Rappel De La Mort Et De L Au-delà (revivification Des Sciences De La Religion)

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Les Éditions Albouraq – Revivification des sciences de la religion –

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Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par quelque procédé que ce soit, réservés pour tous les pays à l’Éditeur. 1434-2013 ISBN 978-2-84161-953-5 // EAN 9782841619535

Abû Hâmid Al-Ghazâlî

Le livre du rappel de la mort et de l’au-delà (Kitâb dhikr al-mawt wa mâ ba‘dahu) La Revivification des sciences religieuses (Ihyâ ‘ulûm al-Dîn) [Livre X, tome IV]

Traduit et annoté par Hassan Boutaleb

INTRODUCTION C’est par Le Livre de la mort et de l’au-delà que l’imâm Al-Ghazâlî achève son immense summa, la Revivification des sciences de la Religion, (Ihya ‘ulûm al-Dîn), que les savants des différentes époques considèrent comme le plus exhaustif en la matière. L’auteur (que Dieu lui fasse miséricorde et soit satisfait de lui) a divisé ce livre en deux grandes parties. Dans la première, il nous livre les détails concernant les prémices et les conséquences de la mort. Dans la seconde partie, il nous parle de la condition des morts. S’appuyant sur le Livre saint et la tradition prophétique, et se référant aux récits des anciens et à la vision des saints, Ghazâlî commence par nous décrire les différentes phases de la mort jusqu’au soufflement de la Trompe, puis nous fournit une large description de la terre où seront rassemblés les morts ; du jour de la Résurrection et ses vicissitudes ; de l’interrogatoire par les anges Munkîr et Nakîr ; de la Balance où seront pesées les actions ; du pont que devront traverser les hommes ; de l’intercession des prophètes, des saints et des vertueux ; du bassin ; de l’Enfer et ses calamités ; du Paradis et ses délices et enfin, de l’infinie miséricorde de Dieu. Ainsi, ce livre nous décrit le voyage inéluctable vers la mort, auquel personne n’échappe, et nous invite à nous le rappeler et à nous y préparer, car comme le dit la Tradition, cette existence n’est rien d’autre qu’insouciance et sommeil, alors que l’autre est vigilance et éveil. Il nous invite aussi à ne jamais condamner nos semblables et à ne jamais désespérer de l’indulgence, de la compassion et de la miséricorde divines. En effet, Abû al-Dardâ’ (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « L’Envoyé de Dieu récita le verset suivant : « Celui qui aura craint la 1 station de son Seigneur, aura deux jardins. » . Je lui ai alors demandé : « Ô Envoyé de Dieu , même s’il a volé et forniqué ? » Il répondit : « Celui qui aura craint la station de son Seigneur, aura deux jardins. » J’insistai : « Même s’il a volé et forniqué ? » Et il répondit encore : « Celui qui aura craint la station de son Seigneur, aura deux jardins. » Je l’interrogeai à nouveau et cette fois il dit : « Oui, et en dépit d’Abû al-Dardâ’ ! »2 ».

Au Nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louange à Dieu qui a brisé, par la mort, le cou des tyrans (al-jabâbira), le dos des Chosroes et coupé court aux aspirations des Césars, tous ces gens dont le cœur se détournait du rappel de la mort jusqu’à ce que la véritable promesse (al-wa‘d al-haqq) les cueillît et les précipitât dans la fosse (alhâfira). Ils furent ainsi transportés des palais aux tombeaux, et passèrent de la clarté des divans [royaux] (al-muhûd) à l’obscurité des sépulcres (al-luhûd). Des distractions animées par les jeunes servants et servantes, aux tourments des insectes et des vers ; des plaisirs de la nourriture et des boissons, à l’agitation et à l’ensevelissement (al-tamazzugh) dans la poussière de la terre. De l’intimité de la compagnie, à la solitude; des larges canapés, à une fin tourmentée (al-masra‘ alwabîl). Considère donc s’ils ont trouvé secours ou remparts contre la mort, ou dressé des voiles et des obstacles pour la tromper. Vois-tu l’un d’entre eux ou entends-tu le moindre bruit de leur part ? Gloire à Celui qui Se singularise par le pouvoir et l’emprise, qui S’est attribué de droit la permanence et qui contraint, par Son décret, toutes les catégories de créatures à l’extinction, et qui a fait en sorte que la mort soit, pour les pieux, l’occasion de Sa rencontre. Il a établi que la tombe serait une prison pour les malheureux (al-ashqiyâ’) et une geôle étroite jusqu’au jour de la Décision et du Jugement (yawmu al-fasl wa al-qadâ’). C’est à Lui que revient l’octroi de faveurs manifestes et la vengeance impérieuse. C’est à Lui que revient la pleine reconnaissance dans les cieux comme sur Terre et à Lui la louange au début et à la fin. Que la prière de Dieu se répande sur Muhammad, [le Prophète] aux miracles évidents et aux signes éclatants, sur sa famille et ses compagnons, ainsi que Sa paix en abondance. Il incombe à celui dont la mort est le terme, la terre, sa couche ; les vers, ses intimes ; Munkir et Nakir3, ses compagnons ; la tombe, sa demeure ; les entrailles de la terre, son lieu de séjour ; la résurrection, son retour ; le Paradis ou l’Enfer, sa destinée, de n’avoir de pensées et de souvenirs que pour la mort, de n’avoir de prédisposition et de considération que pour elle. Que ses expectatives, ses intérêts et ses efforts ne soient que pour elle ; que son élévation ne soit que vers elle ; qu’il la guette et n’attende qu’elle ! Il lui incombe de se compter parmi les morts et de se considérer comme faisant partie des habitants des tombes. Tout ce qui doit arriver est imminent et ce qui ne l’est pas est écarté ! L’Envoyé de Dieu a dit : « Le perspicace (al-kayyis) est celui qui examine ses actions et œuvre pour l’au-delà […] »4. Se préparer à une chose n’est jamais facile, à moins d’en faire constante mention dans le cœur. Et on ne peut s’en souvenir qu’en la mentionnant souvent et en considérant ses signes précurseurs, c’est-à-dire les prémices de la mort et ses conséquences, les conditions inhérentes à l’au-delà, à la Résurrection, au Paradis et à l’Enfer, choses que le serviteur doit se remémorer, auxquelles il doit s’habituer et qui doivent faire l’objet de sa réflexion et de sa méditation, car cela renforcera sa disposition pour le voyage dans l’au-delà. La vie est brève et les créatures, insouciantes, or il ne reste pas grand-chose : « Le règlement de leurs comptes approche pour les hommes mais, dans leur insouciance, ils s’en détournent. »5 Nous parlerons donc de la mort dans deux grandes parties selon l’ordre suivant :

PREMIÈRE PARTIE PRÉMICES ET CONSÉQUENCES DE LA MORT JUSQU’AU SOUFFLEMENT DE LA TROMPE (Muqaddimât wa tawâbi‘ al-mawt ilâ nafkhat al-sûr)

Cette partie compte les huit chapitres suivants : Chapitre I : Du mérite du souvenir de la mort et de l’incitation à la mentionner souvent. Chapitre II : Des projets à long terme et du mérite des projets à court terme. Chapitre III : De l'agonie, des affres de la mort et des états qu'il convient d'assumer à sa venue. Chapitre IV : De la mort de l’Envoyé de Dieu

et de celle des califes bien guidés.

Chapitre V : Des propos des califes, des émirs et des saints au moment de leur mort. Chapitre VI : Des propos des gnostiques lors de funérailles ou de la visite des cimetières et l’avis concernant la visite des tombes. Chapitre VII : De la réalité de la mort et de ce qui attend le défunt dans la tombe jusqu’au soufflement dans la Trompe. Chapitre VIII : De la connaissance des états des morts à travers les dévoilements reçus en rêve.

CHAPITRE I DU MÉRITE DU SOUVENIR DE LA MORT ET DE L’INCITATION À LA MENTIONNER SOUVENT Sache que le cœur de celui qui s’affaire aux choses de ce monde, qui donne libre cours à sa vanité et qui est dominé par ses plaisirs, se détourne inévitablement du rappel de la mort. Il n’en fait pas mention et s’il venait à le faire, ce serait avec dédain et chasserait aussitôt cette pensée. Ce genre d’individu fait partie de ceux pour lesquels Dieu a dit : « Dis : La mort, que vous fuyez, vous atteindra certainement ! Vous serez ensuite ramenés à Celui qui connaît parfaitement ce qui est caché et ce qui est apparent. Alors, Il vous instruira de ce que vous faisiez. »6 L’homme est soit trop affairé (munhamik), ou un nouveau repentant (tâ’ib mubtadi’), ou encore un gnostique accompli (‘ârif muntahi). L’homme affairé ne se souvient pas de la mort ; s’il le fait, c’est avec regret (ta’assuf) pour sa vie et il s’emploie alors à dénigrer la mort. Cette absence de souvenir ne fait que l’éloigner de Dieu. Le repentant fait abondante mention de la mort de sorte que celle-ci suscite peur et inquiétude en son cœur. Il remplit ainsi les conditions du repentir, bien qu’il craigne secrètement d’être emporté par la mort avant d’avoir complété son repentir et fait les provisions nécessaires pour l’au-delà7. Son aversion pour la mort est alors excusable, il n’est pas concerné par cette parole de l’Envoyé de Dieu rapportée par Abû Hurayra : « Celui qui déteste la rencontre avec Dieu, Dieu répugnera à le rencontrer. »8 Il n’a pas en aversion la mort ni la rencontre avec Dieu, mais ce qu’il craint, c’est de ne pas avoir rempli suffisamment les conditions pour cette rencontre et d’en avoir négligé certaines. Son cas ressemble à l’individu qui arrive en retard à la rencontre qu’il doit avoir avec la personne aimée en raison du grand soin qu’il met à se préparer afin que celle-ci en soit satisfaite. Cet individu n’éprouve aucune aversion, au contraire, il se languit de désir pour elle. Le signe qui caractérise le repentant, c’est qu’il se prépare en permanence à la Rencontre [de Dieu] et ne se soucie de rien d’autre, sans quoi il ressemblerait à l’homme affairé. Quant au connaisseur (al-‘ârif), il se souvient toujours de la mort, car celle-ci marque le moment de la rencontre avec son Bien-Aimé. L’amoureux se remémore toujours l’instant de sa rencontre prochaine avec l’objet de son amour ! Généralement, le connaisseur considère que la mort est trop lente à arriver ; il brûle du désir qu’elle vienne, afin qu’il puisse se libérer de la demeure des rebelles pour se rendre auprès du Seigneur des mondes. C’était, par exemple, le cas de Hudhayfa9 (que Dieu soit satisfait de lui) qui, lorsque la mort se présenta, dit : « L’ami cher est venu dans un moment de besoin (fâqa). Le remords est désormais inutile. Ô mon Dieu, si Tu sais que la pauvreté m’est plus chère que la fortune, que la maladie m’est plus agréable que la santé et que je désire davantage la mort que la vie, alors facilite mon trépas afin que je puisse venir à Ta rencontre ! »

Aussi, le repentant est-il excusable en raison de son aversion pour la mort, tout comme le connaisseur l’est pour son désir de mourir. Le degré le plus élevé correspond à l’état de celui qui confie son sort à Dieu, Éxalté soit-Il. Il ne choisit ni la mort ni la vie, mais désire ce que son Maître désire pour lui. Son profondamour et sa loyauté le conduisent à la station de l’abandon [de tout choix] (al-taslîm) et du contentement (al-ridâ). Voilà le but et la limite suprêmes. Dans tous les cas, le souvenir de la mort comporte mérite et rétribution. Et même l’homme affairé tire avantage du rappel de la mort. L’indifférence et le mépris pour ce bas monde et ses tentations, et la sujétion à tous les plaisirs, appétits et désirs qui troublent l’homme, sont parmi les causes qui conduisent au salut.

[Exposition du mérite du souvenir de la mort] L’Envoyé de Dieu a dit : « Abondez dans la mention de ce qui met fin (litt., le destructeur, 10 hâdim) aux plaisirs. » . Cela signifie qu’il faut considérer les plaisirs de façon aussi déplaisante que possible afin ne plus en être tenté, et qu’il faut se tourner vers Dieu, exalté soit-Il ! Il a dit aussi : « Si les bêtes avaient la même connaissance de la mort que les humains, vous n’en trouveriez certainement aucune assez en chair pour vous nourrir. »11 [La Mère des croyants] ‘Aisha (que Dieu soit satisfait d’elle) lui demanda : « Ô Envoyé de Dieu, est-ce que quelqu’un ressuscitera avec les martyrs ? » Il répondit : « Certes, celui qui se souvient, de jour comme de nuit, vingt fois de la mort. »12. La raison de cette grâce est due à la mention fréquente de la mort, qui suscite l’aversion et l’indifférence pour cette demeure illusoire, et dans la préparation que requiert l’autre demeure. Ne pas se soucier de la mort signifie succomber aux désirs mondains. L’Envoyé de Dieu a dit : « Le don le plus précieux accordé au croyant est la mort. »13. Il a dit cela car ce monde est la prison du croyant. Sa vie est exposée à toutes sortes de vicissitudes et il est contraint de lutter contre ses désirs et de se défendre contre les assauts de son propre démon. Seule la mort le libère de ses tourments et c’est pourquoi elle est le « don le plus précieux » qui lui soit accordé. L’Envoyé de Dieu a dit : « La mort est une expiation (kaffâra) pour chaque musulman »14 Il entend ici le vrai croyant musulman et sincère, dont les musulmans sont à l’abri de sa langue et de sa main, et dont les qualités sont celles des croyants authentiques. La mort lavera celui qui est entaché de fautes légères et sans conséquences qu’il aura expiées tout en échappant aux grands péchés, et qui aura accompli ses devoirs religieux. ‘Atâ al-Khurâsânî15 a dit : « L’Envoyé de Dieu passa devant un groupe de personnes qui riaient à haute voix. Il leur dit : « Animez donc votre assemblée par le souvenir de ce qui contrarie (mukaddir) les plaisirs. »16 Anas17 (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « L’Envoyé de Dieu a dit : “ Souvenez-vous souvent de la mort, car cela efface les fautes et permet de ne pas céder [aux vains plaisirs] d’ici-bas.” 18 Le Prophète a dit aussi : “ La mort suffit comme cause de 19 division.” , et “La mort suffit comme avertisseur.”20 » L’Envoyé de Dieu se rendit à la mosquée. Il y trouva un groupe de personnes qui parlaient et

riaient à haute voix. Il leur dit : « Souvenez-vous de la mort. Par Celui qui tient mon âme en Sa main, si vous saviez ce que je sais, vous ririez peu et pleureriez beaucoup. »21 On fit un jour l’éloge d’un tel en présence du Prophète , il demanda alors : « Comment est la mention de la mort chez votre compagnon ? » Ils lui répondirent :« On ne l’a presque jamais entendu l’évoquer ! » Il leur dit : « Alors votre compagnon n’est pas comme vous le décrivez ! »22 Ibn ‘Umar, fils d’al-Khattâb23 (que Dieu soit satisfait d’eux deux) a dit : « Je me rendis chez le Prophète avec dix personnes. L’un des Ansârs24 lui demanda : “ ÔEnvoyé de Dieu, quel est l’homme le plus sagace et le plus noble ? ” Il répondit : “Ceux qui se souviennent le plus de la mort et qui s’y préparent, ceux-là acquièrent les honneurs de ce monde et la dignité de l’autre.” »25.

Citons à présent certains récits et propos des pieux anciens Al-Hasan26 (que Dieu exalté lui fasse miséricorde) a dit : « La mort divulguera [les fautes commises en] ce monde et il ne restera alors, dans le cœur, aucun motif de joie ! » Al-Rabî‘ b. Khuthaym27 a dit : « Il n’y a pas meilleur absent attendu par le croyant que la mort. », et : « Ne laissez personne me manquer, consolez-moi plutôt par mon Seigneur. » Un sage a écrit à un de ses frères : « Prends garde à la mort en cette demeure, avant de rejoindre l’autre où tu espéreras la mort sans la trouver. » Lorsqu’on mentionnait la mort chez Ibn Sirîn28, chacun de ses membres mourrait. ‘Umar b. ‘Abd al-Azîz29 réunissait chaque nuit les juristes chez lui. Ils se rappelaient la mort les uns aux autres, la Résurrection et l’au-delà, puis éclataient en sanglots comme s’ils assistaient aux funérailles [de l’un de leurs proches]. Ibrâhîm al-Taymî30 a dit : « Deux choses ont fait cesser en moi tout désir du monde : le souvenir de la mort et la pensée de me retrouver face à Dieu, Puissant et Majestueux. » Ka‘b31 a dit : celui qui est conscient de la mort surmonte aisément les difficultés et les soucis de la vie. » Mutarrif32 a dit : « J’ai vu en songe untel qui se trouvait au milieu de la mosquée de Basra et qui disait : « Au souvenir de la mort, le cœur des pieux se brise. Par Dieu, tu ne les vois qu’à l’aise [face aux épreuves]. » ? Ash‘ath a dit : « Lorsque nous rendions visite à al-Hasan, la conversation tournait autour de l’Enfer, de l’au-delà et du souvenir de la mort. » Safiyya (que Dieu soit satisfait d’elle) a dit : « Une femme alla se plaindre de la dureté de son cœur auprès de [la Mère des croyants] ‘Aisha (que Dieu soit satisfait d’elle). Celle-ci lui dit : “ Rappelle-toi souvent la mort, cela adoucira ton cœur. ” Ce que fit la femme et son cœur s’adoucit. Elle alla remercier ‘Aisha (que Dieu soit satisfait d’elle). » Lorsqu’on mentionnait la mort devant Jésus (que la paix divine se répande sur lui), des gouttes de sang sortaient de sa peau. Lorsque David (que la paix divine se répande sur lui) se souvenait de la mort, il pleurait tant et si fort qu’il perdait connaissance [litt., que les jointures de ses membres se disloquaient]. Puis, lorsqu’il se souvenait de la miséricorde divine, il revenait à lui.

Al-Hasan a dit : « Je n’ai jamais vu une personne rationnelle ne pas se prémunir contre la mort et ne pas en être affligée. » ‘Umar b. ‘Abd al-Azîz dit à un savant : « Réprimande-moi ! » Le savant dit alors : « Tu n’es pas le premier calife à mourir. » ‘Umar lui dit alors : « Encore ! » et le savant ajouta : « Nul de tes pères, depuis Adam, n’a échappé à la mort. Ton tour est venu ! » ‘Umar pleura. Al-Rabî‘ b. Khuthaym avait creusé une tombe dans sa maison et y sommeillait plusieurs fois par jour, pouravoir en permanence le souvenir de la mort. Il disait : « Si le souvenir de la mort abandonnait mon cœur pendant une heure, il se corromprait. » Muttarif b. ‘abd Allâh b. al-Shikhîr a dit : « Cette mort a gâché (naghasa) le plaisir des jouisseurs, cherchez donc le plaisir qui ne trépasse pas. » ‘Umar b. ‘Abd al-Azîz a dit à ‘Anbasa : « Évoque souvent la mort. Si ta vie est aisée, elle deviendra plus ardue et si elle est difficile, elle te sera rendue plus facile. » Abû Sulaymân al-Dârânî33 a dit : « J’ai demandé à la mère de Hârûn : « Aimes-tu la mort ? » Elle me répondit : « Je ne dis pas non ! Certes, si je désobéissais à un être humain, je n’aimerais pas aller à sa rencontre. Et comment voudrais-je aller à la rencontre [de Dieu] sachant que je Lui ai désobéi? »

Exposition de la méthode de réalisation du souvenir de la mort Sache que la mort est [une chose] terrible et que ses périls sont immenses. L’insouciance des gens à son égard est le résultat de leur insuffisante méditation et remémoration de la mort. En fait, ceux qui se la rappelle ne le font pas le cœur vide de tout souci, mais plutôt le cœur occupé [et accroché] aux passions de ce monde. Aussi, le souvenir de la mort ne produit-il aucun effet sur leur cœur. La bonne voie consiste à ce que le serviteur vide son cœur de toute chose, sauf du souvenir de la mort qui l’attend. Son état doit être celui de l’individu qui entend se rendre dans un lieu hostile et semé d’embûches ou de celui qui entend voyager en mer, et qui ne cesserait d’y penser. Lorsque le souvenir de la mort exerce son action sur le cœur et l’en imprègne, la joie et l’allégresse suscitées par les passions mondaines diminuent et le cœur se brise. La meilleure méthode pour obtenir ces résultats consiste à se remémorer ses semblables, morts avant lui. Il se souviendra de leur mort et de leur destination sous terre ainsi que de l’aspect et de la condition qui étaient les leur de leur vivant. Il réfléchira à la dégradation de leurs beaux aspects et méditera sur la décomposition de leurs membres dans la tombe ; à la condition de veuvage dans laquelle ils ont laissés leurs compagnes ; à l’état d’orphelins dans lequel ils ont laissés leurs enfants et à l’abandon de leurs biens. Il envisagera leur absence dans les mosquées et dans les assemblées et la disparition de leurs traces. Il se souviendra alors de l’aspect de ces gens, de leur état et des conditions de leur mort, de leur affairement, de leurs allées et venues, de leur attachement à la vie et à la permanence, de leur oubli de la mort, de leur déception pour l’inefficacité des causes, de leur foi en leur force et jeunesse, de leur inclinaison pour le rire et les loisirs, et de leur insouciance à l’égard de la mort qui les attendait et de leur disparition soudaine. Il se souviendra de leurs allées et venues passées et de la décomposition présente de leurs jambes et de leurs articulations ; de leur langage passé, et des vers qui se sont nourris de leur langue ; de leur rire et de la terre qui s’est nourrie de leurs dents ; de leur souci à mettre de côté des provisions supplémentaires, suffisantes pour dix années, alors qu’il ne leur restait qu’un mois à vivre ; de leur

insouciance de ce qui avait été établi à leur sujet jusqu’à ce que, pris au dépourvu, la mort les ait cueillis par surprise, que l’ange leur apparût dans leur tombeau et qu’on leur dévoilât leur sort : le Paradis ou l’Enfer ! Alors, le serviteur s’apercevra qu’il était comme eux, que son insouciance était semblable à la leur et qu’il en était de même pour son propre terme. Abû al-Dardâ’34 (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « Lorsque tu te souviens des morts, comptetoi parmi eux. » Ibn Mas‘ûd35 (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « Bienheureux est celui qui accueille les réprimandes d’autrui ! » ‘Umar b. ‘Abd al-‘Azîz a dit : « N’êtes-vous pas conscients que chaque jour, matin et soir, vous préparez un voyageur à aller vers Dieu, Éxalté et Magnifié ? [N’êtes-vous pas conscients] que vous le placez dans une fosse où il prend la poussière pour oreiller, qu’il abandonne derrière lui ses bienaimés et qu’il se coupe des moyens de subsistance ? » Habitue-toi à ces pensées et à d’autres semblables, visite les cimetières et observe les malades, renouvelle le souvenir de la mort au point que le cœur s’y soumet et ne la perde plus de vue et permet à l’individu de s’y préparer et de se détourner de la demeure de l’illusion. Autrement, la mention apparente et superficielle de la mort, dans le cœur et à travers de douces paroles, ne produit pas la mise en garde et la vigilance attendues. Si le cœur se réjouit pour une chose de ce monde, il faut vite qu’il se souvienne qu’il devra fatalement s’en séparer. Ibn Mutî‘36 considérait un jour sa maison et se délectait de sa beauté. Il se mit alors à pleurer et dit : « Par Dieu, n’était-ce la mort, je me réjouirais de ta vue, et n’était-ce l’étroitesse de la tombe qui nous attend, nous nous réjouirions de ce bas monde. » Il pleura ensuite si fort qu’on entendit ses sanglots.

CHAPITRE II DES PROJETS À LONG TERME ET DU MÉRITE DES PROJETS À COURT TERME. DES RAISONS DE LEUR LONGUEUR ET COMMENT EN GUÉRIR

Du mérite des projets à court terme L’Envoyé de Dieu a dit à ‘Abd Allâh b. ‘Umar (que Dieu soit satisfait de lui et de son père) : « À ton réveil, au matin, ne te soucie pas de ta soirée; et le soir ne te soucie pas du lendemain. Réserve une part de ta vie à ta mort et une part de ta santé à la maladie, car en vérité, ô ‘Abd Allâh, tu ne sais pas quel nom tu porteras demain ! »37. ‘Alî (que Dieu ennoblisse sa face) rapporte que l’Envoyé de Dieu a dit : « Ce que je crains le plus pour vous, ce sont ces deux choses : suivre les passions et les longs espoirs. Ces derniers détournent de la réalité, quant au premier, c’est le désir de la vie » Puis, il a dit : « En vérité, Dieu, exalté soit-Il, donne la vie à ceux qu’Il aime et à ceux qu’Il déteste. Et lorsqu’Il aime un serviteur, Il lui donne la foi. Certes, la religion a ses enfants et le monde aussi. Soyez les enfants de la religion et non ceux du monde ! En vérité, ce bas monde passe et est éphémère alors que l’autre arrive et perdure. En vérité, vous êtes en un jour où l’action n’est pas comptée, puis vous serez ramenés à Celui à qui on rend des comptes et pour Lequel il n’y aura plus d’actions. »38 Umm al-Mundhir39 (que Dieu soit satisfait d’elle) a dit : « L’Envoyé de Dieu se présenta, un soir, aux gens et leur dit : « Ô vous, n’éprouvez-vous pas de honte vis-à-vis de Dieu ? » Ils répondirent : « Comment cela ? » Il leur dit : « Vous accumulez ce dont vous ne pourrez vous nourrir, vous espérez en ce que vous ne pourrez accomplir et construisez ce que vous n’habiterez pas. »40 Abû Sa‘îd al-Khudrî41 (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « Usâma b. Zayd42 avait acheté une jeune esclave appartenant à Zayd b. Thâbit43 pour une somme de cent dinars, avec un différé de payement de trente jours. J’ai entendu l’Envoyé de Dieu dire à ce propos : “N’êtes-vous pas étonnés du comportement d’Usâma qui a différé son payement d’un mois ? Certes, Usâma a des espoirs à long terme ! Par Celui qui tient mon âme en Sa main, je n’ai jamais fermé les yeux sans penser que mes paupières ne se rencontreraient plus après que Dieu aura saisi mon esprit et je ne les ai jamais ouvertes sans penser les (r)ouvrir une ultime fois avant mon trépas. Je n’ai jamais mis non plus un morceau de nourriture dans ma bouche sans penser que la mort pouvait me saisir avant de l’avoir avalé. ” Puis il a dit : “ Ô fils d’Adam, si vous êtes sensés, comptez-vous alors parmi les morts, car par Celui qui tient mon âme en Sa main, ce qui vous est promis surviendra et vous ne pourrez l’empêcher ! ”. »44. Ibn ‘Abbâs (que Dieu soit satisfait du père comme du fils) a dit que l’Envoyé de Dieu sortait parfois [pour la prière] et bien qu’il y eût de l’eau à proximité, il faisait des ablutions pulvérales (tayammum). Il lui disait alors : « Ô Envoyé de Dieu, l’eau est proche de toi ! » Le Prophète répondait : « Et qu’est-ce qui m’assure que je pourrai l’atteindre ? »45. On rapporte aussi qu’il

aurait pris trois rameaux. Il en mit un devant lui, un à coté et un autre loin de lui, puis dit : « Savezvous ce qu’est ceci ? » On lui répondit : « Dieu et Son Envoyé en savent plus ! » Il dit : « Ceci représente l’homme ; ceci, son terme et cet autre [le rameau le plus distant], les espoirs à long terme nourris par l’homme. Son terme arrive avant que ne se réalisent ses espoirs. »46 Il a dit aussi : « C’est comme si quatre-vingt-dix-neuf types de mort (muniyya) étaient à l’affût de l’homme qui tomberait en décrépitude s’ils le manquaient. »47 Ibn Mas‘ûd (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « Ceci est l’individu et autour de lui, les chemins empruntés par la mort, qui conduisent jusqu’à lui et derrière lesquels se trouve la vieillesse. Derrière cette dernière se trouve l’espoir. L’individu espère [y échapper] alors que les chemins conduisent inévitablement à Lui. Celui d’entre eux qui Le croise, l’emporte et si l’individu en réchappe, la vieillesse le tuera alors qu’il espère encore. » ‘Abd Allâh b. Mas‘ûd (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « L’Envoyé de Dieu dessina un carré, traversé en son centre par une ligne, à l’intérieur et à l’extérieur duquel il traça des lignes latérales, puis il nous interrogea : « Savez-vous ce qu’est ceci ? » Nous lui répondîmes : « Dieu et Son Envoyé en savent plus ! » Il dit : « La ligne au centre représente l’homme et celles-ci [les lignes périphériques du carré], son terme. Les autres correspondent aux différentes fortunes qui tentent de le mordre ; si l’une le rate, l’autre s’en empare. Quant à ces autres [les lignes extérieures], ce sont ses espoirs. »48 Anas (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « L’Envoyé de Dieu a dit : “ Le fils d’Adam avance en âge accompagné de deux choses : la cupidité et l’espoir en ce bas monde.” »49. L’Envoyé de Dieu a dit : « Les premiers de cette Communauté seront sauvés par leur certitude et leur renoncement au monde ; les autres seront anéantis par la cupidité et l’espoir en des choses éphémères. »50 On rapporte que Jésus (que la paix divine se répande sur lui) était assis à côté d’un vieil homme qui creusait la terre avec une bêche. Jésus pria alors Dieu d’enlever l’espoir à cet homme. L’homme mit alors de côté sa bêche et se coucha. Après une heure, Jésus pria Dieu de lui redonner espoir : l’homme se leva et se remit au travail. Jésus lui demanda des explications et le vieil homme répondit : « Pendant que je travaillais, mon âme me dit : “Jusqu’à quand travailleras-tu alors que tu es très âgé ?” J’ai donc jeté la bêche et je me suis couché. Puis elle m’a dit : “Par Dieu, tu dois chercher les moyens de ta subsistance tant que tu es en vie !” J’ai donc repris ma bêche. » Al-Hassan (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « L’Envoyé de Dieu a dit : “Aimeriez-vous tous entrer au Paradis ?” Nous répondîmes : “Oui !” Il dit :“Amoindrissez alors vos vains espoirs, ne perdez pas de vue votre terme et soyez vraiment honteux devant Dieu.” »51. Le Prophète disait aussi dans ses prières : « Ô mon Dieu, je me réfugie en Toi contre un monde qui empêcherait d’obtenir le bien de l’autre monde, contre une vie qui détournerait le bien que réserve la mort et contre un espoir qui éviterait le bien acquis par les œuvres. »52

Récits et propos des anciens Mutarrif b. ‘Abd Allâh a dit : « Si je savais quand arrivera le terme de ma vie, je craindrais de perdre la raison, mais Dieu a fait la faveur à Ses serviteurs de leur accorder l’insouciance de la mort. N’était cette insouciance, ils auraient renoncé à chercher les moyens de leur subsistance et il n’y aurait eu aucun commerce entre les hommes. »

Al-Hasan a dit : « L’insouciance et l’espoir sont deux immenses grâces aux être humains. Sans elles, les musulmans n’auraient même pas marché dans les rues. » Al-Thawrî53 a dit : « On m’a rapporté que l’homme avait été créé sot, sans quoi, la vie ne lui aurait été d’aucun plaisir. » Abû Sa‘îd b. ‘abd al-Rahmân a dit : « Le monde a été rempli par la faiblesse d’esprit de ses habitants. » Salmân al-Fârisî54 (que Dieu soit satisfait delui) a dit : « Trois choses m’étonnent jusqu’à en rire : l’individu qui espère encore de la vie alors que la mort le demande, l’insouciant qui ne sera pas oublié et celui dont les rires explosent alors qu’il ignore si le Seigneur des mondes est satisfait de lui ou en colère. Et trois choses m’attristent jusqu’à en pleurer : le fait de quitter mes biens aimés, Muhammad et ses partisans ; [le souvenir] des affres de la Résurrection et la comparution devant Dieu ; le fait que j’ignore si on ordonnera de me conduire en Enfer ou au Paradis. » Un ancien a dit : « J’ai vu Zurâra b. Abû Awfâ55 après sa mort, dans un rêve. Je lui demandai : “Quelle est l’œuvre la plus méritoire pour vous ?” Il répondit : “La remise et l’abandon confiants en Dieu (al-tawakkul) et le fait d’avoir des projets à court terme.” » Al-Thawrî a dit : « Renoncer au monde consiste à avoir des projets à court terme et non à manger une pitance peu appétissante ou à enfiler une bure. » Al-Mufaddal b. Fudâla56 pria son Seigneur de lui ôter l’espoir, il perdit alors le désir de manger et de boire. Puis, il pria son Seigneur de le lui rendre et il retrouva aussitôt l’envie de manger et de boire. On demanda à al-Hasan : « Ô Abû Sa‘îd, pourquoi ne laves-tu pas tes vêtements ? » Il répondit : « Il y a une affaire bien plus urgente que cela. » Il a dit aussi : « La mort est liée à vos toupets et le monde sera replié à votre départ. » Un ancien a dit : « Je suis comme l’homme qui tend son cou vers le sabre et qui attend qu’on le lui tranche. » Dâwud al-Tâ’î57 a dit : « Si j’espérais vivre un mois de plus, je commettrais alors une faute immense. Comment pourrais-je espérer une chose pareille alors que je vois, à chaque heure de la nuit et du jour, des calamités investir les créatures ? » On rapporte que Shaqîq al-Balkhî58 rendit visite à l’un de ses maîtres, nommé Abû Hâshim alRummânî. Il transportait dans son vêtement une chose qui produisait un bruit sec. Le maître lui demanda : « Que portes-tu donc ? » Shaqîq répondit : « Des amandes qu’un frère m’a offert. J’aimerais tant que tu rompes le jeûne avec. » Le maître lui dit alors : « Ô Shaqîq, as-tu donc dit à ton âme que tu vivrais jusqu’au soir ? Puissé-je ne jamais plus te parler ! » Le maître rentra chez lui en claquant la porte au visage de Shaqîq. Au cours d’un sermon, ‘Umar b. ‘abd al-‘Azîz dit : « Chaque voyage requiert inévitablement des provisions. Faites donc provision de piété pour votre voyage de ce monde à l’autre et soyez comme celui qui a vu de ses yeux ce que Dieu a préparé comme rétribution que vous désirez et comme tourment que vous craignez. N’aspirez pas à un trop long terme, car vos cœurs durciraient et vous les soumettriez à votre ennemi. Par Dieu, l’homme qui ignore s’il survivra au-delà de sa nuit ou s’il survivra jusqu’au soir, et qui ignore s’il échappera aux crochets du destin qui guettent entre ces deux [extrémités du jour ], ne peut avoir de espoirs à long terme. Ô combien ai-je vu, et vous aussi, de personnes séduites par ce bas monde ? Pourtant, la satisfaction devrait être le lot de celui qui est

certain d’être épargné du châtiment de Dieu, exalté soit-Il, et de celui qui se réjouit d’échapper à la frayeur de la Résurrection. Comment pourrait être heureux celui qui, à chaque fois qu’il panse une blessure, est accablé par une autre ? Je me réfugie en Dieu contre le fait de vous ordonner une chose que je m’interdirais, ce qui ferait échouer mon négoce, ferait apparaître mes défauts et montrerait mon indigence au jour où richesse et pauvreté se manifesteront clairement et où les balances seront apprêtées. Vous avez été chargés d’une affaire si lourde, que si on l’avait confié aux étoiles, elles se seraient éteintes ; aux montagnes, elles auraient été dissoutes, et à la terre, elle se serait fissurée. Ne savez-vous pas qu’il n’y a aucune demeure entre l’Enfer et le Paradis, et que vous êtes destinés à l’un ou à l’autre ? » Un ancien écrivit à l’un de ses frères : « La vie est un rêve, l’autre monde un réveil et entre les deux, il y a la mort. Et nous [nous vivons] dans des rêves confus (adghâth ahlâm)59. Et paix ! » Un autre écrivit à l’un de ses frères : « L’affliction pour ce monde est longue alors que la mort est toute proche de l’homme. Chaque jour apporte une part de déclin et de lentes épreuves pour le corps. Aussi, hâte-toi avant que l’on t’appelle pour le grand départ ! Et paix ! » Al-Hassan a dit : « Avant qu’Adam (que la Paix soit sur lui) ne commette sa faute, son espoir était derrière lui et son destin devant. Lorsqu’il la commit, l’espoir prit la place du destin et celui-ci, de l’espoir. » ‘Abd Allâh b. Sumayt a dit : « Mon père disait : “Ô toi qui es séduit par la bonne et longue santé, as-tu déjà vu un individu mourir sans cause ? Ô toi qui es séduit par le long répit, as-tu déjà vu un individu être saisi sans préavis ? Si tu réfléchissais à la longueur de ta vie, tu oublierais tous les désirs que tu as assouvis ! Êtes-vous séduits par la santé ou par la longévité dont vous jouissez ? Êtes-vous assurés contre la mort ou mépriseriez-vous l’ange de la mort ? Lorsque ce dernier viendra, ni la fortune des rois ni ta nombreuse escorte ne l’empêcheront de te saisir ! Ignores-tu que l’heure de la mort est accompagnée de malheurs, de suffocation et de remords ? Que Dieu fasse miséricorde à celui qui œuvre pour après sa mort. Que Dieu fasse miséricorde à celui qui scrute son âme avant sa mort !” » Abû Zakariyya al-Taymî a dit : « Alors que Sulaymân b. ‘abd al-Malik60 se trouvait dans la Mosquée sacrée, on amena une pierre gravée. Il demanda alors que l’on aille chercher une personne capable d’en déchiffrer le sens. On fit amener Wahb b. Munabbih61 qui en fit la traduction suivante : “Ô fils d’Adam, si tu savais ce qu’il te restait à vivre, tu renoncerais à tes espoirs, tu désirerais avoir accompli des œuvres supplémentaires et tes ruses et tes ambitions diminueraient. Ce qui t’attend demain, c’est le remord. Quand tes pieds glisseront, que ton épouse et ta suite t’abandonneront, que ton père et tes proches se sépareront de toi, que tes fils et tes alliés te dénigreront, tu ne pourras revenir au monde, ni faire de bonnes actions. Aussi, œuvre pour le Jour de la Résurrection avant d’être happé par le désespoir et le regret” ». Sulaymân éclata alors en sanglots. Un ancien a dit : « J’ai vu une lettre de Muhammad b. Yûsuf adressée à ‘Abd al-Rahmân b. Yûsuf qui disait : “Je loue Dieu en dehors Duquel il n’y a nulle divinité ! Je tiens à t’avertir de ton transfert de la demeure de ta perte à celle de ta résidence et de la rétribution des œuvres. Tu finiras dans le ventre de la terre après avoir vécu sur sa surface ; tu y recevras la visite de Munkir et Nakir qui s’assiéront près de toi et t’interrogeront durement. Si Dieu est avec toi, il n’y aura alors aucun désespoir, aucun bouleversement ni besoin. Dans le cas contraire, que Dieu nous protège tous les deux d’une mort pénible et de l’étroitesse de la tombe. Puis te parviendront le cri rassembleur (sayhat al-hashr) et le souffle dans la Trompe (nafkh al-sûr), et le Tout-Puissant Se dressera pour le

verdict des créatures. La terre se videra de ses gens et les cieux de ses habitants, les secrets apparaîtront au grand jour, le feu sera attisé, les balances seront préparées, les prophètes et les martyrs « seront amenés, une juste sentence sera prononcée sur tous les différends et nul ne sera lésé »62 et il sera dit : « Louange à Dieu, le Seigneur des mondes »63. Que de secrets seront dévoilés et que de secrets seront occultés ! Combien seront anéantis et combien seront saufs ! Que de châtiés et que d’épargnés ! Ah ! Quelle condition sera la notre en ce jour ? Puissions-nous être de celle où les désirs auront été réprimés, les passions détournées, les espoirs abrégés ! Celle où les dormeurs se seront réveillés et les insouciants, avertis ! Que Dieu nous apporte à tous deux Son aide contre ces dangers immenses et fasse que ce bas monde et l’autre soient pour nos cœurs ce qu’ils sont pour celui des pieux. C’est à Dieu que nous appartenons et c’est à Lui que nous devons notre subsistance. Et Paix ! ” » Au cours d’un sermon, après avoir loué Dieu, ‘Umar b. ‘Abd al-‘Azîz a dit : « Ô gens, vous n’avez pas été créés par frivolité ni par pure perte [ou : ne serez pas abandonnés sans bienfait (lan tutrakû sadan ou sudan)]. Vous avez un une rencontre fixée avec Dieu et au cours de laquelle il y aura sentence et arbitrage entre vous. Malheureux et perdant sera celui que Dieu chassera de Sa miséricorde qui embrasse toute chose et de Son Paradis dont la largeur contient les cieux et la terre. La garantie de la sécurité (al-amân) ne sera donnée demain qu’au pieux qui craint son Seigneur, qui a troqué le peu contre l’abondant, l’éphémère contre ce qui perdure et l’infortune contre le bonheur. Ne voyez-vous donc pas que vous êtes de ceux qui trépasseront et que d’autres viendront après vous ? Ne voyez-vous donc pas que chaque jour qui passe de votre existence, matin et soir - durant votre voyage vers Dieu - est un jour qui expire, un espoir interrompu que vous enterrez sans oreiller, ni préparation ; un jour qui s’est dépourvu des causes, qui sépare des amis et qui est désormais confronté au jugement. Et Dieu m’est témoin que je tiens ces propos sans savoir si l’un d’entre vous a plus de péchés que je n’en porte moi-même et que je connais. Mais il s’agit d’usages équitables émanant de Dieu, par lesquels Il ordonne Son obéissance et interdit Sa désobéissance. Je demande pardon à Dieu ! » Puis, [‘Umar b. ‘Abd al-‘Azîz] se couvrit le visage de sa manche et pleura si fort que ses larmes baignèrent sa barbe. Ce fut là son dernier sermon. Al-Qa‘qâ‘ b. Hakîm64 a dit : « Cela fait trente ans que je me prépare à la mort. Si elle devait se présenter, je n’aimerais pas retarder une chose par une autre. » Al-Thawrî a dit : « J’ai vu à la mosquée de Kûfa un vieil homme dire : « Je me trouve dans cette mosquée depuis trente ans à attendre que la mort descende me prendre. Lorsqu’elle se présentera, je ne lui demanderai ni ne lui refuserai quoique ce soit. Nul ne me doit quelque chose et je ne dois rien à personne. » ‘Abd Allâh b. Tha‘laba65 a dit : « Vous riez alors que vos linceuls sont peut-être déjà sortis de chez le blanchisseur. » Abû Muhammad b. ‘Alî al-Zâhid a dit : « Nous sortîmes un jour pour des funérailles à Kûfa où nous rencontrâmes Dâwud al-Tâ’î. Il se tenait assis à l’écart des gens, pendant qu’on enterrait la dépouille. J’allai vers lui et m’assis à ses côtés ». Il dit : « Celui qui craint le destin se voit raccourcir ce qui est éloigné, et celui qui a des projets à long terme verra ses actions amoindries, et tout ce qui doit arriver est proche. Ô mon frère, sache que toute chose qui te distrait de ton Seigneur est un mauvais présage et que tous les habitants du monde feront partie des habitants des tombes qui regretteront ce qu’ils auront omis et se réjouiront de ce qu’ils présenteront. Et ce dont les habitants

des tombes se plaindront sera ce pourquoi les gens de monde se disputent, se combattent et se poursuivent devant les juges. » On rapporte que Ma‘rûf al-Karkhî66, que Dieu lui fasse miséricorde, appela à la prière collective et invita Muhammad b. Abû Tawba à la diriger. Ce dernier dit alors : « Si je conduis cette prière, je n’en conduirais plus une autre ! » Ma‘rûf lui dit alors : « T’imagines-tu que tu pourras prier de nouveau ? ». Que Dieu nous protège des projets à long terme car ils empêchent les bonnes actions ! » Au cours d’un sermon, ‘Umar b. ‘Abd al-‘Azîz a dit : « Le monde n’est pas la demeure de votre ultime résidence. Demeure dont Dieu a décrété la disparition et destiné ses habitants à la quitter. Combien de ses habitants confiants seront déçus et combien de résidents joyeux la quitteront. Apprêtez-vous donc, que Dieu vous fasse miséricorde, à la quitter de la meilleure façon, apprêtez, pour le voyage, la plus belle monture que vous ayez. Et « faites des provisions [de voyage]; mais, en vérité, la meilleure provision est la piété. »67 Le monde est semblable à l’ombre qui rétrécit puis s’évanouit pendant que le fils d’Adam s’y complaît et s’y accroche avec acharnement. Dieu l’interpelle alors par son destin, le transperce à l’aide du jour de son trépas et le prive de ses traces et de la vie, et ce qu’il a bâti, ainsi que ses biens, passent alors à autrui. Le monde afflige bien plus qu’il ne réjouit : il suscite peu d’allégresse et beaucoup de chagrin. » Abû Bakr al-Siddîq68 (que Dieu soit satisfait de lui) disait dans ses sermons : « Où sont les hommes subtils et propres (al-wadhâ’a), ceux au visage éclatant et fiers de leur jeunesse ? Où sont les rois bâtisseurs de cités et de remparts ? Où sont les coutumiers des victoires sur les champs de bataille ? Le temps les a emportés et les voilà prisonniers de l’obscurité des tombeaux : hâtez-vous, hâtez-vous ! Sauvez-vous, Sauvez-vous ! »

Exposition des causes à l’origine des projets à long terme et comment en guérir Sache que le long espoir a deux causes : la première est l’ignorance et la seconde l’amour du monde. Quant à l’amour de ce monde, il procède de l’habitude, des désirs, des passions et de l’attachement de l’homme aux choses de la vie. Ils sont tellement ancrés en lui, que l’homme éprouve la plus grande peine à s’en séparer, ils empêchent le cœur de penser à la mort alors que celle-ci est la cause même de cette séparation. Celui qui déteste une chose, la chasse [de ses pensées et de son cœur]. L’homme se prend d’engouement pour de vains espoirs et se remplit toujours de ce qui répond à ses attentes, et notamment, le désir d’immortalité qu’il ne cesse d’imaginer et auquel il prétend. Aussi évalue t-il les outils de la permanence et ce que celle-ci requiert en fait de richesse, de famille, d’habitation, d’amis, de bétail et toutes sortes d’autres moyens. Son cœur s’attache et s’incline devant cette idée qui devient fixe et qui le distrait du souvenir de la mort et l’en éloigne. S’il lui arrive parfois de songer à la mort et aux préparatifs qu’elle réclame, il hésite et se dit : « [Je suis encore jeune et] j’ai encore assez de temps devant moi pour me repentir ! » Une fois âgé, il se dit : « Je me repentirai lorsque j’atteindrai la vieillesse ! » Vieux, il se dit : « Lorsque j’aurai terminé la construction de cette maison… » ou « Après que je me serai établi dans cette ferme… » ou encore « À mon retour de voyage, après avoir pourvu aux besoins de mon fils et lui avoir trouvé une maison qu’il faudra meubler… », ou « Après avoir pris le dessus sur un ennemi qui se réjouit de mes malheurs… »

Il ne cesse de tergiverser, de reporter et ne plonge que dans une tâche qui en requiert dix autres pour être achevée. Aussi, tergiverse-t-il, jour après jour, tâche après tâche, jusqu’à ce que la mort le saisisse à un moment inattendu et que son regret se prolonge indéfiniment. Affectés par leurs tergiversations, le cri le plus fréquent des habitants de l’Enfer est le remords. Le malheureux indécis ignore que ses atermoiements présents l’accompagneront demain, et qu’avec le temps, ils augmentent en intensité et en résolution. Il s’imagine, à tort, que celui qui plonge dans le monde et s’y attache, peut avoir du temps à perdre. Cela ne peut se concevoir ! Nul ne peut y perdre son temps, sauf celui qui s’y étale : « Nul ne parvient à satisfaire tous ses souhaits, un désir ne conduit qu’à un autre ! » L’origine de tous ces espoirs est à rechercher dans l’amour du monde et l’habitude à y vivre, de même que dans la distraction pour cette parole du Prophète : « Aime qui tu désires, et certes, tu 69 en seras séparé ! » Quant à l’ignorance, elle consiste chez l’homme à compter sur sa jeunesse et à écarter toute proximité de la mort. Ce pauvre malheureux ne considère pas le fait que le nombre de vieux de sa cité est inférieur à dix, du fait que les jeunes périssent plus souvent et que pour une personne âgée qui décède, mille enfants et jeunes gens meurent. Il écarte l’idée de mourir à cause de sa bonne santé et nie qu’elle puisse le surprendre. Il ne sait pas qu’elle n’est pas si loin de lui. En effet, la maladie est proche et frappe à l’improviste et lorsque l’homme tombe malade, la mort non plus n’est pas si éloignée. Si cet insouciant réfléchissait, il saurait que la mort n’a pas d’heure fixe et qu’elle n’épargne ni la jeunesse ni la maturité (al-kuhûla) ni la vieillesse. Elle ne connaît ni hiver, automne ou printemps ni nuit ni jour. L’homme aurait alors meilleure conscience et s’afférerait à l’accueillir. Mais l’ignorance et son amour pour ce monde le conduisent aux longs espoirs et à négliger la proximité de la mort. Il s’imagine que la mort est encore loin devant et ne compte pas qu’elle puisse descendre le faucher. Il continue de penser qu’il assistera aux funérailles des autres sans prendre en compte les siennes. Il s’est habitué à voir les autres décéder, mais pas à l’idée qu’il puisse mourir. Il ne parvient pas à s’y accoutumer ni même ne s’imagine le faire. Cela n’a presque jamais lieu et lorsque, rarement, il lui arrive d’y penser, il chasse immédiatement cette idée. Il s’agit alors de la première et dernière fois. Ce qu’il lui convient de faire alors, c’est de se comparer aux autres et savoir que ses funérailles et son inhumation sont inévitables. Et peut-être même que les briques qui recouvriront sa tombe ont déjà été fabriquées à son insu. Son atermoiement est donc pure ignorance. Une fois que tu as compris que les causes de ces tergiversations sont l’ignorance et l’amour de ce monde, tu chercheras alors le moyen qui permet d’éliminer ces causes. L’ignorance est chassée par la pensée pure qui procède du cœur présent et par l’écoute des sagesses qui jaillissent des cœurs purifiés. Quant à l’amour de ce monde, le chasser du cœur est une chose extrêmement pénible. Il s’agit d’un mal rebelle qui a mis à rude épreuve les premiers et les derniers. Son seul remède consiste à avoir foi en le Jour ultime et en ce qu’il comporte comme terrible châtiment et généreux salaire. Après en avoir acquis la certitude, l’amour de ce monde quitte le cœur : l’amour pour le sublime efface celui pour l’insignifiant. Lorsque l’individu prend conscience de l’insignifiance du monde et du bien inestimable que représente l’autre monde, il cesse

de se tourner vers le premier, même si on lui offrait le royaume de la terre, de l’Orient à l’Occident. Et comment en serait-il autrement alors qu’il n’a de ce monde qu’une faible part souillée et trouble ? Et comment cela pourrait-il le réjouir ou s’enraciner dans son cœur, après sa foi en l’autre monde ? Prions Dieu, Exalté, qu’Il nous montre le monde tel qu’Il l’a montré à Ses serviteurs les plus vertueux ! Il n’existe pas de moyens qui permettent au cœur d’évaluer et de mesurer la mort, pas même le fait d’assister à la mort de ses semblables, de ses compagnons ou savoir qu’elle les a saisis par surprise. Celui qui s’y prépare, obtiendra un énorme succès et celui qui nourrit de vains et longs espoirs, échouera clairement. Aussi, l’homme doit-il se tourner à toute heure vers ses membres et les extrémités de son corps, considérer qu’ils seront inévitablement dévorés par les vers et que ses os se gâteront. Il devra méditer sur le fait que les vers commenceront d’abord par sa paupière droite, ou la gauche, et qu’aucune partie de son corps ne sera épargnée. Il ne lui restera donc que la science et les œuvres accomplies sincèrement en vue de la face de Dieu. Il devra méditer sur ce qui l’attend dans la tombe, sur l’interrogatoire de Munkir et Nakir, sur le rassemblement, la résurrection, la réunion, les tourments et la sonnerie de l’appel le jour de la Grande Comparution. Ce sont ces idées qui renouvellent le souvenir de la mort dans le cœur et qui l’incitent à s’y préparer.

Exposition des différents degrés d’espoir Sache que les hommes occupent, en la matière, différents degrés : Il y a celui qui espère l’immortalité et ne cesse de la désirer. Le Très-Haut a dit à son sujet : « Tel d’entre eux voudrait pouvoir vivre mille ans, mais avoir sa vie prolongée ne lui évitera pas le châtiment. »70 Puis, celui qui espère atteindre l’âge de la décrépitude - le plus vieil âge qu’il ait vu et dont il est témoin – et qui aime ardemment la vie. L’Envoyé de Dieu a dit à son sujet : « Le désir de ce monde ne cesse d’user le vieil homme, même quand la vieillesse déforme ses clavicules. Sauf ceux qui sont pieux, et ils sont bien rares. »71 Il y a celui dont l’espoir s’étend à un an et qui ne se soucie guère de l’après. Il ne compte pas vivre une année supplémentaire et se prépare donc dès l’été pour l’hiver, et dès l’hiver pour l’été. Dès qu’il parvient à faire des provisions suffisantes pour une année, il se consacre alors à l’adoration. Un autre espère en la durée de l’été ou de l’hiver. Il ne stocke pas en été pour l’hiver ni en cette dernière saison pour la première. Un autre espère en la durée d’un jour et d’une nuit. Il ne se prépare que pour la journée et non pas pour le lendemain. Jésus – que la paix divine se répande sur lui – a dit : « Ne vous souciez pas des moyens de subsistance de demain, car si demain fait partie de vos destins, ils vous viendront en leur compagnie. Autrement, ne prêtez pas attention au destin d’autrui. » L’espoir d’un autre ne dépasse pas une heure, conformément à la parole de notre Prophète : « Ô ‘Abd Allâh, à ton réveil, le matin, ne te soucie pas de ta soirée; et le soir ne te soucie pas du lendemain. »72 Un autre n’espère pas vivre plus d’une heure. L’Envoyé de Dieu faisait des ablutions

pulvérales bien qu’il avait la faculté de les faire avec de l’eau un peu plus tard, et disait : « Peut être ne l’atteindrais-je pas ! » Un autre voit la mort de ses yeux ; c’est comme si elle était venue le prendre et qu’il l’attendait. Ce dernier est celui qui fait la prière de l’adieu, et c’est à lui que se réfère cette tradition rapportée par Mu‘âdh b. Jabal73 (que Dieu soit satisfait de lui) : Lorsque l’Envoyé de Dieu l’interrogea sur la réalité de sa foi, Mu‘âdh répondit : « À chacun de mes pas, je doute de pouvoir en faire un autre. »74 On rapporte qu’une nuit, al-Aswad, l’Abyssin faisait la prière en se tournant sur sa droite et sur gauche. Un tel lui demanda : « Que fais-tu ? » Il répondit : « Je regarde de quel côté l’ange de la mort viendra à moi ! » Voici donc les différents degrés des gens en matière d’espoir. Et chaque individu en occupe un auprès de Dieu, Exalté. Celui qui espère vivre un mois n’est pas comme celui qui veut vivre un mois et un jour, il y un degré qui les sépare auprès de Dieu, Exalté. Et certes, « Dieu ne lèse personne, ne fût-ce que du poids d’un atome »75 et « Celui qui aura fait le poids d’un atome de bien le verra. »76 L’effet du bref espoir se manifeste ensuite à travers l’action. Tous les individus prétendent ne pas trop espérer, mais ils mentent et cela transparaît dans leurs actions. Ils s’occupent de choses dont ils n’ont nul besoin pour une année, et c’est là une preuve de leurs longs espoirs. Le signe du succès, c’est quand la mort se tient devant les yeux et que l’individu ne s’en distrait pas, même une heure, et qu’il s’y prépare. S’il survit jusqu’au soir, il rendra grâce à Dieu, Exalté, de lui avoir obéi, se réjouira de ne pas avoir perdu sa journée, et se satisfera plutôt d’avoir obtenu son lot et d’en avoir économisé une part pour lui. Il en fait de même jusqu’à l’arrivée du matin et ainsi de suite. Cela n’est facile que pour celui qui vide son cœur du lendemain et de ce que celui-ci comporte. Si ce dernier venait à mourir, il serait réjoui et rétribué et s’il doit vivre, il est heureux de ses préparatifs et se réjouit du plaisir que lui procurent ses épanchements. La mort est pour lui un motif de joie et la vie, un avantage. Ô malheureux ! Fasse que la mort occupe tes pensées; le parcours y conduit fatalement alors que tu persistes dans ton insouciance. Il se peut même que tu sois tout proche de la station [de la mort] et que tu aies déjà franchi la distance qui t’en séparait. Hâte-toi donc et profite de chaque souffle qui t’a été accordé.

Exposition de l’accomplissement des œuvres en grande hâte et du défaut que comporte leur report Sache que celui qui a deux frères absents et qui attend le retour de l’un pour le lendemain et celui de l’autre pour le mois prochain ou l’année suivante, doit se préparer à accueillir le premier, car la disposition (à accueillir) est le résultat de la proximité de [celui qu’on attend]. Celui qui s’attend à ce que la mort arrive dans un an, ne se soucie uniquement que d’œuvrer pour cette durée et néglige l’après. Aussi, attend-il chaque matin l’écoulement de l’année, diminuée du jour qui vient de s’écouler. Cette attente l’empêche toujours d’agir promptement, car il s’imagine avoir suffisamment de temps devant lui, et elle le conduit à reporter l’exécution des œuvres. Comme l’a dit l’Envoyé de Dieu : « Pas un seul d’entre vous ne peut attendre de ce monde autre chose

que richesse qui oppresse ; pauvreté qui conduit à l’oubli ; maladie qui anéantit ; vieillesse qui affaiblit ou mort qui accélère. »77 Ibn ‘Abbâs a dit que le Prophète a fait la recommandation suivante à un tel : « Tire avantage de cinq choses avant cinq autres : de ta jeunesse avant ta vieillesse, de ta santé avant ta maladie, de ta richesse avant ta pauvreté, de ton loisir avant ton travail et de ta vie avant ta mort. »78 Le Prophète a dit aussi : « Il y a deux grâces qui lèsent la majorité des gens : la santé et les 79 loisirs. » C’est-à-dire que les gens n’en tirent pas l’avantage attendu et n’en connaissent la valeur que lorsqu’elles cessent. Le Prophète a dit aussi : « Celui qui a peur [de ne pas arriver] voyage de nuit, et le voyageur nocturne arrive à destination. Certes, la provision de Dieu est chère ! Oui, la provision de Dieu est le Paradis ! »80 et : « Le premier son [de la Trompe] est arrivé, suivi du second81, ainsi que la mort et ce qu’elle comporte . »82 Lorsque l’Envoyé de Dieu percevait chez ses compagnons quelque distraction ou inattention, il leur disait en élevant la voix : « La mort est proche de vous, tout prête et inévitable, et votre destinée sera alors heureuse ou malheureuse. »83 Abû Hurayra84 (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « L’Envoyé de Dieu a dit : “ Je suis l’Avertisseur, la mort est, la Bouleversante et l’Heure est la rencontre. »85 Ibn ‘Umar (que Dieu soit satisfait de lui) a rapporté que le Prophète sortit un jour alors que le soleil était sur le point de se coucher et dit : « Il ne reste à ce monde que la brève durée qui reste à ce jour. »86 L’Envoyé de Dieu a dit aussi : « Le monde est semblable à un vêtement déchiré d’une extrémité à l’autre et qui ne tient qu’à un fil encore intact à son bout. Ce fil aussi sera tranché. »87 Jâbir88 (que Dieu soit satisfait de lui) a dit que lorsque l’Envoyé de Dieu évoquait l’Heure dans ses sermons, il élevait la voix et ses joues devenaient rouges ; on aurait cru qu’il nous avertissait de l’arrivée imminente d’une armée. Il disait alors : « Je vous fais mes adieux matin et soir. L’Heure et moi sommes comme ces deux [doigts]. »89 Il montrait alors ses deux doigts unis. Ibn Mas‘ûd90 (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « L’Envoyé de Dieu récita ce verset : “Et 91 quiconque que Dieu veut guider, Il lui ouvre la poitrine à l’islam.” , puis dit : “ Lorsque la lumière pénètre dans la poitrine, elle le dilate.” On lui demanda : « Y a-t-il un signe qui permette de reconnaître cet état ? ” Il répondit : “ Oui. Se détourner du monde des illusions pour se tourner vers le monde de l’éternité et se préparer à la mort avant sa descente.” »92 Al-Sudday93 a commenté le verset, « Celui qui a créé la mort et la vie afin de vous éprouver [et de savoir] qui d’entre vous est le meilleur en œuvres. »94, en disant que par le meilleur en œuvres, il faut entendre celui qui se souvient le plus de la mort, qui s’y prépare le mieux, qui la craint et s’en inquiète le plus. Hudhayfa (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « Pas un matin ne passe, ni un soir, sans qu’une voix n’appelle : « Ô gens, le grand départ, le grand départ ! ». Et la preuve de cela est Sa parole : « Il s’agit de l’un des plus grands [signes], un avertissement pour les humains. Pour celui d’entre vous qui veut avancer ou reculer »95 Suhaym, client des Banû Tamîm, a dit : « J’attendais que ‘Amir b. ‘Abd Allâh96 ait fini sa prière pour l’interroger. Il l’abrégea puis me dit : “ Soulage-moi vite de ta question, car je suis pressé ! ” Je

lui demandai alors : “ Qu’est-ce donc qui te presse? ” Il répondit : “ L’ange de la mort. Que Dieu te fasse miséricorde ! ” Je me levai et il retourna à sa prière. » Dâwud al-Tâ’î répondit à un tel qui l’interpellait à propos d’une tradition, alors qu’il d’un pas pressé : « Laisse-moi, je dois me hâter avant que mon âme ne quitte ce monde ! » ‘Umar [b. al-Khattâb]97 (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « La temporisation est une bonne chose, sauf pour ce qui est des belles œuvres pour l’au-delà. » Al-Mundhir rapporte avoir entendu Mâlik b. Dînâr98 faire le reproche suivant à son âme : « Malheur à toi ! Hâte-toi avant que l’ordre ne te rattrape ! Hâte-toi avant que l’ordre ne te rattrape […] ». Il répéta cette phrase soixante fois. Je l’entendais, mais il ne me voyait pas. Al-Hasan faisait la recommandation suivante : « Hâtez-vous, Hâtez-vous ! Quand vos souffles vous seront ôtés, les œuvres par lesquelles vous vous rapprochez de Dieu – Exalté et Magnifié – cesseront. Que Dieu fasse miséricorde à celui qui regarde son âme et pleure pour ses fautes. » Puis il récita ce verset : « Nous tenons un compte précis. »99 [et continua :] « C’est-à-dire, [le compte] des souffles dont le dernier correspond à l’expulsion de l’âme, à la séparation de la famille et à l’enterrement dans la tombe. » Avant sa mort, abû Mûsa al-Ash‘arî100 (que Dieu soit satisfait de lui) s’adonnait à d’éprouvants exercices spirituels. On lui dit alors : « Tu devrais te reposer et prendre un peu plus soin de toi ! » Il répondit : « Lorsque les chevaux sont lâchés, ils donnent tout ce qu’ils ont à l’approche de leur destination. Le temps qu’il me reste est bien plus bref que cela. » Il persévéra dans ses exercices jusqu’à la mort. Il disait à son épouse : « Tiens-toi prête pour le voyage car il n’y a pas de passerelle au-dessus de l’Enfer. » Un calife a dit lors d’un sermon : « Ô serviteurs de Dieu, craignez Dieu autant que faire se peut ! Soyez de ceux qui perçoivent le cri et qui savent que le monde n’est pas leur demeure, et qui l’échangent contre l’autre. Préparez votre mort, car son ombre vous recouvre déjà. Retirez-vous [du monde] car elle vous poursuit. En vérité, ce qui est à peine distant et que l’Heure peut réduire à néant est une nécessité éphémère, tout comme ce qui est absent, et que les jours et les nuits rapprochent toujours un peu plus, et qui s’en retourne aussi vite. Ou comme celui à qui sont accordés succès et afflictions et qui devra tirer le meilleur parti de ses préparatifs. Pour le Seigneur, le pieux est celui qui se réprimande, offre son repentir et soumet ses désirs ; son terme lui est voilé, son espoir l’abuse, et Satan exerce sur lui sa tutelle et stimule en lui l’espoir de repentance, tant et si bien qu’il ajourne cette dernière. Le démon lui embellit ses fautes et lui en fait commettre d’autres jusqu’à ce que la mort l’assaille, au moment où il s’y attend le moins. Il n’y a entre vous, l’Enfer et le Paradis, que la mort. Quel malheureux sort attend l’insouciant ! Sa vie témoigne contre lui et ses jours l’exposent aux adversités. Que Dieu nous compte parmi ceux qui ne montrent aucune ingratitude envers Ses faveurs, pour qui aucune faute ne saurait le détourner de Son obéissance et qui ne connaîtront pas le malheur après la mort. Il entend les invocations, tout le bien est à jamais entre Ses mains et Il fait ce qu’Il veut ! » À propos du verset « Vous vous êtes laissés tenter, vous avez tergiversé, vous avez supputé; et de vains espoirs vous ont trompés, jusqu’à ce que vînt l’ordre de Dieu. Et le séducteur vous a trompés au sujet de Dieu. »101, un exégète a dit : « Vous vous êtes laissés tenter » par les désirs et les passions ; « vous avez tergiversé » avec le repentir ; « vous avez supputé », c’est-à-dire douté ; «

jusqu’à ce que vînt l’ordre de Dieu » c’est-à-dire la mort, et « le séducteur vous a trompés au sujet de Dieu », c’est-à-dire Satan. Al-Hasan a dit : « Soyez patients et résolus. Il ne s’agit que de quelques jours seulement. Vous êtes comme une troupe de cavaliers que l’un d’entre eux appelle et qui lui répondent sans se retourner. Vous passez ainsi à côté de ce qu’il y a de meilleur et qui est à votre portée. » Ibn Mas‘ûd (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « Chacun d’entre vous, à son réveil, est un invité, dépositaire d’un prêt. L’invité doit partir et le prêt doit être restitué. » Abû ‘Ubayda al-Bâjî a dit : « Nous rendîmes visite à al-Hassan au cours de sa maladie fatale. Il nous accueillit en disant : “Bienvenue ! Que Dieu vous accorde paix et salut, et nous accorde, ainsi qu’à vous, la demeure de l’éternité ! Puissiez-vous être patients, sincères et pieux. Cette affaire est vraiment de bon augure. Ne laissez pas, que Dieu vous fasse miséricorde, [la faveur procurée par] cette nouvelle entrer par une oreille et sortir par l’autre. Sachez qu’à celui qui [a eu le privilège] de voir Muhammad [en rêve], qui le voit aller et venir, on a levé un voile; aussi doit-il retrousser ses manches et se hâter. Hâtez-vous donc et sauvez-vous ! Ne vacillez pas ! Par le Seigneur de la Ka‘ba, l’ordre et vous êtes presque venus ensemble ! Dieu fasse miséricorde à l’humble serviteur qui se nourrit de croûtons de pain, s’habille de haillons, s’assoit par terre, s’astreint à une rude discipline, pleure pour ses erreurs, fuit les tourments, désire la miséricorde et demeure ainsi jusqu’à la fin de sa vie.” » ‘Asim al-Ahwal102 rapporte qu’il interrogea Fudhayl al-Ruqâshî103 et que celui-ci lui répondit : « Ô toi ! Que la multitude ne te détourne pas de ton âme, car l’ordre te parviendra malgré eux. Et ne dis pas : “Je dois me rendre ici ou là, tu dépenserais vainement ta journée. L’ordre a été mis de côté pour toi, et tu ne verras ni ne percevras avec autant de célérité jamais rien de plus agréable qu’une belle action, nouvellement exécutée, pour s’acquitter d’une faute ancienne” ».

