière ce que vous venez de dire. Souvent l’individu entre en hypnose… j’ai oublié… l’hypnose n’existe pas. Mais si elle existait, lorsque l’individu s’arrête et regarde fixement, vous allez remarquer la dilatation des pupilles, il y a un changement marqué de la respiration et d’autres « choses » intéressantes. Quelquefois je dis simplement : C’est ça. Maintenant vous pouvez fermer vos yeux et vous laisser glisser… et ces images seront bientôt beaucoup plus claires. »

RENDRE L’INCONSCIENT CONSCIENT Une autre approche puissante est simplement d’aider une personne à devenir consciente de la relation entre son système inconscient et ce qu’elle est en train de vivre. Une fois qu’elle a compris, il est relativement facile de l’aider à apprendre comment arrêter le processus et le changer. Exemple : un garçon de douze ans « P » avec des problèmes de comportement à l’école. Ses parents m’ont également informé que le garçon était renfermé et ne communiquait presque pas. Moi : Bien « P » que penses-tu, pourquoi tes parents t’ont emmené me voir ? « P » : [les yeux en bas à gauche] je ne sais pas. J’ai beaucoup de difficultés. 62

Moi : Cela sonne comme si tu ne te sentais pas trop bien à l’intérieur. « P » : [les yeux en bas à gauche] Oui, je me sens mal. Moi : Avant que tu aies commencé à te sentir mal, qu’est-ce que tu aimais faire pour t’amuser ? « P » : [les yeux tout droit, puis en haut à gauche, puis tout droit] Du baseball, je pense. C’est marrant et je me sens bien. Moi : Que préfères-tu dans le baseball où est-ce que tu te sens le mieux ? « P » : [les yeux en haut à gauche pendant une seconde et puis me regarde] J’aime tout, mais frapper la balle est amusant. Je me sens bien quand je réussis à frapper la balle. Moi : Je suis heureux que tu saches comment te sentir bien [à ce stade j’ai légèrement touché son bras] mais je pense que c’est triste que tu t’es senti si mal à l’intérieur. « P » : [les yeux en bas à gauche] Ouais. Moi : Tu dois être vraiment fatigué de ces mauvais ressentis et je me demande simplement ce que te dit cette voix qui te fait te sentir ainsi ? « P » : [la tête fait un mouvement brusque pour se mettre tout droit] Qu’est-ce que vous voulez dire ? Moi : J’aimerais t’aider à te sentir mieux, mais j’ai besoin de toi pour m’aider. Tu n’as pas besoin de me raconter tes secrets ou quelque chose que tu ne veux pas dire. [P regarde maintenant de façon plus alerte, commence à interagir et à parler avec plus d’aisance] « P » : [sourit…pour la première fois] Certainement, qu’est-ce que vous voulez que je fasse. Moi : J’aimerais que tu regardes en haut à ta gauche et que tu fasses semblant de te voir, toi, faire une bonne frappe au baseball. « P » : Ok. C’est facile [les yeux en haut à gauche, fait oui avec la tête et sourit] Moi : Je peux dire en voyant ton visage que tu te sens bien. [« oui » avec la tête] Maintenant, je veux que tu regardes en bas à gauche et que tu découvres ce qui se passe avec tes sentiments. « P » : [les yeux en bas à gauche ; le corps s’effondre ; l’expression du visage change] Je me sens triste à nouveau… et effrayé. Moi : Dis-toi STOP ! Je ne veux pas me sentir ainsi et puis regarde en haut à ta gauche et regarde-toi frapper la balle. « P » : [pause, la tête monte ; les yeux en haut à gauche et il sourit] Hey ! C’est bizarre. Quand je me suis dit stop, je ne me sentais plus effrayé et quand je me suis vu frapper la balle, j’ai commencé à me sentir bien. Moi : C’est super, « P ». Je savais que tu pouvais le faire. [j’ai encore touché son bras] 63

Maintenant, j’aimerais que tu pratiques tout cela toi-même et je vais juste regarder. Après plusieurs répétitions, « P » avait des difficultés à garder les yeux en bas à gauche. A chaque fois qu’il commençait à regarder en bas à gauche, sa tête, puis ses yeux remontaient tout de suite. Il a souri aussi, alerte et très bavard. A ce stade, je savais la chose suivante : le système d’émission conscient de « P » dans les deux zones, la douloureuse comme sa zone de « succès » étaient kinesthésiques. Toutefois, il y avait un déplacement définitif dans son système inconscient de l’auditif (douloureux) vers le visuel (succès). Je savais aussi qu’il avait quelques vieux enregistrements douloureux actifs dans sa tête qui étaient la source de sa boucle douloureuse. Je savais aussi que la prochaine étape serait de l’aider à ramener à la conscience la voix ou les voix qu’il entendait et ce qu’elles disaient. C’était ma prochaine mission. Moi : « P », j’aimerais que tu fermes les yeux et écoutes le son de ces voix que tu as entendues. Tu n’a pas besoin d’entendre ce qu’elles disent, mais simplement le son et quand tu entends cela, fais-moi oui avec la tête. « P » : [Acquiescement de la tête] Je l’entends [en colère et le corps tendu] Moi : Maintenant, « P », j’aimerais que tu commences à voir le visage de la personne ou des personnes qui vont avec ce bruit, et puis vois toute la ou toutes les personnes au moment même et à l’endroit précis où ces choses effrayantes ont été dites pour la première fois. Ce processus était tout simplement destiné à le bouger de son auditif inconscient vers son visuel inconscient … ce qui a eu également comme effet de faire entrer « P » en hypnose. Avant la fin de cette partie du travail, j’ai constaté une lévitation du bras et aussi des réponses idéomoteur. Moi : [« P » acquiesce lentement] Maintenant, vois ce plus jeune « toi » à ce moment de sa vie quand ces choses se sont passées qui l’ont rendu triste et effrayé. [pause…fait oui avec la tête] Maintenant, vois un de tes joueurs de baseball favoris prendre le jeune « toi » par la main et dire à ces personnes de te laisser tranquille et désormais il te protégera. Continue à regarder jusqu’à ce que ce jeune « toi » ait l’air heureux et puis vois le grandir fort et heureux. J’ai revu « P » encore deux fois. Après la première séance ses parents m’ont dit que le changement était magique. Devenu bavard, il aidait dans la maison et se trouvait bien à l’école. Ensuite, il a dit à ses parents qu’il n’aimait pas quand ils se disputaient en criant et quand ils le faisaient, il allait ailleurs sans s’inquiéter. Deux ans plus tard j’ai vu sa mère pour autre chose et elle m’a dit que ses « problèmes » n’étaient jamais revenus. (A propos, je les ai « ratés » aussi radicalement que j’ai réussi).

INTERRUPTION DE SYSTÈME Une autre méthode très puissante pour reconstruire un pattern/modèle inconscient d’une personne est d’interpréter les patterns (habitudes) douloureux et de diriger la personne vers la réussite. Par exemple la personne regarde en haut à gauche pour une fraction de seconde puis regarde tout droit lorsqu’elle raconte une expérience positive. Quand elle commence à parler de difficultés, ses yeux se lèvent en haut à gauche et puis se baissent en bas à gauche (auditif) 64

et puis en bas à droite pendant qu’elle parle de la situation douloureuse. Par la suite, quand elle recommence à parler du problème, vous claquez vos doigts au moment où elle bouge ses yeux en bas à gauche. Vous lui demandez également ou lui signalez de vous regarder pendant qu’elle parle. Le résultat sera : de les avoir amenés à utiliser le pattern/modèle inconscient réussi – dans ce cas, les yeux en haut à gauche et puis droit devant. Une variation de cette méthode est d’aider la personne à recouvrir la zone du problème avec le modèle inconscient réussi. Par exemple, un garçon de dix ans qui a développé une réaction presque phobique à la voix (colérique) de son père. Dans sa zone de succès, il était visuel dans les deux systèmes, conscient et inconscient. Je lui ai demandé d’ « écouter » le son de la voix de son père dans son esprit. Puis je l’ai aidé à changer l’image de son père par des images de plus en plus drôles. La dernière image était celle de son père debout, hurlant, en sous-vêtements tous troués. En moins de vingt minutes sa réaction « phobique » était rompu. Je lui ai dit de garder le secret de cette nouvelle image, ce qu’il fit. C’était il y a un an de cela et jamais son problème n’est réapparu (J’ai eu aussi une séance brève avec son père et lui ai permis de réaliser l’effet que produisait ses hurlements. Sa femme m’a dit plus tard qu’il avait considérablement réduit ses hurlements, mais lorsque cela arrivait, leur fils ne semblait pas affecté).

MAÎTRISER LE HORS DU CONSCIENT Votre prochain domaine sera de maîtriser le système inconscient hors du conscient (système en dehors du conscient). Ceci est d’une importance toute particulière dans la zone du dysfonctionnement de la personne. Par exemple le système conscient d’émission d’un patient est kinesthésique alors que son système d’entrée est visuel et vous n’observez aucun signe qu’elle utilise le système auditif pour vérifier la « réalité ». L’indice ici, est que l’auditif est le système hors du conscient. Un autre exemple utilisant les mêmes systèmes ci-dessus : demandez à l’individu ce qu’il voit dans son esprit, et si la réponse est : »Je ne vois aucune image » - ou une réponse similaire – veut dire que le système visuel est hors du conscient. Un autre pattern/modèle peut-être : le patient regarde en haut à gauche puis en bas à gauche et le système d’émission conscient est très visuel. Cela peut indiquer que le kinesthésique est le système hors du conscient ; ou si vous demandez ce qu’il se dit et que la réponse est : « Je ne dis rien » ou « je n’entends rien », ceci veut dire que l’auditif est le système hors du conscient.

HORS DU CONSCIENT À CONSCIENT Une fois que vous aurez déterminez quel est le système HORS DU CONSCIENT, vous aurez deux choix primordiaux : amener ce système dans le conscient pour que l’individu arrête de se donner des suggestions hypnotiques pour lesquelles il y a alors une « amnésie », ou utiliser ce système dans lequel vous structurez votre travail hypnotique et thérapeutique. Puisque ce système est hors du conscient, presque tout travail hypnotique que vous faites dans ce système mènera, dans la plupart des cas, à l’amnésie. Lorsque cela arrive, il est très difficile pour votre patient de « bloquer » ou de « saboter » le processus thérapeutique. Si vous choisissez la première méthode – amenant le système dans le conscient – vous avez plusieurs choix. Le plus facile, et, dans la plupart des cas, le plus rapide, est de faire des superposition des systèmes. Cela veut simplement dire de commencer dans le système conscient de la personne et d’avancer vers le système inconscient, puis vers le système hors du conscient et de répéter le processus jusqu’à ce que vous obteniez le résultat souhaité. Disons que l’auditif est le système hors du conscient du patient alors que le visuel est 65

l’émission consciente et pour le rendre facile, le kinesthésique est le système inconscient. (A propos, ce que je viens de décrire est une combinaison peu habituelle. Je l’ai choisie pour me rendre le travail de clarification plus facile). Disons aussi que votre patient vous a informé qu’il aime vraiment aller à la plage. Vous pouvez alors lui demander de fermer ses yeux et d’imaginer la plage lors d’une très belle journée. Lorsque votre patient réagit, vous pouvez alors passer quelques minutes à décrire des expériences visuelles fréquentes de la plage. Si vous observez des signes de relaxation, de calme, de concentration ou même de transe vous pouvez alors introduire des expériences kinesthésiques, par exemple regarder le beau ciel bleu et les nuages et sentir la chaleur du soleil lumineux. Après quelques minutes de visuel/kinesthésique vous commencerez à introduire l’expérience auditive « le son des vagues vous aide à vous relaxer davantage et quand vous entendez le son des vagues, vous les regardez monter et puis tomber, vous sentez un calme profond. Vous pouvez voir des enfants jouer et entendre leurs rires et vous rappeler d’un sentiment de plaisir du passé » etc. etc. Avec la superposition des systèmes l’une des deux choses va se passer, et dans beaucoup de cas, les deux vont arriver. Votre patient va rentrer dans cet état d’esprit que nous pourrions appeler hypnose, peut-être plus lentement et avec plus d’ « expériences » de superposition des systèmes, le blocage du système hors du conscient va alors s’écrouler. Des douzaines de personnes m’ont rapporté que lorsqu’ils ont ressenti ce que je décrivais, ils ont commencé à entendre des sons clairement ou ils ont senti toutes les sensations ou ils ont eu des images claires. Encore plus important, ce qu’ils rapportent dans les séances suivantes et donnent des signes évidents d’un « nettoyage » de leur blocage dans le monde réel. Essayez-le… vous aimerez cela.

DÉBLOCAGE VIA L’EXPÉRIENCE COURANTE Une autre approche pour débloquer un système hors du conscient est de commencer simplement à parler d’expériences courantes, agréables dans ce système, par exemple : hors du conscient kinesthésique = parler de l’effet d’une douche chaude après une dure journée de travail ; les sentiments d’un drap fraîchement lavé quand vous allez au lit ; la chaleur douce après avoir fait l’amour. Utilisez votre imagination, presque n’importe quoi va faire l’affaire. Si, lorsque vous décrivez des sentiments courants, vous commencez de plus en plus à décrire des sentiments agréables de l’enfance, vous aurez de grandes chances de produire l’hypnose et une régression à leur enfance. Cela arrivera parce que votre communication va provoquer en eux, pour trouver cette expérience, un retour dans leur système hors du conscient. Une fois que la personne entre dans ce système, ils doivent laisser leur système d’émission conscient quelque part ailleurs. En bref, un état modifié de conscience.

UTILISER LE SYSTÈME HORS DU CONSCIENT Si vous faites le choix de laisser le système hors du conscient, comme cela – en-dehors du conscient – votre approche sera très différente de ce que vous avez lu jusqu’ici. Vous pourriez utiliser ce système pour « lire dans l’esprit » et provoquer des recherches internes. Supposons que l’individu a un système hors du conscient auditif. Vous pourriez dire quelque chose comme : « Et bientôt, vous vous souviendrez de la personne qui a exprimé ces choses qui provoquent encore en vous ces sentiments » ou « Et je sais lorsque vous prenez conscience de ce que dit cette voix, vous saurez comment résoudre ce problème.» Une telle approche va « remuer » beaucoup d’activité interne et généralement va entrainer la personne à découvrir rapidement ce que ce système auditif est en train de faire. Une autre utilisation du système hors du conscient est de l’utiliser pour produire une 66

amnésie pour des suggestions bénéfiques. Exemple : une patiente avec un système d’émission conscient visuel alors que son système hors du conscient est kinesthésique. Elle m’a raconté « je vois tout sans espoir. Quand je vois la façon dont les gens me regardent, je m’énerve vraiment. » Je lui ai demandé de me dire comment est le son du désespoir. Son visage avait l’air absent, elle avait un regard confus et après un moment ses yeux ont bougé en bas à gauche, puis en haut à gauche. A ce point, j’ai dit : « Ok, au lieu de cela, vous pouvez commencer à vous sentir plus forte et plus calme. » Elle m’a regardé et a dit : « Quoi ? Je n’ai pas entendu ce que vous avez dit. » Etant donné que ma « suggestion » était faite dans son système hors du conscient, alors qu’elle utilisait ses autres systèmes pour chercher, elle a eu une amnésie concernant mes mots. Au fur et à mesure que la séance progressait, elle se relaxait. Alors que nous finissions, elle m’a dit : « Je ne suis pas sûre de ce qui s’est passé aujourd’hui, mais je me sens beaucoup plus calme et je pense que je peux être assez forte pour vaincre cela. »

LA MÉTHODE CHOQUE Il y a encore une approche du système hors du conscient que j’aimerais vous donner : La méthode choque. Avec cette approche, vous ignorez tout simplement le système conscient et inconscient et vous allez directement au système hors du conscient. Par exemple : système d’émission conscient est kinesthésique ; système d’entrée inconscient est auditif ; système hors du conscient égal visuel. Le patient parle « kinesthésique » pour dire combien il se sent mal. Vous répondez : « Lorsque vous regardez de quoi ont l’air ces sentiments, je sais que vous serez capable de transformer cette image en une image bien meilleure. » Avec cette méthode, vous avez de grandes chances de produire l’amnésie de ce que vous avez dit, de provoquer un état hypnotique informel pour un moment (ou plus longtemps) et/ou produire une restructuration inconsciente sans que le patient ne soit conscient de la façon tout cela a eu lieu.

CAS 5 : « R » J’aimerais vous parler de « R » et comment l’utilisation des systèmes a fait la différence entre succès et un super raté. « R » fut amené à mon bureau par sa femme et j’ai rapidement appris qu’il n’était pas vraiment d’accord avec l’idée de venir me voir. Il a refusé de remplir mon formulaire d’admission et lorsqu’il est venu dans mon bureau il ne parlait pas. Il s’est assis avec les bras croisés fermement et il montrait toutes les preuves de son hostilité. Sa femme m’avait informé que « R » n’était pas lui-même depuis près d’un an ; qu’elle l’avait amené chez un psychiatre et qu’il avait refusé de coopérer ; et il ne voulait pas lui dire ce qui le dérangeait. Je lui ai demandé ce qu’il pensait être le problème et sa réponse fut simplement de hausser les épaules. La seule autre information que j’ai obtenue, était que « R » regardait fixement à sa gauche avec ses yeux légèrement vers le haut. Puisqu’il n’allait pas parler, j’ai utilisé des métaphores en mettant l’accent sur des expériences visuelles. J’ai parlé d’un petit garçon en colère qui a peur. Chaque histoire était remplie d’informations visuelles. Après environ dix minutes « R » commençait à lorgner vers moi et acquiesçait occasionnellement en bougeant sa tête. Alors qu’il donnait l’impression de répondre (très légèrement à ce stade), j’ai commencé à ajouter des expériences kinesthésiques à mes histoires ; par exemple « …et le petit garçon ne pouvait pas voir d’issue à son problème, ce qui provoquait chez lui un sentiment très lourd. » « R » me regarda fixement et sa posture corporelle se relaxa légèrement. Toutefois, bien que regardant dans ma direction, il était clair pour moi qu’il se trouvait dans un état modifié. Il regardait distraitement au loin et les muscles de son visage 67

s’étaient détendus. Plusieurs minutes plus tard il m’a regardé, a cligné des yeux plusieurs fois et m’interrompit pour dire : « J’ai l’image. Si je ne regarde pas pour trouver une sortie, je ne verrai jamais les choses différemment. » Puis il a commencé à parler tout à fait librement. Il m’a dit qu’il était très déprimé depuis que ses enfants avaient quitté la maison et qu’il vieillissait (62 ans) sans jamais avoir vu la réussite. Il admit aussi que non seulement, il ne voulait pas venir me voir, mais qu’il s’était préparé à être très hostile. (J’ai découvert plus tard que venir chercher de l’aide représentait pour lui le signe de son échec et qu’il refusait de faire « face » à cela.)

CAS 6 : CHANGEMENT A ce moment, « R » devint en effet très gentil et bavard. Son « problème » s’est déversé, presque toujours en commençant par son système visuel et finissant avec son kinesthésique. Puisqu’il utilisait beaucoup de mots, j’ai fait les suppositions suivantes concernant ses systèmes : son système d’émission était essentiellement auditif, avec un fort deuxième : le visuel. Son système inconscient était visuel (très prononcé) et puisqu’il ne bougeait jamais ses yeux vers le kinesthésique ou l’auditif, ma meilleure supposition était que les deux, kinesthésique et auditif étaient hors du conscient. J’ai vérifié mes suppositions lorsqu’il m’a dit : « J’ai beaucoup de difficultés à me sentir proche des gens ou à montrer des émotions et ma femme me dit que je n’écoute pas bien les gens. » J’ai passé plusieurs minutes à discuter le processus d’apprentissage inconscient en insistant sur l’importance des expériences visuelles. Puis j’ai dit : « J’aimerais que vous voyiez, vousmême, comment l’inconscient peut travailler séparément du conscient. Je veux que vous teniez votre main devant votre visage comme ceci. » Alors, je lui « montre » avec ma main, la paume vers le visage. « Bien. Maintenant que vous regardez votre main comme cela, votre inconscient va vous montrer quelque chose que vous avez besoin de voir... Peut-être verrez-vous ce petit garçon à un moment, à un endroit, ce petit garçon a commencé de se voir « pas assez bon ». [Pause]. C’est ça… et quand cette image devient plus claire, cette main amènera cette image plus près de votre visage, pendant que le son de ma voix vous permettra de vous sentir plus fort. » Sa main commença lentement à s’approcher du visage. « Maintenant, lorsque vous recevrez l’image [en utilisant la phrase exacte qu’il a utilisée plus tôt] vous allez trouver le confort en fermant les yeux [cligne plusieurs fois et puis ferme ses yeux] et je ne sais vraiment pas où vous allez voir cette main se poser sur votre visage, pendant que ma voix vous relaxera de plus en plus. Je sais qu’il sera étrange de voir cette image du petit garçon se sentant mal alors que vous vous sentez plus à l’aise… maintenant. » Sa main a touché son visage après quelques minutes et il me paraissait qu’il était très profondément dans « cet état ». « Maintenant, alors que vous continuez à apprendre quelque chose d’important pour vous, vous pouvez continuer à transformer les sentiments pour être plus à l’aise et je ne veux pas que votre main descende plus rapidement que…vous AVEZ APPRIS QUELQUE CHOSE D’IMPORTANT, et pas plus rapidement que vous entendez la voix intérieure dire au petit garçon que ce sera ok et que ce n’était jamais ce qu’il croyait que c’était . » Il a fallu près de 10 minutes avant que la main de « R » commence à bouger vers le bas et quand elle fut sur son genou, il ouvrit ses yeux. Il a pleuré doucement (pas mal pour un homme qui a des problèmes à ressentir ou à montrer ses émotions) et il m’a raconté les deux incidents qui l’ont vraiment affecté en tant qu’enfant. Ses yeux bougeaient maintenant dans la zone kinesthésique lorsqu’il se rappelait les sentiments de ces incidents et plusieurs fois ils allèrent brièvement à l’auditif. Il m’a dit que quelques fois, il entendait ma voix mais que la 68

plupart du temps il ne l’entendait pas et pouvait se rappeler à peine ce que j’avais dit. L’exemple de « R » n’est qu’un petit exemple de ce que les systèmes peuvent accomplir pour vous et plus important encore pour vos patients/clients. Je sais que ce « voyage » à travers le pays des systèmes vous a amené à « voir » beaucoup de nouveaux points de vue, aussi bien que de toucher beaucoup de points intéressants et j’espère que les sons étaient également stimulants. Bien que ce voyage se termine, vous commencez à peine. Lorsque vous pratiquerez, vous découvrirez que j’ai seulement touché légèrement toutes les possibilités que vous allez voir bientôt. Entrer dans toutes les ramifications, subtilités et surprises est bien au-delà de la portée de ce travail. L’une des surprises, que vous allez, j’espère, bientôt découvrir, est celle-ci : tous les systèmes de l’anxiété à la dépression, de l’anorexie à l’obésité ont des modèles ou systèmes bien établis. Je vais encore me pencher plus loin sur cette branche et déclarer que la majorité des gens avec le même symptôme aura les mêmes routines. Une fois que vous aurez discerné le pattern et ses boucles, vous devrez aider la personne à le briser et créer un choix de modèles. Maintenant que vous avez évacué un peu et peut-être tout l’excédent de bagage avec lequel vous avez commencé au départ, vos mains sont libres pour avoir une prise ferme sur de nouvelles choses et j’espère que vous aller continuer le reste de ce livre comme un voyage en avant, en tout confort… MAINTENANT.

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IX Les Patterns (Routines) HYPNOSE ET ROUTINE Imaginez, un hypnotiseur des temps jadis mettant un sujet dans un état hypnotique et puis donnant une suggestion puissante. (Pour ceux qui se demandent ce qu’est une suggestion puissante : Celles qui fonctionnent sont puissantes ; les autres sont faibles). L’hypnotiseur suggère qu’à quatre heures de l’après-midi, le nez du sujet va le chatouiller et le sujet va devoir le gratter. Si cette suggestion était efficace, le sujet réagirait comme prévu. S’il devait répéter la réaction trois ou quatre jours de suite, il pourrait être surpris de découvrir qu’il a développé une routine (pattern) : se gratter le nez à seize heures chaque jour. Même un individu sans entrainement d’hypnose pourrait reconnaître que l’habitude était un résultat de la suggestion hypnotique. Bien sûr ! Prenez un enfant et dites-lui, encore et encore, qu’il ne sera jamais aussi bien que son père ni que son frère et qu’il n’arrivera jamais à quoi que ce soit. Des années plus tard, à chaque fois qu’il sera proche d’une promotion, il se saoulera et « oubliera » d’aller au travail et il n’arrivera à rien. Nous n’allons pas appeler cela une routine (pattern) résultant de l’hypnose… n’est-ce pas ? Des routines sont une partie nécessaire et importante de notre comportement. La plupart des routines servent de fonctions utiles et libèrent notre esprit pour de nouvelles expériences d’apprentissage. Lire ceci met en avant les routines apprises il y a plusieurs années : routines de s’assoir, tenir un livre, voir les mots, comprendre et apprendre. Vous conduisez et une voiture grille un feu rouge juste devant vous. Automatiquement vous « sautez » sur le frein, vous vous crispez et vous vous préparez à la possibilité d’un accident. Pendant ces actions, littéralement, des centaines de réactions physiologiques, psychologiques et émotionnelles se produisent d’une façon « routinière » et préétablies, conçues pour vous aider. Si vous deviez « penser » et analyser les situations et vos réactions vous auriez sans doute eu un accident.

LES ROUTINES : UNE EXPÉRIENCE Nous, les humains, non seulement nous nous reposons sur les routines, mais comme je vais vous le montrer par la suite, nous sommes capables de les adopter d’une façon très rapide. En plus, nous sommes mal à l’aise – quelques fois même misérables – lorsque nos habitudes sont dérangées ou changées. Rappelez-vous ….maintenant… le temps où vous avez déménagé, changé de travail ou seulement réarrangé votre mobilier. Vous vous rappelez peut-être ces sentiments vagues et inquiétants. Vous pouvez même sentir cela maintenant ou dans un instant. Essayez l’expérience suivante : Soyez attentif à votre séquence ou votre routine matinale de vous habiller. Mettez-vous votre pantalon avant votre chemise ? Chaussure droite avant la gauche ? Chemisier avant la jupe ? Vous rasez-vous le côté droit de votre visage avant le gauche ? Les joues avant le cou ? Une fois que vous aurez découvert vos routines, efforcezvous de les varier chaque jour pendant plusieurs jours. Vous remarquerez que vous vous sentez maladroit et un peu gauche. Ensuite changez le côté du lit où vous dormez habituellement. Soyez prêt ! Vous pourriez avoir quelques difficultés à vous endormir. De 70

l’autre côté, vous pourriez ne pas bien dormir du tout. Si vous dormez avec quelqu’un et je l’espère pour vous, et s’il est d’accord pour changer de côté, partagez votre expérience le lendemain matin. Enfin et surtout, si vous prenez les repas dans un cadre familial, demandez à chacun de prendre une place différente de celle occupée habituellement de manière conditionnée. Faites bien attention à vos réactions internes et observez le comportement de ceux qui vous entourent. Il est estimé qu’au moins 60 % à 70 % de tous nos comportements sont des réactions conditionnées. Les routines peuvent nous libérer pour des projets plus créatifs. Des comportements mal-adaptés ou autodestructeurs sont aussi des réactions conditionnées. A mon avis, la thérapie réussit, peu importe la méthode ou la construction, lorsque les routines douloureuses sont interrompues et des routines plus réussies sont utilisées à la place. Il y a des routines biologiques encastrées dans notre système, mais celles que nous voulons explorer sont apprises. Ce qui peut être appris, peut être réappris. Nous savons tous comment marcher à quatre pattes et nous le saurons pour toujours. Toutefois, nous avons aussi appris comment marcher debout et trouvons dans la plupart des cas, le choix meilleur. Nous savons quand marcher à quatre pattes serait notre choix le plus efficace et nous pouvons décider quand nous fier à cette routine. Des gens qui se fient à des routines mal-adaptées, ont souvent l’air de n’avoir aucun choix quant à quand et où utiliser une autre routine. Un comportement mal-adapté peut être complètement inadapté voire archaïque dans certaines circonstances, même s’il a déjà servi un but similaire dans le passé. Ou, le résultat douloureux peut être dû au manque de choix de savoir quand se reposer sur la routine.

DOULEUR COMME ROUTINE La douleur physiologique est davantage qu’une douleur. Elle aussi est une routine. L’individu souffrant de douleur provoquée par une maladie ou une blessure réagit à cette douleur d’une façon routinière. La routine est basée sur ses expériences de la douleur passées, ses croyances quant à sa capacité de gérer la douleur et aussi ses attentes futures. L’individu dont les expériences passées et le système de croyances l’amènent à s’attendre qu’il peut le gérer – qu’il était toujours ok et qu’il « sache » qu’il va se rétablir rapidement – devient ce que l’on appelle un « réducteur ». Comme le nom le laisse entendre, ces individus sont, non seulement capables de minimiser leur réaction à la douleur, mais ils sont aussi capables de baisser de ce fait leur perception de la douleur même. De l’autre côté de l’échelle se trouve ce que l’on appelle un « amplificateur ». Le système de croyances d’un amplificateur et donc le souvenir de son histoire de douleur est basé sur le fait que la douleur est terrible, affreuse, s’empire toujours et il ne peut la supporter. Leur attente future est que la douleur va toujours s’empirer avant de s’améliorer. Cette réponse routinière de la pensée mène vers le patient qui interprète des élancements, les démangeaisons de guérison, la pression, le gaz après la chirurgie et ainsi de suite, comme des signaux de douleur et comme si, par magie noire ou hypnose négative, il ressentait en fait davantage de douleur. Les « amplificateurs » se rétablissent d’une maladie ou d’une chirurgie plus lentement, avec plus de complications et plus de plaintes qu’un réducteur. De raisonner un amplificateur, discuter ou laisser tomber et s’en aller avec dégoût revient à oublier que son système de croyances et ses routines de réaction sont, en effet, en train d’agir comme une suggestion hypnotique. La logique ou la raison ont très peu ou rien avoir avec cela. Continuez alors à oublier… oubliez à utiliser la logique. Puisqu’une routine peut être une réponse efficace et automatique produisant des résultats bénéfiques, une routine peut être également une méthode efficace et automatique pour s’autodétruire. Si un individu combine un système de croyances tel que « Je ne peux pas 71

réussir, je rate toujours » avec une routine de comportement cela mène à l’autodestruction, non seulement il échoue, mais l’échec lui-même « prouve » son système de croyances. Cela conduit au renforcement des routines automatiques de croyance et de comportement. Il est bien connu dans les communautés scientifiques et académiques qu’un individu peut émettre une hypothèse et puis trouver les données et les statistiques pour prouver sa théorie. Ce principe est aussi vrai pour les systèmes de croyances et les routines. Un système de croyances mène à automatiser une réponse qui mène à prouver le système de croyances qui mène à la répétition de la routine. C’est comme le proverbial serpent qui mange sa propre queue et qui se plaint de sa disparition imminente. G.A. Miller, E. Galanter et K.H. Pribram (Plans and the Structure of Behaviour, 1960) montrent que les habitudes et les capacités sont des plans qui commencent comme un processus volontaire et spontané, mais que dans le processus de répétition et de surapprentissage, elles deviennent fixes et automatiques.

HYPNOSE – ROUTINES – ERICKSON Dans la section des applications thérapeutiques nous allons discuter plus en détails des méthodes pour interrompre des routines autodestructeurs de comportement et nous allons vous aider à développer des routines pour comprendre et découvrir des routines. Pour l’instant, considérez les résultats d’une interruption soudaine de routine. Il y a plusieurs années des chercheurs ont décidé d’interrompre des sujets hypnotiques pendant qu’ils exécutaient des tâches post-hypnotiques. Ils ont découvert quelque chose d’intéressant. Le sujet, en état interrompu, entre spontanément en état d’hypnose. Milton Erickson a utilisé ce phénomène comme méthode d’induction de transe. Par exemple, il donnait une suggestion pour une activité post-hypnotique qui devait avoir lieu à la prochaine séance. Dr. Erickson interrompait alors la routine. Le sujet non seulement entrait en état hypnotique, mais dans des nombreux cas le sujet développait une amnésie spontanée concernant l’évènement juste avant l’état de transe. Si vous, en tant que thérapeute, pouvez découvrir une routine chez votre patient, et guider le patient pour la recréer et l’interrompre avant de la finir, vous allez être surpris. Vous pourriez découvrir le sujet en train d’entrer en état hypnotique. Je peux me tromper. Vous pourriez ne pas être surpris du tout.