CHAPITRE III DE L’AGONIE, DES AFFRES DE LA MORT ET DES ÉTATS QU’IL CONVIENT D’ASSUMER À SA VENUE Sache que si le pauvre serviteur n’avait devant lui que terreur, calamités et tourments de la seule agonie de la mort, cela suffirait à rendre son existence malheureuse, à ombrager son bonheur et à écarter de lui toute distraction et insouciance. Il est vrai que cela le conduirait à y réfléchir plus longuement et à s’y préparer grandement, surtout qu’à chacun de ses souffles, elle se trouve dans le voisinage. Comme a dit un sage : « Tu ne sais jamais quand le tord d’autrui peut te frapper ! » Et Luqmân104 a dit à son fils : « Ô mon fils, dispose-toi à accueillir à l’avance une chose dont tu ignores quand elle surviendra. » Le plus étonnant, c’est que l’individu qui se livre aux plus grandes passions, s’adonne aux loisirs les plus plaisants, anticipe les cinq coups de bâton qu’on lui assène [en guise de punition] et qui voit son plaisir et sa vie gâchés par [le bourreau] et [ oublie ] que derrière chacun de ses souffles se trouve l’ange de la mort, qui est prêt à le saisir dans un moment de distraction. Hormis l’ignorance et l’insouciance, il n’y a pas d’autres causes à cette attitude. Sache qu’en dehors de celui qui en fait l’expérience directe, nul ne connaît vraiment la douleur de l’agonie. Celui qui n’en a pas fait l’expérience ne peut la percevoir qu’à travers l’analogie ou après avoir assisté aux souffrances des agonisants. Quant à l’analogie, il s’agit d’établir que tout membre dénué d’esprit ne ressent pas de douleur et que tout autre, doté d’esprit, procure la sensation de douleur à ce dernier. Qu’il s’agisse de blessure ou de brûlure, l’effet est ramené à l’esprit et la souffrance que celui-ci ressentira sera à la mesure de son degré de perception de la douleur. La douleur se répand à travers la chair, le sang et tous les autres organes de sorte que seule une partie parvient jusqu’à l’esprit. Si la douleur parvenait directement à l’esprit, sans préalablement passer par autre chose, elle lui procurerait alors une intense et terrible souffrance. Les affres105 de la mort ne sont rien d’autre que des souffrances qui envahissent l’esprit et se propagent dans toutes ses ramifications, de sorte qu’aucun de ses éléments n’échappe à la douleur. Si un individu est piqué par une épine, la douleur qu’elle lui procure se propage à la partie de l’esprit concernée. En revanche, l’effet de la brûlure est bien plus intense encore, car le feu se propage à l’ensemble des parties du corps et aucun membre ou organe, interne ou externe, n’y échappe ; aussi, les zones de l’esprit localisées dans ces parties du corps en ressentent-elles la douleur. Une blessure concerne uniquement la partie touchée par la lame, c’est pourquoi la douleur suscitée par cette lame est moins intense que celle provoquée par le feu. Le tourment que provoque la mort attaque l’esprit et se propage à l’ensemble de ses parties. Le moribond ressent alors qu’on le désunit brutalement de ses veines, de ses nerfs, de l’extrémité de ses membres, de la racine de ses cheveux et de sa tête. Ne t’interroge donc pas sur ces souffrances et ces douleurs ! Il a été dit : « La mort est bien plus terrible qu’un coup d’épée ou une souffrance provoquée par une scie ou par une paire de

ciseaux. Car transpercer le corps avec une épée provoque une douleur en raison du fait que le corps se rattache à l’esprit. Que dire alors de la douleur quand elle touche directement l’esprit ? Celui qui est poignardé parvient encore à crier grâce aux forces qui lui restent dans le cœur et dans sa langue, bien que l’intense douleur provoquée par la mort fasse taire toute voix et cris du moribond. La souffrance se propage dans son corps et atteint son cœur de sorte qu’elle anéantit toutes ses forces, affaiblit tous ses membres et ne lui laisse aucune énergie pour appeler de l’aide. Quant à la raison du mourant, elle est ombragée et bouleversée et sa langue est frappée de mutisme. Ses extrémités sont affaiblies, il aspire au soulagement qu’il manifeste à travers les gémissements, les cris et les appels à l’aide, mais il n’y parvient pas. S’il lui reste quelque ultime force, tu entends alors, lors du ravissement et de l’extraction de son esprit, un dernier geignement et un bruit sec sortir de sa gorge et de sa poitrine, et tu vois son visage devenir aussi gris que la cendre : il prend la couleur de la poussière, à l’origine de sa nature. Chacune de ses veines est arrachée et la douleur se propage à l’intérieur et à l’extérieur de son corps. Ses yeux remontent au-dessus de ses orbites, ses lèvres sont tirées vers l’arrière, la racine de sa langue se raidit, ses testicules remontent et se contractent dans leur bourse et ses doigts se colorent d’un vert sombre. Ne questionne donc pas sur un corps dont on arrache toutes les veines, car même si l’on ne devait en arracher qu’une seule, la douleur serait insupportable. Que dire alors de la douleur ressentie quand c’est l’esprit même qui est arraché ? Ce n’est plus alors d’une veine dont il s’agit mais de l’ensemble. Ensuite, chacun de ses membres, l’un après l’autre, meurent à son tour. Les premiers à refroidir sont ses pieds, puis la partie supérieure, puis ses cuisses... Chacune des parties connaît une agonie et une souffrance qui parviennent jusqu’à la gorge. À ce stade, sa perception du monde et de ses habitants cesse, la porte de la conversion lui est fermée et il est assailli par le remords et le regret conformément à cette Parole de l’Envoyé de Dieu : « La conversion du serviteur est 106 acceptée tant qu’il ne râle pas ! » Mujâhid a dit à propos du verset « Mais il n’y a pas de repentir [accepté] pour ceux qui commettent de mauvaises actions, jusqu’au moment où la mort se présentant à l’un d’entre eux, il s’écrie : oui, maintenant je me repens ! »107 : il s’agit du moment où l’individu voit de ses yeux les messagers (de la mort). Autrement dit, lorsque lui apparaît le visage de l’ange de la mort… Ne cherche pas à connaître l’amertume et la douleur de l’agonie, l’Envoyé de Dieu disait : “Ô mon Dieu, allège les souffrances de l’agonie de Muhammad.” Malheureusement, les hommes ne cherchent pas à s’en protéger et ne l’estiment pas à sa juste valeur, du fait qu’ils l’ignorent. Il est possible d’appréhender les choses avant qu’elles ne surviennent, par le biais de la lumière prophétique et de la sainteté. C’est pourquoi les prophètes (que la Paix soit sur eux) et les saints avaient une grande peur de la mort, au point de faire dire à Jésus (que la Paix soit sur lui) : « Ô vous les apôtres, demandez à Dieu de me rendre cette agonie [c’est-à-dire la mort] supportable. Je crains tellement la mort que ma peur la frôle. » On rapporte qu’un groupe d’israélites passèrent à côté d’un cimetière. Certains d’entre eux dirent aux autres : « Pourquoi ne prieriez-vous pas Dieu, Exalté, de vous faire sortir un mort pour l’interroger ? » Ils prièrent Dieu et voilà qu’un homme portant encore les traces de ses prosternations sur le front surgît de l’une des tombes et leur dit : « Qu’attendez-vous de moi ? [Sachez que] quoique j’aie goûté à la mort il y a cinquante ans, son amertume n’a jamais quitté mon cœur. [L’épouse du Prophète ] ‘Aisha (que Dieu soit satisfait d’elle) a dit : « Après avoir assisté à la terrible mort de l’Envoyé de Dieu, je n’envie plus ceux dont la mort est facile ! »

On rapporte que l’Envoyé de Dieu disait : « Ô mon Dieu, Tu extirpes l’esprit à partir des tendons, des os du nez et du bout des doigts ! Ô Mon Dieu, aide-moi à supporter la mort et rendsla moi facile à porter ! »108 Al-Hasan rapporte [qu’un jour] l’Envoyé de Dieu parla de la mort, de sa suffocation et de sa douleur, puis dit : « Elle équivaut à trois cent coups d’épée ! »109 On l’interrogea aussi sur la mort et sur sa rigueur, et il répondit : « La mort la plus facile est celle qui ressemble à l’écharde enfoncée dans la laine. Peut-on extraire l’écharde sans emporter de la laine avec elle ? »110 Il rendit visite à un malade, puis dit : « Je sais ce qu’il éprouve ! Aucune de ses artères n’échappe, individuellement, à la douleur de la mort. »111 ‘Alî (que Dieu ennoblisse son visage) encourageait les gens à combattre, en leur disant : « Si vous ne tuez pas, vous mourrez. Par Celui qui tient mon âme entre Ses mains, mille coups d’épée me sont plus supportables que la mort dans un lit ! » Al-Awzâ‘î112 a dit : « On nous a rapporté que le mort continue de ressentir les douleurs tant qu’il n’est pas ressuscité. » Shaddâd b. Aws113 (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « La mort est la chose la plus effrayante et la plus redoutable en ce monde et dans l’autre pour le croyant. Elle est bien plus terrible que la douleur provoquée par la scie ou les ciseaux qui découpent le corps, ou par l’ébullition dans des chaudrons. Si le mort revenait sur terre et informait les vivants à propos de la mort, ils ne profiteraient plus de la vie et perdraient le goût du sommeil. » Zayd b. Aslam114 rapporte ces propos de son père : « Chaque fois qu’il reste au croyant des degrés qu’il n’a pas atteint par ses œuvres et de son vivant, sa mort lui est alors rendue plus pénible pour que, par son agonie et ses souffrances, il complète ses degrés et rejoigne sa place au Paradis. Quant à l’incroyant qui aurait à son compte une bonne action et pour laquelle il n’a pas encore été rétribué, sa mort lui sera rendue plus facile en guise de récompense pour sa bonne action, il rejoindra ensuite sa place en Enfer. » Un tel, qui interrogeait souvent les personnes gravement malades sur les douleurs qu’elles ressentaient, tomba à son tour gravement malade. On lui demanda : « Que ressens-tu? » Il répondit : « C’est comme si les cieux s’étaient repliés sur la terre et comme si mon âme passait par le chas d’une aiguille ! » L’Envoyé de Dieu a dit : « La mort soudaine est soulagement pour le croyant et chagrin pour 115 le débauché ! » Makhûl116 rapporte cette tradition du Prophète : « Si un des cheveux du mort était posé sur les habitants des cieux et de la terre, ils mourraient par ordre de Dieu, Exalté. Car la mort est présente dans chaque cheveu du défunt, et elle ne touche jamais une chose sans la faire périr ! »117 On dit que si une goutte de la souffrance de la mort était versée sur les montagnes du monde, elles se liquéfieraient. On rapporte qu’à la mort d’Abraham (que la Paix soit sur lui), Dieu, Exalté, lui demanda : « Ô Mon Ami (khalîli) ! Comment as-tu trouvé la mort ? » Il répondit : « Comme une brochette qu’on enfonce dans de la laine humide et qu’on retire ensuite. » Dieu lui dit alors : « Pourtant, Nous te l’avons rendue légère ! »

On rapporte que lorsque l’esprit de Moïse (que la Paix soit sur lui) revint à Dieu, Exalté soit-Il, son Seigneur lui demanda : « Ô Moïse, comment as-tu trouvé la mort ? » Il répondit : « Tel un moineau que l’on rôtit vivant : incapable de mourir et de trouver le repos, et incapable de s’envoler. » On rapporte qu’il a également dit : « C’était comme si j’étais une brebis écorchée vive par les mains d’un boucher ! » On rapporte que durant ses derniers instants, le Prophète tenait un récipient d’eau près de lui, il y trempait la main, se rafraîchissait le visage et disait : « Ô Mon Dieu, rends-moi supportable l’agonie de la mort. »118 [Présente à ses cotés, sa fille Al-Sayyida] Fâtima (que Dieu soit satisfait d’elle) lui dit alors : « Ô père, si tu savais combien je souffre pour tes douleurs ! », il lui répondit : « [Sache] Que plus aucune souffrance n’affligera ton père après ce jour. »119. ‘Umar [b. al-Khattâb] (que Dieu soit satisfait de lui) a dit à Ka‘b al-Ahbâr : « Ô Ka‘b parle nous de la mort ! » Il répondit : « Certainement, ô Prince des Croyants ! La mort est comme une branchette couverte d’épines que l’on introduit dans la gorge d’un homme et dont chaque épine s’accroche à une artère. Puis, un homme robuste retire violemment la branche : il en arrache ce qu’il peut arracher et y laisse ce qu’il laisse. » Le Prophète a dit : « Le serviteur subira certainement la douleur et l’agonie de la mort. Ses jointures se salueront l’une l’autre en disant : “ Que la Paix soit sur toi, je te quitte et tu me quittes et nous demeurerons séparés jusqu’au Jour de la Résurrection”. »120. Telle est l’agonie des saints et des amis de Dieu. Qu’en sera-t-il de nous qui sommes plongés dans les péchés ? L’agonie sera accompagnée d’autres épreuves qui sont au nombre de trois. La première épreuve : la violence du ravissement que nous avons déjà mentionné La seconde épreuve : la vue de l’aspect de l’ange de la mort, l’épouvante et l’horreur qu’il suscite dans le cœur. Même si l’homme le plus puissant le voyait dans la forme qu’il endosse lorsqu’il s’empare de l’esprit d’un pécheur, il serait incapable d’en supporter la vue. On rapporte que l’Ami de Dieu, Abraham (que la Paix soit sur lui), a dit à l’ange de la mort : « Peux-tu me montrer la forme que tu prends lorsque tu saisis l’esprit du dissolu ? » L’ange répondit : « Tu ne pourrais pas la supporter ! » Abraham (que la Paix soit sur lui) lui dit : « Certes, je le pourrais ! » L’ange dit : « Tourne-toi ! » et Abraham (que la Paix soit sur lui) s’exécuta. Lorsqu’il se retourna, il vit un homme noir, aux cheveux noirs, à l’odeur fétide et revêtu de noir. Des flammes et de la fumée jaillissaient de sa bouche et de ses narines. Abraham (que la Paix soit sur lui) s’évanouit. Lorsqu’il revint à lui, l’ange avait reprit sa forme initiale. Abraham (que la Paix soit sur lui) lui dit alors : « Ô ange de la mort, si le dissolu ne devait affronter à sa mort que l’aspect de ton visage, cela lui serait suffisant [comme châtiment]. » Abû Hurayra rapporte que le Prophète a dit : « David était très zélé et dévoué (ghayûr) [à sa femme]. Lorsqu’il sortait, il fermait toujours la porte à clé. Un jour, alors qu’il était sorti après avoir bien fermé la porte, son épouse se retrouva face à un étranger dans sa maison. Elle s’écria, alarmée : “Mais qui donc a fait entrer cet homme? David va bientôt entrer et cet homme sera certainement un motif de grand désarroi !” David revint et trouva l’homme dans sa demeure. Il lui dit : “Qui es-tu ?” L’homme répondit : “Je suis celui qui ne craint pas les rois et qu’aucun voile121 n’arrête.” David dit alors : “Par Dieu, tu es certainement l’ange de la mort !” Après quoi, David regagna précipitamment (zamala) sa place. »122

On rapporte qu’une fois, Jésus (que la Paix soit sur lui) passa à coté d’un crâne. Il lui donna un coup de pied et dit : « Parle par la permission de Dieu ! » Le crâne répondit : « Ô esprit de Dieu, je suis le roi de telle époque. Un jour, dans mon royaume, alors que j’étais assis sur le trône royal, portant ma couronne et étant entouré de mes soldats et de mes courtisans, l’ange de la mort m’apparût. Tous mes membres s’engourdirent à sa vue puis, mon âme alla à sa rencontre. Derrière ces grands rassemblements, il n’y avait que séparation et derrière cette intimité, que solitude ! » Voilà les malheurs qui frappent les rebelles et dont sont exempts les obéissants. Les prophètes (que la Paix soit sur eux) n’ont parlé que des convulsions de l’agonie et non de l’épouvante qui envahit celui qui voit la forme de l’ange de la mort. S’il le voyait en rêve, le restant de sa vie serait irrémédiablement gâché. Que dire alors de celui qui, réveillé, le voit dans sa forme véritable ? Quant à l’obéissant, il le voit sous son meilleur jour. ‘Ikrima123 rapporte d’Ibn ‘Abbâs, qu’Abraham (que la Paix soit sur lui) était un homme zélé et dévoué. Il possédait une maison où il adorait Dieu et qu’il fermait toujours à clé lorsqu’il en sortait. Un jour, de retour chez lui, il trouva un homme dans sa maison. Il lui dit : « Qui t’a fait entrer dans ma demeure? » L’homme répondit : « Son seigneur m’y a fait entrer ! » Abraham dit alors : « C’est moi le seigneur de cette maison ! » L’homme répondit : « Celui qui m’y a fait entrer en détient la propriété bien plus que toi et moi ! » Abraham dit alors : « Quel ange es-tu? » Il répondit : « Je suis l’ange de la mort. » Abraham lui demanda alors : « Peux-tu me montrer l’aspect que tu prends quand tu saisis l’esprit du croyant? » L’ange de la mort lui dit : « Oui, mais détourne ton regard. » Abraham se détourna, puis quand il se retourna il vit un beau jeune homme, vêtu d’habits somptueux et délicatement parfumé. Il lui dit alors : « Ô ange de la mort, si le croyant ne devait voir à sa mort que ta forme, cela lui suffirait [comme récompense]. » Un autre malheur consiste à voir les deux anges enregistreurs (al-hâfidhîn). Wuhayb a dit : « Il nous est parvenu que nul ne meurt sans que les deux anges scribes (al-kâtibân) ne lui montrent ses œuvres. S’il s’agit d’un individu obéissant, ils lui diront : « Que Dieu te récompense de belle manière pour nous avoir fait asseoir dans des assemblées sincères et pour nous avoir fait assister à de belles œuvres. » En revanche, s’il s’agit d’un débauché, ils lui diront : « Que Dieu ne te rétribue pas de belle manière pour nous avoir fait asseoir dans des assemblées malveillantes, pour nous avoir fait assister à de mauvaises œuvres, pour nous avoir fait écouter des paroles immorales. Que Dieu ne t’accorde aucune belle rétribution ! » Le regard du mourant reste fixé sur eux sans possibilité de revoir le monde. La troisième épreuve : la vision que les désobéissants auront de leur sort en Enfer et de la peur qu’ils éprouveront avant cette vision. Lors de l’agonie, leurs forces s’affaiblissent progressivement et s’éteignent à l’extraction de leur esprit (ils n’en ont qu’un). Ces derniers ne sortent qu’après avoir entendu la voix de l’ange de la mort, porteuse de deux nouvelles : [Soit celle adressée au damné] : « Ô ennemi de Dieu, réjouis-toi de l’Enfer qui t’attend ! » Soit [celle adressée au béat] : « Ô ami de Dieu, réjouis-toi du Paradis. » C’est cela que les personnes les plus intelligentes ont toujours craint le plus. Le Prophète a dit : « Nul d’entre vous ne quittera ce monde avant d’avoir connu son sort et vu la place qu’il occupera au Paradis ou en Enfer ! »124 Il a dit aussi : « Celui qui désire rencontrer Dieu, Dieu aime le rencontrer, et qui déteste rencontrer Dieu, Dieu répugne à sa rencontre. » On lui dit alors : « Mais chacun de nous déteste la

mort ! » Il répondit : « Ce que nous entendons, c’est que lorsque le croyant est délivré [furrija lahu] de ses actions passées, il désire alors rencontrer Dieu, et Dieu aime le rencontrer. »125 On rapporte qu’un matin, très tôt, Hudhayfa b. al-Yamân dit à Ibn Mas‘ûd (que Dieu soit satisfait d’eux) : « Lève-toi et va voir l’heure qu’il est » Ibn Mas‘ûd s’exécuta puis revint et dit : « La rouge (al-hamrâ) s’est levée ! » Hudhayfa lui dit : « Je me réfugie en Dieu contre le voyage du matin vers l’Enfer ! » Marwân rendit visite à Abû Hurayra (que Dieu soit satisfait d’eux) et dit : « Ô mon Dieu, allège son fardeau ! » Abû Hurayra répondit : « Ô mon Dieu, alourdis-le davantage ! » Il éclata en sanglots et ajouta : « Ce n’est pas le regret de quitter ce monde, ni la douleur d’être séparé de vous qui me fait pleurer, mais plutôt l’attente de l’une des deux nouvelles de mon Seigneur : Paradis ou Enfer ! » Le Prophète a dit : « Lorsque Dieu est satisfait d’un serviteur, Il dit à l’ange de la mort : “Rends-toi auprès d’un tel et apporte-Moi son esprit afin que Je le soulage. Ses œuvres Me suffisent; Je l’ai mis à l’épreuve et il a agi comme Je le désire.” L’ange de la mort descend alors accompagné de cinq cent anges portant tous des plants de basilic (al-rayhân)126 et des racines de safran127. Chacun de ces anges lui annonce une nouvelle différente de celles confiées par les autres. Puis, les anges portant le basilic se mettent en deux rangs et attendent la sortie de l’esprit. Lorsque Satan les voit, il prend sa tête entre ses mains et hurle. Ses soldats lui demandent alors : “Ô Maître, pourquoi hurles-tu?” Il leur répond : “Ne voyez-vous donc pas l’honneur qui est accordé à ce serviteur? Où étiez-vous donc [de son vivant] ?” Ils répondent : “Nous avons tout tenté, mais il était protégé !” »128 Al-Hasan a dit : « Nul repos pour le croyant avant de rencontrer Dieu, Exalté soit-Il. Le jour de sa mort est pour lui un jour de gaieté, de joie, de sécurité, de gloire et d’honneur. » On dit à Jâbir b. Zayd129 à ses derniers instants : « Que désires-tu? » Il dit : « Voir al-Hasan ! » On le lui ramena. Il leva ses yeux vers lui et dit : « Ô mes frères, l’Heure est arrivée, et par Dieu je dois vous quitter pour le Paradis ou l’Enfer ! » Muhammad b. Wâsi‘130 a dit à ses derniers instants : « Ô mes frères, adieu ! Soit l’Enfer soit le Pardon de Dieu ! » Certains souhaitent demeurer pour toujours dans leur agonie et ne pas ressusciter, pour recevoir châtiment ou récompense. La peur d’un terme funeste a toujours épouvanté les cœurs des gnostiques. Il s’agit de l’un des plus terribles malheurs qui accompagnent la mort. Nous avons déjà mentionné et expliqué le terme funeste (sû’ al-khâtima) et la peur qu’en ont les gnostiques dans le livre Crainte et Espérance131. Il est donc inutile de nous attarder ici sur ce sujet.

Exposition des états souhaitables à l’approche de la mort Sache que face à la mort, il est souhaitable que le mourant ait un aspect serein et résigné, que sa langue prononce la profession de foi et que son cœur se fasse une bonne opinion de Dieu, Exalté. Quant à l’aspect souhaité, il est rapporté que le Prophète a dit : « Surveillez ces trois signes chez le mourant : si son front transpire, ses yeux pleurent et ses lèvres deviennent sèches, cela signifie que la miséricorde de Dieu est descendue sur lui. En revanche, s’il étouffe comme l’individu qu’on étrangle, si le teint de son visage devient rouge et si ses lèvres bavent, cela signifie que le châtiment de Dieu est descendu sur lui. »132

Quant à la formulation de la profession de foi par la langue, il s’agit d’un signe de bien (‘alâmat al-khayr). Abû Sa‘îd al-Khudrî (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte que l’Envoyé de Dieu a dit : « Faites répéter à vos mourants [la profession de foi] : il n’y a nulle divinité en dehors de Dieu ! »133 Et dans la version transmise par Hudhayfa (que Dieu soit satisfait de lui) : « Elle [la profession de foi] anéantit les fautes passées ! » [Le calife] ‘Uthmân (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte que l’Envoyé de Dieu a dit : « Celui qui meurt en sachant qu’il n’y a nulle divinité en dehors de Dieu, entrera au Paradis. »134 ‘Ubayd Allâh a ajouté : « [S’il meurt] en faisant ce témoignage. » ‘Uthmân (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « Quand l’individu est proche de la mort, faites lui répéter qu’il n’y a nulle divinité en dehors de Dieu. Aucun serviteur ne conclut sa vie par cette formule sans que celle-ci ne lui soit de provision au Paradis. » ‘Umar (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « Soyez présents aux derniers instants du mourant, incitez-le à se rappeler, car il voit ce que vous ne voyez pas et faites-lui répéter : “Il n’y a nulle divinité en dehors de Dieu.” » Abû Hurayra (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « J’ai entendu l’Envoyé de Dieu dire : “ L’ange de la mort se présenta à un mourant. Il regarda dans son cœur et n’y trouva rien. Il écarta les poils de sa barbe et vit que le bout de sa langue était collée au palais et répétait : “Il n’y a nulle divinité en dehors de Dieu”. Il lui fut alors pardonné en raison de sa formulation de la foi sincère (kalimat al-ikhlâs).” »135 Il est préférable que le souffleur [de la profession de foi au mourant] (al-mulaqqin) ne soit pas insistant, mais use plutôt de douceur, car il se pourrait que sa langue soit incapable de prononcer la formule. Cela évite que, par dépit, ce dernier en éprouve de l’aversion, ce qui pourrait le conduire vers un terme funeste. Le sens profond de cette phrase, c’est que l’individu meurt en n’ayant rien d’autre que Dieu dans le cœur. Car s’il n’a pour toute nostalgie que celle de l’Unique, le Vrai, alors le rapprochement avec son Bien-Aimé à travers la mort sera son ultime bonheur. Mais lorsque le cœur est occupé par le monde, s’y incline, en regrette les délices et que la formule de profession de foi soit sur le bout de la langue sans que le cœur ne la confirme, alors l’affaire relève du risque de la Volonté (khatar al-mashî’a), car le simple remuement de la langue n’est pas d’un grand avantage, sauf si Dieu, Exalté, consent à l’accepter. Quant à la bonne opinion, il s’agit d’une attitude louable en ces instants. Nous en avons déjà parlé dans le livre de l’Espérance (kitâb al-rajâ’), et il y a diverses traditions et récits des anciens à ce sujet : « Une fois, Wâthila b. al-Asqa‘136 rendit visite à un malade et lui demanda : “Dis-moi, quelle opinion as-tu de Dieu?” L’homme répondit : « Je me noie dans mes péchés et l’anéantissement est proche, mais j’espère en la miséricorde de mon Seigneur !” Wâthila s’écria alors : “ Dieu est le plus grand ! ” - et tous les proches du malade firent de même, puis il ajouta qu’il avait entendu l’Envoyé de Dieu dire : “ Dieu, Exalté, dit : “Je suis selon l’opinion que se fait de Moi Mon serviteur. Qu’il se fasse donc l’opinion qu’il veut de Moi.” »137 Le Prophète rendit visite à un jeune mourant et lui demanda : « Comment vas-tu? » Il répondit : « J’ai espoir en Dieu et je crains pour mes fautes ! » Le Prophète dit : « Ces deux sentiments ne s’unissent jamais dans le cœur d’un serviteur mourant sans que Dieu ne lui donne ce qu’il espère et le rassure de ce dont il a peur ! »138 Thâbit al-Bunânî139 a dit que la mère d’un jeune frivole l’exhortait sans cesse en lui disant : « Ô

mon fils, ton jour viendra, rappelle-toi ! » Lorsque le décret divin le concernant vint à lui, elle se pencha sur lui et dit : « Ô mon fils, je t’avais pourtant averti de ce moment et te disait que ton jour viendrait […]. » Le fils répondit : « Ô mère, j’ai un seigneur à la bonté immense, et j’espère qu’Il ne me privera pas de Sa bonté en ce jour ! » Thâbit dit alors : « Dieu lui fasse miséricorde pour la bonne opinion qu’il s’est faite de son Seigneur ! » Jâbir b. Wadâ‘a a dit : « La mère d’un jeune mourant, souffrant de démence, lui demanda : « Ô mon fils, as-tu un dernier souhait? » Il répondit : « Oui, ne retire pas ma bague car elle contient la mention de Dieu, Exalté. Peut-être que Dieu me pardonnera ! » Après son enterrement, un tel le vit en songe. Il lui dit : « Informez ma mère que la parole m’a été utile et que Dieu m’a pardonné ! » Un jeune bédouin tomba malade et on lui annonça qu’il allait mourir. Il demanda : « Où me conduira-t-on? » On lui répondit : « Auprès de Dieu. » Il dit : « Comment détesterais-je aller auprès de Celui de qui tout le bien découle ? » Abû al-Mu‘tamir b. Sulaymân140 rapporte que durant les derniers instants de son père, ce dernier lui demanda : « Ô Mu‘tamir, parle-moi des concessions légales (al-rukhas) susceptibles de me faire rencontrer Dieu, Exalté et Magnifié soit-Il, en ayant une bonne opinion de Lui. » Les Anciens aimaient rappeler au serviteur mourant ses bonnes actions afin de favoriser la bonne opinion de son Seigneur. Exposition de l’affliction ressentie lors de la rencontre avec l’ange de la mort. Ash‘ath b. Aslam141 a dit : « Abraham (que la Paix soit sur lui) demanda à l’ange de la mort - dont le nom est ‘Azrâ’îl, “l’ange qui possède un œil sur la face et un autre sur la nuque” - : « Ô ange de la mort, que fais-tu [lorsque tu dois saisir] une âme à l’Est et une autre à l’Ouest, qu’une épidémie frappe une terre et que deux armées s’affrontent? ” » L’ange de la mort répondit : « J’appelle les esprits avec la permission de Dieu, et ils viennent se placer entre mes deux doigts. » [Abraham ajouta] : « Puis la terre lui est rendue plate et prend la forme d’une cuvette (tasht) d’où il extrait [les âmes] ». Puis, Ash‘at ajouta : « Ce fut à cette occasion que l’ange annonça à Abraham (que la Paix soit sur lui) que Dieu, Exalté et Magnifié, avait fait de lui Son ami. Salomon, fils de David (que la Paix soit sur eux) demanda à l’ange de la mort : « Pourquoi ne te vois-je pas agir équitablement avec les gens? Tu saisis certains et tu laisses d’autres vivre ! » Il répondit : « Je n’en sais pas plus que toi. Il s’agit de noms, inscrits sur des feuillets et sur des livres, qui me sont envoyés. » Wahb b. Munabbih a dit : « Un certain roi voulut se rendre dans une contrée. Il ordonna qu’on lui porte des vêtements d’apparat; mais les habits qu’on lui présenta n’étaient pas à son goût. Il en demanda d’autres. Après plusieurs essais, il en trouva finalement un qui lui plut. Il fit de même avec les chevaux qu’on lui portait et ne monta que le plus beau. Le diable vint ensuite lui souffler dans les narines et le roi s’enfla d’orgueil. Entouré de chevaux [et de cavaliers], il partit sans même daigner accorder un regard pour les gens. Un homme misérablement accoutré vint alors près de lui et le salua sans recevoir de salutations en échange. L’homme saisit la bride du cheval royal, le roi lui dit : “Lâche immédiatement cette bride, tu viens de commettre une grave erreur !” L’homme lui dit alors : “J’ai une chose importante à te dire !” Le roi dit : “Attends que je descende.” Tirant violemment les rênes du cheval, l’homme répondit : “Non, immédiatement !” Le roi dit alors : “Parle !” et l’homme

répondit : “Il s’agit d’un secret.” Le roi tendit son oreille vers lui et l’homme lui chuchota : “Je suis l’ange de la mort !” Le roi devint pâle, puis la voix confuse, dit : “Accorde-moi de revenir près des miens, de régler mes affaires et de leur faire mes adieux.” L’ange répondit : “Non. Par Dieu, tu ne reverras plus les tiens, ni ta richesse !” Il saisit son esprit et le roi tomba raide mort comme un morceau de bois sec. L’ange continua son chemin et rencontra un serviteur croyant qu’il salua. Après que le croyant l’ait salué à son tour, l’ange lui dit : “Je dois te dire une chose à l’oreille.” L’homme répondit : “Dis-moi !” Et l’ange : “Je suis l’ange de la mort.” L’homme : “Bienvenue à celui qui s’est fait tant attendre. Par Dieu, je n’ai jamais désiré rencontrer un absent sur terre autant que toi !” Et l’ange : “Fais donc ce pourquoi tu es sorti !” L’homme : “Je ne devais rien faire.” L’ange : “Choisis la condition dans laquelle tu veux que je saisisse ton esprit.” L’homme : “As-tu ce pouvoir?” L’ange : “Oui. Il en va ainsi de ce qu’il me fut ordonné.” L’homme : « “Fort bien. Attends alors que je fasse mes ablutions et que je prie. Saisis mon esprit lorsque je serai prosterné.” L’ange saisit l’esprit de l’homme, alors qu’il était en prosternation. » Abû Bakr b. ‘Abd Allâh al-Mazanî142 a dit : « Près de mourir, un israélite qui avait amassé beaucoup de biens dit à son fils : “Montrez-moi mes richesses !” Et son fils apporta certains chevaux, chameaux, esclaves et autres biens. Lorsque le mourant les vit, il pleura de chagrin. L’ange de la mort lui demanda : “Pourquoi pleures-tu? Sache, par Dieu qui t’a accordé tous ces bienfaits, que je ne sortirais pas de ta demeure avant d’avoir séparé ton esprit de ton corps.” L’homme dit : “Accordemoi un peu de répit, pour que je puisse les distribuer ” L’ange : “ Malheur à toi ! Le répit accordé a cessé. Il aurait été préférable que tu le fasses avant l’échéance du délai.” Puis, il saisit son esprit. » On rapporte qu’un homme, qui avait amassé toutes sortes de richesses et qui avait construit un palais fermé par deux solides portes et protégé par de jeunes gardes, fit réunir un jour sa famille à qui il offrit un repas. Il s’installa confortablement sur son divan, une jambe sur l’autre, et les observait manger. Lorsqu’ils terminèrent de manger, il dit : « Ô mon âme, jouis donc de ces biens pendant des années. J’ai amassé pour toi ce qui te suffit […] » Il n’avait pas encore terminé son discours que l’ange de la mort, sous l’aspect d’un misérable, revêtu de guenilles et un sac de toile pendu au cou, frappa avec une violence inouïe à la porte. L’homme en trembla. Les gardes allèrent à la porte et lui demandèrent : « Que veux-tu? » L’ange répondit : « Appelez votre maître ! » Les gardes lui répondirent avec mépris : « Tu crois que notre maître s’incommoderait pour un individu tel que toi ? » Il dit : « Oui, appelez-le ! » Les gardes s’en retournèrent et informèrent leur maître, qui leur répondit : « Vous avez bien fait. » Un instant plus tard, un coup plus violent que le précèdent fit trembler la porte. Les gardes se précipitèrent et l’homme leur dit : « Dites à votre maître que je suis l’ange de la mort ! » À ses mots, les gardes furent envahis par la peur et leur maître fut recouvert d’opprobre et d’humiliation. Il ordonna à ses derniers : « Parlez-lui poliment et demandez-lui s’il est venu chercher quelqu’un dans cette maison? » L’ange fit alors irruption et dit au maître des lieux : « Fais donc de tes richesses ce qui te plait ! Sache que je ne quitterai pas ce lieu sans avoir saisi ton esprit. » L’homme ordonna qu’on lui porte ses biens. À leur vue, il s’exclama : « Que Dieu vous maudisse ! Vous m’avez détourné de l’adoration de mon Seigneur et empêché de me consacrer à Lui. » Dieu donna alors la parole aux biens qui répondirent : « Pourquoi nous insultes-tu? [As-tu donc oublié] que c’est à cause de nous que la porte des princes interdite aux pieux, t’était ouverte ? Que c’est à cause de nous que tu t’unissais aux filles de joie, que tu t’asseyais à la table des monarques et que tu nous dépensais dans les mauvaises actions ? Nous n’avons jamais été protégés de tes mauvaises actions, et si tu nous avais dépensés pour de bonnes œuvres, nous t’aurions certainement été utiles [aujourd’hui]. Ô fils d’Adam vous avez été créés de poussière, certains font le bien et

d’autres, le mal ! » Sur ce, l’ange de la mort saisit son esprit, et l’homme tomba raide mort. Wahb b. Munabbih a dit : « Une fois, l’ange de la mort saisit l’esprit de l’un des plus grands tyrans de la terre. De retour au ciel, les anges lui demandèrent : « De tous ceux que tu as saisi, avec lequel t’es tu montré le plus compatissant? » Il répondit : « On m’a ordonné, une fois, de saisir l’âme d’une femme dans un endroit désert. Lorsque j’arrivai, elle venait de mettre au monde un enfant. J’eu de la peine pour sa solitude et pour l’enfant qui venait de naître dans ce désert, alors qu’il n’y avait personne pour s’occuper de lui. » Les Anges lui dirent alors : « Sache que le terrible tyran dont tu viens de saisir l’esprit est cet enfant pour lequel tu avais éprouvé tant de peine. » L’ange de la mort dit alors : « Gloire à Dieu qui répand Sa bonté où Il veut ! » ‘Atâ’ b. Yasâr143 a dit : « La nuit de la mi-Sha‘bân144, une feuille est remise à l’ange de la mort et on lui dit : “Cette année, saisis ceux dont les noms figurent sur cette liste !” Puis, ‘Atâ’ a ajouté : « L’homme cultive ses terres, se marie et construit sans savoir que son nom figure sur cette liste. » Al-Hasan a dit : « Pas un jour ne passe sans que l’ange de la mort ne visite trois fois une demeure. S’il trouve celui dont le nom figure sur sa liste, dont les provisions sont terminées et le délai achevé, il saisit son esprit. Lorsqu’il le saisit, la famille du défunt pleure et se lamente, alors l’ange de la mort pose ses mains sur les chambranles de porte et dit : “Par Dieu, je n’ai pas mangé de ses provisions, ni ne lui ai ravi de son âge ni réduit son délai ! [Sachez que] Je reviendrai une autre fois, de manière à n’épargner la vie à aucun d’entre vous.” Puis al-Hasan a ajouté : “Par Dieu, s’ils parvenaient à voir où il se tient et à entendre ce qu’il dit, ils oublieraient leur défunt et pleureraient sur leur sort.” » Yazîd al-Ruqâshî145 a dit : « Alors qu’un des pires tyrans israélites était assis chez lui en compagnie de son épouse, un homme pénétra par la porte de sa maison. Surpris, le tyran se leva en colère et demanda en hurlant : “ Qui es-tu, et comment oses tu rentrer chez moi? ” L’homme répondit : “ Quant à Celui qui m’a fait entrer, il s’agit de Son propriétaire [véritable]. Quant à moi, je suis celui qu’aucun chambellan ne repousse, celui qui ne demande pas la permission d’entrer auprès des rois, celui qui ne craint pas la force de l’adversaire puissant et celui que ne peut chasser le tyran obstiné et le démon rebelle. ” Le tyran enfouit son visage entre ses mains et se mit à trembler si fort qu’il tomba sur son visage. Il leva ensuite les yeux et, implorant et geignant, demanda : “ Tu es donc l’ange de la mort? ” L’ange répondit : “ Oui, c’est bien moi ! ” L’homme dit : “ M’accorderas-tu un répit afin que je puisse m’amender? ” L’ange répondit : “ Malheur à toi ! Ton délai a cessé ; tes souffles sont dépensés ; tes heures terminées et tu n’as plus droit à un répit. ” Le tyran demanda : “Où me conduistu?” L’ange : “Vers les œuvres que tu as accomplies et la demeure que tu t’es préparée ! ” L’homme : “ Mais je n’ai aucune bonne œuvre à mon compte, ni de belle demeure préparée ! ” L’ange répondit : “Au brasier qui a hâte de te faire rôtir !”146. Puis, il saisit son esprit et l’homme tomba raide mort devant ses proches qui hurlaient et pleuraient. » al-Ruqâshî ajouta : « S’ils avaient su quel triste sort les attendait, leurs jérémiades auraient été pires. » Al-A‘mash147 rapporte, d’après Khaythama148 : « L’Ange de la mort se rendit auprès de Salomon, fils de David (que la Paix soit sur eux), et se mit à fixer intensément un des hommes présents. Lorsqu’il sortit, l’homme demanda à Salomon : “Qui est cet homme?” Il répondit : “L’ange de la mort. ” L’homme dit alors : “Je l’ai vu me fixer si intensément qu’on aurait dit qu’il me voulait. ” Salomon lui demanda : “ Et qu’attends-tu de moi?” L’homme lui dit : “Je veux que tu m’en libères. Ordonne donc au vent de me conduire jusqu’en Inde !” [Salomon accéda à sa demande] et le vent emporta l’homme jusqu’en Inde. Puis, Salomon dit à l’ange de la mort qui était revenu lui rendre

visite : “Je t’ai vu regarder intensément l’un de mes hôtes.” L’ange répondit : “Oui, je m’émerveillais du fait qu’on m’avait ordonné de saisir son âme bientôt à l’extrémité de l’Inde, alors qu’il était présent chez toi. Cela m’avait grandement surpris.” »

CHAPITRE IV DE LA MORT DE L’ENVOYÉ DE DIEU

ET DE CELLES DES CALIFES BIEN-GUIDÉS

La mort de l’Envoyé de Dieu Sache que vivant ou mort, par ses actions et ses paroles, l’Envoyé de Dieu constitue le meilleur exemple, et que tous ses états sont une leçon et une lumière pour tous ceux qui considèrent et scrutent profondément (al-mustabsirîn) les choses, car il n’existe personne de plus noble que lui auprès Dieu. Il est l’ami de Dieu, Son bien-aimé, Son intime (najîh), Sa plus pure créature, Son Envoyé et Son Prophète. Regarde donc s’Il a accordé une heure supplémentaire à son terme ou s’il a retardé d’une seconde sa mort ? Non, au contraire, Il lui a envoyé les nobles anges chargés de saisir les esprits des hommes. Ils se chargèrent de saisir son esprit, pur et noble, et le préparèrent à quitter son noble corps afin de le transporter vers la miséricorde et la satisfaction, vers « les plus belles plaines de la grâce » (al-khayyirât al-hisân)149 et vers un « havre [de paix et] de sincérité »150 (maq‘ad sidq), près du Tout-Miséricordieux. Malgré toutes ces grâces, durant ses ultimes instants, sa douleur était si intense qu’il en gémissait. Son inquiétude s’aggrava et le ton de sa voix exprimait sa grande souffrance. Son teint changea et son front était inondé de sueur. À chaque souffle, ses flancs droit et gauche s’agitaient tellement que les personnes présentes en pleuraient, et ceux qui le voyaient dans cet état ne cessaient de sangloter. Crois-tu donc que la fonction de prophétie pouvait repousser ce qui lui avait été destiné ? Et croistu que l’ange de la mort a eu plus de considération pour lui, eu égard à sa famille ou à son clan ? Et s’est-il plié à ses propres souhaits bien qu’il s’agisse de celui qui avait contribué à la vérité et qui avait été envoyé aux créatures en tant qu’annonciateur de bonnes nouvelles et avertisseur ? Prends garde ! [L’ange] n’a fait que se soumettre à ce qui lui avait été ordonné et n’a suivi que ce qu’il a trouvé inscrit sur la Table. Ainsi donc en était-il du terme du Prophète , même s’il occupe auprès de Dieu la « Station louée et enviée » (al-maqâm al-mahmûd), qu’il est le possesseur du « Bassin qui désaltère » (alhawd al-mawrûd); qu’il est le premier pour qui la terre se fendra et l’intercesseur (sâhib al-shafâ‘a) au Jour de la Comparution (yawm al-‘ard). Il est surprenant que tout cela ne nous serve pas de leçon et que nous doutions de ce qui nous attend ! Bien plus, nous continuons à être otages de nos passions et complices de nos péchés et de nos fautes. Qu’est-ce donc qui nous empêche de tirer des enseignements de la mort de Muhammad , le seigneur des envoyés, le guide des pieux et le bien-aimé du Seigneur des mondes ? Peut-être nous croyons-nous immortels ou que, malgré nos fautes, nous serons honorés auprès de Dieu ? Prenons garde, prenons garde ! Nous devons plutôt nous convaincre, tous, d’aller en Enfer, duquel ne seront épargnés que les pieux. Nous devons nous persuader de cette funeste destinée que seules nos illusions contredisent. Certes, si tel est notre état, alors nous aurons été vraiment injustes envers nous-mêmes de nous être rempli de vains espoirs. Par Dieu, notre comportement n’aura alors rien de

pieux ! Dieu, le Seigneur des mondes, a dit : « Il n’est aucun d’entre vous qui ne devra s’approcher [de L’Enfer] : c’est là un arrêt fixé, irrévocable de ton Seigneur. Ensuite, Nous délivrerons ceux qui étaient pieux et Nous y laisserons les injustes agenouillés. »151 Que chaque serviteur considère son âme : est-il plus proche des injustes ou des pieux ? Considère donc ton état après avoir examiné la conduite des pieux anciens (al-salaf al-sâlih); malgré les faveurs divines qui leur ont été accordées, ils n’ont jamais cessé d’être de ceux qui craignent pieusement Dieu. Considère ensuite le seigneur des envoyés , il était certain de sa condition, du fait qu’il était aussi bien le seigneur des prophètes que le chef des pieux (qâ’id almuttaqîn). Considère ses souffrances à l’approche des adieux et comment son état s’est aggravé avant de rejoindre le Paradis Ma’wâ. Ibn Mas‘ûd (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « Nous rendîmes visite à l’Envoyé de Dieu , dans la maison de notre mère ‘Aisha (que Dieu soit satisfait d’elle), lorsque la séparation devint proche. À notre vue, des larmes coulèrent de ses yeux. Il dit alors : “Bienvenus ! Que Dieu vous accorde longue vie, refuge et aide. Je vous exhorte à craindre Dieu et vous confie à Lui. Je suis, pour vous, Son avertisseur : ne vous exaltez pas devant Lui, sur Sa terre et devant Ses serviteurs, car la fin se rapproche [chaque jour davantage], le retour est vers Dieu, vers le Lotus de la limite (sidrat al-muntahâ), le Paradis Ma’wâ et la Coupe la plus pleine (al-ka’s al-awfâ). Recevez donc mon salut et transmettez-le à ceux qui, après mon départ, entreront en Islâm, ainsi que la miséricorde de Dieu.” » 152 Il est rapporté qu’à sa mort, le Prophète a dit à l’ange Gabriel (que la Paix soit sur lui) : « Qu’en sera-t-il de ma Communauté après moi? » Dieu, Exalté, révéla alors à Gabriel : « Annonce à Mon bien-aimé que Je ne le décevrai pas en ce qui concerne sa communauté. Annonce lui qu’il sera l’homme le plus leste à sortir de terre, le Jour de la Résurrection; qu’il sera le seigneur des hommes lors de leur rassemblement et que le Paradis sera interdit à toutes les communautés tant que la sienne n’y sera pas entrée. » Le Prophète dit alors : « Maintenant, mes yeux sont réjouis. 153 » [La Mère des Croyants] ‘Aisha (que Dieu soit satisfait d’elle) a dit : « L’Envoyé de Dieu nous a ordonnés de le laver avec l’eau de sept récipients, puisée dans sept puits. Après l’avoir lavé, il trouva quelque repos. Il se leva donc et alla conduire la prière à la mosquée. Il demanda à Dieu de pardonner aux Gens d’Uhud154, invoqua Dieu en leur faveur, fit des recommandations concernant les Ansârs155, puis dit : « Ô Émigrés [Mecquois], vous êtes chaque jour plus nombreux, alors que le nombre des Ansârs restera le même qu’aujourd’hui. Sachez que je suis redevable aux Ansârs (litt. mes créanciers) car c’est auprès d’eux que j’ai trouvé refuge. Aussi, honorez leurs nobles, c’est-àdire les vertueux d’entre eux, et pardonnez à ceux d’entre eux qui commettent des erreurs. » Puis, il ajouta : « On demanda à un serviteur de choisir entre ce monde et ce qui se trouve auprès de Dieu. Il porta son choix sur ce qui est auprès de Dieu ! » Ayant compris qu’il s’agissait Prophète, Abû Bakr (que Dieu soit satisfait de lui) éclata alors en sanglots. Le Prophète lui dit : « Ô Abû Bakr, moins de hâte ! Fermez toutes les portes de la mosquée, qui donnent sur la rue, sauf celle d’Abû Bakr, car je ne connais aucun homme plus digne de compagnie que lui ! »156 [La Mère des Croyants] ‘Aisha (que Dieu soit satisfait d’elle) a dit : « L’Envoyé de Dieu mourut chez moi, durant le jour qui m’était consacré, entre ma poitrine et mon cou. Et à sa mort, Dieu a uni nos salives. Mon frère, ‘Abd al-Rahmân, entra tenant en sa main un siwâk157. Le

Prophète le regarda avec envie et je compris qu’il le voulait. Je lui demandai : “Veux- tu que je le prenne ?” Il hocha la tête. Je le lui donnai et il le mit dans sa bouche. Mais le siwâk était trop dur, aussi lui demandai-je s’il voulait que je l’attendrisse avec mes dents. Il hocha à nouveau la tête, et je m’exécutai avant de le lui redonner. Il y avait près de lui un récipient d’eau où il plongeait la main et disait : “Il n’y a de divinité que Dieu ! Certes, la mort a des rigueurs !” Puis, il leva la main et dit : “Le Compagnon suprême … le Compagnon suprême !” Je dis : “Par Dieu, Il ne nous préférera certainement pas [à lui ] !” »158 Sa‘îd b. ‘abd Allâh rapporte la tradition suivante de son père : « Lorsque les Ansârs virent que l’état du Prophète s’aggravait, ils se réunirent autour de la mosquée. Al-‘Abbâs (que Dieu soit satisfait de lui) se rendit chez le Prophète et l’informa de leur chagrin et de leur présence. Fadl en fit de même. Puis ce fut le tour de ‘Alî (que Dieu soit satisfait de lui) qui l’informa de la même chose. Il tendit la main et dit : “ Ici ! ” Ils s’approchèrent alors de lui et il leur demanda : “ Qu’en ditesvous? ” Ils répondirent : “Nous craignons que tu meurs !” Les femmes se lamentaient auprès de leur mari qui entouraient le Prophète . L’Envoyé de Dieu se redressa alors et, soutenu par ‘Alî et Fadl, et précédé par al-‘Abbâs, sortit la tête bandée et traînant les pieds sur le sol. Il alla s’asseoir sur la marche la plus basse de sa chaire (al-minbar), pendant que les gens prenaient place autour de lui. Il glorifia et loua Dieu, puis dit : “Ô gens, on m’a appris que vous craignez que je ne meurs. C’est comme si vous exécriez la mort ! Qu’est ce que vous ne supportez pas dans la mort de votre Prophète ? Est-ce que la nouvelle [de ma mort] ne vous a pas été préalablement annoncée (alam un‘a ilaykum)159, de même que celle de vos âmes ? Est-ce qu’un prophète, parmi ceux qui m’ont précédé, a été rendu immortel pour que j’y prétende moi aussi ? En vérité, je m’en vais rejoindre mon Seigneur et vous aussi Le rejoindrez. Je vous recommande de bien traiter les premiers Émigrés et recommande aux Émigrés de bien agir entre eux. Dieu, Puissant et Majestueux, a dit : “Par le Temps ! L’homme est certes, en perdition, sauf ceux qui croient et accomplissent de bonnes œuvres, s’enjoignent mutuellement la vérité et s’enjoignent mutuellement l’endurance.” 160 (le § suivant à la suite, car il reste dans la continuité du dialogue prophétique) Les choses suivent, par la permission de Dieu, leur cours. Ne permettez pas que la lenteur [naturelle] d’une chose vous incite à la hâter, car Dieu, Puissant et Majestueux, ne hâte pas les choses pour satisfaire l’empressement de quelqu’un. Celui qui chercher à renverser Dieu, Dieu le renverse, et celui qui cherche à Le tromper, Dieu le trompe. “Si vous vous détournez, ne serez-vous pas capables de semer la corruption sur la terre et de rompre vos liens du sang?”161. Je vous recommande de bien traiter les Ansârs car “ils sont ceux qui s’étaient établis dans cette cité [Médine] et dans la foi […]”162 avant vous. Honorez-les ! N’ont-ils pas partagé avec vous la moitié de leurs récoltes ? Ne vous ont-ils pas fait de l’espace dans leurs demeures ? Ne vous ontils pas préférés à eux-mêmes alors qu’ils étaient dans le besoin ? Celui d’entre vous qui a autorité pour juger entre deux hommes [d’entre eux], qu’il accueille favorablement le plus vertueux d’entre eux et soit indulgent envers celui qui faute ! Et ne préférez personne à eux ! [Sachez] que je vous précède et que vous me rejoindrez [bientôt], et que votre lieu de rencontre sera le Bassin, mon bassin qui est plus vaste que la distance qui sépare Basra, au Shâm [Syrie], de San‘a, au Yémen. Son eau découle du Kawthar : sa couleur est plus blanche que le lait, elle est plus tendre que la crème et plus douce que le miel, et celui qui en boit n’aura plus jamais soif. Ses galets sont des perles et son lit, du musc. Quiconque en sera privé demain, sera privé du Bien dans son entier. Que celui qui désire m’y rencontrer demain, retienne sa langue et sa main, sauf en ce qui convient et ce qui est nécessaire.” Al-‘Abbâs dit alors : “Ô Prophète de Dieu, fais nous des recommandations

sur les Qurayshites !” Il répondit : “Voici ce que je recommande au sujet des Qurayshites et de leurs partisans : la justice envers leurs hommes justes et la rigueur envers leurs injustes ! Ô gens, les péchés transforment les faveurs et changent les parts. Si les gens sont bons, leurs chefs le seront envers eux et s’ils sont mauvais, leurs dirigeants seront cruels. Dieu, Exalté, a dit : “C’est ainsi que Nous plaçons certains iniques sous l’autorité d’autres iniques pour les payer de ce qu’ils ont commis.”163” ». Ibn Mas‘ûd rapporte que le Prophète a dit à Abû Bakr (que Dieu soit satisfait de lui) : « Ô Abû Bakr, pose ta question ? » Abû Bakr demanda : « Ô Envoyé de Dieu, la fin est-elle proche ? » Il répondit : « Le terme s’est rapproché et est suspendu [au dessus de nous] ! » Abû Bakr : « Ô Prophète de Dieu, que ce qui se trouve auprès de Dieu te soit d’une infinie réjouissance ! J’aurais aimé savoir où nous serons conduits lors de notre retour ? » Le Prophète : « Vers Dieu et le Lotus de la limite, puis vers le Paradis al-Ma’wâ, puis vers le [Paradis] Firdaws élevé et la Coupe pleine, vers le Compagnon suprême, et enfin vers un sort fortuné et une vie heureuse. » Abû Bakr demanda : « Ô Prophète de Dieu, qui se chargera de te laver ? » Il répondit : « Les hommes les plus proches de ma famille ! » Abû Bakr : « Dans quoi veux-tu qu’on enveloppe ton corps ? » Il répondit : « Dans les vêtements que je porte, un manteau yéménite, et une étoffe blanche. » Abû Bakr : « Comment devrons-nous prier sur toi ? » Sur ce, nous pleurâmes et lui aussi pleura. Puis, il dit : « Doucement, que Dieu vous pardonne et vous rétribue, de la part de Son Prophète, de la plus belle des manières. Une fois que vous aurez lavé et enveloppé mon corps, posez-moi sur mon lit dans cette maison à côté de ma tombe et sortez pendant une heure. Car le premier à prier sur moi sera Dieu, Puissant et Majestueux, « C’est Lui qui prie sur vous, ainsi que Ses anges. »164 Puis, Il ordonne aux anges de prier sur moi. La première créature de Dieu qui entrera pour prier sur moi sera Gabriel, puis Mikâ’îl, puis Isrâfîl, puis l’ange de la mort et une multitude d’autres, et enfin tous les anges, que la prière de Dieu soit sur eux tous ! » Ensuite, ce sera votre tour : entrez par groupes, les uns après les autres, et priez sur moi. Puis, évoquez sur moi la Paix en abondance. Ne me causez pas de tort par des louanges excessives, par vos cris et vos lamentations. Le premier à entrer sera l’imam, puis mes parents, les plus proches d’abord, ensuite les femmes, suivies des enfants. » Abû Bakr demanda : « Qui devra te mettre dans ta tombe ? » Il répondit : « Les plus proches parmi les miens. Ils seront accompagnés d’une foule d’anges que vous ne verrez pas, mais qui, eux, vous verront. Levez-vous et agissez en mon nom pour ceux qui viendront après moi. »165 ‘Abd Allâh b. Zam‘a166 a dit : « Au début du mois de Rabî‘ al-Awwal, Bilâl (que Dieu soit satisfait de lui) se présenta et appela à la prière. L’Envoyé de Dieu dit alors : “Dites à Abû Bakr de diriger la prière collective !” Je sortis et ne vis à la porte de la mosquée que ‘Umar [b. alKhattâb] (que Dieu soit satisfait de lui) en compagnie d’autres personnes, mais pas Abû Bakr. Je dis alors : “Ô ‘Umar, lève-toi pour conduire la prière !” ‘Umar se leva et dès qu’il fit le takbîr de sa voix haute, l’Envoyé de Dieu reconnut immédiatement sa voix. Il répéta alors trois fois de suite : “Où est Abû Bakr ? Dieu et les musulmans refusent cela !” Puis ajouta : “Dites à Abû Bakr de diriger la prière collective !” ‘Aisha (que Dieu soit satisfait d’elle) lui dit alors : “Ô Envoyé de Dieu, Abû Bakr a un cœur trop sensible ! S’il devait prendre ta place, il serait dominé par les pleurs.” Il dit : “Ô femmes, vous êtes telle cette gente féminine de [l’histoire de] Joseph ! Dites à Abû Bakr de diriger la prière collective !” Abû Bakr dirigea la prière, successive à celle conduite par ‘Umar. Plus tard, ‘Umar fit ces reproches à ‘Abd Allâh b. Zam‘a : “Malheur à toi ! Qu’as-tu fait de moi ? Si je n’étais pas persuadé que c’était l’Envoyé de Dieu qui te l’avait ordonné, je n’aurais jamais [dirigé cette prière].“ ‘Abd Allâh répondit : “[Ne le trouvant pas lorsque l’Envoyé de Dieu

m’envoya le chercher] Je n’ai trouvé personne de plus digne que toi pour cela.” ‘Aisha a dit : “Je n’avais dit cela d’Abû Bakr [au Prophète ] que pour lui épargner ce monde, car la fonction de chef (al-wilâya) comporte péril et destruction [pour celui qui l’exerce] hormis pour celui que Dieu sauve. Je craignais également que les gens n’aiment jamais plus, à moins que Dieu ne le veuille autrement, celui qui prierait à la place du Prophète , alors que ce dernier était encore en vie. Ils l’auraient jalousé, lui en auraient voulu et auraient vu en ce geste un mauvais augure. Aussi, s’agit-il d’une affaire qui relève de Dieu et de Son décret ! Dieu l’a protégé de ce que je craignais pour lui, en ce qui concerne ce monde et la religion. ” »167 ‘Aisha (que Dieu soit satisfait d’elle) a dit : « Le jour de sa mort, tôt le matin, certains virent que l’Envoyé de Dieu allait mieux. Réjouis de son état, les hommes regagnèrent leurs demeures et vaquèrent à leurs occupations, laissant les femmes en sa compagnie. Alors que nous nous réjouissions et espérions en son amélioration, l’Envoyé de Dieu dit : “ Sortez, laissez-moi ! Cet ange me demande la permission d’entrer. ” Tous ceux qui étaient à l’intérieur de la maison sortirent, sauf moi. Il avait la tête posée sur mes genoux, puis il se redressa et s’assit. Je me retirai au fond de la pièce. Après avoir longtemps conversé avec l’ange, il m’appela, reposa sa tête sur mes genoux et dit aux femmes : “Entrez !” Je lui dis alors : “Ce n’était pas la voix de Gabriel !” L’Envoyé de Dieu répondit : “Tu as raison, c’était l’ange de la mort. Il est venu et m’a dit : “Dieu, Puissant et Majestueux, m’a envoyé à toi et m’a ordonné de n’entrer qu’avec ta permission. Aussi, si tu ne me le permets pas, je m’en retournerais. Puis il m’a ordonné de te saisir qu’après que tu l’aies ordonné. Que m’ordonnes-tu donc ?” Je lui ai alors répondu : “Retiens-toi jusqu’à ce que Gabriel (que la Paix soit sur lui) vienne. C’est son heure.”” » ‘Aisha a dit : « Nous fûmes alors en présence d’une affaire sur laquelle nous n’avons aucune réponse ni opinion. Nous fûmes pétrifiées; ce fut comme le choc terrible et violent de deux lames (sâkha) ! Nous étions incapables du moindre mouvement. Une immense frayeur envahit notre être et nous empêcha d’émettre le moindre son. Puis, Gabriel arriva à son heure, il fit ses salutations et je reconnus sa voix. Les gens de la maison sortirent, Gabriel entra et dit au Prophète : “Dieu, Puissant et Majestueux, te salue et m’envoie te dire : “Comment te sens-tu ?” Bien qu’Il connaisse mieux que toi ta condition et désire ajouter à ton honneur et à ta noblesse, en faisant que ta dignité et ton honneur soient supérieurs à ceux des autres créatures, et pour que cela devienne une norme (sunna) pour ta communauté.” Le Prophète répondit : “ Je souffre !” Gabriel (que la Paix soit sur lui) lui dit alors : “C’est là une bonne nouvelle ! Dieu, Exalté, t’annonce ainsi ce qu’Il t’a préparé [dans l’au-delà].” Le Prophète lui dit : “Ô Gabriel, l’ange de la mort m’a demandé la permission d’entrer !” Puis, il lui raconta ce qui s’était déroulé entre eux. Gabriel (que la Paix soit sur lui) lui dit alors : “Ô Muhammad, ton Seigneur aspire à te voir. Ne t’a-t-il pas informé de ce qu’il te voulait ? Par Dieu, Exalté, sache que l’ange de la mort n’a jamais demandé à personne la permission d’entrer et ne le fera jamais plus. Sache aussi que par cela, ton Seigneur veut parachever ton rang et [te signifier] combien Il aspire à toi !” Il lui dit : “Alors ne m’abandonne pas jusqu’à ce qu’il vienne !” Il autorisa ensuite les femmes à entrer et dit [à sa fille] : “Ô Fâtima, approche !” Elle se pencha sur lui, et il lui murmura quelque chose à l’oreille. Elle releva la tête, ses yeux étaient pleins de larmes et elle ne pouvait pas parler. Puis il lui dit encore : “Approche ta tête !” Il lui murmura quelque chose à l’oreille après quoi elle releva la tête. Elle riait, mais ne pouvait pas parler. Cette situation nous étonna. Plus tard, je lui demandais la raison de ses pleurs et de ses rires, et elle me répondit : “La première fois, il me dit : “Je mourrai aujourd’hui ! ” et je me suis mise à pleurer de chagrin. La seconde fois, il me dit : “J’ai prié Dieu afin que tu sois la première parmi mes proches à me rejoindre et à t’installer près de moi.” Alors, j’ai ri de joie.” Ensuite, Fâtima approcha de lui ses

deux fils et il sentit leur odeur. Puis, l’ange de la mort demanda la permission d’entrer et le Prophète l’y autorisa. L’ange lui demanda : “Ô Muhammad, que m’ordonnes-tu ?” Il lui répondit : “Que tu me conduises à présent auprès de mon Seigneur.” L’ange lui dit : “Certes, en ce jour qui est le tien, Ton Seigneur aspire vraiment à toi et Il n’a hésité pour aucun autre homme autant que pour toi. Il ne m’a jamais interdit l’entrée, sans permission, auprès de qui que ce soit d’autre. Mais ton heure est arrivée.” Puis l’Ange sortit. » ‘Aisha (que Dieu soit satisfait d’elle) a ajouté : « Gabriel arriva et lui dit : “Que la Paix soit sur toi, ô Envoyé de Dieu ! C’est la dernière fois que je descends sur terre ! La Révélation est close et la vie est repliée. Je n’avais d’autre but sur terre que toi et je n’y ai d’autre but que ta présence. Après quoi, je retournerai à ma place. Par Celui qui a envoyé Muhammad avec la Vérité, nul parmi les présents dans cette demeure, ne peut changer un mot de ce que j’affirme. Il ne sera jamais plus renvoyé malgré les sublimes éloges entendus le concernant et malgré notre affection et notre grande compassion pour lui.” Je me levai et allai vers le Prophète . Je posai doucement sa tête sur ma poitrine et l’enlaçai. Il commença alors à suffoquer jusqu’à l’évanouissement. Son front était inondé de sueur et je n’avais jamais vu personne transpirer autant du front. J’essuyai sa sueur et je n’ai jamais senti une odeur aussi parfumée que celle-ci. Lorsqu’il revint à lui, je lui dis : “Par mon père, ma mère, mon âme et mes proches, que ton front transpire !” Il répondit : “Ô ‘Aisha, l’âme du croyant s’en va par sa sueur, et celle de l’incroyant par les coins de sa bouche (shadqayh), comme le braiment des ânes.” Ensuite, nous fûmes pris de peur et fîmes appeler nos familles. Le premier à entrer, sans assister à son départ, fut mon frère, envoyé mon père. L’Envoyé de Dieu mourut avant que quiconque n’arrive. En fait, Dieu les en avait empêchés, car Il l’avait confié aux soins de Gabriel et Mîkâ’îl. Lorsqu’il s’évanouissait, il disait : “Non, plutôt le Compagnon ultime !”, comme si on lui avait encore offert le choix. Lorsqu’il parvenait à parler, il disait : “La prière, la prière ! Vous resterez unis tant que vous prierez ensemble. La prière, la prière !” Il insista tellement sur la prière qu’il mourut en disant : “La prière, la prière !”168 » ‘Aisha (que Dieu soit satisfait d’elle) a dit : « L’Envoyé de Dieu mourut un lundi, entre le 169 matin et la mi-journée. » Fâtima (que Dieu soit satisfait d’elle) a dit : « Qu’est-ce donc qui m’affligea un lundi ? Par Dieu, la communauté ne cessera pas d’être frappée de calamités en ce jour ! » Le jour où ‘Alî, que Dieu ennoblisse sa face, fut touché à Kûfa, Umm Kulthûm170 (que Dieu soit satisfait d’elle) a dit sensiblement la même chose : « Qu’est-ce donc qui m’affligea un lundi ? C’est le jour où l’Envoyé de Dieu mourut ; le jour où on tua mon époux [‘Umar], le jour où l’on tua mon père [‘Alî]. Voilà ce que me réserva le lundi ! » ‘Aisha (que Dieu soit satisfait d’elle) a dit : « Lorsque l’Envoyé de Dieu mourut, les gens furent comme foudroyés. On entendit de grandes lamentations et les anges le couvrirent de son vêtement. Il y eut des différends : il y avait ceux qui niaient sa mort, ceux qui furent frappés de mutisme et ne purent s’exprimer que bien plus tard; ceux qui déliraient et disaient des choses insensées, ceux qui avaient gardé leur raison et ceux qui étaient devenus incapables du moindre pas. ‘Umar b. al-Khattâb fut de ceux qui nièrent sa mort, ‘Alî de ceux qui ne pouvaient plus marcher et ‘Uthmân, de ceux qui étaient devenus muets. ‘Umar alla vers les gens et dit : « L’Envoyé de Dieu n’est pas mort et certainement Dieu, Puissant et Majestueux, [nous] le renverra ! Que les mains et les pieds des hypocrites qui souhaitent la mort de l’Envoyé de Dieu soient tranchés ! Dieu, Puissant

et Majestueux, l’a uniquement appelé pour qu’il Le rencontre comme Il l’avait fait auparavant pour Moïse. Sachez qu’il sera de retour bientôt ! » Dans une autre version, il aurait dit : « Ô gens, retenez vos langues au sujet de l’Envoyé de Dieu : il n’est pas mort. Par Dieu, si je devais entendre l’un d’entre vous affirmer que l’Envoyé de Dieu est mort, je lui trancherai le cou de mon sabre. » [‘Aisha a ajouté :] « ‘Alî était incapable de sortir de chez lui. Quant à ‘Uthmân, il ne parlait à personne. On le prenait par la main et on le conduisait ici et là. Et nul d’entre les musulmans ne fut aussi lucide qu’Abû Bakr et al-‘Abbâs. Dieu, Puissant et Majestueux, leur avait apporté soutien et réconfort. Les gens n’écoutèrent alors que les paroles d’Abû Bakr jusqu’à l’arrivée d’al-‘Abbâs [qui confirma les paroles du premier en] disant : “ Par Dieu, hormis lequel il n’y a nulle autre divinité que Lui, l’Envoyé de Dieu vient de faire l’expérience de la mort. ” [Dieu] lui a dit alors qu’il était encore parmi vous : “ Tu mourras, et eux aussi mourront. Puis, le Jour de la Résurrection, vous vous querellerez près de votre Seigneur. ” »171 La nouvelle de la mort parvint à Abû Bakr alors qu’il se trouvait chez les Banû Hârith b. alKhazraj. Il partit immédiatement et se rendit auprès de l’Envoyé de Dieu . Il le regarda, se pencha vers lui, l’embrassa puis dit : « Ô Envoyé de Dieu, par mon père et ma mère, Dieu ne te fera certainement pas goûter la mort deux fois. Par Dieu, l’Envoyé de Dieu est vraiment mort ! » Il sortit et dit aux gens regroupés au dehors : « Ô gens, que celui qui adore Muhammad sache qu’il est mort, et que celui qui adore le Seigneur de Muhammad sache qu’Il est vivant et qu’Il ne meurt pas ! Dieu, Exalté, a dit : « Muhammad n’est qu’un envoyé parmi d’autres qui l’ont précédé. S’il venait à mourir ou s’il était tué, retourneriez-vous sur vos pas ? »172 On aurait dit que les gens n’avaient jamais entendu ce verset ! »173 Dans une autre version, lorsque la nouvelle arriva à Abû Bakr, il se précipita chez l’Envoyé de Dieu . Il récitait des prières sur lui et des larmes coulaient de ses yeux. Il sanglotait, gémissant abondamment et bruyamment, mais ses gestes et ses paroles étaient fermes. Il se pencha sur lui, découvrit son visage, l’embrassa sur le front et lui essuya le visage. Il pleura encore et dit : « Par mon père, ma mère, mon âme et les miens, tu étais bon et parfumé de ton vivant et tu es bon et parfumé à ta mort. Ce qui n’a pas cessé par la mort des autres prophètes et par la prophétie, a cessé par ta mort. Tu es trop noble pour qu’on te décrive et trop élevé pour qu’on te pleure [suffisamment] ! Tu étais tel que ta présence était une source intarissable de joie et ton universalité un moyen [pour nous] d’être égaux. Et si la mort n’avait été ton choix, nous aurions péri de la douleur de ta perte. Et si tu n’avais pas interdit les pleurs, nous aurions asséché, par nos pleurs sur toi, nos yeux de leur eau. Mais nous ne pouvons nous empêcher de ressentir une digne douleur ni faire le deuil de ce qui ne passera jamais. Ô Dieu, fais-lui parvenir nos propos. Ô Muhammad, que Dieu prie sur toi, mentionne-nous auprès de ton Seigneur et pense à nous. N’était la quiétude que tu as laissé derrière toi, nul ne pourrait résister à la solitude qui nous a investis après ton départ. Ô Dieu, transmets tout cela de notre part à Ton prophète et raffermit l’estime que nous avons pour lui ! » Selon Ibn ‘Umar (que Dieu soit satisfait de lui), lorsque Abû Bakr entra auprès de lui, et après qu’il a prié et louangé, les gens de la mosquée entendirent des cris provenir de la maison. À chaque fois qu’Abû Bakr ajoutait quelque chose, les cris augmentaient. Le vacarme ne cessa que lorsque apparut sur le pas de la porte un homme au ton grave et puissant qui dit : « Ô gens de la Maison, que la Paix soit sur vous ! « Toute âme goûtera la mort. Et vous n’acquerrez au Jour de la Résurrection que la rétribution qui vous a été réservée. Quiconque sera écarté du feu et

introduit au Paradis aura atteint la félicité. La vie de ce monde n’est que vaine jouissance. »174 En vérité, Dieu est le successeur de chaque homme ! En Lui se réalisent tous les désirs et Il est le refuge contre tout danger. Placez tous vos espoirs et toute votre confiance en Lui ! » Bien qu’ils ne reconnurent pas la voix, ils écoutèrent ses paroles et cessèrent de pleurer. Après s’être calmés, la voix disparut et quelqu’un alla voir à la porte, mais n’y trouva personne. Ils se remirent alors à pleurer lorsqu’une autre voix qu’ils ne reconnaissaient pas dit à son tour : « Ô gens de la Maison, rappelez-vous Dieu, Exalté, et louez-Le en toute circonstance, vous serez alors des dévots loyaux (mukhlisîn) ! Le réconfort contre tout malheur est en Dieu, de même que la compensation pour toute perte chérie. Obéissez donc à Dieu et faites ce qu’Il vous ordonne ! » Abû Bakr dit alors : « Ce sont al-Khizr175 et Élie (al-Yasa‘) venus assister au départ du Prophète . »176 Al Qa‘qâ‘ b. ‘Umar a rapporté, dans son intégralité, le sermon d’Abû Bakr. Il a dit : « Après la clameur et les pleurs, Abû Bakr se dressa devant les gens. Il pria longuement sur le Prophète , loua et glorifia Dieu en toute circonstance, puis dit : “J’atteste qu’il n’y a de divinité que Dieu seul ! Il a tenu Sa promesse, assisté Son serviteur et vaincu Seul les différentes factions. Louange, donc, à Dieu seul ! Et j’atteste que Muhammad est Son serviteur, Son envoyé et le Sceau de Ses prophètes. J’atteste que le Livre est tel qu’il a été révélé, que la Religion est telle qu’elle a été instituée, que la Tradition (al-hadîth) est telle qu’elle a été rapportée, que les discours (al-qawl) sont tels qu’ils ont été prononcés et que Dieu est la Vérité manifeste (al-haqq al-mubîn). Ô Dieu, répands sur Muhammad, Ton serviteur, Ton messager, Ton prophète, Ton bien-aimé, Ton confident, Ton élu et Ton préféré, la plus belle des prières, celle jamais accordée à nulle autre de Tes créatures. Ô Dieu, fais que Tes prières, Ta protection et Ta miséricorde se répandent sur le seigneur des envoyés, le Sceau des prophètes, le guide des pieux, Muhammad ! Celui qui mène vers le bien, le guide vers le bonheur et le messager de la Miséricorde. Ô Dieu, rapproche-le davantage encore de Toi ; rends plus puissant son argument ; anoblit son rang ; envoie-le à la Station louée à laquelle aspirent les premiers et les derniers, et fasse que nous puissions tirer avantage de sa station louée le Jour de la Résurrection ; remplace-le pour nous en ce monde et dans l’autre et accorde-lui le Degré (al-daraja) et le Moyen (al-wasîla) [suprêmes] au Paradis ! Ô Dieu, prie sur Muhammad et sur la famille de Muhammad, et bénis Muhammad et la famille de Muhammad, comme Tu as prié et béni Abraham ! Tu es le Digne de louange, le Majestueux ! Ô gens, que celui qui adore Muhammad sache qu’il est mort, et que celui qui adore Dieu sache qu’Il est vivant et qu’Il ne meurt pas ! Dieu vous a manifesté Sa volonté à travers lui, ne Le priez donc pas en état d’angoisse ! Dieu, Puissant et Majestueux, a choisi pour lui ce que est auprès de Lui et non ce qui est auprès de vous, et Il vous a laissé Son Livre et la tradition de Son Prophète . Celui qui se saisit des deux et les adopte obtient la connaissance, et celui qui les sépare, les conteste : “Ô les croyants ! Observez strictement la justice.” 177 Ne laissez pas le diable vous distraire par la mort de votre Prophète, qu’il ne vous écarte pas, par sa séduction, de votre religion. Hâtez-vous à accomplir de bonnes œuvres pour neutraliser le diable ; ne lui donnez aucun répit, sans quoi il vous atteindrait et vous conduirait à la sédition ! ” ». Ibn ‘Abbâs a dit que lorsque Abû Bakr (que Dieu soit satisfait d’eux) eut achevé son sermon, il dit : « Ô Umar, est-ce donc bien toi qui aurais dit, selon ce qui m’a été rapporté, que le Prophète de Dieu ne serait pas mort ? Ne te souviens-tu donc pas que le Prophète de Dieu a dit tel et tel jour, ceci et cela […] [et que] Dieu, Exalté, a dit : “En vérité tu mourras et ils mourront eux aussi.”178 ? » ‘Umar (que Dieu soit satisfait de lui) répondit : « Par Dieu, c’est comme si je n’avais jamais

entendu cela du Livre de Dieu avant cet instant, à cause de ce qui vient de nous tomber dessus ! J’atteste que le Livre est tel qu’il a été révélé, que la Tradition est telle qu’elle a été rapportée et que Dieu est vivant et ne meurt pas. “Certes, nous appartenons à Dieu, et c’est vers Lui que nous retournerons »179 !” Que les prières de Dieu se répandent sur Son Envoyé, et nous croyons que Son Envoyé est auprès de Dieu [pour recevoir sa récompense]. » Puis, ‘Umar s’assit près d’Abû Bakr. ‘Aisha (que Dieu soit satisfait d’elle) a dit : « Lorsqu’ils se rassemblèrent pour son lavage funéraire, ils dirent : “Par Dieu, nous ne savons pas comment laver l’Envoyé de Dieu ? Doit-on le déshabiller comme nous faisons pour nos morts ou devons-nous le laver dans ses vêtements ?” » [‘Aisha a ajouté] : « Dieu les a alors plongés dans le sommeil. Chacun d’entre eux s’endormit, la barbe sur la poitrine. Puis une voix inconnue dit : “Lavez l’Envoyé de Dieu dans ses vêtements !” Les hommes s’éveillèrent et s’exécutèrent. Ils lavèrent l’Envoyé de Dieu dans sa longue chemise puis, l’enveloppèrent d’un linceul. » ‘Alî (que Dieu ennoblisse sa face) a dit : « Lorsqu’on a voulu relever sa chemise, une voix nous interpella : “Ne découvrez pas le vêtement de l’Envoyé de Dieu !” Nous le lavâmes dans ses vêtements en l’allongeant sur le dos comme nous faisons pour nos morts. À chaque fois que l’eau n’atteignait pas une partie, celle-ci se retournait vers nous de sorte que nous la lavions. Il y avait dans la pièce, une sorte de murmure aussi léger que la brise qui disait : “Soyez doux (arfiqû) avec l’Envoyé de Dieu , vous en serez récompensés !” ». C’est ainsi qu’eut lieu la mort de l’Envoyé de Dieu . Il ne laissa derrière lui aucun cheveu ni poil qui ne furent enterrés avec lui. Abû Ja‘far (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « On mit dans sa tombe son tapis, son manteau et on les recouvrit des vêtements qu’il portait lorsqu’il était éveillé. Puis on l’enterra dans son linceul. » Il ne laissa derrière lui ni bien ni propriété, fut-elle de brique ou de paille. Sa mort constitue un enseignement parfait, et les musulmans ont en sa personne le meilleur des modèles.