CAS 7 : INTERRUPTION DE ROUTINE Une femme est entrée dans mon cabinet, s’est assise, croisait fermement les jambes et puis croisait les bras devant sa poitrine, laissait sortir un profond soupir et commença à cracher des mots. Les mots relataient sa situation désespérante, sa stupidité, son incapacité de faire quelque chose de bien et qu’elle ne pourrait probablement même pas apprendre « ce truc hypnotique ». A ce moment-là, mon téléphone a sonné. Je ne l’avais pas éteint, car j’attendais un appel important. La femme avait l’air furieux, alors je me suis excusé et l’ai fait attendre à la réception jusqu’à ce que ma communication se termine. Lorsque je lui ai demandé de revenir, elle s’est assise dans la même chaise et a recrée son comportement initial avec les mêmes détails : les jambes fermement croisées, puis les bras, profond soupir et ensuite le flux de mots d’impuissance. Reconnaissant son comportement comme une routine probable, j’ai décidé de l’interrompre. J’ai dit brusquement : « Attendez, je ne peux pas vous entendre d’ici. Pourriezvous prendre cette autre chaise pour que je puisse vous entendre mieux ? » Elle s’est déplacée sur l’autre chaise, a croisé ses jambes, puis les bras, puis a soupiré, mais avant qu’elle puisse cracher ses mots, je me suis tourné vers mon bureau et j’ai commencé à écrire sans la 72

regarder. Après m’être excusé, je lui ai dit que la première chaise serait finalement mieux et qu’elle m’aiderait en retournant sur la première chaise. Quand elle s’est assise, je lui ai demandé de croiser ses jambes et seulement après ses bras. Alors qu’elle s’exécutait, elle a développé ce que Dr. Erickson appelait « une attention répondante » (Erickson, Rossi, 1976) La meilleure description de cela peut être « regarder fixement en rêvassant ». Elle avait reçu la consigne de fermer ses yeux et de prendre une inspiration profonde et de la laisser sortir lentement (ceci décrit différemment son soupir) avant de pouvoir parler. Alors qu’elle s’exécutait (répondant immédiatement à mon guidage et mes suggestions) j’ajoutais, « Maintenant que vous êtes tellement plus relaxée, continuez à respirer lentement, relaxezvous de plus en plus [en lui laissant le soin de doser « de plus en plus »] et bientôt vous commencez à vouloir décroiser vos bras ou simplement vos jambes d’abord [insinuer qu’il y aura un deuxième décroisement sans savoir quand] ». En deux minutes un état plus satisfaisant était atteint. Lorsque vous analysez l’exemple précédent, vous pouvez alors vous rendre compte de l’importance de la reconnaissance et de l’interruption ainsi que du potentiel des routines. Il était à parier et à gagner à coup sûr que le comportement de la femme était une réponse de routine pour aborder n’importe quel problème. Puis, le fait qu’elle se trouvait dans mon bureau pour demander de l’aide, prouvait aussi que sa routine ne marchait pas. Sa routine fut interrompue avant même qu’elle n’arrive à ses mots de désespoir (en l’envoyant à une autre chaise). Elle fut ensuite interrompue, avant même son soupir (en la renvoyant à la première chaise). Sa routine fut encore interrompue et dirigée (croiser vos jambes et puis vos bras) et elle fut interrompue davantage par l’injonction « Fermez vos yeux, prenez une inspiration profonde et laissez-la sortir lentement avant de parler. » En somme, sa routine fut interrompue, puis re-dirigée encore dans un état hypnotique formel.

ROUTINE INSTANTANÉE Les routines, soit élégantes et efficaces ou douloureuses et destructives peuvent être établies plutôt rapidement. Dans son travail sur le cerveau partagé Gazzaniga (1967) a discuté de ce qu’il appelait « réflexe conditionnel ou mauvaise habitude » et de la rapidité avec laquelle un individu peut apprendre de telles routines de comportement quand il a dit : Nous devons nous souvenir que nous examinons une moitié du cerveau humain, un système facilement capable d’apprendre d’un seul essai dans un test. The split brain in man par Michael S. Gazzaniga, Aout 1967, p. 372 « Progress in Psychobiology » Scientific American, W.F. Freeman & Co A nos séminaires je demande à un volontaire de tenir droit devant son bras droit ou son bras gauche, de fermer le poing et tenir son bras très, très raide. Je lui dis ensuite que je vais lui donner une instruction impossible à exécuter à savoir de lever son bras et de le descendre en même temps. Bien sûr, il est impossible de le bouger dans les deux directions en même temps. Je lui spécifie « Commencez ». Pendant qu’il me regarde avec incrédulité je dis : « C’est ça, maintenant, vous pouvez CLIGNER. » J’accentue « cligner » avec ma voix. A ce moment-là, la personne va cligner. Vous pouvez imaginer ce que se dit son cerveau : « C’est quoi cette folie ? Je ne peux pas lever mon bras et le descendre en même temps » Mais lorsqu’ils entendent : « Vous pouvez cligner », le cerveau dit : « Bien sûr, je peux faire cela. » Vous remarquerez que la chose intéressante est la vitesse à laquelle cette suggestion est acceptée. Ce qui est encore plus intéressant, est que si vous demandez à cette personne une minute ou deux après son premier essai de lever ce bras et de le tenir ainsi à 73

nouveau, dans la plupart des cas, elle va automatiquement cligner en levant le bras. Le début d’une routine, en effet, fut établi en quelques secondes. Si elle devait répéter la levée du bras et cligner quatre, cinq ou dix fois par jour, elle pourrait développer ce que l’on appelle un réflexe conditionné ou une mauvaise habitude. Si comme je le crois, une réaction conditionnée peut être produite aussi rapidement, imaginez ce qui se passe lorsqu’une personne est élevée en entendant certaines déclarations concernant des limitations ou en vivant certains types d’incidents douloureux, encore et encore. Si, en quelque secondes, nous pouvons apprendre à tendre notre bras droit et à cligner en même temps que se passera-t-il avec un enfant ou un adulte qui entend, à répétition, quelque chose lorsque cela est connecté à la démonstration de la façon dont il est supposé agir. Par exemple, considérez une femme qui voit sa mère saoule tout le temps et son père qui lui dit : « Tu es comme ta mère, ne sois pas comme ça. » L’enfant grandit et se comporte comme sa mère pendant qu’elle proteste qu’elle ne veut pas être ainsi, exécutant les deux parties de la suggestion. La combinaison du système de croyances interne (entrainé par des traumatismes, des suggestions ou ce que vous avez vécu) et la répétition des routines de comportement qui renforce le système de croyances a pour résultat de coincer les individus et de les laisser sans choix. Vous ne devez pas regarder ce que le monde leur fait, mais plutôt ce qu’ils font dans ce monde, basés sur quel système de croyances et quelles routines. Puisqu’une forme d’hypnose a été utilisée pour les convaincre que des choses existent qui n’existent pas ou que des choses n’existent pas mais existent, il me semble qu’un petit verre serait le meilleur moyen d’action pour faire passer la gueule de bois. En bref, si une personne croit vraiment qu’elle peut réussir, il ne sera pas nécessaire de lui dire : « Bien sûr vous pouvez réussir ». Il semble ridicule que quelqu’un devienne, disons un psychiatre ou un psychologue avec des années et des années d’études pour passer son temps à dire à un patient quelque chose d’évident comme : « Bien sûr vous pouvez réussir. Il y a des opportunités dans ce monde. » Alors, le réel problème est de savoir comment interrompre la routine de comportement qui continue à renforcer le système de croyances et comment aider le patient à examiner son propre système de croyances pour l’ aider à admettre les autres choix disponibles dans le monde. Alors que nous expliciterons l’application de ces principes plus tard dans le livre, ce cas sélectionné vous aidera à lier ce que vous avez appris jusqu’à maintenant. Si vous vous trouvez toujours lié au passé, ce cas vous aidera à couper la corde juste au nœud d’hier mais maintenant !

ROUTINES : SYSTÈME DE CROYANCES – CAS D’ÉTUDE On m’a demandé de voir un homme qui souffrait de douleurs intraitables à cause d’un cancer des os avec des métastases dans tout son squelette. Outre son nom, âge et diagnostic, la seule autre information que j’avais, était : la douleur est devenue si sévère qu’il parlait de suicide ; la médication devenait de moins en moins efficace et il était prêt à voir un hypnothérapeute, bien qu’il doutait que l’hypnose ou n’importe quoi d’autre pourrait l’aider. J’ai basé mon raisonnement sur cette information, ainsi de lui demander de se relaxer pour être hypnotisé, d’essayer de lui apprendre à contrôler sa douleur au début, ou de lui expliquer la théorie, seraient le summum de la thérapie illogique. J’étais d’accord pour le voir, à condition que chaque personne concernée – excepté le patient – soit consciente et accepte que les méthodes que j’utiliserais soient inattendues et peu orthodoxes. Lorsque je suis arrivé chez lui, on m’a amené immédiatement à sa tanière où je l’ai trouvé 74

débout, penché en avant et manifestant une grande douleur. Son visage était tordu, son corps déformé et décharné. Lorsque je me suis approché de lui, son médecin lui a dit : « Voici le Docteur Heller, l’hypnotiseur dont j’ai vous ai parlé. » Avec un mouvement faible et visiblement douloureux il me tendait la main pour serrer la mienne. J’ai passé sa main de côté et avec le dos de ma main droite, je l’ai frappé sur le front avec assez de force pour l’ébranler. Choqué, il m’a dévisagé incrédule en me disant : « Pourquoi avez-vous fait cela ? » Utilisant un ton sévère j’ai répondu : « Taisez-vous, sauf si je vous demande. » (Laissant ce que je pourrais dire inexprimé). A cet instant, il était débout, presque droit et son regard marquait plus visiblement encore son incrédulité et son état de choc. J’ai continué sur le même ton et lui ai dit : » Je vais maintenant piétiner votre pied et casser tous les petits os. » Il répondit d’une voix suppliante : « S’il vous plaît, ne me faites pas mal. » J’ai annoncé sévèrement : « Je dois vous faire mal » et j’ai levé mon pied droit audessus de son pied gauche. Sa voix n’était plus faible pour insister : « Ne le faites pas. » J’ai répondu presque encore plus sévèrement : « Fermez vos yeux, prenez une profonde respiration et relaxez-vous… je ne peux pas faire mal à un homme quand il a les yeux fermés. » Il a fermé ses yeux en une fraction de seconde, pris une profonde inspiration et expiré lentement. Lorsqu’il expira, j’ai commencé à parler doucement, son visage puis son corps se sont relaxés et en un instant il était non seulement détendu (il m’a échappé) mais d’une manière ou d’une autre il est entré dans un état hypnotique profond.

EXPLICATION DE CAS Vous pourriez être étonné de ce comportement fou décrit ici. Bonne question, je suis content que vous l’ayez posée. Puisque le problème présent de cet homme était une douleur intraitable, je pouvais supposer qu’au moins dans sa situation actuelle, il était dans son système kinesthésique. Comme mentionné plus tôt, vous devez aller là où se trouve votre patient : le rencontrer dans son monde. Par conséquent, je savais que je devais non seulement commencer d’une façon kinesthésique mais d’une manière qui supplanterait sa réalité kinesthésique. Je savais également que son système de croyances incluait une douleur qui empirait et que rien ne le soulageait, bien que chacun ait essayé de l’aider à se sentir mieux, mais sans succès. Je pouvais donc supposer également qu’il avait des attentes routinières concernant les médecins, ce qu’ils font et comment ils agissent, aussi bien qu’au sujet de sa douleur. La routine de la douleur inclurait de mettre toute son attention ou presque sur la douleur, en s’attendant qu’elle empire jusqu’à devenir plus anxieux et dépressif, se sentir désespéré et augmenter ainsi sa perception de la douleur. Mon comportement a interrompu ses routines ; son attention allait de sa douleur à mon comportement fou ; il a arrêté de se soucier de ce qu’il sentait et il a commencé à se soucier de ce que je pourrais faire et ce qu’il aurait pu ressentir au final. Mon comportement était un « poil » différent de ce qu’il attendait, basé sur sa croyance concernant les médecins ; tout le monde était en train de l’aider à alléger sa douleur, alors que je semblais être décidé à lui en causer davantage. Puisque l’organisme humain est dessiné à se protéger, le moment où on lui a donné l’option de se protéger (fermez vos yeux, prenez une inspiration profonde, etc.) il l’a prise. Aussitôt qu’il a fermé les yeux, plusieurs de ses anciennes croyances ont changé ou étaient en train de changer. En fermant ses yeux, il pouvait éviter quelque chose au lieu de croire qu’il ne pouvait rien faire pour s’en défendre ; son système de croyances concernant sa douleur commençait à changer. Une fois qu’il a fermé ses yeux et a commencé à se relaxer, son niveau de douleur a baissé – quelque chose qu’il n’a jamais cru possible. Il a appris qu’il pouvait éviter plus de douleur, ce qui lui a montré aussi qu’il pouvait avoir moins mal et qu’il pouvait contrôler quelque 75

chose qui avait à faire à la douleur. La plupart de ses découvertes étaient déductives : « Fermez vos yeux etc. » équivalait à : « Vous pouvez faire quelque chose pour éviter plus de douleur (ma menace de le piétiner). Si vous pouvez sentir « moins » et éviter la douleur, vous pouvez contrôler la douleur. Enfin et surtout lorsque j’ai dit : « Taisez-vous, sauf si je vous demande. » la réponse n’était pas connectée à ce qu’il a demandé. Les mots « taisez-vous » et « sauf si je vous le demande » impliquaient qu’il devait se taire et que je lui demanderai quelque chose. De cette approche « subtile », il résulte que le patient est devenu non seulement plus à l’aise et a découvert l’espoir, mais il fut également capable d’apprendre l’autohypnose pour transformer sa douleur kinesthésique en images visuelles et de se dissocier de son corps.

ROUTINES : PRATIQUE Maintenant, je vais vous demander à vous qui travaillez dans le secteur de la thérapie d’interrompre aussi bien vos routines, que les routines de vos clients/patients. Ces exercices devraient vous aider à élargir vos systèmes de croyances ou simplement à les changer. Faites attention à la position du corps que prennent vos clients/patients lorsqu’ils parlent des problèmes et comparez cela avec leur position lorsqu’ils parlent de quelque chose d’agréable. Puis, lorsqu’ils arrivent dans les zones de problèmes, interrompez-les gentiment et aidez-les à prendre la position qu’ils utilisent lorsqu’ils parlent des choses agréables. Eux, et vous-même, pourraient trouver qu’ils rencontrent des difficultés à revenir au problème. Demandez à quelques patients de parler de leurs problèmes sur une chaise spécifique et de bouger de cette chaise pour toute autre conversation. Observez les changements lorsqu’ils bougent d’une chaise à l’autre. Puis, lorsqu’ils parlent d’un problème, interrompez-les et demandez-leur de décrire des vacances agréables ou quelque chose qu’ils font bien. Demandez à un autre patient de rire et de sourire lorsqu’il discute d’un problème et observez ce qui se passe. Comme l’a fait le thérapeute, échangez la chaise avec votre patient ; regardez ailleurs lorsqu’il parle d’un problème et créez un contact avec les yeux pendant les conversations agréables ; toussez rapidement pendant la conversation sur le problème ; souriez pendant la conversation agréable ou acquiescez de la tête. Vous découvrirez que votre patient commence à comprendre à un niveau inconscient que se sentir bien et penser à des choses agréables capte votre attention. Utilisez des illogismes : Pat : Docteur, j’ai été très dépressif. Dr : Parlant du baseball, qui pensez-vous va gagner le championnat ? Et pendant que vous faites cela, prenez plusieurs respirations profondes avant de fermer vos yeux. Pat : J’ai été très dépressif. Dr : Splendide ! Je suis heureux que vous arriviez à le sortir de votre chemin. A propos où êtes-vous allé pour célébrer votre baccalauréat ? Commencez à observer votre façon d’établir un rapport avec les patients. Comment saluezvous les gens ? Variez-le. Sur quelles expressions faciales vous reposez-vous ? Mélangez-les et pratiquez-en de nouvelles. Apprenez à utiliser certaines routines de tonalité et de vitesse lorsque vous parlez de sujets agréables. Puis, lorsque votre patient est dans un mauvais endroit, utilisez votre routine de tonalité agréable. Sans qu’il se rende compte que vous interrompez sa routine qui produit la douleur, il va directement reprendre courage et se 76

remonter le moral. Souvenez-vous, que l’hypnose sans transe n’existe pas, que des routines sans plan n’existe pas…ou peut-être bien que oui.

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X Gauche Rencontre Droite Rencontre Gauche DEUX CERVEAUX Si on leur demandait, la plupart des gens certifierait qu’ils sont rationnels et qu’ils réagissent à la réalité. Je leur demanderais : « Quelle réalité ? » En chacun de nous réside (au moins) deux réalités séparées, distinctes, différentes et égales. Une « réalité » est celle de l’hémisphère gauche du cerveau (HG) et l’autre est celle de l’hémisphère droit (HD). Le professeur Betty Edwards (1978) exprime le consensus général des recherches neurologiques lorsqu’elle déclare que non seulement les deux hémisphères se spécialisent, mais qu’ils perçoivent aussi la réalité d’une façon unique. L’hémisphère gauche se spécialise dans les capacités linguistiques, les chiffres, la pensée analytique et le raisonnement linéaire et digital. L’hémisphère droit se spécialise dans la spatialité, l’imagerie visuelle, l’imagination, la couleur, le rythme, l’expérience kinesthésique et la créativité (Ornstein, 1973 ; Edwards, 1978 ; Buzan et Dixon, 1978). Comme Robert Ornstein (1972) l’exprime : Les deux, la structure et la fonction de ces deux « demi-cerveaux » quelque part soulignent les deux modes de la conscience qui simultanément coexistent à l’intérieur de chacun de nous. Bien que chaque hémisphère partage le potentiel pour beaucoup de fonctions et les deux côtés participent à la plupart des activités, chez une personne normale les deux hémisphères tendent à se spécialiser. Lorsque vous voyez quelqu’un que vous connaissez déjà, votre hémisphère gauche reconnaît chaque trait spécifique, par exemple le nez, la bouche, les yeux, etc.. Cependant, si votre hémisphère gauche opérait seul, vous ne seriez pas capable de reconnaître le tout. Votre hémisphère droit, avec ses capacités spatiales et conceptuelles, prend les morceaux spécifiques et fait un tout. Le Dr. Roger Sperry de L’Institut Californien de Technologie avec ses associés Joseph Bogen, Michael Gazzaniga et d’autres ont démontré ce concept dans leur recherche sur des patients avec un « split-brain » (un cerveau séparé ; des épileptiques chez qui le corpus callosum – la partie de tissus nerveux qui connecte les deux hémisphères du cerveau et permet la communication entre le côté gauche et le côté droit du cerveau – a été coupé par chirurgie).

SPERRY : LA RECHERCHE SUR LE CERVEAU SÉPARÉ Dans une des expériences – maintenant classique du groupe Sperry – il a été demandé à des patients à cerveau séparé de rassembler un puzzle pendant qu’ils étaient dans une situation qui ne permettait qu’un fonctionnement de l’hémisphère gauche. Des films de ces expériences montrent le patient se battre avec les pièces et puis échouer dans la mise en place des pièces. Un film montre un phénomène encore plus provocateur : un sujet, occupé à essayer de trouver où les pièces devaient aller en utilisant sa main droite (hémisphère gauche) et tout un coup sans que l’hémisphère gauche soit conscient, il a reçu de l’aide. Le film montre sa main gauche (hémisphère droit) se faufiler dans l’image et corriger la main droite jusqu’à ce que l’expérimentateur oblige l’intrus à partir.

LES CYCLES HÉMISPHÉRIQUES 78

Des psychologues à Dalhousie University ont investigué sur ce qui est appelé le cycle des 90 minutes du cerveau. Pendant leur recherche ils ont été capables de vérifier une routine spécifique des hémisphères : Lorsque des activités de l’hémisphère gauche sont au plus haut, les activités de l’hémisphère droit sont au plus bas. Inversement, lorsque les activités de l’hémisphère droit sont au maximum, l’activité de l’hémisphère gauche est au plus bas. Puisque des tâches différentes demandent une activité hémisphérique différente on peut se demander ce qu’il peut se passer si quelqu’un dépend trop d’un hémisphère et sous-utilise l’autre ; ou si quelqu’un compte sur le mauvais hémisphère pour une tâche à accomplir. (Alors que vous continuiez à vous demander cela, les réponses possibles vont devenir claires). Dans leur livre The evolving Brain (Le cerveau évolué), Buzan et Dixon (cité) démontrent une tendance historique dans laquelle les sociétés occidentales ont continué à mettre un accent plus grand sur les fonctions de l’hémisphère gauche pendant qu’elles tendent à ignorer et à dénigrer les aspects de l’hémisphère droit : « La société occidentale a accentué davantage le côté scientifique et analytique du fonctionnement mental que le côté plus coloré et imaginaire. » Ils ont aussi établi des bons arguments pour vérifier l’adage « Unifié nous tenons débout, divisé nous tombons » (« United we stand, divided we fall ») concernant la relation des fonctions hémisphériques. Puisque des tâches et activités différentes demandent des capacités mentales différentes, il va sans dire que les deux hémisphères sont sollicités quand nous devons aller vers nos potentiels uniques. Inversement, je crois qu’il y a une corrélation directe entre une dépendance excessive de l’hémisphère gauche et l’instabilité, le suicide et la folie. C’est presque comme si l’hémisphère droit, se trouvant emprisonné, essaie de s’évader de la « prison » de toutes les manières qu’elle connaît. [le cerveau] peut aimer et haïr ensemble, il peut être calculateur et irrationnel en même temps, il peut apprécier les arbres et les journaux qui sont imprimés sans cesse et qui les détruisent. Il a un hémisphère gauche et un droit qui semblent s’opposer uniquement quand l’un est utilisé « au détriment de l’autre ». Buzan et Dixon 1978, p. 129 Pour inverser la tendance de la sur-utilisation d’un hémisphère « au détriment de l’autre » je crois que le gauche doit rencontrer le droit, qui doit rencontrer le gauche. En discutant les cas des patients à cerveau séparé Ornstein (1972, pg 76) a tiré un parallèle entre les résultats d’une déconnexion chirurgicale des hémisphères et les résultats appelés « déconnexion émotionnelle » quand il déclare : A ce moment, une scission claire fut observée entre les deux consciences indépendantes qui normalement sont en communication et en collaboration. Dans de telles expériences avec des patients à cerveau séparé, nous pouvons localiser avec précision la scission de l’information dans le système. Un processus similaire, bien que beaucoup plus difficile à localiser, peut sous-tendre les symptômes classiques freudien de répression et déni, tous deux des situations dans lesquelles le mécanisme verbal n’a pas d’accès à l’information émotionnelle des autres parties du système. Dans des instants moins pathologiques lorsque nous effectuons une action « intuitivement », nos mots souvent ne font pas de sens, peut-être parce que l’action a été initiée par une partie du cerveau peu impliquée dans le langage.

HÉMISPHÉRIQUE : VUE D’ENSEMBLE 79

Alors que la recherche sur le cerveau hémisphérique a démontré que les deux hémisphères ont le potentiel brut de l’autre, en pratique l’hémisphère droit a très peu de capacité verbale développée. Quand certaines victimes d’une attaque cérébrale réapprennent à parler à nouveau par un entrainement de l’hémisphère droit, ils commencent à parler au niveau d’un enfant de cinq ans. Par conséquence, alors qu’il est à peu près sûr de supposer que l’hémisphère gauche parle pour nous, il n’est pas certain de supposer que l’hémisphère droit ne communique pas. Bien au contraire, l’hémisphère droit communique de beaucoup de façons, certaines charmantes et élégantes, et d’autres douloureuses : rêves, fantaisies, intuitions, pressentiments,« sentir les tripes » et les souvenirs kinesthésiques, pour en nommer quelquesuns. Toutes ces méthodes de communication de l’hémisphère droit sont importantes, mais dans le but de ce travail, nous allons nous concentrer sur deux formes de communications hémisphériques droites. Premièrement, il y a une évidence croissante que l’hémisphère droit, avec sa capacité intégrée d’affecter et d’influencer les processus du système nerveux autonome, est responsable de la création de la soi-disant symptomatologie psychosomatique ou psychogénique (Furia, 1973 ; Galin, 1974 ; Erickson & Rossi, 1979) et que ces symptômes sont une communication métaphorique de l’hémisphère droit (Erickson, Rossi & Rossi, 1979 ; Heller « Meta 4 change », en préparation). Deuxièmement, à mon avis, nous ne développons pas n’importe quel comportement, peu importe sa bizarrerie, à moins qu’à un certain point de notre histoire nous arrivons à « croire » jusqu’à un certain degré que ce comportement était nécessaire pour nous protéger de la meilleure façon que nous connaissions à ce moment-là. Par conséquent, les soi-disant peurs irrationnelles, les anxiétés et les dépressions sont des messages de notre mémoire hémisphérique droit, que nous entrons dans des zones de danger « réelles ou imaginaires ». Si, comme beaucoup de chercheurs sur le cerveau le soutiennent, les cultures occidentales commencent à dépendre d’une sur-utilisation de l’hémisphère gauche, quelles sont les conséquences possibles pour l’individu ? L’observation et la révision empirique pourraient être une expérience d’apprentissage très enrichissante aussi bien que le début d’une réponse. J’aimerais que vous observiez les gens autour de vous en mettant particulièrement en évidence la situation thérapeutique. Je crois que vous allez découvrir que les individus qui rentre dans la catégorie appelée « rigide-compulsif » et/ou « perfectionniste » vont montrer une sur-utilisation des capacités de l’hémisphère gauche ; sont logique à l’extrême (une fois que vous croyez qu’une tortue est un cheval vous allez très logiquement essayer de la seller et de la monter); sont analytiques sur presque tout (essayez de faire l’amour analytiquement par les chiffres) ; manquent une spontanéité générale ; tendent à être sérieux, souvent sans un sens d’humour développé ; tendent de planifier toutes les activités en détail, minute par minute. Ces individus hémisphériques gauches seront souvent vos patients type ulcère, crise cardiaque ou alcoolique, comme si leur hémisphère droit était en train d’essayer d’échapper. D’un autre côté vous allez découvrir que les individus qui entrent dans les catégories « impulsives », « hystériques », « conversion hystérique », « comportement extériorisé » ou même « fou » font la preuve d’une activité presque totale de l’hémisphère droit. C’est comme s’ils avaient abandonné d’essayer de vivre dans les limites étroites de l’hémisphère gauche et ont échappé dans le monde de fantasme de l’hémisphère droit. (Quelques chercheurs ont avancé que la schizophrénie est simplement le processus de rêve extériorisé et vécu dans la « réalité »). Je ne suggère pas que tout le monde rentre parfaitement dans les catégories hémisphère droit / hémisphère gauche ci-dessus. Toutefois, beaucoup s’en rapprochent assez pour vous offrir une pause de réflexion. 80

La façon dont un individu traite une situation soit analytiquement, soit de façon holistique ou un mélange des deux, reflète apparemment le style du cerveau. Compter sur des stratégies « cerveau gauche » dans toutes les situations caractériserait une personne extrêmement analytique. Une personne « cerveau droit » à la différence, paraît plus émotionnelle et analyse rarement. Brain Mind Bulletin, Jan. 7 , 1980, vol 5, Nr 4

HÉMISPHÈRIQUE : SYSTÈME DE CROYANCES Une autre considération majeure, quant à une dichotomie entre hémisphère droit et hémisphère gauche, concerne les systèmes de croyances. L’individu enfermé dans l’hémisphère gauche va tendre à prendre les mêmes faits et à appliquer les mêmes séquences logiques pour arriver à la même solution douloureuse et de là, conclure, logiquement, que sa croyance est exacte. Après tout, si un ordinateur est mal programmé il va rapidement et parfaitement arriver à la mauvaise réponse. Un exemple « mythique » peut rendre ce point plus clair. Bien souvent, les types hémisphère gauche ont peur de perdre le contrôle, croient qu’ils vont faire « des erreurs », ou faire quelque chose de mauvais ou de stupide. Le stress d’être un ordinateur vivant peut les amener à échapper en s’enivrant pour ainsi libérer l’hémisphère droit sans aucune limitation. Lorsqu’ils observent logiquement le résultat de leur ivresse, ils deviennent convaincus du danger de ne pas être logique et de ne pas agir logiquement. Ceci renforce le système de croyances qui les empêche de concilier leur comportement et leur choix. Nous pourrions démontrer le même processus à l'inverse pour l’individu qui s’est échappé dans l’hémisphère droit et continue à trouver « la preuve » pour soutenir son système de croyances qu’il ne peut être organisé, logique ou discipliné. Maintenant, qu’en est-il de ces individus qui tombent dans la catégorie bien-ajusté ou autoactualisé ? (Maslow, 1975) Vont-ils tendre vers un mélange élégant, éclectique et souple des deux, hémisphère droit et hémisphère gauche ? Seront-ils capables de faire des projets et de les suivre ? Seront-ils raisonnables, bien organisés mais assez souple pour lâcher ce qui ne marche pas et essayer quelque chose de nouveau ? Vont-ils tendre à utiliser des approches créatives pour travailler et jouer plutôt que de suivre les mêmes pas qui ont fait leurs preuves ? Vont-ils être spontanés avec un sens d’humour bien développé ? Vous devez regarder et écouter par vous-même jusqu’à ce que cela vous corresponde. Vous pourriez découvrir que ces individus sont capable d’être un adulte rationnel et logique quand cela est demandé et nécessaire ; un enfant heureux, spontané, curieux quand c’est le meilleur choix et les deux lorsque les deux sont le plus appropriés.

BUT : L’ÉQUILIBRE HÉMISPHÉRIQUE Si, de ce qui précède, vous avez tiré la conclusion que d’aider les individus à devenir hémisphériquement équilibré est votre but… vous avez fait un bon tir! Regardez votre propre histoire quant à ces domaines que vous avez bien gérés. Vous allez sans doute découvrir – dans ces domaines – un équilibre entre une créativité spontanée et une direction de but discipliné. Ou, tourner à droite et à gauche en même temps. Maintenant, reconsidérez certains de vos succès thérapeutiques dans lesquels votre client/patient a réussi à se reprendre. Il peut devenir clair que quand ces individus avancent vers leur but thérapeutique ils ont, non seulement cassé des routines autodestructrices, mais ils se sont aussi rapprochés d’une utilisation hémisphérique réciproque. Dans son livre The Furthest Reaches of Human Nature (Les Portées les plus lointains de la Nature Humaine) 81

Abraham Maslow décrit l’individu auto-actualisé comme la plus élevée des réussites. En paraphrasant Maslow, il a déclaré que l’individu auto-actualisé a la capacité de laisser derrière lui la réalité de tous les jours afin de creuser dans son processus créatif, de décider de retourner à la réalité, de choisir ce qui peut être et puis planifier pour travailler à le réaliser. Si nous traduisons cela dans le langage de notre discussion, nous pouvons dire que l’individu auto-actualisé a la capacité de mettre de côté l’activité hémisphérique gauche pour explorer pleinement l’activité hémisphérique droite et puis d’utiliser l’hémisphère gauche pour réaliser la créativité de l’hémisphère droit. Ornstein (1972) a prédit que si chaque côté du cerveau est utilisé, les deux côtés vont produire plus que si seulement un côté est utilisé. Comme dans le concept de synergie, la somme des parties va être plus que les parties.

HÉMISPHÈRES : HYPNOSE L’hypnose par sa vraie nature peut être la façon la plus efficace pour guider quelqu’un vers un équilibre hémisphérique et l’auto-actualisation. La recherche hémisphérique démontre amplement que lorsqu’un individu entre dans un état altéré, son hémisphère droit devient plus actif pendant que l’hémisphère gauche se repose. Dans un tel état, les processus de l’hémisphère droit deviennent plus évidents et l’individu trouve plus acceptable de reconnaître ce processus. Puisque l’hypnose est un état imaginaire qui produit des réponses sensorielles, (Erickson & Rossi, 1979 ; Kroger, 1976 ; Wolberg, 1964) l’individu se trouve complètement impliqué dans son « autre réalité » ouvrant ainsi des canaux de communication entre gauche et droite. Dans la plupart des cas l’état hypnotique produit, si pas de changement dans les croyances de l’hémisphère gauche, du moins une mise à part substantielle et un questionnement des croyances et limitations de l’hémisphère gauche. Demandez à un individu hypnotiquement naïf s’il croit qu’il pourrait anesthésier son bras en pensant certains mots. La plupart exprimerait des doutes. Après avoir connu une anesthésie hypnotique ils ne peuvent plus jamais avoir leur croyance préalable. Tous les faits du monde ne vont pas les convaincre aussi profondément que la conscience de leur expérience. Ceux qui utilisent l’hypnose peuvent vérifier cette déclaration. Souvenez-vous la surprise qu’un sujet a exprimée après une lévitation de la main.

AMNÉSIE HÉMISPHÈRIQUE Comme énoncé précédemment, des patients avec une douleur chronique déclarent qu’ils ont toujours de la douleur. Puisque leur réalité hémisphérique gauche est celle des souvenirs de douleur, là où il n’y a pas de douleur, il n’y a rien à se rappeler. Ils ont une amnésie de la non-douleur (Erickson & Rossi, 1979). Dans la même veine, la plupart de nous a peu ou aucun souvenir hémisphérique gauche de toutes les façons dont nous utilisons l’équilibre hémisphérique avec grâce et efficacité. Même les gens, soi-disant « dysfonctionants », ont un tel équilibre dans les domaines sans difficultés de leur vie. Puisque leur réalité de l’hémisphère gauche est fixée et enfermée dans leur problème, là où il y a peu ou pas d’équilibre, ils tendent à oublier leurs zones équilibrées : conduire une voiture, faire de la bicyclette, lire, écrire, reconnaître un ami, nouer des lacets, etc. etc. On a estimé que les individus gèrent au moins 70 à 80 % des besoins de la vie efficacement. Ce sont les 20, 30% ou dans quelques cas 40 % qui ont oublié comment tourner à droite et à gauche en même temps. L’état hypnotique par sa libération de rappel imaginaire et sa fantaisie peut être utilisé pour les aider non seulement à se sentir à nouveau eux-mêmes en utilisant ces zones d’équilibre réussies, mais aussi de se « voir et sentir » utilisant ces capacités pour résoudre leurs problèmes. Permettre à un individu de « revivre » 82

l’apprentissage du vélo, de lire ou d’écrire, de nouer les lacets – des situations dans lesquelles ils ont douté de leurs capacités dans le passé – aide à interrompre leurs limitations hémisphériques-gauche.

CAS 8 : INTRODUCTION Pour souligner l’efficacité de l’utilisation hypnotique je vais présenter un cas qui a demandé juste deux séances pour atteindre le but thérapeutique du client. Bien que plusieurs facteurs soient impliqués dans la réussite du résultat, l’utilisation de la fantaisie hypnotique et les souvenirs des compétences de l’hémisphère droit étaient les éléments clés. Le patient était un homme de 30 ans, récemment divorcé. Il se plaignait d’avoir peur d’approcher des femmes ; il croyait manquer de la confiance nécessaire pour apprendre comment faire. Tôt dans la première séance, il a déclaré : « Je ne peux pas me voir approcher une femme, impossible. J’ai peur d’avoir l’air bête et cela m’effraye vraiment. » D’une façon plus positive, il s’était considéré comme un excellent joueur de tennis. En traduisant sa complainte exprimée dans le cadre de notre discussion, je formulerais son problème comme suit : Son expérience et sa croyance « logique » ou hémisphérique-gauche étaient qu’il ne pouvait pas réussir à approcher une femme, qu’il « savait » qu’il aurait l’air bête. Des individus qui dépendent trop des fonctions hémisphériques gauches (soit en général ou dans la zone du problème) ont tendance à avoir de grandes peurs d’apparaître bête et tendent à ne pas utiliser leur imagination créative (hémisphère droit) comme une méthode pour résoudre leur problème. Ils tendent à prendre les mêmes faits, les suivre dans la même séquence et finir bloqué au même endroit. De l’autre côté, pourtant, il s’est senti à l’aise avec sa capacité à jouer au tennis. Puisqu’à un moment il n’avait pas la capacité de jouer au tennis, il a dû , au moins dans cette situation, trouver une manière de dépasser sa peur d’avoir l’air bête. Dit d’une autre façon, dans sa banque de données du mémoire (expérience hémisphérique-droit) existait la compétence à se sentir en confiance (au tennis) et la capacité à apprendre quelque chose de nouveau. La tâche, ainsi, était de l’aider à échapper de ses limitations hémisphérique-gauche et à utiliser son imagination créative de l’hémisphère droit pour trouver une nouvelle façon de résoudre son problème. Puisque l’hypnose résulte en une plus grande activité de l’hémisphère droit en diminuant l’activité de l’hémisphère gauche (sortir l’individu de son propre blocage) une combinaison d’hypnose et de ce qu’Erickson appelait « suggestions incorporées » fut utilisée. Le but était de libérer son imagination créative et de le rendre capable de reconnaître sa confiance (tennis) et le rendre capable de généraliser cette confiance à sa zone de problème.

CAS 8 : TENNIS Ce qui suit est une transcription des éléments importants de ses deux séances : Dr : Alors, vous avez confiance en votre capacité de jouer au tennis ? Pat : Oui ! Je joue vraiment très bien. Dr : C’est super. Qu’est-ce que vous voyez comme étant les meilleurs aspects de votre jeu ? Pat : Mon service, mon revers et la façon dont j’avance pour monter au filet. Dr : Moi, j’ai des difficultés à avancer au filet, mais vous semblez être CONFIANT pour 83

AVANCER TOUT PRES. [Italique et majuscule indiquent une parole lente et une tonalité plus basse : pour marquer la confiance et avancer tout près comme un message séparé] Pat : Cela ne demande que de l’entrainement. Dr : Vraiment ? [Dit avec un ton douteux et l’expression faciale qui va avec] Pat : Oui ? Vous devez juste vous entrainer [Pat introduit maintenant l’importance de s’entrainer et il est amené à renforcer cela par le doute exprimé par le docteur] Dr : Comment savez-vous que vous êtes confiant au tennis ? Pat : Eh ? Heu, je ne comprends pas. Dr : Quand vous faites un voyage, disons à Las Vegas, vous savez que vous êtes arrivés lorsque vous voyez les lumières brillantes et les affiches ; vous savez lorsque vous avez fini un repas quand vous vous sentez repu ; vous reconnaissez votre musique favorite lorsque vous entendez la mélodie. Utilisant tous les systèmes, V-K-A (visuel, kinesthésique et auditif) et commençant avec le visuel puis qu’il a déclaré auparavant « Je ne peux pas me voir approcher des femmes… J’ai peur d’avoir l’air bête. » Ces déclarations indiquent, au moins dans sa zone problématique, qu’il est coincé dans le système visuel – qui est, créer des images (V) d’un désastre futur avec des femmes, probablement basé sur des apprentissages visuels préalables et puis il ressent (K) en réponse à ces images. En fait sa réalité interne devient plus réelle que sa réalité externe. Pat : Je ne suis pas sûr de voir ce que vous voulez dire, mais je suppose c’est un sentiment que j’ai. Dr : [La tête du médecin s’incline légèrement vers sa droite, dirigeant la prochaine communication à l’oreille gauche du patient (hémisphère droit) avec une parole plus lente et une tonalité plus basse. A partir de ce moment, italiques et majuscules indiquent tête inclinée, parole lente, tonalité basse.] C’EST CELA ! C’EST UN SENTIMENT ! Dites m’en plus sur le bon et le solide sentiment. [Insinuer que le sentiment est bon et solide et bien sûr, vous pouvez attraper et tenir quelque chose de solide] Pat : [Les yeux bougent légèrement en haut et à gauche pendant qu’il « regarde » pour trouver son souvenir de ce sentiment solide ; il commence à se relaxer et il y a un changement visible de sa respiration] Je me sens bien…[les points indiquent une pause] plutôt fort… [les yeux en bas à sa droite indiquent un changement vers son système kinesthésique et il montre une réaction positive. Cela aide à confirmer que la source de son problème est dans ses souvenirs et ses attentes visuelles]…Il y a aussi un sentiment d’excitation et de bien-être. Dr : De quoi avez-vous l’air quand vous vous SENTEZ CONFIANT ? [suggestion cachée et le début de l’aide au patient pour associer des bons sentiments aux images visuelles] Pat :[Souriant] Je ne me suis jamais regardé moi-même, mais je pense que j’ai l’air fier… et confiant [à ce stade il commence à s’asseoir tout droit sur sa chaise, redresse les épaules et sa voix prend un ton plus fort, en fait montrant ainsi comment il se sent et de quoi il a l’air] Dr : C’EST CELA ! Exactement comme vous faites MAINTENANT ! [associant plus 84

d’expériences agréables à son système visuel]… et lorsque vous avez joué un excellent set et que vous en parlez, comment sonne votre voix maintenant ! [mélangez des expériences passées – « joué » un excellent set – avec le présent – comment « sonne » votre voix « maintenant !». En plus, commencez une association positive avec sa parole.] Pat : Je pense qu’elle sonne comme maintenant. [reconnaissant l’expérience qu’il a maintenant] Dr : C’est un EXCELLENT SENTIMENT…MAINTENANT… n’est-ce pas ? [Dr. ajoute un sourire qui va avec tonalité et tête inclinée etc.] Pat : [acquiesçant avec la tête, souriant] Oui ! Je veux cela quand je parle à une femme. [Indiquant qu’il est connecté aux expériences et qu’il reconnaît son potentiel.] Dr : Mais vous n’aviez pas TOUJOURS CONFIANCE…[suggestion inconsciente] lorsque vous avez commencé à jouer au tennis. [renforçant la connexion entre les deux expériences : commencer sans confiance, le travailler et gagner la confiance. A ce stade, tête inclinée etc. est devenu un signal automatique provoquant chez le patient une réponse positive. En fait, une suggestion inconsciente.] Saviez-vous que la peur n’est rien d’autre que (FOR… GETTING jeux de mot : OUBLIER/POUR...OBTENIR) …VOTRE CONFIANCE ? Le mot « oublier » ci-dessus : POUR... OBTENIR VOTRE CONFIANCE a été dit très lentement, avec une légère pause entre « pour »(for) et « obtenir »(getting). En plus du message, le patient a compris dans la conversation qu’il y avait aussi une suggestion inconsciente : PEUR EST POUR OBTENIR LA CONFIANCE ; par exemple utiliser le signal de la peur comme un signal de se souvenir d’être confiant. Cela utilise ses attentes et les expériences de la vraie vie pour l’aider à déclencher une nouvelle réaction. Pat : [souriant] Vous pensez que je sais comment être confiant, j’ai juste oublié. [Indique qu’il intègre la suggestion inconsciente] Dr : C’EST CELA ! [tête inclinée, tonalité, sourire] Et si vous l’avez oublié, vous devez l’avoir quelque part. Vous ne pouvez pas oublier ce que vous n’avez pas appris. Toutefois, dans le passé vous étiez terrifié quand vous avez essayé de parler à une femme [Dit avec un ton plat presque accusateur et utilisant le passé pour insinuer que c’était seulement dans le passé] Pat : [Corps s’affale, voix tremblotante] Oui, cela m’a vraiment effrayé. [Indique qu’il commence à mettre la peur dans le passé : « m’a effrayé » au lieu de « m’effraie »] Dr : [tête inclinée, tonalité, sourire] MAIS VOUS SAVEZ COMMENT VOUS SENTIR BIEN EN UN CLAQUEMENT DE DOIGTS [le médecin claque les doigts pour interrompre sa routine ou réaction avec la tête inclinée, etc. et pour provoquer les bons sentiments maintenant associés] Pat : [retient sa respiration, puis expire lentement, relaxe et sourit] Je ne sais pas ce que vous faites mais je me sentais mal et tout un coup je me sens bien à nouveau. Dr : [tête inclinée, tonalité, sourire] C’EST CELA ! [tête position normale, ton normal] Une partie de vous sait comment [pause, tête inclinée etc.] SE SENTIR BIEN…QUAND…VOUS VOULEZ VOUS SENTIR BIEN. 85

A ce stade, j’ai discuté le jeu de tennis en ses termes généraux avec un accent fort sur l’incertitude du début et puis, avec l’entrainement cela devient de plus en plus facile. Ce thème fut répété plusieurs fois en discutant les capacités à jouer au tennis : apprendre à servir, apprendre un revers aisé et régulier etc. Puisque le patient connaissait déjà tout cela, on espérait qu’il s’ennuierait consciemment et puisqu’il savait ce qu’il voulait – la confiance concernant les femmes – il prendrait les parties importantes du message – l’entrainement amène à la capacité et à la confiance – et qu’il l’appliquerait à son but. (Erickson, Rossi & Rossi, 1979) Pendant cette conversation qui paraissait répétitive, j’ai commencé une induction formelle : Dr : Une des capacités importantes que vous avez appris automatiquement est de regarder la balle avec intérêt. [Phrase intentionnellement incorrecte – lisez la encore une fois] Juste comme vous allez MAINTENANT ME REGARDER AVEC INTÉRÊT [tête et ton, pas de sourire] pour répondre automatiquement… à la balle sans pensées, juste comme vous COMMENCEZ AVEC MOI [tête, ton, phrase incorrecte] à tenir la raquette [dit comme s’il tenait une raquette : amène à la dissociation] ET CETTE MAIN [tête inclinée] a appris à BOUGER AUTOMATIQUEMENT comme si elle avait un esprit elle-même [la main droite fait un mouvement léger] JUSTE COMME CELA, C’EST BIEN [tête inclinée, combinant deux phrases] et je ne sais vraiment pas quelle main va… COMMENCER À MONTER DOUCEMENT [tête inclinée] pour se reposer contre votre visage [main droite tremblote plus. Pause longue, 10 -15 secondes] C’EST CELA [tête inclinée, 10 – 15 secondes de pause] C’EST… un plaisir d’avoir cette EXPÉRIENCE ÉDIFIANTE [message double : avec pause égale cela bouge, égale plaisir etc. égale c’est un plaisir d’avoir ce mouvement. La main du patient se secoue plusieurs fois et lentement avec des mouvements saccadés commence à se lever] Votre esprit inconscient va décider si vous allez…FERMER VOS YEUX pendant que LA MAIN MONTE…OU LORSQU’ELLE TOUCHE LE VISAGE. [Ceci implique qu’il a un inconscient et celui-là peut décider et utiliser l’illusion du choix ! Ces yeux vont se fermer, il doit choisir quand.] Consciemment VOUS POUVEZ ÊTRE SURPRIS OÙ VOTRE MAIN TOUCHE VOTRE VISAGE…ou JE PEUX ME TROMPER ET VOUS N’ÊTES PAS DU TOUT SURPRIS ![Ceci lui permet de réaliser que son conscient ne sait pas ce que son inconscient peut faire et implique qu’il va accomplir la suggestion. Je lui ai donné une chance de me donner tort. Il n’a pas besoin d’être surpris du tout.] Les yeux du patient clignotent doucement et puis se ferment, il respire profondément, les muscles faciaux se relaxent et il entre dans un état hypnotique formel. Sa main se lève et après plusieurs minutes touche son visage et s’arrête là. Dr : Peu importe la vitesse à la quelle j’aimerais que votre main descend, je veux que vous la combattiez et ne lui permettiez pas de descendre plus vite qu’il est confortable pour vous, que cela ne va pas être plus rapide que vous allez continuer plus profondément [la main de Pat s’arrête contre son visage pendant trois ou quatre minutes et je dis doucement « C’est ça » deux ou trois fois au fur et à mesure de l’évidence de l’approfondissement – par exemple : respiration lente, muscles faciaux deviennent flasque – et puis je le répète encore lorsque sa main commence à descendre lentement] Le patient, à travers une histoire simple, était rappelé de l’acquisition des capacités pendant son enfance : apprendre à faire du vélo, du roller, faire du sport etc. Chaque histoire avait une durée de trois minutes, mettant l’accent sur le début un peu anxieux, mais voulant apprendre, s’entrainant, tombant, se remettant, apprenant et gagnant en confiance. A la fin de chaque 86

histoire j’ai dit « C’EST CELA » augmentant le facteur d’association. Je lui ai dit de prendre tout le temps dont il avait besoin pour revenir à son attention consciente et qu’il ne devait pas revenir plus vite que son besoin de revoir un moment particulier d’apprentissage pour être confiant et ramener ces sentiments avec lui. Après presque dix minutes il a ouvert les yeux. Pat : Hey, c’était super. Je me sens bien. Dr : C’EST CELA ! Des nouveaux apprentissages sont toujours intéressants ; mais j’ai un problème [en changeant intentionnellement la portée de la voix et interrompant son processus conscient] et j’ai besoin de votre aide. Pat : [cligne les yeux et regarde fixement] Que puis-je faire ? Dr : Bon, les thérapeutes ont besoin quelques données de base [quelques exemples de telles données furent donnés] Puisque je ne peux pas être à l’intérieur de vous pour savoir ce qui s’est passé lorsque vous étiez effrayé DANS LE PASSÉ [tête inclinée, débit plus lent] et puisque nous avons besoin de quelque chose pour juger votre progrès, j’ai une mission pour vous. Pat : Ok. Dr : Je veux que vous vous procuriez un petit cahier de notes et je veux que vous sortiez et que vous vous fassiez rejeter par cinq femmes en une semaine. Approchez-les de n’importe quelle façon acceptable et faites très attention à vos réactions. [le Patient commence à agir un peu nerveusement] Il est important de remarquer [retour au visuel] comment vous vous sentez et voyez ce qui se passe en vous. Cela nous donne l’information dont nous avons besoin pour vous aider. Bien sûr, vous pouvez refuser, mais vous aurez l’air bête de demander de l’aide et puis refuser d’aider. [en utilisant intentionnellement sa peur « d’avoir l’air bête » pour le motiver. En fait, un double-lien. De plus, exécuter la mission va lui demander d’approcher les femmes.] Pat : Bien, je n’aime pas cette idée, mais j’aurai l’air bête de vous payer et ne pas coopérer avec vous. Dr : C’EST CELA ! [Tête inclinée, tonalité, provoquant ainsi son association positive à sa nouvelle tâche] Maintenant l’heure est passée. Je vous vois la semaine prochaine et avec vos données de base nous pouvons vraiment commencer à travailler.

CAS 8 : DEUXIEME SÉANCE Pat : [le Patient est souriant et à l’air excité] Bien, je n’ai pas vraiment exécuté les devoirs. Je n’étais capable d’être rejeté que par trois femmes. J’ai réussi à rencontrer six femmes et j’ai eu deux rendez-vous la semaine dernière. Oh, vous auriez dû me voir AVOIR L’AIR SI BIEN [la voix du patient est forte et il a l’air très content et selon son rapport d’avoir vu des femmes et avoir eu l’air bien indique que son système visuel voit maintenant des expériences positives] A ce stade, le patient explique comment il a fait sa première approche, comment sa peur a commencé à partir et comment sa confiance a commencé à grandir. « Cela devenait de plus en plus facile. » Chaque fois qu’il a senti la peur, il se souvenait que d’être effrayé voulait 87

dire qu’il était en train d’oublier d’être confiant. Il a aussi déclaré avec confiance que son problème était résolu. Dr : C’EST CELA ! [sourire, tête inclinée, tonalité] Maintenant, vous vous souvenez comment cette main a commencé à se lever la semaine dernière [patient regarde sa main droite, qui a commencé à trembloter] Vous savez comment apprécier cette même expérience MAINTENANT ! [les yeux fermés et il entre en hypnose] L’équilibre de l’expérience hypnotique concernait son jeu de tennis et de calquer ce dernier sur ses capacités à rencontrer des femmes. Par exemple : Dr : Vous êtes fier et confiant de votre service et comme vous le sentez, vous pouvez vous voir servir une femme de l’autre côté du filet, vous savez comment monter au filet et gérer ce qui envoyé sur votre chemin et exactement comme vous pouvez approcher une femme, vous voir le gérer et comment, au pied levé, vous pouvez user de votre revers. Beaucoup d’histoires, dans lesquelles le tennis fut comparé aux rencontres avec des femmes, étaient utilisées pour renforcer son but. C’était un bon pari qu’il allait réussir. Il n’y avait pas de suivi formel, le patient m’a envoyé plusieurs personnes et l’un d’eux m’a donné le message que tout allait bien et qu’il s’améliorait à chaque fois, juste comme son jeu de tennis !

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XI Réalité... Réellement ? AU ROYAUME CONSENSUEL Les scientifiques qui étudient le comportement humain ont argumenté et continuent d’argumenter sur ce qui constitue la « réalité », s’il y a une réalité, pourquoi la réalité et… ad nauseam. Malgré ce débat, un consensus s’est établi : Il existe une « réalité consensuelle ». Comme le nom laisse supposer, il se réfère à un consensus ou un accord général quant à comment appeler certaines choses et comment nous devons réagir à ces choses. Nous, du moins dans notre société sommes généralement d’accord qu’une chaise est une chaise et sur ce que l’on peut faire avec une chaise (prudence…) Nous savons que nous ne pouvons pas, du moins à ce stade de notre développement, agiter les bras et voler. Nous sommes tous d’accord qu’une plage est une plage, un arbre est un arbre, etc. Dans un sens très étroit, nous pouvons dire que la réalité consensuelle est essentiellement une fonction du processus conscient, c’est-à-dire, je vois un arbre et j’accepte cet objet comme un arbre. A moins que l’un de nous marche au son d’un autre tambour, vous pourriez être d’accord qu’un arbre est simplement cela – un arbre. Ainsi, nous avons un accord consensuel sur la réalité de cet arbre. Toutefois, notre réaction individuelle par rapport à cet arbre peut être plus importante que notre accord. Un arbre est un arbre – bien que son sens pour l’homme qui le regarde (« la vérité ») dépende de sa relation avec lui. Est-ce qu’il lui donne des fruits ou de l’ombre ou est-il un obstacle sur son chemin ? Surveying Kierkegaard, Homer & Buhler 1969

LA RÉALITÉ INTERNE Notre réalité interne (subjective) et, donc notre réaction à cet arbre peut être complètement différente de celle d’une autre personne. Ce facteur (réalité interne) contribue à notre caractère singulier. Il n’y a pas deux personnes qui percevront ni ne réagiront à la plage exactement de la même façon ; pas deux personnes ne perçoivent ni ne réagissent de la même façon à une peinture. Je crois que nos réalités internes permettent de créer une différence excitante parmi nous. Si ce n’était pas pour cette « réalité », nous serions tous en costume flanelle gris, rayé, à col boutonné ou un quelconque autre stéréotype. Un homme entre dans une pièce. A travers la pièce il voit une femme. Il commence à sentir une puissante excitation et se trouve fortement attiré. Maintenant, consciemment, il ne voit que certains caractéristiques physiques : peut-être les cheveux blonds, les yeux bleus, un joli corps ou qu’importe. (Messieurs, sentez-vous libre de changer la description ci-dessus et Mesdames, laissez-vous aller à votre propre imagination préférée). Il peut y avoir beaucoup d’autres femmes dans la pièce et nous pourrions consensuellement être d’accord sur le fait qu’elles sont toutes aussi attrayantes que cette femme. Malgré cela, notre héros se tient là, ayant cette expérience puissante et il oublie presque la présence des autres femmes. En toute probabilité il ignore que dans sa réalité interne il est en train de réagir à toute une histoire passée d’associations inconscientes. Peut-être que ses cheveux ont la même couleur que son premier chiot qu’il aimait ; que les lèvres sont comme celles de la 89

première fille qu’il a embrassée ; que son sourire est celui de la première femme avec laquelle il a couché. En « réalité » il ne réagit pas du tout à cette femme. Le fait de la « voir » a provoqué chez lui une régression dans son histoire et ses expériences passées avec des femmes et sa « réalité » interne est devenue plus « réelle » et plus importante que sa réalité externe ou consensuelle. A l’intérieur de sa réalité consensuelle, il n’y a aucune connaissance de cette femme, qui elle est, ce qu’elle aime ou de quoi elle a l’air, elle pourrait avoir une personnalité qu’il n’apprécie pas du tout. Malgré tout cela, il est là – son cœur bat rapidement, ses paumes transpirent, son esprit entier s’est verrouillé sur elle – pendant qu’il essaie désespérément de trouver une façon de l’aborder. Vous pourriez… MAINTENANT VOUS DEMANDER… quelle réalité est réelle… du moins pour lui ? Tout ce qu’on voit, entend et « sait » est tempéré, perçu, filtré et répondu à selon nos systèmes de croyances internes (voyez le chapitre V). La façon avec laquelle nous avons appris à voir, à interpréter, à réagir est spécifique et propre à chacun. La « réalité interne » de l’esprit inconscient peut être entièrement différente de la « réalité » consensuelle de l’esprit conscient. Dans son travail The Split Brain in Man, Gazzaniga (1967) a touché ce thème légèrement lorsqu’il a déclaré : « …c’est comme si la boîte crânienne contenait deux sphères de conscience. »

MONSTRES ET BAGUETTES MAGIQUES Lorsque mon fils avait trois ou quatre ans, il avait décidé que sa balle de baseball et le ballon de foot devenaient des monstres, la nuit, quand les lumières étaient éteintes. Il les a « vus » devenir vivants ; ils avaient l’air méchant et ils essayaient de l’attraper. Maintenant, rationnellement, cela ne fait aucun sens. Notre réalité consensuelle sait que ce n’est pas réel. Ma femme et moi avons tenté de lui expliquer ce qui est réel et ce qui ne l’est pas. Il a écouté très attentivement et lorsque nous en terminions, il a dit : « Mais ils viennent pour m’attraper. » Peu importe les raisons, son esprit inconscient a créé cette réalité interne et elle a soudainement surgi dans sa réalité externe. Des explications logiques, factuelles, linéaires, hémisphérique-gauche ont accompli la somme totale de rien. Nous avons alors décidé de devenir illogique (certains diraient créatifs) pour résoudre le problème. Nous sommes allés dans un magasin de bricolage et nous avons acheté une cheville en bois, 60 centimètres long et deux centimètres de diamètre. Nous avons enveloppé la cheville de velours pourpre et nous avons mis un petit ornement doré au bout. Puis nous avons acheté une boîte rectangulaire et nous avons mis la « baguette magique » à l’intérieur. Nous avons amené la boîte à la maison et avons expliqué à notre fils que nous avions vu un docteur spécial, un docteur magique. Nous lui avons raconté que le docteur magique avait fait une baguette magique pour chasser les balles-monstres. Puis nous lui avons dit les mots « magiques » que le docteur magique nous a donnés. Nous lui avons expliqué que pendant deux ou trois nuits il devait pointer la baguette magique vers le monstre en disant les mots magiques. Cette nuit-là, nous sommes tous allés dans sa chambre pour célébrer une cérémonie solennelle de l’ouverture de la boîte en lui présentant la baguette magique. Il l’a prise et avec une grande détermination, a fait le tour de sa chambre. A chaque coin de la pièce il s’est arrêté, il a pointé la baguette magique et il a dit les mots magiques. Cette nuit-là, il a dormi sans ses cauchemars précédents et sans réveils en sursaut. La nuit suivante, il est entré seul dans sa chambre et a répété le rituel magique. Après la troisième ou quatrième nuit, il a mis la baguette magique dans un coin et il a arrêté de l’utiliser. Il a dormi sans problème et n’a plus 90

parlé de monstres. Environ deux semaines plus tard, il nous a donné la baguette en disant qu’il n’en avait plus besoin. La morale de cette histoire est : puisque son processus inconscient, basé sur ses systèmes de croyances, a créé sa réalité interne des balles-monstres, il fallait, pour résoudre le problème, que ses processus inconscients créent une réalité interne qui croyait en une cure plus puissante que les monstres. Des approches traditionnelles auraient nécessité de trouver une solution pour prouver que les balles-monstres n’existaient pas ou de « sonder » le fond de ses sentiments, ou l’aider ( ?) à extérioriser ses (choisissez-en une) peurs/colères/hostilités/insécurités. Puis dans plusieurs mois (ou années) il aurait pu être capable de faire face à « Ce Problème ». Au lieu de cela, en quelques jours il a non seulement appris comment résoudre le problème… mais il l’a aussi résolu.

FOLIE ET CRÉATIVITÉ Pour moi, l’esprit inconscient et sa réalité interne sont un lieu fascinant, créatif, dynamique et excitant. On dit que le processus inconscient est similaire à celui du processus schizophrène. Je crois, toutefois, que le soi-disant processus schizophrène, dirigé vers la résolution des problèmes et la découverte de ce qui est nouveau, est le processus créatif. Le même processus, tourné vers la construction des limitations et des peurs, peut être appelé « folie ». Pour paraphraser George Santayana : La créativité est simplement la folie mise au service d’une bonne utilisation. Une autre histoire personnelle peut rendre le point plus clair. Il y a des années, nous habitions au deuxième étage d’un immeuble résidentiel. Ma fille qui avait trois ans à l’époque a développé l’habitude de sauter de son lit encore et encore, jouant à un jeu qu’elle seule comprenait. Un soir, notre voisin du dessous est monté pour se plaindre du bruit. Ma femme est allée dans la chambre de notre fille et lui a dit : « Ne fais plus cela. L’homme d’en bas est très en colère. » Plus tard dans la nuit notre fille était très perturbée. Lorsque nous avons essayé de la calmer, elle nous a dit que l’homme qui habitait dans le tapis était très fâché contre elle et qu’il allait la blesser. Nous avons tenté de lui expliquer le concept du voisin du dessus/dessous, mais elle était trop jeune pour comprendre. Nous l’avons même amené en bas pour lui montrer où l’homme « d’en bas » habitait. Tout ce qu’elle pouvait comprendre était que l’homme dans la moquette était fâché avec elle parce qu’elle sautait sur lui. Maintenant, nous, les adultes, nous savons que c’est ridicule. Nous, les adultes, qui pensons logiquement savons qu’un homme ne peut habiter dans une moquette. Nous, les adultes logiques qui jetons du sel par-dessus notre épaule, qui touchons du bois pour conjurer le mauvais sort, qui ne passons pas sous une échelle, et évitons des chats noir, nous savons que ces croyances enfantines n’ont rien à voir avec nous. (C’est pourquoi ce livre n’a pas de chapitre 13. Réalité… Réellement)

IMAGES DE RÉALITÉ Comme nous avons déclaré précédemment, lorsqu’un patient entre dans le bureau du thérapeute, il amène avec lui ses systèmes de croyances : un processus de ses apprentissages, de ses expériences et de ses réalités individuelles du passé. Cet individu vit, dans l’ensemble, dans la même réalité externe que les thérapeutes et a les mêmes opportunités. Toutefois, la réalité interne de cette personne peut être telle qu’elle reste bloquée devant les opportunités et options qui sont disponibles. En fait, elle était hypnotisée ou s’est hypnotisée elle-même pour voir uniquement ce qu’elle a déjà vu, entendre uniquement ce qu’elle a déjà entendu, et sentir uniquement ce qu’elle a déjà senti. 91

…rappelons-nous. Nous ne traitons jamais avec la réalité per se, mais plutôt avec des images de la réalité – c’est-à-dire, avec des interprétations. Alors que le nombre des interprétations potentiellement possibles est très large, notre image du monde ne nous permet d’en voir qu’une seule – et celle-ci paraît donc être la seule vision possible, raisonnable et permise. En outre, cette seule interprétation suggère aussi une seule solution possible, raisonnable et permise et si nous ne réussissons pas tout de suite, nous essayons et essayons encore – ou en d’autres termes, nous avons recours à la recette de faire plus de la même chose. Watzlawick, 1978 p. 119 Le thérapeute qui persiste à attaquer directement les systèmes de croyances du patient est en train d’utiliser un marteau comme seul outil et traitera le patient comme s’il était un clou ! Puisqu’il peut bien y avoir une réalité interne à sauter du lit et à causer la colère de l’homme qui habite dans la moquette, attaquer directement le système de croyances du patient, dans la plupart des cas, ne l’aidera pas. Cela peut même le blesser et entrainer cette grande échappatoire… la RESISTANCE… Concevoir un processus inconscient qui utilise la même créativité que produit le problème pour résoudre le problème, sera une approche beaucoup plus efficace. De plus, c’est plus amusant pour le thérapeute autant que pour le patient.

MONSTRE HYPNOTIQUE Une femme qui souffrait d’anxiété extrême à chaque fois qu’elle était en couple avec un homme, est venue chercher mon aide. Elle décrivait sa réaction comme un sentiment de noyade, ou d’étouffement et affirmait vivre ses sensations physiquement. Elle avait travaillé sur son problème depuis plus de deux ans et, selon son avis, avait fait de bons progrès. Elle avait « compris » les dynamiques, en avait eu un aperçu et se sentait plus forte pour gérer les « mauvais » ressentis. Elle croyait être prête maintenant à se débarrasser du problème une fois pour toute. Elle reconnaissait que son problème n’avait pas de sens « logique ». Elle avait lu considérablement sur le sujet en psychologie, thérapie et relations interpersonnelles. Malgré ses efforts, elle se sentait bloquée et m’a dit : « Je commence à perdre espoir. » Pendant sa deuxième séance je l’ai aidée à entrer dans l’état qui n’existe pas – l’hypnose. Je lui ai demandé de « retourner » à un de ces moments où elle avait senti ces mauvaises sensations et de me le signaler en levant le premier doigt de sa main gauche dès qu’elle pouvait vraiment sentir les sensations. Après son signal, alors qu’elle montrait un certain sentiment de gêne, je lui ai dit de permettre à son esprit créatif de créer un monstre horrible, de le voir clairement et de sentir toute la peur qu’elle aurait s’il essayait de la détruire. Puis, je lui ai demandé d’imaginer qu’il n’y avait aucun sentier sûr pour fuir. En quelques instants, des signes évidents d’inconfort se sont manifestés : son rythme de respiration s’est accéléré radicalement. La sueur perlait sur son front et sa lèvre supérieure tandis qu’elle s’agitait. A ce stade, je lui ai dit la chose suivante : « C’est votre décision de, soit éliminer votre monstre, de remuer votre nez et de le chasser, soit d’agiter vos oreilles et simplement vous envoler et laisser le monstre là où est sa place – dans le passé. Maintenant prenez votre temps, parce que votre esprit inconscient aimerait utiliser une combinaison de ces choses ou peut-être a-t-il une bien meilleure façon. » Evidemment, nous savons tous qu’aucune de ses instructions n’a de sens logique et pourtant, malgré l’absurdité, quelque chose s’est mise en route. En quelques instants elle prit quelques inspirations profondes et expira très lentement ; son corps commença à se relaxer et 92

puis elle s’est mise à rigoler. Cinq minutes plus tard, elle a ouvert ses yeux pour faire un beau sourire. Elle me raconta que, sans en identifier la raison, elle savait qu’elle n’avait plus besoin d’avoir peur, qu’elle ne comprenait pas pourquoi, mais d’une manière ou d’une autre, elle sentait instinctivement d’où venait le monstre et comment s’en débarrasser.

LE BONHOMME DE NEIGE COMME RÉALITÉ Lorsque ma fille avait environ quatre ans, ma femme et moi l’avons emmenée voir la neige pour la première fois. Elle voulait construire un bonhomme de neige et nous l’avons aidée à en construire un à sa taille d’environ 80 centimètres de haut. Elle était très excitée et contente de sa création et nous étions contents aussi. Arrivée à la maison après notre séjour dans les montagnes, elle vit ses amis jouer. Elle me demanda d’arrêter la voiture pour sortir, et excitée, commença à leur raconter tout sur son bonhomme de neige. Pour le décrire, elle a dessiné, avec ses mains, une image qui grandissait le bonhomme de neige à un mètre vingt. Elle avait presque doublé sa taille. Deux jours plus tard, nous prenions le petit déjeuner chez mes parents. Notre fille a commencé à décrire son bonhomme de neige et a dit : « Papi, j’ai fait un bonhomme de neige plus grand que toi. » Mon père mesure environ 1,75 m et à l’époque était bien enveloppé. Cela m’a amené à réfléchir sur le fonctionnement de notre imagination : pour un enfant, quand il n’est plus en contact visuel le bonhomme de neige devient de plus en plus grand. Si cela est vrai pour un bonhomme de neige, qu’en est-il de ces monstres que nous construisons étant enfant ? Ils ne mesuraient pas plus de quinze centimètre mais au fil de toutes les années où nous les avons fuis, je parie que notre réalité interne les a rendus énormes et très, très effrayants. Puisque notre inconscient créatif a construit nos monstres si grands, notre inconscient créatif sait très bien comment remuer notre nez et réduire le monstre à sa taille. Mais c’est juste une autre réalité… réellement !