La mort d’Abû Bakr le Véridique – que Dieu soit satisfait de lui – Lorsqu’Abû Bakr (que Dieu, Exalté soit satisfait de lui) fut sur le point de mourir, ‘Aisha - que Dieu soit satisfait d’elle – vint le voir et récita ce vers : « Par ta vie, la fortune n’est pas de grand secours à l’homme, lorsque le râle arrive et que la poitrine se comprime. » Il découvrit son visage et dit : « Ne dis pas cela ! Dis plutôt : “L’étourdissement de la mort fait apparaître la vérité. Voilà ce dont tu t’écartais. ”.180 Vous voyez mes deux vêtements, lavez-les et ensevelissez-moi dedans. Le vivant a plus besoin de ce qui est neuf que le mort. » À l’approche de la mort de son père [Abû Bakr], ‘Aisha (que Dieu soit satisfait d’elle) a dit : « Les colombes s’abreuvent de sa face blanche, et le printemps des orphelins est un bouclier pour les veuves. »

À ces mots, Abû Bakr dit : « C’était l’Envoyé de Dieu ! On entra et on lui demanda : “Veux-tu qu’on appelle un médecin?” Il répondit : “ Mon Médecin m’a déjà ausculté et a dit : “ Je fais ce que bon Me semble ! ” » Salmân al-Fârisî (que Dieu soit satisfait de lui) lui rendit visite et dit : « Ô Abû Bakr, fais-nous tes recommandations ! » Il répondit : « Dieu vous a concédé le monde, n’en prenez que ce qui vous suffit. Sache que celui qui exécute la prière du matin est sous la protection (fi-dhimmati) de Dieu. Ne violez pas l’engagement par lequel Il vous protège, sans quoi Il vous ferait précipiter en Enfer, la tête devant. » Lorsque l’état d’Abû Bakr (que Dieu soit satisfait de lui) s’aggrava, les gens voulurent qu’il désignât son successeur. Il désigna alors ‘Umar - que Dieu soit satisfait de lui. Les gens lui dirent : « Tu as désigné pour te succéder un homme rude (fazzan) et austère (ghalîzan), que diras-tu alors à ton Seigneur? » Il répondit : « Je lui dirai : “J’ai désigné pour successeur [et commandant de] Tes créatures, la meilleure de Tes créatures !” » Puis il fit appeler ‘Umar (que Dieu soit satisfait de lui) et lui dit : « Je te fais la recommandation suivante : Sache que Dieu a des droits sur toi durant la journée qu’Il n’accepte pas la nuit, et qu’Il a des droits sur toi la nuit qu’Il n’accepte pas durant le jour. Sache qu’Il n’accepte les actes volontaires (al-nâfila) qu’après l’exécution des actes obligatoires. La balance sera lourde, au Jour du Jugement, pour ceux qui, bien que le fardeau fût lourd à porter, suivirent la Vérité de leur vivant. Il est donc juste que la balance qui ne porte que la Vérité soit lourde. Elle sera légère, le Jour de la Résurrection, pour ceux qui auront suivi le mensonge, car celuici est bien léger à porter. Et il est juste que la balance qui ne porte que le mensonge soit légère. Sache que Dieu a mentionné les gens du Paradis pour les belles œuvres qu’ils ont accomplies et a ignoré leurs fautes, de sorte que l’homme peut dire : « Je suis inférieur à ces gens et n’atteindrai pas ce qu’ils ont atteint ! » Il a mentionné les gens de l’Enfer pour leurs mauvaises actions et a rejeté ce qu’ils ont fait de bien, de sorte que l’homme peut dire : « Je suis meilleur que ces autres ! » Sache que Dieu a mentionné les versets de la Miséricorde et ceux du Châtiment afin que le croyant ressente, en même temps, crainte et désir, ne se ruine pas de ses propres mains et n’espère de Dieu que la vérité. Si tu suis ces conseils, que je te donne, alors tu n’aimeras aucune chose absente autant que la mort à laquelle tu ne peux échapper ; mais si tu t’égares de mes conseils, alors aucune chose absente ne te sera autant détestable que la mort à laquelle tu ne peux échapper, ni empêcher. Sa‘îd b. al-Musayyib181 (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « Lorsque la fin d’Abû Bakr (que Dieu soit satisfait de lui) fut proche, des compagnons, venus lui rendre visite, lui demandèrent : « Ô Lieutenant de l’Envoyé de Dieu , donne-nous des provisions supplémentaires [par tes conseils], car nous voyons clairement dans quelle condition tu te trouves ? » Il répondit : « À celui qui prononce ces paroles [énoncées plus bas] puis meurt, Dieu établit son esprit dans l’Horizon visible (al-Ufuq al-mubîn) ! » On demanda : « Qu’est-ce donc que l’Horizon visible ? » Il répondit : « Une vallée située devant le Trône. Elle contient des jardins, des fleuves et des arbres et, chaque jour, cent miséricordes divines la recouvrent. » Celui qui prononce ces paroles verra son esprit établi par Dieu en cet endroit : « Ô Dieu, Tu as créé les créatures sans que Tu n’aies nul besoin d’eux, puis Tu les as divisées en deux groupes. Un groupe pour les délices paradisiaques (al-na‘îm) et un autre pour [alimenter] le brasier (al-sa‘îr). Compte-moi parmi les gens des délices et non ceux du brasier. Ô Dieu, Tu as réparti les créatures lors de Ta création et tu les as distinguées avant même de les créer. Tu en as décrété certains malheureux et d’autres, heureux ; certains, égarés et d’autres bien-guidés, fais que je ne sois pas malheureux en Te désobéissant ! Ô Dieu, Tu sais ce que chaque âme acquiert avant de la créer, et elle

ne peut certes pas échapper à ce que Tu sais déjà, fais que je sois de ceux que Tu voues à Ton obéissance ! Ô Dieu, nul ne veut qu’après que Tu as voulu, fais en sorte que Ta volonté soit que je veuille ce qui me rapproche de Toi ! Ô Dieu, Tu as déterminé les mouvements des serviteurs et aucune chose ne se meut sans Ta permission, fais que mes mouvements soient animés de crainte pieuse pour Toi ! Ô Dieu, Tu as créé le Bien et le Mal et les individus qui font l’un ou l’autre, fais que je sois parmi les gens du Bien ! Ô Dieu, Tu as créé le Paradis et l’Enfer et destiné des habitants pour chacun des deux, fais que je sois de ceux qui habitent Ton Paradis ! Ô Dieu, Tu as voulu que certains soient égarés et Tu as comprimé leur poitrine, fais que je sois de ceux qui ont la poitrine élargie à la foi et rends-la belle à mon cœur ! Ô Dieu, Tu gouvernes toutes choses et Tu as voulu qu’elles reviennent à Toi, vivifie-moi après la mort, accorde-moi une belle vie et rapproche-moi davantage de Toi ! Ô Dieu, malgré l’espoir et la confiance que certains, nuit et jour, placent en d’autres, fais que ma confiance et mes espoirs soient en Toi ! Et il n’y a de pouvoir et de force qu’en Dieu ! Et tout ceci se trouve dans le Livre de Dieu, le Puissant et Majestueux ! »

La mort de ‘Umar b. al-Khattâb – que Dieu soit satisfait de lui – ‘Amrû b. Maymûn182 a dit : « Le jour où ‘Umar fut blessé, je me trouvais derrière lui [durant la prière] et à coté de ‘Abd Allâh Ibn ‘Abbâs. ‘Umar passait en revue les rangs des orants, lorsqu’il remarqua une irrégularité dans un rang. Il dit : “Redressez-vous !”. Il n’avait de cesse que lorsque tous les rangs étaient bien droits. Puis, il s’avança pour conduire la prière et fit le takbîr183. Puis, il commença la récitation au cours de la première unité de prière, soit la Sourate de Joseph ou celle des Abeilles ou une autre […], laissant ainsi assez de temps aux retardataires de se joindre à la prière. À peine a-t-il fait le takbîr, que je l’entendis dire : “Le chien m’a tué !”, ou “Le chien m’a mordu !”, lorsque Abû Lu’lu’a184 le poignarda. Puis, cet étranger infidèle (‘ilj) se mit à poignarder à tout va, de sa dague à deux lames, tous ceux qu’il croisait sur son chemin. Il poignarda treize hommes, dont neuf décédèrent – et selon une autre version sept moururent -. Un homme, parmi les musulmans, jeta alors sur lui un manteau. Pensant ne pas pouvoir en réchapper, l’infidèle se suicida. ‘Umar saisit ‘Abd alRahmân b. ‘Awf185 et le mit devant [pour continuer la prière à sa place]. Ceux qui se trouvaient derrière ‘Umar virent ce que je vis, mais ceux qui étaient plus loin dans la mosquée ne s’aperçurent de rien. [La seule chose qui les surprit] C’était que la voix de ‘Umar s’était tue. Ils dirent alors : “Gloire à Dieu ! Gloire à Dieu !” Ce fut ‘Abd al-Rahmân b. ‘Awf qui dirigea la prière. Il en fit une brève. Lorsque les gens quittèrent la mosquée, ‘Umar dit : “Ô Ibn ‘Abbâs, va voir qui m’a poignardé !” Ce dernier disparut pendant une heure, puis revint et dit : “Il s’agit du serviteur de Mughîra b. Shu‘ba186.” ‘Umar dit alors : “Que Dieu le fasse périr ! J’avais pourtant ordonné qu’on le traite convenablement ! […] Louange à Dieu qui a fait que l’auteur de ce crime ne soit pas musulman ! Ton père et toi aimiez que les infidèles soient nombreux à Médine ! [Ton père] Al-‘Abbâs était de ceux qui avait le plus d’esclaves infidèles.” Ibn ‘Abbâs répondit : “Si tu le veux, nous les exécuterons !” ‘Umar dit : “ [Vous ferez cela] Après qu’ils auront appris votre langue, prié dans la même direction que la vôtre et fait le même pèlerinage que le vôtre !” » On le fit porter chez lui et nous l’accompagnâmes. On aurait dit que les gens n’avaient jamais connu pire catastrophe que ce jour là. L’un dit : “ Je crains pour lui !”, un autre, “Il n’y a pas de mal !” On lui fit porter un jus de fruit. Il le but, mais vomit aussitôt. Il en fut de même pour le lait. Les gens comprirent alors qu’il était sur le point de rendre l’âme. Nous entrâmes alors dans la maison et

tout le monde affluait en faisant son éloge. Un jeune homme se présenta alors et dit : “Ô Commandeur des croyants, réjouis-toi de la bonne nouvelle que Dieu, Puissant et Majestueux, t’envoie ! Tu as eu le privilège de la compagnie de l’Envoyé de Dieu , la préséance en islam que tu sais, puis tu as commandé et exercé ton autorité avec justice. Et maintenant, le martyr !” ‘Umar répondit : “J’espère que cela suffira et ne sois pas un argument contre moi !” Le jeune homme, qui portait une longue chemise dont un pan traînait par terre, tourna le dos. ‘Umar dit alors : “Appelez-le !” Lorsque il revint, ‘Umar lui dit : “Ô mon neveu, relève un peu ta chemise, car cela est bien plus propre, et crains ton Seigneur !” Puis, s’adressant à ‘Abd Allâh, il dit : “Ô ‘Abd Allâh, vois donc si j’ai des dettes ?” Ils firent les comptes et trouvèrent, à peu de choses près, un montant de quatre-vingt-six mille [dirham]. Il dit : “Si la fortune de la famille de ‘Umar suffit, alors paie mes créanciers, sinon, adresse-toi à la tribu des Banû ‘Adî b. Ka‘b. Si leur fortune ne suffit pas, demande alors aux Qurayshites. Ne t’adresse à nul autre et rembourse mes dettes. Puis, rends-toi auprès de la Mère des Croyants, ‘Aisha, et dis lui : “‘Umar te salue”, et ne lui dis pas le Commandeur des Croyants te salue, car à partir d’aujourd’hui, je ne suis plus leur commandeur. Dis lui aussi : “‘Umar b. alKhattâb demande ton autorisation d’être inhumé à côté de ses deux amis [le Prophète et Abu Bakr].”” ‘Abd al-Rahmân se rendit auprès d’elle, la salua et demanda l’autorisation d’entrer. Une fois à l’intérieur, il la trouva assise, en pleurs. Il lui dit : “‘Umar b. al-Khattâb te salue et demande ton autorisation d’être inhumé à côté de ses deux amis.” Elle dit : “Je désirais cette place pour moi, mais aujourd’hui, je l’en ferai certainement hériter !” ‘Abd al-Rahmân s’en alla et se rendit auprès de ‘Umar. On annonça son retour à ‘Umar qui dit : “Redressez-moi !”. Un homme le souleva et il demanda : “Quelle nouvelle me portes-tu ?” ‘Abd al-Rahmân répondit : “Ô Commandeur des Croyants, ce que tu as désiré m’a été accordé !” Il répondit : “Dieu soit loué, rien ne m’était plus important que cela. Lorsque je mourrai, porte-moi là-bas, salue-la et dis-lui : “‘Umar demande l’autorisation d’entrer !” Si elle te le permet, porte-moi à l’intérieur, si elle refuse, conduisez-moi au cimetière des musulmans. Hafsa, la Mère des Croyants, arriva alors cachée par un groupe de femmes. Lorsqu’elle s’approcha, nous nous retirâmes respectueusement. Elle entra aussitôt en pleurant. Une heure plus tard, des hommes demandèrent l’autorisation d’entrer et elle se retira à côté où on entendait ses pleurs. Les hommes dirent à ‘Umar : “Fais-nous des recommandations et désigne ton successeur !” Il dit : “Je ne vois personne de plus digne que ceux qui ont enterré l’Envoyé de Dieu , et dont il était satisfait.” Il nomma alors ‘Alî, ‘Uthmân, al-Zubayr, Talha, Sa‘d et ‘Abd alRahmân, puis dit : “Que ‘Abd Allâh b. ‘Umar soit votre témoin, il n’incline pas à l’exercice de l’autorité et cela lui apportera quelque consolation. Si votre choix se porte sur Sa‘d, soit ! Sinon, que celui sur lequel se portera votre choix cherche son aide, car je ne l’ai relevé de sa charge, ni pour incompétence ni pour trahison187. Je recommande les Premiers Émigrés [les Mecquois] au calife qui me succédera, qu’il reconnaisse leur rang et défende leur honneur ! Je lui recommande de bien traiter les Ansârs [les Médinois] qui ont ouvert leurs demeures et accueilli la foi. Qu’il rétribue leurs vertueux et soit indulgent avec leurs fautifs. Je lui recommande de bien traiter les habitants des villes garnisons (al-amsâr), ils sont les remparts de l’islam, les collecteurs d’impôts et ceux qui font enrager l’ennemi ! Qu’on ne prenne d’eux que ce qui est en excèdent et qu’avec leur accord. Je lui recommande de bien traiter les Bédouins, ce sont les ancêtres des Arabes et la substance de l’islam, qu’on ne prenne d’eux que le surplus et qu’on le redistribue à leurs pauvres. Je lui recommande, par l’alliance de protection scellée (dhimma) avec Dieu, Puissant et Majestueux, et par celle scellée avec l’Envoyé de Dieu , de respecter ses promesses envers eux, de combattre en leur nom et de ne leur imposer que ce qu’ils peuvent porter.” Puis, lorsque ‘Umar mourut, nous le portâmes [vers la maison de la Mère des Croyants, ‘Aisha]. ‘Abd Allâh b. ‘Umar la salua et dit : “‘Umar b. al-Khattâb

demande l’autorisation d’entrer.” Elle les autorisa à le porter à l’intérieur, et ils l’enterrèrent à côté de ses deux amis. » Le Prophète a dit : « Gabriel (que la Paix soit sur lui) m’a dit : “L’Islam pleurera la mort de 188 ‘Umar. » Ibn ‘Abbâs a dit : « ‘Umar fut installé sur son lit, et avant qu’on ne soulevât son corps, les gens l’enveloppèrent dans un linceul, puis récitèrent des prières et des invocations en sa faveur. J’en faisais de même lorsqu’une main se posa sur mon épaule. Je me retournai et vis qu’il s’agissait de ‘Alî b. Abû Tâlib (que Dieu soit satisfait de lui). Il invoqua la miséricorde divine sur ‘Umar et dit : “Il n’y a aucun homme dont j’envierai autant les œuvres, lors de la rencontre avec Dieu, que toi. Par Dieu, je n’ai plus jamais douté que Dieu t’installe auprès de tes deux Compagnons, depuis que j’ai entendu, maintes fois, le Prophète dire : “Je suis allé avec Abû Bakr et ‘Umar […]. Je suis sorti avec Abû Bakr et ‘Umar […]. Je suis entré avec Abû Bakr et ‘Umar […]. ” J’ai tant espéré et tant supposé que Dieu t’installe près d’eux !”” »

La mort de ‘Uthmân b. ‘Affân – que Dieu soit satisfait de lui – Le récit de son assassinat est bien connu. ‘Abd Allâh b. Salâm189 a dit : « Je me rendis auprès de mon frère ‘Uthmân pour le saluer, alors qu’il était assiégé. Une fois entré, il me dit : “Ô mon frère, sois le bienvenu ! J’ai vu cette nuit [en songe] l’Envoyé de Dieu dans la lucarne (khûkha) de cette chambre, il m’a dit : “Ô ‘Uthmân, on t’a assiégé ?” Je répondais : “Oui !” Il dit : “On t’a assoiffé ?” Je répondais : « “Oui !” Il me tendit alors une cruche pleine d’eau grâce à laquelle j’étanchai ma soif. La fraîcheur de l’eau envahit ma poitrine jusqu’aux épaules. Puis il me dit : “Si tu veux, on te donnera la victoire sur eux ou, si tu le désires, tu rompras ton jeûne chez nous !” J’ai préféré rompre le jeune chez lui.” » ‘Uthmân mourut ce jour là, que Dieu soit satisfait de lui ! ‘Abd Allâh b. Salâm demanda à ceux qui, après l’agression mortelle subie par ‘Uthmân, assistèrent à son agonie : « Que disait-il alors qu’il agonisait? » Ils répondirent : Il répéta trois fois : « Ô Dieu, rassemble la communauté de Muhammad ! ». ‘Abd Allâh dit alors : « Par Celui qui tient mon âme en Sa main, s’il avait prié Dieu de ne pas les unir, ils ne se seraient jamais réunis jusqu’au jour de la Résurrection ! » Thumâma b. Hazn al-Qushayrî a dit : « Je me trouvais en face, lorsque ‘Uthmân entra dans la maison qui abritait ses agresseurs. Il dit : “Amenez les deux compagnons qui vous ont instigués contre moi !” Ils furent amenés devant lui. On aurait dit deux singes ou deux baudets. ‘Uthmân se tourna vers eux et leur dit : “ Je vous en conjure, par Dieu et par l’islâm ! Savez-vous que lorsque l’Envoyé de Dieu arriva à Médine, où il n’y avait pour unique point d’eau que le puits de Rûma, il dit : “Qui veux acheter Rûma et poser son seau à côté de celui des musulmans, en échange de quelque chose de meilleur au Paradis ?” C’est moi, ‘Uthmân, qui l’ai acheté avec mon propre argent. Vous voulez aujourd’hui m’empêcher d’y boire ou de boire à d’autres sources d’eau ?” Ils répondirent : “Oui, par Dieu !” Il leur dit : “Je vous en conjure, par Dieu et par l’islâm ! Savezvous que j’ai équipé l’armée de ‘Usra, avec mon propre argent ?” Ils répondirent : “Oui !” Il leur dit : “Je vous en conjure, par Dieu et par l’islâm ! Savez-vous que lorsque la mosquée devint étroite pour les croyants, l’Envoyé de Dieu a demandé : “Qui achètera cette portion de terre, de la

tribu Unetelle, et l’annexera à la mosquée en échange d’une part bien meilleure au Paradis ?” C’est moi, ‘Uthmân, qui l’ai achetée avec mon propre argent. Vous voulez aujourd’hui m’empêcher d’y prier deux unités de prière ?” Ils répondirent : “Oui, par Dieu !” Il leur dit : “Je vous en conjure, par Dieu et par l’islâm ! Savez-vous que l’Envoyé de Dieu se trouvait sur le mont Thabîr, à la Mecque, en compagnie d’Abû Bakr, de ‘Umar et de moi-même, lorsque le mont trembla et que les rochers tombèrent jusqu’au fond de la vallée ? Savez-vous qu’il frappa le sol de son pied et dit : “Ô Thabîr, calme-toi ! Il n’y a personne d’autre qu’un prophète, un véridique et deux martyrs sur toi !” Ils répondirent : “Oui, par Dieu !” « Uthmân dit alors : “Dieu est le plus grand ! Par le Seigneur de la Ka‘ba, ils ont témoigné de mon statut de martyr !” »190 Un ancien de la tribu Dabba rapporte que lorsqu’il fut blessé et que le sang coula sur sa barbe, ‘Uthmân récita ce verset : « Il n’y a de dieu que Toi ! Gloire à Toi ! J’étais parmi les iniques ! »191, puis ajouta : « Ô Dieu, j’implore Ta protection contre eux, Ton appui dans toutes mes affaires et la patience dans Ton épreuve ! »

La mort de ‘Alî b. AbûTâlib – que Dieu soit satisfait de lui – Al-Asbagh al-Hanzalî a dit : « La nuit de la mort de ‘Alî (que Dieu ennoblisse son visage), Ibn alTayyâh192 alla le chercher pour la prière du matin. Il le trouva profondément endormi. Il revint une seconde fois et le trouva à nouveau dans le même état. Il revint alors une troisième fois et ‘Alî se leva en disant : « Ceins fermement tes lombes pour la mort, car la mort vient sûrement à ta rencontre ! Ne sois pas en colère contre elle, lorsqu’elle apparaît dans ta vallée ! » Lorsqu’il arriva devant la petite porte de la mosquée, Ibn Muljim193 bondit sur lui et le frappa. Umm Kulthûm, la fille de ‘Alî, sortit alors et se mit à crier : « Qu’est ce donc qui m’afflige autant, à la prière de l’aube ? Mon époux, le Commandeur des Croyants fut assassiné au cours de la prière de l’aube, et mon père aussi ! » Un ancien Qurayshite a dit que lorsque ‘Alî (que Dieu ennoblisse son visage) fut frappé par Ibn Muljim, il s’écria : « Par le Seigneur de la Ka‘ba, j’ai obtenu la victoire ! » Muhammad b. ‘Alî194 a dit qu’après avoir été blessé, son père lui fit ses dernières recommandations, puis ne dit plus rien, sauf : « Il n’y a de divinité que Dieu ! » et mourut. Lorsque al-Hassan b. ‘Alî195 (que Dieu soit satisfait de lui) fut sur le point de mourir, son frère alHussayn196 (que Dieu soit satisfait de lui) vint le voir et lui demanda : « Ô frère, qu’est ce donc qui te fait souffrir autant ? Tu te joindras bientôt à tes pères, l’Envoyé de Dieu et ‘Alî b. Abû Tâlib, à tes mères, Khadîja bint Khuwaylid et Fâtima bint Muhammad et à tes oncles Hamza et Ja‘far ! » Il répondit : « Ô mon frère, je vais me rendre là où je ne me suis jamais rendu auparavant ! » Muhammad b. al-Hassan (que Dieu soit satisfait de lui et de son père) a dit : « Lorsque les gens se lancèrent contre al-Hussayn (que Dieu soit satisfait de lui) et que ce dernier comprit qu’ils allaient le

tuer, il se dressa au milieu de ses compagnons, loua et glorifia Dieu, puis dit : « L’affaire est telle que vous la voyez ! Le monde a changé, il s’est corrompu et a tourné le dos au bien ! Il s’est recroquevillé sur lui-même et il n’en reste que l’équivalent d’une goutte au fond d’une cruche. J’en ai assez d’une vie semblable à d’exécrables pâturages ! Ne voyez-vous pas qu’on a cessé d’agir avec vérité et qu’on ne renonce plus au mensonge ? Que le croyant ne cesse donc de désirer ardemment de rencontrer Dieu, Exalté [au plus tôt] ! Je ne vois que bonheur en la mort, et ne vois qu’outrage à vivre au milieu de criminels ! »

CHAPITRE V DES PROPOS DES CALIFES, DES ÉMIRS ET DES SAINTS AU MOMENT DE LEUR MORT

La mort de Mu‘âwiyya197 À l’approche de sa mort, Mu‘âwiyya b. Abû Sufyân dit : « Aidez-moi à m’asseoir ! » Une fois assis, il glorifia Dieu, fit des invocations et pleura; puis dit : « Ô Mu‘âwiyya, tu te souviens de ton Seigneur après la décrépitude et la déchéance. Pourquoi ne pas l’avoir fait quand le rameau de la jeunesse était vigoureux et vert ? » Il pleurait si fort qu’on entendait ses sanglots. Il a dit aussi : « Ô Seigneur, fais miséricorde au vieux rebelle au cœur dur ! Ô Dieu, omets les faux pas, pardonne les dérapages et sois indulgent avec celui qui n’a placé ses espoirs et sa confiance qu’en Toi ! » Un ancien Qurayshite rapporte avoir rendu visite à Mu‘âwiyya en compagnie d’autres personnes, au cours de la maladie de ce dernier. Ils notèrent aussitôt la gravité de son état. Mu‘âwiyya loua et glorifia Dieu puis dit : « La vie ne serait-elle donc rien de plus que ce que nous en avons expérimenté et vu ? Par Dieu, en vérité, nous en avons accueilli les atours de toutes nos forces et en avons assouvi tous nos désirs ! Et cela jusqu’à ce que la vie n’ait commencé inexorablement à réduire l’une après l’autre, nos conditions et nos attaches (‘urwa) et ne nous ait leurrés et épuisés. Que cette demeure est indigne ! Que cette demeure est indigne ! » Il est rapporté qu’au cours de son dernier sermon, Mu‘âwiyya a dit : « Ô gens, celui qui sème, récolte. Et nul ne vous dirigera après moi sans être pire que moi, comme ce fut le cas pour moi par rapport à ceux qui m’ont précédé et qui m’étaient supérieurs. Ô Yazîd198, lorsque mon tour viendra, charge un homme doué d’intellect (labîb) de laver ma dépouille, car l’homme intelligent occupe une place prestigieuse auprès de Dieu. Qu’il me lave correctement et doucement, et qu’il hausse le ton durant son takbîr. Va chercher ensuite, dans le coffre, le tissu qui contient l’un des vêtements, des cheveux et des rognures d’ongles du Prophète . Tu mettras ces deux derniers dans mes narines, ma bouche, mes oreilles et mes yeux et tu recouvriras ma peau de son manteau, jusqu’en dessous de mes épaules. Ô Yazîd, respecte la recommandation divine concernant les parents. Lorsque vous m’aurez descendu dans la tombe et placé dans ma crevasse, laissez Mu‘âwiyya seul avec Le plus Clément des Miséricordieux ! » Muhammad b. ‘Uqba rapporte que lorsque Mu‘âwiyya fut près de la mort, il aurait dit : « Ah, que n’ai-je été qu’un simple Qurayshite de Dhû Tawâ199, sans n’avoir jamais eu à exercer une quelconque autorité ! »

La mort de ‘Abd al-Mâlik b. Marwân 200 À l’approche de sa mort, ‘Abd al-Mâlik b. Marwân vit, à la périphérie de Damas, un laveur (ghassâl) nouer un vêtement avec ses mains, qu’il battait contre un bac. Il dit : « Ah ! Si seulement

j’avais été comme ce laveur qui se nourrit du fruit quotidien de son labeur et non l’homme qui a exercé son autorité en ce monde ! » Ces propos arrivèrent à l’oreille d’Abû Hâzim201 qui dit : « Dieu soit loué pour leur avoir fait envier notre condition à l’approche de leur mort ! Et lorsque celle-ci s’approche de nous, nous ne les envions pas ! » On dit à ‘Abd al-Mâlik b. Marwân durant sa maladie : « Ô Commandeur des Croyants, comment te sens-tu ? » Il répondit : « Je me sens comme a dit le Très-Haut : “Vous voici donc venus à Nous, esseulés, comme lorsque Nous vous avons créés la première fois, laissant derrière vous les biens dont Nous vous avions gratifiés. Et Nous ne voyons pas auprès de vous ces intercesseurs que vous prétendiez avoir comme associés. Il y a eu rupture entre vous, et vos prétentions se sont évanouies. »202” », puis il mourut !

La mort de ‘Umar b. ‘Abd al-‘Azîz Fâtima203, fille de ‘Abd al-Mâlik b. Marwân et épouse de ‘Umar b. ‘Abd al-‘Azîz, a dit : « Au cours de sa maladie fatale, j’ai entendu ‘Umar dire : “Ô Dieu, fais qu’ils ne souffrent pas trop de ma perte, pas même une heure.” Le jour de sa mort, je le quittais et entrais dans une pièce mitoyenne de celle où il se trouvait. Seule, une porte nous séparait et j’ai pu l’entendre dire : “Telle est l’ultime demeure : Nous la réservons à ceux qui ne veulent être ni condescendants ni fauteurs de trouble sur la terre. Et un terme heureux attend les pieux timorés !”204. Puis, il se tut et je n’ai plus entendu ni parole ni bruit provenant de sa chambre. J’ai alors demandé à l’un de ses valets : « Va voir s’il s’est endormi ? » Le valet entra et hurla. Je me précipitais dans la pièce et le trouvais mort ! On lui demanda à l’approche de sa mort : « Ô Commandeur des Croyants, fais-nous tes recommandations. » Il répondit : « Je vous avertis d’une mort semblable à la mienne ! Vous ne pourrez y échapper ! » On rapporte que lorsque son état devint critique, on fit amener un médecin à son chevet. Ce dernier dit alors : « Je constate que l’homme a été empoisonné et je crains de ne pouvoir empêcher sa mort ! » ‘Umar leva les yeux vers le médecin et dit : « La mort n’épargne pas non plus celui qui n’est pas empoisonné ! » Le médecin lui demanda : « Ô Commandeur des Croyants, l’as-tu ressenti ? », et ‘Umar répondit : « Oui, je l’ai ressenti dès qu’il a pénétré dans mon ventre. » Le médecin dit alors : « Ô Commandeur des Croyants, accepte ce médicament, car je crains que ton âme ne s’en aille ! » Il répondit : « Mon Seigneur est la meilleure destination. Par Dieu, même si le remède était tout près du lobe de mon oreille, je ne tendrais pas la main pour le prendre ! Ô Dieu, permets à ‘Umar de préférer Ta rencontre ! » Il mourut quelques jours plus tard. On rapporte aussi qu’à l’approche de sa mort, il pleura. On lui dit : « Ô Commandeur des Croyants, pourquoi pleures-tu ? Tu devrais plutôt te réjouir du fait que Dieu a vivifié les traditions et rétabli la Justice, à travers toi ! » Il pleura encore et dit : « Ne comparaîtrais-je donc pas ? Ne seraisje donc pas interrogé sur l’état de ces hommes ? Par Dieu, même si j’avais été juste envers les hommes, je craindrais que les arguments de mon âme ne soient pas suffisamment convaincants devant Dieu, sauf si Dieu les prend en considération ! Que dire alors de toutes ces choses que nous avons négligé ? » Il mourut quelque temps plus tard. On rapporte aussi qu’à l’approche de sa mort, il aurait demandé qu’on l’aide à s’asseoir puis aurait répété par trois fois : « C’est moi celui auquel Tu as donné des ordres et qui T’a désobéi, celui auquel Tu as interdit et qui a transgressé ! Mais il n’y a de divinité que Dieu. » Puis, il leva la tête et

se mit à fixer devant lui. On lui demanda : « Que regardes-tu ? » Il répondit : « Je vois des formes [… ], il ne s’agit ni d’humains ni de djinns. » Après quoi, il mourut. Que Dieu lui fasse miséricorde ! La mort de Harûn al-Rashîd205, al-Ma’mûn206, al-Mu‘tasim207, al-Muntasir208, ‘Amrû b. al-‘As 209 et al-Hajjâj210

On rapporte qu’à l’approche de sa mort, Harûn al-Rashîd aurait choisi de ses propres mains son linceul. Il l’attendait en disant : « Ma fortune ne m’a servi à rien et mon pouvoir m’a abandonné ! »211 Al-Ma’mûn fit un lit de cendres et s’y allongea en disant : « Ô Toi dont le règne ne cesse jamais, fais miséricorde à celui dont le règne a été interrompu ! » À sa mort, al-Mu‘tasim disait : « Si j’avais su que ma vie serait aussi courte, je n’aurais jamais agi [ainsi] ! » À l’approche de sa mort, al-Muntasir s’agita. On lui dit alors pour le calmer : « Ô Commandeur des Croyants, pas de danger ! » Il répondit : « Il n’en est qu’ainsi ! La vie s’en va et la mort s’en vient !» À sa mort, ‘Amrû b. al-‘As regarda des coffres et dit à ses enfants : « Qui les prend avec leur contenu ? Il ne s’agit de rien d’autre que de fumier ! » À l’approche de sa mort, al-Hajjâj a dit : « Ô Dieu, pardonne-moi car les gens affirment que Tu ne me pardonneras pas ! » Ces paroles plaisaient à ‘Umar b. al-‘Azîz qui les lui enviait. Lorsqu’on les rapporta à al-Hasan, celui-ci demanda : « A-t-il vraiment dit cela ? » On lui répondit : « Oui ! » Il dit alors : « Peut-être. » Exposition des propos de certains vertueux et pieux parmi les Compagnons et la génération suivante, et de ceux des soufis qui leur ont succédé. À l’approche de sa mort, Mu‘âdh [b. Jabal]212 (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « Ô Dieu, je Te craignais et aujourd’hui je T’implore. Ô Dieu, Tu sais que je ne désirais pas ce monde, ni une longue vie ni [contempler] la course des fleuves ou planter des arbres. J’ai plutôt aimé les jours de soif terrible, l’endurance pendant des heures et me mêler, à genoux, aux savants durant les séances de dhikr […] ». Lors de sa terrible et incomparable agonie, il s’évanouit, ouvrit les yeux puis dit : « Ô Seigneur, quelle que soit la force de Ton étouffement, par Ta puissance, Tu sais que mon cœur T’aime !» À l’approche de sa mort, Salmân [al-Fârisî] (que Dieu soit satisfait de lui) pleura. On lui en demanda la raison et il dit : « Ce n’est pas la perte de ce monde qui me fait pleurer, mais plutôt cette injonction de l’Envoyé de Dieu : “ Le strict nécessaire de cette vie doit être semblable aux 213 provisions du voyageur. ” . Après sa mort, on fit l’inventaire de ce qu’il avait laissé : à peine un peu plus de dix dirhams. À l’approche de la mort de Bilâl214 (que Dieu soit satisfait de lui), son épouse lui dit : « Quelle tristesse ! » Il répondit : « Quelle joie plutôt ! Demain nous rencontrerons les bien-aimés : Muhammad et son parti. » On rapporte que ‘Abd Allâh b. al-Mubârak215, à sa mort, ouvrit les yeux, rit puis dit : « Voilà ce pour quoi doivent œuvrer ceux qui œuvrent ! »216

On a dit qu’à sa mort, Ibrâhîm al-Nakh‘î217 pleura. On lui en demanda la raison et il répondit : « J’attends de la part de Dieu un messager qui m’annonce le Paradis ou l’Enfer. » À l’approche de sa mort, Ibn al-Munkadir218 pleura. On lui en demanda la raison et il répondit : « Je ne pleure pas pour les fautes commises, mais plutôt pour celle que je jugerais « insignifiante alors qu’auprès de Dieu cela est énorme. »219 À sa mort, ‘Amir b. ‘Abd al-Qays220 pleura. Il expliqua ses pleurs en disant : « Ce n’est pas la crainte de la mort, ni par regret pour ce monde que je pleure, mais plutôt pour les jours de soif et les veilles en prière d’hiver que j’ai délaissés. » À l’approche de la mort, Fudhayl221 s’évanouit. Lorsqu’il rouvrit les yeux, il dit : « Que le voyage est long et les provisions rares ! » À l’approche de sa mort, Ibn al-Mubârak dit à Nasr, son client : « Pose ma tête sur la poussière. » Nasr pleura et Ibn al-Mubârak lui en demanda la raison. Il répondit : « Je me suis souvenu de ta belle vie, et te voilà maintenant mourant pauvre et seul ! » Il lui répondit : « Tais-toi donc ! J’ai demandé à Dieu, Exalté, de m’accorder la vie des riches et la mort des pauvres. » Puis il ajouta : « Fais-moi répéter la profession de foi, et ne la reformule que si je parle à nouveau ! » ‘Atâ’ b. Yasâr a dit : « Satan se présenta à la mort d’un tel et lui dit : « Tu es sauf ! » L’homme répondit : « Pas encore de toi ! » Un homme pieux pleura à sa mort. On lui demanda : « Qu’est-ce qui te fait pleurer ? » Il répondit : « Ce verset du Livre de Dieu, Exalté et Magnifié : “Dieu n’accepte que de ceux qui Le craignent !”222 » Al-Hasan rendit visite à un tel qui rendait l’âme et dit : « Certes, le terme de toute question, dont le prélude est ainsi, doit être craint ! Et certes, le début de toute question, dont le terme est ainsi, doit être vécu dans l’ascèse ! » Al-Jurayrî a dit : « Un vendredi, le jour de Nayrûz223, je me trouvai chez Junayd224, alors agonisant, qui récitait le Coran. Une fois sa lecture terminée, je lui dis : “À Abû al-Qâsim, [tu lis le Coran] dans ta condition ?” - “Et qui en est plus digne que moi, alors que ma page est sur le point d’être tournée?” » Ruwaym a dit : « J’ai assisté à la mort de Abû Sa‘îd al-Kharrâz 225, il disait : « Le désir des cœurs des gnostiques, et leur souvenir du Secret survient lors de leurs entretiens intimes. Les coupes du destin ont circulé parmi eux, ils se détournèrent du monde, tel l’enivré qui se détourne. Leurs soucis voguent dans un campement, où, tels des étoiles brillantes, se trouvent les amoureux de Dieu. Leurs corps sur terre sont comme morts dans Son Amour, et leurs esprits voyagent vers le Haut, de nuit, à travers les Voiles.

Ils ne font jamais de halte, sauf en proximité de leur Bien-Aimé, pas plus qu’un tort ou un mal ne les en fait dévier. » On a dit à al-Junayd : « À l’approche de sa mort, Abû Sa‘îd al-Kharrâz était très souvent en état d’extase [mystique] (tawâjud). » Il répondit : « Il n’y rien d’extraordinaire à ce que son esprit s’envole par ardent désir [de Dieu]. » À l’approche de sa mort, on demanda à Dhû al-Nûn : « Que désires-tu ? » Il répondit : « Le connaître avant ma mort, ne serait-ce qu’un instant ! » On a dit à l’un d’entre eux avant sa mort : « Dis : “Dieu”. » Il répondit : « Jusqu’à quand direzvous “Dieu”, alors que je brûle de Dieu. » Un autre a dit : « Je me trouvai chez Mimshâd al-Dînawarî226 lorsqu’un pauvre en Dieu (faqîr) arriva et dit : “Que la Paix soit sur vous ! Y aurait-il ici un endroit propre où un individu peut mourir ?” On lui indiqua alors un endroit. Il y avait une source où le faqîr fit ses ablutions, puis il pria autant que Dieu voulut. Après avoir terminé ses prières, il se dirigea vers l’endroit qu’on lui avait indiqué, étendit ses jambes et mourut. » Une fois, alors qu’Abû al-‘Abbâs al-Dînawarî parlait au milieu d’une assemblée, une femme, en extase, hurla. Il lui dit alors : « Meurs ! » La femme se leva, se tourna vers lui et dit : « Je suis morte ! » Et elle tomba morte. On rapporte que Fâtima, la sœur de Abû ‘Alî al-Rûdhbârî, a dit : « Lorsque s’approcha la mort d’Abû ‘Alî al-Rûdhbârî, alors qu’il avait la tête sur mes genoux, il ouvrit les yeux et dit : “Voici que les portes du ciel s’ouvrent et que les jardins sont embellis, et voilà qu’une Voix dit : “Ô Abû ‘Alî, voilà que Nous te faisons parvenir au plus haut degré bien que tu ne le cherchais pas !” Puis il se mit à déclamer : “Par Ta Vérité, je n’ai rien vu d’autre que Toi par l’œil de l’amour jusqu’à ce que je Te voie Je Te vois en tant que persécuteur qui affaiblit mon regard et mes joues rougissent par pudeur de Toi.” On a dit à al-Junayd : « Dis : “Il n’y a de divinité que Dieu !” » Il répondit : « Je ne L’ai jamais oublié pour m’en souvenir à présent. » Ja‘far b. Nusayr demanda à Bakrân al-Dînawarî, le serviteur de Shiblî227 : « Qu’as-tu vu de Shiblî? » Il répondit : « Il m’a dit : “J’ai acquis, une fois, de manière injuste un dirham et bien que j’en ais distribué des milliers en guise de compensation, il continue d’être le plus grand souci pour mon cœur.” Puis il me dit : « Aide-moi à faire mes ablutions pour la prière. » Je l’aidais, mais j’oubliais de passer mes doigts dans sa barbe. Il fut alors empêché de parler. Il prit ma main et l’introduisit dans sa barbe, puis mourut. » Ja‘far pleura et dit : « Que dites-vous d’un homme qui, jusqu’à ses derniers instants, n’a jamais manqué aux règles de convenance (adâb) de la Loi ? » On a dit à Bishr qui souffrait au cours de ses derniers instants : « On dirait que tu aimes la vie ! » Il répondit : « S’approcher de Dieu est [vraiment] dur (shadîd). » On a dit à Sâlih b. Mismâr : « Ne confies-tu donc pas ton fils et ta famille à quelqu’un ? » Il

répondit : « J’aurais honte de Dieu de les confier à un autre que Lui. » À l’approche de la mort d’abû Sulaymân al-Dârânî, ses compagnons vinrent le voir et lui dirent : « Sois heureux, tu vas à la rencontre d’un Seigneur qui pardonne et qui est Miséricordieux. » Il répondit : « Que ne diriez vous plutôt : “Tu vas à la rencontre d’un Seigneur à qui tu rendras compte de tes petites fautes et qui châtie les grands péchés.” » À l’approche de la mort d’Abû Bakr al-Wâsitî228, on lui demanda : « Fais-nous des recommandations. » Il dit : « Consentez à ce que Dieu veut pour vous ! » À l’approche de la mort de l’un d’entre eux, son épouse se mit à pleurer. Il lui demanda ce qui la faisait pleurer et elle répondit : « Je pleure pour toi. » Il lui répondit : « Si tu dois pleurer, fais-le donc pour toi; quant à moi, cela fait quarante ans que je pleure pour ce jour. » Al-Junayd a dit : « Je suis allé faire mes adieux à Sarî al-Saqatî durant sa maladie fatale, et lui demandais : « Comment te sens-tu? » Il répondit : « Comment me plaindrais-je de mon état auprès de mon Médecin, alors que ce qui m’afflige procède de mon Médecin » [Junayd] prit alors un éventail pour lui faire de l’air et Sarî dit : « Comment peut ressentir l’air de l’éventail celui dont l’intérieur brûle ! » Puis il dit : « Le cœur brûle et la larme court L’affliction est rassemblée et la patience s’en va Quelle constance pour qui n’en a pas ? Et qui est lésé par la passion, le désir et l’inquiétude ? Ô Seigneur, y a-t-il une chose en guise de soulagement ? Fais m’en alors don tant qu’en moi demeure un souffle. » On rapporte qu’un groupe de compagnons de Shiblî lui rendirent visite alors qu’il était mourant. Ils lui dirent : « Dis : “ Il n’y a de divinité que Dieu ! ” » Il répondit : « La demeure où tu résides n’a nul besoin de lanterne L’espoir de Ta face [suffit et] sera notre preuve au jour où les gens viendront avec les preuves Que Dieu ne m’accorde alors aucune issue le jour où je Te demanderai de m’en accorder ». On rapporte qu’Abû al-‘Abbâs b. ‘Atâ’ rendit visite à Junayd peu avant la mort de ce dernier. Il le salua mais Junayd ne le fit qu’une heure après et lui dit : « Pardonne-moi, mais j’étais en train de réciter mon wird229. » Puis il se tourna vers la Qibla, récita le takbîr230 et mourut.

On a dit à al-Kattânî peu avant sa mort : « Que furent tes œuvres? » Il répondit : « Si je n’étais pas près de mourir, je ne vous en informerais pas. Je me suis placé devant la porte de mon cœur pendant quarante ans, à chaque fois qu’y passait autre que Dieu, je l’en chassais. » On rapporte qu’al-Mu‘tamir a dit : « J’étais parmi ceux qui ont assisté à la mort de Hakam b. ‘Abd al-Malik. Je dis alors : “Ô Dieu, allège son agonie, car il avait fait ceci et cela […]” Il s’éveilla alors et dit : “Qui a dit cela ?” - “Moi.”, répondis-je. Il dit alors : “L’ange de la mort (que la Paix soit sur lui) m’a dit : “ Je suis tendre avec toute personne généreuse. ” Puis, il s’éteignit. » Hudhayfa assista aux derniers instants de Yûsuf b. al-Asbât, le trouvant étrangement inquiet, il lui dit : « Ô Abû Muhammad, est-ce le moment de l’inquiétude et de l’angoisse (al-jaz‘) ? » [Yûsuf] répondit : « Ô Abû ‘Abd Allâh, comment ne pas être inquiet et angoissé alors que j’ignore si j’ai été sincère envers Dieu dans chacune de mes œuvres ! » [Hudhayfa] dit alors : « Quel homme merveilleux et vertueux ! Même à sa mort, il jure d’ignorer si ses actes d’obéissance ont été sincèrement voués à Dieu. » Al-Maghâzilî a dit : « Je rendis visite à mon maître qui possédait ce même genre de vertus, alors qu’il était gravement malade. Il dit : “Tu peux faire ce que Tu veux, mais sois doux à mon égard.” » Un maître rendit visite à Mimshâd al-Dînawarî quelque temps avant la mort de ce dernier et lui dit, en guise d’invocation en sa faveur : « Que Dieu, Exalté soit-Il, fasse ceci et cela […] ». [Mimshâd] se mit alors à rire, puis dit : « Cela fait trente ans que le Paradis et ce qu’il contient me sont offerts. Je n’y ai pourtant jeté qu’un bref regard. » On dit à Ruwaym avant sa mort : « Dis : “Il n’y a de divinité que Dieu.” » Il répondit : « Je ne saurais rien dire de mieux. » On dit à al-Nûrî231 avant sa mort : « Dis : “Il n’y a de divinité que Dieu.” » Il répondit : « N’y a-til pas un ordre ? » Al-Mazinî rendit visite à al-Shâfi‘î (que Dieu leur fasse miséricorde) durant sa maladie fatale et lui dit : « Ô Abû ‘Abd Allâh, comment te sens-tu ce matin ? » Il répondit : « Je me suis réveillé prêt à quitter ce monde, à me séparer des frères, à aller à la rencontre de mes mauvaises actions, à boire à la coupe de la mort et à entrer auprès de Dieu, Exalté soit-Il, mais sans savoir si mon esprit ira au Paradis pour l’en féliciter, ou en Enfer pour lui faire mes condoléances. » Puis il dit : « Lorsque mon cœur s’endurcit et que les voies rétrécirent je plaçai mon espoir dans l’échelle de Ton pardon. Mes péchés me semblèrent énormes, mais lorsque je les ai comparés à Ton pardon, ô Seigneur, Ton pardon m’apparut alors bien grand encore. Tu ne cesses d’être constamment celui qui pardonne les péchés Celui qui élargit et pardonne par générosité et magnificence. Sans Toi, aucun serviteur n’aurait été séduit par le diable comment en serait-il autrement, alors que même Adam, Ton pur, en a été séduit. » On posa une question à Ahmad mourant, il pleura et dit : « Ô mon fils, c’est une porte à laquelle je

frappe depuis quatre-vingt-quinze ans et qui est sur le point de s’ouvrir. J’ignore si elle sera ouverte sur la félicité ou le malheur ! Voici donc venu le temps de la réponse. » Voici donc leurs propos [sur la mort] selon la variété de leur état. Certains étaient dominés par la peur, d’autres par l’espoir, et d’autres encore par le désir et l’amour. Ainsi, chacun d’eux s’exprima selon l’état qui était le sien et, par rapport à ce dernier, ils étaient tous dans le vrai.

CHAPITRE VI DES PROPOS DE GNOSTIQUES LORS DE FUNÉRAILLES, OU DE LA VISITE DES CIMETIÈRES ET L’AVIS CONCERNANT LA VISITE DES TOMBES Sache que les funérailles sont un exemple pour celui qui est doté de bon sens, et qu’elles comportent un avertissement et un rappel destiné aux gens distraits (ahl al-ghafla). Elles ne procurent à ces derniers, qui y assistent, que majeure dureté et ils s’imaginent qu’ils assisteront toujours aux funérailles des autres, sans prendre en considération le fait que leur corps aussi sera inévitablement porté. Et même s’ils le pensent, ils ne croient pas que les leurs soient proches ni ne les prennent en compte ni ne réfléchissent au fait que ceux que l’on enterre [aujourd’hui] pensaient eux aussi de la sorte, et bientôt la durée de vie qui leur a été concédée prendra aussi fin. Aussi, aucun serviteur ne devra assister à des funérailles sans imaginer que le corps que l’on transporte aujourd’hui sera le sien demain ou après-demain. On rapporte que lorsque Abû Hurayra (que Dieu soit satisfait de lui) voyait passer une procession funéraire, il disait : « Précédez-nous, nous sommes sur vos traces. » Quant à Makhûl al-Dimashqî, il disait : « Allez-y, nous nous y rendrons nous aussi. C’est là un rappel éloquent suivi rapidement d’insouciance, le premier s’en va et l’autre demeure sans y réfléchir. » Usayd b. Hudayr a dit : « Je n’ai jamais assisté aux funérailles d’Untel sans me dire : “ Qu’adviendra-t-il de lui et vers quoi est-il conduit ? » Lorsque le frère de Mâlik b. Dînâr mourut, ce dernier alla aux funérailles en pleurant et dit : « Mes yeux ne cesseront de pleurer tant que je ne saurai pas vers quoi tu seras conduit, et je ne le saurai tant que je demeurerai en vie. » Al-A‘mash a dit : « Nous assistions aux funérailles sans savoir à qui nous devions présenter nos condoléances, car le chagrin dominait l’ensemble des personnes présentes. » Thâbit al-Bannânî a dit : « Nous assistions aux funérailles et nous n’y voyions que des gens recouvrant leur visage, en pleurs. » Voici comment était leur crainte de la mort. Or, de nos jours, on voit la plupart des gens, qui assistent aux funérailles, rire, échanger des propos légers ou parler de l’héritage du défunt et de ce qu’il a laissé à ses héritiers. Ses semblables et ses parents ne pensent qu’au moyen de s’accaparer, par la ruse, une part de ce qu’il a laissé derrière lui, et nul d’entre eux – sauf ceux que Dieu veut – ne songe à ses propres funérailles ou à son état lorsque son tour viendra. Il n’y a d’autre cause à cette insouciance que la dureté des cœurs procurée par les nombreux actes de désobéissance et les péchés, qui nous ont fait oublié Dieu, Exalté soit-Il, le Jour dernier, les calamités qui nous attendent et qui nous ont entraînés au divertissement, à la distraction et à nous occuper de ce qui ne nous concerne pas.

Nous demandons à Dieu, Exalté soit-Il, de nous éveiller de cette insouciance. Le plus bel état de ceux qui assistent aux funérailles consiste à pleurer le mort, or s’ils réfléchissaient, ils pleureraient sur leur sort et non sur le défunt. Ibrâhîm al-Zayyât vit des gens invoquer la Miséricorde sur le défunt, il leur dit : « Si vous invoquiez la Miséricorde sur vous, cela serait meilleur pour vous, car lui est sorti indemne des trois grandes épreuves : la vision du visage de l’ange de la mort qu’il a déjà vu ; l’amertume de la mort qu’il a déjà goûtée et la peur du terme [fâcheux] dont il est sorti indemne. » Abû ‘Amrû b. al-‘Alâ’ a dit : « J’étais assis près Jarîr alors qu’il dictait un poème à son secrétaire, quand une procession passa devant nous. Il garda le silence, puis dit : “ Par Dieu, ces enterrements m’ont vraiment blanchi la tête !’ Puis, il ajouta : « Les funérailles nous alarment à leur approche et dès qu’elles s’en vont, nous retombons dans le divertissement. Comme le troupeau de brebis qui tremblent à la descente du loup, et qui, dès qu’il disparaît, reviennent paître paisiblement. »

Les règles à observer durant les funérailles Méditer, être vigilant, s’y préparer et marcher devant le cercueil en adoptant un comportement humble, ainsi que nous en avons décrit les règles et les traditions dans l’art de la jurisprudence232. Parmi ces règles, il y a celle de se faire une bonne opinion du défunt, même s’il était dépravé de son vivant, et de s’en faire une mauvaise de celui qui, en apparence, semblait vertueux, car le terme de la vie (al-khâtima) n’est pas sans risque et sa réalité nous est inconnue. On rapporte à ce propos qu’à la mort d’un voisin de ‘Umar b. Dharr, connu pour être de ceux qui ne se privaient de rien, peu de gens se rendirent à ses funérailles. ‘Umar y assista, pria pour le défunt puis, lorsque le corps fut descendu dans la tombe, il se tint près de celle-ci et dit : « Ô père d’Untel, que Dieu te fasse miséricorde, tu as passé ta vie en compagnie du tawhîd, tu as couvert de poussière (‘afarta) ton visage par tes prosternations rituelles (sujûd), et s’ils disent que tu étais un pécheur couvert de fautes, qui parmi nous ne l’est pas ? » On rapporte qu’un individu, qui avait sombré dans la débauche, mourut dans les environs de Basra. Son épouse ne trouva personne pour l’aider à transporter la dépouille, car aucun de ses voisins ne lui avaient prêté la moindre attention du fait de sa mauvaise réputation. Elle fit alors appel à des porteurs professionnels qui le menèrent à la mosquée, mais personne ne pria pour lui. Elle le fit alors porter hors de la ville, dans un endroit désert pour l’enterrer. Il y avait près de cet endroit, une montagne où vivait l’un des plus grands ascètes. Lorsque la femme arriva avec le corps, elle trouva l’ascète dans l’attente de ce corps. Alors qu’il s’apprêta à prier sur le défunt, la nouvelle [de sa présence] se répandit et les gens accoururent pour participer à la prière sur le mort. Une fois la prière achevée et ayant vu la surprise sur leur visage, l’ascète dit : « Il m’a été dit dans un rêve : “ Descends à tel endroit, tu y verras les funérailles d’Untel auxquelles personne n’assistera, exceptée une femme. Prie sur lui, car il lui a été pardonné. ” » Les gens furent doublement surpris par ses paroles. Il appela alors son épouse et l’interrogea sur la conduite et l’état de son époux. Elle répondit : « Comme tout le monde le sait, il passait ses journées entières à s’enivrer de vin dans une taverne. » L’ascète lui dit :

« Sais-tu s’il a accompli quelque bonne action ? » Elle répondit : « Oui, trois choses. Chaque matin, dès qu’il sortait de son état d’ivresse, il changeait de vêtements, faisait ses ablutions et allait accomplir la prière collective du matin, puis il revenait à la taverne et se livrait encore à la débauche. La deuxième chose : sa maison n’était jamais vide d’un ou de deux orphelins qu’il traitait mieux que ses propres enfants et veillait scrupuleusement [à ce qu’ils ne manquent de rien]. La troisième, c’est qu’il s’éveillait au milieu de la nuit, au cours de son ivresse, se mettait à pleurer et disait : “ Ô Seigneur, quel angle de l’Enfer veux-Tu remplir avec ce scélérat [que je suis] ? » L’ascète s’en alla alors après que cette sombre affaire eut été éclaircie. On rapporte que lorsque l’un des frères de Sila b. Ashyam fut enterré, il dit devant sa tombe : « Si tu en sors indemne, alors tu es sauf de quelque chose de vraiment terrible, sinon, je ne te vois aucun salut. »

[Exposition sur la condition dans la tombeet ce qu’ils ont dit près des tombeaux] Al-Dahhâk233 a dit : « Un homme a demandé au Prophète : “Ô Envoyé de Dieu, quel est le plus ascète des hommes ?” Il répondit : “Celui qui n’oublie pas la tombe et la décomposition (al-bilâ) [des corps], qui renonce aux excès des parures de ce monde, qui préfère ce qui demeure à ce qui disparaît, qui ne compte pas le jour suivant d’entre ses jours [d’existence] et qui se compte parmi les habitants des tombeaux.” »234 On a demandé à [l’imâm] ‘Alî (que Dieu ennoblisse son visage) : « Pourquoi habites-tu à proximité du cimetière ? » Il répondit : « Je trouve qu’ils [les morts] sont les meilleurs voisins, des voisins sincères qui retiennent leur langue et rappellent l’au-delà. » L’Envoyé de Dieu a dit : « Je n’ai jamais vu un spectacle plus effrayant que celui de la tombe. »235 ‘Umar b. al-Khattâb (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « Nous nous rendîmes avec l’Envoyé de Dieu au cimetière, il s’assit près d’une tombe et j’étais le plus proche de lui. Il se mit à pleurer et les autres et moi en fîmes de même. Le Prophète demanda : “Qu’est ce qui vous fait pleurer ?” Nous répondîmes : “Nous pleurons car nous te voyons pleurer.” Il dit alors : “Cette tombe est celle de ma mère, Amina bint Wahb, j’ai demandé à mon Seigneur la permission de lui rendre visite et Il me l’a accordée. Je Lui ai ensuite demandé la permission d’invoquer Son pardon en sa faveur, mais Il me l’a refusé. J’en ai alors été très affecté, comme le sont les enfants”. »236 Lorsque ‘Uthmân b. ‘Affân (que Dieu soit satisfait de lui) s’approchait d’une tombe, il éclatait en sanglots au point que ses larmes baignaient sa barbe. On lui dit alors : « Le souvenir du Paradis et de l’Enfer ne te font pas pleurer, alors que tu pleures devant les tombes ? » Il répondit : « J’ai entendu l’Envoyé de Dieu dire : “La tombe est la première demeure de l’au-delà, celui qui en sort indemne trouvera les autres plus accessibles, mais s’il n’en sort pas indemne, il trouvera les autres bien plus effroyables.” »237 On rapporte que ‘Amrû b. al-‘Âs (que Dieu soit satisfait de lui) aperçut un cimetière. Il descendit et y pria deux unités de prière. On lui en demanda la raison et il répondit : « Je me suis souvenu des habitants des tombes et ce qui les sépare de Lui, j’ai alors désiré me rapprocher de Dieu [en priant en

ce lieu]. » Mujâhid a dit : « La première chose qui s’adressera au fils d’Adam [défunt] sera son tombeau qui lui dira : “Je suis la demeure des vers, celle de la solitude, de l’esseulement (al-ghurba) et de l’obscurité ; voilà, ce que je t’ai préparé ! Et toi, que m’as-tu préparé ?” » Abû Dharr238 (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « Voulez-vous que je vous parle du jour de mon grand dénuement ? Il s’agit du jour où je serai placé dans ma tombe. » Abû al-Dardâ’239 (que Dieu soit satisfait de lui) s’asseyait souvent dans les cimetières. Lorsqu’on lui en fit la remarque, il répondit : « Je fréquente ceux qui me rappellent mon rendez-vous [final] et qui lorsque je les quitte ne me décrient pas. » Ja‘far b. Muhammad se rendait la nuit au cimetière et disait : « Ô vous les habitants des tombes, pourquoi ne répondez-vous pas lorsque je vous appelle ? Par Dieu, une barrière les empêche de me répondre ! [J’ai le sentiment] d’être l’un d’eux. » Puis, il y priait jusqu’à l’aube. ‘Umar b. ‘Abd al-Azîz dit à un de ceux qui le fréquentaient : « Ô toi, j’ai passé toute la nuit à réfléchir à la tombe et à son locataire. Si tu voyais le mort trois jours après son enterrement dans sa tombe, tu en éprouverais de la répulsion, même si tu étais très proche de lui [de son vivant]. Tu verrais une demeure où circulent les cadavres (al-hawâm), où coulent des substances purulentes, où les corps se décomposent, où l’odeur est repoussante et où pénètre la vermine, et cela après le bel aspect, la bonne odeur et la propreté des vêtements [durant l’existence]. » Puis, il sanglota si fort qu’il s’évanouit. Yazîd al-Ruqâshî disait : « Ô toi l’enterré dans le tombeau, abandonné dans sa solitude, qui ne trouve que le réconfort de ses œuvres dans le ventre de la terre. Ah ! si je pouvais connaître les œuvres qui te réjouissent et les frères qui te font exulter ! » Puis, il pleurait si fort que ses larmes mouillaient son turban et ajoutait : « Par Dieu, il se réjouit de ses belles œuvres et de ses frères qui s’entraident dans l’obéissance à Dieu, Exalté soit-Il. » Lorsqu’il voyait une tombe, il mugissait (yakhûr) comme un buffle. Hâtim al-Asamm240 a dit : « Celui qui passe devant un cimetière sans réfléchir sur son sort, ni prier pour les morts, trahit son âme et les défunts. » Bakr al-‘Âbid241 disait : « Ô mère, ne pouvais-tu être stérile ! Un long séjour attend ton fils dans la tombe, et ensuite un grand périple. » Yahya b. Mu‘âdh242 disait : « Ô fils d’Adam, ton Seigneur t’a appelé à la Demeure de la Paix (Dâr al-Salâm), réfléchis donc d’où tu lui répondras ! Si tu lui réponds de ton lieu de séjour en ce monde et que tu t’es préparé au voyage, alors tu y entreras, mais si tu lui réponds de ton tombeau, tu en seras écarté. » Lorsqu’il se rendait dans un cimetière, al-Hasan b. Sâlih243 disait : « Que ton aspect extérieur est beau, or l’effroi se cache en ton sein. » Quand la nuit tombait, ‘Atâ’ al-Salamî244 se rendait au cimetière et disait : « Ô vous les habitants de tombes, vous êtes morts : quelle mort ! Et vous avez vu vos œuvres : quelles œuvres ! ». Puis, il ajoutait : « Demain ce sera le tour de ‘Atâ’ dans la tombe, demain ce sera le tour de ‘Atâ’ dans la tombe… » Il répétait cela toute la nuit. Sufyân disait : « Celui qui mentionne souvent la tombe, la trouvera tel un des jardins du Paradis. Celui qui se distrait de sa mention, la trouvera tel un gouffre de l’Enfer. »

Al-Rabî‘ b. Khaytham245avait creusé une tombe dans sa maison. À chaque fois que son cœur durcissait, il y entrait, s’y allongeait, y demeurait autant que Dieu le voulait et récitait plusieurs fois [ces versets] : « Lorsque la mort vient visiter l’un d’eux, il s’écrie :“Seigneur, que l’on me fasse revenir ! Peut-être accomplirai-je le bien que j’ai négligé”. Mais non ! Ce n’est là qu’une parole dite par la langue, mais derrière eux se dresse une barrière jusqu’au Jour où ils seront ressuscités. »246 Puis, s’adressant à lui-même, il disait : « Ô Rabî‘, te voilà revenu, œuvre donc ! » Ahmad b. Harb247 a dit : « La terre s’étonne de celui qui étend sa couche et prépare son lit pour dormir. Elle dit : “ Ô fils d’Adam, pourquoi ne te rappelles-tu pas la longue décomposition [de ton corps qui t’attend] alors qu’aucune chose ne te sépare de moi ? ” » Maymûn b. Mihrân248 a dit : « Je me rendis, avec ‘Umar b. ‘Abd al-‘Azîz, au cimetière. À la vue des tombes, il se mit à pleurer, puis il se tourna vers moi et dit : “Ô Maymûn, ce sont les tombes de mes pères, les Banû Umayya. On dirait qu’ils n’ont jamais pris part à la vie, ni aux réjouissances des gens de ce monde. Ne les vois-tu pas trépassés, sujets aux peines, à la décomposition et dévorés par la vermine ?” Puis, il pleura et ajouta : “Par Dieu, je ne connais personne de plus heureux que ceux qui sont conduits dans ces tombes et qui sont épargnés du châtiment de Dieu.” ». Thâbit al-Bunânî249 a dit : « Une fois, je me suis rendu dans un cimetière et lorsque je m’apprêtai à le quitter, une voix dit : “Ô Thâbit, que le silence de ses habitants ne te leurre pas. Combien d’âmes y étouffent !” » On rapporte que lors des funérailles d’al-Hasan [al-Muthannâ] b. al-Hasan250, l’époux de Fâtima bint al-Husayn251, celle-ci se couvrit le visage et dit : « Ils étaient tout espoir, puis sujets à la calamité (raziyya), grave était cette calamité, et plus terrible encore ! » On dit aussi qu’elle aurait dressé une tente sur sa tombe et y serait demeurée une année entière. Au bout d’un an, la tente fut enlevée et elle revint à Médine. On entendit alors une voix s’élever d’un côté [du cimetière] d’al-Baqî‘ : « Ont-ils trouvé ce qu’ils ont égaré ? » Une voix répondit de l’autre côté : « Ils ont perdu espoir, et s’en sont retournés. » Abû Mûsa al-Tamîmî a dit : « L’épouse d’al-Farazdaq252 mourut, et tous les principaux notables de Basra, y compris al-Hassan, se rendirent aux funérailles. Al-Hassan dit alors à al-Farazdaq : « Ô Abû Firâs, qu’as-tu donc préparé pour ce jour ? » Il répondit : « Le témoignage qu’« il n’y nulle divinité en dehors de Dieu » pendant soixante ans. » Lorsque son épouse fut enterrée, il se tint devant la tombe et dit : « Je crains derrière la tombe que Tu ne me pardonnes, les flammes bien plus brûlantes que la tombe et son étroitesse. Lorsque viendra à moi au Jour de la Résurrection, un chef terrible qui contraindra al-Farazdaq à partir. Malheureux le fils d’Adam qui marchera vers l’Enfer couvert de chaînes et [le visage] blême. »

On a composé, au sujet des tombes et de ceux qui y demeurent, les vers suivants : Arrête-toi devant les tombes et dis sur leurs étendues : Qui d’entre vous est immergé dans ses ténèbres ? Quel est celui qui est honoré dans ses entrailles et qui a goûté à la fraîcheur de la sécurité, à partir de leur terreur ? Quant à la quiétude de celui qui y assiste, elle est une, car l’écart entre ses degrés n’est pas discernable. S’ils te répondaient, ils t’informeraient de leur langue, Et te décriraient certaines réalités de leur condition. Quant à l’obéissant, il descend dans un jardin où il se délassera entre de grands arbres. Quant au criminel rebelle, il se débat et est renversé dans un gouffre en compagnie de serpents. Des scorpions se dirigent alors vers lui et par leurs piqûres lui imposent de terribles souffrances. Dâwud al-Tâ’î vit une femme pleurer et dire devant une tombe : « Tu as perdu ta vie et n’en a rien obtenu lorsqu’on t’a enterré dans la tombe. Comment apprécierai-je le goût du repos alors qu’on t’a allongé sur ton coté droit. » Puis, elle ajouta : « Ô père, par laquelle des tes joues la vermine a-t-elle commencé ? » À ces mots, Dâwud fut comme foudroyé et il perdit connaissance. Mâlik b. Dînâr253a dit : « Je suis passé devant un cimetière et je me mis à dire : “Tu es venu au cimentière et tu as appelé Où sont donc ceux qu’on honorait et ceux qu’on méprisait ? Où est donc celui qui se réjouissait de sa puissance et celui qui ne se vantait pas de sa pureté?” ». Une voix m’appela, alors que je ne voyais personne, et dit :

« Ils ont tous péri et il ne reste plus personne pour informer. Ils sont tous morts, de même que leurs nouvelles. Les filles de la terre viennent et s’en vont Et la beauté de leurs formes disparaît elle aussi. Ô toi qui interroge sur des gens qui ont disparu N’as-tu pas, en ce que tu vois, un exemple à méditer ? » Il dit : « Je revins en pleurs. »

[De certains vers trouvés inscrits sur des tombes] On a trouvé dans certaines épitaphes : Les tombes (ajdâth) t’interpellent, bien qu’elles soient silencieuses. Et leurs habitants murmurent sous terre : “Ô toi, qui amasses en ce monde sans jamais être satisfait, Pour qui donc amasses-tu tout cela, alors que tu mourras ?” Et sur une autre : Ô toi, qui es couronné de succès, ton abri est bien spacieux et les parois de ta tombe sont bien étroites. Il est inutile au défunt de construire son tombeau, car une fois dedans, son corps y sera détruit. Ibn al-Sammâk254 a dit : « J’ai visité un cimetière dont les tombes portaient l’inscription suivante : “Mes proches passent [indifférents] devant ma tombe on croirait qu’ils ne me connaissent pas. Mes héritiers se partagent mes biens sans se soucier de rembourser mes dettes. Ils ont pris leur part et s’en sont allés vivre. Par Dieu, ils m’ont vite oublié.” Et sur une autre tombe, on a trouvé écrit : “Les parents se détournent de l’être cher

Et aucun portier ni garde ne peut empêcher la mort Comment se réjouir de ce monde et de ses plaisirs, alors que tes mots sont comptés de même que tes souffles. Ô insouciant, te voilà submergé par tes carences et tu passes ta vie entière plongé dans les passions. La mort n’épargne pas l’ignorant pour son aspect, ni celui dont on a puisé des connaissances. Que de fois la mort est restée silencieuse près des tombes où je me suis arrêté − Sa langue, muette, n’ayant jamais donné de réponse Autrefois, ton palais était richement construit et réputé alors qu’aujourd’hui, ta tombe est effacée au milieu des tombeaux.” Et sur une autre tombe, on a trouvé écrit : “Je me suis tenu debout devant les proches lorsque furent alignés leurs tombeaux, comme les chevaux de course sur la ligne de départ. Lorsque je pleurais et que mes yeux versèrent des larmes je vis alors ma place au milieu d’eux.” Sur la tombe d’un médecin, on a trouvé écrit “Je répondis lorsque Untel m’a dit : “Voilà que Luqmân [le Sage] s’en est allé où est donc ce que l’on a décrit de sa médecine de ses solutions amères et de son tâter-le-pouls ? Prends garde : ne peut protéger les autres celui qui ne se protège pas lui-même.”” Et sur une autre tombe, on a trouvé écrit : “Ô vous les gens, j’avais un espoir mais mon temps était trop court pour pouvoir le réaliser Que craigne Dieu, son Seigneur, l’homme

qui de son vivant est en mesure d’agir. Je ne suis pas le seul à avoir été conduit à ce que tu vois et vers quoi tous seront inévitablement conduits. Ces vers ont été inscrits sur des tombes car ceux qui les habitent n’en ont pas méditer la signification de leur vivant. Le perspicace est celui qui, en présence des tombes d’autrui, voit sa place et s’apprête à en rejoindre [les habitants], et qui sait qu’ils ne quitteront pas leur place avant son arrivée. C’est aussi celui qui est pleinement conscient que si une seule de ses journées perdues leur était offerte, cela serait pour eux un présent bien plus précieux que la vie entière. Car ils connaissent [à présent] la valeur de la vie, et parce que la réalité des choses leur a été dévoilée. Ils aspirent à un jour d’existence supplémentaire pour réparer leur faute et se mettre à l’abri du tourment; quant à ceux qui n’ont rien à se reprocher, ils aspirent à un jour de plus pour se consacrer à ce qui leur fera obtenir un degré supérieur au Paradis et une double récompense. Ils ont connu la valeur de la vie après son interruption et ils n’aspirent qu’à une heure d’existence, alors que toi, qui as ce temps et plus encore, tu le gaspilles dans ce qui n’est d’aucune utilité. Prépare-toi donc à profiter de ton temps, avant de regretter celui que tu perds inutilement et avant que cela ne soit plus de ton ressort. Un saint a dit : « J’ai vu un frère en Dieu dans un rêve, je lui ai dit : “Ô Untel, tu as vécu, louange à Dieu, le Seigneur des mondes !” Il répondit : “Si je pouvais encore le dire [c’est-à-dire : louange à Dieu, le Seigneur des mondes], cela me serait plus cher encore que le monde et ce qu’il contient.” Puis, il ajouta : “Te souviens-tu de mon enterrement et d’Untel qui se leva et exécuta deux unités de prière ? Si je pouvais encore prier deux unités de prière, cela me serait plus cher encore que le monde et ce qu’il contient.” »

[Exposition de leurs propos à la mort de l’enfant] Il incombe à celui dont l’enfant ou un proche meurent avant lui, de considérer [leur mort] comme un voyage et qu’ils sont arrivés à la destination qui sera leur résidence et leur pays. Aussi, son chagrin devra être de courte durée, car il sait qu’il les rejoindra bientôt et que ce qui les sépare n’est qu’avance ou retard. Car la mort signifie précéder un autre dans la course vers la destination [finale], jusqu’à ce que les retardataires le rattrapent. Après cette certitude, l’angoisse et le chagrin diminuent, surtout quand on connaît les traditions rapportées sur la récompense qui attend celui qui perd un enfant et qui consolent celui qui est affligé par la perte. L’Envoyé de Dieu a dit : « Voir partir [avant moi] un fœtus avorté (siqt) m’est bien plus cher que quitter cent preux cavaliers qui combattent dans la voie de Dieu. »255 Il a mentionné le fœtus en sous-entendant la supériorité du mérite pour un enfant d’âge supérieur, car le mérite et la rétribution sont à la mesure de l’affection que l’on porte pour l’enfant défunt. Zayd b. Aslam a dit : « Un enfant du [Prophète] David (que la Paix soit sur lui) mourut, et David en fut considérablement affligé. On lui dit : “Combien t’était-il cher ?” Il répondit : “Plus encore que l’équivalent de la terre en or.” On lui répondit : “Tu auras une récompense égale dans l’au-delà.” » L’Envoyé de Dieu a dit : « Jamais un musulman ne perd trois enfants et ne souffre de leur perte, sans qu’ils ne deviennent pour lui une protection contre l’Enfer. » Une femme dit alors : «