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XII Inconscient versus Conscient Parmi mes nombreuses bêtes noires, l’une d’entre elle ressort davantage : beaucoup de gens qui utilisent l’hypnose ainsi que des thérapeutes de tous genres manifestent un intérêt de pure forme pour l’existence d’un soi-disant « inconscient ». Ils vont discuter les processus inconscients, les problèmes inconscients et les conflits inconscients. Pourtant, en faisant de la thérapie, ils agissent comme si l’inconscient n’existait pas. Vous pourriez dire avec certitude qu’ils sont inconscients concernant le processus inconscient. Ils vont tenter d’expliquer à leurs patients, en détail spécifique et logique, ce que sont le problème et sa solution. A moins qu’ils aient à faire à quelqu’un d’une autre planète, leur patient a probablement entendu tous les conseils logiques qu’ils peuvent donner. Le patient a probablement entendu « la réponse » de nombreuses sources. Si ces « faits » étaient la solution, je suis sûr qu’ils auraient résolu leur problème : Il était une fois une jeune femme et un jeune homme rampant à quatre pattes. Ils semblaient chercher désespérément quelque chose. Un gentil étranger bien intentionné qui passait, leur demanda : « Que cherchez-vous ? » Ils répondirent : « Nous cherchons des clés importantes qui vont ouvrir des portes importantes dans notre vie. » L’étranger dit : « Cela a l’air important. Laissez-moi vous aider. » L’étranger se met à quatre pattes et commence à chercher les clés perdues. Après quelque temps, l’étranger s’est arrêté et a dit : « Je ne peux trouver les clés ici…Où étiez-vous quand vous les avez perdues ? » Le couple a répondu : « Oh, environ à 150 km d’ici, dans un champ. » L’étranger dit : « Si vous les avez perdues dans un champ à 150 km d’ici, pourquoi les cherchons-nous ici ? » « Bien » dit le couple, « la lumière est très bien ici et nous connaissons déjà parfaitement l’endroit ». Histoire Sufi (mis à jour un peu)

SUB- VERSUS INCONSCIENT Certains individus préfèrent le concept d’un esprit subconscient. Je préfère le concept de l’inconscient. Selon le Dictionnaire « American Heritage » (Edition Dell Inc. 1975) le préfixe « sub » implique moins de, sous, au lieu de parallèle ou égale. Je préfère croire que les « deux esprits » sont égaux, mais différents. En termes basiques, je crois que l’esprit inconscient veut dire dont nous ne sommes pas (du moins pour l’instant) conscients. Il y a une multitude de processus dont nous devenons conscients à des moments différents et dans des circonstances différentes. Il y a beaucoup plus de processus dont nous ne devenons jamais ou rarement conscients. Malgré ce manque de « conscience » ces processus sont là et continuent à fonctionner. Par exemple pendant que vous lisez ces mots, votre cœur a battu. Jusqu’à la lecture de cette déclaration, vous étiez probablement inconscient de ce processus. Certains parmi vous pourraient avoir des difficultés à sentir ce processus maintenant. Mais puisque vous lisez ce livre, je présume que vous êtes vivants et donc ce processus suit son cours.

« L’INCONSCIENT PSYCHOLOGIQUE » Il y a quelques années, un rapport de recherche concernant le sujet des processus 94

inconscients fut publié. L’essentiel de ce rapport était qu’en projetant des mots sur un écran à une grande vitesse – de manière euphémistique appelée « subliminale » – les sujets montraient des réactions physiques sans avoir conscience des mots. Une expérience avait inclus la projection d’images sexuellement stimulantes au milieu d’un film intellectuel très « austère », une fois encore à une vitesse qui empêchait les sujets d’être « conscients » de ces images. Pourtant, tous les sujets ont montré une forte « excitation physiologique » (Les scientifiques doivent avoir des difficultés à dire « allumé ») Les chercheurs, sur la base des résultats de ces soi-disant « expériences subliminales » et d’autres expériences similaires, ont conclu qu’il y a un processus inconscient. En outre, ils ont conclu que non seulement ces processus (inconscients) se produisent à tout moment, mais que nous sommes, pour la plupart, inconscients – non seulement du processus mais aussi de la façon dont le processus nous affecte. Howard Shevrin & Scott Dickman dans leur rapport « The Psychological Unconscious » (L’Inconscient Psychologique) ont déclaré : « … les processus inconscients affectent le comportement et l’expérience en cours, bien que la personne concernée puisse être inconsciente de cette influence. » (American Psychologist 1980, Vol 35 Nr. 5, 421-434) Le Dr. Milton Erickson qui a insisté pendant des années sur l’existence d’un processus inconscient en écoutant la « découverte » ci-dessus a dit (en paraphrasant) : « Je ne suis pas surpris que la communauté scientifique reconnaisse enfin l’existence de l’inconscient. Ce qui me surprend est qu’ils insistent toujours sur le fait qu’il y a un esprit conscient ! » Certains chercheurs de l’esprit/ du cerveau prétendent que la soi-disant réalité est réellement un cadeau de notre esprit inconscient ; c’est à dire que lorsque notre esprit inconscient rend notre esprit conscient conscient de quelque chose, ce quelque chose devient une partie de notre réalité.

UN MENSONGE Ce que vous allez lire est un mensonge ! Je crois que cela sera un mensonge utile. Rappelez-vous le contenu du chapitre X « Gauche Rencontre Droite Rencontre Gauche » qui montre que les deux hémisphères du cerveau se spécialisent. Pour bref rappel, le gauche ou soi-disant hémisphère dominant gère les processus linéaires, digitaux, analytiques et logiques. Le domaine de l’hémisphère droit est la spatialité, l’imagerie, la perception de couleur, le rappel kinesthésique et la créativité, il peut être appelé l’esprit métaphorique. J’aimerais que vous… ACCEPTIEZ MAINTENANT… le mensonge que l’hémisphère gauche peut être conceptualisé comme l’esprit conscient pendant que l’hémisphère droit est le siège de l’esprit inconscient. Si vous acceptez cette non-vérité, vous allez être en très bonne compagnie. Il y a beaucoup de chercheurs et de scientifiques du cerveau/esprit qui acceptent et même diffusent ce mensonge. Ils pourraient même dire que ce que nous appelons processus inconscient correspond bien à ce qui est connu de l’activité hémisphérique droit et de même pour le processus conscient/hémisphérique gauche. Techniquement il serait plus exact de dire que les deux hémisphères s’engagent à des processus inconscients et conscients et qu’aucun des deux hémisphères ne travaille totalement indépendamment de l’autre. En d’autres termes, qu’il y a une interaction et un échange constant entre les deux. En se référant à « l’emplacement » de la conscience et de la mémoire, Buzan et Dixon déclarent : Il devient clair, en effet, que de tels phénomènes insaisissables ont été répartis d’une certaine manière à travers tout le cerveau… Toutefois, certains chercheurs en neurologie font maintenant une distinction entre esprit et cerveau en ce qui est appelé le dualisme esprit/cerveau. Si, en effet, un tel dualisme existe, les scientifiques ne sont pourtant pas proche d’identifier où l’un commence et où l’autre s’arrête. 95

Souvenez-vous, j’ai dit que ce que vous alliez lire est un mensonge – alors ce qui est cidessus peut être aussi un mensonge !

INCONSCIENT/CONSCIENT/METAPHORE Quoiqu’un hémisphère séparé gauche/esprit conscient et un hémisphère droit/esprit inconscient puissent ou ne puissent pas exister, je trouve la métaphore utile pour mon travail avec l’hypnose. Lorsque je suis engagé dans un soi-disant « travail conscient » j’utilise des faits, de la logique, du raisonnement. Lorsque j’interviens pour « faire de l’hypnose », j’utilise des histoires, des souvenirs imagés, des suggestions absurdes et fantaisistes – en bref « le langage de l’inconscient ». J’accepte aussi que les deux « esprits » travaillent de concert – lorsqu’ils ne travaillent pas en s’opposant. Par exemple : Vous voyez consciemment un individu debout à l’angle d’une rue. Votre esprit inconscient prend l’image complète, cherche dans sa base de données de la mémoire et fait une reconnaissance. Cette reconnaissance est alors envoyée à l’esprit conscient et vous « reconnaissez » un ami que vous n’avez pas vu depuis des années. Un exemple que nous avons tous vécu : nous sommes présentés à quelqu’un d’inconnu. Plusieurs heures plus tard, nous essayons de nous souvenir de son nom, mais en vain. Nous avons « oublié ». Nous luttons un peu et puis nous disons : « Oh, tant pis. » Plus tard, alors que nous sommes occupés à faire autre chose, le nom tout à coup « surgit » dans notre esprit (conscient). Nous n’étions même pas conscients du processus de la recherche du souvenir. Ceci est un exemple simple, mais descriptif d’un processus inconscient. Toutefois, il y a beaucoup d’autres processus inconscients qui ne sont pas si anodins. Ils peuvent même être douloureux.

PROTECTION INCONSCIENTE Le Dr. Milton Erickson a fermement soutenu que l’inconscient protège toujours le conscient et tout l’organisme. Quoique je sois en général d’accord avec lui, j’aimerais ajouter un corollaire important. L’inconscient protège toujours l’individu de la meilleure façon qu’il « sait faire », dans le cadre de sa réalité et des règles suivies par l’esprit conscient et sa réalité. Les méthodes de l’inconscient peuvent avoir été utiles une fois, ou avoir été le meilleur choix possible à un autre moment, ou la meilleure méthode « autorisée » à un autre moment. Ceci ne donne pas la garantie que sa « protection » soit dans le meilleur intérêt présent de la personne ! Dans d’autres situations, l’inconscient peut avoir « une meilleure méthode » mais les systèmes de croyances de l’esprit conscient peuvent nier, bloquer ou ignorer le message de l’inconscient. Je crois que là où l’inconscient n’a pas un canal de communication facile avec l’esprit conscient ou là où ses messages sont niés ou ignorés, il trouvera une façon pour se faire connaître. La symptomatologie (physique ou émotionnelle) peut être un tel canal. Là où la communication réciproque entre les deux « esprits » est coupée par l’existence de traumas passés, d’apprentissages passés, de peurs de « perdre le contrôle » etc. est-ce là où l’inconscient est « forcé » de se glisser dans l’image avec le but de « réarranger » les morceaux du puzzle de la personne ? Est-ce que l’esprit conscient va repousser l’intrus ? Estce que l’individu se trouvera à réagir avec des manières qui ne sont pas acceptables pour sa compréhension consciente ? Cela va-t-il conduire à l’anxiété ? Cela va-t-il conduire à un contrôle plus conscient et vers un déni du message inconscient ? Ce résultat va-t-il augmenter les efforts de l’inconscient pour « protéger » en insistant davantage ?

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SYMPTÔME : CÉPHALÉE DE TENSION Pour une réponse possible aux questions ci-dessus nous avons seulement besoin d’examiner le symptôme connu sous le nom céphalée de tension. La plupart des experts médicaux seront d’accord pour dire qu’en l’absence d’une pathologie physique, de tels maux de tête arrivent lorsque la circulation est défaillante et qu’elle produit de la pression lorsqu’une tension musculaire croissante est ignorée. J’aimerais que vous considériez cette chaine causative des évènements à travers le concept métaphorique d’hémisphère droit/hémisphère gauche – processus conscient/inconscient. Vous avez travaillé dur et sans votre « attention consciente », votre esprit et votre corps sont fatigués. Votre inconscient reconnaît votre besoin d’une pause et il « communique » cette information par un de ses langages, c’est-à-dire des signaux kinesthésiques. Votre dos et votre nuque se contractent. Soit vous l’ignorez, soit vous êtes inconscient du message, alors vous continuez à travailler. Votre inconscient dans son effort à vous « protéger » intensifie le message. Il est renforcé en augmentant la contraction, affectant votre corps et puis… c’est le MAL DE TÊTE ! Vous ne pouvez plus vous concentrer, les yeux vous font mal, la tête vous élance et vous êtes forcé de faire une pause – ce que votre inconscient voulait au départ. Vous pourriez dire que l’inconscient de l’individu dans de bonnes conditions, pourrait même le rendre fou pour le protéger. J’espère que les deux cas suivants seront utiles pour appuyer le message.

CAS 9 : MAL DE TÊTE Un homme avec une longue histoire de soi-disant céphalées de tension, m’a été envoyé. Il avait en moyenne trois à quatre sévères maux de tête par jour. Il avait tendance à être compulsif dans toutes ses activités, mais plus encore lorsqu’il s’agissait « d’être au meilleur dans mon travail ». Je lui ai demandé d’imaginer qu’il avait un message très urgent pour un ami et qu’il se rendait chez ce dernier pour le lui donner. Il savait que son ami était à la maison, alors il a sonné mais personne n’a répondu. Je lui ai demandé ce qu’il ferait, sachant qu’il devait lui remettre le message. Il m’a répondu qu’il appuierait sur la sonnette et resterait appuyé sur le bouton et si cela ne marchait pas, il frapperait à la porte et crierait le nom de son ami. Je lui ai demandé de penser que son inconscient avait un message important, qu’il essayait de frapper à sa « porte » et que, puisqu’il ne répondait pas, son inconscient commençait alors à battre et élancer… MAL DE TÊTE ! Je l’ai ensuite prié de fermer les yeux et de laisser son imagination créative produire une image claire de cette partie de lui en train d’envoyer le message et de me le signaler dès que c’était fait. Il avait pour instruction de « demander » à cette partie quel signal pourrait être facilement reconnaissable. Cette partie lui a dit de réagir à la tension dans la nuque. Je lui ai alors suggéré de prendre davantage conscience de ce signal et de s’arrêter dès qu’il sentait ce message, puis prendre plusieurs respirations profondes et faire une pause de dix à quinze minutes. Je lui ai demandé de questionner cette partie de lui pour savoir si cette méthode était acceptable et si elle l’était, il était temps pour lui de revenir à mon bureau. (Quelque part pendant ces procédures il est entré en ce qui ressemblait beaucoup à un état d’hypnose). Il a ouvert ses yeux environ dix minutes plus tard et a dit : « Elle a dit ‘oui’, mais si je ne tiens pas ma promesse elle se réserve le droit de me donner un mal de tête. » Cette simple procédure a eu comme résultat une réduction de 80% de ses symptômes en deux semaines. Je l’ai aidé pendant une transe hypnotique à devenir plus conscient de ses signaux kinesthésiques en général et de prendre plus de pauses. En six semaines il n’avait plus aucun symptôme et cela dura. De plus il m’a fait savoir que sa performance au travail s’était 97

améliorée.

CAS 10 : PHOBIE D’ABEILLE Une femme se plaignait du problème suivant : environ six mois avant de venir me voir, elle a développé une réaction presque phobique au bourdonnement des abeilles. Elle m’a dit : « Elles commencent à me rendre folle. » Après avoir établi ce qui est connu dans le métier comme un « ancrage de confort » (les ancrages sont expliqués dans le chapitre XVI) je lui ai demandé de garder son sentiment de confort pendant qu’elle « voyait » une abeille à une distance de sécurité. Je lui ai dit ensuite d’entendre le bourdonnement, en gardant toujours son sentiment de confort et d’écouter le son changer en mots ; que les mots lui diraient ce que l’inconscient essayait de lui dire. Environ quinze minutes plus tard, elle a ouvert les yeux et a dit : « Je ne suis pas surprise. » Elle m’a raconté que l’abeille se transformait lentement pour devenir son mari qui la sermonnait sans arrêt et la rabaissait ; et que sa voix était comme le son d’une abeille. (Souvenez-vous que ceci est un processus inconscient même s’il était différent de ce que je lui ai demandé) Elle a continué son récit, elle était très malheureuse dans son mariage, mais elle essayait de se convaincre que tout allait très bien. Je lui ai expliqué qu’elle pouvait duper certaines personnes tout le temps et tous les gens à certains moments, mais qu’elle ne pouvait pas duper son inconscient, même un instant. Elle m’a dit qu’elle craignait que le « bourdonnement » ne la rende folle. Je lui ai conseillé de réfléchir, de parler à son mari au sujet de son insatisfaction et même de considérer un rendez-vous chez un conseiller conjugal. Elle m’a appelé une semaine plus tard pour me dire que le bourdonnement avait disparu dès qu’elle avait parlé à son mari et qu’elle pouvait sentir la peur « se dissiper ».

REVENDICATIONS FOLLES Pendant au moins 150 ans, les hypnotiseurs ont fait des revendications sauvages, nonscientifiques et non-soutenues concernant l’hypnose, les processus conscients et inconscients. Ils ont affirmé que les règles qui gouvernent les comportements et les réactions inconscients sont différentes de celles qui contrôlent les processus conscients « …des processus inconscients peuvent suivre des principes d’organisation différents de ceux qui caractérisent les processus psychologiques qui se produisent pendant l’état normal, éveillé du conscient. » (Shevrin & Dickman, 1980) Ces hypnotiseurs d’antan ont développé ce qui fut connu plus tard comme la « théorie de l’ascenseur » : entrer en hypnose permet à l’inconscient de s’élever au-dessus du conscient et de devenir plus actif ; alors qu’à l’état éveillé, le conscient est à un niveau plus élevé. Le travail sur le cycle de 90 minutes et le cerveau ainsi que des expériences avec la communication subliminale tendent à appuyer cette théorie folle. Les hypnotiseurs d’antan affirment que l’inconscient a toujours « été attentif » et « savait » tout ce qui se passait. Shevrin & Dickman ont synthétisé de nombreuses recherches qui soutiennent cette revendication. Beaucoup de chirurgiens savent aujourd’hui que pendant qu’un patient se trouve dans « dans les pommes » (le coma ou sous anesthésie), il peut toujours enregistrer ce qui est dit dans la salle d’opération. Beaucoup d’hypnotiseurs ont eu l’expérience de faire régresser un sujet, pendant une séance d’hypnose, à une chirurgie qu’il a subi dans le passé et le sujet s’était rappelé ce qui était dit. Milton Erickson a affirmé que vous pouvez communiquer avec l’inconscient séparément du conscient. Sa méthode consistait à raconter des histoires, des métaphores et à parler à une oreille pour la communication inconsciente et l’autre pour les messages conscients. 98

Voici une autre revendication folle émise par un hypnotiseur… et pourtant… « en général les sujets sont inconscients des stimuli dans l’oreille non-sollicitée bien que ces stimuli exercent une influence sur plusieurs paramètres de réponse des stimuli accompagnés. » (Shevrin & Dickman) Les hypnotiseurs ont soutenu que l’inconscient est l’entrepôt de toute notre histoire et de tout notre vécu ; la racine de nos problèmes aussi bien que la source de nos solutions. La recherche moderne, les instruments scientifiques et l’observation empirique ont commencé à apporter des preuves que ces hypnotiseurs d’antan avaient tapé en plein dans le mille. Nous pourrions dire qu’ils savaient comment tourner à gauche et à droite en même temps. A mon avis, notre société hautement structurée repose beaucoup trop sur la partie logique, digitale, consciente de notre expérience et trop peu sur l’expérience créative inconsciente. Certains théoriciens du cerveau ont estimé que l’esprit conscient est capable de faire trois à cinq tâches non-importantes à la fois et seulement une à deux importantes. En même temps, ils estiment que l’inconscient est capable de faire plusieurs milliers de tâches en même temps. Je ne prétends pas que l’esprit conscient n’est pas important. Ce que j’affirme est que l’individu moyen a un esprit conscient bien développé et qu’il sous-utilise l’inconscient – c’est-à-dire que nous sommes entrainés (certains diront « hypnotisés ») à ignorer ou déprécier ses processus. C’est comme si nous nous étions entrainés et que nous ayons développé un bras droit puissant, en permettant au bras gauche de flétrir. Trop souvent, une personne trouve un thérapeute qui lui désigne un « programme d’exercice » pour mieux développer le « bras droit » en espérant que l’osmose s’occupera du gauche. Si beaucoup de chercheurs en inconscience affirment que nous n’utilisons que 10% de notre cerveau consciemment et les autres 90 % inconsciemment, alors il peut être utile de s’imaginer une pyramide. Si vous faites un pas en arrière et que vous regardez, vous verrez qu’une pyramide possède une large base et se resserre en haut par une pointe. Elle est bien construite pour résister au stress et au temps. Si vous imaginez la même pyramide retournée, vous verrez une structure qui aura du mal à tenir debout. Elle tomberait sans doute sous son propre poids. Si vous pouviez « voir » que beaucoup de gens semblent utiliser leurs esprits comme s’ils étaient des pyramides retournées, alors vous comprendriez facilement pourquoi ils basculent et tombent facilement. Toutefois, laissez-moi vous rappeler que j’ai dit que ce que vous alliez lire est un mensonge. Alors, cette dernière phrase peut l’être aussi.

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XIV Utiliser l’Utilisation L’HYPNOSE : LA MAGIE MARCHE Dans un chapitre précédent, j’ai déclaré qu’être un bon hypnothérapeute voulait dire utiliser certains outils et capacités qui aident à diriger l’individu vers ses propres ressources… et puis… sortir rapidement de leur chemin ! Toutefois, par mon expérience, je sais que la plupart des hypnothérapeutes se mettent systématiquement à travers le chemin de la personne et empêchent l’état hypnotique. Des thérapeutes, dans leur tentative d’apprendre la manière « correcte » d’induire l’état hypnotique vont d’un séminaire d’hypnose à un autre et d’un livre magique à un autre pour obtenir « LES MOTS MAGIQUES » qui vont faire rentrer les gens en un état hypnotique. Ils écrivent « LES MOTS MAGIQUES » sur papier, les mémorisent et tentent d’hypnotiser tout le monde avec ces mots. Lorsque leurs patients/clients « refusent » de coopérer, ces thérapeutes se découragent, soit cessent d’utiliser l’hypnose ou achètent encore plus de « LIVRES MAGIQUES ». En bref, ces « hypnotiseurs » tentent de faire plier le patient/client pour le faire rentrer dans le moule, au lieu de créer les moules qui correspondent au patient/client. A mon avis, produire l’état hypnotique est encore plus facile que le proverbial jeu d’enfant et beaucoup moins douloureux. Non seulement chaque individu « sait » déjà comment entrer en hypnose, mais il est probablement dans cet état plusieurs fois par jour. L’état hypnotique en lui-même, aussi bien que le phénomène hypnotique, ne sont ni plus ni moins des apparitions et des comportements normaux, isolés, exagérés et « mis en lumière ». Lors de mes séminaires (Hypnose Clinique : Techniques Innovantes®) j’ai souvent observé des individus « s’échapper » dans leur propre état hypnotique pour éviter l’état que « l’apprenti hypnotiseur » a tenté de produire. L’apprenti est tellement occupé à le faire à sa façon qu’il échoue de remarquer que son sujet (sa victime) s’est « échappé ». Dans ce chapitre, j’espère partager avec vous l’attitude et les compétences qui vous rendront capables d’atteindre « cet état » avec plus d’individus et ce, plus facilement. Chaque individu porte en lui une série de capacités, de réactions, d’attitudes et de systèmes de croyances, tous appris, et aussi un système préféré (V-K-A). Pour moi, utiliser ces facteurs a beaucoup plus de sens que d’essayer à forcer l’individu à répondre selon vos systèmes de croyances, de réactions etc. En apprenant à utiliser ce que l’individu connaît déjà, vous débuterez à partir d’une fondation solide au lieu d’un bourbier de sables mouvants. Pour clarifier ce propos, j’aimerais donner un bref exemple. J’aimerais que vous vous concentriez sur les « systèmes » (V-K-A) pour quelques instants. Comme une règle, les hypnotiseurs hautement visuels ont tendance à utiliser des méthodes d’induction visuelle – ils essayent de produire l’état hypnotique à travers l’imagerie visuelle. Les hypnotiseurs hautement kinesthésiques ont tendance à compter sur des inductions kinesthésiques − c’est-àdire vous devenez de plus en plus lourd etc. Des hypnotiseurs auditifs vont tenter de compter sur des « sons » comme méthode d’induction. Si l’individu avec lequel vous travaillez correspond à votre système, vous avez une très bonne chance de réussir. S’il ne « correspond » pas à votre système, vous pourrez toujours appeler le manque de résultat « résistance ».

INDUCTION VISUELLE 100

Pendant un séminaire, « l’hypnotiseur » disait au sujet de « sentir le poids de son corps et de ses jambes, combien tout devenait de plus en plus lourd et vous devenez de plus en plus « relaxé ». » Cela avait l’air super – sauf que le « sujet » n’a pas réagi. « L’hypnotiseur » m’a dit : « Elle me combat. Pouvez-vous lui dire de coopérer ? » J’ai lui ai demandé (au sujet) ce qui, selon elle, ne marchait pas. Elle a répondu : « Il me semble ne pas le comprendre. S’il pouvait me montrer ce qu’il veut dire, je coopérerais ! » Je lui ai demandé si elle était déjà allée à la plage lorsqu’elle était enfant et si elle avait enterré ses jambes dans le sable. Ses yeux bougeaient en haut à gauche, elle a souri et me regardait à nouveau pour me dire : « Bien sûr ». Je lui ai demandé alors de regarder à travers la pièce et de se voir petite fille, à la plage. Après un moment, elle acquiesçait et continua à « regarder à travers la pièce ». Je lui ai demandé de « voir cette petite fille avec ses jambes enterrées dans le sable agréablement chaud ». Elle a commencé par regarder fixement avec attention et puis acquiesça lentement avec sa tête. J’ai dit : « Bien. Maintenant… voyez-vous flotter dans cette image, et continuez à vous souvenir de ces sentiments et puis fermez vos yeux et appréciez tout cela. » En une seconde ses yeux se sont fermés, son rythme de respiration s’est ralenti et elle est restée comme cela pendant plusieurs minutes. Lorsqu’elle a ouvert les yeux, elle a dit : « C’était génial ! Je pouvais même sentir la plage et j’avais l’impression d’être tellement plus relaxée. » Dans l’expérience ci-dessus, la femme est passée de la « résistance » à la réponse, en lui permettant d’utiliser son système (V) au lieu de tenter de lui faire utiliser le système de « l’hypnotiseur » (K). Maintenant, ne sautez pas à des conclusions. Cet exemple est seulement le sommet d’un très intéressant iceberg. Même si faire correspondre des systèmes est une partie importante de l’utilisation, ce n’est qu’une petite partie. En continuant, maintenant, à lire et à apprendre, je sais que vous découvrirez bientôt comment utiliser n’importe laquelle et toutes les parties du comportement d’un individu pour atteindre la destination désirée. Mon intention est de citer plusieurs exemples comment j’utilise l’utilisation en vous donnant une explication brève.

EXEMPLE 1 Une femme de 27 ans disait avoir été chez plusieurs hypnothérapeutes qui n’ont pas pu l’hypnotiser. Je lui ai demandé ce qui, selon elle, l’empêchait d’entrer en hypnose. Elle m’a expliqué qu’ils lui avaient tous demandé de se relaxer, mais qu’elle restait toujours tendue (ce que démontraient sa posture générale et aussi ses mâchoires serrées). Elle m’a confié que plus elle essayait de relâcher, plus elle devenait tendue et plus elle se fâchait. Alors qu’elle terminait ses explications, j’ai souri, hoché la tête et dit : « Hey, si vous saviez comment vous relâcher si facilement, vous n’iriez probablement pas voir un hypnothérapeute. » Elle a ri et répondit : « Vous avez raison ! Je n’y ai pas pensé de cette façon ! » Je lui ai demandé alors de fermer ses yeux, de se concentrer sur la tension et de la sentir complètement. Après un court moment, je lui donnais l’instruction de sentir réellement la tension dans les bras et les épaules et juste un instant, d’oublier les autres zones enfin de me faire signe de la tête quand c’était fait. En quelques secondes elle acquiesça et j’ai dit : « Maintenant, j’aimerais que vous permettiez à votre partie créative de vous donner une image claire de ces muscles tendus. Je sais que cela a l’air étrange, mais cette partie de vous peut bientôt vous surprendre. » Lorsqu’elle acquiesça après environ une minute, je lui ai demandé de garder les yeux fermés pour me décrire l’image qu’elle était en train de voir. (A ce stade, il y eut une réduction visible du serrement des mâchoires et son rythme de respiration s’est ralenti et approfondi). Elle a décrit les muscles tendus comme « des cordes épaisses, rouges et roses avec des 101

nœuds tous les trois centimètres. » Je lui ai dit que c’était très bien et puis lui ai demandé de permettre à cette partie d’elle de se souvenir des sentiments de relaxation, de lui donner une image claire de « ces » muscles relaxés. Après un court moment elle a dit : « Ils ont l’air des grands spaghettis roses, seulement le rose est plus doux qu’avant. » Je lui ai demandé de répéter la procédure, puis avec ses jambes – oubliant les bras – puis avec son estomac – oubliant les autres zones – et de le faire dans son esprit sans parler. Alors qu’elle exécutait les instructions, son rythme de respiration continuait à ralentir et elle montrait un degré de relaxation physique. Près de vingt minutes plus tard, elle ouvrait ses yeux (lentement et avec un certain effort) et a dit : « C’était intéressant. Et la suite ? » Je lui ai fait remarquer que notre temps était écoulé et cela l’a profondément surprise. Au rendez-vous suivant, elle souriait, ce qui était un changement considérable par rapport à sa première venue. Elle m’a raconté qu’elle « pensait » avoir été moins tendue lors de cette dernière semaine et que son mari trouvait qu’elle semblait plus calme. Si elle n’était pas certaine d’avoir été moins tendue, elle était sûre d’avoir beaucoup mieux dormi. (La façon de serrer les mâchoires, montrait aussi une réduction substantielle). Je lui ai demandé de fermer les yeux pour que nous puissions continuer ce que nous avions commencé. Aussitôt les yeux fermés, presque instantanément, un ralentissement de sa respiration est apparu. Je l’ai conviée à choisir une zone de tension, de s’y concentrer jusqu’à la sentir complètement afin d’en obtenir une image de cette zone et de voir si l’image a changé. Après plusieurs minutes, elle a ouvert ses yeux et elle m’a dit : « Bien, c’est toujours des cordes avec des nœuds, mais les nœuds ont l’air desserrés. » « Comme vous vous êtes senti » ai-je répondu. Je lui ai demandé de fermer à nouveau les yeux et d’obtenir une image de la corde nouée et de me la signaler en levant sa main gauche de quelques centimètres pour un « oui », ce qu’elle a fait. Puis, je lui ai dit : « Vous avez appris à obtenir une image de vos ressentis. Maintenant, j’aimerais que vous continuiez vos « apprentissages » en obtenant un ressenti d’une image. Demandez à cette partie de vous qui se souvient comment se relaxer… MAINTENANT… de vous donner une image claire de vos muscles relaxés. Lorsque vous l’aurez accomplie, vous savez comment signaler « oui ». Lorsqu’elle fit le signal (lever sa main gauche de quelques centimètres) j’ai dit : « Maintenant continuez à regarder cette partie en train de vous aider à obtenir ce sentiment de détente et jusqu’à ce qu’elle vous signale par « oui » qu’elle est prête. Vous serez surprise quand vous signalerez « oui », cette main (à ce point j’ai touché légèrement sa main gauche) sera si relaxée qu’elle voudra flotter vers votre visage. Je dois avouer que je n’ai aucune idée de l’endroit où cette main se posera sur votre visage. Je me fie à cette partie créative en vous pour décider à notre place. » En quelques minutes, non seulement elle avait l’air d’être « dans cet état », mais en plus sa main gauche commençait une lente montée vers le visage.

EXEMPLE 1 : EXPLICATIONS Cette femme présentait une capacité bien développée – à être tendue. Il y a ceux qui peuvent soutenir que la tension n’est pas une capacité. Après réflexion je sais qu’ils vont reconnaître que la tension dans des circonstances appropriées serait une réaction appropriée. Toutefois, l’individu a perdu sa capacité à choisir le bon moment pour utiliser cette compétence. Plutôt que de tenter de la soumettre à mon modèle, j’ai décidé d’utiliser les siens. Lorsque j’ai déclaré : « Hey, si vous saviez comment être relaxée si facilement etc. », j’ai signalé l’acceptation de son modèle, en étant de son côté, tout en établissant un rapport. Sa réponse a indiqué que cela avait réussi. En lui demandant de sentir la tension, j’ai utilisé son expertise, afin d’assurer sa réussite et 102

commençais, en même temps, les processus de suggestion indirecte. En la dirigeant vers la zone à « sentir » en premier, j’ai l’incitée à accepter ma direction. Lui demander de « voir » de quoi la tension avait l’air, représentait, en fait, le premier pas qui lui a permis de dissocier : Tension = K = changer K en V = déconnecter ou dissocier du sentiment (K). Lui demander de permettre à « cette partie » qui « se souvient » des sentiments de relaxation, etc. était une série de communications inconscientes (suggestions) : 1) il existe une autre partie d’elle que celle à laquelle elle était habituée ; 2) que quelque part, à un moment, elle était relaxée ; 3) elle pouvait se souvenir de ce sentiment. Lorsque je lui ai demandé de fermer les yeux au début de la deuxième séance, elle a modifié immédiatement son rythme de respiration qui a indiqué qu’elle avait « fait la connexion » et qu’elle avait appris à se relaxer. En lui demandant de signaler en levant la main gauche lentement pour « oui » j’ai mis en place une réponse idéomoteur, tout en structurant le début d’une lévitation de main possible. (Toucher sa main légèrement égale un renforcement K de la suggestion verbale) Puisqu’elle a montré sa capacité à transformer des expériences kinesthésiques en expériences visuelles, l’aider à transformer des expériences visuelles en expériences kinesthésiques était utiliser simplement ce qu’elle « savait » déjà faire, mais le redirigeant. En utilisant ses « capacités », « croyances » et « systèmes » (V-KA) elle a non seulement atteint ce qu’elle était auparavant incapable d’atteindre (l’état hypnotique), elle a aussi gagné la compétence de faire partir sa tension en image. En résultat, son serrement de mâchoires « s’est dissipé » et elle est devenue une personne beaucoup plus calme en général.

EXEMPLE 2 Pendant un séminaire d’Hypnose Clinique : Technique Innovante® j’ai demandé aux participants de s’entrainer à une induction miroir/feed-back. Cette méthode d’induction demande à « l’hypnotiseur » de copier la position physique et les gestes du « sujet » et de faire un retour verbal de ce que fait le sujet. Puis, « l’hypnotiseur » commence lentement à mener le « sujet » à l’état désiré. Pendant que j’ai observé la séance pratique, j’ai remarqué quelque chose d’intéressant dans un groupe. « L’hypnotiseur » et le « sujet » était en parfaite synchronisation et chacun regardait fixement et attentivement l’autre. Je me suis approché du groupe et j’ai entendu « l’hypnotiseur » dire « et maintenant vous pouvez fermer les yeux. » Le « sujet » continuait à regarder fixement sans cligner, sa respiration était très profonde et elle était complètement immobile. Après quelques instants « l’hypnotiseur » a dit : « Bien, quand vous voulez vous pouvez fermer les yeux. » Le « sujet » continuait à regarder fixement. Puisqu’ils étaient en train de se refléter si bien et puisque le « sujet » était « accroché » à « l’hypnotiseur » je pouvais supposer qu’il a fait du bon travail en préparant le terrain. Pourtant le « sujet » ne répondait pas aux suggestions de « l’hypnotiseur » de fermer les yeux ». Je me suis mis dans le champ de vision du « sujet » (j’étais débout pendant que le groupe était assis) Après un moment, j’ai monté lentement ma main droite, commençant à hauteur de ma taille et m’arrêtant à ma joue. Alors que ma main montait, les yeux du sujet se sont déplacés et l’ont suivi. Quand ses yeux ont rencontré les miens, j’ai acquiescé deux fois, très lentement. Comme elle continuait de me fixer, j’ai cligné très lentement deux fois, acquiescé encore deux fois, puis, j’ai fermé mes yeux pour trois ou quatre secondes. Quand je les ai ouverts, le sujet a fermé les siens et j’ai dit : « C’est cela ! Maintenant prenez tout le temps dont vous avez besoin pour vous voir dans un endroit agréable, pendant que vous continuez de vous relaxer plus profondément. Puis, allez là où vous avez besoin de découvrir quelques capacités ou compétences qui peuvent être utiles dans votre vie pour résoudre des 103

problèmes… Maintenant! Lorsque cette partie créative en vous comprend comment utiliser ces capacités dans des situations présentes et futures, il sera temps de revenir ici. Assurezvous d’amener tous ces bons sentiments avec vous ici. » Lorsque le sujet a bougé d’abord ses yeux vers les miens, « l’hypnotiseur » a regardé rapidement vers moi, puis est revenu au sujet. Après avoir donné la suggestion verbale au sujet, j’ai dit à l’hypnothérapeute : « Puisque vous avez regardé et que vous l’avez si bien suivi vous savez quoi faire. » Avec cela j’ai posé mes doigts légèrement sur ses paupières. Ses yeux se sont fermés, son corps s’est relâché et j’ai dit : « Vous avez entendu ce que je lui ai demandé de faire alors maintenant vous pouvez faire la même chose différemment… à votre manière. » Après environ dix minutes, l’homme a ouvert les yeux et quelques secondes plus tard la femme a ouvert les siens. Ils se sont regardés l’un l’autre et les deux ont commencé à rire. (Vous pourriez dire qu’ils continuaient à se copier).

EXEMPLE 2 : EXPLICATIONS Je n’avais aucun moyen de savoir ce qu’était le système général favori de la femme (sujet) mais je pouvais voir qu’elle regardait fixement sans cligner. Cela m’a indiqué qu’à ce moment-là, elle était dans son système visuel. Puisqu’ils (sujet et hypnothérapeute) se copiaient l’un l’autre, je pouvais également supposer que l’homme faisait un excellent travail en la guidant dans un état altéré d’une certaine sorte, pourtant il était « dans le chemin du sujet ». Il était dans son chemin en lui donnant des instructions verbales de faire une chose (fermer les yeux) pendant qu’il lui « montrait » autre chose (il regardait fixement). Puisqu’elle se trouvait, à ce stade, dans un état (altéré) totalement visuel, elle était, en fait, en train de répondre… à ce qu’elle voyait. En dirigeant ses yeux vers les miens, je pouvais alors lui « montrer » ce qui était attendu. Pour le reformuler en termes d’utilisation, j’ai utilisé son état (V) pour la mener à l’état que j’ai désiré. Pour « l’hypnothérapeute » la même utilisation s’appliquait. Puisqu’il regardait fixement, la copiait et lui répondait lorsqu’elle a fermé les yeux, il était prêt à la suivre. Je lui ai simplement donné un « coup de pouce ».

COMMENTAIRES De nombreuses personnes qui s’engagent dans la pratique de l’hypnose et presque tous les débutants en hypnose ont été hypnotisé pour croire que l’état hypnotique demande une fermeture des yeux. Cela n’est pas le cas ! La plupart des gens et peut-être tous peuvent entrer ou être en état hypnotique avec leurs yeux grands ouverts. Il y a quelques experts dans le domaine d’hypnose qui soutiennent que la fermeture des yeux rend les tâches à accomplir (peu importe ce qu’elles puissent être) plus facile pour le sujet. Bien que je sois en général d’accord, il y a des exceptions à cette « règle ». J’ai travaillé avec beaucoup de gens qui réagissaient mieux, les yeux ouverts. Dans certains cas, la fermeture des yeux arrête, en fait, le traitement de l’information et la réaction de l’individu. Je crois que la plupart des hypnothérapeutes demande la fermeture des yeux pour leur propre confort. J’ai observé des douzaines d’hypnothérapeutes « se mettre dans tous leurs états » lorsqu’un sujet les regardait fixement. Même si tous les signes d’un état hypnotique satisfaisant sont réunis, l’hypnotiseur interrompt l’état du sujet uniquement parce qu’être regardé le dérange. J’espère que vous allez apprendre à accepter le droit pour le sujet d’entrer en hypnose les yeux ouverts et d’utiliser cette situation comme un autre choix, tout simplement.

EXEMPLE 3 104

Pendant une démonstration dans une université locale pour un groupe de dentistes et leurs assistants, il est arrivé la chose suivante : Un dentiste s’est levé et a dit : « Alors que j’essaie d’utiliser un peu d’hypnose dans mon travail, je ne peux être hypnotisé moi-même. Je pense que mes patients sentent mon échec et résultat, je ne réussis pas très bien l’hypnose. » Je me suis renseigné alors sur ce qu’il se produisait quand il était le « sujet ». Il m’a dit se sentir le combattre et se tendre. Il a déclaré également qu’il n’aimait pas être contrôlé. Quand plus tard, nous passions de la conférence à la section médicale dentaire, il m’a demandé si je pouvais « essayer » de l’hypnotiser. Je lui ai demandé, quel phénomène hypnotique il avait besoin d’éprouver pour être satisfait. Il a expliqué : « L’anesthésie, quelque part dans mon corps. » Je l’ai invité à prendre place dans le siège dentaire, ce qu’il a fait. J’ai pris une serviette blanche et je l’ai mise dans sa main gauche puis j’ai dit : « Ok, je vais vous aider à ressentir l’hypnose, mais d’abord je veux tester votre soi-disant ‘contrôle’. » J’ai commencé en positionnant son bras gauche tout droit sur le côté de son corps, horizontalement. Je lui ai dit : « Maintenant, votre travail est de tenir cette serviette aussi fermement que vous pouvez. Quand vous ne vous y attendrez pas je vais la tirer. Je pourrais marcher derrière vous et m’approcher ou je l’attraperai tout simplement. » Son bras s’est raidi et il avait une « prise béton » qui entourait la serviette puis il a dit : « Non, vous n’y arriverez pas ! » A ce stade, j’ai fait plusieurs mouvements comme si j’essayais d’attraper la serviette. Sa concentration intense sur la serviette et sur moi a augmenté. Après quelques autres « tentatives » j’ai fait un pas derrière lui et j’ai dit : « Tenez-vous prêt, je me mets là, où vous ne pouvez pas me voir et quand vous vous y attendrez le moins, je surgirai pour la prendre. » A ce stade, son bras gauche fut cataleptique depuis plusieurs minutes. Pour un observateur entrainé aux phénomènes hypnotiques, il était visible qu’il se trouvait dans « cet état ». Cependant, lui n’en ressentait pas encore la « preuve ». Lentement, avec ma main gauche, j’avançais vers sa main gauche. Au même moment, j’ai posé ma main droite doucement sur son bras droit. Puis j’ai levé lentement son bras droit de l’accoudoir. J’ai tenu son bras levé pendant quelques secondes et puis, j’ai lâché. Son bras droit est resté en l’air sans bouger et il a continué à regarder fixement la serviette dans sa main gauche. J’avais prévu de ne pas aller plus loin, mais l’enseignant du groupe avait un autre but en tête. Sans que je le sache, il a pris une aiguille stérile dans le tiroir. Pendant que je continuais à faire mine d’attraper la serviette, l’enseignant a enfoncé l’aiguille dans la partie de chair entre le pouce et l’index de la main droite du sujet. (Lorsque j’ai vu ce qu’il avait fait, j’étais tellement surpris que j’ai pensé être entré dans « cet état » moi-même). Le sujet ne bougeait pas un muscle et ne se rendait pas compte de ce qui se passait. Il montrait tous les signes d’une ignorance totale de « son état ». Nous, les participants et enseignants étions en train d’observer le sujet pendant que lui, il continuait à regarder fixement la serviette, sans mouvement ni commentaire. Après trois ou quatre minutes il a regardé en haut et a dit : »Bien, rien ne se passe. Quand est-ce que vous allez commencer ? » Tout le monde a éclaté de rire et il a dit : « Qu’est-ce qui est si drôle ? » Il a regardé autour de lui vers le groupe. Il a vu tout un coup l’aiguille dans sa main et s’est exclamé : « Quand est-ce que cela est arrivé ? Je ne l’ai même pas senti ! »

EXEMPLE 3 : EXPLICATIONS Dans ses commentaires initiaux, le sujet avait indiqué que non seulement le contrôle était une question majeur pour lui, mais aussi qu’il était fier de son « contrôle ». L’utilisation demandait simplement de lui donner quelque chose à contrôler – la serviette – et « l’aider » à se soucier de son contrôle (ma menace de prendre la serviette). Comme je vous l’ai déjà dit, 105

les gens entrent souvent dans leur propre état hypnotique pour éviter celui de quelqu’un d’autre. M'appuyant sur cela, je pouvais être sûr qu’il entrerait en hypnose pour éviter mon « contrôle ». Il était également à parier qu’aussi longtemps que je ne lui faisais pas remarquer ce fait, il coopérerait, en « contrôlant » tout. Quant à son analgésie développée spontanément ceci n’est pas un fait rare : beaucoup d’individus développent spontanément une analgésie partielle ou totale en entrant dans l’état hypnotique (Erickson M. & Rossi E., 1979 ; Kroeger, 1963)

EXEMPLE 4 J’ai été invité à donner une conférence et à faire une démonstration sur le sujet de l’utilisation comme méthode d’induction hypnotique. Pendant une séance de questions/réponses on m’a demandé de donner un exemple de l’utilisation avec une personne qui avait « une peur de perdre de contrôle ». J’ai commencé à raconter au groupe l’incident cité en exemple trois ci-dessus. Comme j’ai expliqué ce qui s’est passé, j’ai tenu mon bras droit vers le côté horizontalement par rapport au sol, comme si je tenais la serviette. J’étais en train de « montrer » au groupe ce qui s’était produit. Pendant mon récit, j’ai remarqué quelque chose d’intéressant dans le comportement d’un homme au premier rang. Il regardait fixement et attentivement à ma main droite, sans cligner les yeux et sans bouger son corps. J’ai continué mon récit et à un moment, je suis descendu de la scène, gardant mon bras droit en position fixe. J’ai marché lentement vers l’homme et je lui ai dit : » Et quelle est la couleur de la serviette que vous…VOYEZ MAINTENANT . » Il a répondu : « Blanc…c’est une serviette de table blanche. » J’ai dit : »C’est cela ! Maintenant…j’aimerais que vous la teniez pour moi. » Il a tendu son bras et je lui ai donné « la serviette » dans la main gauche. Ensuite, j’ai doucement étendu son bras gauche, droit devant son corps. Puis j’ai dit : « Lorsque vous fermez les yeux, j’aimerais que vous continuiez à voir la serviette [ses yeux se fermaient] et puis continuez à aller où vous avez besoin d’aller … MAINTENANT… pour vous rappeler quelque chose d’agréable à utiliser pour vous… MAINTENANT. » Le bras de l’homme restait en catalepsie et il resta assis, les yeux fermés, sans bouger pendant presque dix minutes. Pendant ce temps, j’ai continué mon explication sur ce qui s’était passé à la réunion dentaire (exemple trois ci-dessus). L’homme a ouvert lentement les yeux, a baissé le bras et a dit : « Vous m’avez hypnotisé ! Je ne peux pas le croire, mais je sais que c’est arrivé. » Après la conférence, il s’est approché de moi pour me demander s’il pouvait prendre rendez-vous pour venir me voir dans mon bureau. Avant de pouvoir répondre, un monsieur plus âgé nous a interrompu et a dit : « Si je n’avais pas été là, je ne l’aurais pas cru ! Joe [ce n’est pas son vrai nom] a consulté une douzaine d’hypnothérapeutes pendant les dernières dix années et aucun n’avait été capable de l’hypnotiser !» « Vous rigolez » ai-je répondu « Je n’avais pas besoin de faire quoique ce soit. Il a tout fait lui-même. Peut-être que si j’avais su à quel point c’était impossible, j’aurais pu échouer aussi. » Joe énuméra alors une liste impressionnante d’hypnothérapeutes bien connus qui ont « échoué » avec lui. J’ai répondu « Vous voulez dire que vous avez réussi à échouer à aller là où ils voulaient que vous alliez et qu’au lieu de cela vous êtes allé où vous vouliez ? » Il acquiesça énergiquement de la tête pour ajouter : « Oui…je veux dire non…bien, je pense que oui. » J’ai souri et dit : « Vous deviez être scout indien n’est-ce pas ? » Il m’a regardé fixement et a dit : « Qu’est-ce que cela veut dire ? » J’ai répondu : « Vous semblez très fier de tous les scalps que vous avez collectionnés ! »

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EXEMPLE 4 : EXPLICATIONS Je ne peux qu’avancer certaines hypothèses quant à savoir pourquoi autant d’hypnothérapeutes bien connus ont « échoué » avec Joe. Premièrement, je ne pense pas qu’ils ont échoué. Joe est un sujet hypnotique « naturel ». Cependant, il est aussi le genre d’individu aux idées préconçues sur la façon dont les choses devraient être faites. (Ceci fut prouvé plus tard quand nous nous sommes vus à mon bureau) Il était à parier que Joe entrerait en hypnose à sa façon unique et qu’il n’aimerait ni les ordres ni les suggestions directes. Deuxièmement, Joe est ce que j’appelle un « visuel de visuel » - c’est-à-dire, il hallucine bien avec ses yeux grands ouverts. En fait, il regarde fixement devant lui et se fait des « films ». Puisque la plupart des inductions hypnotiques tentent de « provoquer » ou « forcer » la fermeture des yeux, Joe réagirait probablement en regardant fixement devant lui. Dès que Joe a été incité à faire le « film », il partait presque automatiquement dans l’état hypnotique. Pendant la conférence, Joe a « vu » la serviette et a fait son « film » personnel. En le questionnant sur la couleur de la serviette, j’ai accepté en fait sa façon de réagir au lieu d’essayer de le faire à ma façon. En lui demandant de tenir la serviette, j’ai utilisé son « film » pour le rediriger vers un but. Dans ce cas, le but était de produire un état formel altéré. Puisqu’il visualisait si bien, il était à parier qu’il se déconnecterait plus ou moins de son expérience kinesthésique. De cette façon, il ne savait pas où j’avais mis son bras, ce qui rendait une catalepsie facile.

EXEMPLE 5 Cet exemple est vraiment une consolidation de plusieurs personnes qui viennent sous le titre « oppositionnel » ou « paradoxal ». Les individus de cette catégorie tendent non seulement à faire et à réagir exactement à l’opposé de ce que vous attendez mais ils ont aussi tendance à rendre les thérapeutes « UN PEU FOU ! » en général. Les plaintes du patient expriment qu’il ne s’entend pas avec les gens en général et qu’il ressent de la colère lorsqu’il reçoit des ordres. Le patient avait « essayé » d’être hypnotisé mais il « ne se permettait pas de réagir ». Moi : Je crois que votre capacité à décider pour vous-même est utile. Le problème, tel que je le vois, est que vous avez perdu la compétence d’être souple ou de pouvoir choisir le moment d’être têtu. Pat : Êtes-vous en train de dire qu’être têtu n’est pas mauvais et que je ne dois pas m’en débarrasser ? Moi : C’est cela ! Cependant un patient m’a dit une fois qu’être adulte était aussi de faire ce qui est dans votre meilleur intérêt, même si quelqu’un d’autre le suggérait ! Pat : Je ne suis pas d’accord, je… Moi : [interrompant] C’est bon. Je suis heureux que vous ne soyez pas d’accord. Maintenant j’aimerais que vous continuiez à m’aider en refusant de faire ce que je vous dis. Pat : Vous voulez dire que vous voulez que je vous combatte ? Moi : Oui ! Vous allez beaucoup m’aider en continuant à ne pas coopérer.

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Pat : Ok, c’est facile ! Moi : Attendez une minute. Vous venez juste d’être d’accord avec moi. Ce n’est pas juste. C’est coopérer. Pat : Quoi ? Je suis confus. Moi : Bien. Maintenant vous l’avez compris. Continuez de le faire de cette façon. Maintenant, je ne veux pas que vous leviez votre bras gauche. Pat : [Lève lentement son bras gauche avec un regard confus] Moi : Ne gardez pas votre bras juste comme cela. Pat : [le bras reste parallèle au sol et raide] Moi : C’est bien. Maintenant je veux que votre bras droit devienne très léger. Pat : [son bras droit appuie vers le bas] Moi : Merci, vous faites vraiment un bon travail en m’aidant à ne pas aider. Pat : [commence à avoir un regard vitreux] Je suis vraiment confus, je ne sais pas quoi faire après. Moi : Bien… descendez votre bras gauche. Pat : [réagit en baissant son bras gauche] Moi : Non ! Non ! Maintenant vous coopérez en faisant ce que je vous demande. Je veux que vous coopériez en ne faisant pas ce que je vous demande. Pat : Ma tête tourne. Je ne sais pas quoi faire après. Moi : Bien, n’allez pas en hypnose… MAINTENANT… au lieu de cela continuez à me regarder fixement ! Pat : Quoi ? [il regarde fixement un moment puis les yeux se ferment et un air de soulagement traverse son visage] Moi :Maintenant arrêtez de vous relaxer si profondément si vite. Pat :[se raidit puis se relaxe visiblement] Moi : Peu importe ce que vous faites, glissez seulement aussi profond que vous le décidez… MAINTENANT… et ne laissez pas ce bras devenir léger et flotter [en ne spécifiant pas quel bras, donc il peut faire les deux : résister ou s’exécuter]

EXEMPLE 5 : EXPLICATIONS Je pense que l’exemple ci-dessus parle de lui-même. En utilisant le caractère d’opposition du patient, j’ai structuré un double-lien (ou peut-être plusieurs) : Le patient pouvait coopérer 108

en ne faisant pas ce que je lui demandais ou coopérer en faisant ce que je lui demandais. Peu importe la méthode qu’il choisirait. Mon expérience est qu’après deux ou trois séances de la folie ci-dessus, le patient arrête de s’opposer en thérapie. Plus important, ils arrêtent de s’opposer à tout dans le monde réel.

EXEMPLE 6 : L’exemple suivant s’est produit pendant un séminaire avec des médecins d’un hôpital local. Après avoir montré plusieurs méthodes d’induction rapides et de techniques d’utilisation, j’ai demandé au groupe de pratiquer ensemble. Pendant que la plupart des personnes du groupe s’exerçait, un jeune médecin m’a approché et m’a dit : « J’aimerais vraiment être capable de ressentir l’hypnose, mais pour moi c’est impossible. » Je lui ai demandé s’il me permettait de l’utiliser comme sujet quand le groupe aurait fini son exercice. Il était d’accord. Lorsque le groupe eut fini la séance, j’ai demandé au Dr. « S » de venir devant et de s’asseoir. J’ai alors expliqué au groupe que le Dr « S » croyait qu’il lui était impossible d’entrer en état hypnotique et puisque c’est ce qu’il croyait, je me devais d’accepter sa vérité. J’ai ensuite fait remarquer qu’en tant que médecins, ils n’étaient pas obligé de subir une intervention chirurgicale pour exécuter une chirurgie, et qu’ils n’étaient pas non plus obligés d’avoir une maladie pour la diagnostiquer. Je me suis tourné vers le Dr « S » et j’ai dit : « Est-ce que vous seriez d’accord avec ce que je viens de dire ? » Il acquiesça de la tête et a dit : « Oui, cela a du sens. » Moi : Maintenant, vous êtes ici pour apprendre quelque chose sur l’hypnose ainsi que vos collègues, c’est exact ? [il fit « oui » de la tête] Puisque vous n’avez pas besoin de la chirurgie pour apprendre à exécuter une chirurgie, il va sans dire que vous n’avez pas besoin d’être hypnotisé pour apprendre comment produire un état hypnotique. «S» : Oui, cela fait du sens aussi. Moi : Bien, nous sommes d’accord. Maintenant, je vais vous demander de prétendre simplement que vous êtes un super sujet hypnotique. Cela va permettre à vos collègues d’apprendre beaucoup de choses et bien sûr à vous aussi. C’est ok pour vous ? «S» : [Le Dr «S» fait « oui » avec la tête] Bien sûr, j’aimerais aider. Moi : Maintenant, pour prétendre que vous êtes un bon sujet, quelle serait la position de votre corps si vous étiez en hypnose ? «S» : Je pense relaxée et relâchée. Moi : Relaxée et relâchée…bien…pouvez-vous me montrer, de quoi cela a l’air ? «S» : [il réarrange sa position du corps en une position relaxée] Moi : Comment serait votre tête… toute droite comme maintenant ou un peu vers le bas contre votre poitrine ? «S» : Je pense qu’elle serait un peu vers le bas… comme cela [il baisse la tête] Moi : Les yeux ouverts ou fermés… MAINTENANT ?

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«S» : Fermés [il ferme les yeux] Moi : Bien ! Maintenant, prétendez que vous allez entrer dans un état hypnotique profond, j’aimerais que vous ressentiez, en vous, ce que cette expérience serait pour vous. Plus tard vous pourrez tous nous raconter. «S» : [il acquiesce lentement, la respiration se ralentit visiblement] Moi : [Supposé m’adresser à l’audience mais en réalité, dirigé vers le Dr «S»] Maintenant, s’il était vraiment en hypnose, je lui demanderais de prendre son temps pour découvrir… MAINTENANT… où il a appris à croire qu’il devait garder certaines limitations et de découvrir dans son intérieur créatif ce dont il a besoin pour avoir au moins trois nouveaux choix [pause pendant trois ou quatre minutes] J’aimerais aussi lui demander de continuer à apprendre et à nous ignorer et de ne pas revenir ici et maintenant jusqu’à ce que son esprit inconscient soit satisfait quant à ses nouveau choix. A ce stade, le Dr «S» semblait être « parti loin » et montrait toutes les manifestations classiques d’une transe : respiration lente et profonde, immobilité, relaxation physique totale et aucune réaction aux bruits ni aux questions de l’audience. Le Dr «S» a continué à « prétendre » être en hypnose pendant que je tenais une séance de questions/réponses. Cela a duré dix minutes et nous avons tous regardé le Dr. «S». Ensuite, j’ai annoncé : « Il peut continuer aussi longtemps qu’il veut et aussi longtemps qu’il sera nécessaire, peu importe lequel des deux arrive en premier. » J’ai passé encore quinze minutes à répondre aux questions et puis la réunion touchait à sa fin. Il y avait juste un petit problème. Le Dr. «S» continuait à « prétendre » être dans cet état. Plusieurs médecins sont venus et ont regardé le Dr. «S» assis en train de « prétendre ». Un des médecins a dit : « Quand est-ce qu’il va sortir ? » J’ai répondu : « Normalement, il faudra le laisser continuer aussi profondément et aussi longtemps qu’il lui est nécessaire de continuer. Toutefois, puisque tout le monde attend pour partir, vous pourriez lui dire qu’il peut continuer à apprendre après d’être revenu ici et il retournera ici quand il réalisera maintenant à quel point sa vessie est remplie. » En deux minutes, le Dr. «S» a commencé à bouger sur sa chaise et puis a ouvert les yeux. Il a dit : « Qu’est-ce qui s’est passé ? Où sont-ils passés ? Je dois aller aux toilettes rapidement. »

EXEMPLE 6 : EXPLICATIONS Puisque le Dr. «S» s’est inscrit au programme il était en toute probabilité là pour apprendre. D’un autre côté, il « croyait » qu’être hypnotisé était impossible pour lui. La tâche, par conséquent, était de trouver une façon d’utiliser ces deux facteurs d’une manière acceptable pour lui. Accepter en énonçant devant le groupe que pour lui, il était impossible d’être hypnotisé, « utilisait » cet aspect. Mettre l’accent sur l’aspect d’apprentissage du séminaire et ensuite, lui demander de « prétendre » dans le but d’apprendre, utilisait cette partie. En structurant la situation pour qu’il puisse simplement « prétendre », lui a permis de croire que c’était toujours « impossible » et pourtant, il pouvait toujours apprendre par simulation. Bien sûr, si vous prétendez lever votre main droite, vous allez, dans la plupart des cas, effectivement la lever.

EXEMPLE 6 : COMMENTAIRES ET SUIVI

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Demander à un sujet ou à un patient de prétendre est, en soi, une technique puissante d’utilisation. Prétendre provoque des souvenirs de ces aspects nécessaires pour « prétendre ». J’ai demandé à des individus de prétendre qu’ils savaient ce qu’il fallait faire pour résoudre un problème spécifique ou de dépasser une peur, etc. Dans la grande majorité des cas, leurs prétendues réponses sont des clés importantes pour ouvrir les bonnes portes. De plus, l’approche « prétendre » est une technique puissante d’induction. Lorsqu’un sujet vous raconte ce qu’il ressentirait s’il était « vraiment en hypnose » il vous a donné, dans la plupart des cas, la carte exacte à suivre. Enfin et surtout, à la suite de ses expériences hypnotiques « prétendues », le Dr. «S» a senti des changements dans certains domaines importants de sa vie. Plusieurs semaines après son expérience, nous déjeunions ensemble. Il m’a raconté que sa femme et lui avaient quelques difficultés et qu’il « n’arrivait plus » à avoir des relations sexuelles avec elle depuis presque un an. Sa femme avait déclaré qu’il était presque toujours tendu et qu’il « lâchait » rarement prise. Il m’a confié que depuis le séminaire, il avait commencé à se relâcher, trouvait plus facile de « laisser les choses arriver » et qu’il devenait sexuellement actif avec sa femme. En plus, il m’a informé que pendant la semaine suivant le séminaire, il avait eu tendance à « partir et perdre la notion de tout, chaque fois que j’étais seul et que je n’avais rien d’important à faire. » Je lui ai confirmé qu’il était un excellent hypnothérapeute et que ses capacités à ne pas comprendre l’aidaient à gagner en compréhension.

EXEMPLE 7 : « B », un médecin de 38 ans, vint avec une « liste » de problèmes très soigneusement établie. Il m’a informé que sa liste hiérarchisait l’importance des problèmes. « B » m’a raconté qu’il avait pris plusieurs cours d’hypnose « professionnel » (Je présume que d’autres cours étaient pour lui « non-professionnels ») et qu’il avait participé à de nombreux ateliers sur l’hypnose. Il a également déclaré utiliser souvent l’autohypnose, mais il était incapable de résoudre ses problèmes avec cette approche. Par ailleurs, «B» en psychothérapie pendant presque un an, m’affirmait avoir fait très peu ou pas de progrès. Je lui ai demandé pourquoi il continuait depuis un an, alors que selon lui, cela ne produisait rien. Il m’a répondu : « J’aime finir ce que j’ai commencé et je suis un homme très patient. » Lorsque je lui ai demandé ce qu’il faisait pour se relaxer, il a répondu : »Quand je veux me relaxer, je me retire plus ou moins. J’arrive à cela en mettant un peu de musique à un volume très bas. Puis je ferme les yeux et je me mets vraiment à l’écoute de la musique. Puis je commence le processus de glissement. » (Je me demande, si vous, le lecteur, avez trouvé ce qui est son système conscient préféré ?) Après avoir rassemblé un peu plus d’informations, je lui ai raconté plusieurs métaphores. La portée de ces métaphores fut de lui « rappeler » que nous faisions beaucoup de choses sans réfléchir spécifiquement à chaque détail point par point. Je voulais qu’il se rappelle qu’il y a beaucoup de domaines dans lesquels nous nous reposons sur nos processus inconscients ; que cela libère notre esprit « logique » pour autre chose. (Je suis sûr que vous, le lecteur pouvez « voir » que « B » est une personne très logique : les problèmes sur une liste, étudier l’hypnose systématiquement, etc. Vous pouvez… RECONNAÎTRE MAINTENANT… que son système préféré est auditif.) Quand je lui racontais une métaphore je me penchais légèrement vers la droite et en parlant doucement d’un ton monotone (rappelez-vous la musique). Lorsque je lui donnais une information soi-disant « factuelle et logique » je me penchais à ma gauche en parlant plus rapidement, avec un ton plus animé. Peu de temps après, lorsque je me penchais à droite en 111

changeant à une voix monotone, « B » ne bougeait plus et regardait fixement. Lorsque je me penchais à gauche il « gigotait » et son visage s’animait. Vers la fin de notre première séance « B » m’a dit : « Je sais que vous me faites quelque chose. Je peux le sentir mais je n’arrive pas à mettre la main dessus. Vous n’êtes pas en train d’essayer de m’hypnotiser ? » J’ai ri en répondant : « J’essaie encore de comprendre comment vous empêcher à entrer si bien en hypnose. »

EXEMPLE 7 : DEUXIÈME SÉANCE Notre deuxième séance fut à la base une répétition de la première séance. Les métaphores étaient davantage dirigées vers sa « liste ». Chaque fois que je finissais une métaphore, je le regardais fixement sans cligner pendant quelques secondes. Puis, je clignais plusieurs fois, penchais vers ma gauche pour lui donner un peu d’information « logique ». Arrivant à la fin de la séance il disait encore : « N’êtes-vous pas en train d’essayer de m’hypnotiser ? » J’ai ri à nouveau, me suis penché vers ma droite et l’ai regardé simplement et fixement. « B » « s’est figé » immédiatement et m’a regardé fixement. Puis je me suis assis tout droit et « B » clignait plusieurs fois et a dit : « Hey, m’avez-vous hypnotisé tout le temps ? » « Cela voudrait dire » ai-je répondu en acquiesçant de la tête pour dire « oui ». « De toute façon, l’hypnose n’existe pas ». Ensuite, je me suis penché vers ma droite et j’ai bougé les lèvres comme si je parlais. Cependant, je ne faisais aucun bruit. « B » à nouveau « s’est figé », les yeux vitreux et son corps a commencé à s’affaler. J’ai dit très doucement : « Pas maintenant. La semaine prochaine sera assez tôt. » Puis je me suis redressé dans ma chaise. « B » cligna plusieurs fois et puis a dit : « Wow. C’est étrange. Je sais que vous m’avez hypnotisé, mais je ne sais pas comment. » Sur ces paroles, notre deuxième séance s’est terminée.