Ou deux enfants? » Il répondit : « Ou deux. »256 Le père devra prier sincèrement pour l’enfant défunt, car sa prière est la plus susceptible et la plus prompte à être exaucée. Muhammad b. Sulaymân se tint près de la tombe de son fils et dit : « Ô mon Dieu, j’implore [Ton pardon], en ce matin, pour lui et je crains pour lui Ton châtiment. Exauce mon vœu et soulage mes craintes. » Abû Sinân dit devant la tombe de son fils : « Ô mon Dieu, je lui pardonne ce qu’il me devait, pardonne-lui ce qu’il Te doit, car Tu es bien plus large et bien plus généreux. » Un Bédouin dit devant la tombe de son fils : « Ô mon Dieu, je lui pardonne son manque de piété filiale, pardonne-lui donc son manque d’obéissance à Ton égard. » Lorsque Dharr b. ‘Umar b. Dharr mourut, et après qu’on l’eut mis dans sa tombe, son père ‘Umar b. Dharr dit : « Ô Dharr, le chagrin pour ta perte nous a distrait de la tristesse pour ton sort. Ah ! Si je pouvais savoir ce que tu as dit et ce qui t’a été dit ! » Puis, il ajouta : « Ô mon Dieu, voici Dharr dont Tu m’as fait tirer un grand plaisir aussi longtemps que Tu as voulu, que Tu as fait arriver jusqu’au terme [de sa vie] et que Tu as sustenté sans jamais lui faire du tort. Ô mon Dieu, Tu lui avais ordonné de T’obéir et de m’obéir. Ô mon Dieu, la récompense que Tu m’as promise pour cette grande épreuve, je l’échange contre son châtiment, et ne le punis donc pas ! » Alors que les gens se mirent à pleurer, il ajouta en partant : « Ô Dharr ! Après toi, nous ne connaîtrons pas la pauvreté, et Dieu étant avec nous, nous n’aurons plus besoin de personne. Nous nous en allons et t’abandonnons, car même si nous restions, nous ne te serions d’aucune utilité. » Un homme vit une femme à Basra et [lui] dit : « Je n’ai jamais vu autant de gaieté. Cela ne peut être que la conséquence de l’absence de tristesse ! » Elle répondit : « Ô serviteur de Dieu, je suis dans un état de chagrin tel que nul autre n’aimerait s’y associer. » Il dit : « Comment est-ce possible? » Elle répondit : « Mon époux a égorgé un mouton pour la fête du sacrifice, et j’avais deux beaux enfants qui jouaient à ce moment-là. L’aîné dit alors à son frère : “Veux-tu que je te montre comment père a égorgé le mouton?” Le plus jeune répondit par l’affirmative et l’aîné l’égorgea. Nous ne nous aperçûmes de rien, jusqu’à ce que nous le trouvâmes agonisant dans son sang. À ses hurlements, l’aîné prît la fuite et se cacha dans une montagne où il fut capturé et dévoré par un loup. Son père se mit à sa recherche, mais la chaleur torride le fit mourir de soif. Comme tu peux le voir, voilà ce que le temps m’a réservé !” » Ces malheurs doivent être rappelés à la mort des enfants afin de consoler et alléger le chagrin. Il n’y a aucun malheur sans qu’il y en ait un plus grand encore, et [les malheurs] que Dieu repousse, en toute circonstance, sont pires. [Exposition de la visite des tombeaux, des invocations en faveur du défunt et des autres questions en la matière] La visite des tombes est louable pour le rappel et la considération qu’elle suscite, de même que celle des tombeaux des saints pour la bénédiction qui en découle et la leçon qui en est tirée. L’Envoyé de Dieu avait interdit la visite des tombes, mais l’a ensuite permise257. On rapporte de ‘Alî que l’Envoyé de Dieu a dit : « Je vous avais interdit la visite des tombes, mais vous devrez [désormais] vous y rendre car elles vous rappelleront le rendez-vous de l’audelà, mais n’y prononcez pas des propos indécents. »258 L’Envoyé de Dieu a rendu visite à la tombe de sa mère au milieu de mille cavaliers et on ne l’a

jamais vu pleurer autant qu’en ce jour259. Il a dit à cette occasion : « On m’a permis la visite, mais pas la demande de pardon. » Ibn Abû Mulayka260 a dit : « ‘Aisha (que Dieu soit satisfait d’elle) se rendit un jour au cimetière. Je lui demandai : “Ô Mère des Croyants, d’où viens-tu?” Elle me répondit : “De la tombe de mon frère, ‘Abd al-Rahmân.” Je lui demandai : “L’Envoyé de Dieu n’avait-il pas interdit la visite des tombes ?” Elle dit : “Oui, mais ensuite il l’avait recommandée.” » Toutefois, il ne convient pas de s’appuyer sur cette tradition pour exhorter les femmes à se rendre aux cimetières, car elles abondent en indécence au pied des tombes et le bien qui découle de cette visite se voit ainsi dépassé par le tort qu’elles se font. De même qu’elles n’hésitent pas sur leur chemin à s’afficher et à user de leur charme, deux attitudes qui constituent des fautes graves. Or, la visite des cimetières fait partie des normes traditionnelles (sunna), comment tolérer alors ces attitudes ? Il n’y a donc aucun mal à ce que la femme se rende au cimetière, pour peu qu’elle revête un vêtement humble qui n’attire pas le regard des hommes, et à condition qu’elle limite ses invocations et garde le silence devant les tombes. Abû Dharr [al-Ghifârî] (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « L’Envoyé de Dieu a dit : “Visite les tombes, tu te souviendras de l’au-delà ! Lave les morts, car le contact avec un corps vide comporte une éminente leçon. Et prie durant les funérailles, car cela te procurera, peut être, de la tristesse et parce que celui qui est saisi de chagrin est à l’ombre de Dieu.” »261 Ibn Abû Mulayka a dit : « L’Envoyé de Dieu a dit : “Visitez vos morts, et saluez-les, car il y a 262 en cela une leçon. » Nâfi‘263 rapporte que Ibn ‘Umar [b. al-Khattâb] (que Dieu soit satisfait de lui) ne passait jamais devant une tombe sans en saluer l’hôte. Ja‘far b. Muhammad264 rapporte de son père que Fâtima, la fille du Prophète , rendait visite à la tombe de son oncle, Hamza, durant les jours consacrés. Elle priait et pleurait devant la tombe. Le Prophète a dit : « À celui qui rend visite à la tombe de ses parents, ou de l’un des deux, tous les vendredis, le pardon est accordé et il sera enregistré [parmi les] pieux qui respectaient leurs parents. »265 D’après Ibn Sirîn : « L’Envoyé de Dieu a dit : “Le fils rebelle (‘âqqun), dont les parents meurent et qui prie Dieu en leur faveur après leur disparition, est enregistré avec ceux qui sont pieux envers leurs parents.” »266 L’Envoyé de Dieu a dit : « Mon intercession devient obligatoire pour quiconque visite ma 267 tombe. » Et il a dit : « Celui qui me rend visite à Médine, confiant en la récompense qui en découle, je serais son intercesseur et son témoin au Jour de la Résurrection. »268 Ka‘b al-Ahbâr a dit : « Aucune aube ne se lève sans que soixante-dix mille anges ne descendent sur sa tombe, ne l’entourent et ne déploient leurs ailes en priant sur le Prophète , et ce jusqu’au soir. Ils sont ensuite remplacés par un nombre égal d’anges qui font de même, et cela jusqu’au jour où la terre se fendra et qu’il sortira à la tête de soixante-dix mille anges qui l’honoreront (yuwaqqirûnahu). » Lors de la visite des tombes, il convient de se mettre en direction de la Qibla269 en ayant le défunt face à soi, de le saluer sans essuyer la tombe, la toucher ou l’embrasser, car il s’agit de coutumes

chrétiennes. Nâfi‘ a dit : « J’ai vu une centaine de fois, ou plus, Ibn ‘Umar venir près de la tombe [du Prophète ] et dire : “Que la Paix soit sur le Prophète, que la Paix soit sur Abû Bakr, que la Paix soit sur mon père.” Puis, il s’en allait. » Abû Umâma a dit : « J’ai vu Anas b. Mâlik venir près de la tombe du Prophète . Il se tint debout et leva les mains de sorte que je croyais qu’il allait prier. Il salua le Prophète et s’en alla. » ‘A’isha (que Dieu soit satisfait d’elle) a dit : « L’Envoyé de Dieu a dit : “Aucun homme ne rend visite à la tombe de son frère et ne reste auprès de lui, sans que le défunt ne s’approche à son tour et ne lui réponde, et ce jusqu’à ce que le visiteur s’en aille.” »270 Sulaymân b. Suhaym a dit : « J’ai vu l’Envoyé de Dieu dans un rêve et je lui ai demandé : « Ô Envoyé de Dieu, entends-tu ceux qui viennent te saluer [dans ta tombe]? » Il répondit : « Oui et je leur réponds. » Abû Hurayra (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « Lorsqu’un individu passe devant la tombe d’un autre qu’il connaissait et le salue, ce dernier le reconnaît et répond à ses salutations. Et s’il passe devant celle d’un homme qu’il ne connaissait pas et le salue, ce dernier lui répond à son tour. » Un parent de ‘Asim al-Jahdarî a dit : « J’ai vu ‘Asim dans un rêve, deux ans après sa mort. Je lui ai dit : “N’es-tu donc pas mort?” Il dit : “Certes !” Je demandai : “Où es-tu à présent?” Il dit : “Par Dieu, je suis dans un des jardins du Paradis en compagnie d’un groupe parmi mes compagnons. Nous nous réunissons tous les vendredis soir et le lendemain matin, autour d’Abû Bakr b. ‘Abd Allâh alMazanî, et nous recevons de vos nouvelles.” Je lui demandai : “Vous les recevez avec vos corps ou vos esprits?” Il dit : “Prends garde à ce que tu dis ! Les corps sont désormais décomposés, et c’est par l’esprit que nous recevons.” J’ajoutai : “Êtes-vous au courant de nos visites sur vos tombes?” Il répondit : “Oui, nous en avons connaissance tous les jeudis soir et durant toute la journée du vendredi, ainsi que le samedi jusqu’au lever du soleil.” Je demandai : “Pourquoi [seulement le vendredi] et pas les autres jours?” Il répondit : “Pour le mérite inhérent au jour du vendredi et sa grandeur.” » Muhammad b. Wâsi‘ se rendait au cimetière le vendredi. On lui dit : « Pourquoi ne t’y rends-tu pas le lundi? » Il répondit : « Il m’a été rapporté que les morts sont conscients de leurs visiteurs le vendredi, ainsi qu’un jour avant et celui d’après. » Al-Dahhâk a dit : « Le défunt est conscient de la visite de celui qui se rend sur sa tombe avant le lever du soleil du samedi. » On lui demanda : « Et pourquoi donc? » Il dit : « Pour le rang [éminent] du vendredi. » Bishr b. Mansûr a dit : « À l’époque de la peste, un homme se rendait souvent au cimetière pour assister aux prières mortuaires. Le soir venu, il se tenait à la porte du cimetière et disait : « Que Dieu vous apporte réconfort dans votre solitude, qu’Il répande sur vous Sa miséricorde dans votre exil, qu’Il ignore vos péchés et accepte vos bonnes œuvres. » Puis, il s’en allait sans rien ajouter d’autre. L’homme dit : « Un soir, je revins chez moi sans passer par le cimetière et sans prononcer ces paroles [pour les morts]. Au cours de mon sommeil, [je vis en rêve] qu’un groupe composé de nombreux individus vint à moi. Je leur demandai qui ils étaient et ce qu’ils me voulaient, et ils répondirent : « Nous sommes les habitants des tombes. » Je leur demandai alors la raison de leur présence et ils dirent : « Tu nous avais habitué à un cadeau avant de t’en aller rejoindre ta famille. » Je demandai : « De quoi s’agit-il? » Ils dirent : « Tes invocations en notre faveur. » Je leur promis alors que je les

reprendrai; c’est ce que je fis et je n’y ai jamais plus renoncé. » Bashâr b. Ghâlib al-Najrânî a dit : « Une fois, je vis en rêve la grande dévote Rabî‘a al-‘Adawiyya271, pour laquelle je faisais de fréquentes et d’abondantes invocations. Elle me dit : « Ô Bashâr b. Ghâlib, tes présents me sont portés recouverts de soieries sur des plateaux de lumière. » Je lui demandai : « Comment cela? » Elle répondit : « Il en est ainsi des invocations exaucées des vivants pour les morts, elles sont recouvertes dans des étoffes de soie et portées sur des plateaux de lumière au défunt, puis on lui dit : “Voici le présent d’untel.” » L’Envoyé de Dieu a dit : « Le mort dans sa tombe est comme le noyé qui appelle au secours et qui attend que la prière de son père, de son frère ou d’un ami l’atteigne. Lorsqu’elle l’atteint, elle lui est plus chère encore que le monde et ce qu’il contient. Les présents des vivants pour les morts consistent en leur prière et la demande de pardon pour eux. »272 L’un d’eux a dit : « L’un de mes frères mourut et je le vis en rêve. Je lui demandai ce qu’il était advenu de lui lorsqu’on le mit dans sa tombe, et il répondit : « Un individu vint à moi armé d’un tison de feu, et n’était [l’intervention] de la prière d’un tel en ma faveur, il m’en aurait frappé. » C’est pourquoi il convient de répéter la formule du témoignage de foi après l’enterrement et de faire des invocations pour le défunt. Sa‘îd b. ‘Abd Allâh al-Azadî a dit : « J’ai assisté à l’agonie de Abû Umâma al-Bâhilî273. Avant sa mort, il me dit : « Ô Sa‘îd, quand je mourrai, faites de moi ce qu’a ordonné l’Envoyé de Dieu , c’est-à-dire : “Lorsque l’un d’entre vous meurt et que vous le recouvrirez de terre, que l’un d’entre vous se lève, se tienne à la tête de la tombe et dise : ‘Ô Untel, fils d’Unetelle’, [le défunt] entend alors, mais sans répondre ; puis, qu’il le dise une seconde fois, [le défunt] s’assoit alors ; puis, qu’il le répète une troisième fois, [le défunt] dira alors : ‘Conseille-moi que Dieu te fasse miséricorde !’, mais vous n’entendrez pas sa voix. Puis il devra dire : ‘Rappelle-toi ce avec quoi tu as quitté ce monde : le témoignage qu’il n’y a nulle divinité en dehors de Dieu, que Muhammad est l’Envoyé de Dieu, que tu as été satisfait d’avoir Dieu pour Seigneur, l’islam pour religion, Muhammad pour Prophète et le Coran pour guide’. Nâkir et Munkir s’attardent alors en disant : “Allons-nous-en ! Qu’est qui nous retient près de cet homme alors que son argument vient d’être répété ?” Dieu, Puissant et Majestueux, sera alors son Défenseur vis-à-vis d’eux.” Un homme dit alors : “Ô Envoyé de Dieu, et si on ne connaît pas le prénom de sa mère ?” Il répondit : “Qu’on lui attribue alors celui d’Eve.” »274 Il n’y a aucun mal à réciter le Coran devant les tombes. On rapporte que ‘Alî b. Mûsa al-Haddâd a dit : « Je me trouvais en compagnie d’Ahmad b. Hanbal275 et de Muhammad b. Qudâma al-Jawharî276 à des funérailles. Lorsque l’on enterra le défunt, un aveugle se mit à réciter le Coran près de la tombe. Ahmad lui dit : “Ô Untel, la récitation près de tombes est une innovation !” Lorsque nous quittâmes le cimetière, Muhammad b. Qudâma dit à Ahmad : “Ô Abû ‘Abd Allâh, que penses-tu de Mubashir b. Ismâ‘îl al-Halabî277 ?” Il répondit : “C’est un homme digne de confiance.” [Ibn Qudâma] ajouta : “As-tu transmis quelque chose de provenant de lui ?” Ahmad répondit : “Oui.” [Ibn Qudâma] dit alors : “Mubashir b. Ismâ‘îl m’a rapporté d’après ‘Abd al-Rahmân b. al-‘Alâ b. al-Lajlâj278 que son père lui a recommandé, une fois qu’il serait enterré, de réciter pour lui les premiers et les derniers versets de la sourate La Vache. J’ai entendu aussi Ibn ‘Umar faire la même recommandation.”Ahmad dit alors : “Retourne près de lui, et dis-lui de réciter [le Coran].” ». Muhammad b. Ahmad al-Marwazî a dit : « J’ai entendu Ahmad b. Hanbal dire : “Lorsque vous entrez dans un cimetière, récitez la [première sourate du Coran] al-Fâtiha, les deux [sourates]

protectrices (al-mu‘awwidatayn)279 et Qul Huwwa Allâhu Ahad280, et destinez le mérite de leur récitation aux habitants des cimetières car il leur parviendra.” ». Abû Qulâba a dit : « Je revins de nuit à Basra après un séjour en Syrie et je descendis au Khandaq où je fis mes ablutions et priai deux unités de prières. Je posai ensuite ma tête sur une tombe et m’endormis lorsque la plainte du défunt m’éveilla. Il me dit : “Tu m’as causé du tort toute la nuit !” Puis, il ajouta : “Vous [les vivants, agissez] sans savoir alors que nous [les morts] savons, mais nous ne pouvons plus rien faire. [Sache que] Les deux unités de prière que tu as exécutées valent bien plus que le monde et ce qu’il contient. Puisse Dieu récompenser de la meilleure manière, en notre nom, les gens de ce monde. Transmets-leur mes salutations car [à chacune de leur prière] une montagne de lumière pénètre dans nos tombes.” ». Le but visé par la visite des tombes repose sur la leçon qu’on en tire et, pour le défunt, l’avantage procuré par nos prières. Aussi, le visiteur ne devra pas négliger l’invocation pour soi et pour le mort, ni n’oubliera pas d’en tirer des conclusions. Ainsi, il devra se représenter, en son cœur, le démembrement du corps du défunt et comment il sera ressuscité dans sa tombe et que, bientôt, il rejoindra le défunt. À ce propos, on rapporte que Mutraf b. Abû Bakr al-Hudhalî a dit : « Une vieille femme de la [tribu] des ‘Abd al-Qays s’adonnait à une grande dévotion. La nuit venue, elle serrait sa ceinture et se dirigeait vers le mihrâb [où elle passait sa nuit en prières], et au matin, elle allait rendre visite aux morts dans les cimetières. [Un jour] Qu’on la réprimanda pour sa constante fréquentation du cimetière, elle répondit : “Lorsque le cœur endurci devient rugueux, on ne peut l’adoucir qu’en l’exposant aux épreuves. Lorsque je viens au cimetière, c’est comme si je voyais les détenus en émerger, le visage putréfié, le corps gâté et les linceuls maculés. Quel horrible spectacle ! Si les serviteurs abreuvaient leur cœur de cette image, une immense amertume saisirait alors leurs âmes et leurs corps en dépériraient. » Bien plus, l’image du défunt que l’on doit avoir à l’esprit devrait être celle décrite par ‘Umar b. ‘Abd al-‘Azîz. En effet, lorsqu’un juriste vint lui rendre visite et fut surpris de voir que la discipline ascétique et les grands actes de dévotion avaient modifié le corps de ‘Umar, ce dernier lui dit : « Ô Untel, [que dirais-tu] si tu me voyais trois jours après avoir été enterré ? Lorsque mes pupilles sortiront et tomberont sur mes joues ; quand mes lèvres s’écraseront sur mes dents ; quand le pus sortira de ma bouche béante ; quand mon ventre enflera et remontera jusqu’à la poitrine ; quand ma colonne vertébrale jaillira de mon postérieur ; quand la vermine et le pus sortiront de mes narines, tu verrais alors quelque chose d’encore bien plus surprenant que ce que tu vois maintenant. » Il convient aussi de louer le défunt et de ne dire que du bien de lui. ‘Aisha (que Dieu soit satisfait d’elle) a dit : « L’Envoyé de Dieu a dit : “Lorsque l’un d’entre vous meurt, laissez-le en paix et 281 ne soyez pas durs avec lui.” . Il a dit aussi : “N’insultez pas les morts, car ils vont à la rencontre de ce qu’ils ont présenté.”282 Et : “Ne mentionnez vos morts que dans le bien, car s’ils faisaient partie des gens du Paradis, vous commettriez alors une faute, et s’ils faisaient partie des gens de l’Enfer, leurs peines seront plus que suffisantes.”283 ». Anas b. Mâlik a rapporté : « Un cortège funèbre passa devant l’Envoyé de Dieu , et les gens condamnèrent le défunt. Le Prophète dit alors : “Il en sera ainsi !” Un autre cortège passa, et les gens louèrent le défunt. Le Prophète dit alors : “Il en sera ainsi !” ‘Umar l’interrogea sur ces propos et il lui répondit : “Vous avez loué l’un et le Paradis lui est rendu obligatoire, puis vous avez condamné le second et l’Enfer lui est rendu obligatoire, car vous êtes les témoins de Dieu sur terre.” »284.

Abû Hurayra a dit : « L’Envoyé de Dieu a dit : “Lorsque le serviteur meurt et que le peuple en dit un grand bien, et que Dieu sait qu’il en est autrement, Dieu, Exalté soit-Il, dit alors à Ses anges : ‘Soyez témoins que J’ai admis le témoignage de Mes serviteurs en faveur de Mon serviteur et que J’ai ignoré ce que Je sais de Mon serviteur.’” »285.

CHAPITRE VII DE LA RÉALITÉ DE LA MORT ET DE CE QUI ATTEND LE DÉFUNT DANS LA TOMBE JUSQU’AU SOUFFLEMENT DANS LA TROMPE (AL-SûR)

[Exposition de la réalité de la mort] Sache que les gens se font de fausses idées sur la réalité de la mort et qu’ils se trompent sur cette question. Une catégorie croit que la mort est pur néant (‘adam) et qu’il n’y a ni résurrection ni exposition ni conséquences pour le Bien et le Mal, et que la mort de l’homme est semblable à celle des animaux, des minéraux et des plantes. Il s’agit de l’opinion des athées (al-mulhidîn) et de tous ceux qui ne croient pas en Dieu et au Jour dernier. Une autre catégorie croit que la mort les fait disparaître et qu’ils ne souffriront donc pas du châtiment, ni ne se réjouiront des récompenses tant qu’ils seront dans les tombes et jusqu’à ce que ne survienne le moment de l’exposition [des corps]. D’autres ont dit : « L’esprit demeure et la mort ne le fait pas disparaître; et ce qui est châtié et récompensé est l’esprit et non le corps. Les corps ne sont donc ni envoyés ni ressuscités. » Toutes ces croyances sont insensées et s’écartent de la vérité. Ce qui est attesté par les voies de la réflexion et qui est clairement mentionné dans les versets coraniques et la tradition prophétique, c’est que la mort signifie seulement la variation d’un état, et que l’esprit demeure après sa séparation d’avec le corps, et qu’il est soit châtié soit récompensé. Sa séparation d’avec le corps signifie qu’il n’exerce plus son autorité sur ce dernier et que celui-ci se libère de sa domination. Les membres sont les instruments de l’esprit, qu’il utilise pour saisir de la main, entendre avec les oreilles, voir avec les yeux et connaître la réalité des choses par le cœur. Le cœur étant ici synonyme d’esprit. Et l’esprit sait les choses de lui-même, sans le concours d’un instrument, c’est pourquoi le chagrin, la misère et l’angoisse le font souffrir, et que la joie et l’allégresse lui procurent du bonheur. Or, tout cela est indépendant des membres. Tout ce qui est inhérent à l’esprit l’accompagne même après que celui-ci s’est détaché du corps, mais ce qui lui revient à travers les membres disparaît à la mort du corps, jusqu’au moment où l’esprit regagne le corps. On ne peut écarter l’idée que l’esprit réintègre le corps dans la tombe, ni celle qu’il en soit séparé jusqu’au jour de la Résurrection. [Ceci étant,] Dieu seul sait ce à quoi Il soumet chacun de Ses serviteurs. La dégénérescence du corps par la mort équivaut à celle des membres au cours de l’existence et résulte de la détérioration des humeurs et de la contraction des artères qui empêche l’esprit d’y circuler. Ainsi, l’esprit doué de connaissance, d’intellect et de perception continue à faire usage de certains membres et est empêché d’en utiliser d’autres. La mort désigne la répression de tous les membres, et tous les membres sont des instruments dont l’esprit fait usage. Par esprit, nous entendons la réalité (al-ma‘nâ) par laquelle l’individu perçoit les sciences, la douleur procurée par le chagrin et les plaisirs procurés par la joie. Et même si son

autorité ne s’exerce plus sur les membres, les sciences et les perceptions ne disparaissent pas de l’esprit, ni la joie ni le chagrin ni sa disposition à accueillir les douleurs et les plaisirs. En vérité, la réalité qui, en l’homme perçoit les sciences, la joie et la douleur, ne périt pas – c’est-à-dire, qu’elle n’est pas annulée. La mort signifie l’interruption de l’autorité de l’esprit sur le corps et la fin du statut d’instrument, soumis à l’esprit, de ce dernier. De même que la caducité (al-zamâna) signifie [par exemple] la neutralisation de la main en tant qu’instrument utilisé; et la mort signifie la caducité absolue de tous les membres du corps. La réalité de l’homme est constituée par son âme et son esprit, qui eux ne se dissolvent pas. [Et à sa mort], son état change de deux manières : - la première : il est privé de ses yeux, ses oreilles, sa langue, ses mains, ses jambes et de l’ensemble de ses autres membres, et il est privé de sa famille, de ses enfants, de ses proches et de toutes ses connaissances, ainsi que de ses chevaux, de ses bêtes, de ses serviteurs, de ses demeures, de ses terres et de tous ses autres biens ; et il n’y a aucune différence entre le fait que toutes ces choses lui soient enlevées ou qu’il en soit privé, car ce qui suscite la douleur, c’est d’en être séparé. Parfois, la séparation est la conséquence du pillage des biens de l’homme et d’autres fois, il est dépossédé de son pouvoir et de sa fortune, mais la douleur est la même dans les deux cas. La mort signifie déposséder l’homme de ses biens à travers son transport dans un autre monde, incompatible avec le présent. S’il y a en ce monde une chose à laquelle il est attaché, qui le console et dont la présence l’apaise, alors, après sa mort, la perte de celle-ci lui procure une grande désolation et un énorme chagrin. Bien plus, son cœur se tourne vers chaque chose qu’il possédait, argent, prestige, propriétés et même le vêtement dont il aimait se vêtir. Mais s’il ne se réjouissait que de la mention de Dieu et qu’il ne recherchait que Son réconfort, il parvient alors au comble de la félicité et au bonheur parfait, car les obstacles et les soucis mondains qui s’interposaient entre lui et son Bien-Aimé sont finalement levés, car toutes les causes de ce monde distraient du souvenir de Dieu. Voilà donc les deux aspects qui distinguent l’état de la mort et celui de la vie ; - la seconde : à sa mort, ce qui lui était voilé durant sa vie lui est alors dévoilé, tout comme apparaît à celui qui se réveille, ce qui lui était dissimulé durant son sommeil. « Les gens sommeillent et ne s’éveillent qu’à leur mort. »286 La première chose qui lui est alors dévoilée est le mal [qu’il aura fait] et qui lui causera du tort et [le bien accompli] qui lui sera utile. Cela est contenu dans un livre replié, contenu au plus profond du cœur (sirr al-qalb) et que les préoccupations mondaines avaient empêché d’examiner. Lorsque les préoccupations de l’individu cessent, toutes ses œuvres sont alors dévoilées de sorte qu’il ne voit aucune de ses mauvaises actions sans en être si consterné qu’il aimerait être plongé dans les abysses de l’Enfer pour se libérer de cette grande consternation. Il lui sera alors dit : « [Lis ton livre] : Il suffit aujourd’hui que tu fasses toi-même ton décompte. »287 Tout ceci est dévoilé lorsque le souffle s’interrompt et avant que l’individu ne soit enterré. Les flammes de la séparation s’allument alors en lui, c’est-à-dire celles qui ont trait aux choses auxquelles il était attaché en ce monde éphémère, plutôt que ce qu’il a accompli dans le but de faire des provisions et par souci de support, car celui qui cherche à faire des provisions pour affronter ce grand voyage ne peut qu’être ravi de s’être séparé des provisions supplémentaires, car il ne les désire pas pour elles-mêmes, mais [pour l’avantage qu’elles lui procurent] une fois parvenu à destination. Voilà la condition de celui qui n’a pris de ce monde que ce qui est indispensable et qui a

voulu que cette contrainte cesse afin de s’en libérer. Maintenant, ce qu’il désirait s’est réalisé et il est finalement dispensé [de ce qui lui était indispensable]. Voilà donc les formes de tourments et de souffrances terribles qui assaillent l’individu avant qu’il ne soit enterré. Puis durant l’enterrement, l’esprit de l’individu réintègre le corps pour une autre forme d’épreuve, sauf pour celui qui en est épargné. La condition de celui qui a profité de la vie et qui y est attaché est semblable à celle de celui qui profite de l’absence d’un roi pour jouir de son palais, de ses biens, de ses esclaves et concubines, et qui se fie à l’indulgence du roi, ou au fait que ce dernier n’est pas au courant de ses ignobles actions, jusqu’à ce qu’il soit cueilli à l’improviste par le roi et que son livre, où ont été enregistrées ses ignobles actions et crimes, lui soit présenté dans le détail. Le roi qui est puissant, dominant, jaloux de ses femmes et qui veille au respect scrupuleux des lois dans son royaume, ne fait pas cas de ceux qui intercèdent en faveur de ceux qui lui ont désobéi. Considère donc l’état de cet individu avant que ne lui soit appliqué le châtiment du roi. Il est alors saisi de peur, de terreur, de honte, de désespoir et de regret. Voilà l’état du défunt débauché, qui s’est laissé envoûté par ce monde et s’y est attaché, à sa mort et avant le châtiment de la tombe – que Dieu nous en préserve. L’humiliation, l’opprobre et la divulgation des secrets sont pires que tous les châtiments corporels comme les coups, les amputations, etc. Ce qui précède constitue une indication de l’état de l’individu au moment de sa mort, tel que l’ont contemplé les gens dotés de clairvoyance (ûlû al-basâ’ir) dans une vision intérieure bien plus puissante que celle des yeux, et cela est en outre attesté dans le Livre [Saint] et la Tradition [prophétique]. Certes, il est impossible de lever le voile sur la réalité de la nature de la mort, puisque la mort ne peut être comprise par ceux qui ne connaissent pas la réalité de la vie, et celle-ci ne peut être appréhendée que par la connaissance de la réalité de l’esprit même et de l’essence de ce dernier. Or, il n’a pas été donné à l’Envoyé de Dieu d’en parler ni d’en rajouter, excepté de dire « L’esprit 288 relève de l’autorité de mon Seigneur. » Il n’appartient pas au savant religieux de dévoiler le secret de l’esprit même s’il l’a découvert. Ce qui est permis en cette matière, c’est uniquement de mentionner l’état de l’esprit après la mort. Il existe de nombreux versets et traditions prophétiques qui montrent clairement que la mort n’entraîne pas l’anéantissement de l’esprit ou l’absence de sa perception : Parmi les versets, il y a cette parole du Très-Haut, révélée à propos des martyrs (al-shuhadâ’) : « Et ne croyez surtout pas que ceux qui sont tués dans la voie de Dieu soient morts. Non ! Ils sont vivants et sont pourvus de bienfaits auprès de leur Seigneur. Ils sont heureux […] »289. Lorsque furent tués les héros (sanâdîd) de Quraysh, durant la Bataille de Badr, l’Envoyé de Dieu s’adressa à eux en disant : « Ô Untel, Untel et Untel, voilà que ce que m’a promis mon Seigneur s’est vraiment réalisé ! Et vous, avez-vous trouvé ce que votre Seigneur vous avez promis ? » On lui dit : « Ô Envoyé de Dieu, les appelles-tu alors qu’ils sont mort ? » Il répondit : « Par Celui qui tient mon âme en Sa main, ils entendent bien mieux que vous ces paroles, sauf qu’ils ne peuvent pas répondre. »290 Il s’agit ici d’un texte au sujet de l’esprit du damné (al-shaqî) et du fait qu’il [l’esprit] continue de percevoir et d’appréhender, alors que le verset précédant a trait à l’esprit des martyrs. Le défunt n’échappe pas au bonheur ou au malheur. Le Prophète a dit : « La tombe est soit un des gouffres de l’Enfer, soit un des jardins du

Paradis. »291 Ces textes indiquent clairement que la mort est seulement un changement d’état, et que le bonheur ou le malheur auxquels est exposé le défunt sont imminents et sans retard face à la mort. Ce qui est reporté est uniquement une certaine forme de châtiment et de récompense. Anas (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte que le Prophète a dit : « La mort est la 292 résurrection, et celui qui meurt voit survenir sa résurrection. » , et il a dit : « Lorsque l’un d’entre vous meurt, sa place [future] lui est montrée matin et soir ; s’il compte parmi les gens du Paradis, alors [sa place] sera parmi [celles] paradisiaques, et s’il compte parmi les gens de l’Enfer, alors [sa place] sera parmi [celles] infernales, et il lui est dit : “Voilà la place qui sera tienne quand tu seras ressuscité au Jour de la Résurrection.” »293. Il n’est pas difficile d’imaginer l’état de tourment ou d’enchantement [du défunt] suscité par la vision de cette place. Abû Qays a dit : « Nous étions avec ‘Iqlima à l’occasion de funérailles lorsqu’il a dit : “Quant à ce [défunt], sa résurrection est arrivée.” ». ‘Alî (que Dieu ennoblisse sa face) a dit : « Il est illicite, pour l’âme, de quitter ce monde avant qu’elle ne sache si elle fait partie des gens du Paradis ou de ceux de l’Enfer. » Abû Hurayra (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : L’Envoyé de Dieu a dit : « Celui qui meurt seul et en une terre étrangère (gharîban) acquiert le statut de martyr, et est épargné des épreuves de la tombe ; sa subsistance, matin et soir, lui provient du Paradis. »294 Masrûq295 a dit : « Je n’envie personne autant qu’un croyant dans sa tombe qui se repose enfin des peines endurées en ce monde, et qui est épargné du châtiment de Dieu, qu’Il soit Exalté. » Ya‘lâ b. al-Walîd a dit : « Je marchais un jour en compagnie d’Abû al-Dardâ’ et lui demandai : “Que désirerais-tu pour ceux que tu affectionnes ?” Il dit : “La mort !” Je lui dis : “Et s’il ne meurt pas encore?” Il répondit : “Que sa fortune et sa descendance se fassent rares. En vérité, j’aime la mort, car seul le croyant la désire et que celle-ci consiste en la libération de la prison [de ce monde]. Et je désire le peu de biens et d’enfants, car ils constituent une tentation et une cause d’attachement à la vie. Or s’attacher à ce dont nous serons inévitablement séparés procurera une grande souffrance [à sa perte]. Tout ce qui est autre que Dieu, que Sa mention et que Son attachement est inévitablement appelé à nous quitter à notre mort.” ». C’est pour cette raison que ‘Abd Allâh b. ‘Amrû296 a dit : « Au moment où son âme et son esprit le quittent, le croyant est semblable à l’homme qui a passé la nuit en prison et qui en est libéré. Il se prélasse alors et voyage autour du monde. » Ce qu’il a mentionné concerne la condition des hommes qui ont renoncé au monde, en sont las et qui ne se sont attachés qu’à la mention de Dieu, Exalté soit-Il ;ceux que les occupations mondaines retenaient éloignés de leur Bien-Aimé et à qui les plaisirs terrestres causaient du tort. La mort constitue alors pour eux la délivrance de toute sorte de tort et le moyen de se consacrer exclusivement à leur Bien-Aimé auquel ils s’étaient attachés, sans obstacles ni entraves d’aucune sorte. Le comble du ravissement et les plaisirs les plus parfaits sont ceux [destinés] aux martyrs, morts dans la voie de Dieu, car lorsqu’ils se présentèrent au combat, leur désir de leur rencontre avec Dieu les fit renoncer à tout lien terrestre, et ils acceptèrent volontiers de mourir au combat pour obtenir Son agrément. Si l’attention de l’homme est tournée vers le monde d’ici-bas, cela signifie qu’il a vendu celui-ci contre l’au-delà et le cœur du vendeur ne se tourne pas vers l’objet de sa vente. Mais

s’il tourne son attention vers l’autre monde, c’est qu’il l’a échangé contre le monde présent et le désire. Sa joie pour ce qu’il a acquis est alors sans mesure lorsqu’il le contemple et il ne se tourne que très rarement vers ce qu’il a vendu du moment qu’il s’en est [volontairement] séparé. Il se peut que la mort cueille l’individu lorsque l’état du cœur de ce dernier est complètement absorbé par l’Amour de Dieu, Exalté soit-Il, mais cela a lieu dans certaines circonstances. Or, le combat est une cause de la mort et un moyen de mourir dans cet état d’absorption. C’est aussi pourquoi la félicité [paradisiaque] (al-na‘îm) est immense, puisque « al-na‘îm » signifie obtenir tout ce qu’on désire conformément à cette parole de Dieu, Exalté soit-Il : « Ils auront tout ce qu’ils désirent. »297 Il s’agit ici de la définition la plus exhaustive des plaisirs du Paradis. Le pire châtiment consiste à empêcher l’individu de satisfaire ses désirs, conformément à cette parole de Dieu, Exalté soit-Il : « Un obstacle a été dressé entre eux et l’objet de leurs désirs […] »298 C’est là la définition la plus exhaustive des tourments des gens de l’Enfer. Et cette félicité est celle que connaît le martyr dès que son souffle est interrompu, sans délai. Cette réalité a été dévoilée aux « maîtres des cœurs » (arbâb al-qulûb) à travers la lumière de la certitude (nûr al-yaqîn). Et si tu désires le témoignage de la tradition orale, sache que toutes les traditions concernant les martyrs confirment ce [qui précède], et que chacune d’elles fait directement allusion – en des expressions différentes – à leur incommensurable félicité. On rapporte que ‘Aisha (que Dieu soit satisfait d’elle) a dit : L’Envoyé de Dieu a dit à Jâbir, lorsque le père de ce dernier mourut en martyr durant la Bataille de Uhud299 : « Ô Jâbir, veux-tu que je t’annonce une bonne nouvelle ? » [Jâbir] dit : « Oui, que Dieu t’annonce tout bien. » [Le Prophète] dit : « Dieu, Puissant et Majestueux, a ramené ton père à la vie, l’a fait asseoir face à Lui et a dit : “Ô Mon serviteur, demande-Moi ce que tu veux et Je te le donnerais.” Il dit : “Ô mon Seigneur, je ne T’ai pas adoré comme il se doit, je Te demande de me renvoyer à nouveau au monde afin que je puisse combattre aux côtés de Ton Prophète et mourir pour Ta cause une fois encore.” Dieu lui dit alors : “J’ai déjà décrété que tu n’y retournerais pas !” »300. Ka‘b a dit : « Il y a un homme au Paradis qui pleure et qui, lorsqu’on lui demande : “Pourquoi pleures-tu donc alors que tu es au Paradis ?”, Il répond : “Je pleure, car je n’ai été tué qu’une seule fois pour Dieu et parce que j’aurai voulu être renvoyé [sur terre] et y être tué à plusieurs reprises.” ». Sache qu’à la mort du croyant, l’ampleur de la Majesté de Dieu lui est dévoilée de sorte que le monde lui apparaît comme une prison étroite. Il lui semble alors qu’il se trouve dans un cachot obscur dont on a ouvert la porte sur un jardin si immense que ses yeux ne parviennent pas à embrasser les limites, et qui contient toute sorte d’arbres, de fleurs, de fruits et d’oiseaux. Il ne souhaite alors plus jamais retourner dans cette geôle ténébreuse. L’Envoyé de Dieu nous a fourni un exemple [de ce genre] lorsqu’il a dit à propos d’un homme qui venait de mourir : « Le voilà à présent en voyage, abandonnant ce monde à ses gens. S’il est satisfait [de ce qui l’attend] il ne sera certainement pas enchanté de revenir au monde, tout comme aucun d’entre vous ne se réjouirait de revenir dans le ventre de sa mère. »301 Par ses propos, [le Prophète ] t’a fait connaître la différence d’étendue entre l’autre monde et celui présent, et qui est analogue à celle qui existe entre le monde terrestre et l’obscurité de l’utérus (zulmat al-rahim). Il a dit aussi : « Le croyant en ce monde est semblable à l’embryon dans le ventre de sa mère; dès qu’il sort du ventre [de sa mère], il se met à pleurer mais aussitôt qu’il aperçoit la lumière et commence à téter, il ne désire plus retourner à l’endroit [qu’il a quitté]. »302

Il en est de même du croyant qui souffre durant sa mort, mais qui, dès qu’il est amené en présence de son Seigneur, ne désire plus retourner à la vie, comme l’embryon qui ne veut plus revenir dans le ventre de sa mère. On a dit à l’Envoyé de Dieu : « Untel est mort. » Il répondit : « Il a trouvé le repos, et d’autres ont trouvé le repos [par sa disparition]. » Par « Il a trouvé le repos » il entend le croyant, et par « d’autres ont trouvé le repos [par sa disparition] »303, il entend le débauché dont les gens de ce monde trouvent enfin le repos après sa mort. Abû ‘Umar Sâhib al-Suqyâ a dit : « Lorsque nous étions enfants, Ibn ‘Umar passa chez nous et regarda en direction d’une tombe où il vit un crâne (jumjuma) abîmé. Il ordonna à Untel de l’enterrer et celui-ci s’exécuta. Puis il dit : “Ce sol ne crée aucun tort à ces corps, mais ce sont plutôt les esprits qui sont punis ou récompensés, jusqu’au Jour de la Résurrection.” ». ‘Amrû b. Dînâr304 a dit : « Aucun homme ne meurt sans savoir ce qu’il adviendra de sa famille après lui, et ils les voient laver sa dépouille et l’ensevelir. » Mâlik b. Anas305 a dit : « Il m’est parvenu que les esprits des croyants sont libres de leurs mouvements et se rendent où ils veulent. » Al-Nu‘mân b. Bashîr306 a dit : J’ai entendu l’Envoyé de Dieu dire de sa chaire (minbar) : « Il ne restera rien de ce monde sauf ce qui ressemble à des moucherons qui voleront en l’air (dubâb). Aussi, par Dieu, je vous conjure de prendre soin de vos frères dans leurs tombes, car vos œuvres leur sont montrées. »307 Abû Hurayra a dit : « Le Prophète a dit : “N’embarrassez pas vos morts par vos mauvaises actions, car elles seront montrées à vos proches dans leurs tombes.” »308. C’est pour cette raison que Abû al-Dardâ’ a dit : « Ô mon Dieu, je me réfugie en Toi contre une œuvre dont j’aurais honte devant ‘Abd Allâh b. Ruwâha. »309 Ce dernier, oncle maternel d’Abû alDardâ’, était mort. On interrogea ‘Abd Allâh b. ‘Amrû b. Al-‘As sur le lieu où se trouvent les esprits des croyants, et il répondit : « Ils sont sous l’aspect d’oiseaux blancs à l’ombre du Trône [divin], et ceux des incroyants sont dans les entrailles de la septième terre. » Abû Sa‘îd al-Khudrî a dit : « J’ai entendu l’Envoyé de Dieu dire : “Le défunt reconnaît ceux qui le lavent, ceux qui le portent et ceux qui le descendent dans sa tombe.”310 ». Sâlih al-Murrî311 a dit : « Il m’a été rapporté que les esprits se rencontraient au cours de la mort, ceux des défunts disent à l’esprit qui vient de les rejoindre : “Comment était ton lieu de séjour (ma’wâ) ? Et dans lequel des deux corps habitais-tu, le bon ou le mauvais ?” ». ‘Ubayd b. ‘Umayr312 a dit : « Les gens des tombes guettent les nouvelles. Quand arrive un nouveau défunt, ils interrogent : “Qu’a-t-il fait ?” Il leur est répondu : “N’est-il donc pas encore arrivé ? Ne vous a-t-il pas précédés ?” Ils répondent : “Nous sommes à Dieu et c’est à Lui que nous faisons retour313, il a été conduit sur un chemin autre que le notre.” ». Ja‘far b. Sa‘îd a dit : « Lorsque l’homme meurt, il est accueilli par son fils de la même manière qu’on accueille un individu après une longue absence. » Mujâhid a dit : « L’homme se réjouit, dans sa tombe, des bonnes œuvres de son fils. » Abû Ayyûb al-Ansârî314 rapporte que le Prophète a dit : « Lorsque l’âme du croyant est saisie, elle est accueillie par les gens de la Miséricorde de la part de Dieu, comme on accueille

l’annonciateur de bonnes nouvelles en ce monde. Ils disent : “Faites de l’espace à votre frère afin qu’il puisse se reposer, car il était vraiment très angoissé (karb).” Puis, ils lui demandent : “Qu’en est-il d’Untel et qu’a donc fait Unetelle ? S’est-elle mariée?” Quand ils l’interrogent sur un individu mort avant lui, et qu’il leur dit : “Il est mort avant moi.” Ils disent alors : ‘“Nous sommes à Dieu et c’est à Lui que nous faisons retour. Il a été conduit auprès de sa mère, l’Abyme [infernal].” »315 [Exposition des propos tenus par la tombe au mort] Le discours des morts se fait soit par le langage commun (lisân al-maqâl) soit par celui de l’état (lisân al-hâl), ce dernier étant mieux compris par les morts que celui, commun, compris par les vivants. L’Envoyé de Dieu a dit : « La tombe dit au défunt, lorsque ce dernier y est déposé : “Ô fils d’Adam, malheur à toi ! Qu’est-ce qui t’a donc distrait de moi ? Ne sais-tu donc pas que je suis la demeure de la tentation, de l’obscurité, de la solitude et de la vermine ? Qu’est-ce qui t’a donc distrait de moi lorsque, insouciant, tu te pavanais (fadhâdh) devant moi ?” S’il s’agit d’une personne vertueuse, alors une voix répondra à la tombe en son nom : “N’as-tu pas vu qu’il ordonnait le bien et prohibait le mal ?” La tombe dira alors : “S’il en est ainsi, alors je me transforme pour lui en verdure, son corps deviendra lumière et son esprit montera jusqu’à Dieu, Exalté soit-Il”. »316 Le fadhâdh est celui qui se pavane, c’est ainsi que l’a expliqué le rapporteur de la Tradition. ‘Ubayd b. ‘Umayr al-Laythî a dit : « Nul ne meurt sans être interpellé par le trou où il est enterré : “Je suis la demeure de l’obscurité, de la solitude et de l’esseulement, si tu étais, de ton vivant, obéissant à Dieu, je serais miséricorde pour toi aujourd’hui, mais si tu étais désobéissant, je serais vengeance contre toi aujourd’hui. Je suis celui d’où sort satisfait celui qui est entré obéissant, et misérable (mathbûr), celui qui est entré désobéissant. » Muhammad b. Sabîh a dit : « Il nous est parvenu que lorsque l’individu est placé dans sa tombe et qu’il est soumis à des tourments ou à ce qu’il déteste, ses voisins défunts l’interpellent : “Ô toi, qui as laissé tes frères et tes voisins derrière toi, n’as-tu donc pas tiré de leçon de nous ? N’as-tu pas réfléchi à notre venue avant toi ? N’as-tu pas vu nos actions s’interrompre quant tu te prélassais ? Et pourquoi n’as-tu donc pas porté à terme ce qui a échappé à tes frères ?” Puis, les différentes parties de la terre l’interpellent : “Ô toi, qui t’es laissé séduire par les apparences du monde, as-tu réfléchi à ceux d’entre tes parents qui ont disparu dans le ventre de la terre, qui se sont laissés séduire par ce monde avant toi et qui t’ont précédé dans la tombe ? Les as-tu vus être portés paisiblement par ceux qui les aimaient vers l’inévitable demeure ?” ». Yazîd al-Ruqâshî a dit : « Il nous est parvenu que lorsque l’individu est placé dans sa tombe, ses œuvres s’amassent autour de lui et disent, après que Dieu leur accorde [le pouvoir de s’exprimer] : “Ô toi, le serviteur solitaire dans son trou, te voilà désormais séparé de ta famille et de tes parents, tu n’as que nous pour unique compagnie. » Ka‘b [al-Ahbâr] a dit : « Lorsque le serviteur vertueux est placé dans sa tombe, ses belles œuvres - prière, jeûne, pèlerinage, guerre sainte et aumône - lui tiennent compagnie. Lorsque les anges chargés de la punition arrivent du côté de ses pieds, la prière prend la parole et dit : “Écartez-vous de lui, vous n’avez pas autorité sur lui, car il se tint longtemps debout sur ses jambes, par moi et pour Dieu.” Ils viennent alors du côté de sa tête et le jeûne prend la parole en leur disant : “Vous n’avez pas autorité sur lui, car durant sa vie, il s’est longtemps abstenu de boire pour Dieu, laissez-le donc

!” Ils viennent alors du côté du corps, et le pèlerinage et la guerre sainte leur disent : “Écartez-vous de lui, car il s’est exténué et a usé son corps en se rendant au pèlerinage et en combattant pour Dieu. Vous n’avez donc aucune autorité sur lui.” Ils viennent alors du côté de ses mains et l’aumône dit : “Laissez donc mon compagnon ! Combien d’aumônes sont sorties de ses deux mains et sont parvenues dans Celle de Dieu, Exalté soit-Il, dans l’unique espoir de Sa face. Vous n’avez donc aucune autorité sur lui.” Il est alors dit au défunt : “Sois heureux ! Tu auras été fortuné dans la vie et dans la mort.” Puis, les anges de la miséricorde viennent à lui, ils étendent devant lui une couche et une couverture du Paradis et sa tombe est rendue aussi spacieuse que ce que peut appréhender son regard. On lui apporte alors une lanterne du Paradis qui l’éclairera jusqu’au jour où Dieu le ressuscitera de sa tombe.” » Au cours de funérailles, ‘Abd Allâh b. ‘Ubayd b. ‘Umayr a dit : « Il m’est parvenu que l’Envoyé de Dieu a dit : “Le défunt est assis et entend les pas de ceux qui assistent à ses funérailles. Seule sa tombe lui adresse la parole en lui disant : ‘Ô fils d’Adam, malheur à toi ! N’as-tu pas été averti ? N’as-tu pas été prévenu de mon exiguïté, de ma dégénérescence, de mon adversité et de ma vermine ? Qu’as-tu donc préparé pour moi ?”” »317

[Exposition du châtiment de la tombe et du questionnaire de Munkir et Nakir] Al-Barâ’ b. ‘Azib318 a dit : « Un jour, nous nous rendîmes en compagnie de l’Envoyé de Dieu aux funérailles d’un homme parmi les Ansârs. L’Envoyé de Dieu s’assit près de la tombe, baissa la tête et répéta trois fois : “Ô mon Dieu, je me réfugie en Toi contre le châtiment de la tombe.” Puis, il ajouta : “Lorsque le croyant se dispose au voyage de l’au-delà, Dieu envoie des anges, dont le visage est semblable au soleil, qui portent ses parfums (hanût) et son linceul, et qui s’assoient aussi loin que ses yeux peuvent voir. Lorsque son esprit s’en va, tous les anges se trouvant entre le ciel et la terre prient sur lui, de même que tous les anges du ciel. Les portes du ciel sont alors ouvertes et chacune d’elles aimerait que son esprit la traverse. Lorsqu’il y est élevé, on dira : ‘Seigneur, voici Ton serviteur, Untel’ Il répondra : ‘Ramenez-le et montrez-lui les honneurs que J’ai disposés pour lui, car Je lui avais promis : “C’est d’elle que Nous vous avons créés, à elle Nous vous renvoyons, et d’elle Nous vous sortirons encore une fois.”319 Il continue à entendre alors le bruit de leurs sandales lorsqu’ils vont et viennent jusqu’à ce qu’on dise : ‘Ô Untel, qui est ton Seigneur, quelle est ta religion et qui est ton prophète ?’ Il répond : ‘Dieu est mon Seigneur, l’islam ma religion et Muhammad mon Prophète.’” Puis il ajouta : “Ils [les deux anges] le réprimandent alors violemment (yantahirânahu), et c’est là la dernière épreuve à laquelle est soumis le défunt. Et après que ce dernier a prononcé ces mots, une voix déclare : ‘Tu dis vrai !”, et c’est là la signification de la parole du Très-Haut : « Dieu renforce ceux qui croient par la parole ferme, dans l’ici-bas et dans l’au-delà »320. Puis, un individu au beau visage, parfumé et finement vêtu, apparaît et dit [au défunt] : ‘Sois heureux [de recevoir] une miséricorde de la part de ton Seigneur, et des jardins exquis et permanents.’ Il répond : ‘Que Dieu t’accorde le Bien, qui es-tu ?’ Il lui répond : ‘Je suis tes bonnes actions. Par Dieu, j’ai su que tu te hâtais d’obéir à Dieu et que tu étais extrêmement lent lorsqu’il s’agissait de Lui désobéir. Que Dieu t’accorde une belle récompense !’ Puis, une autre voix dit : ‘Etendez-lui un tapis du Paradis, et ouvrez-lui une porte qui donne accès au Paradis.’ On lui étend alors un tapis du Paradis et on lui en ouvre une porte. [Le défunt] dit alors : ‘Ô mon Dieu, fais que l’Heure survienne au plus vite afin que je puisse retrouver ma famille et mes biens.’” Puis, le Prophète a ajouté : “Quant à l’incroyant, lors de son

voyage vers l’au-delà et de sa séparation d’avec ce monde, deux ‘anges gigantesques et puissants’321 viennent à lui, portant un vêtement de feu et des ‘tuniques faites de goudron’322 et l’assaillent de toutes parts. Lorsque son âme l’abandonne, tous les anges se trouvant entre le ciel et la terre le maudissent, ainsi que chaque ange se trouvant dans le ciel. Les portes du ciel sont alors refermées, et aucune porte ne souhaite se voir traverser par son esprit. Lorsque celui-ci est soulevé, il est refoulé et il est dit : ‘Ô Seigneur, aucun ciel et aucune terre ne consentent à accueillir ton serviteur Untel !’ Dieu, Puissant et Majestueux, répond : ‘Ramenez-le et montrez-lui le mal que Je lui ai disposé et que Je lui avais promis : ‘C’est d’elle que Nous vous avons créé, à elle Nous vous renvoyons, et d’elle Nous vous sortirons encore une fois.’323 Il continue à entendre alors le bruit de leurs sandales lorsqu’ils vont et viennent, jusqu’à ce que l’on dise : “Ô Untel, qui est ton Seigneur, quelle est ta religion et qui est ton prophète ?’ Il répond : ‘Je l’ignore !’ On lui dit alors : ‘Tu l’ignores ?’ Un individu, à l’aspect horrible, à l’odeur fétide et vêtu de manière exécrable, vient alors à lui et lui dit : ‘Reçois l’heureuse nouvelle de la colère de Dieu et d’un châtiment douloureux et permanent.’ [L’incroyant] répond : ‘Que Dieu t’annonce de mauvaises nouvelles, qui es-tu ?’ Il répond : ‘Je suis tes détestables actions. Par Dieu, tu te hâtais de désobéir à Dieu et tu étais extrêmement lent lorsqu’il s’agissait de Lui obéir. Que Dieu t’accorde la plus horrible des récompenses !’ Il lui répond : ‘Que Dieu t’accorde, à toi aussi, la plus horrible des récompenses !’ Il est ensuite saisi par un individu aveugle, sourd et muet portant une trique en fer (marzaba), si lourde que même les hommes et les djinns, s’ils s’unissaient pour la soulever, n’y parviendraient pas, et dont la force est telle que si l’on en frappait une montagne, celle-ci serait pulvérisée. Il l’en frappe alors une fois et voilà que [l’incroyant] est pulvérisé. Puis son esprit revient à nouveau et il est frappé une seconde fois entre les yeux, si fort que tous les habitants de la terre – excepté les hommes et djinns- entendent le choc. Puis, une voix dit : ‘Étendez-lui deux planches de l’Enfer et ouvrez-lui une porte de l’Enfer.’ On lui étend alors deux planches de l’Enfer et une porte de l’Enfer lui est ouverte.”” »324 Muhammad b. ‘Alî a dit : « Aucun individu ne meurt sans qu’on ne lui représente, à sa mort, ses bonnes et ses mauvaises actions. Il fixe du regard les bonnes et se détourne des mauvaises. » Abû Hurayra (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : L’Envoyé de Dieu a dit : “Lorsque le croyant décède, les anges viennent à lui en portant une pièce de soie contenant du musc et des branchettes de basilic (rayhân). Ils ôtent son esprit comme on ôte un cheveu de la pâte, puis on lui dit : ‘Ô âme pacifiée, sors agréée et satisfaite vers la grâce de Dieu et Ses honneurs.’ Lorsque son esprit est sorti, on le met sur le musc et le basilic et on replie la pièce de soie qu’on envoie aux ‘Illiyûn325. Quant à l’incroyant, lorsque son moment arrive, les anges viennent à lui avec une bure grossière, contenant une braise ardente. Son esprit est violemment extirpé et il lui est dit : ‘Ô âme infâme, sors exécrée et abhorrée vers le courroux de Dieu et Son châtiment.’ Lorsque son esprit est extirpé, il est placé au-dessus de cette braise qui crépite, enveloppé dans la bure et envoyé aux Sijjîn326.”” »327. Lorsque Muhammad b. Ka‘b al-Qurazî récitait cette parole du Très-Haut : « Lorsque la mort vient visiter l’un d’eux, il s’écrie : “Seigneur, que l’on me fasse revenir ! - Peut-être accomplirai-je le bien que j’ai négligé. Mais non, ce n’est là qu’une parole dite par la langue. Mais derrière eux se dresse une barrière jusqu’au Jour où ils seront ressuscités. »328, il [se] disait : « Quelle chose veux-tu ? Et quelle chose désires-tu ? Veux-tu être renvoyé [au monde] afin d’amasser des biens, cultiver des champs, construire des maisons et creuser des canaux ? Non !, ajoutait-il, –“Peut-être

accomplirai-je le bien que j’ai négligé”329. Le Dominateur dira alors : “Ô que non ! Il ne s’agit que de [vains] mots qu’il prononce.”330, c’est-à-dire des mots prononcés uniquement au moment de la mort. » Abû Hurayra (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « Le Prophète a dit : “La tombe du croyant se trouve dans un jardin verdoyant. Elle est élargie de soixante-dix coudées et illuminée comme une nuit de pleine lune. Savez-vous au sujet de qui a été révélé ce verset, ‘[Mais quiconque se détournera de Mon rappel] Mènera une vie misérable’331 ? Ils répondirent : ‘Dieu et Son Envoyé le savent mieux que nous !’” Il dit alors : “Le châtiment de l’incroyant dans sa tombe. Il sera livré à l’autorité de quatre-vingt dix-neuf ‘tinnîn’. Savez vous ce que sont les ‘tinnîn’? Il s’agit de quatre-vingt dix-neuf serpents, chacun possédant neuf têtes. Ils le griffent, le lèchent et soufflent dans son corps jusqu’au Jour où il ressuscitera.” »332 Ne sois pas surpris par ces nombres spécifiques, car le nombre de serpents et de scorpions est à la mesure des défauts réprouvés comme l’arrogance, l’orgueil, la jalousie, la rancune, le ressentiment et tous les autres vices, qui ont un nombre précis de racines et de branches qui se ramifient ensuite en diverses catégories. Ces vices sont les imperfections qui conduisent à la ruine et qui se transforment ensuite en serpents et en scorpions. Le plus fort d’entre eux mord autant qu’un dragon et le plus faible autant qu’un scorpion. Quant [aux vices intermédiaires], leur morsure est semblable à celle des serpents. Les détenteurs de cœur et de clairvoyance perçoivent à travers la lumière de l’intuition (nûr al-basîra) ces causes de perdition et leurs ramifications, et dont le nombre exact n’est connu qu’à travers la lumière de la prophétie. Ce genre de nouvelles prophétiques a des aspects extérieurs véridiques et des secrets cachés, mais apparaissent claires aux détenteurs de cœur. Celui qui ne les perçoit pas ne doit pas en nier l’aspect extérieur, car le plus faible degré de foi consiste à croire et à se soumettre [à ce qui est rapporté]. Si tu dis : « Nous observons longuement l’incroyant dans sa tombe et le surveillons, mais nous ne voyons rien de tout cela. Comment peut-on croire en ce qui est contraire à notre vision ? » Sache que dans ce genre de choses, il y a trois niveaux de croyance. Le premier : le plus apparent, le plus juste et le plus sûr consiste à croire qu’il s’agit de choses qui existent et qui mordent effectivement le défunt. Seulement, tu ne vois pas, car l’œil [physique] n’est pas à même de percevoir ce qui relève du « monde des esprits » (al-malakût). Or, tout ce qui concerne les affaires de l’au-delà appartient au monde des esprits. Ne vois-tu donc pas comment les Compagnons [du Prophète] (que Dieu soit satisfait d’eux) croyaient en la descente de Gabriel alors qu’ils ne le voyaient pas ? Et comment ils croyaient que le Prophète le voyait ? Si tu ne crois pas en cela, il t’incombe donc, en premier, de corriger les principes de ta foi pour ce qui est des anges et de la Révélation, cela est une priorité en ce qui te concerne. Si tu crois en cela et admets que le Prophète voit ce que la communauté ne voit pas, pourquoi ne pas admettre [aussi] ce qui survient au défunt [dans la tombe] ? Tout comme les anges ne ressemblent ni aux humains ni aux animaux, les serpents et les scorpions qui mordent le mort dans la tombe ne sont pas non plus de la même espèce que ceux de ce monde, et ne sont perceptibles que par un autre sens. Le second : c’est que tu dois te souvenir de la condition de celui qui dort et qui rêve qu’un serpent le mord. La douleur le fait hurler durant son sommeil, et il sue et s’agite dans son lit. Sa souffrance [semble aussi] réelle que celle d’un individu éveillé qui voit le serpent. Il t’apparaît pourtant calme

et tu ne vois aucun serpent dans les environs, alors que pour lui, le reptile est bien présent, de même que la souffrance, mais tu n’en perçois rien. Dans la mesure où la souffrance réside dans la morsure, il n’y a aucune différence entre un serpent imaginé ou visible. Le troisième : c’est ta connaissance du fait que le serpent, en soi, ne te procure pas de douleur. Ce qui la provoque c’est son venin. En outre, le venin n’est pas non plus la douleur, car cette dernière en est l’effet. Et si ce même effet procède d’autre chose que le venin, la douleur se manifesterait dans la même mesure. Pourtant, ce type de souffrance ne peut être défini sans l’attribuer à sa cause habituelle. Si par exemple, le plaisir procuré par le rapport sexuel était créé indépendamment de sa forme extérieure, il serait impossible de le décrire sans le lui attribuer, car seule cette attribution permet la connaissance de la cause. L’effet de la cause est obtenu même si la forme de celle-ci ne l’est pas, et la cause n’est désirée que pour son effet et non pour elle-même. Ces qualités, portant à la perdition, se transforment en torts et en souffrances à la mort de l’âme, et ces souffrances ressemblent à celles procurées par la morsure des serpents, sans la présence de ces derniers. La transformation de la qualité nuisible est semblable à celle du tort causé par l’amour à la mort de l’être aimé. Le plaisir procuré par l’amour se transforme en véritable et grand tourment à la perte de l’amant. Le cœur est dans une peine telle, que celui qui a subit [cette perte] préférerait n’avoir jamais connu les joies de l’amour ni celles de l’union. C’est à ce genre de peines qu’est exposé le défunt lorsqu’il succombe à l’amour pour les choses de ce monde, tels l’argent, les propriétés, le prestige, sa progéniture, ses parents et ses connaissances. Si toutes ces choses lui étaient soustraites de son vivant et sans espoir de les récupérer, quelle serait donc sa condition ? Son désespoir ne grandirait-il pas et son tourment ne s’intensifierait-il pas ? Il espérerait alors et dirait : « Ah ! Si je n’avais pas eu de richesse ni de prestige, je n’aurais alors jamais souffert d’en être séparé ! » La mort signifie se séparer de toutes les choses chéries en ce monde, en un seul instant. « Quel serait l’état de celui qui n’a qu’un seul être chéri lorsque ce seul être viendrait à disparaître ?» Quel est l’état de celui qui ne se réjouit que des choses de ce monde lorsque celles-ci lui sont soustraites et remises à ses ennemis ? À cette douleur s’ajouterait aussi son désespoir pour les faveurs de l’au-delà qu’il aura ainsi vues lui échapper, et pour le voile qui l’empêche de s’approcher de Dieu, Puissant et Majestueux. En effet, l’amour pour ce qui est autre que Dieu constitue un obstacle à Sa rencontre et au plaisir de Le voir. Son désespoir et ses souffrances s’alternent alors constamment, et à jamais, pour les faveurs de l’au-delà qu’il aura perdues, ainsi que pour l’humiliation subie de son rejet et du voile qui l’empêche de s’approcher de Dieu, Exalté soit-Il. Voilà la forme du châtiment qui l’attend, car les flammes de la séparation sont suivies par celles de l’Enfer conformément à Sa parole : « Que non ! Ils seront, ce Jour-là, séparés de leur Seigneur par un voile, puis ils seront jetés dans la Fournaise. »333 Quant à celui qui ne s’attache pas à ce monde, qui n’aime que Dieu et qui aspire ardemment à Sa rencontre, il s’est libéré de la prison de ce monde et des peines suscitées par ses désirs, s’est rapproché de son Bien-Aimé, voit les barrières et les omissions s’estomper, et les grâces surgir copieusement avec l’assurance de leur permanence : « Voilà ce pour quoi doivent œuvrer ceux qui œuvrent ! »334 Ce que nous entendons, c’est que l’homme aime tellement son cheval que si on lui demandait de choisir entre une piqûre de scorpion ou perdre son cheval, il préférerait supporter la piqûre, car la douleur provoquée par la séparation de son cheval serait plus intense que celle procurée par la

piqûre du scorpion. Son amour pour son cheval serait alors la piqûre qu’il subirait en cas de perte de son cheval. Qu’il se prépare donc à être mordu, car la mort emportera son cheval, sa selle, sa maison, ses propriétés, sa progéniture, ses amis et ses connaissances, de même qu’elle saisira son prestige et l’estime qu’il suscite chez les gens. Tout comme elle saisit son ouïe, sa vue et ses membres et son espoir qu’il a de se les voir restituer. S’il n’a rien aimé autant que ces choses et que celles-ci lui soient soustraites, alors sa douleur sera plus intense que les morsures de scorpions et de serpents. Et si elles lui étaient soustraites de son vivant et que sa souffrance était intense, elle le sera d’autant plus à sa mort, car comme nous l’avons précisé [plus haut], l’élément qui perçoit la douleur et le plaisir ne meurt pas. Au contraire, il s’intensifie après la mort; car de son vivant, il se détend par des causes qui occupent ses sens comme la fréquentation [des autres] et les conversations, et il se détend en espérant y retourner. Il n’y a aucun divertissement après la mort, car les voies qui le procurent sont closes et le désespoir survient. Aussi, ses tuniques et ses vêtements, qu’il aimait et qu’il craignait de perdre, susciteront en lui désespoir et tourment. S’il se contentait de peu (mukhiffan) de choses de ce monde, il serait alors sauf, et c’est ce qui est entendu par ces paroles : « Ne s’en sortent que ceux qui se contentent de peu ! » S’il s’agit de ceux qui ne se contentent pas de peu, alors leur peine sera intense. Ainsi, la souffrance de l’individu qui se fait dérober un dinar estelle moins intense que celle ressentie par celui qui s’en fait dérober dix. Et celle de qui se fait voler un dirham est moins pénible que celle de qui s’en fait voler deux. C’est à cela que le Prophète a fait allusion en disant : « Le jugement du détenteur d’un dirham sera plus léger que celui de qui en possède deux. »335 Les choses de ce monde, que tu abandonnes à ta mort, ne sont que sources de désespoir après ta mort. Aussi, as-tu le choix : accumule ou contente-toi de peu. Si tu veux beaucoup [de choses de ce monde], alors tu multiplieras les sources de désolation. Si tu en veux peu, alors tu ne fais qu’alléger le fardeau que tu portes sur le dos. Les serpents et les scorpions abondent dans les tombes des riches qui ont préféré ce monde à l’audelà, s’y sont réjouis et attachés. Voici donc les niveaux de la foi en la vie dans la tombe et de ses différents tourments. Abû Sa‘îd al-Khudrî rêva de la mort de l’un de ses fils. Il lui demanda : « Ô mon fils, conseillemoi ! » Il lui répondit : « Ne t’oppose pas au vouloir de Dieu, Exalté soit-Il. » Il lui dit : « Encore ! » Il lui répondit : « Ô père, tu ne pourrais pas le supporter ! » Il dit : « Dis-le moi ! » Il lui répondit : « Ne laisse aucune chemise te séparer de Dieu. » Il ne porta plus de chemise pendant trente ans. » Si tu dis maintenant : « Où est la vérité dans ces trois niveaux? » Sache que parmi les gens, il y a ceux qui ne confirment que le premier et nient les deux suivants ; ceux encore qui nient le premier et confirment le second, et enfin, ceux qui ne confirment que le troisième. En ce qui nous concerne, la vérité qui nous a été dévoilée à travers l’observation méticuleuse est que tout cela relève du possible. Celui qui en nie quelque chose le fait par étroitesse de compréhension et par ignorance de la puissance infinie de Dieu, qu’Il soit glorifié, et des merveilles de Sa disposition [des choses]. Ce dernier nie les actions de Dieu, Exalté soit-Il, en raison de son manque de familiarité et d’attachement [avec ses réalités] qui découlent de l’ignorance et de [graves] lacunes. Ces trois formes de tourment sont possibles et y croire est un devoir. Et il se peut que l’individu soit soumis à une seule de ces épreuves ou aux trois. Que Dieu nous préserve de Ses châtiments, peu ou nombreux qu’ils soient !

Voici donc la vérité sur ce sujet ! Crois-y en prenant exemple [sur les anciens] car rares sont les gens de cette terre qui connaissent réellement ces choses. Je te recommande donc de ne pas trop réfléchir au détail de ces choses, ni de t’efforcer à les connaître. Je t’exhorte plutôt à réfléchir aux moyens de repousser les tourments, quels qu’ils soient. Si tu négliges l’action et l’adoration et te tournes vers la recherche de ces choses, tu deviens alors comme celui qui est arrêté et jeté en prison par le sultan afin d’y avoir la main et le nez coupés, et qui passe la nuit à réfléchir sur l’arme qui sera utilisée à cette fin. Le punira-t-on avec un couteau, un sabre ou un rasoir ? Il oublie alors de chercher les moyens de se soustraire à cette peine, et c’est là le comble de l’ignorance ! On sait de manière certaine qu’après sa mort, le serviteur est exposé soit à un terrible châtiment, soit à la grâce éternelle, et c’est à cela que l’on doit se préparer. Se soucier du détail du châtiment et de la récompense n’est qu’oisiveté et perte de temps. [Exposition du questionnaire de Munkir et Nakir, de leur aspect, de l’étroitesse de la tombe et des autres propos sur le châtiment de la tombe] Abû Hurayra (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « Le Prophète a dit : “Lorsque le serviteur meurt, deux anges noir et bleu se présentent à lui. L’un d’eux se prénomme Munkir et le second Nakir. Ils lui demandent : ‘Que disais-tu du Prophète ?’ S’il s’agit d’un croyant, il répond : ‘C’est le serviteur de Dieu et Son Envoyé. J’atteste qu’il n’y a nulle divinité en dehors de Dieu et que Muhammad est l’Envoyé de Dieu.’ Ils répondent : ‘Nous savions que tu aurais répondu de la sorte.’ Sa tombe est alors élargie de soixante-dix coudées et illuminée. Puis, il lui est dit : ‘Dors !’ Il dit alors : ‘Laissez-moi revenir auprès des miens pour que je les informe !’ On lui répond à nouveau : ‘Dors !’ Et il s’endort tel le nouveau marié qui n’est réveillé que par le plus aimé de sa famille, jusqu’à ce que Dieu le fasse ressurgir de ce lieu de repos. Quant à l’hypocrite, il répond : ‘Je ne sais pas… J’entendais les gens dire quelque chose et je le répétais.’ Ils lui disent alors : ‘Nous savions que tu aurais répondu de la sorte.’ On dit alors à la terre : ‘Recouvre-le de toute part !’ Et elle le recouvre de sorte que chaque os est enseveli sous terre. Il est châtié jusqu’à ce que Dieu le fasse ressurgir de cette couche.’” »336. ‘Atâ’ b. Yasâr (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « L’Envoyé de Dieu a dit à ‘Umar b. alKhattâb (que Dieu soit satisfait de lui) : “Qu’en sera-t-il de toi lorsque tu seras mort, quand tes proches vont mesurer pour toi [un linceul] de trois coudées et un empan, puis reviendront pour laver ta dépouille, l’habiller et la parfumer ; quand ils te porteront, te déposeront dans ta tombe, te recouvriront de terre et t’enterreront Et lorsqu’ils te quitteront et que les deux inquisiteurs de la tombe, Munkir et Nakir, viendront à toi ? Leur voix sera comme le tonnerre qui déchire [le ciel] et leur regard, comme la foudre qui éblouit ; ils traîneront leurs cheveux, inspecteront les tombes de leurs crocs et susciteront en toi terreur et effroi. Ô ‘Umar, qu’en sera-t-il donc de toi ?” ‘Umar demanda : “Serais-je conscient, comme je le suis maintenant ?” Il répondit : “Oui !” ‘Umar dit alors : “Je serai alors un enjeu pour eux.” » ». Ceci est un texte clair qui prouve que l’intellect ne subit pas de variation durant la mort, alors que le corps et les membres y sont soumis. Le défunt sera donc [encore] doté d’intellect et percevra et ressentira effectivement les souffrances et les plaisirs. Rien ne modifiera son intellect, et il ne s’agit pas ici de la faculté sensorielle, mais de quelque chose de caché, qui échappe aux dimensions humaines et qui ne peut être sujet à la division. Si toutes les parties du corps s’éparpillaient et que ne devait demeurer en l’individu que la faculté de perception, qui est indivisible, l’homme n’en serait pas moins complet et en mesure de se lever ; et il en est ainsi après la mort. La mort ne désagrège pas cet élément de l’individu ni ne l’anéantit.