EXEMPLE 7 : TROISIÈME SÉANCE « B » est entré dans mon bureau et s’est assis avec un regard plein d’attente. (Vous pourriez dire qu’il altérait déjà son état, en préparation d’avoir son état altéré.) Je lui ai demandé si quelque chose de surprenant était arrivé la semaine dernière. Il a répondu « Oui, bien des choses. J’ai beaucoup plus ri et je semble être plus relaxé dans la façon dont je bouge. Mes employés m’ont fait remarquer que je suis plus calme. Le seul problème est que je n’arrive pas à comprendre pourquoi. » J’ai répondu : « Bien, vous êtes une personne très logique mais dans le passé vous étiez complètement illogique dans vos tentatives à résoudre vos problèmes. Après tout, si la logique était la réponse vous auriez résolu logiquement les problèmes. Puisque la logique vous a laissé tomber c’était illogique de continuer à faire plus de la même chose. » (Lorsque je lui ai donné cette explication logique de l’illogique j’ai penché lentement vers ma droite et changé de ton au monotone). J’ai pris sa main gauche pour la lever lentement et doucement. Lorsque sa main et son bras furent environ 30 centimètres au-dessus de l’accoudoir, j’ai tenu sa main sans bouger. Je lui ai dit (toujours d’un ton monotone) « Maintenant, vous savez où est votre main parce que vous pouvez la voir. Cependant, bien que vous soyez médecin vous aurez des difficultés à nommer dans l’ordre exact et logique tous les muscles qui … gardent votre main et votre bras exactement comme ils sont,» (suggestion inconsciente pour la catalepsie du bras) A ce stade, « B » fut complètement immobile, regarda fixement sans cligner, totalement en transe et ravi de ce qui s’était produit. J’ai continué : « Maintenant… lorsque vous fermerez vos yeux, vous ne serez pas capable 112

de savoir où est votre main en la voyant. Au lieu de cela, vous pourrez réussir en vous permettant de ressentir toutes les sensations. » (la plupart de ce qui est dit maintenant est dirigé vers deux buts : 1) induction de transe et 2) approche métaphorique de son « vrai »problème – étant coupé des sentiments en général) « Et alors que vous continuerez à vous connecter à toutes ces bonnes sensations, sans action… et peut-être sans compréhension, ma voix va continuer comme si elle était une musique douce et vous pourrez continuer à flotter. » A ce stade, étaient données à « B » quelques directions vers la résolution de ses problèmes et je lui ai dit : « Votre bras va probablement rester coincé, juste comme vous l’étiez, jusqu’à ce que vous découvriez comment devenir encore plus souple dans votre vie personnelle. » Vingt minutes plus tard, le bras de « B » bougeait lentement vers le bas. Au lieu de sortir de son état hypnotique, il donnait l’impression de l’approfondir. Je lui ai dit que son esprit inconscient déciderait s’il était prêt à revenir « ici et maintenant » ou de continuer ce qu’il faisait si cela était plus important. « B » resta dans « cet état pendant encore une heure et quart. J’ai dû utiliser l’un des autres bureaux pour voir mes rendez-vous suivants. Pendant les semaines suivantes les changements de « B » furent non seulement spectaculaires mais aussi merveilleux à regarder. Il l’expliqua au mieux lorsqu’il dit : « Tout avait l’air si sérieux et si important, la vie, la mort. Maintenant je m’amuse un peu dans ma vie et je garde mon côté sérieux pour des problèmes sérieux. Le plus drôle, c’est que j’accomplis davantage avec moins d’effort ».

EXEMPLE 7 : EXPLICATIONS L’exemple ci-dessus est rempli d’utilisations. Souvent le processus d’induction et les processus à but thérapeutique sont complètement entrelacés, ce qui rend une délimitation entre les deux, quelque part, difficile. Certains facteurs, cependant, peuvent être séparés et mis en lumière. « B » a été entrainé à des techniques hypnotiques traditionnelles qu’il avait pratiquées luimême. Toutefois, « cela » ne marchait pas. Par ailleurs, n’importe quelle approche soi-disant traditionnelle aurait sans doute rencontré le même sort. En d’autres termes, n’importe quelle tentative ouverte pour hypnotiser « B » n’aurait pas réussi. Il a renforcé cette interprétation lorsque, à la fin de la première séance, il a dit : « N’allez-vous pas essayer de m’hypnotiser ? » (Dans ce contexte le mot « essayer » implique : je sais que cela ne réussira pas, mais essayons). En plus, « B » a été en psychothérapie classique pendant près d’un an avec peu ou pas de résultat reconnu. L’aider à gagner plus de compréhension de « lui-même » ou de compréhension « logique » aurait produit encore plus la même chose… RIEN. « B » m’a donné l’information nécessaire pour l’aider à ressentir un état altéré. Cette information a été transmise lorsqu’il a expliqué ce qui se passait lorsqu’il écoutait de la musique avec un volume bas. En penchant à droite et parlant avec un ton lent et monocorde, j’espérais accomplir deux choses : se pencher à droite deviendrait de lui-même une suggestion inconsciente pour entrer en hypnose ; le ton monotone recréerait son expérience d’entendre un fond sonore pendant qu’il « glissait ». Ses réactions à ces techniques indiquaient qu’elles marcheraient. Il m’avait dit aussi qu’il était un être patient. Lui raconter de longues métaphores qui s’éternisent, m’assurerait qu’il aurait de quoi être patient : m’écouter, essayer de comprendre mon point de vue, attendre que j’ « essaie » de l’hypnotiser pendant qu’il glisse, à cause de ma voix monotone. Enfin, et peut-être le plus important : lui faire remarquer qu’il devait sentir… son bras pour se souvenir où il se situait, lui demander de rentrer en contact (ou faire 113

attention, ou s’accorder) avec ses sensations internes (K) pendant qu’il essayait en même temps d’écouter mes métaphores monotones. La combinaison de sa « patience », « glisser lorsqu’il écoutait quelque chose de doux et lent » et ma pseudo-logique, tout était combiné pour utiliser ses capacités et ses expériences pour l’amener à bouger… MAINTENANT… vers de nouvelles expériences. Sans doute, pourrais-je « FAIRE » une centaine de pages sur l’utilisation. Je ne veux pas utiliser une massue pour enfoncer une punaise. Ce que vous avez lu sur l’utilisation était dirigé essentiellement vers l’objectif de produire un état hypnotique, cependant, l’utilisation est encore plus utile en tant que stratégie thérapeutique. La possibilité et l’intention de ce travail vont au-delà de la brève exposition de l’utilisation détaillée en tant qu’approche thérapeutique. Toutefois, tout au long de ce travail, j’ai tenté de « glisser » des exemples de différentes méthodes d’utilisation.

UTILISATION CRÉATIVE Pour ceux d’entre vous qui souhaitent faire un bond créatif, les astuces suivantes peuvent vous être utiles à utiliser : Utilisez la compulsion d’une personne compulsive pour exécuter compulsivement des exercices qui conduisent à de nouveaux comportements qui brisent cette compulsion ; utilisez le besoin impératif d’avoir raison d’une personne rigide, pour exécuter un exercice où elle a tort, juste pour avoir raison et entrer en hypnose de façon « raisonnable » ; utilisez la capacité du phobique de générer des sentiments (K) de ses images internes (V) pour générer de nouveaux ressentis provenant de nouvelles images ; utilisez la « capacité » du dépressif à garder des sentiments (dépression), peu importe ce qu’ils font ou disent, pour apprendre à garder les bons sentiments malgré les hauts et les bas de la vie. En somme, vous pouvez… COMMENCER MAINTENANT… à regarder le problème présent comme une forme de capacité unique. Après avoir fait cela, votre mission sera de découvrir la méthode derrière cette capacité et puis la rediriger. Le grand maître de cette forme d’utilisation était l’incomparable Dr. Milton H. Erickson. Il a utilisé ses propres limitations physiques comme des signaux d’induction hypnotique. Il a utilisé la personnalité du patient, son histoire, ses traits et ses problèmes comme des techniques de changement. Beaucoup d’individus sages et expérimentés ont écrit sur les techniques du Dr. Erickson. Ces individus ont tous tendance à avoir une « réponse » différente quant à la base de son travail. Quelle que soit la vérité, je crois que si vous approchez le travail du Dr. Erickson en cherchant après l’utilisation systématique, vous serez systématiquement récompensé. Dans certaines situations (Je suis sûr que le Dr. Erickson sera d’accord) vous n’avez pas besoin de faire quoi que ce soit pour produire l’hypnose via l’utilisation. Il y a plusieurs années, un de mes amis s’est marié. Il m’a invité à une petite fête pour que je puisse rencontrer sa femme. Il m’a dit qu’elle était ravie de rencontrer un « vrai » hypnotiseur. Il m’a informé qu’elle avait peur, si elle me regardait dans les yeux, d’être « mise dans cet état ». Lorsque je suis arrivé au diner, mon ami m’a accueilli à la porte. Il m’a amené à la rencontre de sa femme. Lorsqu’il m’a présenté, elle m’a serré la main et puis ses yeux ont rencontré les miens. Elle s’est mise à regarder fixement et puis… boom ! Ses yeux se sont fermés, elle s’est affalée et j’ai dû l’attraper. Vous pourriez dire que ma présence combinée à son système de croyances et à ses attentes ont produit un phénomène intéressant… Vous pourriez dire qu’elle s’est hypnotisée elle-même à être hypnotisée par mes yeux. Mais, bien sûr et par peur d’oublier, cela n’existe pas…

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XV Peser les Ancres QUARTIER CHAUD Si nous conduisons dans une rue animée de la ville et que, tout à coup, un feu vert passe au rouge… ARRETEZ MAINTENANT! Je suis probablement dans le vrai à supposer que vous vous arrêterez dans la plupart de ces circonstances. Si nous examinions cette simple action d’arrêter, alors nous pourrions avancer dans un nouveau domaine. Nous pourrions découvrir des choses complexes et intéressantes. Nous pourrions être d’accord pour dire que le feu rouge est devenu un symbole simple qui provoque une séquence complexe de comportements que nous pourrions appeler « arrêter ». Dans le comportement appelé « arrêter » sont inclus : des compétences perceptuelles de résolution de problème, l’activité psychomotrice et neuromotrice – œil, main, pied, etc. – la coordination, la compétence de conduire et beaucoup plus, et le tout enchainé en une séquence complexe appelée : « arrêter au feu rouge ». Le feu rouge, par des processus d’apprentissage est devenu ce que les comportementalistes appellent un « stimulus externe ». D’autres théoriciens appellent le feu rouge une « ancre » ou un « déclencheur » (Bandler & Grinder). Ils affirment et je suis d’accord que le feu rouge ancre maintenant, c’est-à-dire qu’il a associé en lui toute une série de comportements à travers une façon plus ou moins codée, séquentielle et répétitive. Nous pourrions même dire que l’ancre (le feu rouge) est tellement forte que même si vous ne conduisez pas, certains aspects de la réaction sont provoqués de toute façon. (Combien de fois avez-vous appuyé sur des freins virtuels lorsque vous étiez le passager et non le conducteur ?)

LES ANCRES : UNE DÉFINITION SIMPLE(ISTE) Les ancres peuvent être facilement comprises si nous les réduisons à une simple construction de stimulus - réaction. Mais personne ne vous a promis que ce livre serait facile. Accepter cette définition simple vous aidera à ne pas apprendre les subtilités des ancres. Pour ceux qui aiment la facilité, voici : Les ancres (déclencheurs) = N’importe quel stimulus qui déclenche une série de réactions internes et/ou d’actions. Cependant, vous pourriez vouloir considérer que tout dans une expérience humaine est, en fait, une ancre ou si vous voulez, un feu rouge qui met en mouvement une chaine de réactions. Prenez les mots que vous êtes en train de lire maintenant, confortablement profond ou profondément confortable. Chaque mot est une ancre pour une expérience de compréhension. Quand vous lisez chaque mot, ces symboles ou ancres vous mènent vers un processus inconscient qui inclut, mais ne se limite pas, à interpréter le mot même et à y attacher votre expérience et votre compréhension personnelle. Par exemple, lorsque vous lisez le mot « maison » quels souvenirs cela évoque en vous... MAINTENANT ? Essayez une expérience si vous voulez bien. Rassemblez plusieurs amis/es et donnez à chacun un papier et un crayon (ou stylo). Dites le mot « maison » et demandez à chacun/e de noter en détail ce dont il/elle se souvient. La diversité des souvenirs déclenchés ou ancrés serait très intéressante pour certains. Dans la plupart des cas le mot « kumquat » n’évoquera pas la même réaction ancrée que le mot « sexe » évoque maintenant ! Les ancres, comme toutes les autres expériences (qui ellesmêmes sont des ancres), ont des intensités variables et sont différentes pour chacun de nous. Ce qui me branche peut vous « débrancher » (dégoûter) ou l’inverse… bon… Toutefois, les 115

mots ne sont qu’une forme d’ancrage. Encore une fois, tout peut être ou est une ancre pour quelqu’un à un moment. Si, pour nos besoins, nous allons définir les ancres étant n’importe quel déclencheur – interne ou externe – qui suscite à l’intérieur de quelqu’un une réponse prédéfinie, dans tous ou presque tous les cas, sans tenir compte si nous jugeons la réaction comme bonne ou mauvaise et lorsqu’une telle réponse est ritualisée, nous développons une ancre (physique) pour le mot ancre.

LES ANCRAGES EN RÉPONSE POST-HYPNOTIQUE Si nous devions aller un peu dans la métaphysique, nous pourrions dire que les ancrages sont une forme de suggestion post-hypnotique. C’est-à-dire que des circonstances, des situations, des gens, des écoles, des odeurs, des traumas etc. ont suggéré certaines réactions à toutes ces ancres dans notre monde. (Rappelez-vous si vous l’aviez oublié maintenant, l’hypnose n’existe pas...). Dans le cadre de l’hypnose traditionnelle, l’hypnotiseur peut « suggérer », sur un claquement de doigts, que le sujet se souvienne de son cinquième anniversaire. Si cette suggestion réussit, nous pourrons alors dire que le claquement de doigts est devenu une ancre qui déclenche un souvenir suggéré. Maintenant, je vais énerver ceux parmi vous qui croient peut-être que le concept d’ancrage est nouveau. Mon Dieu, que vous êtes ancrés si vous croyez cela ! Si, juste un instant, nous laissions de côté les ancres naturelles (peu importe ce qu’elles sont) et que nous limitions cette partie de notre discussion aux ancres et à l’hypnose, nous pourrions apprendre ensemble quelque chose de nouveau. Les hypnotiseurs modernes de l’époque furent les premiers à découvrir des ancres internes « suggérées » (sauf si spécifié différemment, à partir de maintenant, on parlera des ancres comme un phénomène intentionnel et suggéré). L’induction de transe à l’ancienne était et est une procédure très longue et fastidieuse. Les hypnothérapeutes modernes des temps anciens ont découvert ce qui est appelé maintenant « signaux de ré-induction ». Avant, le sujet sortait de l’hypnose en « comptant à l’envers », le type de suggestion suivante était donné : « …quand je touche votre front (épaule…) et que je compte à l’envers (à l’avant, haut, bas, peu importe) vous allez ré-entrer dans cet état agréable (profond, confortable) ». (Kroeger, 1963 ; Wolberg 1964) Là où cette suggestion post-hypnotique « prenait », vous aviez, e réalité, une ancre d’apprentissage réussie d’un seul coup. A partir de ce moment, chaque fois que l’hypnotiseur déclenchait cette ancre, le sujet ré-entrait dans ce soi-disant état de transe. Dans certains cas, n’importe quelle autre personne déclenchant l’ancre ferait entrer le sujet en transe. Pavlov, avec son développement du conditionnement classique de stimulus-réponse, fut un des premiers à reconnaître les ancres et à réaliser que n’importe quoi pouvait être utilisé comme un stimulus pour produire une réaction. Il a découvert dans son travail avec les chiens que la nourriture – le stimulus inconditionnel (SI) – mène à une réponse inconditionnelle (RI) : saliver. Ajoutez une cloche au SI et rapidement la cloche devient un stimulus conditionné qui provoque le RI. Une autre façon de décrire cette condition peut être : la cloche est devenue une ancre (déclencheur) qui produit la réponse de salivation comme si la cloche était de la nourriture. Andrew Salter (Conditioned Reflex Therapy, 1961) affirme que l’hypnose – c’est-à-dire l’état d’hypnose étant séparé de la méthode d’induction d’hypnose – est en soi une série de réponses conditionnées. Il en a conclu que tous les symptômes, quelles que soient les étiquettes, sont un résultat des inhibitions conditionnées et que tous les humains sont nés avec la capacité d’être extravertis, spontanés et aimant s’amuser. (Nous pourrions dire : nés en utilisant pleinement l’hémisphère droit, aussi bien que le gauche). Par conséquent, nous sommes conditionnés par des associations douloureuses (ancres) pour avoir peur de notre état 116

naturel et pour devenir inhibés à la place. (Peut-être pour devenir trop hémisphère gauche voir chapitre X « Gauche Rencontre Droite Rencontre Gauche ».) Que la théorie de Slater soit correcte ou pas, elle ne nous éloigne pas de la conclusion implicite : Les individus ont la capacité d’associer des stimuli (en réalité) sans rapport pour produire des réactions complexes. Nous pourrions choisir d’appeler le stimulus une « ancre » qui produit une série de réponses apprises. Supposons que petit Johnnie essaie l’indépendance. Il s’élève tout grand (une taille moyenne d’un enfant de cinq ans) et ainsi s’impose à son père en disant : « NON ! Je ne le fais pas ! » Le père se met en colère, saute sur ses pieds et pointe du doigt Johnnie en criant : « Ne me dis jamais non ou je vais te casser la figure. Va dans ta chambre. » Plusieurs années plus tard, Johnnie est assis dans le bureau d’un thérapeute affirmant qu’il ne peut dire « non » à qui que ce soit qu’il voit comme une autorité pour lui. Si vous devez conclure que pour Johnnie dire le mot « non » est devenu une ancre qui provoque une grande peur, alors vous avez raison. Ce que vous avez lu jusqu’ici vous a ancré à comprendre. Dans ma pratique clinique j’ai entendu des gens affirmer que certaines expressions du visage, des tons de voix, des gestes, des postures, des mots, des odeurs, etc. les ont amenés à : devenir dépressif, anxieux, vomir, avoir des maux de tête, devenir fou, etc., etc. Vous pourriez considérer tout ceci comme des réactions de réflexes conditionnés ou des ancres. Vous vous souvenez probablement maintenant que Pavlov a conditionné des chiens à saliver au son d’une cloche. Faux ! Le chien a conditionné un groupe de scientifiques à sonner une cloche chaque fois que le chien a salivé. Soyez prudent pour déterminer qui ancre qui.

ERICKSON ET LES ANCRES Milton Erickson a découvert quelques usages très puissants pour les ancres qui ont influencé plusieurs personnes, moi inclus, dans notre façon de nous y intéresser, de les comprendre et de les utiliser. Erickson a observé que s’il demandait à un patient de s’assoir comme il l’avait fait la dernière fois qu’il avait été en transe et Erickson commençait à parler de la même façon et/ou du même sujet que lors de la dernière expérience de transe, le patient ré-entrait dans l’état de transe sans une soi-disant induction. Erickson appelait cette technique la « récapitulation ». Un de mes collègues, David Dobson, et moi-même, fascinés par ce phénomène avons commencé à l’expérimenter. Dans nos expériences (séparément et puis comparant nos notes) nous avons découvert (ou sommes tombés dessus) un phénomène supplémentaire très intéressant : Si vous arrivez à ce qu’un sujet se rappelle une situation spécifique dans son imagination, il manifestera souvent toutes les réactions émotionnelles qu’il a associées à l’incident même, comme s’il était réellement dedans. A un moment une femme s’est plainte que lorsque son mari la touchait sexuellement, elle devenait malade : « dans l’estomac. Je me sens comme si je devais vomir ». Je lui ai demandé de fermer ses yeux et de se souvenir d’un moment avec son mari, d’entendre sa voix, de sentir le parfum de son après-rasage, de se sentir être touchée par lui. A ce stade, elle a ouvert les yeux et a commencé à avoir un haut-le-cœur. Ceci était une autre forme de récapitulation sans transe ou régression formelle et pourtant… Le Dr. Dobson et moi-même, étions d’accord pour dire que les individus entraient en transe et régressaient spontanément lorsqu’on leur demandait d’ « imaginer une situation » et tous leurs systèmes étaient impliqués (Kinesthésique, Visuel, Auditif et en certains cas Gustatif et Olfactif). Nos expériences et observations nous ont conduits à conclure que les 117

individus étaient en douleur dont ils souffraient suite à des ancres plus ou moins puissantes qui agissaient comme si elles étaient des suggestions hypnotiques et produisaient des réponses puissantes, répétitives et conditionnelles – juste comme un feu rouge déclenche une série complexe d’actions qui amène à s’arrêter.

ANCRES SPONTANÉES Il y a quelques années, un évènement fortuit et heureux a fait ressortir la facilité avec laquelle les gens sont ancrés, l’importance des ancres et comment les ancres pouvaient non seulement être n’importe quoi, mais pouvaient aussi produire des réactions totalement sans relation avec l’ancre elle-même. J’ai mis un homme en hypnose alors qu’il était assis sur ma chaise de bureau inclinable (en fait, c’est lui qui s’était mis là) et je lui ai demandé de retourner à la source d’un problème particulier qu’il avait. Le raffut a éclaté. Il a pleuré, gémi, s’est tordu et plus encore. Lorsque je lui ai demandé de me signaler s’il voulait arrêter sa transe, il a fait « non ». Il a continué pendant environ vingt minutes et puis a fini son état hypnotique en annonçant qu’il avait appris énormément. Il est revenu la semaine suivante, pour son prochain rendez-vous et je l’ai salué à la réception. Il avait l’air relaxé, souriait et il m’a dit qu’il avait passé une semaine superbe, avec une réduction considérable de ses symptômes (l’un d’eux était de l’asthme). Nous sommes entrés dans mon bureau et il s’est assis sur la chaise inclinable, BOUM !... l’image de Dorian Gray. Son sourire a disparu, sa voix changea, il s’est mis à ahaner, à pleurer, à gémir, etc. Je lui ai demandé ce qui n’allait pas. Il disait qu’il ne le savait pas et sa réponse m’a laissé perplexe. Puis j’ai remarqué que ces yeux étaient dilatés et il semblait être « en dehors » ou dans « cet état ». J’ai pris sa main, je l’ai tiré du fauteuil et j’ai dit brusquement : « Regardez-moi maintenant et rappelez-vous le temps où vous étiez heureux de quelque chose que vous veniez de faire. » Lentement, sa respiration changea, son visage se relaxa et il arrêta d’ahaner, se mettant à sourire. Je lui ai demandé de s’asseoir dans une autre chaise, ce qu’il a fait sans problème. Avec sa permission de ressentir quelque chose en lui, je lui ai demandé de s’asseoir à nouveau dans le fauteuil inclinable. Lorsqu’il l’approcha son corps, sa posture et son expression faciale ont commencé à changer et lorsqu’il s’est assis tout le comportement précédent émergea. Il a sauté du fauteuil et m’a dit ne pas vouloir s’asseoir là « parce que la chaise me fait quelque chose ». Il avait raison. La chaise est devenue une ancre ou une ré-induction post-hypnotique qui l’amenait à revivre ses moments douloureux du passé, avec toute la mémoire associée et la réaction émotionnelle dont il accusait maintenant la chaise.

PAVLOV ET LES ANCRES L’incident ci-dessus m’a éclairé sur certaines choses. La chaise est devenue en une seule fois un stimulus conditionnel – comme la cloche de Pavlov – et la personne aurait pu passer des années en thérapie pour trouver pourquoi il avait une phobie de la chaise. Si la chaise peut devenir une telle ancre puissante, alors un mot, une intonation, un touché – ou n’importe quoi peuvent le devenir aussi. L’ancre n’a pas besoin d’avoir une relation logique avec la réaction que produit l’ancre. (Récemment j’ai « aidé » une personne à développer une petite réaction phobique au téléphone et puis j’ai utilisé le même téléphone pour provoquer les souvenirs et les réactions en relation avec la première fois qu’il est tombé amoureux.) Cet incident a également causé une régression (pour moi) à un certain moment, il y a trois ans. Un professeur en neuropsychologie et moi avons eu un « petit » désaccord sur les réactions conditionnées classiques et neurologiques, pendant une conférence qu’il a donnée. 118

Je lui avais posé une question théorique : « Si un individu peut être conditionné à réagir d’une certaine façon à un stimulus donné, pourriez-vous utiliser le même stimulus et/ou la même réaction pour déclencher une nouvelle et différente réaction ? Par exemple si une sonnette déclenchait l’anxiété, pourriez-vous aider l’individu soit 1) à réagir d’une façon différente à la sonnette pour qu’elle devienne un déclencheur pour disons la relaxation ou 2) à utiliser le premier sentiment subjectif d’anxiété – par exemple la contraction – pour déclencher une réaction comme la décontraction ? » Le professeur a réfléchi un moment, a ensuite écrit quelques formules mathématiques sur le tableau et puis il a déclaré : « En théorie c’est possible, en particulier avec des animaux, mais probablement irréaliste sur des personnes à cause de toutes les variables incontrôlables. » Il m’a demandé quelle méthodologie j’utiliserais et quels appareils, à mon avis, seraient nécessaires pour expérimenter cela. J’ai répondu que je n’étais pas sûr de la méthodologie mais que le soi-disant « appareil » serait l’hypnose. Il s’est presque étouffé quand il a dit : « Hypnose ?!? Cela n’existe pas et même si je réussissais à ce que les gens réagissent comme je l’ai suggéré, cela serait sans importance puisque l’hypnose n’était pas de la science mais de la sorcellerie. » Rétrospectivement, je peux « voir » qu’il avait été hypnotisé à croire que l’hypnose n’existe pas et que le mot « hypnose » était un « signal » (ancre) post-hypnotique qui provoquait sa réponse très bizarre. Néanmoins, l’incident avec le fauteuil a déclenché le souvenir de ma question théorique précédente, et j’ai recommencé à m’interroger sur la possibilité de le faire. Sur la base de ce qui s’était passé avec le client et sa réaction au fauteuil, je savais qu’il était plus que possible ; que cela arrivait tout le temps dans toute notre vie.

CONDITIONNEMENT CALME Mon premier effort ou mes expériences avec ce qui allait être nommé plus tard « ancres » et les méthodes qui feront partie de ce que j’appelle Restructuration Inconsciente (Unconscious Restructuring®) étaient très primitives. Je l’appelais : « Conditionnement Calme. » Dit plus simplement : je demandais à une personne de « se souvenir » par exemple de la dernière fois où ils avaient peur. Lorsqu’elle « se souvenait » je l’observais pour des signes d’inconfort, tels qu’une contraction du corps ou du visage ; ou une respiration rapide ; ou ? Lorsqu’il me semblait qu’ils étaient en train de « se souvenir » en ressentant, je les touchais (généralement le bras) et leur disais : « Bien. Gardez ce ressenti jusqu’à vous familiariser avec ce qui se passe à l’intérieur. » Puis, je leur demandais de retourner et de ré-sentir ce sentiment encore une fois, mais au ralenti pour qu’ils deviennent conscients de la première forte sensation physique telle que la contraction de l’estomac ou de la poitrine ou de n’importe où et de le signaler en levant le premier doigt de leur main droite dès que survenait cette sensation. Puis je les touchais au même endroit qu’auparavant et je leur disais de commencer. Lorsqu’ils me donnaient le signal, j’appliquais ensuite une petite pression avec ma main pendant quelques instants et j’ai retiré ma main. Puis, je leur demandais de prendre plusieurs respirations profondes et de penser à la plage, à la montagne ou quelque chose d’agréable. L’étape suivante était de leur demander de se souvenir de l’endroit le plus agréable et le plus relaxant qu’ils connaissent – ou d’imaginer voire d’en créer un de toute pièce – et de me signaler lorsqu’ils avaient accompli cela. Ils devaient alors se voir eux-mêmes dans cet endroit jusqu’à ce qu’ils sentent les sentiments calmes et relaxés qui accompagnait cette expérience et de penser à un mot ou deux, comme un code qui leur rappelleraient cet endroit agréable. Ensuite, je les ferais « s’entrainer » avec ce mot clé et voir cet endroit et éprouver 119

ces sentiments relaxants. A ce stade lorsque nous réussissions, l’individu avait une réaction associée au toucher de son bras et à la demande du souvenir des sentiments d’anxiété et une autre réaction associée plus agréable à son mot clé. (Je n’avais pas encore compris que ce processus pouvait réussir sans un mot clé). L’ étape suivante devait les amener à fermer les yeux et à penser à une situation qui provoquait habituellement l’anxiété et de me signaler lorsqu’ils y pensaient. En même temps, je touchais le même endroit de leur bras pour les aider de « se rappeler » le sentiment anxieux qu’ils devaient trouver. Aussitôt qu’ils me le signalaient, j’enlevais ma main et disais quelque chose brusquement comme : »Stop [interruption de pattern] Dites votre mot clé et regardez vous-même là, en éprouvant ces sentiments agréables. » Ce déroulement était répété plusieurs fois (6 à 8) puis l’individu qui maintenant dans la plupart des cas était dans « cet état » d’hypnose, devait faire ainsi : « Chaque fois que vous sentirez ce premier signal d’ «anxiété » comme [à remplir avec ce qu’ils avaient dit par rapport au premier signal] vous devez penser à votre mot clé et vous y voir, en éprouvant ces sentiments agréables. En vous entrainant avec ce programme, il deviendra de plus en plus automatique jusqu’à ce que, bientôt, dans toutes les circonstances appropriées, sans y penser et sans votre attention consciente vous alliez dans votre endroit spécial. »

LE PROTOCOLE Malgré cette première approche primitive et mon manque de compréhension des ancrages et des systèmes (Visuel-Kinesthésique-Auditif), cela a produit d’excellents résultats chez la majorité des gens. Généralement, ils déclaraient que lorsqu’ils utilisaient ce programme, ils devenaient calmes et beaucoup de gens m’ont signalé qu’en quelques jours, ils étaient calmes sans même y penser. Nous pouvons conclure qu’ils ont utilisé automatiquement une nouvelle ancre qui s’est généralisé dans leur monde réel. J’aimerai vous suggérer que vous … MAINTENANT… considériez la pratique de cette procédure dans une forme mise à jour. Suivez-la, en ajoutant les améliorations suivantes : Demandez à votre client/patient de voir la zone qui provoque… (par exemple l’anxiété) et de se voir soi-même tendu jusqu’à ce que cela devienne « juste » pour eux et puis de s’entendre eux-mêmes s’exprimer comme quand ils sont… (par exemple tendus) et de signaler dès qu’ils l’ont fait. Lorsqu’ils le signalent, demandez-leur de flotter dans cette image et dans ces « sentiments inconfortables ». Lorsqu’ils le signalent en l’ayant fait et/ou que vous voyez une évidence de leur désagrément, touchez-les avec une légère pression sur le bras (ou ?). Puis demandez-leur de flotter en dehors de cette image et en dehors de ces sentiments inconfortables et lorsqu’ils sont en train de le faire, retirez votre main ; c’est-à-dire arrêtez de les toucher. Ensuite testez votre travail. Touchez l’endroit, demandez-leur de retourner dans cette image et observez s’ils montrent encore des signes de désagrément. Si c’est le cas, vous avez « une prise ». Si ce n’est pas le cas, répétez la procédure jusqu’à ce que vous obteniez le résultat souhaité. Puis, après avoir établi le premier signal – c’est-à-dire un visage tendu – répétez la même procédure ci-dessus pour leur endroit calme et relaxé et ajoutez le toucher à un nouveau point, lorsqu’ils signalent qu’ils sont à l’aise. (Demandez-leur encore de voir l’endroit puis d’y flotter etc. et de penser à un mot-clé). (Souvenez-vous des systèmes) Avec certaines personnes vous devrez leur demander de se rappeler le sentiment de… et puis construire une image. Toutefois, faites l’effort d’utiliser d’abord le visuel sans le ressenti. (La raison de ce conseil va être expliquée dans la partie Applications Thérapeutiques dans le chapitre suivant « Ancres partantes ») Tester le travail veut dire toucher le nouveau point, demandez à vos sujets de penser au mot-clé et regardez si vous avez des signes, alors 120

vous avez « une prise ». Maintenant, utilisez le reste de la procédure c’est-à-dire demandezleur de se souvenir de quelque chose qui les contrarie pendant que vous touchez le point de désagrément et aussitôt qu’ils le signalent ou montrent des signes, demandez-leur d’arrêter et de dire leur mot-clé et de se voir eux-mêmes dans leur endroit spécial, d’y flotter, etc. etc. Quand vous leur dites d’arrêter, retirez votre main du point de « désagrément » et changez pour toucher l’endroit « confort ». Vous serez agréablement surpris (de constater) à quel point cette procédure fonctionne et combien de personnes entrent dans « cet état » sans aide. Je peux me tromper. Vous pourriez ne pas être surpris de remarquer à quel point cela fonctionne et combien de personnes entrent dans cet état maintenant !Maintenant que vous comprenez les bases de l’ancrage et la théorie derrière tout cela, ensemble nous pouvons avancer vers les ancres partantes !