Muhammad b. al-Munkadir337 a dit : « Il m’est parvenu que l’incroyant sera assailli par une bête aveugle (dâbba ‘amyâ) et sourde, qui tient dans sa main un fouet en fer au bout duquel se trouve comme une incisive de chameau avec laquelle elle le frappe jusqu’au Jour de la Résurrection. Elle ne le voit pas et ne peut donc l’éviter, et elle ne l’entend pas [hurler] et ne peut donc se montrer clémente. » Abû Hurayra (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « Lorsque le défunt est placé dans sa tombe, ses bonnes œuvres viennent l’entourer. Si elles viennent du côté de sa tête, sa récitation du Coran se présente ; si elles viennent du côté de ses jambes, ses veillées en prière se présentent ; si elles viennent du côté de ses mains, celles-ci disent : “Par Dieu, il nous tendait pour faire l’aumône et pour invoquer Dieu. Vous n’avez aucune autorité sur lui.” ; si elles viennent du côté de sa bouche, son invocation (dhikr) et son jeûne se présentent, de même que la prière et la patience qui se placent à un angle. Chacun dit alors : “Quant à moi, si j’avais vu [en lui] quelque imperfection, je l’aurais soutenu.” ». Sufyân (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « Ses bonnes œuvres le défendent, tout comme l’homme prend la défense de son frère, de sa famille et de son enfant. Puis, il lui est dit : “Que Dieu bénisse ton lieu de repos ! Quels excellents amis intimes que les tiens et quels excellents compagnons que les tiens !” ». Hudhayfa (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « Nous assistions à des funérailles en compagnie de l’Envoyé de Dieu , lorsqu’il s’assit près de la tombe, l’observa, puis dit : “Une contrainte est exercée en elle [la tombe] telle que les côtes du croyant sailliront. »338 ‘A’isha (que Dieu soit satisfait d’elle) a dit : « L’Envoyé de Dieu a dit : “La tombe exerce une contrainte terrible, et s’il y a un homme qui en sortira sain et sauf, celui-ci sera Sa‘d b. Mu‘âdh339.” »340. Anas (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « Zaynab341, la fille de l’Envoyé de Dieu , femme de grande vertu, mourut. L’Envoyé de Dieu suivit le cortège funèbre. Il était dans un état tel, que nous fûmes tous tristes pour lui. Lorsque nous arrivâmes près de la tombe, il y descendit et son visage devint livide, mais lorsqu’il en sortit, son teint était radieux. Nous lui dîmes alors : “Ô Envoyé de Dieu , nous t’avons vu sujet à quelque chose, de quoi s’agit-il ?” Il répondit : “Je me suis souvenu de la contrainte qui sera exercée sur ma fille et de l’intensité du châtiment de la tombe, puis on vint à moi et on m’informa que Dieu, Exalté soit-Il, avait allégé ses souffrances. Elle fut soumise à une pression telle que son hurlement fut entendu de l’Orient à l’Occident.” »342.

CHAPITRE VIII DE LA CONNAISSANCE DES ÉTATS DES MORTS À TRAVERS LES DÉVOILEMENTS REçUS EN RÊVE Sache que les lumières de l’intuition, tirées du Livre de Dieu, Exalté soit-Il, et de la Tradition de Son Envoyé et des autres moyens, nous permettent de connaître, dans le détail, les états des morts de manière générale et de leur répartition en chanceux et malheureux. En effet, l’état de Zayd et de ‘Amr ne peut être en aucune façon dévoilé de cette manière, et si nous voulions connaître la foi de Zayd et de ‘Amr, nous ne saurions pas ce qu’elle fut à leur mort et comment ils la vécurent à leurs derniers instants. Et si nous nous fiions à son aspect extérieur [cela ne suffirait pas] du fait que la piété est localisée dans le cœur et qu’elle y est si bien cachée que même l’homme de piété ne perçoit pas la sienne propre, qu’en est-il alors [de la connaissance de son état] par les autres ? On ne peut donc juger la vertu apparente sans la piété intérieure. Dieu, Exalté soit-Il, a dit : « En vérité, Dieu n’accueille que [les œuvres] des pieux. »343 Ainsi, on ne peut porter de jugement sur Zayd et ‘Amr sans les voir et sans contempler comment ils se conduisent. Lorsque l’individu meurt, il passe du monde « du royaume et du visible » (‘âlam al-mulk wa alshahâda) à celui de « l’invisible et des esprits » (‘âlam al-ghayb wa al-malakût). Il ne voit alors plus les choses par l’œil extérieur, mais par un autre œil, créé dans le cœur de tous les individus, qu’Il a recouvert du voile épais (ghishâwa kathîfa) des passions et de ses occupations terrestres, de sorte qu’il ne voyait plus par Lui. Il est impensable que l’individu puisse voir quoique ce soit du monde des esprits avec cet œil extérieur tant qu’il n’aura pas fait disparaître le voile qui recouvre l’autre, intérieur… Ce voile a été ôté de dessus les yeux des prophètes (que la Paix soit sur eux), ils pouvaient ainsi regarder, de manière certaine, le monde des esprits et en contempler les merveilles. Les morts étant dans le monde des esprits, ils ont ainsi pu les voir et avoir de leurs nouvelles. C’est pour cela que l’Envoyé de Dieu a pu voir la contrainte exercée par la tombe sur sa fille, Zaynab, et sur Sa‘d b. Mu‘âdh ; il pu voir l’état de Abû Jâbir, après sa mort en martyr, et l’a informé que Dieu l’avait assis face à Lui sans qu’il n’y ait aucune sorte de voile entre eux. Ce genre de visions n’est concédé qu’aux Prophètes et aux saints, dont le degré se rapproche du leur. Quant à nos semblables, il nous est possible d’avoir une autre forme de vision, bien plus faible, mais de nature tout aussi prophétique : il s’agit de la vision obtenue dans le rêve et qui fait partie des lumières de la prophétie. En effet, l’Envoyé de Dieu a dit : « La vision authentique constitue la 344 quarante-sixième part de la prophétie. » Dans ce cas aussi, il s’agit d’un dévoilement qui n’est possible que lors de la levée du voile qui recouvre le cœur. C’est pour cette raison qu’on ne croit qu’aux visions des hommes vertueux et

véridiques et non à celles de celui qui ment excessivement. Celui qui commet de nombreux péchés et turpitudes assombrit son cœur, et ce qu’il voit n’est qu’un amas de rêves (confus) (adghâth ahlâm). C’est pourquoi l’Envoyé de Dieu a ordonné de faire ses ablutions avant de dormir, afin que l’individu soit en état de pureté durant son sommeil345. Il s’agit également d’une allusion à la purification intérieure (tahârat al-bâtin), qui est le principe même [de la purification], alors que la purification extérieure en est le complément et la perfection. La purification intérieure procure à la pupille du cœur, le dévoilement de l’avenir, comme fut dévoilé à l’Envoyé de Dieu , durant son sommeil, son entrée à La Mecque, certifiée ensuite par cette parole du Très-Haut : « Dieu a bien confirmé à Son Envoyé la vérité de sa vision. »346 Il est rare que l’individu soit totalement dépourvu de songes prémonitoires, qui se révèlent véridiques plus tard. La vision (al-ru’yâ) et la connaissance des mystères, dans le rêve, relèvent des merveilles de la création de Dieu, Exalté soit-Il, et des prodiges de la nature primordiale (al-fitra) de l’être humain et constituent les preuves les plus évidentes sur l’existence du monde des esprits. Mais les créatures en sont distraites, tout comme elles le sont vis-à-vis de toutes les autres merveilles du cœur. Les merveilles du monde et les propos concernant la réalité de la vision font partie des plus subtiles sciences du dévoilement, et on ne peut les mentionner dans ce contexte [qui est celui] des sciences comportementales (‘ilm al-mu‘âmalât). On peut en mentionner ici un exemple pour t’en expliquer le but. Tu dois savoir que le cœur est comme un miroir qui réfléchit les images et les réalités des choses, et que tout ce que Dieu, Exalté soit-Il, a décrété depuis la création du monde jusqu’à sa fin est inscrit et persiste en une réalité que Dieu, Exalté soit-Il, a créée et qui est parfois appelée Table (Lawh), Livre évident (al-Kitâb almubîn) ou Guide évident (imâm mubîn), comme il est mentionné dans le Coran. Tout ce qui survient et qui surviendra dans le monde y est inscrit et gravé, mais demeure invisible à cet œil [physique]. Il ne faut surtout pas croire que cette Table soit en bois, en fer ou en os, ou encore que le Livre soit de papier ou soit un parchemin, mais ce dont tu dois être convaincu, c’est que la Table de Dieu ne ressemble pas aux tables des créatures et que Son Livre ne ressemble pas aux livres des créatures. Tout comme Son essence et Ses attributs ne ressemblent pas à ceux des créatures. Si tu cherches vraiment un exemple qui permette à ta compréhension de se rapprocher de ce genre de choses, sache alors que l’affermissement des destinées (thubût al-maqâdîr) est équivalent à la conservation des paroles et des lettres du Coran dans le cerveau et le cœur de celui qui mémorise le Coran. Il est inscrit en lui de sorte que quand il le récite, c’est comme s’il le regardait [de ses yeux], or si tu examines chaque partie de son cerveau, tu n’y trouveras aucune lettre [de ce qu’il récite]. C’est ainsi - là où il n’y a aucune ligne visible, ni aucune lettre discernable - qu’il faut entendre la nature de la Table où sont gravées toutes les choses destinées et décrétées par Dieu, Exalté soit-Il. La Table est comparable au miroir où apparaissent les images. Si on plaçait face à ce miroir un autre [semblable], les images du premier seraient aussi visibles dans le second, sauf si on met un voile entre les deux. Le cœur est un miroir qui accueille les formes de la science, et la Table est le miroir qui accueille toutes les sciences et qui y sont présentes [de manière certaine]. L’occupation du cœur par les passions et par ce que requièrent ses sens constitue un voile dressé entre lui et la possibilité de lire dans la Table qui, elle, appartient au monde des esprits. Si un vent souffle, déplace ce voile et le soulève, quelque chose du monde des esprits, tel l’éclair fugace, resplendit alors dans le miroir du cœur, il peut durer et persister ou ne pas durer et disparaître, et

cette dernière situation est la plus fréquente. Tant que l’individu est éveillé, il s’occupe de ce que lui procurent ses sens du monde du royaume et qui constituent un voile entre lui et le monde des esprits. Le sommeil signifie la torpeur des sens, de sorte qu’ils ne transmettent rien au cœur. Lorsque le cœur s’en libère, ainsi que de l’imagination, et qu’il s’est substantiellement purifié, le voile entre lui et la Table gardée est levé. Alors, quelque chose de la Table se dépose dans le cœur, comme l’image qui se transmet d’un miroir à un autre, quand le voile qui les sépare est levé. Toutefois, le sommeil empêche l’activité de tous les sens, mais pas celle de l’imagination (alkhayâl), ni son mouvement. Aussi, tout ce qui survient au cœur accourt vers l’imagination qui en façonne une copie s’y rapprochant, et les choses imaginées, s’imprimant bien plus solidement dans la mémoire que toutes les autres, y demeurent si profondément que, lors du réveil, l’individu ne se souvient que d’elles. Celui qui interprète les rêves doit donc considérer cette chose imaginée comme un récit (hikâya) ou encore un symbole, et l’interpréter en tenant compte de la correspondance qui existe entre la chose imaginée et le symbole qu’elle représente. Il y a de nombreux exemples clairs pour celui qui entend interpréter [les rêves], mais un seul suffit [pour bien comprendre nos propos] : un homme dit à Ibn Sirîn : « J’ai vu dans un rêve que je portais un sceau à la main avec lequel je scellais la bouche des hommes et le sexe des femmes. » Il lui dit : « Tu es un muezzin qui appelle à la prière avant l’aube durant le mois de ramadân. » Il répondit : « Tu dis vrai ! » Sache que l’essence du sceau consiste, dans ce cas, en l’empêchement (al-man‘) et c’est dans ce but qu’il est utilisé ici, et que la condition véritable de l’individu est dévoilée au cœur à partir de la Table gardée, c’est-à-dire [que cet homme] empêchait les gens de manger et de boire [durant la période de jeûne]. L’imagination a représenté l’empêchement par le sceau qui incarne cette idée, et il n’est demeuré dans la mémoire [de l’homme] que la forme imaginée. Ceci n’est qu’un simple et bref exemple de l’océan de la science de l’interprétation des rêves, dont les merveilles sont infinies. Comment en serait-il autrement dès lors [que le sommeil] est le frère de la mort, que celle-ci est une merveille d’entre les merveilles et qu’il existe une légère ressemblance entre les deux ? En effet, [le sommeil] comporte le soulèvement du couvercle du monde invisible, de sorte que le rêveur peut voir l’avenir. Que dire alors de la mort où le voile est déchiré et le couvercle complètement ôté, de manière à ce que l’individu défunt peut voir, sans attendre, son âme sujette aux tourments exemplaires, aux humiliations et aux ignominies – que Dieu nous en préserve ou encore, entourée de délices permanents dans un royaume infini ? En ce cas, il est dit aux damnés, lorsque le couvercle est ôté : « Tu étais insouciant à tout cela, mais Nous avons levé ton voile de sorte que ta vue aujourd’hui est perçante ! »347 ; et il sera dit : « Est-ce là de la sorcellerie ou estce vous qui ne voyez rien ? Brûlez-y ! Supportez-le ou ne le supportez pas, cela revient au même pour vous. Vous n’êtes rétribués que pour ce que vous avez fait ! »348 Et c’est aussi à eux que le Très-Haut fait allusion dans cet autre verset : « Alors leur apparaîtra, de la part de Dieu, ce dont ils n’avaient tenu compte. »349 Après la mort, le plus grand savant et le plus sage des philosophes se voient dévoilées des merveilles et des signes auxquels ils n’avaient jamais pensé et qui n’ont pas même effleuré leur conscience. Si l’individu raisonnable n’était pas sujet aux contrariétés et aux soucis, mais préoccupé par l’idée du péril représenté par cette condition et à ce qui lui sera dévoilé après la découverte du couvercle en fait d’infortune inévitable ou de bonheur permanent, cela suffirait à occuper [son esprit] toute sa vie durant.

Le plus surprenant, c’est notre insouciance face à des choses aussi importantes. Plus surprenant encore est notre joie pour nos richesses et nos familles, pour nos meubles et notre descendance, ou pis, pour nos membres, notre ouïe et notre vue, bien que nous ayons la certitude que nous nous séparerons de tout cela [bientôt]. Mais où est donc celui dont l’esprit de sainteté insuffle la crainte et qui répond comme l’a fait le seigneur des Prophètes : « Aime qui tu désires, tu en seras séparé ! Vis autant que tu voudras, tu mourras ! Fais ce qui te plait, tu en seras rétribué. »350 Certes, celui à qui cela est dévoilé à travers l’œil de la certitude, sera en ce monde comme un voyageur qui ne posera pas une brique sur une autre, ni de morceau de paille sur un autre, qui ne laissera ni dinar ni dirham derrière lui, et ne prendra personne pour ami intime ou compagnon. En effet, [le Prophète ] a dit : « Si je devais choisir un ami intime, ce serait certainement Abû Bakr, mais votre compagnon est l’ami intime du Miséricordieux. »351 Par ses mots, il a indiqué clairement que l’intimité avec le Miséricordieux avait envahi l’intérieur de son cœur et que son amour pour Lui avait dominé la substance (habbat) de son cœur, de sorte qu’il ne restait plus d’espace pour un autre ami ou compagnon. Il a dit à sa communauté : « Si vous aimez Dieu, suivez-moi, Dieu vous aimera. »352 Sa communauté est composée de ceux qui le suivent, et ceux qui le suivent sont ceux qui se sont détournés du monde pour se tourner vers l’audelà. Son appel [aux gens] était exclusivement destiné à [les tourner] vers Dieu et le Jour dernier, et il ne les a détournés que de ce monde et des fortunes éphémères. Aussi, à la mesure de ton désintérêt pour ce monde et de ton intérêt pour l’autre, tu emprunteras la voie qu’il a parcouru, et autant tu marcheras sur sa voie, autant tu le suivras, et autant tu le suivras, autant tu appartiendras à sa communauté. Et autant tu t’attaches à ce monde, autant tu te détournes de sa voie et du désir de le suivre, te joignant ainsi à ceux dont Dieu a dit : « Quant à celui qui se sera révolté et aura préféré la vie de ce monde, la Fournaise sera un refuge. »353 Ô homme, si tu sortais du piège de l’illusion et agissais convenablement – et nous sommes tous dans ce cas -, tu saurais alors que depuis ton réveil matinal jusqu’au soir, tu ne cesses de t’employer à ce qui n’est que vaine illusion, que tes déplacements et tes haltes ne sont effectués que pour ce qui est éphémère, et tu espères être compté demain parmi les gens de sa communauté et ses disciples. Ce que tu peux être loin de la vérité ! Et combien tes espoirs sont dérisoires ! « Traiterons-Nous ceux qui sont soumis à Dieu comme les criminels ? Qu’avez-vous donc à juger ainsi ? »354 Mais revenons donc à notre sujet car nous nous en sommes écartés, et mentionnons à présent certaines visions survenues durant le sommeil où ont été dévoilés les états des morts afin d’en tirer avantage. La prophétie est désormais interrompue et ne demeurent que les heureux présages (almubashirât) qui ne sont autres que des rêves prémonitoires (manâmât). [Exposition des rêves où sont dévoilés les états des morts, et des œuvres utiles dans l’autre monde] Parmi les visions, il y a celle que l’on a de l’Envoyé de Dieu et au sujet de laquelle il a dit : « Celui qui me voit dans son sommeil me voit réellement, car le diable ne peut revêtir ma forme. »355 ‘Umar b. al-Khattâb (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « J’ai eu une vision de l’Envoyé de Dieu durant mon sommeil et au cours de laquelle il ne me regardait pas. Je lui demandais : “Ô Envoyé de Dieu , qu’ai-je donc fait ?’ Il se tourna alors vers moi et dit : “N’as-tu pas embrassé [une

femme], alors que tu jeûnais ?” Je répondais : “Par Celui qui tient mon âme en Sa main, je n’embrasserai jamais plus une femme en état de jeûne !” ». Ibn ‘Abbâs (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « J’étais très proche de ‘Umar et je désirais le revoir [après sa mort] dans un rêve. Je ne le vis qu’à la fin de l’année, il essuyait la sueur de son front et disait : “Voici venu le temps du désœuvrement ! Mon trône se serait effondré si je ne L’avais trouvé plein de douceur et de miséricorde [à mon égard].” ». Al-Hasan b. ‘Alî (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « ‘Alî (que Dieu soit satisfait de lui) m’a dit : “L’Envoyé de Dieu m’est apparu en rêve cette nuit et je lui demandai : ‘Ô Envoyé de Dieu , qu’en est-il de ta communauté ?’ Il répondit : ‘Maudis-là !’ Je dis alors : ‘Ô mon Dieu, pour moi, remplace-les par ceux qui sont meilleurs qu’eux, et pour eux, remplace-moi par quelqu’un qui soit pire que moi.’” Puis, il sortit et fut poignardé par Ibn Muljam. »356 Un cheikh a dit : « L’Envoyé de Dieu m’est apparu [en rêve] et je lui ai dit : “Ô Envoyé de Dieu , demande pardon [à Dieu] pour moi !” Il se détourna de moi. Je dis alors : “Ô Envoyé de Dieu , Sufyân b. ‘Uyayna m’a rapporté de Muhammad b. al-Munkadir qui le tenait de Jâbir b. ‘Abd Allâh, que ‘tu n’as jamais refusé une demande !’”357 Il se tourna alors vers moi et dit : “Que Dieu te pardonne !” ». Al-‘Abbâs b. ‘Abd al-Muttalib (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « J’étais comme un frère pour Abû Lahab358 et je le fréquentais beaucoup. Lorsqu’il mourut et que Dieu parla de lui comme Il le fit, j’en fus très affligé et très inquiet de sa condition. J’ai prié Dieu, Exalté soit-Il, pendant près d’un an, pour qu’Il me le montre en rêve, et je le vis brûler en Enfer. Je lui demandai quel était son état et il répondit : “J’ai été conduit au châtiment de l’Enfer et, de toutes les nuits et tous les jours, mes souffrances ne sont allégées et apaisées que pendant la nuit du dimanche.” Je lui en demandai la raison et il répondit : “C’est la nuit où Muhammad naquit. Cette nuit là, une jeune esclave vint m’annoncer qu’Amina [sa mère] venait de lui donner naissance. Je fus tellement ravi de cette nouvelle, que j’affranchissais une de mes esclaves. Pour cela, Dieu m’a récompensé en interrompant mon châtiment tous les dimanches soirs.” ». ‘Abd al-Wâhid b. Zayd a dit : « Je me rendis une fois en pèlerinage en compagnie d’un homme qui ne s’asseyait pas, ne se levait pas, ne se déplaçait pas et ne s’arrêtait pas sans prier sur le Prophète . Je lui en demandai la raison et il répondit : “Je t’explique : lorsque je suis allé la première fois à La Mecque, en compagnie de mon père, nous fîmes halte dans une demeure et je m’endormis. Alors que je dormais, quelqu’un vint me réveiller et me dit : ‘Lève-toi, Dieu vient de donner la mort à ton père et lui a noirci la face.’ Je me levai alors épouvanté et soulevai le vêtement qui recouvrait son visage. Je le vis alors mort et le visage noir. J’en fus terrorisé et, alors que j’étais encore dans cet état, je m’endormis. Je vis alors [dans mon rêve] quatre individus noirs à la tête de mon père qui tenaient quatre pieux en fer. Soudain, un bel homme vêtu de deux morceaux d’étoffe de couleur verte apparut et leur dit : ‘Écartez-vous !’ Il essuya le visage [de mon père] de sa main, puis vint vers moi et dit : ‘Lève-toi. Dieu a blanchi la face de ton père.’ Je lui ai alors demandé : ‘Que mon père et ma mère soient ta rançon, qui es-tu ?’ Il dit : ‘Je suis Muhammad.’ Je me levai et découvrais le vêtement qui cachait le visage de mon père. Sa face était redevenue blanche. Depuis lors, je n’ai jamais plus abandonné la prière sur l’Envoyé de Dieu .” ». On rapporte que ‘Umar b. ‘Abd al-‘Azîz a dit : « J’ai vu l’Envoyé de Dieu , chez lui, en compagnie d’Abû Bakr et de ‘Umar (que Dieu soit satisfait d’eux). Je les saluai et m’assis. Alors que j’étais assis, on amena ‘Alî et Mu‘âwiya et on les conduisit dans une pièce dont on referma la porte,

pendant que je regardais. Soudain, ‘Alî sortit en tout hâte de la pièce et dit : “Par le Seigneur de la Ka‘ba, le jugement a été en ma faveur !’ Tout de suite après, Mu‘âwiya sortit à son tour et dit : ‘Par le Seigneur de la Ka‘ba, on m’a pardonné !” ». Une fois, Ibn ‘Abbâs (que Dieu soit satisfait de lui et de son père) se réveilla, prononça la formule coranique que l’on récite en cas de décès (istarja‘a)359, puis a dit : « Par Dieu, al-Husayn a été tué. » Il a dit cela bien avant le meurtre d’al-Husayn. Lorsque ses compagnons nièrent son affirmation, il dit : « J’ai vu l’Envoyé de Dieu , il portait un flacon de sang et m’a dit : “Sais-tu ce que ma nation a fait après ma mort ? Ils ont tué al-Husayn, mon fils, et ceci est son sang et celui de ses compagnons, que je brandis devant Dieu, Exalté soit-Il.” » La nouvelle de la mort d’al-Husayn n’arriva que vingtquatre jours après sa vision. On vit un jour en songe [Abû Bakr] al-Siddîq (que Dieu soit satisfait de lui) et on lui demanda : « Tu avais toujours ces propos sur ta langue : “Ceci m’a conduit aux sources !” Qu’a donc fait Dieu de toi? » Il répondit : « J’ai prononcé par elle [la langue] : ‘“Il n’y a nulle divinité en dehors de Dieu”, et Il m’a conduit au Paradis. » [Exposition des visions des maîtres, que Dieu leur fasse miséricorde] Un maître a dit : « J’ai vu Mutammim al-Dawraqî [en rêve] et je lui ai demandé : “Ô mon seigneur, qu’a donc fait Dieu de toi ?” Il répondit : “On m’a fait circuler dans les jardins et on m’a dit : ‘Ô Mutammim, y a-t-il ici une chose qui te réjouisse ?’ Je répondis : ‘Non !’ On me répondit : ‘Si tu avais trouvé quelque chose de réjouissant ici, Je t’aurais fait revenir vers elle et Je ne t’aurais pas fait parvenir à Moi.’” ». On vit un jour en songe Yûsuf b. al-Husayn et on lui demanda : « Qu’a donc fait Dieu de toi ? » Il dit : « Il m’a pardonné. » On demanda : « Pour quelle raison ? » Il répondit : « Je n’ai jamais mêlé les choses sérieuses aux plaisanteries. » Mansûr b. Ismâ‘îl a dit : « J’ai vu en songe ‘Abd Allâh al-Bazzâr et je lui ai demandé : “Qu’a donc fait Dieu de toi ?” Il répondit : « Il m’a mis face à Lui et m’a pardonné tous les péchés que j’ai avoué, sauf un que j’avais honte d’avouer. Il m’a plongé alors dans ma sueur, jusqu’à ce que la peau de mon visage soit tombée en lambeaux.” Je lui demandai quel était ce péché et il me répondit : “J’ai regardé un jour un beau garçon par lequel je fus attiré, mais j’ai eu honte de mentionner [ce péché] devant Dieu.” ». Abû Ja‘far al-Saydalânî360 a dit : « J’ai vu, dans un rêve, l’Envoyé de Dieu entouré de pauvres 361 [en Dieu] . Alors que nous étions ainsi disposés, le ciel se fendit et deux anges en descendirent. L’un d’eux portait dans sa main un récipient et le second, une carafe. Ils placèrent le récipient face à l’Envoyé de Dieu qui s’y rinça les doigts et ordonna qu’on les porte aux autres pour qu’ils en fassent autant. Lorsque mon tour arriva, l’un d’eux dit : “Ne verse pas sur ses mains, il n’est pas des leurs !” Je dis alors : “Ô Envoyé de Dieu , n’a-t-on pas rapporté que tu avais dit : “L’individu est avec ceux qu’il aime.’ ? Il répondit : “Certes.” J’ajoutai : “Ô Envoyé de Dieu , je t’aime et j’aime ces pauvres en Dieu.” Il ordonna alors : “Versez sur ses mains, car il est l’un d’eux.” ». Al-Junayd a dit : « Je me suis vu en rêve en train de discuter avec un groupe de personnes, lorsqu’un ange apparut et me dit : “Par quoi se sont rapprochés de Dieu, ceux qui jouissent de Sa proximité ?” Je répondis : “Par une œuvre cachée et fidèlement pesée.” Il s’en alla en disant : “Par Dieu, ce sont des propos heureux !” ». On vit un jour en songe Mujammi‘ et on lui demanda : « Comment vois-tu la chose? » Il répondit :

« J’ai vu les ascètes en ce monde, ils l’ont quitté en emportant le meilleur de ce monde et de l’autre. » Un homme de Syrie dit à ‘Alâ’ b. Ziyâd : « Je t’ai vu dans un rêve, et c’est comme si tu étais au Paradis. » Celui-ci quitta alors ses compagnons, se dirigea vers l’homme et dit : « Peut être que le diable voulait me séduire par quelque chose dont je fus protégé, aussi a-t-il délégué un homme pour me tuer. » Muhammad b. Wâsi‘ a dit : « La vision réjouit le croyant et ne le leurre pas. » Sâlih b. Bashîr a dit : « J’ai vu ‘Atâ’ al-Salimî 362 en rêve et je lui ai demandé : “Que Dieu te fasse miséricorde, tu étais souvent triste de ton vivant !” Il dit : “Par Dieu, cela m’a procuré, par la suite, un long repos et une joie pérenne.” Je lui demandai : “À quel niveau [du Paradis] te trouves-tu ?” Il dit : “Avec ceux que Dieu a comblés de Ses bienfaits : les prophètes, les véridiques, les martyrs, et les vertueux. Et quels compagnons que ceux-là !’363 On interrogea Zurâra b. Abû Awfâ364 dans un rêve : « Quelle est pour vous la meilleure œuvre? » Il répondit : « Le contentement (al-ridâ) et le bref espoir (qasr al-amal). » Yazîd b. Madh‘ûr a dit : « J’ai vu al-Awzâ‘î365 dans un rêve et je lui ai demandé : “Ô Abû ‘Amrû indique-moi une œuvre par laquelle je me rapprocherais de Dieu, Exalté soit-Il.” Il répondit : “Je n’ai trouvé là aucun degré supérieur à celui des savants, puis à celui des affligés (al-mahzûnîn).” Sur ce, Yazîd, qui était un homme très âgé, ne cessa de pleurer jusqu’à ce que ses yeux s’assombrissent.” » Abû ‘Uyayna a dit : « J’ai vu mon frère dans un rêve et je lui ai demandé : “Ô mon frère, qu’a donc fait de toi Dieu? » Il dit : « Il m’a pardonné tous les péchés que je Lui avais demandé de pardonner et n’a pas pardonné ceux que je ne Lui avais pas demandé de pardonner.” » ‘Alî al-Talhî a dit : « J’ai vu, dans un rêve, une femme qui ne ressemblait pas à celles du monde terrestre, et je lui demandai : “Qui es-tu ?” Elle répondit : “Une houri [du Paradis] (hawrâ’).” Je lui dis : “Épouse-moi !” Elle répondit : “Demande ma main à mon Seigneur et verse ma dot.” Je dis : “Quelle est donc [le montant de] cette dot ?” Elle répondit : “Garder ton âme de ses fléaux.” ». Ibrâhîm b. Ishâq al-Harbî366 a dit : « Je vis en rêve Zubayda et lui demandai ce que Dieu avait fait d’elle. Elle me répondit : “Il m’a pardonnée !” Je lui demandai : “Grâce à l’argent que tu as distribué sur le chemin de La Mecque ?” Elle dit : “Quant à l’argent dépensé lors du voyage à La Mecque, il est revenu à ses propriétaires légitimes, mais on m’a pardonné pour mon intention.” ». On vit Sufyân al-Thawrî dans un rêve après sa mort et on lui demanda ce que Dieu avait fait de lui. Il répondit : « J’ai mis un pied sur le Pont et le second au Paradis. » Ahmad b. Abû al-Hawârî367 a dit : « J’ai vu une jeune esclave dans un rêve et je n’avais jamais rien vu d’aussi beau. Son visage resplendissait de lumière. Je lui demandai : “D’où vient donc cette lumière qui inonde ton visage ?” Elle répondit : “Te souviens-tu de la nuit où tu as beaucoup pleuré ?” Je répondis : “Oui !” Elle ajouta : “J’ai pris tes larmes et je m’en suis essuyé le visage. Depuis lors, et comme tu peux le constater, mon visage n’a jamais cessé d’être lumineux.” ». Al-Kattânî a dit : « J’ai vu al-Junayd en rêve et lui demandai ce que Dieu avait fait de lui. Il répondit : “Les allusions se sont évanouies et les expressions ont disparues, et nous n’avons obtenu [que le mérite] de deux unités de prières [supplémentaires] que nous exécutions la nuit.” ». On vit Zubayda dans un rêve et on lui demanda ce que Dieu avait fait d’elle. Elle répondit : « Il

m’a pardonné pour avoir prononcé ces quatre formules : avec “il n’y a nulle divinité en dehors de Dieu”, je consume ma vie ; avec “il n’y a nulle divinité en dehors de Dieu”, j’entre dans ma tombe ; avec “il n’y a nulle divinité en dehors de Dieu’, je m’isole ; avec “il n’y a nulle divinité en dehors de Dieu”, je rencontre mon Seigneur. » On vit Bishr [al-Hâfi] dans un rêve et on lui demanda ce que Dieu avait fait de lui. Il répondit : « Dieu, Puissant et Majestueux, S’est montré Miséricordieux à mon égard. Puis, Il m’a dit : “Ô Bishr, n’as-tu pas honte – envers Moi - d’avoir eu une aussi grande peur de Moi ?” ». On vit Abû Sulaymân dans un rêve et on lui demanda ce que Dieu avait fait de lui. Il répondit : « Il m’a fait miséricorde et rien ne m’a été aussi nuisible que les allusions faites par les gens à mon sujet !» Abû Bakr al-Kattânî a dit : « J’ai vu en rêve le plus beau garçon que j’ai jamais rencontré. Je lui demandai : “Qui es-tu ?” Il répondit : “La crainte (al-taqwâ).” Je lui demandai : ‘“Et où habites-tu ?” Il dit : “Dans les cœurs affligés.” Je me tournai et j’aperçus une femme de couleur noire ?, je lui demandai : “Qui es-tu ?” Elle répondit : “La maladie (al-saqam).” Je lui demandai : “Et où habitestu ?” Elle répondit : “Dans les cœurs des joyeux vantards.” Je me réveillai et me promis de ne plus jamais rire, sauf nécessité. » Abû Sa‘îd al-Kharrâz368 a dit : « J’ai vu, dans un rêve, le diable bondir sur moi. Je saisis alors un bâton pour le frapper, mais il apparut sans crainte. Une voix dit alors : “Il ne craint pas cela, mais plutôt la lumière qui se trouve dans le cœur !” ». Al-Masûhî a dit : « J’ai vu le diable, dans un rêve, marcher nu. Je lui ai dit : “N’as-tu pas honte devant les gens ?” Il répondit : “Tu appelles cela des gens ? Par Dieu, s’ils l’étaient vraiment, je ne me jouerais pas d’eux tout le long de la journée, comme jouent les enfants avec une balle. Non, les gens sont autres, il s’agit de ceux qui ont accablé mon corps.” Et il m’indiqua nos compagnons, les soufis. » Abû Sa‘îd al-Kharrâz a dit : « À Damas, une fois, j’ai vu le Prophète en rêve; il était appuyé sur Abû Bakr et ‘Umar (que Dieu soit satisfait d’eux). Il vient vers moi, alors que je tenais un discours, frappa ma poitrine et dit : “Le mal qui se trouve dans ceci [le cœur] dépasse le bien !” ». Abû ‘Uyayna a dit : « J’ai vu, dans un rêve, Sufyân al-Thawrî au Paradis, il volait d’arbre en arbre en récitant : “Voilà ce pour quoi doivent œuvrer ceux qui œuvrent !’369 Je lui dis alors : “Fais-moi une recommandation !” Il répondit : “Réduis la fréquentation des gens !” ». Abû Hatim al-Râzî370 rapporte que Qabîsa b. ‘Uqba a dit : « Je vis Sufyân al-Thawrî dans un rêve et lui demandai ce que Dieu avait fait de lui. Il me répondit par ces vers : « J’ai contemplé mon Seigneur en face (kifâhan) et Il m’a dit : “Ô Ibn Sa‘îd, réjouis-toi car Je suis satisfait de toi ! Tu te montrais assidu [aux prières] dans les ténèbres de la nuit, [versant] la larme de l’amoureux et le cœur ferme. Choisis donc à présent le palais que tu désires, et rends-moi visite, car Je ne suis pas loin de toi.” ».

Al-Shiblî fut vu en rêve, trois jours après sa mort. On lui demanda ce que Dieu avait fait de lui et il répondit : « Il me contesta jusqu’au désespoir. Puis, lorsqu’Il vit mon désespoir, Il m’enveloppa de Sa miséricorde. » On vit Majnûn des Banû ‘Amir, dans un rêve, après sa mort. On lui demanda ce que Dieu avait fait de lui et il répondit : « Il m’a pardonné et a fait de moi une preuve contre les amoureux. » On vit al-Thawrî dans un rêve et on lui demanda ce que Dieu avait fait de lui. Il répondit : « Il m’a fait miséricorde. » On lui demanda : « Quelle est la condition de ‘Abd Allâh b. al-Mubârak371? » Il répondit : « Il est de ceux qui remontent vers leur Seigneur deux fois par jour. » On vit l’un d’eux et on l’interrogea sur sa condition, il répondit : « Ils nous ont soumis à un examen minutieux [de nos actions], se montrèrent généreux et nous libérèrent. » On vit Mâlik b. Anas dans un rêve et on lui demanda ce que Dieu avait fait de lui. Il répondit : « Il m’a pardonné pour une parole que disait ‘Uthmân b. ‘Affân (que Dieu soit satisfait de lui) lorsqu’il voyait des funérailles : “Gloire au Vivant qui ne meurt pas !” ». La nuit où al-Hassan al-Basrî mourut, on vit dans un rêve les portes du ciel s’ouvrir et on entendit une voix dire : « Al-Hassan al-Basrî est venu auprès de Dieu, et Il est satisfait de lui. » On vit al-Jâhiz372 dans un rêve et on lui demanda ce que Dieu avait fait de lui. Il répondit : « N’écris aucun mot de ta main, tu ne serais pas heureux de le voir au Jour de la Résurrection. » Al-Junayd vit le diable nu dans un rêve. Il lui dit : « N’as-tu pas honte devant les gens ? » Il répondit : « Ceux-là ne sont pas des gens ! Les gens sont plutôt ceux qui se trouvent dans la mosquée al-Shunayziyya373 et qui ont exténué mon corps et brûler mon foie. » Al-Junayd dit : « Une fois réveillé, je me rendis à la mosquée et y trouvai un groupe de personnes en méditation, la tête posée sur les genoux. Lorsqu’ils me virent, ils dirent : “Les propos du vil [le diable] ne doivent pas te tromper !” ». On vit al-Nasr Abâdhî374, dans un rêve, à La Mecque, après sa mort, et on lui demanda ce que Dieu avait fait de lui. Il répondit : « On m’a fait les reproches destinés aux nobles, puis je fus appelé : “Ô Abû al-Qâsim, y a t-il séparation après l’union ?” Je dis : “Non, ô Toi, le Tout-Majestueux !” Et aussitôt mis dans ma tombe, j’ai rejoint mon Seigneur. » ‘Utba al-Ghulâm vit dans son rêve une houri d’une grande beauté, qui lui dit : « Ô ‘Utba, je suis amoureuse de toi, ne fais donc aucune chose qui me conduirait à me séparer de toi. » ‘Utba lui dit alors : « J’ai divorcé définitivement de ce monde, sans possibilité de retour, jusqu’à ce que je vienne à toi. » Ayyûb al-Sakhtiyânî375 assista aux funérailles d’un pécheur, mais se tint à l’écart dans le vestibule afin de ne pas prier pour le mort. Un homme présent vit, plus tard, le défunt en rêve et lui demanda ce que Dieu avait fait de lui. Il lui répondit : « Il m’a pardonné. Dis à Ayyûb de ma part : “Si vous disposiez des trésors de la miséricorde de mon Seigneur, vous les serreriez de peur de les dépenser. Certes, l’homme est avare !” »376. Un tel a dit : « La nuit où mourut Dâwud al-Tâ’î377, j’ai vu une lumière et des anges qui montaient [au ciel] et d’autres qui descendaient. Je demandai : “Qu’est-ce donc que cette nuit ?”) On me répondit : “La nuit où Dâwud al-Tâ’î est mort. Le Paradis a été paré pour accueillir son esprit.” ». Abû Sa‘îd al-Shahâm a dit : « J’ai vu Sahl al-Sa‘lûkî378 dans un rêve et lui ai demandé : “Ô Maître…” Il m’interrompit : “Évite d’utiliser ce titre !” Je repris : “Qu’en est-il des états [spirituels]

que tu as vus [de ton vivant] ?” Il répondit : “Ils ne nous ont été d’aucune utilité.” Je lui demandai alors ce que Dieu avait fait de lui et il répondit : “Il m’a pardonné pour les réponses que j’ai apportées aux questions des gens du commun.” ». Abû Bakr al-Rashîdi a dit : « J’ai vu Muhammad al-Tûsî, le professeur, dans un rêve. Il me dit : “Dis à Abû Sa‘îd al-Saffâr al-Mu’addib : Nous ne nous détournions pas de l’Amour. Pour la vie, votre amour a été détourné, mais pas nous.” Lorsque je me réveillais, j’allai transmettre le message au destinataire, qui me dit : “Je me rendais sur sa tombe tous les vendredis, sauf ce vendredi.” ». Ibn Râshid a dit : « J’ai vu Ibn al-Mubârak dans un rêve après sa mort. Je lui ai demandé : “N’estu donc pas mort ?” Il répondit : “Si, effectivement !” Je lui dis : “Qu’a donc fait de toi Dieu ?” Il dit : “Il m’a accordé un pardon qui a englobé toute faute.” Je demandai : “Et Sufyân al-Thawrî ?” Il répondit : “Quelle fortune ! [Il est] ‘avec ceux que Dieu a comblés de Sa grâce : les prophètes, les véridiques, les martyrs, les vertueux. [Que ce sont là de beaux compagnons !]”” »379. Al-Rabî‘ b. Sulaymân a dit : « J’ai vu [l’imâm] al-Shâfi‘î (que Dieu lui fasse miséricorde), dans un rêve, après sa mort et lui ai demandé : “Ô Abû ‘Abd Allâh, qu’a donc fait de toi Dieu?” Il répondit : “Il m’a fait asseoir sur un piédestal en or, et m’a recouvert de perles brillantes.” ». La nuit de la mort de Hassan al-Basrî, un de ses compagnons entendit une voix dans son rêve qui disait : « “Certes, Dieu a préféré Adam, Noé, la famille d’Abraham, la famille de ‘Imrân, à tous les mondes.”380, et Il a préféré Hassan al-Basrî à ses contemporains. » Abû Ya‘qûb al-Qârî al-Daqîqî a dit : « J’ai vu, dans un rêve, un homme brun (âdam) de très grande taille que des gens suivaient. Je demandai : “Qui est cet homme ?” On me dit : “C’est Uways al-Qaranî381 (que Dieu soit satisfait de lui).” J’allai vers lui et lui demandai : “Conseille-moi, que Dieu te fasse miséricorde !” Son visage s’assombrit. Je persistai : “Je suis en quête de guidance, guide-moi, que Dieu te guide !” Il se tourna vers moi et dit : “Suis la miséricorde de ton Seigneur lorsque tu Lui manifestes ton amour, prends garde à Sa vengeance lorsque tu Lui désobéis et ne perds pas espoir en Lui ”’ Puis, il reprit son chemin en me laissant derrière. » Abû Bakr b. Abû Maryam a dit : « J’ai vu Waraqâ’ b. Bishr al-Hadramî dans un rêve. Je lui demandai : “Ô Waraqâ’, qu’as- tu fais ?” Il répondit : “J’ai été sauvé, après chaque effort !” Je dis : “Quelle est, selon toi, la meilleure œuvre?” Il répondit : “Pleurer par crainte de Dieu.“ ». Yazîd b. Na‘âma a dit : « Une jeune fille mourut de la peste. Son père la vit en rêve et lui dit : “Ô ma fille, parle-moi de l’au-delà !” Elle répondit : “Ô père, nous voilà dans une situation redoutable : nous savons, mais nous n’agissons plus, et vous agissez, sans savoir. Par Dieu, glorifier Dieu une ou deux fois, prier une ou deux unités de prière lorsque l’occasion se présente, m’est plus cher que le monde et ce qu’il contient.” ». Un compagnon de ‘Utba al-Ghulâm vit ce dernier en rêve et lui demanda ce que Dieu avait fait de lui. Il lui répondit : « Je suis entré au Paradis par cette invocation écrite dans ta maison. » À son réveil, l’homme vit sur une paroi de sa maison, inscrit par la main de ‘Utba, la formule suivante : « Ô Toi qui guide les égarés, Toi le Miséricordieux envers les pécheurs, Toi qui réduit la chute de ceux qui trébuchent, sois clément envers Ton serviteur, exposé à un grand danger, et envers l’ensemble des musulmans, et fais que nous soyons d’entre les vivants, les fortunés, ceux à qui Tu as accordé Tes faveurs parmi les prophètes, les véridiques, les martyrs et les vertueux. Amen, ô Seigneur des mondes ! » Mûsa b. Hammâd a dit : « J’ai vu Sufyân al-Thawrî au Paradis volant de palmier en palmier et

d’arbre en arbre ; je lui ai demandé : “Ô Abû ‘Abd Allâh, par quoi as-tu obtenu tout ceci ?’ Il dit : “Par le scrupule (al-wara‘)”. Je lui demandai : “Qu’en est-il de ‘Alî b. ‘Asim ”’ Il me dit : “Quant à lui, il s’en est fallu de peu qu’il devienne impossible à voir, car il est tel l’astre [filant]. » Un des hommes de la seconde génération de musulmans (al-tâbi‘în) vit le Prophète dans un rêve et lui demanda : « Ô Envoyé de Dieu , conseille-moi ! » Il lui dit : « Certes, celui qui ne se prémunit pas contre les défauts en possède, or la mort est souhaitable pour celui qui se trouve chargé de défauts. » [L’Imâm] al-Shâfi‘î (que Dieu lui fasse miséricorde) a dit : « Pendant de nombreux jours, une affaire alarmante et pénible à supporter m’affligea, dont seul Dieu, Puissant et Majestueux, était informé. Mais hier soir, un visiteur me rendit visite durant mon sommeil et me dit : “Ô Muhammad b. Idrîs, dis : ‘Ô mon Dieu, je ne peux procurer à mon âme ni avantage ni tort ni mort ni vie ni résurrection, et je ne peux prendre que ce que Tu me donnes, et ne peux être protégé que de ce que Tu me préserves ; ô mon Dieu, rends-moi possible l’accomplissement des actions et des propos que Tu aimes et que Tu agrées et accorde-moi une bonne santé.’ Une fois réveillé, je faisais cette invocation et avant la tombée du jour, Dieu, Puissant et Majestueux, exauça mes prières et me libéra de ce qui m’affligeait.” Faites donc ce genre d’invocations et ne les négligez pas ! » Voici donc certains dévoilements concernant l’état des morts et les œuvres qui rapprochent le plus près de Dieu. Mentionnons à présent ce qui attend le mort, depuis le soufflement dans la Trompe jusqu’à la décision finale : le Paradis ou l’Enfer. Et nous louons Dieu par la louange de ceux qui Lui rendent grâce !

SECONDE PARTIE MENTION DE LA CONDITION DES MORTS, DEPUIS LE SOUFFLEMENT DANS LA TROMPE JUSQU’À L’ÉTABLISSEMENT FINAL AU PARADIS OU EN ENFER, ET DES RISQUES ET DANGERS AUXQUELS EST EXPOSÉ LE DÉFUNT Dans cette partie, seront exposés : -

le soufflement de la Trompe ;

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l’aspect de la terre du rassemblement (al-mahshar) ;

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l'aspect de la sudation ;

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l’aspect de la longueur du Jour de la Résurrection (al-qiyâma) ;

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l’aspect du Jour de la Résurrection, de ses désastres et de ses noms ;

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l’aspect de l’interrogatoire (al-musâ’ala) sur les péchés ;

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l’aspect de la balance (al-mîzân) ;

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l’aspect de l’adversité et de la réparation des torts ;

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l’aspect du Pont (al-sirât) ;

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l’aspect de l’intercession (al-shafâ‘a) ;

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l’aspect du bassin (al-hawd) ;

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l’aspect de l’Enfer et de ses calamités, de ses tourments, de ses serpents et de ses scorpions ;

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l’aspect du Paradis et de ses délices, du nombre de ses jardins, de ses portes, de ses pièces, de ses parois, de ses fleuves, de ses arbres, et des vêtements, des couches et des lits de ses hôtes ;

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l’aspect de la nourriture des gens du Paradis ;

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l’aspect des houris et des jouvenceaux ;

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l’aspect de la vision de la face de Dieu, Exalté soit-Il ;

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chapitre sur la miséricorde de Dieu, Exalté soit-Il, et par lequel nous conclurons – si Dieu veut – le livre.

[Le soufflement dans la Trompe]

De ce qui précède, tu as compris la brutalité de la condition des morts durant leur agonie, de leur grande peur pour leur sort, des grandes épreuves auxquelles la vermine et les ténèbres de la tombe les soumettent, ainsi que [leur effroi] face aux questions de Munkir et Nakir et le danger du châtiment de la tombe qui attend ceux qui encourent Sa colère. Mais cela n’est rien devant les dangers qui les attendent quand il sera soufflé dans la Trompe (al-sûr), et le jour où ils seront rassemblés et exposés devant le Tout-Puissant pour être interroger autant sur ce qui est de peu d’importance que de ce qui, en revanche, est très important, et lorsque la balance [des actions] sera disposée pour connaître leur sort. Puis, lors de leur franchissement du Pont, tranchant et finement aiguisé, puis leur attente [angoissée] du verdict final : félicité ou damnation. Il s’agit de conditions et de calamités que tu dois impérativement connaître et en lesquelles tu dois avoir une foi résolue et sincère. Tu dois ensuite y réfléchir longuement afin d’inciter ton cœur à s’y disposer. La croyance au Jour dernier ne pénètre pas assez profondément dans le cœur de la plupart des hommes et n’y est pas fermement établie. Cela se confirme par la grande hâte qu’ils manifestent pour se préparer à affronter la chaleur de l’été et le froid de l’hiver et par leur négligence vis-à-vis de la chaleur de l’Enfer, de son froid glacial, ainsi que des épreuves et des calamités qu’il renferme. Lorsqu’on les interroge sur le Jour dernier, leur langue en confirme [l’existence], mais leur cœur y demeure distrait. Quiconque est informé que le repas posé devant lui est empoisonné, et reconnaît que son informateur dit la vérité, mais tend tout de même la main vers le plat pour en manger, croit ce dernier par sa langue et le contredit par son action. Or, la contradiction par l’action est plus éloquente que celle exprimée de la langue. Le Prophète a dit : « Dieu, Exalté soit-Il, a dit : “Le fils d’Adam M’a insulté, or il ne lui appartient pas de le faire, et il M’a accusé de mensonge, or il ne lui appartient pas de le faire. Quant à son insulte à Mon égard, c’est quand il affirme que J’ai un fils, et il M’accuse de mensonge lorsqu’il dit : “Il ne me ressuscitera pas comme Il l’a fait au commencement.’” »382. L’inaptitude de l’aspect intérieur de l’homme à parvenir en ce monde, à la conviction et à la croyance en la résurrection et au déploiement [des corps] est essentiellement dû à la faiblesse de leur compréhension de ce genre de choses. En effet, si on disait à un individu qui n’a jamais assisté à la reproduction des animaux, que l’être humain, doté de raison, de langage et de mobilité, a été créé par le Créateur à partir d’une « goutte de vil fluide », son intérieur se détournerait énergiquement de cette affirmation et il refusera d’y croire. C’est pour cette raison que Dieu, Exalté soit-Il, a dit : « L’homme ne voit-il donc pas que Nous l’avons créé d’une goutte [de sperme]; et le voilà devenu un adversaire manifeste ! »383 Et aussi : « L’homme pense-t-il qu’on le laissera libre ? N’a-t-il pas été une goutte de sperme fluide ? Ensuite elle est devenue un caillot de sang que Dieu a formé et façonné. De celui-ci, il a fait un couple, le mâle et la femelle. »384 Il y a dans les différentes merveilles de la création de l’homme et dans la composition variée et harmonieuse de ses membres, des merveilles bien plus grandes encore que celles de sa résurrection et de sa recréation. Comment peut-on nier encore, après avoir vu tous ces éléments créés, que cela puisse procéder de Son pouvoir et de Sa sagesse ? Si ta foi est faible, renforce-la en considérant le premier développement [de l’homme], car le second est analogue et bien plus facile [pour Lui]. Et si ta foi est forte, effraie ton cœur et mets-le en garde, et médite longuement en considérant toutes ces choses afin d’éliminer toute quiétude et repos de ton cœur, et te préparer à comparaître devant le Tout-Puissant.

Tu dois méditer d’abord sur le grand éclat qui frappe l’ouïe des habitants des tombes lors du soufflement dans la Trompe. Il s’agit d’un seul cri qui éventrera les tombes du côté de la tête des défunts, et les fera émerger, ensemble, d’une seule poussée. Imagine-toi en sortir le visage défiguré, couvert de la poussière de ta tombe, de la tête aux pieds, stupéfait par la puissance du choc et les yeux tournés vers l’appel. Les créatures se lèvent alors comme un seul homme de leur tombe où elles ont longtemps souffert, secouées par la terreur et l’horreur qui s’ajoutent à l’angoisse et à l’inquiétude qu’ils avaient et à leur longue attente de leur sort ultime, conformément à ce que Dieu, Exalté soit-Il, a dit : « On soufflera dans la trompe et tous les êtres des cieux et de la terre seront frappés par la foudre, sauf ceux pour qui Dieu en décidera autrement. Puis la trompe sonnera une autre fois, et voici que tous se dresseront et regarderont. »385 ; et : « Lorsque l’on sonnera de la trompette, ce jour sera un jour pénible, un jour peu facile pour les mécréants. »386 ; et : « Ils disent encore : “À quand la réalisation de cette promesse, si vous êtes véridiques ?” Ils n’attendront pas ! Un seul cri les saisira au milieu de leurs querelles. Ainsi, ils ne pourront ni faire leur testament ni retourner dans leurs familles. On soufflera dans la trompe, et voilà que de leurs tombes, ils se précipiteront vers leur Seigneur. “Malheur à nous !, s’écrieront-ils. Qui donc nous a arrachés à nos couches ?” C’est là ce que le Miséricordieux avait promis, et les envoyés disaient vrai ! »387. Si les défunts n’étaient exposés qu’à l’épouvante de ce choc, cela suffirait à susciter leur grande peur. Il s’agit d’un choc et d’un cri qui foudroie tous les habitants des cieux et de la terre – c’est-àdire qu’ils en meurent – sauf ceux que Dieu veut épargner parmi les anges. C’est pourquoi l’Envoyé de Dieu a dit : « Comment me réjouirais-je alors que celui qui est chargé de la Trompe a saisi la corne (al-qarn), a incliné la tête vers elle et a dressé ses oreilles dans l’attente de l’ordre de souffler ? »388 Muqâtil389 a dit : « La Trompe est la corne. Isrâfîl (que la Paix soit sur lui) pose ses lèvres dessus comme sur une trompette. L’ouverture de la corne est aussi grande que les cieux et la terre, et l’ange a le regard tourné vers le Trône attendant l’ordre de souffler le premier souffle. Lorsqu’il souffle, tous les habitants des cieux et de la terre sont foudroyés, c’est-à-dire que toutes les créatures animées succombent au terrible effroi qui les envahit, excepté celles que Dieu veut, comme Gabriel, Michel, Isrâfîl et l’ange de la mort. Puis, Il ordonne à l’ange de la mort de saisir l’esprit de Gabriel, puis celui de Michel et celui d’Isrâfîl. Puis, Il ordonne à l’ange de la mort de mourir à son tour. Après le premier soufflement dans la Trompe, toutes les créatures s’établissent dans le Barzakh390 pendant quarante ans; puis, Dieu, Exalté soit-Il, redonne vie à Isrâfîl et lui ordonne de souffler une seconde fois [dans la Trompe] conformément à Sa parole : « Puis on soufflera dans la trompe une autre fois, et voici que tous se dresseront et regarderont. »391 Ils seront debout sur leurs jambes regardant la Résurrection. L’Envoyé de Dieu a dit : « Lorsque j’ai reçu ma mission, on mandata aussi l’ange chargé de la Trompe qui l’approcha de ses lèvres et mit un pied devant l’autre dans l’attente de l’ordre de souffler. Craignez donc le soufflement ! »392 Réfléchis donc aux créatures, à leur humiliation, leur contrition et à leur résignation (istikân), suscitées par leur peur du choc [de la Résurrection] et par l’attente de leur sort funeste ou heureux, et au fait que tu seras au milieu d’elles, humilié et perplexe autant qu’elles. Si dans cette vie, tu faisais partie des privilégiés, des riches et des gratifiés, [sache que] les rois

de ce monde seront ce jour-là les individus les plus humiliés, les plus rabaissés et les plus insignifiants, et qu’ils seront piétinés comme les larves des fourmis. Puis, les bêtes sauvages viendront des montagnes et des déserts, tête baissée, et se mêleront aux gens. Bien qu’elles se soient montrées farouches [en ce monde], elles se montreront humbles, quand bien même elles ne sont souillées par aucun péché. Ce qui les a réunis, c’est la violence du choc et l’épouvante du soufflement [dans la Trompe], et cela les a distraits de toute fuite [des gens] et de [leur enclin naturel à] la solitude, et c’est ce qui est entendu par cette parole du Très-Haut : « Et lorsque les bêtes sauvages seront rassemblées […] »393. Puis, les démons désobéissants se présenteront, après leur rébellion et leur entêtement aveugle, humiliés et confondus par la peur de leur exposition devant Dieu, Exalté soit-Il, conformément à Sa parole : « Nous les rassemblerons tous, eux et les démons, puis Nous les présenterons agenouillés autour de l’Enfer. »394 Pense à ce que seront ton état et celui de ton cœur à ce moment là ?

Aspect de la terre du rassemblement Puis, considère comme ils seront conduits - après leur résurrection et leur rassemblement, corps et pieds nus, et incirconcis – à la terre du rassemblement (ard al-mahshar). C’est une terre blanche, parfaitement lisse et « sur laquelle tu ne verras ni relief ni dépression »395.Tu n’y verras rien de haut derrière lequel l’homme pourrait se cacher, ni de creux où il pourrait se dissimuler à la vue d’autrui. Il s’agit d’une seule plaine (sa‘îd) étendue [à perte de vue] où [les individus] seront conduits par groupes. Gloire à Celui qui rassemble les différentes catégories de créatures, de toutes les régions du monde, et les conduit vers le « jour où surviendra la première commotion (alrâjifa), suivie d’une seconde (al-râdifa) »396, la râjifa est le premier soufflement et la râdifa, le second. Il ne fait aucun doute que les cœurs trembleront ce jour-là et que les regards s’inclineront. L’Envoyé de Dieu a dit : « Au jour de la Résurrection, les gens seront rassemblés sur une terre aussi blanche et vierge (‘afrâ’) que de la farine pure où personne n’a laissé la moindre trace. »397 Le rapporteur de la tradition a dit : « “Al-‘ufra” est le blanc impur ; « pure » est ce qui est dépourvu d’écorce et de brins, et la « trace », c’est l’absence de construction et d’obstacle qui empêcherait la vue. Il ne faut pas croire que cette terre est semblable à celle de ce monde, elle n’a de commun avec elle que le nom. Le Très-Haut a dit : « Le Jour où la terre sera remplacée par une autre terre et où il en sera de même pour les cieux […] »398. [Commentant ce verset], Ibn ‘Abbâs (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « Elle sera augmentée et diminuée ; ses arbres, ses montagnes, ses vallées et tout ce qu’elle contient disparaîtra et elle sera tendue comme le cuir de ‘Ukâz399 pour former une terre blanche comme l’argent et sur laquelle on n’aura jamais versé de sang ni commis de faute. Le soleil, la lune et les étoiles disparaîtront des cieux. » Considère donc, ô malheureux, l’épouvante et l’intensité de ce jour ! Lorsque les créatures se réuniront dans cette plaine, que les étoiles se disperseront au-dessus d’elles, quand le soleil et la lune disparaîtront et plongeront la terre dans une obscurité totale. Alors que les créatures seront ainsi, le ciel se retournera au-dessus de leur tête, se fendra et, en dépit de son poids et de sa force, il se

désagrégera pendant cinq cents ans, alors que les anges se tiendront à ses extrémités et ses bords. Ô comme sera terrible à ton ouïe le bruit de sa désagrégation ! Et quelle grande frayeur, le jour où le ciel se fendra malgré sa robustesse et sa puissance ! Puis, il grondera et fondra comme le métal fondu mélangé à [une substance] jaunâtre et « deviendra écarlate comme le cuir tanné »400. « Ce jour-là, le ciel sera comme du métal fondu », « les montagnes comme des flocons de laine »401 et que s’emmêleront les « hommes tels des papillons éparpillés »402, avançant pieds et corps nus. L’Envoyé de Dieu a dit : « Les gens seront ressuscités les pieds et le corps nus, incirconcis, et plongés dans leur sueur jusqu’aux lobes de leurs oreilles. » la rapporteuse de la tradition, Sawda403, l’épouse du Prophète , s’exclama alors : « Ô Envoyé de Dieu , quelle honte ! Nous verrons-nous les uns les autres ? » Il répondit : « Les gens seront distraits de cela, car “ce jour-là, à chaque homme suffira ce qui le concerne. »404”»405 Aussi, révère le jour où les parties intimes seront dévoilées, où aucun tort ne sera commis par le regard ou en se retournant ! Comment en serait-il autrement, alors que certains ramperont sur le ventre et sur le visage sans pouvoir se retourner vers autrui. Abû Hurayra (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « L’Envoyé de Dieu a dit : “Les gens seront ressuscités en trois groupes : les cavaliers (al-rukbân), les marcheurs (al-mushât) et ceux qui marcheront sur leur visage.” Un homme dit alors : “Ô Envoyé de Dieu , comment marchent-ils sur leur visage ?” Il répondit : “Celui qui les fait marcher sur leurs jambes peut les faire marcher sur leur visage.” »406. Il est dans la nature humaine de nier ce à quoi elle n’est pas accoutumée. Si l’individu n’a jamais vu un serpent ramper sur le ventre, comme l’éclair fugace, il niera alors la possibilité de marcher sur autre chose que les jambes. De même que la marche sur les jambes est niée par celui qui ne l’a jamais vue. Garde-toi de nier les merveilles du jour de la Résurrection du fait qu’elles sont incomparables à celles de la vie terrestre, car si tu n’avais pas vu celles de cette dernière et qu’elles t’étaient montrées avant que tu ne les aies effectivement vues, tu les aurais aussi niées catégoriquement. Rends présent à ton cœur l’aspect que tu auras lorsque tu seras debout, nu, découvert, humilié, honteux, perplexe, hagard et dans l’attente du verdict qui t’annoncera la félicité ou le malheur, et considère avec grande précaution cet événement, car il s’agit vraiment de quelque chose de considérable.

[Aspect de la sudation] Réfléchis à la grande bousculade qui aura lieu lors du rassemblement des créatures, où se bousculeront les habitants des sept cieux et des sept terres d’entre les anges, les djinns, les humains, les démons, les bêtes sauvages, les fauves et les oiseaux, et quand le soleil se lèvera au-dessus d’eux, que sa température sera multipliée, que son ancienne douceur sera modifiée et quand il se rapprochera des crânes et se tiendra à une distance de deux arcs. Il n’y aura alors aucune ombre sur terre, exceptée celle du Trône du Seigneur des mondes et dont ne pourront jouir que les Rapprochés. Ainsi, certains seront à l’ombre du trône et d’autres exposés à la chaleur ardente du soleil, dont le chagrin et le malheur augmenteront à la mesure de l’augmentation des rayons du soleil. Puis, la grande mêlée et l’enchevêtrement des pieds feront que les créatures se bousculeront les unes les autres, et à cela s’ajouteront opprobre et honte lors du dévoilement [de leurs fautes] et leur comparution devant le Puissant du ciel.

L’incandescence du soleil, unie à la chaleur de leurs souffles et à la brûlure des cœurs - causée par les flammes de la honte et de la peur –, fait couler la sueur de chaque pore et la répand sur la plaine de la Résurrection. La sueur recouvre ensuite le corps à la mesure du degré [occupé par les créatures] auprès de Dieu. Certains auront de la sueur jusqu’aux genoux, d’autres jusqu’aux reins, d’autres encore jusqu’aux lobes des oreilles et enfin, d’autres y disparaîtront complètement. Ibn ‘Umar (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « L’Envoyé de Dieu a dit : “Le jour où les gens se dresseront devant le Seigneur des mondes, au point que certains disparaîtront sous leur sueur qui les recouvrira jusqu’au milieu de leurs oreilles.” »407 Abû Hurayra (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « L’Envoyé de Dieu a dit : “Au jour de la Résurrection, les gens sueront jusqu’à ce que leur sueur atteigne soixante-dix brasses (bâ‘) et qu’elle les engloutisse jusqu’aux oreilles.” »408, ainsi que l’ont rapporté Bukhârî et Muslim dans leur Recueil Authentique. Et dans une autre tradition, [le Prophète a dit] : « Ils seront debout et fixeront le ciel de leur regard pendant quarante ans, et l’intensité de leur supplice sera telle que la sueur les engloutira. »409 ‘Uqba b. ‘Amir410 a dit : « L’Envoyé de Dieu a dit : “Au jour de la Résurrection, le soleil se rapprochera tant de la terre que les gens sueront [copieusement]. Parmi les gens, il y aura ceux dont la sueur atteindra les chevilles, d’autres les tibias, d’autres encore les genoux, d’autres les cuisses, d’autres les hanches, d’autres la bouche.” Puis il leva la main et la posa sur sa bouche : “Et d’autres qui seront recouverts par leur sueur, et il mit sa main sur sa tête, – comme ceci.” »411. Pense donc, ô malheureux, à la sueur des gens du rassemblement et à leur grande souffrance ! Certains d’entre eux s’écrieront : « Seigneur, soulage-moi de cette peine et de cette attente, même par l’Enfer ! » Et tout cela aura lieu avant que le verdict et la peine ne soient proclamés. Toi aussi tu y seras sujet et tu ignores le niveau qu’atteindra ta sueur. Sache que la sueur transpirée engendrée par autre chose que la voie de Dieu - comme le pèlerinage, la guerre sainte, le jeûne, les veilles en prières, les allées et venues pour les besoins des musulmans, le fait d’affronter des difficultés pour ordonner le bien et interdire le mal – sera supplantée par la honte et la peur sur la plaine de la Résurrection, prolongeant ainsi tes souffrances. Si l’homme est assuré contre l’ignorance et la vanité, il découvre alors que la sueur provoquée par la fatigue, résultant des actes pénibles d’obéissance, est bien plus supportable et plus brève que la sueur suscitée par les épreuves et par l’attente de la Résurrection, car il s’agit d’un jour dont la gravité est immense et dont la durée est extrêmement longue.

L’aspect de la longueur du jour de la Résurrection (al-qiyâma) Ce sera le jour où les créatures seront immobiles, le regard figé, les cœurs brisés, muets et nul ne leur prêtera attention. Ils resteront ainsi pendant trois cent ans sans manger le moindre morceau de nourriture, boire une quelconque gorgée ou ressentir quelque fraîcheur. Commentant le verset suivant : « Le jour où les hommes se tiendront debout devant le Seigneur des mondes »412, Ka‘b et Qatâda ont dit : « Ils se tiendront debout pour une durée de trois cent ans. » Quant à ‘Abd Allâh b. ‘Umar, il a dit : « L’Envoyé de Dieu a récité ce verset, puis a dit : “Qu’en sera-t-il de vous, lorsque Dieu vous rassemblera comme on rassemble des flèches dans un carquois pendant cinquante mille ans, et qu’on ne vous prêtera pas attention ? ».413 Al-Hassan a dit : « Que penses-tu d’un jour où ils seront debout sur leurs jambes pendant

cinquante mille ans, sans manger le moindre morceau de nourriture ni boire une quelconque gorgée, de sorte que la soif lacèrera leur cou et que la faim enflammera leur ventre ? Et lorsqu’ils seront conduits, en Enfer, à une « source bouillante »414 dont la haute température est déjà prête et la brûlure intense, et qu’ils seront à bout de forces, ils s’adresseront alors les uns aux autres en quête de celui qui pourrait intercéder en leur faveur auprès de son Seigneur. Mais tous les prophètes auxquels ils s’adresseront les renverront en leur disant : “Laissez-moi, ma propre personne [d’abord] ! Moi [d’abord] ! Ma situation m’occupe plus que celle des autres !” Chacun d’eux se justifiera en évoquant la grande colère de Dieu, Exalté soit-Il, et leur dira : “Notre Seigneur est aujourd’hui dans une colère telle qu’Il ne l’a jamais été auparavant, ni ne le sera après !” Puis, notre Prophète intercédera en faveur de ceux pour qui [son intercession] est permise. « Ce jour-là, aucune intercession ne sera avantageuse, sauf celle de qui aura reçu une permission du Miséricordieux et de qui Il agréera les paroles. »415. Considère donc consciencieusement la longueur de ce jour et de la grande attente qui y est endurée, de sorte que ta patience face aux péchés, durant ta brève vie en ce monde, t’apparaisse plus facile à supporter. Et sache que celui qui espère patiemment la mort de son vivant, en raison des grandes épreuves que lui fait endurer sa lutte contre les passions, aura une attente plus brève ce jour-là. En effet, interrogé sur la longueur de ce jour, l’Envoyé de Dieu a dit : « Par Celui qui tient mon âme dans Sa main, il sera rendu si supportable au croyant, qu’il lui semblera encore plus facile que la prière rituelle qu’il accomplissait en ce monde. »416 Efforce-toi donc de compter parmi ces croyants, car tant qu’il te reste un souffle de vie, ta disposition et ton sort sont entre tes mains. Œuvre durant tes courtes journées pour celles bien plus longues, tu y gagneras au change et cela te procurera une joie infinie. Dédaigne ta vie et celle du monde – dont la durée est de sept mille ans –, car si tu restais en vie pendant sept mille ans pour te libérer d’un jour dont la longueur est de cinquante mille ans, ton gain serait immense et ton effort facile.

L’aspect du jour de la Résurrection, de ses désastres et de ses noms Prépare-toi, ô malheureux, pour ce jour dont l’affaire est grave, la durée très longue, le pouvoir dominant, le terme proche, ce jour où tu verras le ciel se séparer, les astres – par crainte de cet événement - se disperser, les étoiles filantes se ternir, le soleil se renverser, les montagnes être déplacées, les chamelles pleines ignorées, les bêtes sauvages rassemblées, les océans en ébullition, les âmes unies aux corps une nouvelle fois, les flammes de l’Enfer attisées, le Paradis rapproché, les monts soufflés et la terre étendue. Ce jour-là, tu verras la terre trembler de son tremblement et cracher son contenu ; « Ce jour-là, les hommes surgiront par groupes pour que leur soient montrées leurs œuvres. »417 « […] La terre et les montagnes seront emportées et pulvérisées d’un seul coup. Ce jour-là surviendra l’événement, le ciel se fendra et, ce jour-là, il sera fragile. Les anges se tiendront sur ses confins et, ce jour-là, huit d’entre eux porteront au-dessus d’eux le trône de ton Seigneur. Ce jour-là, vous serez exposés sans qu’aucun de vos secrets ne reste caché. »418. « Le jour où les montagnes seront mises en mouvement et que tu verras la terre nivelée comme une plaine […]. »419, « […] les montagnes voleront en éclats et seront une poussière disséminée. »420 ; « Le jour où les hommes seront comme des papillons éparpillés, et les montagnes semblables à de la laine cardée. »421 « Ce jour-là, vous le verrez, toute nourrice

abandonnera son nourrisson et toute femme enceinte accouchera. Tu verras les hommes en état d’ivresse alors qu’ils ne seront pas ivres; mais le châtiment de Dieu est sévère ! »422 « Le jour où la terre sera remplacée par une autre terre et où il en sera de même pour les cieux, les hommes comparaîtront devant Dieu, l’Unique, l’Invincible. »423. « Le jour où les montagnes seront soufflées en poussière et laissées telle une plaine dénudée, sur laquelle tu ne verras ni relief ni dépression. »424. « Tu verras les montagnes, que tu croyais inertes, défiler comme défilent les nuages. »425. « Ce jour-là, le ciel se fendra et les montagnes [flotteront] comme des flocons de laine. »426. « Ce jour-là, nul homme et nul djinn ne sera interrogé sur ses péchés. »427. « Le jour où on interdira au pécheur de parler et on ne l’interrogea pas sur ses crimes, mais on le saisira par les mèches de cheveux et les talons. »428. « Le jour où chaque âme sera confrontée à ce qu’elle aura fait de bien et à ce qu’elle aura fait de mal, elle souhaitera qu’une longue distance la sépare du mal qu’elle aura commis. »429 Le jour où chaque âme saura ce qu’elle aura apporté, et témoignera de ce qu’elle aura présenté et de ce qu’elle aura reporté. Le jour où les langues se tairont et les membres parleront. Le jour où les chevelures blanchiront, comme l’a mentionné le seigneur des envoyés après que le Véridique [Abû Bakr] lui ait dit : « Je vois ta chevelure blanchir ! » et qu’il lui ait répondu : « [La sourate] Hûd et ses sœurs m’ont blanchi les cheveux. »430. C’est-à-dire [les sourates] « L’Événement », « Les Envoyées », « L’Annonce » et « Le Repli »431. Ô lecteur impuissant, ton lot ne consiste donc qu’à marmonner le Coran et à remuer ta langue ? Si tu réfléchis attentivement à ce que tu lis, ta bile serait assaillie par cela même qui a blanchi la tête du seigneur des envoyés . Si le simple mouvement de ta langue, durant ta récitation, te satisfait, alors tu te prives du fruit même du Coran. La Résurrection est une des choses les plus terrifiantes parmi celles mentionnées dans le Coran. Dieu a décrit certaines de ses calamités et lui a donné divers noms afin qu’à travers ces derniers, nous en saisissions les multiples significations. Le but de cette multiplicité n’est pas la [simple] répétition de noms et de titres, mais d’éveiller les détenteurs d’un cœur sain. Derrière chacun des noms de la Résurrection se cache un secret, et derrière chacun de ses attributs se cache une signification. Efforce-toi donc de connaître ces significations !