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XVI Ancres Partantes EFFONDREMENT DES ANCRES : LES BASES Il y a plusieurs années, ou il était une fois, on m’a demandé de donner une conférence et une démonstration à une classe de psychologie à l’Université de Californie à Northridge. Le professeur qui était un homme adorable m’avait dit qu’il ne croyait pas à l’hypnose, que cela ne marchait pas de toute façon, mais qu’il sentait que sa classe devait avoir l’opportunité de m’entendre. Je parie qu’il voulait que je sois l’hypnotiseur de service pour la forme. Pour rendre le sujet encore plus intéressant il ne m’a pas seulement présenté, moi et mon sujet, il s’était préparé à faire une longue déclaration relative à son incrédulité à l’égard de l’hypnose, bien qu’assez ouvert à l’idée de donner à tout un chacun une chance de parler de ce à quoi il croit. C’était comme s’il leur disait : « J’ai conçu le Titanic et maintenant je vous prouve qu’il n’a pas coulé. » J’ai décidé que pour survivre cette introduction élogieuse, je devrais faire la démonstration de quelque chose spectaculaire et ce, sur le professeur. Je savais, d’une conversation précédente qu’il traversait un divorce douloureux et que – selon lui – il était en train de se battre contre une dépression à chaque fois « que j’y pense ». Je l’ai remercié pour son introduction et pendant qu’il s’asseyait à une longue table, je me suis approché de lui pour commencer à parler, en apparence à la classe. J’ai dit aux étudiants que j’appréciais vraiment la demande du professeur de venir présenter mon travail, tout particulièrement à un moment de sa vie où il traversait une période difficile. Son expression changea immédiatement, regardant en bas à droite (Kinesthésique), et montrait un désagrément. A cet instant, j’ai pressé son épaule droite et j’ai dit : « Je sais que cela est douloureux, n’est-ce pas ? » Il acquiesça lentement. J’ai alors retiré ma main et j’ai dit brusquement : « Combien de temps cela vous prendra-t-il pour vous souvenir maintenant… [dit plus lentement et avec un ton plus bas : suggestion hypnotique incorporée pour qu’il se souvienne maintenant] d’un moment de l’époque de vos vingt ans, où vous viviez quelque chose qui vous faisait vous sentir si bien, que vous saviez que tout serait excitant. » (Prenant le risque que la plupart d’entre nous, à un moment avant nos vingt ans, a fait ou vécu quelque chose d’excitant.) Sa tête s’est levée et ses yeux sont montés en haut à gauche (souvenir visuel) et son visage s’est relâché. Lentement, il a souri et puis a rougi pour affirmer fermement : « Je peux me rappeler. » A ce moment-là, j’ai touché son épaule gauche et commencé à la presser avec douceur. Sans aucune explication, j’ai mis en place deux ancres : toucher son épaule droite pour l’expérience douloureuse et un toucher de son épaule gauche pour l’expérience heureuse. Par la suite j’ai testé mon travail : Je lui ai dit : « C’est un meilleur sentiment que l’autre n’est-ce pas ? » (Toujours appuyant sur son épaule gauche). Il a souri et a acquiescé vigoureusement. Puis j’ai continué : « Bien mieux que ce sentiment inconfortable » (Et là, ma voix est devenu toute triste et mon visage aussi pendant que j’ai appuyé sur son épaule droite). Le changement fut spectaculaire ! Il donnait à nouveau l’impression que le monde s’effondrait : les yeux en bas à droite, la tête baissée, les lèvres tremblantes. Puis j’ai changé pour son épaule gauche en disant : « Vous préfériez ces sentiments, n’est-ce pas ? » (Dit sur un ton joyeux et avec un sourire). Immédiatement il a regardé en haut, prit une profonde inspiration, sourit et dit : « Que diable faites-vous là ? » J’ai répondu : « La confusion est un nouvel apprentissage. » et puis j’ai appuyé sur les deux épaules en même temps. 122

Ses yeux evenaient vitreux et il regarda fixement devant lui, l’air confus. Je lui ai dit la chose suivante : « Vous pouvez fermer vos yeux et tout deviendra confortablement clair pour vous (dit lentement avec une voix basse). Il resta assis sans bouger, respirant profondément pendant trois minutes et puis il a ouvert les yeux pour demander ce qui s’était passé. J’ai appuyé son épaule droite pour vérifier que l’ancre était annulée. Il ne répondit pas, excepté peut-être une interrogation, mais pas de « dépression ». Je lui ai demandé de penser à cette situation douloureuse et de partager avec nous ce qui était différent dans sa réaction interne. Il monta ses yeux en haut à gauche (rappel visuel), puis, en bas à gauche (auditif) et puis en bas à droite (kinesthésique) pour une fraction de seconde et me regarda en disant : « Cela ne m’affecte plus comme avant et quelque part je me sens plus fort et je sais que tout va être ok ! Que diable avez-vous fait ? » J’ai répondu : « Rien. L’hypnose n’existe pas alors vous devez halluciner. » (Je pense que ce qui s’est passé l’a aidé à changer son système de croyances. Il a participé à deux de mes séminaires, Hypnose Clinique : Techniques Innovantes® et il est devenu un fan et un utilisateur d’hypnose et de Restructuration Inconsciente®)

EFFONDRER LES ANCRES : LE RATIONNEL Maintenant, le cas ci-dessus peut paraître magique, et d’une certaine façon c’est le cas. Toutefois, c’est de la magie basée sur la recherche expérimentale. Dans une expérience classique, des animaux de laboratoire ont été conditionnés à aller vers un côté de la cage au son d’une cloche et de l’autre côté au son d’une sonnette. Presque comme appuyer sur l’épaule gauche pour un ressenti et l’épaule droite pour un autre. Lorsque les deux stimuli ont été déclenchés en même temps, les animaux parurent confus et désorientés et puis, ils n’ont plus répondu à aucun des stimuli. (Presque comme ce qui s’est passé lorsque j’ai appuyé sur les deux épaules en même temps… vous vous posez maintenant des questions concernant les implications.) La plupart des individus qui sont mis dans la situation ci-dessus déclarent que cela s’approche de la dissonance cognitive et quelques chercheurs déclarent que de nouveaux apprentissages ne se passent pas sans dissonance cognitive. La Dissonance Cognitive a été définie comme « un état de motivation qui existe lorsque des éléments cognitifs d’une personne (attitudes, comportements perçus, etc.) sont inconsistants ou incohérents entre eux. » La tension produite par cet état peut être réduite en ajoutant des éléments compatibles, en changeant l’un des éléments discordants pour qu’il ne soit plus inconsistant avec les autres, ou « en réduisant l’importance des éléments discordants. » (Wolman, 1973, p. 66) Cependant, je veux vous avertir : aussi puissante que puisse être cette technique, ce n’est pas la panacée ni un remède. Tout ce qu’elle fait, c’est aider une personne à avoir une « émotivité moindre » face à une situation stressante, à produire un effet calmant et à donner à la personne l’espoir de résoudre son problème lorsqu’elle vit un tel changement marquant en quelques minutes. Mais, ce n’est pas un remède. Elle accomplit seulement en cinq à dix minutes ce que trois à huit séances traditionnelles pourraient accomplir.

CAS II : EFFONDREMENT DES ANCRES Un cas bref soulignera ce point de vue : Le patient était un homme de 21 ans et son problème était une dépression sévère. Ses propres mots furent : « Ma dépression était si lourde que je crois que je me suis fait un collapsus. » Il a passé trois semaines à l’hôpital suite à une admission volontaire. En sortant de l’hôpital il a commencé une thérapie et au moment de notre premier rendez-vous il avait fait cinq séances. Il croyait commencer à comprendre ce 123

qui avait causé sa dépression mais il était toujours sévèrement dépressif. Il a déclaré : « Je commence à perdre espoir. Je suis en thérapie et pourtant, je suis toujours dépressif, tout le temps. » Quand il décrivait sa dépression verbalement, il la « décrivait » aussi physiquement : posture du corps affalé, les yeux en bas à droite, voix triste et plate. Pendant qu’il expliquait combien sa dépression était « lourde » en continuant de le montrer physiquement, j’ai légèrement touché son genou gauche et lui ai dit avec la même voix que la sienne : « C’est un sentiment lourd et terrible, n’est-ce pas ? » Il bougea sa tête lentement. J’ai alors claqué les doigts (interruption de pattern) et lui ai dit : « Avant que votre problème ne commence, qu’appréciiez-vous vraiment ? » Sa tête s’est levé lentement, il m’a regardé pour un moment et puis ses yeux sont monté en haut à gauche et il a dit : « Du baseball. J’adore ce jeu ! Je suis le lanceur de l’équipe universitaire. » Je lui ai demandé s’il avait en mémoire un jour où il avait vraiment bien lancé. Il a souri pour dire : « Oh oui ! Une fois j’ai lancé un triple coup et j’ai éliminé les derniers cinq batteurs d’un coup. » A cet instant, il s’est redressé sur la chaise et sa voix était plus forte et mélodieuse. J’ai répondu : « Vous plaisantez. Vraiment ? » Il s’est penché en avant, il a souri et dit : « Ouais, sincèrement. » A ce moment-là, j’ai touché légèrement son genou droit et j’ai dit : « C’est super ! Je parie que vous vous sentiez bien ! » L’air beaucoup mieux, il a alors souri. Pour renforcer son ancre positif (+), je lui ai demandé de décrire comment il s’était senti dans son corps après avoir éliminé les cinq derniers batteurs et lorsqu’il a décrit la bonne sensation, j’ai touché encore une fois son genou droit. J’ai répété cette procédure pendant sa description, en réponse à mes questions au sujet de l’air qu’il avait et comment cela sonnait à ce moment-là. Tout ceci n’a pris que dix minutes et le jeune homme fut beaucoup plus relaxé et il a souri. Puis, j’ai utilisé quelques procédures, comme celles utilisées avec le professeur, décrites cidessus. Lorsqu’il a « neutralisé », je lui ai demandé d’ « essayer durement » (laissant supposer qu’il va être très difficile) de se souvenir du sentiment dépressif. Il a regardé fixement pendant quelques instants, puis a regardé en bas à droite une fraction de seconde et a relevé ses yeux pour dire : « Hey, j’ai du mal à le faire revenir… peu importe, je ne veux pas le récupérer. C’est incroyable. Vous voulez dire qu’il y a de l’espoir pour moi après tout ? » Quand j’ai bougé ma tête pour faire oui, j’ai dit : »Que pensez-vous ? » Il acquiesça de la tête et a dit : « Oui, je vais m’en sortir. » Il est retourné chez son thérapeute qui, plusieurs semaines plus tard a signalé que le jeune homme allait bien, qu’il était de retour à l’école et qu’il commençait à prendre quelques décisions au sujet des situations qui l’ont amené à sa dépression. La procédure ci-dessus est un « effondrement d’ancres » basique et je vais tenter de vous donner le savoir-faire pour commencer à la tester et la pratiquer pour que vous puissiez juger par vous-même des résultats. Je veux que vous considériez les problèmes personnels comme une ancre ou des séries d’ancres, expliqué dans le chapitre XV « Peser les Ancres ». Votre travail est d’aider la personne à avoir un choix au sujet de sa réaction à ses ancres douloureuses : c’est-à-dire de faire effondrer la réaction non-souhaitée ou de faire partir les ancres !

EFFONDREMENT D’ANCRE : PROCÉDURE BASIQUE Si possible, établissez d’abord une ancre positive (+). Alors que les ancres peuvent être établies avec des signaux visuels, auditifs et/ou kinesthésiques, je vous conseille de commencer par les signaux kinesthésiques (touchés physiques) puisqu’ils sont les plus faciles à apprendre et à utiliser, bien qu’en commençant par les kinesthésiques vous puissiez tomber à côté avec quelques-uns. Cependant, si votre client/patient est déjà dans un mauvais endroit, par exemple dépressif – n’essayez pas de l’amener, coûte que coûte, à un meilleur endroit 124

pour établir une ancre positive et puis les jeter dans son mauvais endroit pour l’ancre désagréable (-). Dans ce cas commencez par ancrer ce sentiment (ancre -). Je vous conseille d’être assis directement face à la personne, assez près pour pouvoir toucher ses genoux. Supposons que la plainte de la personne soit : être dépressive chaque fois qu’elle est seule, mais en vous parlant elle semble assez bien. Demandez-leur de se souvenir d’un moment où ils se sont sentis vraiment bien, suite à une réussite alors qu’ils étaient seuls, par exemple : « Pouvez-vous vous rappeler un moment où vous avez fait un trajet en voiture tout seul et où vous avez vraiment apprécié le paysage ou un moment où vous avez pratiqué votre passe-temps favori et vous vous êtes sentis heureux ? » (Utilisez votre imagination). Lorsqu’ils disent : « Oui », regardez-les attentivement. Certaines personnes commenceront à sourire et à montrer du plaisir juste en leur posant la question. S’ils montrent une réponse agréable, appuyez doucement mais fermement sur l’un de leurs genoux (peu importe lequel) et suggérez avec une voix joyeuse et un sourire quelque chose à cet effet : « C’est un sentiment agréable, n’est-ce pas ? » (Vous établirez ainsi l’ancre +) Si la personne dit simplement : « Oui » mais ne montre pas de « plaisir » dans ses expressions, vous devez aller plus loin. (les systèmes prennent toute leur importance ici ; supposons une personne visuelle pour cet exemple) Demandez-lui de voir cette situation agréable ou de voir comment elle était dans cette situation agréable ou de « montrer comment elle est quand elle se sent bien ». Puis, demandez-lui de se souvenir des sons de cette expérience ou de sa voix lorsqu’elle se sentait bien. Puis, demandez-lui de décrire ce qu’elle éprouve quand elle se sent bien. Aussitôt qu’elle « montre » la bonne sensation dans son expérience, établissez l’ancre + : c’est -à-dire appuyez doucement sur un genou (disons le gauche) et dites d’une façon joyeuse : « C’est un bon sentiment » ou « Cela vous fait sentir bien » ou « … » Soyez créatif et congruent. (A mes séminaires, j’ai observé des gens dire : « C’est un bon sentiment, n’est-ce pas ? » d’un air sombre et d’une voix qui rendrait triste un optimiste.) Après avoir établi une ancre +, répétez la procédure pour établir l’ancre - ; par exemple : « Maintenant Mr Dupont, vous m’avez dit que vous vous sentiez dépressif. » Observez son expression faciale et s’il change, devient triste ou dépressif, touchez doucement son autre genou. Si l’expression du visage ne change pas, utilisez encore une fois les systèmes : « Comment vous voyez-vous lorsque vous êtes dépressif ? » (Rappelez-vous que nous supposons qu’il s’agit d’une personne visuelle). Aussitôt que vous observez le changement d’expression, installez l’ancre -.

TESTER A ce stade, et selon toute probabilité vous aurez établi une ancre + et une ancre -. Maintenant vous allez tester votre travail. Ceci peut être une procédure simple ou très simple selon votre attitude : Touchez l’ancre + (genou gauche dans notre exemple) et avec une voix et une expression joyeuses, dites quelque chose comme : « Je parie que vous aimez mieux ce sentiment n’est-ce pas ? » Regardez attentivement pour être sûr que leur expression et leur comportement général correspondent à l’ancre +. Si c’est le cas, lâchez l’ancre + ; touchez l’ancre – et dites quelque chose comme : « C’est mieux que le sentiment dépressif, n’est-ce pas ? » (Soyez congruent ; utilisez un son de voix et une expression faciale tristes). Vérifiez pour voir que son expression, etc. correspond à l’ancre -. Si c’est le cas vous avez une prise. (Si ce n’est pas le cas, retournez et réinstallez l’ancre + et -, prenez le temps d’obtenir la réaction souhaitée). Après avoir testé l’ancre -, c’est toujours un bon choix de « rallumer » l’ancre +, c’est-à-dire : « Je parie vous aimez vraiment mieux ce bon sentiment » en touchant l’ancre +. 125

Nous pouvons maintenant arrêter et essayer de tirer un sens rationnel de ce qui vient de se passer. Si nous le faisons, nous avons oublié de nous rappeler que l’hypnose n’existe pas. Une autre façon de considérer ce que vous avez accompli est de supposer que le toucher de la jambe gauche est devenu un signal hypnotique qui aide la personne à répondre à la bonne sensation « suggérée » pendant que le toucher de la jambe droite est une « suggestion » hypnotique (non-verbale) pour réagir avec le sentiment « dépressif ». Maintenant c’est fou. Comment pouvons-nous appeler ce truc d’hypnose ? Personne n’a porté une cape ni balancé une boule de cristal ni n’a dit au sujet de partir de plus en plus profond. Alors ne l’appelez pas hypnose. Appelez-le ancrage ou réaction à un stimulus ou magie. Peu importe parce qu’au plus profond de vous, confortablement, vous savez de quoi il s’agit vraiment. (Ceux d’entre vous qui ont de l’expérience dans ce qu’on appelle l’hypnose traditionnelle vont peut-être remarquer quelques phénomènes intéressants. En insérant et en testant les ancres + et – vous verrez beaucoup de personnes manifester une dilatation des pupilles, un rythme de respiration altéré, un relâchement des muscles faciaux et un état d’attention presque comme dans l’état de transe. Acceptez votre bonus avec grâce ! Un état altéré sans une soi-disant induction.)

EFFONDREMENT : ACHEVÉ A ce stade, vous avez achevé le travail principal pour l’ancrage de base. Vous avez « polarisé » (c’est-à-dire séparé) et établi deux états distincts en la personne : une ancre + et une ancre -. La suite consiste à faire Partir les Ancres, ce qui permet à la personne de réduire considérablement sa réaction douloureuse – dans notre exemple, les sentiments de dépression lorsque la personne est seule. Faire Partir les Ancres s’accomplit en appuyant simplement sur l’ancre + (le genou gauche) et l’ancre – (le genou droit) simultanément et en tenant les deux jusqu’à ce que la personne les « neutralise ». « Neutraliser » veut simplement dire que lorsque vous touchez les deux ancres, la personne aura un air confus, souvent l’air de planer avec un regard soit fixe soit vif. Après quelques secondes le regard confus qui plane disparaîtra et la personne aura l’air… bien… neutre. Puis vous testerez votre travail en touchant l’ancre - et vous attendrez. Si la personne reste neutre c’est-à-dire ne retourne pas à l’état « dépressif » lorsque vous touchez l’ancre, alors vous aurez accompli votre effondrement d’ancre ou « fait partir l’ancre ». Si la personne retourne dans l’ancre -, réinstallez une nouvelle ancre + et répétez la procédure jusqu’à ce que l’ancre - ne suscite plus aucune réaction négative. Mon expérience personnelle et ayant observé des centaines de personnes lors de mes séminaires, me conduit à conclure que dans 20% des cas seulement, vous aurez besoin de réinstaller une deuxième ou une troisième ancre + pour faire pour effondrer l’ancre -.

EFFONDREMENT : LES SUBTILITES Avant de continuer, j’aimerai vous offrir quelques subtilités dont vous devez être conscient. Si l’état négatif de la personne, par exemple la dépression, est extrême, vous auriez besoin d’établir une ancre + aussi puissante c’est-à-dire une expérience positive puissante ou deux, voire trois ancres + ; ou vous devrez faire l’effondrer et puis réinstaller une nouvelle ancre +, refaire effondrer les deux ancres et répéter cette procédure jusqu’à ce que l’ancre soit neutralisée. Par la suite, soyez conscient, s’il vous plaît, que tout le monde ne réagira pas de la même manière. Certaines personnes vont réagir avec une expression complète du visage et du corps, alors que d’autres vont seulement serrer leurs mâchoires ou sourire légèrement. Peu importe, du moment que vous pouvez voir le changement. 126

Certaines personnes sourient immédiatement lorsque leur ancre + est touchée, alors que d’autres prendront 10 à 15 secondes à réagir. Donnez toujours le temps à la personne de répondre et observez leur façon de réagir et non votre version de comment ils devraient réagir. Vous pourriez trouver les exemples suivants utiles. A un séminaire, un participant m’a pris à part pour me raconter que « cela » ne marchait pas. De plus il m’a dit qu’au début il doutait de toute la procédure, bien qu’il l’ait observée qu’elle fonctionnait sur d’autres personnes. Je l’ai accompagné, rejoindre son groupe de travail et je lui ai demandé de répéter la procédure pendant que je regardais ce qu’il faisait. Après avoir répété la procédure il a dit : « Voyez ! Cela ne marche pas. Il ne répond pas du tout ! » J’ai appuyé sur l’ancre + (dans ce cas l’épaule droite du sujet) et j’ai dit : « Vous aimez ce ressenti n’est-ce pas ? » Le sujet fit oui de la tête, très légèrement, et j’ai alors appuyé sur l’ancre – (l’épaule gauche) et j’ai dit : « Cela est inconfortable, n’est-ce pas ? » Il acquiesça à nouveau. Puis, j’ai appuyé sur les deux et après quelques instants, j’ai dit : « C’est beaucoup mieux, n’est-ce pas ? » Le sujet a souri et a dit : « Oui ». L’homme qui m’avait appelé a eu l’air sidéré. Je lui ai fait remarquer que lorsqu’il avait appuyé lui-même sur l’ancre + du sujet, le sujet avait pris une grande et profonde inspiration et avait regardé fixement, alors que lorsqu’il avait appuyé sur l’ancre -, le sujet avait arrêté de respirer pendant quelques instants et ses lèvres s’étaient serrées fermement. En bref, sa réaction était là, mais il n’avait pas regardé. Dans la plupart des cas, les réactions seront visibles, mais comme un scout : soyez préparé à l’inhabituel. A un autre séminaire, une femme m’a dit qu’elle n’arrivait pas à faire réagir son sujet à un ancre + mais seulement à un ancre - et que le sujet avait insisté qu’il n’arrivait pas à avoir un bon ressenti. Je savais qu’il venait de subir un divorce et selon lui, il avait tout perdu. Je les ai rejoints et j’ai dit : « John, aimerais-tu découvrir que tu viens juste de recevoir 250.000 $ en retour des impôts ? » Il regarda en haut, a souri et dit : « Pourrais-je ? » A ce moment, j’ai pressé son bras et j’ai dit joyeusement : « Je savais que tu pouvais te rappeler comment te sentir bien. » J’ai demandé à la femme de finir l’exercice et il s’est passé sans problème. En bref, soyez créatif. Traitez chaque personne individuellement. Si vous n’observez pas le résultat escompté la première fois, utilisez une approche différente. Enfin et surtout, testez toujours l’ancre - après avoir appuyé les deux ancres pour être sûr qu’elle est effondrée et demandez seulement ensuite au sujet de penser à ce qui le rend « dépressif » et de vous dire ce qui est différent. Généralement, la réponse sera : « Cela semble différent » ou « C’est plus loin » ou « Cela semble moins important » etc. La raison pour laquelle il est utile de poser cette question uniquement à la fin est qu’il y a des moments où la personne est si loin derrière son processus inconscient qu’elle ne réalise le changement que lorsque vous l’avez testée et que vous le lui avez « montré ».

CONSTRUIRE UNE NOUVELLE RÉPONSE Là où le problème de la personne est continuellement déclenché par une situation dans le monde réel, vous devez l’aider à avoir une nouvelle ressource face à cette situation. Cela aidera à prévenir le « re-déclenchement » de l’ancienne ancre -. Il y a plusieurs façons d’accomplir cela, mais je vais vous donner une manière générale et je vous fais confiance pour en développer d’autres. Dans notre exemple du patient dépressif, je lui demandais de se souvenir d’une réussite ou d’une expérience de sa vie où il était content ou encore mieux, fier de lui. Une fois qu’il a reconnu une telle expérience, j’ai utilisé les systèmes pour l’ancrer : « Lorsque vous avez fait ce « strike » au bowling, comment vous êtes-vous senti ? » « De quoi pensez-vous avoir eu l’air lorsque vous avez senti… ? » « Comment était votre voix lorsque vous avez senti… ?» 127

A chaque réponse, j’appuie légèrement sur le point d’ancrage (qui peut être n’importe où, où vous voulez et où le bon sens le dicte). Après avoir appuyé l’ancre pour la réponse kinesthésique, la réponse visuelle et/ou la réponse auditive, je procède comme suit : « Maintenant, j’aimerais que vous vous voyiez vous-même seule, mais cette fois j’aimerais que vous sentiez un changement dans votre ressenti [je presse l’ancre +] et voyez vous-même avoir l’air bien en ressentant un sentiment fort. » (Toujours en tenant l’ancre +) « Maintenant, prenons une autre situation où vous êtes seule et remarquez encore un sentiment grandissant de force. » (encore en tenant l’ancre +) « Puis, je veux que vous vous voyez vous-même (tenant l’ancre +) dans une de ces situations où vous êtes seule, mais que vous vous voyiez avoir l’air bien et confortable et que vous vous sentiez à l’aise et que vous me faites signe de la tête lorsque vous l’avez fait. » Enfin, arrêtez d’appuyer l’ancre + et demandez au sujet de penser à l’une de ces situations qui, « dans le passé », a causé ces « anciennes » sensations et de voir ce qui se passe. Observez-le pour « voir » s’il reste calme et à l’aise. Si c’est le cas, il est temps d’arrêter et cela suffira pour aujourd’hui. Si ce n’est pas le cas, je continue pour trouver une autre expérience positive, de préférence une expérience qui correspond à la situation problématique par exemple « Pouvez-vous vous rappeler un moment où vous avez travaillé seule sur un projet en étant soulagé que personne vous ai dérangé ? » Je répète le dernier ancrage décrit jusqu’à ce que la personne montre du confort alors qu’elle « voit » le domaine problématique.

ANCRER DES ANCRES Maintenant, je suis confiant dans le fait que vous êtes ancrés dans l’importance de l’ancrage. Puisque des mots, des stimuli visuels, des expériences kinesthésiques, olfactives et gustatives peuvent et sont tous des ancres, alors chacun de nous a des ancres illimitées. Pourquoi ne pas utiliser ce en quoi nous sommes tous experts en premier lieu : Ancrer les autres ! Si vous voulez maintenant considérer tous les problèmes comme une forme d’ancrage, alors un petit verre pour faire passer la gueule de bois serait la façon la plus efficace d’aider vos patients ou clients. Le fait que beaucoup de personnes « insisteront » pour entrer en hypnose lorsque vous utilisez l’ancrage est juste quelque chose que vous devez accepter et si, lorsque vous faites effondrer les ancres, vous demandez aux personnes de fermer leurs yeux et elles le feront, j’espère que vous ne le prendrez pas personnellement lorsqu’ils partiront dans cet « autre » état.

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XVII Confessions d’un Hypnothérapeute Maintenant que j’ai votre attention (je l’espère), j’ai une confession à faire. A certains moments de ce livre, je me suis référé à la section des Applications Thérapeutiques, bien qu’une telle section n’existe pas. Avant de me pendre en effigie, continuez la lecture. Tout au long de ce travail, mon co-auteur, Mme Steele m’a continuellement poussé, bousculé, cajolé pour clarifier les techniques, les approches différentes et pour donner des exemples qui ont du sens pour vous, cher lecteur. Pour cela, des cas réels et des exemples thérapeutiques ont été utilisés dans presque tous les chapitres. Ainsi vous avez déjà lu les Applications Thérapeutiques : une partie par ci, une partie par là et un peu partout. Au lieu d’un soi-disant chapitre Applications Thérapeutiques je vais vous présenter plusieurs exemples de cas, dans lesquels les techniques que vous avez apprises sont, soit les méthodes uniques, soit presque les seules méthodes utilisées. De plus, quelques points qui n’ont pas été traité vont l’être dans ce chapitre. Je sais que vous trouverez les exemples donnés utiles et précieux pour le processus d’intégration de ce que vous avez appris.

CAS 12 : Une patiente, une femme de 45 ans qui présente un problème de peur phobique de l’avion. (En fait, la peur phobique de l’avion n’existe pas. Il y a une peur phobique de s’écraser ! Pensez-y.) L’histoire : la patiente déclarait que sa phobie de prendre l’avion durait depuis 22 ans, mais qu’elle s’est « toujours » méfiée de l’avion. Enfant, son père avait souvent fait des remarques concernant le danger de l’avion et que « tôt ou tard voler te tuera. C’est simplement une question de temps. » Malgré « l’aide » de son père, elle était capable de voler, toutefois avec une grande anxiété. Sa réaction phobique datait de cette époque (22 ans auparavant) lorsqu’un avion dans lequel elle se trouvait a perdu un moteur et a dû faire un atterrissage d’urgence. Cet incident fut un déclencheur de sa phobie ou une réaction ancrée. Environ un an avant de venir me voir, elle avait tenté de prendre un vol pour New York après avoir pris du Valium et plusieurs verres. Cependant, aussitôt qu’elle est entrée dans l’avion, elle a « paniqué » et a dû quitter l’avion. En raison des circonstances professionnelles, prendre l’avion devenait maintenant très important pour elle. Après avoir pris place dans mon bureau, je lui ai demandé de me raconter son problème. Elle regarda immédiatement en haut à sa droite (visuel). A cet instant (je ne pouvais pas dire si elle faisait des images construites ou futures ou si elle était gauchère ou croisée et par conséquent avait un souvenir visuel), ses mains s’enfonçaient dans les accoudoirs de la chaise, se serraient et elle retenait sa respiration. Puis d’une vois tendue, elle a dit : « Je suis terrifiée de prendre l’avion et je ne pense pas que quoi que ce soit pourra m’aider. » A cet instant, j’ai su la source de sa réaction : suite à penser, parler ou entendre sur le sujet « voler »(ce qui était un déclencheur) elle créait des images visuelles et réagissait à ces mêmes « images » avec des ressentis et des émotions physiques qui correspondaient à ses images. Alors qu’elle continuait à regarder en haut à droite et restait tendue, j’ai pressé son poignet gauche et j’ai dit : « C’est un mauvais sentiment, n’est-ce pas ? » (installant l’ancre -). Elle fait « oui » de sa tête. Puis je lui ai demandé qui était son maître préféré en primaire. Ceci pour accomplir deux choses, casser son modèle (pattern) et découvrir où elle allait regarder 129

pour se rappeler du passé. Ses yeux montèrent en haut à gauche et elle s’est relaxée considérablement. Je savais donc que sa réaction « phobique » venait des images construites, probablement d’un crash d’avion et puis réagissant au niveau kinesthésique. Après plusieurs minutes de conversation générale, sautant d’un sujet à un autre (pour continuer à interrompre son pattern et la garder éloignée de sa « réaction phobique »), je lui ai demandé ce qu’elle aimerait vraiment faire et où elle réussissait. Elle regarda en haut à gauche souriait et regarda en bas à gauche (auditif) souriait, son visage et son corps se relaxèrent et elle a dit : « Le golf. J’aime vraiment le golf. » Je lui ai demandé ce qui sonnait le mieux dans le golf (souvenez-vous son mouvement oculaire auditif). Elle me répondit : « Le son vif d’une balle bien frappée » ; elle a souri et tout son corps s’est relaxé. J’ai touché son genou gauche (installant l’ancre +) et j’ai dit : « C’est un sentiment que vous appréciez vraiment. » Puis je lui ai demandé de se souvenir d’un jour où elle avait réalisé un parcours de golf extraordinaire ou quand elle avait joué un grand coup. (les yeux en haut à gauche (V), en bas à gauche (A) et un grand sourire pendant que je pressais son genou gauche à nouveau et son bras gauche installant une deuxième ancre +).

TESTER LE TRAVAIL A ce moment-là, nous avions accompli la chose suivante : nous avions découvert la source interne de son problème : son ancre - ; son système de souvenirs agréables ; nous avions installé l’ancre - et les deux ancres +. Tout cela était accompli en 15 minutes. Puis, il fallait tester le travail. J’ai pressé son poignet gauche et dit : « Votre peur de prendre l’avion vous inquiète vraiment, n’est-ce pas ? » Immédiatement les yeux montèrent en haut à droite, le corps tendu, etc. Avant qu’elle puisse dire quoique ce soit, j’ai lâché son poignet, touché son genou gauche et dit : « Mais vous savez aussi comment vous sentir bien. » Elle s’est relaxée, les yeux clignotèrent brièvement en haut à gauche, en bas à gauche et puis elle m’a regardé, a souri et fit quelques commentaires sur la vitesse à laquelle ses sentiments changeaient. J’ai répété encore une fois le test, principalement pour lui « montrer » à un niveau inconscient et non-verbal, combien elle avait de contrôle sur ses sentiments. La prochaine étape fut de toucher son genou gauche et de presser son poignet gauche en même temps, ainsi faire s’effondrer les ancres. Après les avoir « neutralisées », je lui ai demandé de penser au fait de prendre l’avion. Elle regarda droit devant (indiquant un changement ou une restructuration inconsciente) témoignant d’un peu de tension et a dit : « Cela me contrarie encore, mais ce n’est plus aussi fort. »

RESTRUCTURER Je lui ai alors expliqué comment elle était capable de réagir à ses images et que j’allais l’aider à séparer ses sentiments de ses images. (Ceci est un exemple pour montrer l’importance que les gens flottent en-dehors de l’image comme indiqué dans le Chapitre XVI « ANCRES SORTANTS »). Je lui ai demandé de se voir sur un grand huit et de sentir ce qui se passait. Elle a réagi avec une sensation corporelle observable. Puis je lui ai demandé de se voir sur le grand huit comme si elle était quelqu’un d’autre et de nommer en silence les sentiments actuels qu’elle éprouvait, étant assise sur la chaise. Elle fut surprise sur la différence de sa réaction physique. Alors, j’ai touché sa deuxième ancre + (le bras gauche) et j’ai dit : « Vous vous rappelez comment se sentir bien, n’est-ce pas ? » Comme elle avait réagi à l’ancre +, je lui ai suggéré de garder ce bon ressenti en se voyant prendre l’avion confortablement. Nous avons répété ceci quatre ou cinq fois. Puis j’ai retiré ma main et je lui 130

ai demandé de penser au fait de prendre l’avion. Elle a regardé droit devant, puis en bas à gauche, puis tout droit à nouveau (comparez ceci avec sa réaction initiale de son modèle de mouvement des yeux) et elle a dit : « Bon, ceci n’est pas mon expérience préférée, mais je peux y faire face. Il semble que cela ne me dérange plus beaucoup. » Le reste de la séance était constitué de l’apprentissage du Conditionnement Calme. (voyez le Chapitre XV « PESER LES ANCRES ») Elle fut invitée à pratiquer l’image suivante : se voir prendre l’avion et au premier signe d’inconfort, de changer pour son endroit calme. Je lui ai demandé de revenir la semaine suivante pour vérifier son travail. Lorsqu’elle revint, elle m’a dit qu’une chose étrange s’était produite. Après deux jours d’entrainement du Conditionnement Calme, elle n’arrivait plus à se concentrer sur le fait de voler ; que chaque fois qu’elle avait essayé de se voir prendre l’avion, son esprit s’égarait et elle se souvenait des situations agréables du passé. Elle m’a aussi raconté qu’elle avait fait des réservations pour un voyage d’affaire et qu’elle m’enverrait une carte postale. Une semaine plus tard j’ai reçu la carte. Il était écrit : « Ce n’est toujours pas mon activité favorite, mais c’est mieux que d’aller chez le dentiste. »

CAS 13 : Le patient était un homme de 57 ans, hospitalisé pour un cancer en phase terminale avec des métastases sur le squelette. Il était en soins intensifs et malgré quatre à cinq injections journalières de morphine en plus des médicaments antidouleur, il souffrait d’une douleur intraitable, d’insomnie et d’une agitation extrême. Son médecin m’a demandé de le voir pour contrôler sa douleur et pour réduire son état agité. Lorsque je l’ai vu pour la première fois, le patient se plaignait d’une voix très dure de sa douleur. Il s’est retourné violemment dans le lit et était verbalement hostile à tout le monde. (Ce qui, étant donné les circonstances était compréhensibles à un certain degré) J’ai remarqué que, dans sa chambre, il avait une stéréo portable, une petite radio et un petit enregistreur. Basé sur la façon dont il utilisait sa voix (plaintes, ton sévère, utilisant beaucoup de mots) et l’équipement que j’observais, il était juste de supposer qu’il était hautement auditif. Puisque son cancer lui causait de la douleur (le jetant constamment dans le kinesthésique) je savais que je devais le ramener et puis l’ancrer dans son auditif avec son visuel comme système de soutien.