[Les noms de la Résurrection] Le jour de la Résurrection, du regret, du remords, de la comptabilité, du questionnement, de la course, de la dispute, de la compétition, du tremblement, de l’écrasement, de la défaillance, de l’événement, du grand coup, du premier soufflement dans la Trompe, du second soufflement dans la Trompe, du recouvrement, du Malheur, de l’événement imminent, de l’inéluctable, de la catastrophe, du hurlement, de l’unification, de la séparation, de la conduite, des représailles, de l’interpellation, des comptes, du retour, du châtiment, de la fuite, de la décision, de la rencontre, de la permanence, du verdict, de la rétribution, de l’épreuve, des pleurs, du rassemblement, du rendez-vous, de l’exposition, de la pesée, de la vérité, du jugement, du décret définitif, de la réunion, de l’envoi, du succès, de l’humiliation, le jour immense, aride, pénible, de la rémunération, de la certitude, du surgissement, de la destinée, du soufflement, du cri, du frémissement, du secouement, du reproche, de

l’ivresse, de la terreur, de l’angoisse, du terme, du refuge, de l’heure, du moment établi, de l’embuscade, de l’inquiétude, de la sudation, du besoin, de la poursuite, de la dispersion, du désagrégement, de la halte, de la sortie, de l’éternité, de la tricherie réciproque, du renfrognement, du jour connu, de l’heure, du jour promis et témoigné sur lequel il n’y a aucun doute, où les secrets sont divulgués, où aucune âme n’en compensera une autre, où les regards seront tournés vers le haut, où aucun maître ne pourra être un secours pour un autre, où aucune âme ne pourra rien en faveur d’une autre, où ils seront convoqués en Enfer, où ils seront traînés dans les flammes sur leur visage, où leur visage sera retourné en Enfer ; le jour où aucun père ne pourra rien pour son fils, où l’individu fuira son frère, sa mère et son père, où ils ne pourront s’exprimer et il ne leur sera pas permis de s’excuser, où il n’y aura aucun refuge contre Dieu, où ils se dresseront, où ils seront mis à l’épreuve du feu, où ni fortune ni descendance ne seront utiles, où les excuses des injustes ne leur seront d’aucun avantage, mais ils seront plutôt maudits et destinés à une demeure funeste ; le jour où les excuses seront rejetées, les secrets divulgués, les consciences mises à nu et les voiles découverts, où les regards s’abaisseront, les voix se tairont et le fait de se retourner sera rare, où les choses cachées jailliront et les fautes apparaîtront, où les serviteurs et leurs témoins seront traînés , où le jeune aura les cheveux blanchis et le vieux sera ivre. Ce jour-là, les balances seront mises en places et les parchemins publiés, les flammes de l’Enfer seront rapprochées et son eau mise à ébullition, l’Enfer gémira et les incroyants désespéreront, les feux seront pressés et les visages ternes, la langue se taira et les membres s’exprimeront. « Ô toi, l’homme ! Qu’est-ce donc qui t’a abusé au sujet de ton Seigneur très Généreux »432, de sorte que tu as fermé les portes, tu as baissé les rideaux et que tu t’es ignoblement écarté des gens. Que comptes-tu faire à présent alors que tes membres témoigneront contre toi ? Malheur à nous, malheur à nous, nous autres insouciants ! Il nous envoie le seigneur des messagers et lui révèle le Livre évident, Il nous informe de toutes les qualités et les attributs du jour de la rétribution, puis nous informe de notre insouciance en disant : « Le règlement de leurs comptes approche pour les hommes, mais, dans leur insouciance, ils s’en détournent. Il n’est aucun nouveau rappel qui leur parvienne de leur Seigneur sans qu’ils l’écoutent en s’en jouant. Leurs cœurs sont frivoles […] »433. Puis, Il nous informe de l’imminence de la Résurrection en disant : « L’Heure se rapproche et la lune se fendra ! »434, et : « Ils la voient loin, alors que Nous le voyons toute proche. »435, et : « Qui donc pourrait te faire savoir s’il se peut que l’Heure soit proche ? »436. Le mieux que l’on puisse faire, c’est de mettre en pratique l’étude de ce Coran, car nous n’avons pas suffisamment médité ses significations, considéré les nombreux aspects de ce jour, ses noms, ni ne nous sommes préparés à nous libérer de ses épreuves. Nous nous réfugions en Dieu contre cette distraction et [L’implorons] de nous comprendre dans Son infinie miséricorde.

Aspect de l’interrogatoire sur les péchés Ô malheureux, réfléchis ensuite, après ces états, aux questions qui te seront posées oralement (shafâhan) et sans interprète (turjumân). Tu seras interrogé sur le peu et le beaucoup, ainsi que sur ce qui est minuscule (naqîr) et ce qui est dérisoire (qitmîr). Alors que tu seras soumis aux tourments de la Résurrection, à la sudation [qu’elle comporte] et à ses immenses épreuves, des anges aux corps immenses et aux formes puissantes, colossales et terribles descendront des contrées célestes, après avoir reçu l’ordre de traîner les criminels par le toupet jusqu’au lieu de comparution devant le Tout-Puissant.

L’Envoyé de Dieu a dit : « Dieu, Puissant et Majestueux, a un ange dont la distance qui sépare les deux yeux correspond à cent ans de marche. »437 Qu’en sera-t-il donc de toi lorsque tu verras ce genre d’anges que l’on aura envoyé à toi pour te conduire au lieu de la comparution ? Tu les verras alors, en dépit de leur gigantesque forme, s’incliner humblement du fait de la gravité de ce jour et de leur perception du courroux manifesté par le Tout-Puissant envers Ses serviteurs. À leur descente, tous les prophètes, les véridiques et les saints s’effondreront à genoux, de crainte d’être celui que l’on devra saisir. Ceci est l’état des rapprochés, que dire alors des rebelles criminels ? À cet instant, des groupes d’individus, saisis d’effroi, se hâteront de demander aux anges : « Est-ce que notre Seigneur se trouve parmi vous? » Car ils sont abusés par le lustre du cortège et par leur apparence effrayante. Les anges sont alors consternés par cette question sachant que leur Créateur est bien trop élevé pour figurer dans leurs rangs. Ils hurlent alors l’éminence de leur Souverain qui transcende tout ce que s’imaginent les gens de la terre et disent : « Gloire à notre Seigneur ! Il n’est pas parmi nous, mais viendra plus tard. » Puis, les anges se dressent et se mettent en rang, fixant du regard et de tous cotés les créatures, dont le visage de chacun révèle humiliation, opprobre, peur et épouvante de ce jour. Puis, Dieu confirme Sa parole : « Nous interrogerons ceux à qui des envoyés ont été dépêchés et Nous interrogerons aussi les Envoyés. Nous leur relaterons leur chronique en toute connaissance, car Nous n’étions pas absent. »438 Et : « Par ton Seigneur ! Nous les interrogerons tous sur ce qu’ils faisaient. »439 Dieu, gloire à Lui, commencera alors par les prophètes : « Le jour où Dieu rassemblera les envoyés et leur dira : “Que vous a-t-on répondu ?”, ils diront : “Nous ne savons rien ! Toi seul es, en vérité, le Parfait Connaisseur des mystères.” »440. Qu’il sera dur ce jour où l’intelligence des prophètes sera abasourdie et où l’effroi écrasant effacera leurs connaissances ! Lorsqu’il leur sera demandé : « Ô vous que Nous avons mandaté aux créatures, qu’avez-vous à répondre ? » Bien que sachant la réponse, leur esprit demeure interdit et ils ne savent quoi dire. Leur effroi est tel qu’ils répondent : « Nous ne savons rien ! Toi seul es, en vérité, le Parfait Connaisseur des mystères. » Leur réponse est alors vraie, car leur raison s’est envolée et leurs connaissances, effacées, et ils demeurent ainsi jusqu’à ce que Dieu, Exalté soit-Il, leur apporte Son assistance. [Le Prophète] Noé (que la Paix soit sur lui) est alors appelé et on lui demande : « As-tu transmis? » Il répondra : « Oui ! » On dira à sa nation : « Vous a-t-il transmis? » Ils répondront : « Aucun avertisseur n’est venu à nous ! » Puis, on ramènera Jésus (que la Paix soit sur lui) et Dieu, Exalté soit-Il, lui dira : « Ô Jésus, fils de Marie ! Est-ce toi qui as dit aux hommes : “Prenez-moi, ainsi que ma mère, pour deux divinités en dehors de Dieu?” » 441 La gravité de cette question le tourmentera pendant des années. Quel terrible jour que celui où même les prophètes seront soumis à de telles questions ! Puis les anges viendront et appelleront un à un : « Ô Untel, fils d’Unetelle, hâte-toi vers le lieu de comparution ! », les raisons sont alors en émoi, les corps saisis de tremblements et les intellects annihilés. Certains préféreront même être jetés en Enfer plutôt que ne soit dévoilée leur turpide devant le Tout-Puissant, et que leur inconduite ne soit mise à nu devant les créatures ! Et avant le commencement de l’interrogatoire, apparaît la lumière du Trône : « La terre brillera de la lumière de son Seigneur. »442. Et le cœur de chaque serviteur est alors certain de l’arrivée du Tout-Puissant pour l’interroger, et chacun pense que nul autre ne Le voit et qu’il est le seul à être saisi pour l’interrogatoire, en dehors de tout autre.

Le Tout-Puissant, qu’Il soit Glorifié et Exalté, dira alors : « Ô Gabriel, apporte-Moi l’Enfer ! » Gabriel s’y rend et lui dit : « Ô Enfer, réponds à ton Créateur et à ton Souverain ! » Gabriel trouve alors l’Enfer furieux et colère. Il ne tarde pas à obéir, en se mettant à flamboyer, bouillir, gémir et à aspirer avidement aux créatures qui entendent clairement son exaspération et ses gémissements. Les gardiens [de l’Enfer] se dressent alors furieux vers les créatures qui ont désobéi à Dieu, Exalté soitIl, et se sont rebellées contre Lui. Rends présent à ta raison et à ton cœur cet état dans lequel se trouve le cœur des créatures remplies d’effroi et d’épouvante, qui s’écrouleront sur leurs genoux et pour lesquelles « tu verras chaque communauté agenouillée »443. Certains tomberont sur le visage, les rebelles et les iniques hurleront des imprécations, et les véridiques diront : « Moi, moi ! » Alors qu’ils seront dans cette situation, l’Enfer gémira une seconde fois, leur peur redoublera d’intensité et leurs forces les abandonneront, car ils croiront qu’ils devront y être saisis. Puis, l’Enfer gémira une troisième fois et les créatures s’écrouleront sur leur visage, et élèveront humblement et craintivement leurs regards ; le cœur des injustes se brisera alors et remontera jusqu’à leur gorge. Et la raison des chanceux, autant que celle des malheureux, sera effarée. Dieu, Exalté soit-Il, apparaîtra alors aux envoyés et leur dira : « Que répondez-vous? » Lorsqu’ils verront ce à quoi sont soumis les prophètes, la peur des rebelles redoublera d’intensité : le père fuira son fils, le frère son frère, l’époux son épouse et chacun attendra son affaire. Puis, un à un, ils seront conduits et interrogés oralement par Dieu, Exalté soit-Il, sur leurs petites et leurs grandes actions, sur leurs secrets et ce qui est manifeste, et sur l’ensemble de leurs organes et leurs membres. Abû Hurayra (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « On demanda à l’Envoyé de Dieu : “Ô Envoyé de Dieu, verra-t-on notre Seigneur au jour de la Résurrection?” Il répondit : “Votre vue est-elle obstrué, lorsque vous regardez le soleil à son zénith et qu’aucun nuage ne le couvre?” Ils répondirent à l’unisson : “Non !” Il dit : “Votre vue est-elle obstruée, lorsque vous regardez la lune quand elle est pleine et qu’aucun nuage ne la couvre?” Ils répondirent à l’unisson : “Non !” Il dit alors : “Par Celui qui tient mon âme en Sa main, rien ne vous empêchera de voir votre Seigneur. Il viendra à la rencontre du serviteur et lui dira : ‘N’ai-Je pas été Généreux à ton égard, ne t’ai-Je pas honoré, ne t’ai-Je pas accordé un conjoint, ne t’ai-Je pas soumis les chevaux et les chameaux, et ne t’ai-Je pas accordé maîtrise et autorité?’ Le serviteur répondra alors : ‘Oui !’ [Dieu] lui dira alors : ‘Ne pensais-tu pas Me rencontrer?’ [Le serviteur] répondra : ‘Non.’ [Dieu] lui dira : ‘Je t’oublierai donc comme tu M’as oublié !’” »444. Ô malheureux, pense à ton âme, lorsque les anges te saisiront par les bras et que tu seras debout devant Dieu, Exalté soit-Il, et qu’Il t’interrogera directement en disant : « Ne t’ai-Je pas accordé la jeunesse, à quoi l’as-tu usée? Ne t’ai-Je pas accordé une longue vie, à quoi l’as-tu employée? Ne t’ai-Je pas accordé des biens, d’où te sont-ils venus et à quoi les as-tu dépensés? Ne t’ai-Je pas honoré par la science, qu’as-tu donc fait de ce que tu savais? » Dans quel état de honte et d’humiliation seras-tu lorsqu’Il énumérera les grâces qu’Il t’a faites et tes œuvres de désobéissance, Son secours et tes fautes? Et si tu oses nier, tes membres témoigneront alors contre toi ! Anas [b. Mâlik] (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « Nous étions avec l’Envoyé de Dieu lorsqu’il se mit à rire, puis nous demanda : “Savez-vous ce qui me fait rire?” Nous répondîmes : “Dieu et Son Envoyé sont plus savants !” Il dit : “À la réponse que donnera le serviteur à son Seigneur, il lui dira : ‘Ô Seigneur, ne m’as-Tu pas écarté des fautes ?” Il lui répondra : ‘Certes.’

Puis, le serviteur ajoutera : ‘Je n’admettrai donc pas qu’on témoigne contre moi, excepté moimême.’ [Dieu] dira alors : ‘[Lis donc ton livre !] Il suffit aujourd’hui que ton âme fasse ton décompte’445, ainsi que les Nobles Scribes.’ Puis, un sceau est posé sur sa bouche et on ordonnera aux parties de son corps de parler. Elles témoigneront alors sur ses actes. Puis, la parole lui est à nouveau restituée et il dira à ses parties : ‘Loin de moi ! Soyez maudits ! Je m’efforçais de vous défendre !’” »446. Nous nous réfugions en Dieu contre le témoignage défavorable et humiliant de nos membres en présence des créatures. Mais Dieu, Exalté soit-Il, [dans Son infinie Bonté] a promis au croyant de cacher ses fautes aux autres. Un homme demanda à Ibn ‘Umar (que Dieu soit satisfait de lui) : « Qu’as-tu entendu l’Envoyé de Dieu dire en privé? » Il répondit : « L’Envoyé de Dieu disait : “L’individu sera si proche de son Seigneur qu’Il le ceindra de Sa protection et lui dira : ‘Tu as fais ceci et cela.’ Il Lui répondra : “Oui !” Puis, Dieu lui dira encore : “[Et] tu as fais ceci et cela.” Il Lui répondra : “Oui !” Dieu dira alors : “J’ai dissimulé pour toi [tes fautes] en la vie terrestre et Je te les pardonne aujourd’hui.” »447 L’Envoyé de Dieu a dit : « Celui qui couvre l’intimité d’un croyant se verra recouvrir la sienne le jour de la Résurrection. »448 On attend donc du serviteur croyant qu’il cache les défauts des gens, qu’il tolère leurs omissions, qu’il taise leurs fautes et qu’il ne mentionne pas en leur absence ce qu’ils détestaient entendre. Cette digne attitude appelle une récompense équivalente au jour de la Résurrection. À supposer que l’individu cache [les défauts] d’autrui, est-ce que le choc de ton ouïe – en guise de sanction pour tes péchés - lors de la comparution ne te semble pas suffisamment effroyable ? Tu seras saisi et conduit par le toupet, ton cœur chancellera, ta partie la plus profonde (lubb) s’envolera, tes membres trembleront, tes extrémités frémiront, ton teint variera et l’intensité de la catastrophe fera sombrer le monde dans une totale obscurité. Pense donc à cette situation où tu enjamberas les cous, où tu perceras les rangs alors qu’on te conduira, sous le regard des créatures, comme on conduit un cheval sauvage. Imagine donc ton aspect entre les mains des [anges] à qui on t’a confié, jusqu’à ce que tu sois conduit et jeté devant le Trône du Miséricordieux et que Dieu, Puissant et Majestueux, t’interpelle par Son auguste parole : « Ô fils d’Adam, approche-toi de Moi. » Tu t’approcheras alors de Lui, le cœur palpitant, humble et consterné, l’œil avili et effacé, et la poitrine brisée, et on te remettra ton « livre qui ne laisse aucune chose, petite ou grande, sans la recenser »449. Que de fautes oubliées te seront rappelées ! Que d’œuvres d’obéissance négligées te seront alors dévoilées ! Bien grands seront alors ton avilissement et ta honte; et que de contrainte et d’impuissance [ce jourlà]. Malheur à toi, sur quel pied te présenteras-tu entre Ses mains et avec quelle langue Lui répondras-tu? Avec quel cœur accueilleras-tu tes propos? Pense donc à l’opprobre qui te recouvrera, lorsqu’Il te rappellera directement tes péchés en te disant : « Ô Mon serviteur, n’éprouves-tu donc aucune honte à Mon égard : tu M’as défié par ce qui est immonde, alors que tu as eu honte de Mes créatures et tu ne leur as montré que ce qui est beau? Serais-Je donc moins important à tes yeux que l’ensemble de Mes serviteurs? Tu as pris à la légère Ma considération et tu as montré un grand respect pour celle d’autrui. Ne t’ai-Je pas accordé des bienfaits? Qu’est-ce donc qui t’a abusé au point de penser que Je ne te voyais pas et que tu ne Me rencontrerais pas? » L’Envoyé de Dieu a dit : « Chacun d’entre vous sera interrogé par Dieu, le Seigneur des mondes, et il n’y aura entre Lui et vous aucun voile ni interprète. »450

Il a dit aussi : « Chaque individu se tiendra devant Dieu, Puissant et Majestueux, sans qu’il n’y ait entre eux aucun voile : Il lui dira : “Ne t’ai-Je pas accordé des bienfaits? Ne t’ai-Je pas donné des biens?” L’individu répondra : ‘“Oui !” Il lui dira : “Ne t’ai-Je pas envoyé un messager?” L’individu répondra : “Oui !” Puis, il regardera à sa droite et y verra l’Enfer, puis, à sa gauche et y verra encore l’Enfer. Que chacun d’entre vous se protège de l’Enfer, ne serait-ce que par la moitié d’une datte. S’il n’en trouve pas, qu’il dise alors une belle parole ! »451 Ibn Mas‘ûd a dit : « Chacun d’entre vous sera seul avec Dieu, Puissant et Majestueux, tout comme vous êtes seuls avec la lune, une nuit de pleine lune. Puis, Il dira : “Ô fils d’Adam, qu’est-ce donc qui t’a abusé sur Mon compte? Ô fils d’Adam, pourquoi n’as-tu pas fait ce que tu savais? Ô fils d’Adam, qu’as-tu répondu aux messagers? Ô fils d’Adam, ne veillais-Je donc pas sur ton œil lorsque tu regardais ce qui était illicite? Ne veillais-Je donc pas sur ton oreille […]” Il continuera ainsi jusqu’à énumérer tous les membres de l’individu. » Mujâhid a dit : « Le pied du serviteur n’abandonnera pas sa place devant Dieu, Puissant et Majestueux, avant que Dieu ne l’ait interrogé sur quatre choses : comment il a gaspillé son existence? Qu’a-t-il fait de sa science? À quoi a-t-il usé son corps? D’où lui vient sa fortune et à quoi l’a t-il dépensée? » À malheureux, crains donc la grande honte et le danger de ta condition, car il te sera dit : « J’ai dissimulé tes fautes en ce monde terrestre et Je te pardonne aujourd’hui ! », ce qui te remplira de joie et de bonheur, et tu seras envié par les premiers et les derniers ; ou il sera dit aux anges : « Prenez ce vil serviteur, “Saisissez-le et mettez-lui un carcan ! Puis jetez-le dans la Fournaise”452 » Alors, les pleurs que verseront les cieux et la terre sur ton sort apparaîtront bien minimes au regard du malheur [qui t’attend], de ton immense remords d’avoir négligé une part de l’obéissance due à Dieu et de ton méprisable échange de l’autre monde contre ce vil et éphémère bas-monde.

Aspect de la balance Ne néglige pas le rappel de la balance et l’envol des livres à la droite et à la gauche, car après l’interrogatoire les gens seront répartis en trois groupes : Le premier comprendra les individus qui n’auront accompli aucune bonne action. Une encolure noire émergera alors de l’Enfer et les arrachera comme l’oiseau qui picore des graines ; elle s’étendra ensuite sur eux et les précipitera en Enfer qui les avalera. Une voix invoquera alors sur eux un malheur derrière lequel il n’y aura jamais plus le moindre bonheur. Le deuxième comprendra les individus qui n’auront accompli aucune mauvaise action. Une voix appellera : « Que les louangeurs de Dieu en toute circonstance se lèvent !” Ils se lèveront et seront conduits en toute hâte au Paradis. Puis, on fera de même pour les gens qui veillaient en prière, puis ceux qu’aucune activité commerciale, en ce monde, ne détournait de la mention de Dieu. On invoquera ensuite sur eux un bonheur derrière lequel il n’y aura jamais plus le moindre malheur. Puis vient le tour du troisième groupe, le plus nombreux, qui comprendra les individus qui ont mêlé bonnes et mauvaises actions. Il pourra leur sembler ardu de voir lesquelles de leurs bonnes ou mauvaises actions prévaudront, alors que cela n’est point difficile à Dieu, Exalté soit-Il, qui répugnera à les laisser dans l’ignorance afin de leur manifester clairement l’indulgence de Son pardon et l’équité de Son châtiment. Les feuilles et les livres contenant les bonnes et les mauvaises actions s’envolent donc et la

balance est apprêtée. Tous les regards se tournent vers les livres : se poseront-ils sur la droite ou sur la gauche [de la balance] ? Puis, ils se tournent vers l’aiguille de la balance : penchera-t-elle du côté des mauvaises ou des bonnes actions ? Cette situation est si redoutable que les intellects des créatures demeurent interdits. Al-Hassan rapporte que l’Envoyé de Dieu avait posé la tête sur les genoux de ‘Aisha (que Dieu soit satisfait d’elle) et s’endormit. Elle se souvint de l’au-delà et se mit à pleurer si fort que ses larmes tombèrent sur la joue de l’Envoyé de Dieu et le réveillèrent. Il lui demanda : « Ô ‘Aisha, qu’est ce qui te fait pleurer? » Elle répondit : « Je me suis souvenu de l’au-delà. Vous souviendrezvous de vos familles dans l’au-delà? » ? Il répondit : « Par Celui qui tient mon âme en Sa main, il y a trois moments durant lesquels chacun ne se souvient que de soi : lorsqu’on disposera la balance, que les actions seront pesées et tant que le fils d’Adam regardera attentivement si la balance sera légère ou lourde ; lors de la remise des parchemins, prendra-t-il son livre de sa main droite ou de sa main gauche ; enfin, [lors de la traversée] du Pont. »453 Anas (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « Au jour de la Résurrection, on amènera le fils d’Adam jusqu’aux plateaux de la balance dont la garde sera confiée à un ange. Puis on passera ses actions à la pesée : si celles-ci sont lourdes, alors l’ange lancera aux créatures : « Untel a obtenu une félicité telle qu’il ne sera jamais plus malheureux ! » Si elles sont légères, l’ange lancera : « Untel a été damné d’une damnation telle qu’il ne sera jamais plus heureux ! » Lorsque le plateau des bonnes actions deviendra léger, les « gardiens [de l’Enfer] (al-zabâniyya)454 viendront en portant avec eux des verges de fer455 et des vêtements de feu »456 pour emporter le lot du feu en Enfer. » L’Envoyé de Dieu a dit à propos du jour de la Résurrection : « C’est le jour où Dieu appellera Adam (que la Paix soit sur lui) pour lui dire : “Ô Adam, lève-toi et appelle la compagnie de l’Enfer !” Adam demandera : “Combien sont les compagnons de l’Enfer?” Dieu répondra : “Sur chaque millier, neuf cent quatre-vingt-dix-neuf.” » Ces propos abattirent les Compagnons [de l’Envoyé de Dieu] et le sourire disparut de leurs lèvres. Lorsque l’Envoyé de Dieu vit leur réaction, il dit : « Œuvrez et réjouissez-vous, car, par Celui qui tient l’âme de Muhammad en Sa main, il y aura parmi vous deux créatures qui ne se présentent jamais sans augmenter la proportion d’humains et de démons qui seront anéantis. » Ils demandèrent : « Qui sont donc ces deux? » Il répondit : « Gog et Magog. » Puis, il les quitta en disant : « Œuvrez et réjouissez-vous, car, par Celui qui tient l’âme de Muhammad en Sa main, au jour de la Résurrection, vous serez parmi les gens comme la marque apposée sur le flanc du chameau, ou celle que l’on appose sur la patte d’une monture. »457

Aspect de l’adversité et de la réparation des torts Tu connais maintenant les terribles épreuves et les périls de la balance et comment les yeux seront tournés vers son aiguille : « Celui dont les œuvres pèseront lourd connaîtra alors une vie heureuse, mais celui dont la balance sera légère s’avancera vers un abîme. Et qu’est-ce qui te fera savoir ce qu’est cet abîme? C’est un Feu ardent. »458 Sache que n’est épargné des périls de la balance que celui qui aura fait rendre des comptes à son âme en ce monde, et aura peser ses œuvres, ses paroles, ses pensées et ses moments sur la balance de la Loi comme l’a si bien dit ‘Umar [b. al-Khattâb] (que Dieu soit satisfait de lui) : « Faites rendre des comptes à vos âmes avant que vous ne soyez appelés à le faire ! Et pesez vos actions avant qu’on

ne les pèse ! » Rendre compte signifie se repentir sincèrement, avant la mort pour toute faute commise, prendre conscience de ses manquements en fait de devoirs vis-à-vis de Dieu, Exalté soit-Il, et réparer un à un ses torts. Il devra se réconcilier avec tous ceux qui ont été exposés à sa médisance et ont été victimes de ses actions ou de ses préjugés ; il devra s’employer à adoucir leur cœur de sorte qu’à sa mort, aucun tort et aucune obligation ne demeurent à ses dépends. Celui-ci entre au Paradis sans rendre de comptes. Mais s’il décède avant d’avoir réparé ses torts, alors ses adversaires l’encercleront : l’un le saisira par la main, un autre par le toupet ou la gorge, d’autres lui diront : « Tu m’as fait du tort… ; tu m’as insulté !... ; tu t’es moqué de moi !... ; tu m’as discrédité en mon absence !... ; tu étais mon voisin et tu m’as maltraité !... ; tu as conclu des affaires avec moi, mais tu m’as trompé !... ; tu as abusé de ma confiance en dissimulant les défauts de ta marchandise !... ; tu as menti à propos de la valeur de ton produit !... ; tu m’as vu dans le besoin alors que tu étais riche, mais tu ne m’as pas nourri !... ; tu m’as vu victime d’injustice et tu pouvais mettre un terme à cet arbitraire, mais tu as préféré flatter mon persécuteur plutôt que de me protéger !... ». Alors que tu seras dans cette situation et que tes adversaires s’accrocheront à toi avec leurs griffes, te saisiront par la peau du cou et que tu seras sous le choc, inquiet de leur multitude jusqu’à ce qu’il n’y ait plus – parmi les gens avec lesquels tu as commercé ou que tu as fréquentés de ton vivant – aucun qui t’accusera d’injustice, de tromperie ou de regard méprisant, tu tendras alors ton cou vers le haut dans l’espoir que ton Seigneur et Maître te délivre de leurs mains, cet appel du Tout-Puissant – que Sa Majesté soit proclamée – viendra cogner ton ouïe : « Ce jour-là, toute âme sera rétribuée pour ce qu’elle aura accompli. Nulle ne sera lésée. Dieu est prompt à faire le compte. » 459 Ton cœur sera alors dépouillé de toute dignité et ton âme s’attendra à un inévitable destin. Tu te souviendras de ce dont Dieu, Exalté soit-Il, t’avait mis en garde à travers la langue de Son Envoyé [lorsqu’Il t’a dit] : « Ne pense surtout pas que Dieu ne se soucie pas de ce que font les iniques. Il ne fait que leur accorder un délai jusqu’au jour où les regards seront figés, où ils accourront suppliants, la tête levée, les yeux hagards et le cœur vide comme l’air. Avertis donc les hommes du jour où le châtiment les atteindra. Ceux qui auront été impies diront alors : “Seigneur ! Accorde-nous un court délai pour que nous répondions à Ton appel et que nous suivions les envoyés”. N’aviez-vous pas juré autrefois que jamais vous ne changeriez […] »460. Tu éprouves aujourd’hui une joie intense à déshonorer les gens et à t’emparer de leurs biens, mais ton remords sera plus grand le jour où ton Seigneur S’installera sur le tapis de la Justice et que tu seras appelé à témoigner en ton nom, après que tu as fait faillite, et que tu seras pauvre, impuissant, humilié, et incapable de réparer un tort ou de te justifier. À ce point, tes bonnes actions, acquises au prix de tant d’efforts, te seront confisquées et remises à tes adversaires en guise de compensation pour les torts que tu leur auras causés. Abû Hurayra (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « L’Envoyé de Dieu a dit : “Savez-vous qui est celui qui a failli (al-muflis) ?” Ils répondirent : “Ô Envoyé de Dieu, il s’agit de celui qui n’a aucun dirham, ni dinar ni biens !” Il dit : “Celui de ma communauté qui aura failli est celui qui se présentera au jour de la Résurrection muni de prières, de jeûnes et d’aumônes légales, mais qui aura insulté Untel, calomnié un autre, se sera approprié injustement des biens d’autrui, aura répandu le sang d’Untel, battu cet autre. Chacun de ces derniers recevra alors une part de ses bonnes actions en guise de compensation, et si celles-ci sont épuisées avant qu’il ne se soit acquitté de toutes ses dettes, on lui affectera alors certaines de leurs fautes qui s’accumuleront

sur lui. Puis, il sera jeté en Enfer. »461 Considère donc ton malheur au jour où aucune de tes bonnes actions n’aura été épargnée par le vice de l’orgueil et les embûches de Satan ; et si, après une longue période, l’une d’entre elles en réchappait, tes adversaires se hâteront de se les approprier. Vraisemblablement, si tu avais demandé des comptes à ton âme lorsque tu persévérais à jeûner le jour et à prier la nuit, tu aurais alors su que pas un jour ne passait sans que ne courrait sur ta langue quelque calomnie contre les musulmans, ce qui efface toutes tes bonnes actions. Que dire donc des autres fautes, comme le fait de se nourrir de ce qui est illicite ou ambigu, ou encore de négliger les devoirs religieux ? Comment peux-tu espérer te libérer des torts le jour où les moutons écornés se vengeront de ceux qui les ont privés de leurs cornes ? Abû Dharr (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte que l’Envoyé de Dieu vit deux moutons se livrer à un combat. Il lui dit : « Ô Abû Dharr, sais-tu à quel sujet ils se combattent? » Il répondit : « Non ! » L’Envoyé de Dieu lui dit alors : « Pourtant, Dieu le sait et les jugera au jour de la 462 Résurrection. » Commentant le verset suivant : « Il n’y a de bêtes sur terre, ni d’oiseaux volant de leurs deux ailes qui ne forment, comme vous, des nations. »463, Abû Hurayra (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « Toutes les créatures seront rassemblées au jour de la Résurrection : bestiaux, montures, oiseaux et toutes les autres [créatures]. La justice divine fera en sorte que Dieu, Exalté soit-Il, vengera le mouton écorné de celui qui l’aura privé de ses cornes, puis Il dira : “Sois poussière !”, faisant référence au moment où « […] le mécréant s’écriera : “Malheur à moi ! Que ne suis-je poussière !” »464. Ô malheureux, ce sera le jour où tu verras ton écrit vidé des bonnes œuvres que tu t’étais fatigué à réunir, et où tu diras : « Où sont mes bonnes actions? » Il te sera alors répondu : « Elles ont été transférées dans les écrits de tes adversaires. » Tu verras alors ton écrit rempli de fautes dont tu t’es longtemps et patiemment. Tu t’écrieras alors : « Seigneur, ce sont là des fautes que je n’ai jamais commises ! » Il te sera répondu : « Il s’agit des fautes commises par ceux que tu as discrédités, insultés, que tu entendais léser et que tu as dupés dans tes transactions, dans ton rapport avec ton voisinage, lorsque tu t’adressais à eux, argumentais, mentionnais et étudiais avec eux, ainsi que toute sorte de relations que tu entretenais avec eux. » Ibn Mas‘ûd (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte que l’Envoyé de Dieu a dit : « Satan a perdu espoir de voir adorer les idoles en terre arabe, il se contentera, en revanche, de ce qui est moins grave, comme les actes dégradants (al-muhaqqirât) qui sont des péchés mortels (al-mûbiqât). Aussi, évitez autant que possible l’injustice, car le serviteur viendra au jour de la Résurrection avec des actes d’obéissance aussi grands que les montagnes pensant qu’ils le sauveront, mais d’autres serviteurs viendront, les uns après les autres, et diront : “Seigneur, Untel m’a fait subir un tort !” Il ordonnera alors d’effacer une part de ses bonnes actions, et cela continuera jusqu’à ce qu’il ne lui reste plus de bonnes actions. Cela ressemble à un groupe de voyageurs qui font halte dans une terre déserte et qui manquent de bois. Ils se dispersent alors pour en chercher et ne s’arrêtent qu’après avoir allumé un grand feu et fait ce qu’ils voulaient. »465 Il en est ainsi des péchés. Lorsque fut révélé : « Toi, tu mourras, et eux aussi mourront. Et plus tard, le jour de la Résurrection, vous vous querellerez en présence de votre Seigneur. »466 Al-Zubayr467 dit : « Ô Envoyé de Dieu, est-ce que les pires péchés passés entre nous reviendront au jour de la

Résurrection? » Il répondit : « Certes, ils reviendront jusqu’à ce que vous rétablissiez le droit de chacun. »468 Zubayr dit alors : « Par Dieu, l’affaire est donc vraiment grave ! » Aussi, prends garde au jour où pas un seul pas ne sera ignoré, ni coup ni mot, tant que la victime ne se sera pas vengée de celui qui lui a fait du tort ! Anas (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « J’ai entendu l’Envoyé de Dieu dire : “Dieu rassemblera les gens, nus, poussiéreux et dépouillés [de tout] (buhman).” On lui demanda alors : “Que signifie buhman?” Il répondit : “Ils n’auront rien avec eux ! Puis, leur Seigneur, Exalté soitIl, les appellera d’une voix audible de près comme de loin : ‘Je suis le Roi, Je suis Celui à qui on rend des comptes (al-dayyân). Il ne convient à aucun des gens du Paradis d’y entrer avant d’avoir réparer les torts qu’ils ont procurés aux gens de l’Enfer, ni à ces derniers d’entrer en Enfer avant d’avoir réparer les torts commis à l’encontre des gens du Paradis, même s’il ne s’agit que d’un soufflet [sur la joue].” Nous dîmes alors : “Comment cela serait-il, alors que nous nous présenterons à Dieu, Puissant et Majestueux, nus, poussiéreux et dépouillés [de toute chose qui nous permettrait de réparer nos torts]?” Il répondit : “À travers vos bonnes et vos mauvaises actions !” »469. Ô bons serviteurs de Dieu, craignez Dieu, ne soyez pas injustes envers Ses serviteurs en les dépossédant de leurs biens, en les déshonorant, en les blessant ou en leur manquant de respect dans vos relations avec eux. Dans ce qui est entre le serviteur et Dieu, rien n’est aussi rapide que Son pardon. Aussi, celui qui accumule les fautes et s’en repent, et pour qui il est difficile de faire amende honorable, celui-là devra détenir d’abondantes bonnes actions en prévision du jour des réparations (yawm al-qisâs), et en garder certaines, faites en toute sincérité, secrètes entre lui et Dieu, de sorte que Lui Seul en aura connaissance. Cela pourrait le rapprocher de Dieu, Exalté soit-Il, et le faire bénéficier de Sa bonté, qu’Il a réservée à Ses bien-aimés croyants, pour repousser les torts qu’on pourrait leur faire subir. Ainsi que l’a rapporté d’Anas : « Alors que l’Envoyé de Dieu était assis, nous le vîmes rire au point que nous distinguâmes ses canines. ‘Umar lui demanda : “Ô Envoyé de Dieu, que mon père et mère puissent être ta rançon, qu’est-ce donc qui te fait rire [autant] ?” Il répondit : « Deux hommes de ma communauté s’agenouillèrent devant le Maître de la puissance et l’un d’eux dit : ‘Seigneur, fais-moi obtenir réparation pour les torts occasionnéz par mon frère !’ Dieu, Exalté soit-Il, dit : ‘Répare le préjudice causé à ton frère !’ Il répondit : ‘Seigneur, il ne me reste plus aucune bonne action !’ Dieu demanda alors au plaignant : ‘Que comptes-tu faire alors qu’il ne lui reste plus de bonne action ?’ Il répondit : ‘Seigneur, fais-lui porter une partie de mon fardeau !’” Sur ce, l’Envoya de Dieu se mit à pleurer, puis dit : “Ce sera vraiment un jour terrible où les gens auront besoin les uns des autres pour porter leur fardeau”. Puis, il ajouta : « Dieu dira alors au plaignant : ‘Lève la tête et regarde le jardin !’ Il lèvera sa tête et dira : ‘Je vois de grands territoires en argent et des palais en or couronnés de perles. Pour quel prophète, quel véridique et quel martyr sont-ils destinés? » Il (Dieu, Exalté soit-Il) lui dira : ‘Pour celui qui M’en offrira le prix !’ Le plaignant dira : ‘Et qui donc en possède le prix?’ Dieu, Exalté soit-Il, lui dira : ‘Toi, tu le possèdes !’ Il Lui demandera : ‘Qu’est-ce donc?’ Dieu, Exalté soit-Il, lui répondra : ‘Ton pardon pour ton frère !’ Il dira : ‘Ô Seigneur, je lui pardonne !’ Dieu, Exalté soit-Il, dira : ‘Prends la main de ton frère et fais-le rentrer au Paradis.’ » Sur ce, l’Envoya de Dieu ajouta : « Aussi, craignez Dieu et maintenez la concorde entre vous, car Dieu réconcilie les croyants entre eux. »470 Il s’agit ici d’une indication sur le fait que cette condition ne s’obtient qu’après avoir revêtu les

qualités souhaitées par Dieu pour Ses créatures, et qui consistent en la réconciliation et à se parer d’autres qualités. Réfléchis à présent à ta condition lorsque tes feuillets seront exempts d’injustices, ou lorsqu’Il manifestera Sa bonté en te pardonnant et que tu seras alors certain d’avoir obtenu un bonheur impérissable. Comment sera donc ta joie lorsque tu quitteras ce haut lieu de jugement, revêtu de la robe de l’agrément divin et promis à une félicité derrière laquelle il n’y aura jamais de malheur et à des grâces autour desquelles ne circule pas l’extinction. Ton bonheur et ta joie seront tels que ton cœur s’envolera, ton visage blanchira, s’illuminera et brillera autant que la lune par une nuit de pleine lune. Imagine comment tu défileras entre les créatures, tête haute, déchargé de tout fardeau, le regard ravi de plaisir et le front resplendissant la fraîcheur de l’agrément, alors que les créatures, des premières et des dernières générations, regarderont ta personne et ta condition et envieront ta perfection et ta beauté. Les anges marcheront devant et crieront au-dessus de la tête des personnes présentes : « Voici Untel, fils d’Untel. Dieu est satisfait de lui et a agréé [ses œuvres]. Il a obtenu un bonheur derrière lequel il ne connaîtra jamais le malheur. » Crois-tu que ce rang est moins prestigieux que celui que tu as conquis dans le cœur des créatures en ce monde, à travers l’orgueil, l’hypocrisie, les faux-semblants et le paraître? Si tu crois qu’il est plus prestigieux ou qu’il n’y a aucune comparaison possible entre les deux, attelle-toi, alors, à atteindre ce rang par le biais de la sincérité pure et de l’intention loyale dans ton commerce avec Dieu, car tu ne l’obtiendras qu’à ce prix. En cas contraire – et nous cherchons refuge en Dieu contre ce genre de choses -, si un crime devait ressortir de tes feuillets, « quelque chose que tu croyais être une bagatelle, alors que pour Dieu il s’agit d’une chose de grande gravité »471, qui te rendra haïssable au point qu’Il te dira : « Que Ma malédiction soit sur toi ! Ô serviteur du mal, Je n’accepte pas ton obéissance ! » Aussitôt que tu entendras ces paroles, ton visage noircira; puis, les anges – du fait de la colère de Dieu, Exalté soit-Il – s’emportent eux aussi et te disent : « Que notre malédiction soit sur toi ainsi que celle de l’ensemble des créatures ! » Ensuite, les gardiens de l’Enfer se regrouperont autour de toi, en colère, car leur Créateur sera en colère contre toi, ils viendront vers toi avec toute leur rudesse, leur animosité et leur aspect répugnant, te saisiront par le toupet et te traîneront sur le visage, sous le regard des créatures qui observeront la noirceur de ta face et l’expression de ta déchéance, alors que tu hurleras ton malheur et ta calamité. Ils lui répondront alors : « Ne souhaite pas aujourd’hui un unique anéantissement, mais demandes-en une multitude ! »472 Puis, les anges crieront : « Voici Untel, fils d’Untel. Dieu a découvert ses actes ignobles et abjects, et Il l’a maudit pour ses outrages et l’a destiné à un malheur derrière lequel il ne connaîtra jamais de bonheur. » Cela pourrait être la conséquence d’une faute commise en cachette des serviteurs de Dieu, pour conquérir leur cœur ou encore par crainte d’apparaître méprisable à leurs yeux. Que ton ignorance est grande ! Tu te prémunis contre le mépris d’un petit groupe de serviteurs de Dieu en ce bas monde, et tu ne crains pas le grand mépris devant cette immense foule ou le fait d’être exposé au courroux de Dieu, à son atroce châtiment ou encore d’être saisi par les mains des gardiens de l’Enfer pour être jeté dans la fournaise. Voici donc quelle sera ta condition, et il semble bien que tu sois inconscient du pire des dangers, c’est-à-dire celui [de la traversée] du Pont.

L’aspect du Pont (al-sirât) Après tous ces terribles événements, réfléchis à présent à ces paroles de Dieu, Exalté soit-Il : « Le Jour où Nous rassemblerons avec honneur les pieux devant le Miséricordieux et conduirons les criminels comme un troupeau à l’abreuvoir »473 et à celles-ci : « […] Puis conduisez-les sur le chemin de la fournaise, et arrêtez-les ! Ils vont être interrogés. »474 Ainsi, après toutes ces catastrophes [mentionnées plus haut], les gens seront conduits au Pont, qui est une passerelle tendue au-dessus de l’Enfer, plus aiguisée qu’une lame et plus fin qu’un cheveu. Celui qui aura cheminé dans la voie droite (al-sirât al-mustaqîm) en ce monde la traversera en toute légèreté et en sortira indemne, mais celui qui se sera écarté du droit chemin en ce monde, qui aura le dos alourdi de charges, et qui aura désobéi, trébuchera dès qu’il posera son premier pas sur le Pont et sera envoyé [en Enfer]. Considère donc, maintenant, la peur qui te saisira lorsque tu verras le Pont et son extrême finesse, lorsque ton regard se tournera vers le bas et que tu verras les ténèbres de l’Enfer en-dessous, et lorsque les gémissements de l’Enfer et son ressentiment viendront heurter ton ouïe. Tu seras alors contraint de traverser le Pont malgré ton état de faiblesse, ton cœur troublé, le tremblement de tes jambes et les lourdes charges qui pèsent sur ton dos, t’empêchant même de marcher sur la surface de la terre, sans parler de l’extrême finesse du Pont. Qu’en sera-t-il de toi lorsque tu y poseras un pied et que tu sentiras son exiguïté, et que tu devras lever le second alors que devant toi les gens trébuchent, chutent et que les gardiens de l’Enfer les harponnent avec des crochets et des grappins. Tu les verras basculer, les jambes en l’air et tomber la tête la première en Enfer. Quel horrible spectacle ! Quelle pénible montée et quel étroit passage ! Considère ton état lorsque tu t’y traîneras, y monteras alors que ton fardeau alourdira ton dos et que tu verras à ta droite et à ta gauche les créatures chuter en Enfer. L’Envoyé de Dieu avait dit « Seigneur, le salut, le salut ! », tandis que les clameurs de malédiction et de damnation de la multitude, qui a glissé du Pont, remonteront jusqu’à toi du fond de l’Enfer. Quel sera donc ton état lorsque ton pied glissera et que tes regrets ne te seront d’aucun avantage? Tu invoqueras alors le malheur et la damnation [sur toi] en disant : « Voilà ce que je craignais ! “Puissé-je avoir fait une avance pour ma vie [future] !”475, “Malheur à moi ! Que n’ai-je suivi le chemin avec l’Envoyé ! Malheur à moi ! Malheur à moi ! Si seulement je n’avais pas pris un tel comme ami !”476, “Malheur à moi ! Que ne suis-je poussière !”477, “Malheur à moi ! […] que ne suis-je chose totalement oubliée !”478, et si seulement ma mère ne m’avait pas enfanté ! » Alors, tu seras ravi par les flammes – que Dieu nous en protège ! – et une voix dira : « Restez-y humiliés et ne Me parlez plus ! »479 Il n’y aura plus alors qu’hurlements, gémissements, essoufflements et appels à l’aide. À quoi penseras-tu quand tous ces périls seront devant toi? Si tu ne crois pas en cela, alors ton séjour dans les profondeurs de l’Enfer sera interminable. Si néanmoins tu y crois, mais que cela te laisse indifférent et que tu ne t’y prépares pas, alors ta perte et ta méprise seront immenses. À quoi te sert-il d’y croire si cela ne t’incite pas à la quête assidue de l’agrément de Dieu, Exalté soit-Il, en Lui obéissant et en renonçant à contester Ses ordres. S’il n’y avait devant toi que la terreur du Pont et la défaillance de ton cœur face aux périls encourus durant ta traversée, et que tu devais t’en sortir, cela te procurera une terreur, une horreur et une épouvante largement suffisantes. L’Envoyé de Dieu a dit : « Le Pont sera érigé entre les deux bords de l’Enfer. Je serais le premier des Envoyés à le traverser avec ma communauté. Ce jour-là, seuls les Envoyés auront droit à la parole et leur invocation sera : “Ô Dieu, le salut, le salut !” Il y a en Enfer des crochets

semblables aux épines de chardon (al-sa‘dân). Avez-vous déjà vu des épines de chardon? » Ils répondirent : « Oui, ô Envoyé de Dieu. » Il dit : « Et bien, ils seront tels les épines de chardon dont la taille n’est connue que de Dieu, Exalté soit-Il, et qui s’accrocheront aux gens au regard de leurs œuvres. Certains périront alors que d’autres seront d’abord tailladés, puis sauvés. »480 Abû Sa‘îd al-Khudrî (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « L’Envoyé de Dieu a dit : “Les gens passeront sur le Pont de l’Enfer sur lequel il y aura des crochets et des épines qui accrocheront les gens à droite et à gauche. À ses flancs, il y aura des anges qui diront : ‘Ô Dieu, le salut ! Ô Dieu, le salut !’ Certains individus le traverseront aussi vite que l’éclair, d’autres comme le vent, d’autres comme le cheval au galop, d’autres au pas de course, d’autres en marchant, d’autres à quatre pattes et d’autres en rampant sur le ventre. Les gens de l’Enfer, ceux qui y demeurent, ne meurent ni ne vivent. D’autres seront saisis pour leurs fautes et leurs péchés et brûlés jusqu’à devenir du charbon, puis, l’intercession leur sera accordée.” »481. Puis il a rapporté le reste de la tradition. Ibn Mas‘ûd (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « L’Envoyé de Dieu a dit : “Dieu réunira ‘ceux des premiers et ceux des derniers temps à un moment fixé d’un jour connu’482, et ils seront debout pendant quarante ans le regard figé au ciel et en attente du verdict final.” Puis il continua à rapporter la tradition jusqu’au “moment où les croyants se prosternent”, et a rapporté : “Puis, Il dira aux croyants : ‘Levez la tête !’, ils la lèveront et Il les recouvrira de lumière à la mesure de leurs actions. Certains recevront une lumière aussi étendue qu’une imposante montagne qui scintillera devant eux. D’autres recevront moins que cela, certains recevront une lumière grande comme un palmier, et d’autres recevront moins que cela, et le dernier d’entre eux sera un homme qui recevra une lumière juste sur son gros orteil, qui s’allumera une fois et s’éteindra une autre fois. Lorsqu’elle illumine son pied, il marche et dès qu’elle s’estompe, il cesse.” Puis, il a cité leur progression sur le pont à la mesure de la lumière qu’ils auront reçu. “Certains le traverseront en un clin d’œil, d’autres comme un éclair, certains comme un nuage, d’autres comme l’étoile filante, certains comme un coursier rapide, d’autre comme le marcheur rapide, jusqu’à ce que le traverse le dernier d’entre eux, celui qui aura reçu la lumière sur son orteil. Il rampera sur son visage, ses mains et ses genoux. Il poussera sur une main et s’accrochera avec la seconde. Il s’accrochera avec une jambe et poussera avec la seconde tandis que les flammes lécheront ses flancs.” Il progressera de la sorte jusqu’à se libérer et une fois libre, il se tiendra debout et dira : “Louange à Dieu, qui m’a accordé ce qu’il n’a accordé à nul autre, Il m’a sauvé [de l’Enfer] après que je l’ai vu [de mes yeux]. Il sera alors conduit à un bassin aux portes du Paradis, et il s’y purifiera.” »483. Anas b. Mâlik (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte : « J’ai entendu l’Envoyé de Dieu dire : “Le Pont est aussi acéré qu’une lame ou plus fin qu’un cheveu. Les anges viendront au secours des croyants et des croyantes, et Gabriel (que la Paix soit sur lui) me soutiendra alors que je dirais : ‘Seigneur, le salut, le salut !’. Ce jour-là, ceux qui chuteront seront nombreux.” »484. Voici donc les catastrophes et les calamités du Pont. Réfléchis-y longuement, car ceux qui sortiront indemnes des horreurs du jour de la Résurrection seront ceux qui y auront longuement réfléchi en ce monde. Dieu ne rassemble pas deux craintes en un serviteur. Celui qui aura craint cette terreur en ce monde en sera sauf dans l’au-delà. Par crainte, je n’entends pas l’apitoiement semblable à celui ressenti par les femmes, qui te fera verser des larmes et qui émouvra ton cœur après en avoir entendu [la description], et que tu oublieras [aussitôt] pour revenir à tes loisirs et à tes divertissements. Cela n’a rien à voir avec la crainte [réelle] ! Car celui qui craint une chose s’en écarte, alors que celui qui

espère une chose la recherche. Seule la peur qui t’empêchera de désobéir à Dieu, Exalté soit-Il, et qui t’incitera à Lui obéir, te sauvera. Rien n’est autant éloigné de la sensibilité féminine que la peur des sots qui, lorsqu’ils entendent la description des calamités, cherchent rapidement refuge en Dieu avec leur langue en disant : « J’implore l’aide de Dieu, je cherche refuge en Dieu, le salut, le salut ! », mais continuent à faire acte de désobéissance, ce qui causera leur perte. Satan rit à pleins poumons de leur appel à l’aide, tout comme il rit de celui qui est poursuivi par une bête féroce en plein désert, qui a derrière lui une citadelle et qui dit, lorsqu’il voit de loin les crocs de la bête et sa férocité : « Je me réfugierais dans cette citadelle imprenable et m’abriterais sous cette construction solide et ses murs fermes ! » Il dit cela tout en demeurant au même endroit. Comment cela peut-il le soustraire aux fauves ? Les terreurs de l’au-delà n’ont pas non plus de citadelles, hormis l’énoncé sincère de la formule de l’unicité de Dieu : « Il n’y a de divinité que Dieu » Par sincérité, il est entendu ici qu’il ne doit avoir d’autre but que Dieu, Exalté soit-Il, et n’adorer que Lui. Celui qui prend pour divinité sa passion, s’éloigne de la sincérité de la profession de l’unicité divine, pour celui-là, son cas est grave. Aussi, si tu ne parviens pas à réaliser ce qui précède, sois alors de ceux qui aiment l’Envoyé de Dieu , honorent ses normes traditionnelles (sunan), désirent avoir une place dans les cœurs des saints de sa communauté et tirent profit des prières [des saints] en leur faveur. Car il se peut que tu obtiennes une part de son, ou de leur, intercession, et que celle-ci te sauve si tes provisions sont insuffisantes.

Aspect de l’intercession Sache que si certains groupes de croyants sont à juste titre destinés à l’Enfer, Dieu, Exalté soit-Il, à travers Sa grâce, accepte l’intercession des prophètes et des véridiques en leur faveur, y compris celle des savants et des vertueux. De même que ceux, qui occupent une place significative auprès de Dieu, Exalté soit-Il, et qui ont respecté les convenances, pourront intercéder pour leurs proches, leurs parents, leurs amis et leurs connaissances. Aussi, efforce-toi d’acquérir le degré qui te consentira leur intercession, et ce, en ne méprisant pas les êtres humains, car Dieu, Exalté soit-Il, a dissimulé Sa sainteté en Ses serviteurs, et peut-être que celui que tu méprises se révèlera être un saint de Dieu ! Et ne sous-estime aucun outrage, car Dieu, Exalté soit-Il, a dissimulé Sa colère dans les fautes commises contre Lui, et que, peut-être, celui que tu auras sous-estimé réclamera-t-il Sa vengeance. Ne sousestime aucun acte d’obéissance, car Dieu, Exalté soit-Il, a dissimulé Son agrément dans Son obéissance, et que, peut être, Son agrément concernera-t-il cet acte, ne serait-ce que par une parole agréable, une bonne intention ou des choses de ce genre. Il y a dans le Coran et les traditions, de nombreuses preuves qui confirment l’intercession. Dieu, Exalté soit-Il, a dit : « Le jour viendra où ton Seigneur t’accordera [Ses dons] et où tu seras satisfait. »485 ‘Amrû b. al-‘As (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte que l’Envoyé de Dieu a récité ces paroles d’Abraham (que la Paix soit sur lui) : « Seigneur, elles [les idoles] ont égaré un grand nombre de personnes. Quiconque me suit est des miens; mais pour qui me désobéit, tu es Celui qui pardonne, le Miséricordieux. »486 ; et celles de Jésus (que la Paix soit sur lui) : « Si tu les châties...eh bien, ne sont-ils pas Tes serviteurs? »487 ; puis, il leva les mains au ciel et dit : « Ma communauté ! Ma communauté ! » ; après quoi il éclata en sanglots. Dieu, Puissant et Majestueux, dit alors : « Ô Gabriel, rends-toi auprès de Muhammad et demande-lui pourquoi il pleure? » Gabriel se rendit auprès de lui pour s’en enquérir, bien que Dieu en connût parfaitement la raison, et

le Prophète l’en informa. Puis, Il lui dit : « Ô Gabriel, rends-toi auprès de Muhammad et dis-lui : “Nous te procurerons satisfaction en ce qui concerne ta communauté et Nous ne t’oublierons pas !” »488. Le Prophète a dit : « On m’a donné cinq choses auxquelles nul autre n’a eu droit ! On m’a accordé la victoire par l’effroi [éprouvé par mes ennemis], depuis une distance parcourue en un mois ; j’ai eu la Terre entière pour lieu de prière, et sa poussière m’a été rendue pure [pour les ablutions] ! Ainsi, là où surviendra l’heure de la prière, pour tout homme de ma communauté, qu’il fasse sa prière ; la prise de butins de guerre m’a été rendue licite, et cela n’a été concédé à nul autre avant moi ; on m’a accordé le pouvoir d’intercession et enfin, chaque prophète a été envoyé à une communauté particulière, alors que j’ai été envoyé à toute l’humanité. »489 Il a dit aussi : « Au jour de la Résurrection, je serai l’imâm des prophètes et leur prêcheur, et le détenteur [par excellence] de l’Intercession, sans gloire aucune de ma part ! »490 ; et : « Je suis le seigneur des fils d’Adam, sans gloire aucune de ma part, je serai le premier autour duquel la terre se dispersera, le premier intercesseur et celui qui portera l’étendard de la Louange, derrière lequel se trouvera Adam et ceux qui vinrent après lui. »491 ; et : « Chaque prophète se verra exaucée une prière, mais je souhaite conserver la mienne pour pouvoir intercéder en faveur de ma communauté au jour de la Résurrection. »492 Ibn ‘Abbâs (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « L’Envoyé de Dieu a dit : “On disposera des chaires en or où les prophètes s’assiéront, il restera alors la mienne, mais je ne m’y assiérai pas préférant rester debout devant mon Seigneur, de crainte qu’Il ne me fasse conduire au Paradis alors que ma communauté demeurera derrière. Je dirai alors : ‘Seigneur, ma communauté !’ Dieu, Puissant et Majestueux, répondra : ‘Ô Muhammad, que veux-tu que Je fasse de ta communauté?’ Je dirai : ‘Seigneur, hâte leur jugement.’ Je ne cesserai d’intercéder jusqu’à ce qu’il me soit accordé de libérer des groupes entiers d’individus détenus en Enfer, au point où l’ange gardien de l’Enfer dira : “Ô Muhammad, je n’ai laissé aucun surplus de ta communauté exposé à la colère de ton Seigneur !’” »493.Le Prophète a dit aussi : « J’intercéderai, au jour de la Résurrection, en faveur de la plupart de ce qui se trouve sur la face de la terre, même en faveur des pierres et des cités ! »494 Abû Hurayra (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « On apporta à l’Envoyé de Dieu de la viande. Il en prit l’épaule et en mordit un morceau, puis dit : “Au jour de la Résurrection, je serai le seigneur des envoyés, savez-vous comment [et pourquoi] ? Dieu rassemblera les premiers et les derniers dans une même plaine, alors qu’une voix se fera entendre d’eux, qu’ils seront minutieusement examinés et que le soleil sera si proche que [les gens] souffriront d’une angoisse et d’une douleur qu’ils ne pourront ni supporter ni porter. Certains diront à d’autres : ‘Ne voyezvous donc pas ce qui vous arrive, pourquoi ne pas chercher qui peut intercéder pour vous auprès de votre Seigneur?’ Quelqu’un suggérera aux autres : ‘Adressez-vous donc à Adam (que la Paix soit sur lui) !’ Ils se rendront auprès d’Adam et lui diront : ‘Tu es le Père de l’humanité ; Dieu, Exalté soit-Il, t’a créé de Sa main et a insufflé en toi de Son esprit, Il a ordonné aux anges de se prosterner, intercède en notre faveur auprès de ton Seigneur ! Ne vois-tu pas dans quel état nous sommes? Ne vois-tu pas ce qui nous arrive?’ Adam (que la Paix soit sur lui) leur dira : ‘Mon Seigneur est aujourd’hui dans une colère telle qu’Il ne l’a jamais été et ne le sera jamais. Il m’avait interdit de m’approcher de l’Arbre et je Lui ai désobéi ! Mon âme, mon âme ! Adressezvous à un autre, adressez-vous à Noé !’ Ils se rendront alors auprès de Noé (que la Paix soit sur lui) et lui diront : ‘Ô Noé, tu es le premier des envoyés aux habitants de la terre, et Dieu t’a

surnommé le Serviteur reconnaissant (‘abdan shakûran), intercède en notre faveur auprès de ton Seigneur ! Ne vois-tu pas dans quel état nous sommes? Noé (que la Paix soit sur lui) leur répondra : ‘Mon Seigneur est aujourd’hui dans une colère telle qu’Il ne l’a jamais été et ne le sera jamais. J’avais une prière que j’ai usée contre mon peuple (et qui me fut exaucée). Mon âme, mon âme ! Adressez-vous à un autre, adressez-vous à Abraham, l’Ami du Miséricordieux !’ Ils se rendront alors auprès d’Abraham, l’Ami de Dieu (que la Paix soit sur lui) et lui diront : ‘Tu es le prophète de Dieu et Son ami parmi les habitant de la terre, intercède en notre faveur auprès de ton Seigneur ! Ne vois-tu pas dans quel état nous sommes?’ Il leur répondra : ‘Mon Seigneur est aujourd’hui dans une colère telle qu’Il ne l’a jamais été et ne le sera jamais. J’avais proféré trois mensonges (qu’il citera puis dira) : Mon âme, mon âme ! Adressez-vous à un autre, adressez-vous à Moïse (que la Paix soit sur lui) !’ Ils se rendront alors auprès de Moïse (que la Paix soit sur lui) et lui diront : ‘Ô Moïse, tu es l’envoyé de Dieu qu’Il a honoré de Son message et de Sa parole, parmi les gens, intercède en notre faveur auprès de ton Seigneur ! Ne vois-tu pas dans quel état nous sommes?’ Il répondra : ‘Mon Seigneur est aujourd’hui dans une colère telle qu’Il ne l’a jamais été et ne le sera jamais. J’ai tué une âme qu’on ne m’avait pas ordonné de supprimer. Mon âme, mon âme ! Adressez-vous à un autre, adressez-vous à Jésus (que la Paix soit sur lui) !’ Ils se rendront alors auprès de Jésus (que la Paix soit sur lui) et lui diront : ‘Ô Jésus, tu es l’envoyé de Dieu, Sa parole qu’Il a projetée en Marie et un esprit émanant de Lui, et celui qui s’est adressé aux gens dans son berceau, intercède en notre faveur auprès de ton Seigneur ! Ne vois-tu pas dans quel état nous sommes?’ Jésus (que la Paix soit sur lui) leur répondra : ‘Mon Seigneur est aujourd’hui dans une colère telle qu’Il ne l’a jamais été et ne le sera jamais. (Et il ne citera aucune faute. Puis ajoutera) : Mon âme, mon âme ! Adressez-vous à un autre, adressez-vous à Muhammad .’ Ils viendront alors à moi et me diront : “Ô Muhammad, tu es l’Envoyé de Dieu et le Sceau des Prophètes, et Dieu t’a pardonné tes fautes, antérieures et postérieures, intercède en notre faveur auprès de ton Seigneur ! Ne vois-tu pas dans quel état nous sommes?” Je m’en irai alors m’installer sous le Trône, et me jetterai prosterné devant mon Seigneur. Puis, Dieu me couvrira des Ses louanges et de l’excellence de Ses glorifications, ce qu’Il n’aura accordé à personne avant moi. Puis, il sera dit : “Ô Muhammad redresse la tête ! Demande et il te sera accordé, intercède et on acceptera ton intercession !” Je redresserai la tête et dirai : “Seigneur, ma communauté ! Ma communauté !” On dira : “Ô Muhammad, fais entrer ceux qui n’encourent pas le décompte par la porte [la plus] à droite des portes du Paradis. Les autres portes sont pour les autres [communautés].” » Puis le Prophète a ajouté : « Par Celui qui tient mon âme en Sa main, il y a entre les deux battants des portes du Paradis, [la distance] qu’il y a entre La Mecque et Himyar, ou comme celle entre La Mecque et Bosra. »495 Une autre tradition rapporte ce même texte, mais contient en plus les fautes d’Abraham, c’est-àdire sa parole à propos des étoiles : « [Lorsque la nuit l’enveloppa, il vit l’étoile et dit] : “Ceci est mon Seigneur !”496, puis cette autre : « Mais non ! C’est plutôt celui-là, le plus grand d’entre eux, qui l’a fait ? »497, et enfin cette autre parole : « Certes, je suis malade. »498 499 Voici donc l’intercession de l’Envoyé de Dieu . Mais certaines personnes de sa communauté, comme les savants et les saints, prendront, eux aussi, part à l’intercession, l’Envoyé de Dieu ayant dit : « Entrera au Paradis, sur l’intercession d’un homme de ma communauté, une multitude plus importante que les [tribus] Rabî‘a et Mudar. »500 Il a dit aussi : « Il sera dit à l’homme : “Ô Untel, lève-toi et intercède !” Il se lèvera et intercédera en faveur de sa tribu, de sa famille, d’un individu, de deux […], à la mesure de ses

actions. »501 Anas (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « L’Envoyé de Dieu a dit : “Au jour de la Résurrection, un homme, parmi ceux du Paradis, regardera en direction des gens de l’Enfer lorsque l’un d’eux l’interpellera en lui disant : “Ô Untel, me reconnais-tu ?” L’homme répondra : “Par Dieu, je ne te reconnais pas, qui es-tu?” L’autre dira : “Je suis celui qui t’avais offert à boire, en la vie terrestre, une fois que tu étais passé devant moi et m’avais demandé à boire !” Il répondra : “Oui, je te reconnais.” L’homme de l’Enfer lui demandera alors : “Intercède donc en ma faveur pour ce motif, auprès de ton Seigneur !”” Il intercédera alors auprès de Dieu, Exalté soit-Il, en disant : “Alors que je regardais les gens de l’Enfer, Untel m’a interpellé en me disant : “Ô Untel, me reconnais-tu?” Je lui ai répondu : “Non, qui es-tu?” Il me dit alors : “Je suis celui qui t’avait offert à boire, en la vie terrestre, une fois que tu étais passé devant moi et m’avais demandé à boire ! Intercède donc en ma faveur !” Concède-moi donc d’intercéder en sa faveur !” Sur Son ordre, on le sortira de l’Enfer.” »502. Anas (que Dieu soit satisfait de lui) a dit aussi : « L’Envoyé de Dieu a dit : “Je serai le premier à sortir lorsque les gens seront ressuscités, leur prédicateur lorsqu’ils se présenteront en foule, celui qui leur annoncera de bonnes nouvelles lorsqu’ils désespéreront, celui qui, ce jour-là, aura l’étendard de la louange entre les mains, et je suis le plus noble des fils d’Adam auprès de mon Seigneur, et sans gloire de ma part !” »503. L’Envoyé de Dieu a dit : « Je me redresserai devant mon Seigneur, Puissant et Majestueux, et je serai revêtu de l’une des robes du Paradis, puis je me tiendrai à la droite du Trône et aucune créature, à part moi, n’occupera cette place. »504 Ibn ‘Abbâs (que Dieu soit satisfait de lui et de son père) a dit : « Des compagnons de l’Envoyé de Dieu s’assirent et l’attendaient. Il sortit, s’approcha d’eux et entendit leur rappel et leur discours. L’un d’eux dit : “Il est étrange que Dieu, Puissant et Majestueux, Se soit choisi un ami parmi Ses créatures. Il a choisi Abraham pour ami.” Un autre dit : “Ce qui est plus étrange, c’est le discours de Moïse, à qui Il s’adressa directement !” Un autre dit : “Jésus est la Parole de Dieu et Son Esprit.” Un autre : “Adam a été élu par Dieu.” L’Envoyé de Dieu vint alors vers eux, les salua et dit : “J’ai entendu vos propos et vos étonnements. Certes, il n’y a aucun doute qu’Abraham est l’Ami (Khalîl) de Dieu, que Moïse est le Confident (Najiyy) de Dieu, que Jésus est Son Esprit et Sa Parole et qu’Adam est- l’Élu de Dieu. Or, je suis le Bien-Aimé (Habîb) de Dieu, sans gloire de ma part, et je serai le porteur de l’étendard de la louange au jour de la Résurrection, sans gloire de ma part ; je serai le premier à intercéder et à être exaucé au jour de la Résurrection, sans gloire de ma part ; je serai le premier à frapper l’anneau [de la porte] du Paradis et Dieu me l’ouvrira et j’y entrerai en compagnie des croyants les plus pauvres, sans gloire de ma part ; et je suis le plus noble d’entre les premiers et les derniers, sans gloire de ma part.” »505.

Aspect du bassin Sache que le bassin est un honneur immense que Dieu a conféré exclusivement à notre Prophète et dont la description est contenue dans nombre de traditions. Espérons que Dieu, Exalté soit-Il, nous le fasse connaître en ce monde et nous y fasse goûter en l’autre. L’une de ses qualités concède à celui qui en boit de ne plus jamais avoir soif. Anas (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « Une fois, après s’être assoupi, l’Envoyé de Dieu

leva la tête, la face souriante. On lui demanda : “Ô Envoyé de Dieu , qu’est-ce qui te fait sourire?” Il répondit : “Un verset qui m’a été révélé récemment.” Puis il récita : “Au nom de Dieu, le Miséricordieux, le Clément. En vérité, Nous t’avons donné le Kawthar. »506, jusqu’à la fin de la sourate et dit : “Savez-vous ce qu’est al-Kawthar?” Nous répondîmes : “Dieu et Son Envoyé sont plus savants.” Il dit : “C’est un fleuve (nahr) du Paradis que mon Seigneur, Puissant et Majestueux, m’a promis et au-dessus duquel il y a un bien en abondance et où se trouve un bassin (hawd), autour duquel ma communauté se réfugiera au jour de la Résurrection. Ses récipients [pour boire] seront aussi nombreux que les étoiles dans le ciel.” »507. Anas (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « L’Envoyé de Dieu a dit : “Alors que je me promenais au Paradis, voilà qu’apparut un fleuve dont les berges étaient faites de perles concaves. Je demandais alors à Gabriel : ‘Qu’est-ce donc que ceci?’ Il me dit : ‘C’est le Kawthar que ton Seigneur t’a offert.’ L’ange frappa [la surface] de sa main et voilà que sa boue était du musc délicat.” »508. Il a dit aussi : « L’Envoyé de Dieu disait : “La distance entre les deux berges de mon bassin est comme celle entre Médine et San‘a ou comme celle entre Médine et ‘Umân.” »509. Ibn ‘Umar (que Dieu soit satisfait du père et du fils) a rapporté : « Lorsque fut révélée la parole du Très-Haut : “En vérité, Nous t’avons donné le Kawthar.”, l’Envoyé de Dieu a dit : “Il s’agit d’un fleuve du Paradis dont les berges sont en or, dont la boisson est plus blanche que le lait, plus douce que le miel et dont l’odeur est plus agréable que le musc. Il coule sur des cataractes de perles et de corail.” »510. Thawbân511 - un client du Prophète - rapporte : « L’Envoyé de Dieu a dit : “Mon bassin s’étend sur une distance pareille à celle qui existe entre ‘Adn et ‘Ammân d’al-Bulqân. Son eau est plus blanche que le lait, plus douce que le miel et ses verres aussi nombreux que les étoiles du ciel. Celui qui en boira une gorgée n’aura plus jamais soif. Les premiers à y arriver seront les Émigrés [Mecquois] les plus pauvres.” »512. ‘Umar b. al-Khattâb (que Dieu soit satisfait de lui) demanda : “Ô Envoyé de Dieu, qui sont-ils?” Il répondit : “Ceux à la chevelure hirsute, les vêtements poussiéreux, qui n’épousent pas les femmes riches et pour qui les portes closes ne s’ouvrent pas !” »513 . ‘Umar b. ‘Abd al-‘Azîz a dit : « Par Dieu, j’ai épousé Fâtima bint ‘Abd al-Malik parmi les femmes riches et les portes closes me furent ouvertes. Que Dieu me fasse miséricorde ! Je n’ai d’autre choix que celui de cesser d’oindre ma chevelure d’huile jusqu’à ce qu’elle soit hirsute, et d’arrêter de laver les vêtements qui couvrent mon corps jusqu’à ce qu’ils deviennent sales. » On rapporte qu’Abû Dharr a dit : « J’ai demandé à l’Envoyé de Dieu ce qu’étaient les récipients du bassin? Et il me dit : “Par Celui qui tient l’âme de Muhammad en Sa main, ses récipients sont plus nombreux que les étoiles du ciel, et que les astres par une nuit noire sans nuages. Celui qui en boira n’aura plus jamais soif. L’eau jaillit d’un bec du Paradis dont la largeur et la longueur sont semblables à la distance entre ‘Ammân et Ayla514, son eau est plus blanche que le lait et plus douce que le miel”. »515. Samura rapporte : « L’Envoyé de Dieu a dit : “Tous les prophètes auront un bassin et ils se vantent, entre eux, au sujet de celui qui est accessible au plus grand nombre de personnes, j’espère disposer de celui autour duquel il y aura le plus de gens.” »516. Voici donc le vœu de l’Envoyé de Dieu ! Que chaque serviteur espère donc être parmi ceux qui l’atteindront, et prenne garde à ne pas croire qu’il ne s’agit que d’un vœu pieux et d’une illusion.

Celui qui aspire récolter est celui qui sème la graine, nettoie et irrigue la terre, et qui ensuite s’assoit et espère que la grâce de Dieu fera pousser les plantes et éloignera les orages jusqu’aux récoltes. Quant à celui qui renonce au labour, aux semences, à préparer la terre et à l’irrigation, et qui espère que la grâce de Dieu fera pousser des grains et des fruits, celui-ci se leurre et nourrit de faux espoirs et n’a rien à voir avec ceux qui espèrent vraiment une chose. L’espoir de la plupart des créatures est de ce genre, et il ne s’agit de rien d’autre que d’un fol espoir propre aux sots. Nous nous réfugions en Dieu contre tout leurre et toute distraction, car être abusé par Dieu est pire que de l’être par les choses de ce monde, Dieu, Exalté soit-Il, ayant dit : « Que la vie de ce monde ne vous séduise pas, et ne laissez par le séducteur vous leurrer au sujet de Dieu. »517

L’aspect de l’Enfer, de ses calamités, de ses tourments, de ses serpents et de ses scorpions Ô toi, l’insouciant de son âme, qui se laisse séduire par les choses de ce monde qui s’apprête à s’évanouir et à cesser, renonce à penser à ce dont tu te séparerais [sous peu] et tourne plutôt ta pensée vers ce que tu rejoindras. Tu as appris que l’Enfer est la destination des hommes, puisqu’il est dit : « Il n’est aucun d’entre vous qui ne devra s’en approcher : c’est là une sentence établie par ton Seigneur. Nous sauverons ensuite ceux qui craignent Dieu et Nous y laisserons les iniques agenouillés. »518 Tu es certain de t’y rendre, mais tu as des doutes sur ton salut ! Remplis ton cœur d’effroi à l’idée de t’y rendre, cela pourra peut-être t’aider à t’en délivrer; et considère l’état des créatures qui auront à endurer les grandes épreuves et calamités de la Résurrection, lorsqu’ils y seront affligés et tourmentés en attendant d’entendre la vérité sur leur sort et espérant l’intercession de ses intercesseurs. Les criminels seront alors encerclés par des ombres transpercées de flammes, et ombragés par des feux flamboyants. Ils entendront alors ses soupirs et ses tiraillements procurés par la violence de sa rage et de sa fureur. Alors, les criminels réaliseront leur perte, les communautés tomberont à genoux, et même l’innocent craindra un sort funeste. Le héraut des gardiens de l’Enfer sortira alors et dira : « Où est Untel fils d’Untel qui temporisait en la vie terrestre et nourrissait de longs espoirs et qui a perdu sa vie dans de viles actions? » Les anges de l’Enfer se dirigeront alors vers lui, armés de barres de fer, l’accueilleront par les pires menaces et le conduiront au plus terrible châtiment, puis le jetteront, la tête la première, au fond de la fournaise en lui disant : « “Goûte [le châtiment], toi qui te croyais puissant et noble !”519, et réside dans cette sordide demeure aux côtés étroits, aux issues sombres et aux pires dangers. Le prisonnier y demeure perpétuellement et le feu y est toujours allumé ! Ils auront de l’eau bouillante pour boisson et la fournaise sera leur lieu de séjour. » Les gardiens de l’Enfer les frapperont et les abysses les réuniront. Leur seul espoir sera d’être anéanti, mais ils n’en seront pas épargnés. Leurs pieds sont écrasés contre leurs toupets et leur face est noire de leurs péchés. Ils hurlent de tous les côtés et crient dans toutes les directions : « Ô Mâlik, la menace est devenue réalité ! Ô Mâlik, les fers nous alourdissent ! Ô Mâlik, nos peaux sont calcinées ! Ô Mâlik, sors-nous d’ici, nous ne reviendrons plus [à nos fautes] ! » Les gardiens de l’Enfer diront : « Gare à vous ! Point de salut pour vous et point d’issue en dehors de la demeure de la déchéance ! Soyez-y avilis et muets ! Si vous en sortiez, vous reviendriez à ce qui vous a été interdit. » Ils sont alors saisis de désespoir et regrettent leur indifférence à l’égard de

la dignité de Dieu. Mais ni le remords ni les regrets ne les sauveront. Ils seront alors enchaînés et renversés sur le visage, et le feu les encerclera de tous côtés : au-dessus, en-dessous, à droite et à gauche, et ils seront complètement immergés dans le feu. Leur nourriture sera de feu, de même que leur boisson, leurs vêtements et leurs couches. Ils seront entre des fragments de feu, le vêtement goudronneux, et seront frappés avec des barres et alourdis par des chaînes. Ils se tortilleront dans ses passages étroits, s’anéantiront dans ses ténèbres et iront cogner contre ses parois. Le feu les fera bouillir comme l’eau bouillonnante dans les marmites. Et à chaque fois qu’ils se plaindront et se lamenteront de leur malheur, de l’eau bouillante sera versée sur leur tête « consumant leurs entrailles et leur peau. »520 On les frappera avec des barres de fer qui écorcheront leur front. Du pus jaillira de leur bouche et leur foie sera tiraillé par la soif, la peau de leurs paupières se décollera et elles couleront sur leurs joues Leur peau et leurs cheveux seront arrachés à la racine, et à chaque fois que leur peau est consumée, elle est remplacée par une neuve. Leurs os sont dépouillés de chair, mais leur esprit demeure en leurs veines et leurs artères qui grésillent dans le souffle de ces feux. Ils désireront alors la mort, mais ne périront pas. Qu’en sera-t-il donc de toi quand tu les verras, alors que leur face sera plus noire que le charbon? Quand leurs yeux seront aveugles, leur langue muette, leur dos rompu, leurs os brisés, leurs oreilles coupées, leur peau lacérée, leurs mains enchaînées à leur cou, leurs pieds écrasés contre leur toupet, et qu’ils marcheront sur le visage au-dessus du feu, piétinant de leurs yeux les pointes de fer. Le feu ardent pénétrera au fond de leurs parties alors que les serpents et les scorpions des abysses s’accrocheront aux bouts de leurs membres. Voici donc quelques aspects généraux de leur état. Considère à présent le détail de leurs tourments et pense aussi aux vallées de l’Enfer et à ses ravins étroits. Le Prophète a dit : « Il y a soixante-dix mille vallées en Enfer. Chaque vallée comprend soixante-dix mille ravins, et dans chaque ravin, il y a soixante-dix mille serpents et soixante-dix mille scorpions. L’incroyant et l’hypocrite ne connaîtront pas de répit avant d’avoir affronté tout cela. »521 ‘Alî (que Dieu ennoblisse sa face) rapporte : « L’Envoyé de Dieu a dit : “Réfugiez-vous en Dieu contre l’abîme du chagrin (jubbi al-huzn) ou la vallée du chagrin. » On lui demanda : “Qu’estce que l’abîme du chagrin ou la vallée du chagrin ?” Il répondit : “Il s’agit d’une vallée de l’Enfer contre laquelle même ce dernier cherche protection en Dieu soixante-dix fois par jour ; Dieu l’a apprêtée pour les lecteurs ostentatoires [du Coran]. ».522 Voici donc l’ampleur de l’Enfer et de la subdivision de ses vallées, dont le nombre est équivalent aux vallées de ce monde et aux passions de ce dernier. Le nombre de ses portes correspond aux sept membres avec lesquels le serviteur commet des péchés. Elles sont disposées en couches superposées : la plus haute est l’Enfer (Jahannam), puis la Fournaise (Saqar)523, la Flamme (Lazâ), l’Écrasante (al-Hutama)524, le Four (al-Sa‘îr)525, le Feu de l’Enfer (al-Jahîm)526 et enfin l’Abyme (al-qâri‘a)527. Considère à présent les profondeurs de l’Abyme qui est sans limites, tout comme le sont les désirs en ce monde. Ainsi, tout comme le désir ne prend fin qu’en un autre plus grand, l’Abyme ne cesse qu’en un autre plus profond encore. Abû Hurayra (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte : « Nous étions en compagnie de l’Envoyé de Dieu , lorsque nous entendîmes le choc d’une chose qui tombe. Il dit : “Savez-vous ce qu’est ceci?” Nous dîmes : “Dieu et Son Envoyé sont plus savants !” Il dit alors : “Il s’agit d’une pierre lancée il y a soixante-dix ans et qui n’a touché le fond que maintenant.” »528

Considère ensuite la dissemblance entre les rangs, « Et dans l’au-delà, il y a des rangs plus élevés et plus avantagés. »529, tout comme la diligence (ikbâb) des gens varie en ce monde : certains y sont si absorbés qu’ils coulent en elle, alors que d’autres y plongent à une profondeur déterminée. Leur saisissement par les flammes de l’Enfer varie lui aussi, car « en vérité, Dieu ne lèse (personne), fût-ce du poids d’un atome. »530 Aussi, les différentes punitions de l’Enfer ne sont pas appliquées indifféremment à tous ceux qui y séjournent, mais à chacun selon une limite connue et relative à sa désobéissance et à ses péchés. Ceci étant, le moindre des châtiments y est si violent, que si l’on offrait au châtié de se racheter en échangeant [son salut] contre tout ce que contient ce monde, il accepterait bien volontiers. L’Envoyé de Dieu a dit : « Au jour de la Résurrection, l’habitant de l’Enfer le moins châtié sera celui qui chaussera des sandales de feu dont la chaleur fera bouillir le cerveau. »531 Considère à présent celui dont les peines seront allégées et celui dont elles seront alourdies, et si tu doutes de l’intensité du feu, approche-en alors tes doigts et mesure-en la douleur. Sache, en outre, que ton évaluation sera erronée, car le feu de ce monde n’est pas comparable à celui de l’Enfer, mais s’agissant du pire châtiment qui puisse être infligé en ce monde, on y a recouru pour décrire celui de l’Enfer. Ô que non ! Si les gens de l’Enfer trouvaient un feu comme [celui de ce monde], ils y plongeraient voluptueusement pour fuir leur condition. C’est à cela que font allusion certaines traditions, comme celle-ci où il est dit : « Le feu de ce monde a été lavé avec soixante-dix eaux puisées dans l’eau de la Miséricorde (mâ’ al-Rahma), de sorte que les habitants de ce monde puissent le supporter. », et cette autre où l’Envoyé de Dieu a clairement décrit le feu de l’Enfer : « Dieu, Exalté soit-Il, a ordonné qu’on alimente le Feu [de l’Enfer] pendant mille ans, jusqu’à ce qu’il devienne rouge ; puis Il ordonna de l’alimenter mille autres années, jusqu’à ce qu’il devienne blanc ; puis Il ordonna de l’alimenter mille autres années, jusqu’à ce qu’il devienne noir. Voilà pourquoi [l’Enfer] est noir et obscur. »532 Il a dit aussi : « Le Feu se plaignit à son Seigneur : “Ô Seigneur, mes parties se consument entre elles !” Il lui permit alors de souffler deux fois, un souffle en hiver et un souffle en été. La [chaleur] torride que vous endurez en été provient de sa chaleur, et [le froid] éprouvé en hiver, de son froid mordant. »533 Anas b. Mâlik (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « On amènera la personne la plus fortunée d’entre les incroyants et il sera ordonné : “Immergez-la dans le feu, une fois !” Puis on lui demandera : “As-tu jamais connu l’aisance?” Elle répondra : “Non !” On amènera ensuite celui qui aura le plus souffert et on ordonnera : “Immergez-le dans le feu, une fois !” Puis on lui demandera : “As-tu jamais connu la souffrance?” Il répondra : “Non !” ». Abû Hurayra (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « S’il y avait dans la mosquée cent mille personnes, ou plus, et qu’un homme parmi les gens de l’Enfer soufflerait, ils mourraient tous. » Un savant a dit à propos de Sa parole « Le feu brûlera leurs visages. »534 : « Il les brûlera tous en une fois, et ne laissera aucune peau sur les os sans la jeter à leurs chevilles. » Considère ensuite le pus immonde qui coule de leur corps jusqu’à les recouvrir entièrement, c’est cela le liquide fétide (al-ghasâq). Abû Sa‘îd al-Khudrî (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte : « L’Envoyé de Dieu a dit : “Si un seul seau contenant le liquide fétide de l’Enfer était déversé en ce monde, il putréfierait (antana) l’ensemble des habitants de la terre.” »535.

Voilà donc ce que sera sa boisson lorsque l’individu hurlera sa soif : « Il y est abreuvé d’une eau fétide qu’il absorbe par petites gorgées et a de la peine à avaler. La mort l’assaille de toutes parts, mais il ne peut pas mourir. »536 ; et : « S’ils appellent à l’aide, on leur versera une eau ardente comme le métal fondu, qui leur brûlera le visage. Quelle détestable breuvage et quel abominable séjour ! »537 Considère ensuite leur nourriture qui sera du zaqqûm, conformément la Parole de Dieu, Exalté soit-Il : « Alors vraiment, vous, les égarés, les négateurs, vous mangerez les fruits de l’arbre Zaqqûm ; vous vous en emplirez le ventre ; vous boirez ensuite de l’eau bouillante ; vous boirez comme des chameaux assoiffés. »538 ; et : « C’est un arbre qui pousse au fond de la Fournaise, ses branches sont comme des têtes de démons. Les coupables en mangeront et s’en rempliront le ventre ; par-dessus, ils boiront un mélange bouillant, puis ils retourneront dans la Fournaise. »539 ; et : « Ils seront exposés à un Feu ardent. Ils seront abreuvés à une source bouillante. »540 ; et : « Il y a par devers Nous des chaînes, une fournaise, une nourriture qui suffoque et un châtiment douloureux. »541 Ibn ‘Abbâs (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte : « L’Envoyé de Dieu a dit : “Si une goutte de zaqqûm tombait dans les mers de ce monde, elle les polluerait et compromettrait la subsistance de ses habitants. »542 Qu’adviendra-t-il donc de celui qui s’en nourrira?” ». Anas (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte : « L’Envoyé de Dieu a dit : “Désirez ce que Dieu vous incite à désirer, et prenez garde, craignez ce qu’Il vous a incité à craindre, comme Son châtiment, Ses punitions et l’Enfer. En vérité, si vous déteniez, en ce monde que vous habitez, une seule goutte du Paradis, elle le parfumerait pour vous. Et si vous déteniez, en ce monde que vous habitez, une seule goutte de l’Enfer, elle vous le rendrait répugnant.” »543. Abû al-Dardâ’ (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte : « L’Envoyé de Dieu a dit : “On jettera la faim sur les gens de l’Enfer jusqu’à ce qu’elle soit égale au tourment qu’ils y subissent ; et lorsqu’ils réclameront de la nourriture, ‘ils n’auront pour nourriture que des [plants] épineux qui ne les engraisseront pas et n’apaiseront pas leur faim.’544 Ils réclameront encore et auront [cette fois] une nourriture qui les étouffera (dhû ghussa). Ils se rappelleront que de leur vivant, ils avaient l’habitude de boire pour soulager leur étouffement, et réclameront alors à boire, on élèvera jusqu’à eux de l’eau bouillante et des crochets de fer. Lorsqu’ils seront tout près de leur visage, ces derniers s’enflammeront, et lorsque cette boisson pénètrera dans leurs ventres, elle en lacérera le contenu. Ils diront alors : ‘Appelez les gardiens de l’Enfer !’” Le Prophète ajouta : “On les appellera et ils leur diront : “Priez votre Seigneur de nous alléger un jour de [notre] supplice”. Ils répondront : “Vos Messagers, ne vous apportaient-ils pas les preuves évidentes ?” Ils diront : “Si !” Ils [les gardiens] diront : “Eh bien, priez !” Et l’invocation des incroyants n’est qu’égarement.”545 Puis, le Prophète dit : “Ils diront : ‘Appelez Mâlik !’ On l’appellera et ils crieront : ‘Ô Mâlik ! Que ton Seigneur en finisse avec nous !’ Il répondra : ‘Vous devez rester là !’546” »547. Al-A‘mash a dit : « On m’a rapporté qu’entre leur invocation et la réponse de Mâlik, mille ans s’écouleraient. » Puis le Prophète continua : « Ils diront : “Invoquez votre Seigneur, car nul n’est meilleur que votre Seigneur !” Ils diront : “Seigneur, notre misère nous a vaincus et nous étions égarés ! Seigneur, sors-nous de la Géhenne, et si nous récidivons, nous serons vraiment iniques !”548 Dieu leur répondra : “Restez-y, et ne Me parlez plus !”549. Ils perdront alors tout

espoir de bien, regretteront, gémiront et se maudiront. » Abû Umâma a dit : « L’Envoyé de Dieu a dit au sujet de la parole du Très-Haut, “Il y est abreuvé d’une eau fétide qu’il absorbe par petites gorgées et a de la peine à avaler.”550, : “On l’approchera de lui mais il s’en détournera écœuré, et lorsqu’on l’en approchera davantage, son visage rôtira et son cuir chevelu (farwatu ra’sihi) tombera. Lorsqu’il en boira, ses entrailles se déchireront et il les évacuera par son postérieur. Le Très Haut ayant dit : ‘Et ils seront abreuvés d’une eau bouillante qui leur déchirera les entrailles’551, et : ‘S’ils appellent à l’aide, on leur versera une eau ardente comme le métal fondu, qui leur brûlera le visage. Quelle détestable breuvage et quel abominable séjour !’552 Voici donc ce que seront leur nourriture et leur boisson lorsqu’ils auront faim et soif !” »553. Songe à présent aux serpents et aux scorpions de l’Enfer, à leur puissant venin, à leur aspect horrible et repoussant lorsqu’ils auront autorité pour agir sur les habitants de l’Enfer et les attaqueront. Ils ne renonceront pas, même une seule heure, à les mordre et à les piquer. Abû Hurayra (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte : « L’Envoyé de Dieu a dit : “Celui à qui Dieu a accordé une fortune, mais qui ne s’acquitte pas de la taxe purificatrice qu’il doit, verra apparaître, au jour de la Résurrection, un énorme serpent, à tête blanche et ayant deux excroissances, qui s’enroulera autour de son cou et le saisira par les deux coins de la bouche (ashdâq) en lui disant : ‘Je suis ta fortune, je suis ton trésor !’” Puis, il récita cette parole du TrèsHaut : “Que ceux qui sont avares de ce que Dieu leur a donné de Sa faveur ne le considèrent pas comme un bien pour eux ; c’est, au contraire, un mal. Le jour de la Résurrection, ils porteront autour du cou ce pour quoi ils se montraient avares. À Dieu revient l’héritage des cieux et de la terre, et Dieu est parfaitement instruit de ce que vous faites.”554 »555. L’Envoyé de Dieu a dit : « Il y a en Enfer des serpents semblables aux cous des chameaux [du Khorasân] (al-bukht) et dont l’effet de leur morsure dure quarante automnes ; et il y a des scorpions semblables aux mules à terme (al-mawkûfa), dont l’effet de leur morsure dure quarante automnes ; ces serpents et ces scorpions auront autorité sur celui qui aura cédé, en cette vie, à l’avarice, à la malveillance et aura causé du tort aux gens. Celui qui s’écarte de tout cela, se verra protégé de ces serpents qui ne lui apparaîtront jamais. »556 Pense ensuite, après tout ce qui précède, aux corps des gens de l’Enfer qui deviendront énormes. En effet, Dieu, Exalté soit-Il, augmentera la largeur et la hauteur de leurs corps afin que le châtiment augmente aussi. Ils sentiront le souffle du feu et les morsures des scorpions et des serpents sur tout le corps, en une seule fois et sans interruption. Abû Hurayra (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte : « L’Envoyé de Dieu a dit : “La molaire de l’incroyant en Enfer est aussi grande que le [Mont] Uhud, et sa peau aura une épaisseur équivalent à trois jours de voyage.” »557 L’Envoyé de Dieu a dit : « Sa lèvre inférieure tombe sur sa poitrine et la lèvre supérieure est retroussée et recouvre son visage. »558 Il a dit aussi : « Au jour de la Résurrection, la langue de l’incroyant sera trainée dans un 559 sijjîn que les gens fouleront. »560 Bien que les dimensions de leur corps soient grandes, cela n’empêchera pas le feu de les brûler maintes fois. Leurs corps et leurs chairs seront à chaque fois renouvelés. Al-Hassan a dit, à propos de cette parole du Très-Haut, « Chaque fois que leur peau sera cuite, Nous la remplacerons par

une nouvelle afin qu’ils goûtent le châtiment. »561 : « Le feu les dévorera chaque jour soixante-dix mille fois, et à chaque fois qu’ils seront dévorés, il leur sera dit : “Redevenez tels que vous étiez !”, et ils redeviendront tels qu’ils étaient. » Pense, à présent, aux pleurs des gens de l’Enfer, à leurs sanglots et à leur invocation du malheur et de la ruine. Ils seront soumis à tout cela lorsqu’ils seront jetés la première fois en Enfer. En effet, l’Envoyé de Dieu a dit : « Ce jour-là, on amènera l’Enfer. Il y aura soixante-dix mille brides, et avec chacune d’elles, il y aura soixante-dix mille anges. »562 Anas (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte : « L’Envoyé de Dieu a dit : “On suscitera les pleurs des gens de l’Enfer, puis ils pleureront du sang jusqu’à ce que, sur leur face, apparaissent des sillons (ukhdûd) si profonds que pourraient y voguer des navires. Aussi longtemps qu’ils pleureront, sangloteront, gémiront, invoqueront malheur et ruine, ils chercheront quelque répit, mais cela aussi leur sera nié.” »563. Muhammad b. Ka‘b a dit : « Les gens de l’Enfer auront cinq vœux, pour lesquels Dieu, Puissant et Majestueux, répondra à quatre d’entre eux. Après le cinquième, ils ne parleront plus jamais. [Ce vœu sera] : “Seigneur, Tu nous as fait mourir deux fois et revivre deux fois. Nous reconnaissons nos péchés ; existe-t-il une issue possible?”564 Dieu, Exalté soit-Il, leur répondra : “Il en est ainsi parce que lorsque Dieu, l’Unique, était invoqué, vous avez mécru ; mais si des associés Lui sont donnés, vous y croyez. Le Jugement appartient à Dieu, le Très-Haut, l’infiniment Grand !”565 Puis, ils diront : “Seigneur, accorde-nous un bref délai, afin que nous puissions répondre à Ton appel et suivre les Envoyés.”566, et Il leur répondra : “N’aviez-vous pas juré autrefois que jamais vous ne changeriez !”567 Ils diront : “Seigneur, fais-nous sortir d’ici. Nous ferons œuvre bonne, contrairement à ce que nous faisions autrefois !”568, et Il répondra : “Ne vous avons-Nous pas accordé une vie assez longue pour que celui qui réfléchit puisse réfléchir ? Et l’avertisseur est venu à vous. Goûtez donc le châtiment ! Il n’y a pas de secours pour les iniques !”569 Puis, ils diront : “Seigneur, notre misère nous a vaincus et nous étions égarés ! Seigneur, sors-nous de la Géhenne, et si nous récidivons nous serons vraiment iniques !”570, et Il répondra : “Restez-y et ne Me parlez plus !”571 Ils ne parleront plus jamais après, et cela est le pire des châtiments. » Mâlik b. Anas (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « Zayd b. Aslam a dit au sujet de la Parole du Très-Haut, “Peu importe que nous gémissions ou que nous nous résignions, il n’y a pour nous aucune issue possible !”572 : Ils supporteront cent ans, puis se résignerons cent ans, puis supporteront cent autres années et diront : “Peu importe que nous gémissions ou que nous nous résignions […] ». L’Envoyé de Dieu a dit : « Au jour de la Résurrection, on apportera la mort sous l’aspect d’un bélier, à la laine blanche et noire (amlah) qu’on immolera entre le Paradis et l’Enfer. On dira alors aux gens du Paradis : “[Demeurez-y] éternellement et sans jamais périr !” Puis, on dira aux gens de l’Enfer : “[Demeurez-y] éternellement et sans jamais périr !” »573. Al-Hassan a dit : « On sortira de l’Enfer un homme après mille ans. Ah ! Puissé-je être ce dernier ! » On vit al-Hassan (que Dieu soit satisfait de lui) assis, pleurant dans un coin. On lui demanda : « Pourquoi pleures-tu? » Il répondit : « Je crains qu’Il ne me jette en Enfer, sans aucun soin ! » Voici donc de manière générale les différents types de châtiments de l’Enfer; et l’énumération de ses différents détails, parties, calamités et malheurs est sans limite. Mais la pire souffrance qu’ils endureront, consistera en leur regret d’avoir manqué les faveurs du Paradis, la rencontre de Dieu,

Exalté soit-Il, et Son agrément, tout en sachant qu’ils ont troqué cela pour un vil prix et quelques dirhams. Et parce qu’ils n’ont fait cette transaction que sous l’impulsion de leurs infâmes, éphémèreset impurs désirs mondains ; des désirs qui les souillent et les angoissent. Ils diront en euxmêmes : « Malheur à nous ! Notre désobéissance à notre Seigneur nous a anéantis ! Pourquoi ne pas avoir été patients quelques jours? Aurions-nous patienté, nous aurions alors joui du voisinage du Seigneur des mondes, et nous nous serions délectés de Son agrément et de Sa satisfaction ! » Combien sera terrible leur remords ! Ils manqueront ce qu’ils auront perdu, et seront soumis à de rudes épreuves. Aucun plaisir et désir de ce monde ne leur feront alors compagnie. Et s’ils ne voyaient les plaisirs du Paradis, leur remords ne serait pas aussi grand, et c’est pour cette raison qu’ils leur seront montrés. L’Envoyé de Dieu a dit : « Au jour de la Résurrection, on amènera les gens de l’Enfer au Paradis. Lorsqu’ils s’en approcheront, en sentiront les parfums, en verront les palais et ce que Dieu a préparé pour ses hôtes, on ordonnera : “Écartez-les de là ! Ils n’y ont aucune part.” Ils reviendront avec un remords tel, que ni les premiers ni les derniers n’en auront connu de semblable, et diront : “Seigneur, pourquoi ne pas nous avoir jetés directement en Enfer plutôt que de nous montrer Ta récompense et ce que Tu as apprêté pour Tes amis, cela nous aurait été plus supportable.” Dieu, Exalté soit-Il, leur dira : “C’est ce que J’ai souhaité pour vous. Lorsque vous étiez seuls, vous Me défiiez en commettant des grands péchés, et lorsque vous rencontriez les gens, vous manifestiez de la modestie contrairement à ce que vos cœurs éprouvaient pour Moi. Vous craigniez les gens et non Moi ; vous les vénériez et non Moi ; vous avez renoncé [à certaines choses] pour les gens et non pour Moi. Et bien, aujourd’hui Je vous ferai goûter au douloureux châtiment, et Je vous priverai des récompenses permanentes.” »574. Ahmad b. Harb a dit : « Quiconque préfère l’ombre au soleil ne peut préférer l’Enfer au Paradis ! » Jésus (que la Paix soit sur lui) a dit : « Combien de corps sains, de visages radieux et de langues éloquentes, hurleront demain dans les niveaux de l’Enfer ? » David (que la Paix soit sur lui) a dit : « Mon Dieu, je n’ai pas de patience contre la chaleur de ton soleil, comment en aurais-je contre celle de Ton Enfer ! Et je n’ai pas de patience face au son de Ta Miséricorde, comment en aurais-je face à celui de Ton châtiment ! » Ô malheureux, considère toutes ces pénibles épreuves et sache que Dieu, Exalté soit-Il, a créé l’Enfer et ses tourments et des hôtes qui n’augmentent ni ne diminuent en nombre, et que cela a déjà été décrété et porté à terme. En effet, Dieu, Exalté soit-Il, a dit : « Avertis-les du jour de la grande lamentation, lorsque s’accomplira le Décret et que, plongés dans l’insouciance, ils ne croiront pas »575. Par ma vie, il est fait allusion ici au jour de la Résurrection, à l’éternité de l’Éternité, car le jour de la Résurrection manifestera ce que le Décret a déjà établi. Il est surprenant que tu continues à rire, à te divertir et à t’occuper des choses insignifiantes de ce monde, alors que tu ignores ce qui a été décrété sur ton sort. Si tu dis : « Pauvre de moi ! Puissé-je connaître ma destinée, l’issue, le retour et ce qui a été décrété sur mon compte ! » Il y aussi un signe qui te confortera et te fera prendre confiance en tes espoirs, et c’est celui qui consiste à examiner tes états et tes œuvres. Chacun aura aisément accès à ce qui a été créé à son intention. Si la voie du bien t’est rendue aisée, alors réjouis-toi car tu seras éloigné de l’Enfer ; mais si tu recherches le bien et que des obstacles t’encerclent et t’en empêchent, ou si tu recherches le mal et que ses causes te sont rendues accessibles, sache alors que ton cas a déjà

été jugé. L’indication de ces conséquences est aussi claire que l’indication de la pluie sur les plantes et celle de la fumée concernant le feu. Dieu, Exalté soit-Il, a dit : « Les purs seront dans un lieu de délice et les libertins dans une fournaise. »576 Jauge ton âme à ces deux versets, et tu connaîtras la demeure où tu résideras. Et Dieu est plus Savant !

Aspect du Paradis et les différentes formes de délices Sache qu’une autre demeure fait face à celle dont nous avons [précédemment] décrit les tourments et les angoisses. Médite donc sur ses délices et ses formes de bonheur. Celui qui est éloigné de l’une des deux [demeures] résidera inévitablement dans l’autre. Suscite la crainte en ton cœur en réfléchissant longuement aux périls de la fournaise, et suscite-y aussi l’espoir en pensant tout aussi longuement aux délices permanents et promis aux gens du Paradis. Et conduis ton âme à l’aide du fouet de la peur et dirige-là à l’aide des brides de l’espoir sur le voie de la rectitude, car c’est grâce à cela que tu obtiendras le royaume suprême, et que tu seras épargné du châtiment douloureux. Pense aux gens du Paradis, « Tu reconnais sur leurs visages l’éclat de la béatitude. On leur sert à boire un nectar scellé (rahîq makhtûm). »577 Ils sont installés sur des chaires en rubis, dans des tentes de perles blanches contenant de splendides tapisseries vertes, et accoudés à des reposoirs installés aux bords de fleuves où coulent du vin et du miel, entourés de jouvenceaux et de pages, ornées de splendides houris choisies, semblables à la hyacinthe et au corail, que nul humain ni djinn n’ont jamais souillées, qui circulent à travers les jardins, et dont les voiles sont portés par soixantedix mille pages. Elles sont recouvertes d’étoffes de soie blanche, qui éblouissent les regards, et portent des couronnes incrustées de rubis et de corail. Soignées, attirantes et parfumées, elles sont épargnées de toute vieillesse et infortune. Elles demeurent dans des tentes et des palais en rubis, érigés au centre des jardins du Paradis. Elles ont le regard chaste. On circule autour d’eux et d’elles, avec des aiguières et des coupes remplies d’un breuvage limpide et blanc. Un délice pour les buveurs ! Des serviteurs et des éphèbes, telles des perles cachées, circuleront autour d’eux en récompense de leurs œuvres passées, dans un lieu sûr, dans des jardins où il y a des fontaines, « […] dans les jardins baignés par des fleuves, dans un havre de sincérité, auprès d’un Roi Omnipotent »578 où ils regarderont la face du Roi Miséricordieux. La vue des délices illuminera leur visage, sans que fumée et avilissement ne les recouvre ; ils sont des serviteurs honorés par divers présents de la part de leur Seigneur. Ils auront éternellement ce que leur âme désire et n’y seront ni contredits ni peinés, et sont à l’abri des vicissitudes du destin (rayb al-manûn). Ils s’y délectent, y mangent des mets exquis, boivent de ses fleuves du lait, du vin et du miel. Des fleuves dont le fond est d’argent ; les cailloux, de corail ; la terre, parfumée de musc et les plantes, de safran. Il s’y trouve des nuages gorgés d’eau d’églantine qui se déversent sur des dunes de camphre. On les sert dans des coupes, et quelles coupes ! Des coupes d’argent incrustées de pierres précieuses, de rubis et de corail, contenant un nectar scellé, mélangé à une eau puisée dans une source proche, nommée ‘Salsabîl’579. Des coupes qui brillent par la pureté de leur matière et d’où transparaît clairement la délicatesse et la couleur du liquide contenu. Ce n’est pas là l’œuvre d’un humain qui manquerait de perfection ou dont la fabrication entraînerait quelque défaut ; non, il s’agit de coupes dont l’aspect de la clarté défie la lumière du soleil, et comment l’individu pourrait-il prétendre à la douceur de leur forme, à la perfection de leurs tempes ou à la grâce de leurs yeux !

Quelle stupéfaction que de voir celui qui croit en une telle demeure, qui est certain de l’immortalité de ses hôtes, et que l’infortune ne cueille pas ceux qui occupent ses étendues, et [qui sait] que les évènements n’ont aucun pouvoir sur eux, s’attacher à une demeure [ce bas monde] dont Dieu a permis la destruction et qui se réjouit d’y vivre ! Par Dieu, s’il n’y avait au [Paradis] que l’intégrité des corps, et l’assurance contre la mort, la faim, la soif, et autres choses contingentes, [l’individu] serait disposé à quitter ce monde uniquement pour ces choses, et à le préférer à ce qui est inévitablement destiné à être détérioré et perdu. Comment en serait-il autrement alors que les hôtes [du Paradis] sont traités comme des rois vivant en toute sécurité, qu’ils jouissent des plaisirs les plus divers, sont chaque jour présents devant le Trône et y contemplent le noble visage de Dieu, gagnant ainsi la vision de Dieu, à laquelle se joignent tous les autres plaisirs du Paradis, et sans même se retourner ? Ils se déplacent sans cesse entre ces variétés de délices, et sont assurés contre la disparition. Abû Hurayra (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte : « L’Envoyé de Dieu a dit : “Un héraut criera : ‘Ô gens du Paradis, vous y serez en parfaite santé et jamais malades ! Vous y vivrez sans jamais mourir ! Vous y serez jeunes sans jamais vieillir ! Vous vous y délecterez sans jamais peiner !”” », conformément à la parole de Dieu, Puissant et Majestueux, « Voici le jardin qui vous a été donné en héritage pour ce que vous avez fait ! »580 Si tu souhaites connaître l’aspect du Paradis, consulte alors le Coran, car il n’y a aucune description plus fidèle que celle que Dieu, Exalté soit-Il, en donne. Et lis Sa parole : « Mais pour ceux qui ont redouté la station de leur Seigneur, il y aura deux jardins [...] », jusqu’à la fin de la sourate al-Rahmân581. Et lis la sourate al-Wâqi‘a582 et les autres sourates. Après avoir connu de manière sommaire le Paradis et si tu souhaites en savoir davantage, considère alors, à présent, les détails rapportés dans les récits traditionnels ; et commence par considérer d’abord le nombre de ses jardins. À propos de Sa parole, « Mais pour ceux qui ont redouté la station de leur Seigneur, il y aura deux jardins [...] », l’Envoyé de Dieu a dit : « Deux jardins dont les récipients et ce qu’ils contiennent sont d’argent ; deux jardins dont les récipients et ce qu’ils contiennent sont d’or ; et ce qui séparera le regard des gens du visage de leur Seigneur, au Paradis d’Eden, sera le manteau de la Majesté (ridâ’ al-Kibriyâ’). »583 Considère ensuite le nombre de portes du Paradis, qui sont aussi nombreuses que les principes d’obéissance, tout comme les portes de l’Enfer le sont autant que les principes de désobéissance. Abû Hurayra (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte : « L’Envoyé de Dieu a dit : “Celui qui prend à sa charge les frais de mariage d’un couple, pour la cause de Dieu, sera appelé [à entrer] par toutes les portes du Paradis qui sont au nombre de huit. Celui qui était du nombre des gens de la Prière, sera appelé par la porte de la Prière ; celui qui était du nombre des gens du Jeûne, sera appelé par la porte du Jeûne ; et celui qui était du nombre des gens de la Guerre sainte, sera appelé par la porte de la Guerre sainte.” Abû Bakr (que Dieu soit satisfait de lui) dit : “Nul d’entre nous ne sait par quelle porte on l’appellera. Mais l’un d’entre nous sera-t-il appelé par toutes les portes ?” Le Prophète répondit : “Oui, et j’espère que tu seras l’un d’entre eux !” »584. ‘Asim b. Damra rapporte : « ‘Alî (que Dieu ennoblisse sa face) mentionna l’Enfer en soulignant sa monstruosité, dont je ne me souviens pas, puis il dit : ““Ceux qui auront craint leur Seigneur seront conduits au Paradis par groupes’585 jusqu’à ce qu’ils parviennent à l’une de ses portes où ils trouveront un arbre au pied duquel coulent deux sources. Ils s’y installeront comme il leur a été

ordonné de faire et y boiront. Alors, tout mal et toute peine disparaitront de leur ventre. Puis, ils se dirigeront vers la seconde source où ils se purifieront, après quoi, la vision des délices du Paradis leur jaillira au visage. Dès cet instant, leur chevelure [prendra un aspect qui] ne changera jamais, et ils ne seront plus décoiffés : c’est comme si on les avait oint . Puis, ils se rendront au Paradis où les gardiens leur diront : “Paix sur vous ! Vous avez été bons ; entrez-y pour y demeurer à jamais !”586 Puis, les éphèbes les accueilleront, comme les enfants accueillent leur bien-aimé en ce monde après une longue absence. Ils lui diront : “Réjouis-toi, Dieu t’a préparé telle et telle grâce […]”. Puis, l’un de ces éphèbes s’en ira auprès de l’une de ses épouses parmi les houris aux grands yeux et lui annoncera : “Untel est arrivé !”, en le mentionnant par le nom qu’il portait en ce monde. Elle lui demandera : “L’as-tu vu ?” Il lui répondra : “Je viens de le voir et il me suit.” Ivre de plaisir, elle se précipite alors vers le seuil de sa porte. Arrivé dans sa demeure, il en admire les fondations faites de pierres taillées au-dessus desquelles surgit un palais de couleur rouge, vert, jaune et toutes les autres couleurs. Puis, il lève la tête et regarde le toit qui ressemble à un éclair, et si Dieu ne l’avait pas rendu apte à en supporter la vision, il perdrait aussitôt la vue. Puis, il baisse son regard et voilà qu’il voit ses épouses, “[…] des coupes posées, des coussins alignés et des tapis étalés […]”587. Il s’accoude alors et déclare : “Louange à Dieu qui nous a conduits à cela. Nous n’aurions pas été guidés si Dieu ne nous avait pas guidés.”588 Puis, un héraut criera : “Vous vivrez sans jamais mourir ! Vous y demeurerez sans jamais partir ! Vous y serez en bonne santé sans jamais être malades !” ». L’Envoyé de Dieu a dit : « Au jour de la Résurrection, je viendrai devant la porte du Paradis et demanderai à y entrer. Le gardien viendra et demandera : “Qui es-tu?” Je répondrai : “Muhammad.” Il dira : “On m’a ordonné de n’ouvrir à personne avant toi !” »589. Considère à présent les chambres du Paradis et à la hiérarchie de ces différents niveaux. « Certes, il y a dans la vie future des degrés encore plus élevés et des faveurs encore plus grandes. »590 Et tout comme il y a des différences évidentes entre les gens dans leurs actes d’obéissance et leurs qualités intérieures, il y aura aussi des différences évidentes dans les rétributions [dans l’au-delà]. Si tu souhaites acquérir les plus hauts degrés, alors œuvre et fais en sorte que nul ne te précède dans l’obéissance à Dieu, Exalté soit-Il. Car Il t’a recommandé de te hâter et de rivaliser en disant : « Élancez-vous vers le pardon de votre Seigneur »591 et : « Que ceux qui en désirent rivalisent pour l’obtenir ! »592 Ce qui surprend, c’est que si tes semblables ou tes voisins ont un dirham de plus que toi, plus d’enfants ou une maison plus grande, cela te pèse, afflige ton cœur et suscite en toi une jalousie qui empoisonne ta vie. Pourtant, le mieux pour toi consiste à résider au Paradis, même si tu n’es pas assuré de ne pas y être devancé par d’autres dans l’obtention de présents qui n’ont pas leur pareil en ce monde, dans la totalité de ce qu’il contient. Abû Sa‘îd al-Khudrî (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte : « L’Envoyé de Dieu a dit : “Les gens du Paradis verront ceux des chambres supérieures comme vous voyez l’astre lumineux qui file à l’horizon, vers l’Est ou l’Ouest, et ce en raison de la différence de mérite des uns et des autres.” Nous dîmes alors : “Ô Envoyé de Dieu, s’agirait-il des demeures des prophètes qu’ils sont les seuls à atteindre ?” Il répondit : “Non ! Par Celui qui tient mon âme en Sa main, se sont des hommes qui ont cru en Dieu et ont eu foi en les messagers.” »593. Il a dit aussi : « Les gens qui occupent les degrés supérieurs seront vus par ceux qui se situent en-dessous d’eux, comme vous voyez l’étoile qui se lève à l’un des horizons du ciel, Abû Bakr et ‘Umar en feront partie et seront plus élevés encore. »594

Jâbir (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte : « L’Envoyé de Dieu nous a dit : “Voulez-vous que je vous parle des chambres du Paradis ?” Je répondis : “Ô Envoyé de Dieu, que Dieu prie sur toi ! Que nos pères et nos mères soient ta rançon ?, dis-le nous !” Il dit : “Il y a, au Paradis, des chambres [réalisées avec toute sorte] de pierres précieuses. Leur extérieur est vu de l’intérieur, et leur intérieur de l’extérieur. Il y a tout type de délice, de désirs et de bonheur, ce qu’aucun œil n’a jamais vu, ce qu’aucune oreille n’a entendu, ni aucun esprit imaginé.” Je lui ai alors demandé : “Ô Envoyé de Dieu, à qui donc sont destinées ces chambres ?” Il répondit : “À celui qui prononce les salutations de paix, qui offre à manger, qui jeûne en permanence et qui prie la nuit alors que les gens dorment.”595. Nous dîmes : “Ô Envoyé de Dieu, qui peut supporter de telles épreuves ?” Il répondit : “Ma communauté le peut et je m’en vais vous expliquer comment. Celui qui rencontre son frère et invoque sur lui la paix ou celui qui répond aux salutations, celui-là prononce les salutations de paix (afshâ al-salâm) ;celui qui nourrit son épouse et ses enfants de manière à les rassasier, celui-là offre à manger (at‘ama al-ta‘âm) ; celui qui jeûne le mois sacré de ramadân et trois jours pendant chaque mois, celui-là jeûne en permanence ; celui qui accomplit sa dernière prière nocturne, et se rend à la prière collective de l’aube, celui-là prie la nuit alors que les gens dorment, c’est-à-dire les juifs, les chrétiens et les mazdéens.” »596. On interrogea l’Envoyé de Dieu sur la Parole du Très-Haut, « […] et d’agréables demeures dans les Jardins d’Eden. […] »597. Il répondit : « [Il s’agit] de palais en perles, chacun contenant soixante-dix maisons en rubis et dont chacune contient soixante-dix chambres en émeraudes. Dans chaque chambre, il y a soixante-dix lits de toutes les couleurs, sur chacun desquels repose une épouse d’entre les houris aux grands yeux. Dans chaque chambre, il y a soixante-dix tables sur chacune desquelles il y a soixante-dix plats différents, et soixante-dix servantes. Et tous les matins, il est donné assez de force au croyant pour jouir de tout cela. »598

Aspect du mur, des terres, des arbres et des fleuves du Paradis Considère à présent l’aspect du Paradis et pense à l’enchantement de ses hôtes et au grand regret de ceux qui en sont interdits en raison de leur contentement de ce monde plutôt que du Paradis. Abû Hurayra (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte : « L’Envoyé de Dieu a dit : “Le mur du Paradis est fait de briques d’argent et d’or, son sol de safran et son argile de musc.” »599 Interrogé sur la tourbe du Paradis, il répondit : « Elle est de farine blanche et de musc pur. »600 Abû Hurayra (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte : « L’Envoyé de Dieu a dit : “Celui qui aimerait que Dieu, Puissant et Majestueux, lui fasse boire du vin dans l’au-delà, doit y renoncer en ce monde ; et celui qui aimerait que Dieu l’habille de soie dans l’au-delà, doit y renoncer en ce monde.” »601 ; et : “Les fleuves du Paradis jaillissent de dessous des collines – ou des montagnes – de musc.”602 ; et : “Si les parures des gens qui occupent le plus bas niveau du Paradis étaient comparées à celles portées par tous les habitants de ce monde, alors, certes, celles que Dieu, Puissant et Majestueux, fera porter en l’autre monde, seront supérieures à toutes celles portées en ce monde.” »603 Abû Hurayra (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte : « L’Envoyé de Dieu a dit : “Il y a un arbre au Paradis, à l’ombre duquel le cavalier peut voyager pendant cent ans, sans la traverser. Récitez donc, si vous le souhaitez : ‘Et une ombre étendue […]’604 »605.

Abû Umâma a dit : « Les compagnons de l’Envoyé de Dieu disaient : “Dieu, Puissant et Majestueux, nous fait tirer avantage des Bédouins et de leurs questions.” Car une fois, un Bédouin vint et dit : “Ô Envoyé de Dieu, Dieu a mentionné dans le Coran un arbre qui cause du tort, or j’ignorais qu’il y avait au Paradis un arbre nuisible !” L’Envoyé de Dieu lui dit : “De quel arbre s’agit-il ?”, et l’homme répondit : “Le jujubier. Or c’est un arbre épineux !” Il lui répondit : “Dieu, Exalté soit-Il, a dit : ‘[Ils séjourneront parmi] des jujubiers sans épines’606. Dieu en éliminera chaque épine et la remplacera par un fruit qui s’ouvrira et produira soixante-dix sortes de nourriture de couleur différente, aucune de ces couleurs ne ressemblant à l’autre. »607 Jarîr b. ‘Abd Allâh608 a dit : « Un jour, alors que nous faisions une halte à al-Saffâh609, nous vîmes, endormi au pied d’un arbre, un homme que le soleil avait presque atteint. Je dis à mon serviteur : “Prends ce tapis de cuir et va le couvrir !” Il alla et fit de l’ombre à l’homme. Lorsque ce dernier se réveilla, je reconnus Salmân. J’allai à sa rencontre, le saluai, et il me dit : “Ô Jarîr, montre-toi humble devant Dieu, car celui qui s’humilie devant Dieu en ce monde, Dieu l’élèvera au jour de la Résurrection. Sais-tu ce que sont les ténèbres du jour de la Résurrection ?” Je lui répondis : “Je l’ignore.” Il me dit alors : “L’injustice des gens, les uns envers les autres !” Puis, il prit une minuscule brindille que je pouvais à peine voir et dit : “Ô Jarîr, si tu cherchais une chose aussi petite que ceci au Paradis, tu ne la trouverais pas.” Je lui dis alors : “Ô Abû ‘Abd Allâh, qu’en est-il donc des palmiers et des arbres ?” Il répondit : “Leurs racines seront de perles et d’or, et leur branches remplies de fruits.” ».

Aspect des vêtements, des lits, des divans, des accoudoirs et des tentes des gens du Paradis Dieu a dit : « Ils y sont parés de bracelets en or et de perles, et leurs vêtements sont de soie. »610 Il y a de nombreux versets sur ce sujet mais les détails se trouvent dans les récits traditionnels. Abû Hurayra (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte : « Le Prophète a dit : “Celui qui entrera au Paradis y trouvera du plaisir et non de la détresse. Ces vêtements ne s’abîment pas, et sa jeunesse ne périt pas. Il y a au Paradis ce qu’aucun œil n’a contemplé, qu’aucune oreille n’a entendue, et ce qui n’a jamais traversé l’esprit d’un humain.” »611. Un homme demanda : « Ô Envoyé de Dieu , parle-nous des vêtements des gens du paradis. Seront-ils créés [intégralement] ou tissés ? » L’Envoyé de Dieu demeura silencieux et certains se mirent à rire. L’Envoyé de Dieu dit alors : « Qu’est-ce donc qui vous fait rire ? Qu’un ignorant interroge celui qui possède la connaissance ? » Puis il ajouta : « Non, au Paradis les [choses] sont produites deux fois [par jour]. »612 Abû Hurayra (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte : « Le Prophète a dit : “Les premiers individus qui entreront au Paradis auront l’aspect de la lune, une nuit de pleine lune, ils n’y cracheront pas, n’y éternueront pas ni n’y videront leurs intestins. Leurs récipients et peignes seront d’or et d’argent, et leur sueur de musc. Chacun d’eux aura deux épouses dont la moelle de leurs jambes sera visible derrière leur chair, tant elles seront belles. Elles ne se disputeront pas ni se détesteront, et leurs cœurs sont un. Elles chantent la gloire de Dieu matin et soir.” Et dans une autre version : “Chacune des deux épouses portera soixante-dix parures. ” »613. Le Prophète a dit à propos de la parole du Très-Haut, « Ils s’y pareront de bracelets d’or. »614 : « Elles porteront des couronnes dont la moins précieuse des perles illuminerait l’espace entre

l’Orient et l’Occident. »615 Il a dit aussi : « La tente [du Paradis] est une perle creuse, dont la hauteur sera de soixante 616 miles , et aux angles de laquelle, le croyant aura sa famille à l’abri des regards. » - Tradition rapportée par Bukhârî dans son Sahîh. Ibn ‘Abbâs (que Dieu soit satisfait de lui et de son père) a dit : « La tente est une perle creuse, haute d’une parasange et portant quatre milles battants d’or. » Abû Sa‘îd al-Khudrî (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte : « L’Envoyé de Dieu a dit à 617 propos de la parole du Très-Haut, « […] [se reposant] sur des lits élevés. » : « La distance entre les lits est comme celle qui sépare le ciel de la terre. »618

Aspect de la nourriture des gens du Paradis La description de la nourriture des gens du Paradis est fournie dans le Coran où sont mentionnés les fruits, les grosses volailles, la manne, les cailles, le miel, le lait et d’innombrables autres variétés de nourritures. Dieu, Exalté soit-Il, a dit : « Chaque fois qu’ils y recevront un fruit pour se nourrir, ils diront : “C’est bien là ce que nous recevions jadis”, car une nourriture semblable leur était fournie. »619 Et Dieu, Exalté soit-Il, a mentionné aussi la boisson des gens du Paradis dans de nombreux endroits [du Coran]. Thawbân, le client de l’Envoyé de Dieu , rapporte qu’il se trouvait un jour avec l’Envoyé de Dieu , lorsqu’un rabbin juif vint rendre visite à ce dernier et lui posa diverses questions, dont celle-ci : « Qui seront les premiers à traverser? » - c’est-à-dire le Pont – Il répondit : « Les Émigrés les plus pauvres. » Le juif demanda : « Quel sera leur présent lorsqu’ils entreront au Paradis? » Il répondit : « Le bout de foie d’un poisson (kabid al-hût). » Le rabbin demanda : « Que mangeront-ils après cela? » Le Prophète répondit : « On immolera pour eux le taureau (thawr) du Paradis, qui paissait sur ses terres. » Le juif demanda : « Et que boiront-ils? » Il répondit : « Ils boiront d’une source proche nommée ‘Salsabîl’620. » Le rabbin dit alors : « Tu dis vrai ! »621 Zayd b. al-Arqam rapporte qu’un juif vint trouver l’Envoyé de Dieu et lui demanda : « Ô Abû al-Qâsim, ne prétends-tu pas que les gens du Paradis y mangent et y boivent? » - et il dit à ses compagnons : “S’il confirme, je réfuterais ses propos !” – L’Envoyé de Dieu répondit : « Certes ! Par Celui qui mon âme en Sa main, chacun d’entre vous recevra la vigueur et la force de cent hommes pour manger, boire et s’unir sexuellement. » Le juif dit : « Celui qui mange et boit aura aussi besoin d’évacuer ! » Il lui répondit : « Ils satisferont leur besoin à travers une sueur semblable au musc qui coulera de leur peau; après quoi, leur ventre redeviendra plat. »622 Ibn Mas‘ûd (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte : « L’Envoyé de Dieu a dit : “Il te suffira de regarder un oiseau au Paradis pour que celui-ci tombe, rôti, entre tes mains.” »623 Hudhayfa (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte : « L’Envoyé de Dieu a dit : “Il y a au Paradis, des oiseaux semblables au grand chameau (al-bukhâtî).” Abû Bakr (que Dieu soit satisfait de lui) demanda alors : « Seront-ils tendres? » Il répondit : « Ils le seront d’autant plus pour ceux qui en mangeront, et toi, ô Abû Bakr, tu es de ceux qui en mangeront.” »624. ‘Abd Allâh b. ‘Umar (que Dieu soit satisfait de lui et de son père) a dit à propos du verset, « On fera circuler parmi eux des plateaux en or et des coupes […] »625 : « On fera circuler parmi eux

soixante-dix plateaux en or, chacun contenant une nourriture de couleur différente des autres. » À propos du verset, « Il est mélangé à l’eau de Tasnîm »626, ‘Abd Allâh b. Mas‘ûd (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « Il sera mélangé pour les gens de la Droite, et seuls les rapprochés en boiront !» À propos du verset, « Son cachet est de musc. »627, Abû al-Dardâ’ (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « C’est une boisson blanche comme l’argent, qu’ils boiront à la fin. » Il a dit aussi : « Si un homme du monde terrestre y introduisait la main puis l’en sortait, toute créature dotée d’esprit en percevrait sa fragrance. »

Aspect des houris et des jouvenceaux Ils ont été mentionnés à plusieurs reprises dans le Coran et décrits dans de nombreux récits traditionnels. Anas (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte : « L’Envoyé de Dieu a dit : “Une seule matinée ou soirée, consacrée à la cause de Dieu, vaut plus que ce monde et tout ce qu’il contient. La moitié de l’arc d’un individu ou l’espace occupé par un de ses pieds au Paradis est meilleur que ce monde et tout ce qu’il contient. Si l’une des femmes, parmi celles du Paradis, jetait un œil sur la terre, elle l’illuminerait totalement et remplirait l’espace entre la terre et le ciel de son parfum. Et le turban (nasîf) qu’elle porte sur la tête est meilleur que ce monde et tout ce qu’il contient. »628 Par « nasîf », il est entendu le foulard (al-khimâr). Abû Sa‘îd al-Khudrî (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte qu’à propos du verset, « Elles sont semblables à la hyacinthe et au corail. »629, l’Envoyé de Dieu a dit : « Lorsqu’il regarde son visage dans sa tente, celui-ci lui apparaît plus pur qu’un miroir. La moindre de ses perles illuminerait l’Orient et l’Occident. Elle sera recouverte de soixante-dix vêtements que le regard [de son époux] traversera jusqu’à voir, derrière, la moelle de sa jambe. »630 Anas (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte que l’Envoyé de Dieu a dit : « Lors de mon 631 Voyage nocturne (al-isrâ’) , je suis entré au Paradis dans un lieu nommé “al-Baydakh” où il y avait des tentes de perles, de saphirs et de hyacinthes. Des voix dirent : “Ô Envoyé de Dieu, que la Paix soit sur toi !” Je demandais : “Ô Gabriel, qu’est-ce donc que ces voix ?” Il me dit : “Ce sont les voix de celles qui ont le regard chaste, qui ont demandé à leur Seigneur de pouvoir te saluer et qu’Il a autorisé à le faire.” Puis, elles dirent : “Nous sommes les satisfaites et nous ne seront jamais contrariées. Nous sommes les éternelles et ne disparaîtront jamais.” Puis, l’Envoyé de Dieu récita : « […] des houris retirées sous les tentes [...] »632. »633. À propos de la parole de Dieu, « […] des épouses pures […] »634, Mujâhid a dit : « C’est-à-dire purifiées des menstruations, des excréments, de l’urine, de crachats, de mucus, de semence et d’enfantement. » À propos de la parole de Dieu, « [les hôtes du Paradis] seront occupés à se réjouir. »635, alAwza‘î a dit : « Leur occupation sera de déflorer des vierges. » Un homme demanda : « Ô Envoyé de Dieu , est-ce que les gens du Paradis jouiront sexuellement? » Il répondit : « Chacun y aura la vigueur de soixante-dix hommes comme vous. »636 ‘Abd Allâh b. ‘Umar (que Dieu soit satisfait de lui et de son père) a dit : « L’homme au rang le moins élevé du Paradis aura mille valets à son service qui se hâteront de le servir, et chacun d’eux

aura une tâche différente. » L’Envoyé de Dieu a dit : « L’homme du Paradis épousera cinq cent houris, quatre mille vierges et huit mille femmes déflorées et embrassera chacune d’elle pendant un temps égal à sa vie en ce monde. »637 Le Prophète a dit : « Il y a au Paradis un marché où il n’y a ni vente ni achat, mais uniquement les images des hommes et des femmes. Si un homme désire une forme particulière, il s’en revêtira. Il y aura un lieu de réunion des houris aux grands yeux où elles s’exclameront d’une voix dont le son n’a jamais été entendu par les créatures, et qui diront : “Nous sommes les éternelles qui ne disparaissent jamais. Nous sommes celles qui se réjouissent sans jamais connaître le chagrin. Nous sommes les satisfaites jamais contrariées. Heureux soit celui qui sera nôtre et dont nous serons siennes.” »638. Anas (que Dieu soit satisfait de lui et de son père) rapporte que l’Envoyé de Dieu a dit : « Au Paradis, les houris chanteront : “Nous sommes les splendides houris restées cachées pour de nobles époux.” »639. Commentant le verset, « […] ils se réjouiront alors dans un jardin. »640, Yahya b. Kathîr a dit : « Il s’agit des concerts et auditions (al-samâ‘) du Paradis. » Abû Umâma al-Bâhilî rapporte que l’Envoyé de Dieu a dit : « À la tête et aux pieds de chaque homme qui entre au Paradis, s’assoiront deux houris aux grands yeux qui chanteront de la plus belle voix que les hommes et les djinns aient jamais entendue. Il ne s’agit pas de la flûte du diable, mais de louanges et de chants à la gloire de Dieu. »641

[Exposition de certains attributs des gens du Paradis décrits dans les récits traditionnels] Usâma b. Zayd rapporte que l’Envoyé de Dieu a dit à ses compagnons : « Y a-t-il quelqu’un parmi vous qui est prêt à se retrousser les manches pour le Paradis? Par le Seigneur de la Ka‘ba, le Paradis est sans rival : une lumière qui scintille, des ondes de basilic qui se meuvent, un noble palais, un fleuve qui coule, des fruits mûrs en abondance, une épouse belle et aimable, dans le bonheur et l’aisance d’une demeure éternelle, et dans l’allégresse d’une résidence élevée, sublime et sûre. » Ils répondirent : « Ô Envoyé de Dieu , nous sommes ceux qui retrousseront leurs manches pour cela. » Il dit : « Dites : “si Dieu le veut !” » Puis, il mentionna la Guerre sainte et les y exhorta. »642 Un homme vint trouver l’Envoyé de Dieu et lui demanda : « Est-ce qu’il y aura des chevaux au Paradis, car je les aime? » Il répondit : « Si tu aimes cela, [sache donc] qu’on te portera un coursier en rubis qui s’envolera avec toi où tu voudras au Paradis. » Un autre lui demanda : « J’aime les chameaux, y en aura-t-il au Paradis? » Il répondit : « Ô serviteur de Dieu, si tu entres au Paradis, tu y trouveras ce que tu souhaites et ce que tes yeux désirent. »643 Abû Sa‘îd al-Khudrî (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte que l’Envoyé de Dieu a dit : « Au Paradis, l’homme pourra avoir autant d’enfants qu’il voudra, dont la gestation, le sevrage et la croissance se feront en une même heure. »644 L’Envoyé de Dieu a dit : « Lorsque les Gens du Paradis s’y installeront, les frères souhaiteront vivement revoir leurs frères, le lit de l’un voyagera alors jusqu’à celui de l’autre. Ils

se rencontreront alors et évoqueront leurs relations dans le monde terrestre : Ils diront : “Ô mon frère, te souviens-tu de tel jour, nous avions invoqué Dieu, Puissant et Majestueux, à telle occasion et Il nous a pardonné.” »645. L’Envoyé de Dieu a dit : « Les gens du Paradis seront glabres (jurdun), imberbes (murdun), blancs, enduits de kohol, et auront un corps ferme, un âge de trente-trois ans et l’aspect d’Adam : une hauteur de soixante coudées et une envergure de sept coudées. »646 L’Envoyé de Dieu a dit : « Le moindre des Gens au Paradis aura quatre-vingt milles serviteurs et soixante-douze épouses. On érigera pour lui une coupole de perles, saphirs et rubis aussi ample que la distance qui sépare al-Jâbiyya647 de San‘a. Ils porteront des couronnes dont la moindre des perles illuminerait l’espace entre l’Orient et l’Occident. »648 L’Envoyé de Dieu a dit : « J’ai vu au Paradis des grenades aussi grosses que les bosses des grands chameaux, et des oiseaux comme des chameaux [du Khorasân]. J’y ai vu aussi une jeune esclave et lui demandai : “À qui appartiens-tu?” Elle répondit : “À Zayd b. Hâritha.” Il y a au Paradis ce qu’aucun œil n’a jamais vu, ce qu’aucune oreille n’a jamais entendu, et ce qui n’a jamais traversé l’esprit d’un homme. »649 Ka‘b a dit : « Dieu, Exalté soit-Il, a créé Adam de Sa main, Il a écrit la Torah de Sa main et Il a planté le Paradis de Sa main, puis lui a dit : “Parle !” Et le Paradis répondit : “Bienheureux sont les croyants !” »650. Voici donc les attributs du Paradis que nous avons mentionné globalement et rapporté dans le détail. Al-Hassan al-Basrî (que Dieu lui fasse miséricorde) les a tous mentionnés en disant : « Les grenades [du Paradis] sont comme des seaux. “[Le Paradis] est traversé par des fleuves dont l’eau est incorruptible, des fleuves de lait au goût inaltérable […] des fleuves de miel pur […]”651 que l’homme n’a pas purifié lui-même, et “des fleuves de vin délicieux à boire”652 qui n’affaiblissent pas les pensées ni ne procurent de maux de tête. Il y a au Paradis ce qu’aucun œil n’a jamais vu, ce qu’aucune oreille n’a jamais entendu, et ce qui n’a jamais traversé l’esprit d’un homme. Ils seront des rois qui se délectent, âgés de trente-trois ans, auront une hauteur de soixante coudées, enduits de kohol, glabres et imberbes. Ils sont épargnés de tout tourment, et la demeure est heureuse de les accueillir. Ses fleuves coulent sur des cailloux de saphirs et de rubis ; ses racines, ses palmiers et ses figuiers sont des perles, et ses fruits sont tels que seul Dieu, Exalté soit-Il, les connaît. On peut sentir son parfum à une distance de cinq cent ans de voyage. Ils y auront des coursiers et des chameaux bridés dont les rênes et les selles seront des hyacinthes, et sur lesquels ils pourront se rendre visite. Leurs épouses seront des houris aux grands yeux, telles de blanches perles cachées. La femme prendra entre ses doigts soixante-dix robes qu’elle revêtira, et on pourra voir la moelle de sa jambe à travers elles. Dieu y a purifié les caractères de toute tache et les corps de toute mort. Ils ne s’y mouchent pas, ni n’urinent ni n’évacuent, mais éructeront et transpireront du musc. Ils y auront leur subsistance matin et soir, et il n’y aura pas de tombée de nuit ni d’allée de jour. Le dernier individu à entrer au Paradis, celui qui en occupe le plus bas niveau, se verra dans la possibilité d’étendre son regard de sorte qu’il puisse voir toutes ses possessions, à une distance de cent ans de voyage, qui se composent de palais en or et en argent et de tentes de perles. Son regard sera tel qu’il pourra voir l’extrémité [de son royaume] et les lieux les plus proches.

On les servira et on les desservira dans soixante-dix mille plateaux d’or, chacun contiendra une nourriture de couleur différente des autres. Le goût du dernier mets sera tout aussi délicieux que le premier. Il y a, au Paradis, un saphir contenant soixante-dix mille demeures, chacune contenant soixante-dix mille maisons sans brèches ni fissures. » Mujâhid a dit : « L’homme qui occupera le plus bas degré du Paradis voyagera mille ans dans son royaume et y verra aussi bien ses frontières que les parties les plus proches, tandis que celui qui occupera le plus haut rang, verra son Seigneur matin et soir. » Sa‘îd b. al-Musayyib a dit : « Il n’y aucun des gens du Paradis qui n’aura pas trois bracelets au poignet : un en or, un en perles et un autre en argent. » Abû Hurayra (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « Il y a au Paradis des houris appelées al-‘aynâ’ qui marchent escortées à leur droite et à leur gauche par soixante-dix mille servantes, et qui demandent : “Où sont ceux qui recommandaient le bien et interdisaient le mal?” ». Yahya b. Mu‘âdh a dit : « Quitter ce monde est bien dur, mais manquer le Paradis est plus dur encore. Et renoncer au monde est une dot (mahr) pour l’autre monde. » Il a dit aussi : « La quête de ce monde procurera l’humiliation des âmes dans l’autre, et la quête de l’autre monde procurera la gloire aux âmes. Il est surprenant de voir des gens choisir l’humiliation en recherchant ce qui est éphémère, et renoncer aux honneurs en recherchant ce qui est éternel. »

Aspect de la vision de la face de Dieu, Exalté soit-Il Dieu, Exalté soit-Il, a dit : « À ceux qui auront bien agi, il y aura le mieux et davantage. »653 Le davantage est la possibilité de regarder la face de Dieu, Exalté soit-Il, qui constitue le plus grand plaisir, et qui fera oublier aux gens du Paradis tout autre grâce. Nous en avons parlé dans Le Livre de l’Amour654 et cela est attesté dans le Coran et (pour éviter la répétition qui suit) la Tradition dans des termes qui contredisent les croyances des innovateurs [blâmables]. Jarîr b. ‘Abd Allâh al-Bajalî a dit : « Nous étions assis chez l’Envoyé de Dieu lorsqu’il vit la pleine lune. Il dit : “Vous verrez votre Seigneur comme vous voyez la lune, et rien ne vous empêchera de Le voir. Si vous êtes capables de prier avant le lever du soleil et avant son coucher, faites-le donc !” Puis, il récita : « “Et célèbre les louanges de ton Seigneur avant le lever du soleil et avant son coucher.”655 » Cette tradition figure dans les deux Sahîh. Muslim rapporte, dans son Sahîh, les propos de Suhayb : « L’Envoyé de Dieu récita la Parole du Très-Haut : “À ceux qui auront bien agi, il y aura le meilleur [récompense] et même davantage”, puis a dit : “Lorsque les habitants du Paradis entreront au Paradis et que ceux de l’Enfer entreront en Enfer, un héraut criera : ‘Ô gens du Paradis, vous avez rendez-vous avec Dieu, là où Il souhaite parachever sur vous Sa promesse.’ Ils diront : ‘De quel rendez-vous s’agitil? N’a-t-Il pas pesé notre balance, blanchi nos faces, rapproché le Paradis et éloigné l’Enfer ?’” Puis, il a dit : “Le voile sera levé et ils verront la Face de Dieu, Puissant et Majestueux ! Ils n’auront jamais rien reçu de plus désirable que Sa vision”. » Cette tradition sur la vision a été rapportée par divers Compagnons, et c’est cela « le mieux » suprême et le comble de la béatitude. Toutes les grâces que nous avons décrites jusqu’à présent seront, à ce moment-là, oubliées, et le bonheur suscité par cette rencontre sera infini. Et aucune des

grâces du Paradis n’est comparable au plaisir de cette rencontre. Nous avons opté, ici, pour la concision, car nous avons traité ce sujet de manière exhaustive dans Le Livre de l’Amour, du Désir ardent, de l’intimité et du parfait contentement. Aussi, ne faut-il pas que la quête du Paradis par le serviteur soit faite dans un but autre que la rencontre d’avec Son Maître. Car pour les autres formes de plaisirs du Paradis, la participation de l’homme n’y est pas plus significative que celle des bestiaux qui paissent librement dans un pâturage.