UTILISER LES SYSTEMES Après m’être présenté et rassemblé un peu d’information sur ses passe-temps (il aimait écouter de la musique) ainsi que quelques domaines dans lesquels il se sentait compétent (l’une d’eux était de travailler le bois) j’étais prêt à commencer. Je lui ai demandé s’il était d’accord pour me rendre un service. (Ceci est un stratagème pour provoquer un désir de m’aider et ainsi commencer à enlever le problème de son esprit.) Ensuite, je lui ai demandé de fermer ses yeux et d’écouter comment sonnait sa douleur. Il m’a regardé fixement, consterné, j’ai reconnu que ma demande était étrange, mais que j’avais vraiment besoin qu’il me fasse cette faveur. A cela, il a fermé les yeux et parut concentré. Presque immédiatement, sa respiration s’est approfondie et il devint beaucoup plus calme (toujours en train de bouger mais sans se retourner violemment.) Après une minute il a ouvert les yeux et a dit : « C’est comme un son affreux de grincement. » Je lui ai demandé de fermer les yeux encore une fois et d’écouter ce son grinçant pour découvrir à quel point cela ressemblait au son d’un de ses outils pour travailler le bois. Après quelques instants il fit « oui » de la tête. 131

Puis je lui ai demandé de créer une image claire de l’outil qui lui rappelait le plus ce son et de faire signe quand c’était fait – ce qu’il a fait en quelques secondes. Je lui ai alors demandé de « voir » dans son esprit cet outil ou cette machine à travers la pièce et de l’accélérer aussi vite qu’il le pouvait. En quelques secondes il fit « oui » avec sa tête à nouveau. Je l’ai invité à « voir » l’outil ou la machine ralentir, petit à petit jusqu’à l’arrêt complet. Lorsqu’il bougeait sa tête pour dire « oui » j’ai doucement pressé son épaule gauche et dit simplement : « C’est bien ; vous aidez vraiment. » (Intentionnellement en ne spécifiant ni qui ni quoi il aidait). A ce moment-là, sa transformation fut remarquable. Il ne bougeait plus du tout, sa respiration était lente et profonde, son visage était relaxé et sa couleur avait changé. L’étape suivante de ma procédure fut de l’aider à se souvenir comment oublier des contrariétés. Ceci fut accompli en parlant lentement et d’une voix basse (souvenez-vous de son auditif) de son travail du bois, sa capacité à mettre en route des machines bruyantes telles qu’un broyeur sans même remarquer le bruit ; de son implication si grande à ce qu’il faisait qu’il en oubliait le bruit ! Il bougea lentement la tête pour faire « oui ». Puisque nous avions déjà établi que sa douleur sonnait comme un grincement, j’avais parié qu’il ferait la connexion entre oublier le son et oublier la douleur. Pendant ce monologue je continuais à presser doucement son épaule gauche. Puis j’ai commencé à parler de musique, du plaisir à l’écouter et combien il était facile de perdre la notion du temps et de l’espace lorsque vous êtes vraiment captivé et comment vous pouvez presque flotter loin de tout en écoutant de la musique. Il acquiesça encore lentement. (A cet instant, il était tellement dans « cet état » qu’il ne réagissait plus aux infirmières ni aux autres personnes entrant dans la chambre.) J’ai fini cette première séance en lui disant que je ne savais pas quel bruit, autour de lui, lui rappellerait comment flotter au loin. Alors que je continuais à presser doucement son épaule, j’ai commencé à mentionner des sons habituels d’un hôpital qui pourraient accomplir cela – en bref, ancrer ce « flottement » déclenché par les bruits de l’hôpital.

LES RESULTATS Lorsque je suis revenu le voir deux jours plus tard, il avait été transféré de soins intensifs dans une unité d’observation suite aux changements qu’il avait montrés. Il a commencé à dormir toute la nuit ; il mangeait et son attitude avait changé remarquablement et positivement. De plus, il n’avait reçu qu’une seule injection en deux jours et avait considérablement réduit les autres médicaments. Lors de cette deuxième séance je lui ai « appris » à « voir » et/ou « entendre » sa douleur afin qu’il puisse prendre davantage de responsabilité concernant son traitement et puis j’ai répété, dans l’ensemble, les étapes de la première séance. A la troisième séance, six jours après notre premier rendez-vous, il n’avait plus besoin d’injections et n’avait pris que deux valium (un à deux nuits différentes) pour « m’aider à dormir ». Le lendemain de la troisième séance, il est sorti de l’hôpital. Plusieurs semaines plus tard j’ai reçu une très belle lettre de sa femme. Elle disait qu’il vivait presque toujours sans douleur avec une prise de valium de temps en temps pour dormir ; qu’il était joyeux et passait beaucoup de temps dans son atelier pour finir des projets (en bois) qu’il avait commencés il y a des années. (Nous pourrions dire qu’il renforçait sa suggestion hypnotique avec le travail réel.)

CAS 14 : Une Femme de 25 ans, fraichement mariée, m’avait été adressée par son médecin pour ce 132

qu’il nommait « frigidité ». Son histoire indiquait cependant qu’elle avait une phobie du toucher. Elle m’a dit que quand elle était assez « défoncée » elle assumait les relations sexuelles, mais lorsque sobre, être touchée d’une façon « sexuelle » la rendait presque physiquement malade. Elle a aussi déclaré qu’elle n’aimait pas être touchée de quelque manière que ce soit par quelqu’un. Je me suis mis de telle manière que mon pied droit puisse être proche de son pied gauche en faisant attention de garder une distance « discrète ». Je lui ai raconté des histoires, posé des questions et fait des commentaires en général, pour lui provoquer des sourires et des rires. Chaque fois qu’elle riait ou souriait, je pressais mon pied légèrement contre le sien. Je lui ai posé des questions sur des vacances agréables. Lorsqu’elle répondait avec un sourire, je pressais mon pied contre le sien. Lorsqu’elle me parlait de son problème, elle regardait en haut (visuel passé) en devenant toute tendue (manifestation kinesthésique). Toutefois, en parlant des expériences agréables, elle regardait en haut à gauche (visuel passé) en bas à gauche (auditif) et vers moi (visuel présent) et souriait (kinesthésique présent). Ce processus a continué pendant environ vingt minutes, à l’issue desquelles, je me suis approché d’elle. Après quelques blagues et histoires elle riait de tout cœur et alors je l’ai touché à son poignet gauche et j’ai dit : « Le rire vous va bien ; je parie que ce ressenti est bien meilleur. » Elle me répondit avec un « oui » de la tête : « C’est sûr. » Avec différentes façons de la faire rire et sourire, j’ai continué de toucher son poignet gauche et ce, jusqu’à ce que je laisse ma main posée sur la sienne et j’ai dit : « Bon, il semble que vous puissiez vous voir (gardant le visuel) en train d’apprendre à éprouver des bons ressentis lorsque vous êtes touchée. » Elle regarda ma main sur son poignet, le regard confus, me regarda et dit : « Bon sang ! » A la fin de la première séance, je l’ai accompagnée jusqu’à la réception où plusieurs personnes étaient assises. Je lui ai dit que l’on se verrait la semaine suivante et à cela, elle s’est tournée vers moi, m’a serré fort dans ses bras et dit : « Mon Dieu, je me sens super ! » Son action m’a mis en hypnose, mais cela montrait également le chemin parcouru en une séance. Pour la deuxième séance, la procédure fut celle d’un effondrement d’ancre basique : Ajouter plusieurs ancres + et puis provoquer sa mauvaise sensation au toucher (qui à ce point n’était plus si mauvaise), installer l’ancre - et puis les faire s’effondrer. Finalement, elle avait appris le « conditionnement calme » et fut formée à s’entrainer à se voir dans l’intimité avec son mari, en gardant le sentiment de calme ou lorsqu’elle sentait de l’anxiété, à savoir retrouver son endroit calme. Un rendez-vous de suivi plusieurs mois après a révélé que non seulement elle avait dépassé sa « frigidité » mais qu’elle n’avait plus de problème à être touchée.

COMMENTAIRE Au fil des années j’ai élaboré une théorie concernant la soi-disant phobie du toucher et j’ai trouvé cet état facile à améliorer. Premièrement, je crois que cette maladie arrive parce que la personne a eu une histoire d’enfance au cours de laquelle, elle n’a jamais été touchée sauf quand elle se faisait mal ou était punie. En bref, les sujets ont été ancrés à associer douleur et toucher. Deuxièmement, basée sur cette croyance, la procédure – décrite ci-dessus – fait s’effondrer l’ancienne ancre et installe une nouvelle association ou ancre : sentiments agréables et toucher. Lors de mes séminaires, j’explique ceci aux participants et je leur demande de le vérifier et puis de me dire ce qui se passe. Suite à ces retours, j’en conclus que la théorie est correcte ou que les techniques produisent des résultats malgré ma théorie. 133

CAS 15 : Ceci est un cas bref d’une participante à l’un de mes séminaires. Son client était un homme dans la quarantaine, avec un problème de maux de tête sévères suite aux serrements constants des dents. Son approche était de continuer l’effondrement d’ancre c’est-à-dire : elle demandait au client de se souvenir de quelque chose agréable, installant l’ancre + puis lui demandait de serrer les dents lorsqu’elle actionnait l’ancre +. Elle avait répété cette procédure encore et encore pendant la séance d’une heure : installer une ancre +, lui demander de serrer les dents, actionner l’ancre +. Son client lui avait expliqué la semaine suivante, que chaque fois qu’il serrait les dents quelque chose faisait click qu’il se souvenait de quelque chose d’agréable et ses mâchoires se relaxaient. Il avait signalé également qu’il n’avait eu que deux maux de tête durant toute la semaine. Lors de la deuxième séance, elle a simplement répété sa procédure et son client avait déclaré avoir eu une absence complète de maux de tête. Un appel de suivi, un mois plus tard (il avait appelé à la demande de la thérapeute), a indiqué qu’il n’avait plus de symptômes, qu’en plus il dormait mieux et qu’il avait plus d’énergie. En m’exposant brièvement son cas, elle a fait remarquer que lorsque son client serrait les dents, il regardait aussi en bas à gauche. Cela indique une boucle entendre/ressentir c’est-àdire : se parler (A) et répondre en serrant les dents (K). Cependant, lorsqu’il parlait des choses agréables, il regardait en haut à gauche, puis à droite et puis tout droit et souriait (V passé, V future, V présent avec réaction K). Après la première séance deux changements inconscients furent remarqués : Lorsqu’il regardait en bas à gauche (A) et juste quand il commençait à serrer (K), il regardait immédiatement en haut à gauche (V passé) et puis tout droit sans serrer les dents ou il regardait en bas à gauche (A) et redressait sa tête (K) et regardait tout droit (V présent). Partant des cas ci-dessus, vous pouvez conclure que c’est trop facile. Vous pouvez amener un chameau à l’eau mais vous ne pouvez pas lui apprendre à faire voler un 747 ! Lors de mes séminaires j’ai observé quelqu’un faire la technique magnifiquement bien, obtenir des résultats notables, le sujet l’a vérifié et pourtant se plaindre qu’il devrait y avoir davantage. Au moment où ils ont fini de s’hypnotiser eux-même à croire que cela aurait dû être plus difficile ou qu’il doit y avoir un hic, ils l’ont rendu difficile, voire impossible pour euxmêmes. Pour moi, c’est fou. Mais si chacun était rationnel et pourvu de sens, je devrais trouver un autre travail pour vivre.

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XVIII Divagations Dans les Coins et Recoins Je ne sais pas pour vous, cher lecteur, mais écrire ce dernier chapitre provoque en moi des sentiments mélangés. Je suis en même temps soulagé et heureux que ce fichu truc soit fini et pourtant étrangement triste. Mme Steele et moi-même avons mis beaucoup de temps, d’efforts, de recherches et les proverbiaux sang, sueur et larmes dans ce travail. Ce que vous avez probablement conjecturé maintenant, je ne suis pas ou ne serai jamais un académicien et ainsi j’ai trouvé qu’écrire sur la Restructuration Inconsciente®, sur l’hypnose et sur ma propre approche s’avérait beaucoup plus difficile que de le faire réellement. Puisque vous lisez cette partie, je peux supposer que vous avez été assez têtu, curieux et pervers pour avoir lu tout ce qui est cité ci-avant. Avec ces qualités je sais que vous réussirez à utiliser ce que… vous avez appris ! J’espère aussi que vous me permettrez de divaguer et de radoter et même si vous ne le faites pas, il est bien dans mon intention de le faire. Au fil de mon savoir grandissant d’hypnothérapeute je n’ai jamais aimé ces livres où l’on laissait entendre que 1) l’auteur ne « ratait » jamais et 2) que les réussites étaient toujours instantanées – alors que la méthode pour produire le « miracle » quelque part, étrangement, manquait. Dans ces livres, deux pages seront consacrées à détailler le sérieux et la difficulté du problème pendant que la méthodologie va être réduite à : « Après trois [ou deux ou un ou quatre] séances d’hypnose avec des fortes suggestions, le patient était pour toujours heureux (ou ?)». Ceci me rappelait toujours les contes de fée dans lesquelles le prince et la princesse partaient pour vivre heureux jusqu’à la fin des temps… mais que personne vous a raconté le jour après. Pour le dire autrement, j’ai toujours eu le sentiment d’avoir raté quelque chose (la méthode) et d’être juste stupide (peut-être aurais-je dû connaître la méthode). J’espère sincèrement vous avoir évité ces deux situations dans ce travail. Tout d’abord, j’ai fait tous les efforts pour vous donner en détail la méthode, les mots, l’approche utilisés avec chaque personne. Deuxièmement, je veux être clair avec vous, à certains moments, j’échoue terriblement et je tombe droit sur mon…(à remplir par vos soins). Ceci n’est pas un commentaire sur la Restructuration Inconsciente® mais plutôt sur mon échec à avoir utilisé cette approche avec sagesse ; ou n’avoir pas pu bien observer ; ou à des moments où je me suis permis de devenir impatient par trop de travail ou trop peu de vacances ; ou lorsque je fut trop laxiste. Toutefois, je crois avoir davantage appris et amélioré ma méthode à la suite de mes échecs qu’à l’issue de mes succès.

RÉVISION : SYSTEMES DE CROYANCES Maintenant que j’ai sorti « cela » du chemin, j’aimerai divaguer sur le sujet même du livre. Lorsqu’une personne vient au cabinet, je crois qu’ils disent en effet : « Mon système de croyances m’empêche de faire de nouveaux choix. » Si leur système de croyances était efficace dans le domaine du problème, ils auraient résolu le problème et n’auraient pas besoin de vous. Si vous acceptez leur système de croyances comme vrai dans la réalité, alors non seulement vous avez été hypnotisé par eux, mais vous courez aussi le risque de perpétuer le 135

problème et d’en devenir une partie. Votre première mission est donc de les aider à élargir et/ou à défier le système de croyances qui les tient coincé. Puis, vous devez considérer qu’une forme d’autohypnose fait tourner leur système de croyances. Cette personne est, quelque part en train d’halluciner pour rester coincé ; par exemple : « ne pas voir » des moments où ils étaient « aimés » alors qu’ils trouvent toutes les preuves de ne pas l’avoir été – ce qui est reconnu dans des cercles d’hypnose comme hallucination positive ou négative. Lorsque vous débattez avec une personne qui « voit » ou « ne voit pas » une hallucination hypnotique, ils se retranchent et deviennent plus « positif » sur ce qu’ils « voient » ou « ne voient pas ». Alors que vous utilisiez l’hypnose formelle ou pas, je crois que vous devez rester conscient du facteur hypnotique impliqué qui maintient l’état douloureux de la personne. Soit vous utilisez cette connaissance soit vous finissez par être un sujet hypnotique vous-même.

RÉVISION : LES SYSTÈMES Je soutiens, en outre, que la personne qui fonctionne bien, soit dans tous ou dans certains domaines, utilise tous les systèmes (V-K-A) d’une façon synergique, alors que plus cette personne se repose sur un seul système à l’exclusion d’un ou plusieurs autres systèmes, moins elle a des choix disponibles et plus la personne est coincée et plus elle souffre. Dans chaque système des expériences, du savoir-faire et des capacités sont enregistrés qui peuvent amener à de nouveaux choix, de nouveaux comportements et de nouvelles réactions. Si une personne se « voit » échouer, vous pouvez les aider à se souvenir d’un temps où ils se sont « sentis » en réussite et ce ressenti peut les aider à construire une image du succès. La nouvelle image mènera à défier l’ancien système de croyances. Si une personne a toujours entendu « dire » qu’ils doivent se taire, vous pouvez les aider à se rappeler des moments où ils ont vu des gens dire ce qu’ils pensent ; ce souvenir peut les aider à changer leur croyance. Il incombe alors au thérapeute d’aider la personne à élargir et à équilibrer ses systèmes. Quand les thérapeutes utilisent le même système que celui de la personne et acceptent son système de croyances, alors le client/patient fait un travail parfait pour que le thérapeute « voie » ou « entende » ou « sente » de la même manière que le patient. Bien sûr, nous devons garder à l’esprit que l’hypnose n’existe pas. Reconnaître l’utilisation limitée par la personne de ses systèmes et de ses systèmes de croyances autodestructeurs, le thérapeute est immédiatement préparé, avec une multitude de choix, quant à la manière de procéder pour aider la personne. Si quelqu’un est perdu dans la jungle, c’est idiot de construire une base et d’attendre qu’il vous trouve. Vous devez aller là où ils se trouvent et les guider à la sortie. En somme, nous pourrions dire que la personne était hypnotisée à croire que certaines choses sont d’une certaine manière et seront toujours ainsi. A travers les circonstances, la personne dans la zone de son problème du moins, commence à développer une dépendance à un système particulier – soit kinesthésique, visuel ou auditif – pour essayer de gérer le problème. Par ces processus, la personne commence à « distordre » la réalité et ce faisant, elle continue à « voir », « entendre » et « sentir » la même chose encore et encore. En fait, la personne se retient ellemême dans un état hypnotique pendant lequel son système de croyances prend la priorité sur la soi-disant réalité « consensuelle ». Je crois que si vous utilisez le même mécanisme que celui qui produit le problème – l’hypnose – vous pouvez les aider à casser rapidement les patterns (schémas), développer de nouvelles compétences et réagir avec de nouveau choix. Si une personne sait déjà utiliser un marteau, aidez-la à l’utiliser différemment pendant que vous lui montrez comment utiliser un tournevis. Ne lui demandez pas de savoir piloter un avion à la place. (Vous devriez y réfléchir). 136

RÉVISION : INTERRUPTION DE PATTERN J’aimerais que vous considériez la suite : les êtres humains conservent de l’énergie (certains diraient qu’ils sont paresseux). Nous construisons des machines pour faire notre travail puis des machines pour faire fonctionner nos machines et puis nous utilisons des ordinateurs pour les superviser. Cela montre que les gens naturellement rationalisent leur comportement en patterns (habitudes ou schémas) : des habitudes répétitives qui économisent de l’énergie. Quand ces patterns sont efficaces et mènent au succès, nous avons un bon système. Cependant, quand une personne continue à répéter des habitudes douloureuses – par exemple : quand elle devient « dépressive » chaque week-end ou quand elle est seule etc. – alors cela devient une « obligation absolue » d’interrompre ces schémas (douloureux) et de l’aider à développer des habitudes de réactions plus efficaces. Comme démontré plus tôt, quand un pattern est interrompu, souvent une personne entre en état hypnotique. Cela vous donne une opportunité en or pour l’aider à installer une nouvelle réaction plus efficace. Puisque nous avons tous des histoires longues et réussies d’apprentissage, de désapprentissage et de changement de pattern, le fait de changer les habitudes est déjà intégré dans le système. Toutefois, aucun être humain ne développe une habitude, à moins qu’à un moment de sa vie ce pattern « semblait » nécessaire. Cela ne veut pas dire qu’il était nécessaire, mais seulement qu’il semblait l’être. Ainsi une partie du système de croyances de la personne croit que cette habitude est nécessaire. L’aider à casser ces patterns (habitudes/schémas) peut l’aider aussi à défier les systèmes de croyances, sans même discuter ces systèmes de croyances. Je l’ai dit auparavant et je veux le redire encore une fois : « La thérapie, n’importe quelle thérapie, réussit lorsque, coûte que coûte, exprès ou par accident, le thérapeute a aidé une personne à casser un pattern et l’a substitué par une nouvelle habitude. » Après avoir travaillé avec des centaines d’individus dans ma pratique clinique et avoir donné des douzaines et des douzaines de séminaires, je suis convaincu de la chose suivante : Les gens réagissent dans la zone de leur problème (et peut-être dans leur zones de succès aussi) comme un sujet hypnotique à ce que l’on appelle une suggestion post-hypnotique. Ils vous diront ceci : « Chaque fois qu’il/elle me regarde ou parle ou… de cette façon, je deviens dépressif ou me mets en colère ou (remplissez…) » ou « Chaque fois que je pense à… je deviens…. » Si vous comparez ces phénomènes et la cohérence de sa réaction avec la littérature sur les suggestions post-hypnotiques, je crois que vous serez aussi frappés par la similitude. Si vous acceptez cette thèse, alors il va sans dire que les techniques hypnotiques sont l’antidote à des problèmes et des limitations, produits et entretenus hypnotiquement.

RÉVISION : L’ANCRAGE Dans ce travail, deux chapitres sont consacrés au sujet de l’ancrage. J’aimerais que vous considériez l’ancrage comme une façon différente de produire des suggestions posthypnotiques. A moins que vous ne vouliez peut-être considérer la suggestion post-hypnotique comme une façon différente de produire des ancres. Je vous laisse décider. Dans les deux cas, vous pouvez avoir une compréhension puissante de ce qui produit et entretient les problèmes et limitations. Dans mon cabinet, j’ai imité un ton de voix ou une expression faciale qui, aux dires de la personne, l’a énervé ; je les ai observés pleurer, se mettre en colère et dans un cas, essayer de me donner un coup de poing . C’était comme s’ils étaient des « automates » réagissant sans choix ni conscience. Les amener à faire « effondrer » ces ancres les a aidés à avoir des choix. Puisque je crois que personne ne veut souffrir, les aider à avoir des choix les amène à trouver des façons plus satisfaisantes et plus agréables pour faire face au monde. Si vous 137

n’êtes pas conscient des ancres (suggestions post-hypnotiques), vous courez le risque de les renforcer et de les déclencher. C’est ok si vous avez une raison et un but et si vous voulez casser le pattern (l’habitude) et faire s’effondrer la réaction douloureuse. Puisqu’avec les techniques hypnotiques telle que l’ancrage vous pouvez provoquer chez une personne une réaction anxieuse face à un crayon ou une expression faciale heureuse, il vous semblerait très important d’arrêter d’essayer de trouver un sens dans le non-sens. Si la logique et les pensées de l’hémisphère gauche avaient résolu des problèmes, les problèmes seraient résolus depuis longtemps. En revanche, si vous considérez tous les problèmes présents comme une sorte d’ancre ou d’ancres, produites par une forme d’hypnose vos tâches seront plus simples. Tout ce que vous avez besoin de faire est de développer des techniques pour aider la personne à réagir de façon plus utile. Cela sera accompli en reconnaissant (et non en analysant) leur système de croyances ; quel système (V-K-A) elle a besoin de développer ; comment casser le pattern (schéma) ; et quelles ancres (suggestions posthypnotiques) vous avez besoin de neutraliser - et les nouvelles habitudes que vous avez besoin d’installer et de renforcer. Enfin et surtout, je crois que n’importe quel livre, même (ou peut-être encore plus) celui-ci ne peuvent remplacer le fait de pratiquer et d’essayer de nouvelles choses. Beaucoup d’entre nous ont peur de faire une erreur ou de ne pas être aimé de notre client/patient. En vérité, nous ne sommes pas payés pour que l’on nous aime, et nos clients ne savent pas ce qui va ou non marcher. Je vous invite, non, je vous supplie de tenter ce que vous avez lu et davantage. Chaque jour, faites quelque chose d’inattendu dans votre pratique (et dans votre vie) ; changez les chaises ; changez de vêtements, changez !! Utilisez une nouvelle technique. Vous deviendrez probablement plus efficace. Je sais que ceci vous gardera stimulé, excité et plus heureux et s’il vous plaît, rappelez-vous l’hypnose n’existe pas.

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Epilogue Les hypnotiseurs : Charlatans, Malfaiteurs, Dominateurs de l’Homme Mesmer. Svengali. Raspoutine. Dracula. LE DIABLE LUI-MEME. Vous le voyez ? Vous entendez sa voix soyeuse vous dire d'exécuter son ordre ? Vous savez que vous ne devez pas regarder ; si vous regardez vous êtes perdu ; perdu pour toujours. Vous ne pouvez pas résister. Vous essayez de fuir. Mais ses yeux bloquent les vôtres. Vous n’entendez plus que sa voix. Vous êtes impuissant. Et votre âme est à lui. Pour toujours. Ou : Magie de scène. Divertissement bon marché. Fraude. Alors que vous êtes assis confortablement sur votre chaise, vous regardez avec une distance de sécurité. Le Grand Fraudini, Hypnotiseur Extraordinaire, a ses victimes impuissantes sur scène prêtes pour la première humiliation. « Aboyez comme un chien » ditil et le pauvre « type » se met à quatre pattes et aboie. « Votre siège devient chaud. » suggèret-il et le fou saute au plafond et vous riez. « Vous êtes nu » entonne Fraudini et vous pouvez presque sentir la gêne de la victime lorsqu’elle essaie de couvrir sa nudité. Et, tout d’un coup, vous réalisez que vous vous sentez aussi mal à l’aise que la victime. Vous appelez cela de l’empathie. Après tout, c’est juste une performance et la « victime » est probablement d’accord et connaît la blague. Et, même si ce n’est pas une mise en scène, alors Fraudini a dû choisir un sujet particulièrement « suggérable » - faible d’esprit, lent et ennuyeux. Pas comme vous, bien sûr. Cela ne marcherait jamais avec vous. Il peut vous venir à l’esprit… MAINTENANT… qu’en sentant votre propre inconfort, Fraudini vous ait hypnotisé autant que le sujet. Peut-être êtes-vous entré dans votre propre expérience et vous êtes-vous souvenu d’un moment où vous étiez mal à l’aise et embarrassé ? Peut-être que vous aviez une image de ce moment et que vous entendiez la voix de cette personne et que vous vous rappeliez. Ce sont les symboles de l’hypnotisme, appelé dans le temps « Mesmérisme ». Avant de rencontrer Dr. Heller j’étais « hypnotisé » par ces symboles. Je « savais » ce qu’était l’hypnose. Je me suis dit : »Je ne suis pas un plouc de province. J’ai une éducation. Je suis savant et conscient. » Alors je pensais que je savais de quoi je parlais. Mais les symboles, les signaux, les déclencheurs et les ancres sont des choses puissantes. Comme vous le savez maintenant, l’hypnose, pratiquée par des hommes comme Milton Erickson et Steve Heller n’a rien à voir avec le fait de faire tourner des roues et des suggestions « plus profond, plus profond ». (Pendant que nous sommes sur le sujet « plus profond », Steve aimait nous rappeler que « PhD » - (titre Dr. , en français Docteur en philosophie)– est simplement une abréviation pour « Piled Higher and Deeper » - soit empilé plus haut et plus profond) Et il aimait les sens multiples. Même sur sa plaque d’immatriculation, on pouvait lire : « HYP PHD ». Considérez alors le nom qu’il a donné à sa méthodologie : Reconstruction Inconsciente® Bon, cela aura pris beaucoup de temps, mais finalement, maintenant, l’hypnose devient honorable. Non pas comme un tour d’illusion, ni comme un traitement limité à arrêter de fumer, à réduire le stress ou à contrôler le poids, mais comme un mécanisme puissant pour un réel changement. Un vrai changement. La recherche scientifique est là. Un changement au niveau du système limbique (Voir par exemple The Psychobiology Of Mind-Body Healing : 139

New Concepts of Therapeutic Hypnosis par Ernest L. Rossi, Ph.D., W. W. Norton Co. Inc., New York, 1986) La méthode de Steve marche. Juste en « racontant des histoires ». Maintenant que vous avez lu ce livre, vous pouvez voir clairement que ce n’est pas par accident que le Dr. Steve Heller était connu comme étant Le Magicien. Mais peut-être ne croyez-vous toujours pas en l’hypnose. Je sais, je n’y croyais pas. Et après avoir lu ce livre, je n’y crois toujours pas.

****** Le 24 octobre 1997, Steve Heller, Le Magicien nous a quittés. Bien que son travail et son héritage perdurent, sa présence, son sens de l’humour et son énorme énergie ont disparu. En qualité de l’un de ses nombreux amis, il me manque. Nicholas Tharcher Mars 2001

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Sur l’Auteur Steven Heller, Ph.D. fondateur et directeur de « The Heller Institute », a eu un cabinet d’hypnose clinique depuis 1969. Il était réputé en tant que conférencier et enseignant de la méthode Ericksonienne, ainsi que pour sa propre méthode Reconstruction Inconsciente®. A travers ses séminaires d’Hypnose Clinique : Techniques Innovantes® le Dr. Heller était un des premiers à présenter ce qui allait devenir célèbre comme « Hypnothérapie Ericksonienne ». Ce programme était présenté à travers tout le pays pendant plusieurs années. Finalement, il fut reconnu comme « l’enseignant des enseignants » et il fut nommé « Le Magicien ». En plus de son cabinet privé, le Dr. Heller a enseigné aux membres des professions d’aide à la personne, et a conduit des programmes d’enseignement pour les équipes hospitalières, universitaires, médicales, dentaires et des associations psychologiques. Il était invité à plusieurs programmes de télévision et de radio. Le Dr. Heller a utilisé ses méthodes pour la chirurgie où l’anesthésie ne pouvait être utilisée. Un exemple spectaculaire était l’utilisation de la Reconstruction Inconsciente® comme seule anesthésie lors d’une mastectomie. Non seulement la patiente ne ressentait aucune douleur pendant l’intervention, elle n’eût pas non plus besoin de médication post-opérative. Elle est sortie de l’hôpital 36 heures après la chirurgie. Le Dr. Heller a reçu son Ph.D. (le doctorat) en psychologie clinique de l’Université de Californie de l’Ouest, où sa spécialisation d’étude était, bien sûr, l’hypnose. Il est né à Los Angeles en 1939 et il est décédé en 1997. Il nous manque profondément.

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L’Hypnose et au-delà... ... FasterEFT Entre vos mains vous tenez un livre qui vous aide à mieux comprendre la source de tous vos problèmes. Si vous connaissez la PNL (la Programmation NeuroLinguistique) et/ou l’hypnose vous allez être surpris de l’utilisation étonnante et fluide que propose le Dr. Steven Heller en nous faisant part de son expérience dans ce livre. Si vous n’avez jamais entendu parler de la PNL, la façon dont le Dr. Heller décrit et démontre les différentes techniques est une belle entrée en matière, ouverte et décomplexée pour mieux se comprendre soi-même, sa vie et les autres. Alors si vous voulez commencer à résoudre vos soucis, les grands et les petits, reprendre votre pouvoir sur votre vie, apprenez la technique FasterEFT que Robert Smith a extraite de son expérience, ses apprentissages, observations et analyses. A partir de ce livre du Dr. Heller découlent les enseignements de Robert Smith et il combine les découvertes des dernières années dans le domaine des neurosciences, de la psychologie et de thérapie. Comme beaucoup d’entre nous, Robert Smith a commencé par se poser des questions sur la vie, sur les problèmes rencontrés et sur le sens de tout cela. En apprenant différentes techniques, comme le BSFF, le TFT ou l’EFT, il s’est surtout posé LA question : Comment rendre les choses plus faciles à utiliser et plus efficaces ? C’est ainsi qu’est née FasterEFT, la méthode qui aide à changer rapidement et qui apporte le meilleur durablement, en basant la personne la plus importante au centre : Vous ! « Encore une technique de plus ? » Non, pas du tout. Une façon de vivre et de réussir sa vie, Oui. Ce n’est pas non plus « une théorie supplémentaire » à laquelle la personne doit s’adapter, mais réellement une technique qui s’adapte à l’individu. Étonnamment simple et complexe à la fois comme l’être humain. Nous aspirons tous à des choses simples et les compliquons d’avantage, n’est-ce pas ? Profitez, dès maintenant en français dans ce livre, de ces avancées du développement personnel. Pour plus d’explications sur cette technique incroyable et exceptionnel, rendezvous sur le site en français http://www.fastereft-europe.com et sur http://www.youtube.com/LaMagieEnSoi pour regarder les vidéos gratuites. Bonne lecture et apprenti-sage Happy Taping Helga Lainé-Schwarzenberger

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