CONCLUSION NOUS ACHEVONS CE LIVRE PAR UNE EXPOSITION DE L’ÉTENDUE DE LA MISÉRICORDE DE DIEU, EXALTÉ SOIT-IL, DANS L’ESPOIR D’EN ÊTRE EMBRASSÉ L’Envoyé de Dieu aimait l’optimisme, et du moment que nous n’avons pas assez d’œuvres pour espérer le pardon divin, nous devons donc imiter son optimisme, et espérer que Dieu nous fasse parvenir à un terme heureux, en ce monde et dans l’autre. Aussi, conclurons-nous ce livre par la mention de la miséricorde de Dieu, Exalté soit-Il. Le Très-Haut a dit : « Certes, Dieu ne pardonne pas qu’on Lui associe quelque chose ; mais, en dehors de cela, Il pardonne à qui Il veut. »656 ; et : « Dis : “Ô Mes serviteurs ! Vous avez commis des transgressions envers vous-mêmes, ne désespérez pas de la miséricorde de Dieu ! Dieu pardonne tous les péchés. En vérité, Il est le Tout-Pardon, le Miséricordieux ! »657 ; et : « Quiconque fait le mal ou se fait tort à lui-même, puis demande pardon à Dieu, trouvera Dieu Prompt à pardonner et Clément. »658 Nous demandons pardon à Dieu, Exalté soit-Il, pour chacun de nos faux pas et pour chaque trébuchement de la plume dans ce livre et dans les autres. Et nous Lui demandons pardon pour nos paroles non suivies d’actions, pour ce que nous avons prétendu et exprimé en fait de connaissances de la religion de Dieu en dépit de nos carences en la matière et pour toute science acquise et toute œuvre accomplie en vue de Sa noble face, et à quoi se sont mêlées d’autres choses. Nous Lui demandons pardon pour tous nos engagements non tenus, pour toutes les faveurs qu’Il nous a accordées et que nous avons utilisées dans Sa désobéissance, pour chacune de nos déclarations et pour nous être exposés à tout défaut et insuffisance que nous aurions revêtus. Nous Lui demandons pardon pour toute mauvaise pensée qui nous aurait induits à dissimuler ou à embellir, pour satisfaire les gens dans les ouvrages que nous avons écrits, les discours que nous avons tenus et les sciences dont nous avons tiré avantage et fait profiter. Et nous espérons, après Lui avoir demandé pardon pour tout cela et pour tous ceux qui consulteront ce livre, le copieront ou l’écouteront, être gratifiés de Son pardon, de Sa miséricorde et de Son indulgence pour toutes les fautes apparentes et cachées. Sa générosité est universelle ; Sa miséricorde, infinie et Sa largesse envers les créatures, débordante. Nous sommes nous aussi des créatures de Dieu, Puissant et Majestueux, et n’avons d’autres ressorts que Sa grâce et Sa générosité. L’Envoyé de Dieu a dit : « En vérité, Dieu, Exalté soit-Il, possède cent miséricordes. Il en a descendu une seule qu’Il a répandu entre les djinns, les hommes, les oiseaux, les bestiaux et les vers, et à travers laquelle ils entretiennent des rapports affectueux et se montrent cléments entre eux. Les quatre-vingt-dix-neuf autres miséricordes, Il les a conservées pour manifester Sa clémence en faveur de Ses serviteurs, le jour de la Résurrection. »659 On rapporte aussi : « Au jour de la Résurrection, Dieu, Exalté soit-Il, sortira un livre de dessous le Trône où il est écrit : “Ma miséricorde précède Ma colère et Je suis le plus Miséricordieux des cléments.” Et on sortira de l’Enfer le double des habitants du Paradis. »660

L’Envoyé de Dieu a dit : « Au jour de la Résurrection, Dieu, Puissant et Majestueux, Se manifestera à nous en riant et dira : “Ô vous les musulmans, réjouissez-vous, car il n’y a aucun d’entre vous dont je n’ai fait occupé la place en Enfer par un juif ou un chrétien.” »661. Le Prophète a dit : « Au jour de la Résurrection, Dieu, Exalté soit-Il, permettra à Adam d’intercéder en faveur de cent dix millions de ses descendants. »662 Il a dit aussi : « Au jour de la Résurrection, Dieu, Puissant et Majestueux, dira aux croyants : “Désiriez-vous Me rencontrer?” Ils répondront : “Ô oui, Seigneur !” Il leur demandera : “Pourquoi?” et ils répondront : “Par espoir de Ton pardon et de Ta miséricorde !” Il dira alors : “Je vous ai rendu obligatoire Mon pardon !” »663 L’Envoyé de Dieu a dit : « Au jour de la Résurrection, Dieu, Puissant et Majestueux, dira : “Sortez de l’Enfer celui qui M’aura mentionné un jour où M’aura craint en une circonstance.” »664 L’Envoyé de Dieu a dit : « Lorsque les gens de l’Enfer seront réunis en Enfer, et ceux que Dieu aura voulu d’entre les gens de la Qibla. Les incroyants diront aux musulmans : “N’étiez-vous pas musulmans?” Ils répondront : “Certes.” Ils leur diront : “Votre soumission ne vous a donc pas suffi, puisque vous voilà parmi nous en Enfer !” Ils répondront : “Nous avions des péchés que nous payons.” Dieu, Puissant et Majestueux, entendra leurs propos et ordonnera que l’on sorte de l’Enfer les gens de la Qibla. Ils en sortiront alors et lorsque les incroyants les verront, ils diront : “Ah ! si nous avions été musulmans ! Nous aurions été sortis comme eux.” » Puis, l’Envoyé de Dieu récita : « Peut-être les incroyants regretteront-ils de ne pas être musulmans. »665 L’Envoyé de Dieu a dit : « En vérité, Dieu est plus clément envers Son serviteur croyant que ne l’est la mère envers son enfant. »666 Jâbir b. ‘Abd Allâh a dit : « Au jour de la Résurrection, celui dont les bonnes actions dépasseront les mauvaises entrera au Paradis sans rendre de comptes. Celui dont les bonnes actions seront égales aux mauvaises, sera soumis à un jugement rapide, puis entrera au Paradis. Et l’intercession de l’Envoyé de Dieu interviendra pour celui qui aura ruiné son âme et alourdit son dos. » Il est rapporté que Dieu, Puissant et Majestueux, a dit à Moïse (que la Paix soit sur lui) : « Ô Moïse, Coré (Qârûn)667 a imploré ton aide et tu ne l’as pas aidé ! Par Ma Puissance et Ma Majesté, s’il avait imploré Mon aide, Je l’aurais secouru et lui aurais pardonné. » Sa‘d b. Bilâl a dit : « Au jour de la Résurrection, on ordonnera de sortir deux hommes de l’Enfer. Dieu, Béni et Exalté, dira : “Ceci en raison de ce que vous avez fait. Je ne suis pas injuste envers les serviteurs.” Puis Il ordonnera qu’on les ramène en Enfer, l’un couvert de chaînes tandis que l’autre sera retenu. Puis, Il ordonnera qu’on les ramène une nouvelle fois et les interrogera. Celui qui a été conduit vers l’Enfer dira : “J’ai eu peur des conséquences de la désobéissance et n’ai pas voulu être exposé une seconde fois à Ta sanction.” Et celui qui avait été retenu dira : “Je me suis fait une bonne opinion de Toi, et j’ai eu le sentiment que Tu ne m’aurais pas ramené en Enfer après m’en avoir sorti.” Il ordonnera alors qu’on les conduise au Paradis. » L’Envoyé de Dieu a dit : « Au jour de la Résurrection, un héraut appellera de dessous le Trône : “Ô Nation de Muhammad, tout ce que vous Me deviez, Je vous l’accorde désormais, et ce qui en reste cédez-le aux autres. Entrez au Paradis par Ma miséricorde.’ »668 On rapporte qu’un Bédouin entendit Ibn ‘Abbâs (que Dieu soit satisfait de lui et de son père) réciter : « Vous étiez au bord d’un abîme de feu et Il vous en a sauvés. »669 Il dit alors : « Par Dieu,

Il ne vous en aurait pas sauvés s’Il avait voulu vous y précipiter ! » Ibn ‘Abbâs dit alors : « Apprenez-le donc d’un de ceux qui n’ont pas la science. » Al-Sunâbihî670 a dit : « Je rendis visite à ‘Ubâda b. al-Sâmit671 lors de sa maladie terminale et me mis à pleurer. Il me dit : « Calme-toi ! Pourquoi pleures-tu? Par Dieu, il n’y a pas une tradition que j’ai entendue de l’Envoyé de Dieu , et dans laquelle il y a un avantage pour vous, que je ne vous ai transmise, sauf une que je vous rapporte aujourd’hui, alors que mon âme est assaillie de toutes parts. J’ai entendu l’Envoyé de Dieu dire : « Dieu a interdit l’Enfer à celui qui atteste qu’il n’y a pas de divinité en dehors de Dieu, et que Muhammad est l’Envoyé de Dieu. »672 ‘Abd Allâh b. ‘Amrû b. al-‘As (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte que l’Envoyé de Dieu a dit : « Au jour de la Résurrection, Dieu choisira parmi toutes les créatures, un homme de ma communauté. Quatre-vingt-dix registres seront déroulés devant lui, et dont la longueur sera autant que le regard peut atteindre. Puis, Il lui dira : “Nies-tu quoi que ce soit de cela? Mes scribes et [anges] gardiens ont-ils été injustes à ton égard?” Il répondra : “Non, mon Seigneur !” Dieu lui demandera : “As-tu des excuses?” Il répondra : “Non, mon Seigneur !” Dieu lui dira alors : “Certes, il y a une bonne œuvre auprès de Nous qui plaide en ta faveur, et tu ne subiras aujourd’hui aucune injustice !” On sortira alors une carte sur laquelle sera inscrit :“J’atteste qu’il n’y a pas de divinité en dehors de Dieu, et que Muhammad est l’Envoyé de Dieu.” L’homme dira : “Seigneur, que pèse donc cette carte face à ces énormes registres?” Il lui répondra : “Tu ne seras pas lésé !” ». Puis, l’Envoyé de Dieu ajouta : « On placera la carte dans un plateau de la balance, et les registres dans l’autre. Le plateau des registres s’élèvera et celui de la carte descendra, car rien n’est plus lourd que le nom de Dieu. »673 Et à la fin d’une longue tradition où il y décrit la Résurrection et le Pont, l’Envoyé de Dieu a dit : « Dieu dira aux anges : “Sortez de l’Enfer celui dont vous trouverez en son cœur le poids d’un dinar de bien.” Ils en sortiront une grande foule, puis diront : “Seigneur, nous n’y avons laissé personne de ceux que Tu nous as ordonné de sortir.” Il leur dira : “Retournez-y et sortez-en celui dont vous trouverez en son cœur le poids d’un demi dinar de bien.” Ils en sortiront une grande foule, puis diront : “Seigneur, nous n’y avons laissé personne de ceux que Tu nous as ordonné de sortir.” Il leur dira : “Retournez-y et sortez-en celui dont vous trouverez en son cœur le poids d’un atome de bien.” Ils en sortiront une grande foule, puis diront : “Seigneur, nous n’y avons laissé personne de ceux que Tu nous as ordonné de sortir.” ». Abû Sa‘îd [al-Khudrî] disait : « Si vous ne croyez pas en l’authenticité de cette tradition, lisez si vous le souhaitez ce verset : « Dieu ne lèse personne, fût-ce du poids d’un atome. S’il s’agit d’une bonne action, Il en double la valeur et Il donne, venant de Lui-même, une récompense magnifique. »674 Puis, il continua la suite de la tradition : « Dieu, Exalté soit-Il, dira : “Les anges ont intercédé, les prophètes ont intercédé, les croyants ont intercédé, et il ne reste à présent que le plus Miséricordieux des cléments.” Il prend alors une poignée et en sort une foule qui n’a jamais fait le moindre bien, et qui a été transformée en cendres. Il la plonge dans un fleuve d’une des bouches du Paradis nommé le fleuve de la Vie (nahr al-Hayât). Ils en sortent alors comme sortent les graines bien lavées. N’avez-vous donc pas vu que ce qui pousse entre la pierre et l’arbre est jaune et vert à la lumière du soleil, et que ce qui pousse à l’ombre est blanc? » Ils répondirent : « Ô Envoyé de Dieu , on a l’impression que tu es un berger [qui connais toutes ces nuances] ! » Il ajouta : « Ils en sortiront comme des perles, portant des marques au cou, de sorte que les gens du Paradis les reconnaîtront et diront : “Voici les affranchis du Miséricordieux, qu’Il a fait entrer au Paradis sans qu’ils aient accompli la moindre action ni présenté aucun bien.” Il leur dira : “Entrez au Paradis, et tout ce que vous y voyez est

vôtre !” Ils diront : “Seigneur, Tu nous a donné ce que Tu n’as donné à nul autre parmi les créatures des mondes !” Il leur répondra : “Et J’ai pour vous quelque chose de meilleur encore !” Ils diront : “Seigneur, qu’y a-t-il de meilleur que ceci?” Il dira : ‘Ma satisfaction après laquelle Je ne serais plus jamais en colère contre vous !” » La tradition est rapportée par Bukhârî et Muslim dans leurs Sahîh. Al-Bukhârî rapporte d’Ibn ‘Abbâs (que Dieu soit satisfait de lui et de son père) que l’Envoyé de Dieu sortit un jour et dit : « On me montra les communautés : un Prophète passa devant moi accompagné d’un seul homme, un autre accompagné de deux hommes, un troisième, seul et un autre accompagné d’un groupe. Puis, je vis une grande foule et espérais que ce fût ma nation. On me dit : “C’est Moïse en compagnie de son Peuple.” Puis, on me dit : “Regarde.” et je vis une foule si grande qu’elle avait rempli l’horizon. Puis on me dit de regarder comme ceci et comme cela, et je vis une immense foule. On dit alors : “Voici ta communauté dont soixante-dix mille entreront au Paradis sans rendre de comptes.” ». Les gens se dispersèrent alors sans que l’Envoyé de Dieu ne leur fournisse d’autres explications. Les Compagnons réfléchirent ensemble à ces propos et dirent : « Quant à nous, nous sommes nés dans l’associationnisme, puis nous avons cru en Dieu et en Son Envoyé ; [les soixante-dix milles] sont nos enfants. » Informé de leurs propos, l’Envoyé de Dieu dit : « Il s’agit de ceux qui ne se cautérisent pas, ne se font pas exorciser, rejettent les superstitions et placent leur confiance en leur Seigneur. » ‘Ukâsha675 se leva et dit : « Ô Envoyé de Dieu, prie Dieu afin qu’Il me compte parmi eux ! » Il répondit : « Tu en seras. » Un autre se leva et fit la même demande, mais le Prophète lui dit : « ‘Ukâsha t’a précédé. » ‘Amrû b. Hazm al-Ansârî676 (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « L’Envoyé de Dieu s’absenta durant trois jours. Il ne sortait de chez lui que pour [conduire] les prières prescrites et rentrait aussitôt. Le quatrième jour, à peine sorti, nous allâmes vers lui et lui dirent : « Ô Envoyé de Dieu, tu t’es tellement absenté que nous avons cru qu’il t’était arrivé quelque chose ! » Il répondit : « Il ne m’est arrivé que du bien. Mon Seigneur, Puissant et Majestueux, m’a promis qu’Il ferait entrer au Paradis soixante-dix milles de ma nation sans jugement. Je L’ai alors prié, durant ces trois jours, d’en augmenter le nombre, et j’ai trouvé mon Seigneur, dans toute Sa Majesté, Son amour (wâjid) et Sa générosité, et Il m’a accordé que chacun des soixante-dix mille sera accompagné de soixante-dix mille autres. » Puis, il ajouta : « Je lui ai alors demandé : “Seigneur, est-ce que ma nation atteindra ce nombre?” Il répondit : “Je compléterai ce nombre en y intégrant les Bédouins.” »677. Abû Dharr (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte que l’Envoyé de Dieu a dit : « Gabriel 678 m’apparut du côté de Hârr et me dit : “Annonce cette bonne nouvelle à ta communauté : ‘Quiconque meurt sans rien associer à Dieu entrera au Paradis.’ Je lui demandai : “Ô Gabriel, et s’il s’agissait d’un voleur ou d’un fornicateur?” Il répondit : “Oui, même s’il a volé ou forniqué.” Je répétai : “Même s’il s’agit d’un voleur ou d’un fornicateur?” Et il confirma : “Même s’il a volé, forniqué et bu du vin.” »679 Abû al-Dardâ’ (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « L’Envoyé de Dieu récita : “Celui qui aura craint la station de son Seigneur, aura deux jardins.”680. Je lui ai alors demandé : “Ô Envoyé de Dieu , même s’il a volé et forniqué?” Il répondit : “Celui qui aura craint la station de son Seigneur, aura deux jardins.” J’insistai : “Même s’il a volé et forniqué?” Et il répondit encore : “Celui qui aura craint la station de son Seigneur, aura deux jardins.” Je réitérai ma question : “Ô

Envoyé de Dieu , même s’il a volé et forniqué?” Et il répondit : « Oui, en dépit d’Abû al-Dardâ.” »681. L’Envoyé de Dieu a dit : « Au jour de la Résurrection, on remettra à chaque croyant un homme d’entre les “gens des autres traditions” (ahl al-milal) en lui disant : “Voici ta rançon de l’Enfer !” »682. Muslim rapporte qu’Abû Burda rapporta à ‘Umar b. ‘Abd al-‘Azîz cette tradition qu’il tenait de son père, Abû Mûsa : « Le Prophète a dit : “Aucun musulman ne meurt sans que Dieu ne fasse occuper sa place en Enfer par un juif ou un chrétien.” » ‘Umar b. ‘Abd al-‘Azîz lui fit alors jurer trois fois par Dieu, en dehors Duquel il n’y a nulle autre divinité, qu’il s’agissait bien d’une tradition de l’Envoyé de Dieu rapportée par son père. Et il le jura. » On rapporte qu’au cours d’une campagne militaire, un jour d’été et de grande chaleur, un enfant se tenait debout, prêt à être vendu. Lorsque l’on initia les enchères, une femme dissimulée des regards le vit. Elle se précipita alors vers lui, ses compagnons derrière elle, et prit l’enfant dans ses bras. Puis, tournant le dos à la vallée et protégeant l’enfant du soleil elle s’écria : « C’est mon fils, mon fils ! » Les gens se mirent alors à pleurer et cessèrent toute activité. Sur ce, l’Envoyé de Dieu arriva, s’enquit de l’affaire et les gens l’en informèrent. Il fut très heureux de leur compassion et leur annonça : « Etes-vous surpris de la compassion de cette mère pour son enfant? » Ils dirent : « Oui. » Il dit alors : « [Sachez donc que] Dieu, Béni et Exalté, aura plus de compassion pour vous tous, que cette [mère] pour son enfant. »683 Les musulmans se dispersèrent alors dans la joie, heureux de cette bonne nouvelle. Ces traditions, ainsi que celles que nous avons rapportées dans Le Livre de l’Espérance684 nous apportent de bonnes nouvelles quant à la miséricorde de Dieu, Exalté soit-Il. Aussi, plaçons-nous notre espoir en Dieu, Exalté soit-Il, dans l’attente qu’Il ne nous traite pas comme on le mérite, mais qu’Il nous accorde plutôt une part de Sa largesse, de Son ample générosité et de Sa miséricorde.

TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION PREMIÈRE PARTIE : PRÉMICES ET CONSÉQUENCES DE LA MORT JUSQU’AU SOUFFLEMENT DE LA TROMPE CHAPITRE I : DU MÉRITE DU SOUVENIR DE LA MORT ET DE L’INCITATION À LA MENTIONNER SOUVENT CHAPITRE II : DES LONGS ESPOIRS ET DU MÉRITE DES BREFS ESPOIRS. DES RAISONS DE LEUR LONGUEUR ET COMMENT EN GUÉRIR CHAPITRE III : DE L’AGONIE, DES AFFRES DE LA MORT ET DES ÉTATS QU’IL CONVIENT D’ASSUMER À SA VENUE CHAPITRE IV : DE LA MORT DE L’ENVOYÉ DE DIEU

ET DES CALIFES BIEN-GUIDÉS

CHAPITRE V : DES ULTIMES PROPOS DES CALIFES, DES PRINCES ET DES HOMMES VERTUEUX CHAPITRE VI : DES PROPOS DES CONNAISSEURS DURANT LES FUNÉRAILLES, DANS LES CIMETIÈRES ET LE JUGEMENT SUR LA VISITE DES TOMBEAUX CHAPITRE VII : DE LA RÉALITÉ DE LA MORT ET DE CE QUI SURVIENT AU DÉFUNT DANS LA TOMBE JUSQU’À CE QU’IL SOIT SOUFFLÉ DANS LA TROMPE (AL-SÛR) CHAPITRE VIII : DE LA CONNAISSANCE DES ÉTATS DES MORTS À TRAVERS LE DÉVOILEMENT OBTENU DURANT LES RÊVES

SECONDE PARTIE : MENTION DE LA CONDITION DES MORTS, DEPUIS LE SOUFFLEMENT DANS LA TROMPE JUSQU’À L’ÉTABLISSEMENT FINAL AU PARADIS OU EN ENFER, ET DES RISQUES ET DANGERS AUXQUELS EST EXPOSÉ LE DÉFUNT CONCLUSION

Ouvrages de la Collection — Revivification de la Science et de la Religion — 1. Réfutation Excellente de la Divinité de Jésus-Christ -> Bilingue. 2. Le Livre du licite et de l’illicite (Kitâb al-halâl wal harâm), traduit par Hédi Djebnoun. 3. Initiation à la foi (Bidayat al Hidayat), traduction, notes et commentaire par Abou Ilyas, Muhammad Diakho Tandjigora. 4. Les dix règles du Soufisme (al-Qawa’id al-Achr) traduction, notes et commentaires par Abou Ilyas, Muhammad Diakho Tandjigora. 5. Le livre du repentir (Kitâb at-Tawba), présenté, traduit et annoté par Lyess Chacal. 6. L’apaisement du cœur (florilège du Tome 4 de l’Ihya’ ), traduit par Hédi Djebnoun. 7. Les piliers du Musulman sincère (florilège du Tome 1 de l’Ihya’ ), traduit par Hédi Djebnoun. 8. Le chemin assuré des dévots vers le Paradis (Minhâj al-‘âbidîn ‘ilâ al-jannah - analyse et traduction partielle par Asin Palacios), textes recueillis, présentés, annotés par Yahya Cheikh. 9. Les secrets de la prière en Islam (Kitâb Sirr as-Salât fi-l-islam), présenté, traduit et annoté et par Eva de Vitray-Meyerovitch et Tawfik Taleb. 10. Secrets du Pèlerinage en Islam (Kitâb Sirr al-Hajj fi-l-islam), Introduction, annoté et traduit par Maurice Gloton (avec un commentaire des cinq Piliers de l’Islam). 11. Les secrets du jeûne en Islam (Kitâb Sirr al-sawm fi-l-islam), introduction, annoté et traduit par Maurice Gloton (avec un commentaire des cinq Piliers de l’Islam). 12. Le livre de la méditation (Kitâb at-Taffakur), introduction, annoté et traduit par Hassan Boutaleb. 13. L’Idéal Musulman selon Al-Ghazâli (la notion d’Adab dans ‘Ihya’ ‘Ulûm addîn), par Lyess Chacal. 14. La Délivrance de l’Erreur (al-munqid mina ad-dallâl ) introduction, annoté et traduit par Hassan Boutaleb. 15. Lettre au disciple (Ayyuha-l-walad ), introduction, annoté et traduit par Hassan Boutaleb -> Bilingue. 16. Le livre de l’Unicité divine et de l’abandon confiant en Dieu (Kitâb at-Tawhid wa-t-tawakkul), introduction, annoté et traduit par Hassan Boutaleb. 17. Le Minhâj al-‘âbidîn ‘ilâ al-jannah, traduction intégrale par Djamel Ibn Fatah. 18. Le Livre de la Science, présenté, traduit et annoté par Jean Abd-al-Wadoud Gouraud. 19. Les Piliers de la foi Musulmane, présenté, traduit et annoté par Jean Abd-al-Wadoud Gouraud. 20. De la condamnation de la vanité, traduit de l’arabe par Lyess Chacal. 21. Les merveilles du cœur, Traduction et annotation par Idrîs De Vos. 22. L’éducation de l’âme, traduction et annotation par Idrîs De Vos. 23. De la crainte et de l’espoir, traduit de l’arabe par Idrîs De Vos. 24. De la vigilance et de l’examen de conscience, traduit de l’arabe par Idrîs De Vos. 25. De l’intention, de la pureté et de la sincérité, traduit de l’arabe par Idrîs De Vos.

26. 27. 28. 29. 30. 31. 32. 33.

Livre de l’amour, traduit de l’arabe par Idrîs De Vos. La maîtrise des deux désirs, traduit et annoté par Hassan Boutaleb. Auditions spirituelles et extase, traduit et annoté par Hassan Boutaleb. De la patience et de la gratitude, traduit de l’arabe par Idrîs De Vos. De l’indigence et du renoncement, traduit de l’arabe par Idrîs De Vos. Des litanies et des invocations, traduit de l’arabe par Idrîs De Vos. Comportements et traits de caractères du Prophète , traduit et annoté par Hassan Boutaleb. La condamnation de l’orgueil et de l’infatuation, traduit et annoté par Hassan Boutaleb.

Ouvrage réalisé par l’Atelier Graphique Albouraq 2013

Impression achevée en septembre 2013 sur les presses de Dar Albouraq Beyrouth – Liban

INTRODUCTION 1 - Coran 55, 46. 2 - Tradition rapportée par Ahmad. Au Nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux 3 - Les deux anges chargés d’interroger le défunt dans sa tombe. 4 - Transmis par Abû Ya‘lâ Shaddâd b. Aws et rapporté par Tirmidhî. Il s’agit de la première partie du hadîth : « Le perspicace (alkayyis) est celui qui examine ses actions et œuvre pour l’au-delà ; l’incapable est celui qui se laisse dominer par la passion, puis place ses espérances en Dieu. » L’incapable s’attend au pardon divin et à Sa miséricorde. 5 - Coran 21, 1. CHAPITRE I DU MÉRITE DU SOUVENIR DE LA MORT ET DE L’INCITATION À LA MENTIONNER SOUVENT 6 - Coran 62, 8. 7 - Allusion au verset : « Faites des provisions [de voyage] ; mais, en vérité, la meilleure provision est la piété. » (Coran 2, 197). 8 - « Celui qui aime la rencontre avec Dieu, Dieu aime le rencontrer; et celui qui déteste la rencontre avec Dieu, Dieu répugne à le rencontrer ». Transmis aussi par ‘Aisha, par ‘Ubâda b. al-Sâmit (qui le tenait de Anas) et par Abû Hurayra. 9 - Hudhayfa b. al-Yamân (m. 36 H / 656) : l’un des plus proches compagnons du Prophète. 10 - D’après Abû Hurayra. Rapporté par Tirmidhî, al-Nisâ’î et Ibn Mâja. 11 - D’après Umm Sabiyya al-Jahniyya. Rapporté par al-Bayhaqî in al-shu‘ab. 12 - Tradition rapportée par Muslim et Ibn Mâja. 13 - Transmis par ‘Abd Allâh b. ‘Umar. Rapporté par Ibn abî al-Dunya, Tabarânî et al-Hâkim. 14 - Transmis par Anas. Rapporté par abû Nu‘aym, al-Bayhaqî et al-Khatîb. 15 - ‘Atâ al-Khurâsânî (m. 135 H) : juriste et exégète persan. 16 - Rapporté par Ibn abî al-Dunya. 17 - Anas b. Mâlik b. Nadar (m. 93 H) : le fameux compagnon et serviteur du Prophète . 18 - Ibid. Tradition retenue comme faible. 19 - Transmis par Anas. Rapporté par al-Hârith b. abû Usâma et Ibn abî al-Dunya. 20 - Transmis par ‘Ammâr b. Yâsir. Rapporté par Tabarânî et al-Bayhaqî. 21 - Transmis par Ibn ‘Umar. Rapporté par Ibn abî al-Dunya. 22 - Transmis par Anas. Rapporté par Ibn abî al-Dunya et Ibn Mubârak. 23 - ‘Abd Allâh b. ‘Umar b. al-Khattâb (m. 73/74 H) : Le célèbre compagnon du Prophète et fils du calife ‘Umar. L’une des plus grandes autorités de l’islam en matière de tradition et de jurisprudence. 24 - Les compagnons de l’Envoyé de Dieu originaires de Médine. 25 - Rapporté partiellement par Ibn Mâja et intégralement par Ibn abî al-Dunya. 26 - Al-Hasan al-Basrî (m. 110 H) : l’une des plus grandes autorités de l’islam. Son prestige et son érudition étaient tels que même Anas b. Mâlik, interrogé une fois sur une question, dit : « Interrogez notre maître al-Hasan ! » Lorsque les gens, stupéfaits par cette réponse, lui en demandèrent la raison, il leur dit : « Il a entendu et nous avons entendu, il a retenu et nous avons oublié ! Je recommande fermement aux gens de Basra ces deux maîtres : al-Hasan al-Basrî et Muhammad b. Sirîn. » Qatâda a dit : « Je ne me suis jamais assis en compagnie d’un érudit sans voir les mérites d’al-Hasan se refléter dans ses propos. Sa science était telle que les savants le respectaient davantage que les gens ordinaires. ». Yûnus b. ‘Abîd a dit : « La simple vue d’al-Hasan procurait un profit, même si on ne voyait pas ses actions ni ne l’entendait parler. » Cf. Ibn Sa‘d, al-tabaqât al-kubrâ; Ibn Kathîr, Al-Bidâya wa al-Nihâya. 27 - Al-Rabî‘ b. Khuthaym (m. avant l’an 65 H) : fameux imam et traditionaliste. 28 - Abû Bakr Muhammad b. Sirîn (m. 110 H) : célèbre exégète, traditionaliste et fameux interprète des rêves. 29 - ‘Umar b. ‘abd al-Azîz (m. 99 H) : le célèbre calife omeyyade connu pour son ascèse et sa science. 30 - Ibrâhîm al-Taymî (m. 76 H), surnommé « Al-Shâb al-fidâ’î », le jeune otage sacrifié : fameux imam, traditionaliste et ascète. Il mourut en prison pour sauver le célèbre traditionaliste Ibrâhîm al-Nakh‘î, dont il emprunta l’identité.

31 - Abû Ishâq Ka‘b b. Mati‘ al-Himyarî al-Ahbâr (m. 32 H) : rabbin yéménite converti à l’islam sous le règne de ‘Umar. Il a rapporté nombre de traditions dites ‘isrâ’iliyyât’. 32 - Muttarif b. ‘abd Allâh b. al-Shikhîr (m. 86 H) : célèbre exégète et traditionaliste irakien. 33 - ‘Abd al-Rahmân abû Sulaymân al-Dârânî (m. 205 ou 215 H) : grand imam et fameux soufi. Il est aussi connu pour avoir dit : « Il arrive que mon cœur soit attiré et influencé pendant un certain temps par les propos tenus par certains soufis. Je ne les accepte alors qu’après les avoir confrontés à deux témoins équitables (shâhidayn ‘adlayn) : le Livre de Dieu et la tradition du Prophète ». Et : « La meilleure œuvre est celle qui consiste à contrarier l’âme. » Et aussi : « Toute chose a une trace, et celle de l’abandon [de ses amis] (al-khidhlân) est le renoncement aux pleurs. Et chaque chose a [une cause] de rouillure (sad’), celle du cœur est le ventre trop plein. » cf. Al-Hâfidh al-Dhahabî, Siyar a‘lâm al-nubalâ’. (La Vie des figures nobles). 34 - ‘Uwaymir b. Mâlik al-Ansarî (m. 32 H) : surnommé « Hakîm al-Umma », « le Sage de la Communauté », c’est un célèbre Compagnon, traditionaliste, ascète et illustre savant. Il fut parmi les quatre Compagnons qui mémorisèrent complètement le Saint Coran, à cette époque. 35 - ‘Abd Allâh b. Mas‘ûd (m. 32 H) : célèbre compagnon et proche du Prophète, il fut aussi l’un des premiers convertis à l’islam. Le Prophète a dit de lui : « Au Jour de la Résurrection, le pied de ‘Abd Allâh sera plus lourd dans la balance que le mont Uhud. » 36 - ‘Abd Allâh b. Mutî‘ (m. 73 H) : contemporain du Prophète . Il fut l’un des plus valeureux Qoraychites. CHAPITRE II DES PROJETS À LONG TERME ET DU MÉRITE DES PROJETS À COURT TERME. DES RAISONS DE LEUR LONGUEUR ET COMMENT EN GUÉRIR 37 - Rapporté par Ibn Hibân et Bukhârî. Ce dernier la cite à la fin de la tradition suivante : « Sois en ce monde comme un étranger (de passage. ) » 38 - Rapporté par Ibn abî al-Dunya. 39 - Umm al-Mundhir, Salmâ bint Qays b. ‘Amrû b. ‘Ubayd : l’une des tantes du Prophète . 40 - Rapporté par Ibn abî al-Dunya. 41 - Abu Sa‘îd Sa‘d b. Mâlik b, Sinân, al-Khudrî, (m. 74 H) : célèbre compagnon du Prophète . Le grand combattant et mufti de Médine. 42 - Usâma b. Zayd b. Hâritha (m. 54 H) : compagnon du Prophète et célèbre commandant de l’islam. 43 - Zayd b. Thâbit b. al-Dahhâk (m. 45 H) : le secrétaire et compagnon du Prophète . 44 - Rapporté par Ibn abî al-Dunya. 45 - Rapporté par Ibn al-Mubârak, al-Bazzâr et Ibn abî al-Dunya. 46 - Rapporté par Ahmad et Ibn abî al-Dunya. 47 - Transmis par Muttarif, Ibn abî Dunya et par ‘Abd Allâh b. Shukhayr in Tirmidhî. 48 - Transmis par Ibn Mas‘ûd et rapporté par Bukhârî. 49 - Dans une variante : « […] et deux choses vieillissent avec lui : son amour de l’argent et celui pour sa vie. » Rapporté par Muslim. 50 - Rapporté par Ibn abî al-Dunya. 51 - Ibid. 52 - Ibid. 53 - Sufyân b. Sa‘îd al-Thawrî (m. 161 H). imam, traditionaliste et ascète. 54 - Ruzbeh Salmân al-Fârisî [Abû ‘abd Allâh (m. 35 H) : un des Compagnons, il fut parmi les premiers musulmans non arabes et le premier Perse à devenir musulman. 55 - Zurâra b. Abû Awfâ (m. 93 H) : grand imam, savant, soufi et juge à Basra. Il serait mort durant la prière du matin après avoir récité le verset : « Lorsque l’on sonnera de la trompette … » (Coran 74, 8). Cf. Siyar a‘lâm al-nubalâ, al-tabaqa al-thâniyya. Il connut les deux Compagnons, Abû Hurayra et Ibn ‘Abbâs, de qui il apprit et transmit certaines traditions. 56 - Al-Mufaddal b. Fudâla (m. 181 H) : grand imam, juge et soufi. Abû Dâwud rapporte que ses prières étaient exaucées. Cf. Siyar a‘lâm al-nubalâ, al-tabaqa al-sâbi‘a. 57 - Dâwud al-Tâ’î (m. 162 ou 165 H). imam, juriste et soufi de Kûfa. 58 - Shaqîq al-Azadî al-Balkhî (m. 194 H). Savant et soufi de Balkh au Khorasan. 59 - Cf. Coran XII, 44. 60 - Sulaymân b. ‘abd al-Malik (m. 99 H). Septième calife de la dynastie omeyyade. Il mourut près d’Alep. 61 - Wahb b. Munabbih (m. 114 H) : célèbre imam, érudit, ascète et source importante pour les traditionalistes. 62 - Coran 39, 69.

63 - Coran 1, 2. 64 - Al-Qa‘qâ‘ b. Hakîm al-Madanî : traditionaliste médinois de la quatrième génération. Il est retenu une source fiable par les traditionnistes. 65 - ‘Abd Allâh b. Tha‘laba (m. 89 H). Traditionaliste (cf. supra) fiable. Il a rapporté des traditions directement de Abû Hurayra et de Sa‘d b. Abû Waqqâs. 66 - Ma‘rûf al-Karkhî (m. 200 H) : savant et soufi irakien. Il fut le compagnon de Dâwud al-Tâ’î. Al-Dhahabî l’a ainsi surnommé : « Le plus savant des ascètes et la bénédiction de son époque ». 67 - Coran 2, 197. 68 - Abû Bakr, le Véridique (51 AH – 13 H) : l’ami intime, le plus proche compagnon et héritier de l’Envoyé de Dieu . Il fut le premier calife de l’islam. Il mourut à Médine à l’âge de soixante trois ans et fut enterré près de son bien-aimé, notre seigneur Muhammad . 69 - Sahl b. Sa‘d a dit : « L’Envoyé de Dieu a dit : “ Gabriel – que la Paix soit sur lui - vint me rendre visite et me dit : “ Ô Muhammad, vis autant que tu voudras, et certes, tu mourras ! Aime qui tu veux, et certes, tu en seras séparé ! Fais ce que tu veux, et certes, tu en seras rétribué ! Sache que la dignité du croyant réside en ses veillées en prière, et sa plus grande force, en son indépendance vis-à-vis des gens ! » Tradition rapportée par Tabarânî et al-Hakim. 70 - Coran 2, 96. 71 - La version contenue dans les recueils de Bukhârî et Muslim, transmise par Abû Hurayra, est la suivante : « Deux désirs usent le cœur du vieil homme : la longue vie et l’amour des richesses. » 72 - Déjà cité. Voir note 28. 73 - Mu‘âdh b. Jabal (m. 18 H) : surnommé l’« Imâm des juristes » et le « Trésor des savants ». Proche Compagnon du Prophète , il était connu pour sa science, son ascèse et son scrupule. 74 - Tradition transmise par Anas et rapportée par Abû Nu‘aym. 75 - Coran 4, 40. 76 - Coran 99, 7. 77 - Transmis par Abû Hurayra et rapporté par Tirmidhî. Ibn al-Mubârak le reprend d’Ibn abî al-Dunya qui ajoute toutefois au début de la tradition : « Celui qui n’invoque pas le Nom de Dieu (…) ». 78 - Rapporté par Ibn abî al-Dunya et Ibn al-Mubârak d’après ‘Amrû b. Maymûn al-Azadî. 79 - Transmis par Ibn ‘Abbâs et rapporté par Bukhârî. 80 - Transmis par Abû Hurayra et rapporté par Tirmidhî. 81 - Cf. Coran 79, 6-7. 82 - Transmis par Abû b. Ka‘b et rapporté par Tirmidhî. 83 - Transmis par Zayd b. Sulaymî et rapporté par Ibn abî al-Dunya. 84 - ‘Abd al-Rahmân b. Sakhr Al-Dawsî (19 H – 57 H), surnommé Abû Hurayra : illustre compagnon du Prophète , il a transmis près de 3 500 hadîths. 85 - Rapporté par Ibn abî al-Dunya. 86 - Rapporté par Tirmidhî et Ibn abî al-Dunya. 87 - Transmis par Anas et rapporté par Ibn abî al-Dunya. 88 - Jâbir b. ‘Abd Allâh al-Ansarî (m. 78 H) : compagnon du Prophète . imam, traditionaliste et savant. 89 - Rapporté par Muslim et Ibn abî al-Dunya. 90 - ‘Abd Allâh b. Mas‘ûd (m. 32 H) : surnommé le « juriste de la Communauté ». Illustre traditionaliste et Conpagnons du Prophète . 91 - Coran 6, 125. Hamza Boubaker propose dans sa traduction (de 1989, Alger) : « Dieu ouvre à l’islam le cœur de celui qu’Il veut diriger. » 92 - Rapporté par al-Hâkim et Ibn abî al-Dunya. 93 - Ismâ‘îl b. ‘abd al-Rahmân al-Sudday (m. 127 H) : fameux exégète et traditionaliste. 94 - Coran 67, 2. 95 - Coran 74, 35 – 37. 96 - ‘Amir b. ‘abd Allâh b. al-Zubayr b. al- ‘Awâm (m. 126 H) : Illustre Imâm et grand ascète. 97 - ‘Umar [b. al-Khattâb], le Victorieux (40 AH – 23 H). L’un des plus proches Compagnons du Prophète et second Calife de l’islam. 98 - Mâlik b. Dînâr (m. 127 H). Il fait partie de la cinquième génération de musulmans. Il est né du vivant de Ibn ‘Abbâs et a entendu Anas. Il est retenu comme une source fiable par les grands collecteurs de traditions. Son ascèse est un modèle en la matière.

99 - Coran 19, 84. 100 - Abû-Mûsa ‘Abd Allâh b. Qays al-Ash‘arî (m. 42 ou 52 H) : compagnon du Prophète . 101 - Coran 57, 14. 102 - ‘Asim b. Sulaymân al Basrî al-Ahwal (m. 142/3 H) : imam et grand traditionaliste de Basra. 103 - Al-Fudhayl b. Zayd al-Ruqâshî : savant irakien et homme de scrupule, contemporain du calife ‘Umar b. Al-Khattâb (que Dieu soit satisfait de lui). CHAPITRE III DE L’AGONIE, DES AFFRES DE LA MORT ET DES ÉTATS QU’IL CONVIENT D’ASSUMER À SA VENUE 104 - Luqmân : personnage coranique, saint et sage. 105 - Naz‘ ou qal‘ al-hayât : l’enlèvement ou le ravissement de la vie (al-hayât). 106 - Transmis par Ibn ‘Umar et rapporté par Tirmidhî et Ibn Mâja. 107 - Coran 4, 18. 108 - Rapporté par Ibn Abî Dunya. 109 - Ibid. 110 - Ibid. 111 - Ibid. 112 - Al-Awzâ‘î [Abû ‘Amr ‘abd al-Rahmân] (88 H – 157 H) : grand Imâm et juriste sunnite. Il fait partie de la seconde génération des tâbi‘în, 113 - Shaddâd b. Aws : (neveu de Hasan b. Thâbit, le poète attitré de l’Envoyé de Dieu ) : illustre compagnon et savant. 114 - Zayd b. Aslam (m. 136 H) : Imâm, traditionaliste et juriste 115 - Transmis par ‘Aisha et rapporté par l’Imâm Ahmad. 116 - Abû ‘Abd Allâh (ou Ayyûb ou Mulsim) al-Dimashqî surnommé Makhûl (m. 113 ou 116 H) : le grand savant syrien. 117 - Rapporté par Ibn Abî Dunya. 118 - Transmis par ‘Aisha et rapporté par Bukhârî. 119 - Transmis par Anas et rapporté par Bukhârî. 120 - Tradition citée par al-Qurtubî dans son commentaire de la sourate Qâf (Coran 50). 121 - « Lâ yumna‘u minnî hijâb » peut aussi être traduit par : « Celui qu’aucun chambellan n’arrête », mais il nous a paru plus juste de ramener la traduction au contexte de cet épisode, c’est-à-dire que l’ange de la mort affirme que le voile des femmes ne l’empêche pas d’accomplir sa mission. Et Dieu est plus savant ! 122 - Rapporté par Ahmad et Ibn Abî Dunya. 123 - ‘Ikrima b. ‘Ammâr al-Basrî (m. 159 H) : Imâm et célèbre traditionaliste irakien. 124 - Rapporté par Ibn Abî Dunya. 125 - Transmis par ‘Ubâda b. al-Sâmit et rapporté par Bukhârî et Muslim. 126 - Du grec basilikón : la plante royale. 127 - Al-za‘farân : le safranum vient du mot arabe asfar, signifiant « jaune ». 128 - Rapporté par Ibn Abî Dunya. 129 - Jâbir b. Zayd al-Azadî (m. 93 H) : célèbre Imâm, exégète et traditionaliste. Il fut l’un des plus proches disciples d’Ibn ‘Abbâs. 130 - Muhammad b. Wâsi‘ (m. 127 H) : célèbre savant et traditionaliste irakien. 131 - Kitâb al-khawf wa al-rajâ’(le Livre de la peur et de l’espérance) : Livre III, Tome IV de l’lhyâ ‘ulūm al-dīn.. 132 - Rapporté par Tirmidhî. 133 - Rapporté par al-Fitnî (Muhammad Tâhir al-Siddiqî al-Hindî) in tadhkirat al-mawdû‘ât. 134 - Rapporté par Muslim. 135 - Rapporté par Ibn Abî Dunya, Tabarânî et Bayhaqî, 136 - Wâthila b. al-Asqa‘ (m. 85 ou 98 H) : compagnon du Prophète . 137 - Rapporté par Ibn Hibân, al-Bayhaqî et Ahmad. 138 - Rapporté par Tirmidhî. 139 - Thâbit al-Bunânî (m. 127 H) : fameux traditionaliste. 140 - Al-Mu‘atamir b. Sulaymân : traditionaliste. 141 - Ash‘ath b. Aslam : traditionaliste.

142 - Abû Bakr b. ‘Abd Allâh al-Mazanî : fameux traditionaliste, sage et ascète irakien. 143 - ‘Atâ’ b. Yasâr (m. 103 H) : Le célèbre traditionaliste et serviteur de Maymûna, l’épouse du Prophète 144 - Sha‘bân : le huitième mois du calendrier musulman. 145 - Yazîd al-Ruqâshî : Fameux saint et ascète. 146 - Coran 70, 15-16. 147 - Sulaymân b. Mihrân al-A‘mash (m. 147 H) : célèbre Imâm, exégète et traditionaliste. 148 - Khaythama. Il est possible qu’il s’agisse de Sa‘d b. Khaythayma, le compagnon du Prophète .

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CHAPITRE IV DE LA MORT DE L’ENVOYÉ DE DIEU ET DE CELLES DES CALIFES BIEN-GUIDÉS 149 - Coran 55, 70. 150 - Coran 54, 55. 151 - Coran 19, 71-72. 152 - Rapporté par al-Bazzâr. 153 - Transmis par Jâbir et Ibn ‘Abbâs, et rapporté par Tabarânî. 154 - Aux martyrs de la bataille d’Uhud. 155 - Les Auxiliaires : les médinois qui apportèrent refuge, soutien et protection aux croyants mecquois qui avaient fui la répression exercée par les Qurayshites. 156 - Rapporté par al-Dâramî. 157 - Siwâk : bâton d’arak utilisé pour se brosser les dents. Il provoque un rougissement de la bouche à cause de la présence de tanins. 158 - Rapporté par Bukhârî et Muslim. 159 - Al-na‘y : informer de la mort de quelqu’un. 160 - Coran, 103 161 - Coran 47, 22. 162 - Coran 59, 9. 163 - Coran 6, 129. 164 - Coran 33, 43. 165 - Rapporté par Ibn Sa‘d dans ses Tabaqât. 166 - ‘Abd Allâh b. Zam‘a : Compagnon du Prophète . 167 - Rapporté par Abû Dâwud et avec des variantes par Bukhârî et Muslim. 168 - Rapporté par Tabarânî 169 - Rapporté par Ibn ‘abd al-Barr. 170 - Fille de ‘Alî et de Fâtima et sœur d’al-Hassan, d’al-Husayn et de Zaynab (que Dieu soit satisfait d’eux). 171 - Coran 39, 30-31. 172 - Coran 3, 144. 173 - Rapporté par Bukhârî et Muslim. 174 - Coran 3, 185. 175 - Al-Khizr (que la Paix soit sur lui) : le personnage coranique de la sourate Al-Kahf (Coran 18). 176 - Rapporté avec des variantes par al-Hâkim, Ibn Abî Dunya et Tabarânî 177 - Coran 4, 135. 178 - Coran 39, 30. 179 - Coran 2, 156. 180 - Coran 50, 19. 181 - Sa‘îd b. al-Musayyib (93 ou 94 H) : célèbre Imâm, traditionaliste et juriste. Il est surnommé le plus grand juriste de Médine « sayyid fuqahâ al-Madîna ». 182 - ‘Amrû b. Maymûn (m. 75 H) : Imâm et célèbre traditionaliste. 183 - Prononciation de la formule : « Dieu est le plus grand » qui marque l’entrée en prière. 184 - Fayrûz [Abû Lu’lu’a] : l’esclave perse, meurtrier du calife ‘Umar b. al-Khattâb, le 26 de Dhû al-Hijja en l’an 23 de l’Hégire. 185 - ‘Abd al-Rahmân b. ‘Awf (m. 33 H) fait partie des Dix Compagnons promis au Paradis (al-mubashirûn bi-l-janna). 186 - Al-Mughîra b. Shu‘ba (m. 50 H) : compagnon du Prophète et vaillant guerrier.

187 - Nommé par ‘Umar au poste de gouverneur en Irak, Sa‘d commença à bâtir et à développer le pays. Mais les gens de Kûfa ourdirent un complot contre lui et se plaignirent au calife. Leur prétexte : Sa‘d ne savait pas diriger la prière. Informé, Sa‘d se mit à rire et dit : « Par Dieu, je ne fais qu’imiter la prière du Messager de Dieu. J’allonge les deux premières unités de prière et j’écourte les deux dernières. » Lorsque ‘Umar le convoqua à Médine, il s’y rendit. Quand celui-ci lui intima l’ordre de retourner à Kûfa, Sa‘d s’y refusa et répondit à ‘Umar : « M’ordonnerais-tu de retourner vers ceux qui m’accusent de négligence dans la prière ? » Il demeura à Médine. 188 - Transmis par Abû b. Ka‘b et rapporté par Abû Bakr al-Ajirî in kitâb al-sharî‘a. 189 - ‘Abd Allâh b. Salâm b. al-Hârith (m. 43 H) : célèbre compagnon du Prophète. 190 - Rapporté par Nisâ’î et Tirmidhî. 191 - Coran 21, 87. 192 - Ibn al-Tayyâh : muezzin à l’époque de l’Imâm ‘Alî (que Dieu ennoblisse sa face). 193 - ‘Abd al-Rahmân b. Muljim al-Khârijî : auteur de l’assassinat de l’Imâm ‘Ali (que Dieu ennoblisse sa face), le 18 du mois de ramadân de l’année 40 hégirienne. 194 - Muhammad b. ‘Alî (m. 67 ou 81 ou 87 H) : fils de l’Imâm ‘Alî et de Khawla bint Ja‘far al-hanafiyya. 195 - Al-Hasan b. ‘Alî (m. 50 H) : ainé des fils de l’Imâm ‘Alî et de Sayyida Fâtima, la fille du Prophète . Il est le modèle de la générosité, de la bonté et de la compassion. 196 - Al-Husayn b. ‘Alî (m. 61 H) : second fils de l’Imâm ‘Alî et de Sayyida Fâtima, la fille du Prophète . L’Envoyé de Dieu a dit à propos de ses deux petits-fils : « Al-Hasan et al-Husayn sont les seigneurs des jeunes du Paradis. ». CHAPITRE V DES PROPOS DES CALIFES, DES ÉMIRS ET DES SAINTS AU MOMENT DE LEUR MORT 197 - Mu‘âwiyya b. Abû Sufyân (60 H) : premier calife omeyyade. 198 - Yazîd b. Mu‘âwiyya (m. 64 H) : second calife omeyyade. 199 - Vallée mecquoise. 200 - ‘Abd al-Mâlik b. Marwân (m. 86 H) : surnommé « Abû al-Mulûk », « le père des rois ». Cinquième calife omeyyade. 201 - Abû Hâzim Salma b. Dînâr (m. 140/144 H) : imâm et grand savant médinois. 202 - Coran 6, 94. 203 - Fâtima bint ‘Abd al-Malik b. Marwân al-Amawiyya : petite-fille, fille, sœur et enfin épouse de califes. Il s’agit de l’une des femmes les plus prestigieuses de l’histoire de l’islam. Bien que provenant de l’une des familles les plus riches et convoitée par les partis les plus nobles, son père préféra la marier au meilleur d’entre eux, le calife ‘Umar b. ‘Abd al-‘Azîz, avec qui elle partagera austérité, ascèse et science, et renoncera aux plaisirs mondains. 204 - Coran 28, 83. 205 - Harûn al-Rashîd (m. 193 H) : cinquième calife abbasside. 206 - ‘Abd Allâh al-Ma’mûn (m. 218 H) : fils de Harûn al-Rashîd et septième calife abbasside. 207 - Muhammad al-Mu‘tasim bi-Llâh (m. 227 H) : fils de Harûn al-Rashîd et huitième calife abbasside. 208 - Muhammad al-Muntasir bi-Llâh b. al-Mutawakkil b. al-Mu‘tasim bi-Llâh (m. 248 H) : onzième calife abbasside. 209 - ‘Amrû b. al-‘As (m. 43 H) : célèbre compagnon du Prophète . 210 - Al-Hajjâj b. Yûsuf al-Thaqafî (m. 95 H) : terrible gouverneur d’Irak durant le règne des Omeyyades. 211 - Coran 69, 28-29. 212 - Mu‘âdh b. Jabal (m. 18 H) : compagnon du Prophète . 213 - Rapporté par Ahmad et al-Hâkim. 214 - Bilâl b. Rabâh al-Habashî (m. 20 H) : compagnon du Prophète . Il fut le premier musulman noir et le premier muezzin. 215 - ‘Abd Allâh b. al-Mubârak (m. 181 H) : fameux imam, savant et saint. 216 - Coran 37, 61. 217 - Ibrâhîm al-Nakh‘î (m. 96 H) : imam et autorité en matière de Tradition. 218 - Muhammad b. al-Munkadir (m. 130 ou 131 H) : imam et autorité en matière de Tradition. 219 - Coran 24, 15. 220 - ‘Amir b. ‘Abd al-Qays al-Tamîmî al-‘Anbarî (mort durant le règne de Mu‘âwiyya) : traditionaliste et fameux ascète. 221 - Al-Fudhayl b. ‘Iyâd (m. 187 H), surnommé le « Dévot des lieux saints » (‘âbid al-haramayn) : grand savant et ascète. 222 - Coran 5, 27. 223 - Jour de l’An persan.

224 - Abû al-Qâsim al-Junayd b. Muhammad (m. 297 H) : le prince des gnostiques. 225 - Abû Sa‘îd al-Kharrâz (m. 277 H) grand savant et ascète. 226 - Mimshâd al-Dînawarî (m. 299 H). Fameux ascète. 227 - Abû Bakr Dalf al-Shiblî b. Jahdar (m. 334 H) : Fameux soufi malékite irakien. Il fut le compagnon de Junayd. 228 - Abû Bakr al-Wâsitî (m ?) : fameux ascète. 229 - Wird : chapelet de prières. 230 - La formule : « Allâh akbar », « Dieu est le plus grand », par laquelle on entre en prière. 231 - Abû al-Husayn Ahmad al-Nûrî (m. 295 H). L’un des plus grands soufis de son temps. Il fut le compagnon de Sarî al-Saqatî et d’Ibn al-Hawarî. On le retient digne du rang de Junayd qui a dit de lui : « Depuis que Nûrî est mort, nul n’a plus enseigné la vérité de la sincérité (haqîqat al-sidq) ». CHAPITRE VI DES PROPOS DE GNOSTIQUES LORS DE FUNÉRAILLES, OU DE LA VISITE DES CIMETIÈRES ET L’AVIS CONCERNANT LA VISITE DES TOMBES 232 - Cf. Ihyâ’, I, pp. 183-184. 233 - Al-Dahhâk b. Qays (m. 64 H) : l’un des plus jeunes compagnons du Prophète . 234 - Tradition rapportée par Ibn Abî Dunya. 235 - Tradition rapportée par Ibn Mâja et Tirmidhî. 236 - Tradition rapportée par Ibn Abî Dunya. Ibn Mâja en donne une version plus abrégée. 237 - Tradition rapportée par Tirmidhî, Ibn Mâja et al-Hâkim. 238 - Abû Dharr al-Ghifârî (m. 32 H) : célèbre Compagnon du Prophète . Il fut un modèle d’ascèse. 239 - ‘Uwaymir b. Mâlik al-Ansarî [Abû al-Dardâ’] (m. 32 H) : célèbre compagnon du Prophète . 240 - Hâtim al-Asamm (m. 237 H) : fameux savant et ascète. 241 - Bakr b. Mudarr al-‘Âbid (m. 174 H) : imâm et traditionaliste. 242 - Yahya b. Mu‘âdh al-Râzî al-Wâ‘iz (m. 258 H) :Ffameux sage et ascète. 243 - Al-Hasan b. Sâlih b. Hayy (m. 169 H) : imâm, traditionaliste et juriste. 244 - ‘Atâ’ al-Salamî : contemporain de Mâlik b. Dînâr. 245 - Al-Rabî‘ b. Khaytham (m. 65 H) : ascète et homme de grand scrupule, il fut l’un des plus proches compagnons d’Ibn Mas‘ûd. 246 - Coran 23, 99-100. 247 - Ahmad b. Harb Fayrûz al-Nîshâbûrî (m. 232 H) : juriste, traditionaliste et ascète. 248 - Maymûn b. Mihrân (m. 116 ou 117 H) : imâm, traditionaliste et savant 249 - Thâbit b. Aslam al- Bunânî (m. 127 H) : imâm, traditionaliste et ascète. 250 - Al-Hasan al-Muthannâ (m. 97 H) : fils de Hasan b. ‘Alî (que Dieu soit satisfait d’eux). 251 - Fâtima bint al-Husayn [Fâtima al-Kubrâ] (m. 110 H) : descendante directe du Prophète , traditionaliste, savante et ascète, elle est morte à l’âge de soixante-dix ans. Elle est la grand-mère d’Idrîs I, fils de ‘Abd Allâh, le fondateur du royaume idriside au Maghreb. 252 - Farazdaq, Hammâm b. Ghâlib, Abû Firâs (m. 110 H) : fameux poète arabe. 253 - Mâlik b. Dînâr (m. 131 H) : l’un des plus grands savants et traditionalistes de son époque. Il survécut à Anas b. Mâlik de qui il apprit nombre de traditions prophétiques. Il fréquenta les plus grands savants de son époque, comme Hassan al-Basrî, et était un excellent copiste du Coran. 254 - Muhammad b. Sabîh al-‘Ujlî [Ibn al-Sammâk] (m. 183 H) : traditionaliste et ascète. 255 - Tradition non identifiée. Une variante se trouve chez Ibn Mâja. 256 - Tradition rapportée par Bukhârî. 257 - Tradition rapportée par Muslim. 258 - Tradition rapportée par Ahmad, Abû Ya‘la et Ibn Abî Dunya. 259 - Tradition rapportée par Muslim. 260 - ‘Abd Allâh b. ‘Ubayd Allâh b. Abû Mulayka (m. 117 H) : juriste, mufti et traditionaliste, ayant rapporté des hadîth directement de la bouche de ‘A’isha, de Asmâ’ et de certains grands Compagnons. 261 - Tradition rapportée par Ibn Abî Dunya et al-Hâkim. 262 - Tradition rapportée par Ibn Abî Dunya. 263 - Abû ‘Abd Allâh al-Qurashî, Nâfi‘ (m. 119 H) : l’un des plus fiables narrateurs de hadîths. L’imâm al-Bukhârî a dit : « Les chaînes de transmission les plus fiables sont celles où sont cités les noms de Mâlik, de Nâfi‘ et d’Ibn ‘Umar. »

264 - L'imâm Ja‘far b. Muhammad al-Sâdiq (m. 148 H) (que Dieu soit satisfait de lui) : descendant du Prophète , les chiites le considèrent comme le sixième imâm. Il est l’une des plus grandes autorités de l’islam sunnite et chiite. Il surpassait ses contemporains par ses connaissances en matière de sciences coraniques, de hadîth, de fiqh et autres sciences, et était un océan dans le domaine de la Gnose. 265 - Tradition rapportée par Tabarânî. 266 - Tradition rapportée par Ibn Abî Dunya. 267 - Tradition rapportée par al-Dâraqtanî et al-Bayhaqî. 268 - Tradition rapportée par Ibn Abî Dunya. 269 - La direction vers La Mecque pour la prière. 270 - Tradition rapportée par Ibn Abî Dunya. 271 - Rabî‘a al-‘Adawiyya (m. 180 H) : la grande et fameuse sainte de l’islam. 272 - Tradition rapportée par al-Daylamî dans son Firdaws. 273 - Sudayy b. ‘Ijlân abû Umâma al-Bâhilî (m. 81 ou 86 H) : compagnon du Prophète . 274 - Tradition rapportée par Tabarânî. 275 - Ahmad b. Hanbal (m. 241) : l’immense imâm, traditionaliste, savant et juriste sunnite. 276 - Muhammad b. Qudâma al-Jawharî : traditionaliste et compagnon d’Ahmad b. Hanbal. 277 - Mubashir b. Ismâ‘îl al-Halabî : traditionaliste. 278 - ‘Abd al-Rahmân b. al-‘Alâ b. al-Lajlâj : traditionaliste. 279 - Coran, sourates 113 et 114 . 280 - Coran, sourate 112 . 281 - Tradition rapportée par Abû Dâwud. 282 - Tradition rapportée par Bukhârî. 283 - Tradition rapportée par Ibn Abî Dunya. 284 - Tradition rapportée par Bukhârî et Muslim. 285 - Tradition rapportée par Ahmad. CHAPITRE VII DE LA RÉALITÉ DE LA MORT ET DE CE QUI ATTEND LE DÉFUNT DANS LA TOMBE JUSQU’AU SOUFFLEMENT DANS LA TROMPE (AL-SûR) 286 - Propos attribués à l’imâm ‘Alî (que Dieu soit satisfait de lui). 287 - Coran 17, 14. 288 - Coran 17, 85. 289 - Coran 3, 169-170. 290 - Tradition rapportée par Muslim. 291 - Tradition rapportée par Tirmidhî. 292 - Tradition rapportée par Ibn Abî Dunya. 293 - Tradition rapportée par Muslim et Bukhârî. 294 - Tradition rapportée par Ibn Mâja et avec une variante par Ibn Abî Dunya. 295 - Masrûq b. al-Ajda‘ (m. 62 ou 63 H) : imâm et traditionaliste. Il a rapporté des hadîths directement de la bouche des grands Compagnons. 296 - ‘Abd Allâh b. ‘Amrû b. al-‘As (m. 63 H) : compagnon et fils de compagnon du Prophète . 297 - Coran 16, 57. 298 - Coran 34, 54. 299 - La Bataille de Uhud : Bataille entre les musulmans et le clan mecquois des Qurayshites sur le mont Uhud près de Médine, en l’An 3 de l’Hégire. 300 - Tradition rapportée par Ibn Abî Dunya, Tirmidhî et Ibn Mâja avec une variante. 301 - Tradition rapportée par Ibn Abî Dunya. 302 - Tradition rapportée par Ibn Abî Dunya. 303 - Tradition rapportée par Ibn Abî Dunya. 304 - ‘Amrû b. Dînâr (né en 45 ou 46 H) : imâm, traditonniste et cheikh de La Mecque.

305 - Mâlik b. Anas (m. 179 H) : l’imâm de Médine. L’un des plus fameux imâms sunnites. 306 - Al-Nu‘mân b. Bashîr al-Ansarî al-Khazrajî (m. 64 H) : compagnon et fils de compagnon du Prophète . 307 - Tradition rapportée par Ibn Abî Dunya. 308 - Tradition rapportée par Ibn Abî Dunya. 309 - ‘Abd Allâh b. Ruwâha al-Ansarî al-Khazrajî (m. 8 H) : compagnon du Prophète mort en martyr durant la bataille de Mu’ta. 310 - Tradition rapportée par Ahmad. 311 - Sâlih al-Murrî (m. 172 ou 176 H) : ascète irakien. 312 - ‘Ubayd b. ‘Umayr (m. 74 H) : traditionaliste, fils du grand exégète Qatâda al-Laythî, contemporain du Prophète .. 313 - Coran 2, 156. 314 - Khâlid b. Zayd [Abû Ayyûb al-Ansârî] (m. 52 H) : compagnon du Prophète . C’est chez lui que le Prophète habita à Médine durant sept mois. 315 - Tradition rapportée par Tabarânî et Ibn Abî Dunya. 316 - Tradition rapportée par Tabarânî, Ibn Abî Dunya et al-Hâkim. 317 - Tradition rapportée par Ibn Abî Dunya et Ibn al-Mubârak. 318 - Al-Barâ’ b. ‘Azib al-Ansarî (m. 72 H) : compagnon du Prophète . 319 - Coran 20, 55. 320 - Coran 14, 27. 321 - Coran 66, 6. 322 - Coran 14, 50. 323 - Déjà cité. 324 - Tradition rapportée intégralement par Abû Dâwud et al-Hâkim, et partiellement par Ibn Mâja et al-Nisâ’î. 325 - Le Coran donne la définition suivante des ‘Illiyûn : « Certes, le Livre des justes est dans les ‘Illiyûn ; mais qu’est-ce qui te fera connaître ce que sont les ‘Illiyûn ? Ce sont des registres soigneusement tenus. » (Sourate 83, 18-20). 326 - Le Coran donne la définition suivante des Sijjîn : « Que non ! Certes, le Livre des libertins est dans les Sijjîn ; mais qu’est-ce qui te fera connaître ce que sont les Sijjîn ? Ce sont des registres soigneusement tenus. » (Sourate 83, 7-9). 327 - Tradition rapportée par Ibn Abî Dunya et al-Bazzâr. 328 - Coran 23, 99-100. 329 - Ibid. 330 - Ibid. 331 - Coran 20, 124. 332 - Tradition rapportée par Ibn Hibân. 333 - Coran 83, 15-16. 334 - Coran 37, 61. 335 - Tradition non identifiée. 336 - Tradition rapportée par Tirmidhî et, avec une variante, par Ibn Hibân. 337 - Muhammad b. al-Munkadir (m. 130 ou 131 H) : Imâm, traditonniste et modèle. 338 - Tradition rapportée par Ahmad. 339 - Sa‘d b. Mu‘âdh b. Nu‘mân al-Ansarî (m. 5 H) : chef de Banû Aws et compagnon du Prophète . 340 - Tradition rapportée par Ahmad. 341 - Zaynab (m. 8 H) : fille ainée du Prophète . 342 - Tradition rapportée par Ibn Abî Dunya. CHAPITRE VIII DE LA CONNAISSANCE DES ÉTATS DES MORTS À TRAVERS LES DÉVOILEMENTS REçUS EN RÊVE 343 - Coran 5, 27. 344 - Tradition rapportée par Ibn Abî Dunya. 345 - Tradition rapportée par al-Barrâ’ : « Lorsque tu t’apprêtes à aller au lit, fais les mêmes ablutions que celles que tu fais pour la prière […] ». 346 - Coran 48, 27. 347 - Coran 50, 22.

348 - Coran 52, 15-16. 349 - Coran 39, 47. 350 - La version complète rapportée par al-Bayhaqî est la suivante : « Gabriel rendit visite au Prophète et lui dit : “Ô Muhammad, aime qui tu désires, tu en seras séparé ! Fais ce qui te plait, tu en seras rétribué ! Vis autant que tu voudras, tu mourras ! Sache que la noblesse du croyant consiste en ses veillées nocturnes et sa gloire, en son indépendance des gens.” ». 351 - Dans la version rapportée par Abû al-Fawâris, il est dit : « Si je devais choisir un ami intime, ce serait certainement Abû Bakr, c’est mon frère et mon compagnon, mais Dieu a pris votre compagnon pour ami intime. » 352 - Coran 3, 31. 353 - Coran 79, 37-39. 354 - Coran 68, 35-36. 355 - Tradition rapportée par la plupart des traditionalistes. 356 - ‘Abd al-Rahmân b. Muljam, le kharijite, auteur de l’assassinat de l’imâm ‘Alî (que Dieu soit satisfait de lui) en l’an 40 de l’Hégire. 357 - Tradition rapportée par Muslim. 358 - ‘Abd al-‘Uzza b. ‘Abd al-Muttalib, surnommé Abû Lahab, le père de la flamme. Oncle du Prophète , il fut l’un de ses pires ennemis. 359 - « Certes, nous appartenons à Dieu et à Lui nous retournons ! » (Coran 2, 156). 360 - Abû Ja‘far Muhammad b. Ahmad b. Nasr al-Saydalânî (m. 603 H) : Traditionaliste et érudit. 361 - Les soufis (al-fuqarâ’). 362 - ‘Atâ’ al-Salimî : Fameux ascète, contemporain et disciple de Anas b. Mâlik (que Dieu soit satisfait de lui). 363 - Coran 4, 69. 364 - Zurâra b. Abû Awfâ : traditionaliste 365 - Abû ‘Amrû ‘abd al-Rahmân Al-Awzâ‘î (m. 157 H) : célèbre imâm, juriste et traditionaliste. 366 - Ibrâhîm b. Ishâq al-Harbî (m. 285 H) : imâm, traditionaliste et ascète. 367 - Ahmad b. Abû al-Hawârî (m. 246 H) : imâm, traditionaliste et ascète. 368 - Abû Sa‘îd al-Kharrâz (m. 277 H) : fameux ascète. 369 - Coran, 37, 61. 370 - Muhammad b. Idrîs Abû Hatim al-Râzî (m. 275 H) : traditionaliste célèbre. 371 - ‘Abd Allâh b. al-Mubârak (m. 181 H) : traditionaliste. Il rencontra notamment les imâms Mâlik, Sufyân al-Thawrî et Abû Hanîfa. 372 - Abû ‘Uthmân ‘Amrû al-Kinânî al-Basrî [al-Jâhiz] (m. 255 H) : le très célèbre écrivain et homme de lettres arabe. 373 - Célèbre mosquée de Baghdâd. 374 - Abû al-Qâsim al-Nasr Abâdhî : fameux ascète. 375 - Abû Bakr b. Abû Tamîma Ayyûb al-Sakhtiyânî : célèbre imâm et traditionaliste de la première génèration. 376 - Coran, 17, 100. 377 - Dâwud b. Nusayr al-Tâ’î (m. 165) : fameux soufi irakien. Il fut le compagnon d’Ibrâhîm b. Adham et eut pour professeur le grand imâm Abû Hanîfa. 378 - Muhammad b. Sulaymân Abû Sahl al-Sa‘lûkî (m. 369 H) : imâm, juriste shaféite et ascète. 379 - Coran, 4, 69. 380 - Coran 3, 33. 381 - Uways al-Qaranî (m. 37 H) : grand saint, contemporain du Prophète , que cependant il ne rencontra pas. SECONDE PARTIE MENTION DE LA CONDITION DES MORTS, DEPUIS LE SOUFFLEMENT DANS LA TROMPE JUSQU’À L’ÉTABLISSEMENT FINAL AU PARADIS OU EN ENFER, ET DES RISQUES ET DANGERS AUXQUELS EST EXPOSÉ LE DÉFUNT 382 - Tradition rapportée par Bukhârî. 383 - Coran, 36, 77. 384 - Coran 75, 36-39. 385 - Coran 39, 68. 386 - Coran 74, 8-10.

387 - Coran 36, 48-52. 388 - Tradition rapportée par Tirmidhî et Ibn Mâja. 389 - Muqâtil b. Sulaymân al-Balkhî (m. après 150 H) : fameux exégète. 390 - Isthme ou monde intermédiaire. 391 - Coran 39, 68. 392 - Dans la tradition rapportée par Bukhârî, il est dit : « Après avoir achevé la création des cieux et de la terre, Dieu, Béni et Exalté, créa la Trompe et la confia à Isrâfîl. Il l’a posée sur ses lèvres et son regard est posé sur le Trône en attente de l’ordre [d’y souffler]. » Dans une autre version, il est dit : « L’œil de l’ange de la Trompe ne s’est jamais refermé depuis qu’il a reçu sa mission. Il est tout entier prêt et regarde [sans cligner des yeux] en direction du Trône par crainte que l’ordre n’arrive pendant qu’il cligne les yeux. Ses yeux sont tels des astres brillants. » 393 - Coran 81, 5. 394 - Coran 19, 68. 395 - Coran 20, 107. 396 - Coran 79, 6-7. 397 - Tradition rapportée par Bukhârî et Muslim. 398 - Coran 14, 48. 399 - À définir 400 - Coran 55, 37. 401 - Coran 70, 8-9. 402 - Coran 101, 4. 403 - Sawda bint Zam‘a. 404 - Coran 80, 37. 405 - Tradition rapportée par Tabarânî, Bukhârî et Muslim. 406 - Tradition rapportée par Tirmidhî, Bukhârî et Muslim. 407 - Tradition rapportée par Bukhârî et Muslim. 408 - Tradition rapportée par Bukhârî et Muslim. 409 - Tradition rapportée par al-hâfiz al-Jurjânî [Ibn ‘Udayy]. 410 - ‘Uqba b. ‘Amir al-Jihnî (m. 58 H) : compagnon du Prophète . Imâm, savant et illustre poète. 411 - Tradition rapportée par Ahmad. 412 - Coran 83, 6. 413 - Tradition rapportée par Tabarânî. 414 - Coran 88, 5. 415 - Coran 20, 109. 416 - Tradition rapportée par Abû Ya‘lâ et al-Bayhaqî. 417 - Coran 99, 6. 418 - Coran 69, 14 à 18. 419 - Coran 18, 47. 420 - Coran 56, 5-6. 421 - Coran 101, 4-5. 422 - Coran 22, 2. 423 - Coran 14, 48. 424 - Coran 20, 106-107. 425 - Coran 27, 88. 426 - Coran 70, 9. 427 - Coran 55, 39. 428 - Coran 55, 41. 429 - Coran 3, 30. 430 - Tradition rapportée par Tirmidhî et al-Hâkim. 431 - Les sourates 56, 77, 78 et 81. 432 - Coran 82, 6.

433 - Coran 21, 1-3. 434 - Coran 54, 1. 435 - Coran 70, 6-7. 436 - Coran 33, 63. 437 - Tradition non identifiée. 438 - Coran 7, 6-7. 439 - Coran 15, 92-93. 440 - Coran 5, 109. 441 - Coran 5, 116. 442 - Coran 39, 69. 443 - Coran 45, 28. 444 - Tradition rapportée avec une variante par Bukhârî et Muslim. 445 - Coran 17, 14. 446 - Tradition rapportée par Muslim. 447 - Tradition rapportée par Muslim. 448 - Ahmad rapporte la tradition suivant : “Celui qui couvre l’intimité du croyant est comme celui qui redonne vie à la petite fille injustement enterrée vivante. » 449 - Coran 18, 49. 450 - Tradition rapportée par Bukhârî et Muslim. 451 - Tradition rapportée par Bukhârî. 452 - Coran 69, 30-31. 453 - Tradition rapportée par Abû Dâwud. 454 - Cf. Coran 96, 18. 455 - Cf. Coran 22, 21. 456 - Ibid. 19. 457 - Tradition rapportée par Bukhârî. 458 - Coran 101, 6-11. 459 - Coran 40, 17. 460 - Coran 14, 42-44. 461 - Tradition rapportée par Muslim Ahmad et Tirmidhî. 462 - Tradition rapportée par Ahmad. 463 - Coran 6, 38. 464 - Coran 78, 40. 465 - Tradition rapportée par Ahmad et al-Bayhaqî. 466 - Coran 39, 30-31. 467 - Al-Zubayr b. al-‘Awâm (m. 36 H) : célèbre Compagnon. Il fait partie des dix promis au Paradis. 468 - Tradition rapportée par Ahmad et Tirmidhî. 469 - Tradition rapportée par Ahmad mais qui ne l’attribue pas à Anas. 470 - Tradition rapportée par Ibn Abî Dunya et al-Hâkim. 471 - Coran 24, 15. 472 - Coran 25, 14. 473 - Coran 19, 85-86. 474 - Coran 37, 23-24. 475 - Coran 89, 24. 476 - Coran 25, 27-28. 477 - Coran 78, 40. 478 - Coran 19, 23. 479 - Coran 23, 108. 480 - Tradition rapportée par Bukhârî et Muslim. 481 - Tradition rapportée par Bukhârî et Muslim.

482 - Coran 56, 49-50. 483 - Tradition rapportée par al-Hâkim. 484 - Tradition rapportée par Ahmad. 485 - Coran 93, 5. 486 - Coran 14, 36. 487 - Coran 5, 118. 488 - Tradition rapportée par Muslim qui l’attribue toutefois au fils de ‘Amrû et non à ce dernier. 489 - Tradition rapportée par Bukhârî et Muslim. 490 - Tradition rapportée par Ibn Mâja et Tirmidhî. 491 - Tradition rapportée par Ibn Mâja, Tirmidhî et Muslim. 492 - Tradition rapportée par Buhârî et Muslim. 493 - Tradition rapportée par Tabarânî. 494 - Tradition rapportée par Tabarânî et Ahmad. 495 - Tradition rapportée par Bukhârî et Muslim. 496 - Coran 6, 76. 497 - Coran 21, 63. 498 - Coran 37, 89. 499 - Tradition rapportée par Muslim. 500 - Tradition rapportée par Tirmidhî, Ibn Mâja et al-Hâkim. 501 - Tradition rapportée par Tirmidhî. 502 - Tradition rapportée par Daylamî. 503 - Tradition rapportée par Tirmidhî. 504 - Tradition rapportée par Tirmidhî. 505 - Tradition rapportée par Tirmidhî. 506 - Coran 108, 1. 507 - Tradition rapportée par Muslim. 508 - Tradition rapportée par Tirmidhî et Bukhârî. 509 - Tradition rapportée par Muslim. 510 - Tradition rapportée par Tirmidhî et al-Dârimî. 511 - Thawbân b. Bajdid (ou Jahdar) (m. 54 H) [Abû ‘Abd Allâh] : compagnon du Prophète . 512 - Tradition rapportée par Tirmidhî et Ibn Mâja. 513 - Tradition rapportée par Tirmidhî. 514 - Ville syrienne. 515 - Tradition rapportée par Muslim. 516 - Tradition rapportée par Tirmidhî. 517 - Coran 31, 33. 518 - Coran 19, 71-72. 519 - Coran 44, 49. 520 - Coran 22, 20. 521 - Tradition non identifiée. 522 - Tradition rapportée par Tirmidhî et Ibn Mâja. 523 - Cf. Coran 54, 48. 524 - Le Très-Haut a dit : « Il sera précipité dans Celle qui écrase (al-Hûtama). Et qu’est-ce qui te fera connaître ce qu’est la Hûtama? C’est le Feu de Dieu jamais éteint, qui pénètre dans les entrailles jusqu’à les enfermer dans d’immenses colonnes. » Coran 104, 4-9. 525 - Cf. Coran 34, 12. 526 - Coran 40, 7. 527 - Coran 101, 9. 528 - Tradition rapportée par Muslim.

529 - Coran 17, 21. 530 - Coran 4, 40. 531 - Tradition rapportée par Muslim. 532 - Tradition rapportée par al-Bayhaqî et al-Isbahânî qui ajoutent : « […] et son ardeur ne s’interrompt jamais. » 533 - Tradition rapportée par Bukhârî et Muslim. 534 - Coran 23, 104. 535 - Tradition rapportée par Tirmidhî. 536 - Coran 14, 16-17. 537 - Coran 18, 29. 538 - Coran 56, 51-55. 539 - Coran 37, 64-68. 540 - Coran, 88, 4-5. 541 - Coran, 73, 12-13. 542 - Tradition rapportée par Tirmidhî. 543 - Tradition rapportée par al-Bayhaqî. 544 - Coran, 88, 6-7. 545 - Coran, 40, 49-50. 546 - Coran, 43, 77. 547 - Tradition rapportée par Tirmidhî. 548 - Coran, 23, 106-107. 549 - Ibid., 108. 550 - Coran 14, 16-17. 551 - Coran 47, 15. 552 - Coran 18, 29. 553 - Tradition rapportée par Tirmidhî. 554 - Coran 3, 180. 555 - Tradition rapportée par Bukhârî et Muslim. 556 - Tradition rapportée par Ahmad. 557 - Tradition rapportée par Muslim. 558 - Tradition rapportée par Tirmidhî. 559 - Le Très-Haut nous dit à propos du Sijjîn : « Le Livre des libertins est dans un Sijjîn ; mais qu’est-ce qui te fera connaître ce qu’est un Sijjîn? C’est un registre tenu avec soin. » (Coran, 83, 7-9). 560 - Tradition rapportée par Tirmidhî. 561 - Coran 4, 56. 562 - Tradition rapportée par Muslim. 563 - Tradition rapportée par Ibn Mâja. 564 - Coran, 40, 11. 565 - Ibid. 12. 566 - Coran, 14, 44. 567 - Ibid. 568 - Coran, 35, 37. 569 - Ibid. 570 - Coran, 23, 106-107. 571 - Ibid. 108. 572 - Coran, 14, 21. 573 - Tradition rapportée par Bukhârî et Muslim. 574 - Tradition non identifiée. 575 - Coran, 19, 39. 576 - Coran 82, 13-14. 577 - Coran 83, 24-25.

578 - Coran 54, 54-55. 579 - Coran 76, 18. 580 - Coran 7, 43. 581 - Coran 55. 582 - Coran 56. 583 - Tradition rapportée par Bukhârî et Muslim. 584 - Tradition rapportée par Bukhârî et Muslim. 585 - Coran 39, 73. 586 - Coran 39, 73. 587 - Coran 88, 14-16. 588 - Coran 7, 43. 589 - Tradition rapportée par Muslim. 590 - Coran 17, 21. 591 - Coran 57, 21. 592 - Coran 83, 26. 593 - Tradition rapportée par Muslim et Bukhârî, avec quelques variantes. 594 - Ibid. 595 - Tradition rapportée par Tirmidhî. 596 - Tradition rapportée par Abû Nu‘aym. 597 - Coran 9, 72. 598 - Tradition rapportée par Ibn Hibân. 599 - Tradition rapportée par Tirmidhî avec une variante. 600 - Tradition rapportée par Muslim. 601 - Tradition rapportée par Nisa’î et Tabarânî. 602 - Tradition rapportée par al-‘Aqilî. 603 - Tradition rapportée par Tabarânî. 604 - Coran 56, 30. 605 - Tradition rapportée par Bukhârî et Muslim. 606 - Coran 56, 28. 607 - Tradition rapportée par Ibn al-Mubârak. 608 - Jarîr b. ‘Abd Allâh b. Jâbir : compagnon du Prophète , dont la beauté fut comparée à celle du prophète Joseph. 609 - Lieu non identifié. 610 - Coran 22, 23. 611 - Tradition rapportée par Bukhârî et Muslim avec une variante. 612 - Tradition rapportée par Nisâ’î. 613 - Tradition rapportée par Bukhârî et Muslim. 614 - Coran 18, 31. 615 - Tradition rapportée par Tirmidhî. 616 - Plus de 1500 mètres. 617 - Coran 56, 34. 618 - Tradition rapportée par Tirmidhî. 619 - Coran 2, 25. 620 - Coran 76, 18. 621 - Tradition rapportée par Bukhârî et Muslim avec une variante. 622 - Tradition rapportée par Nisâ’î. 623 - Tradition rapportée par al-Bazzâr. 624 - Tradition rapportée par Tirmidhî avec des variantes. 625 - Coran 43, 71. 626 - Coran 83, 27.

627 - Coran 83, 26. 628 - Tradition rapportée par Bukhârî. 629 - Coran 55, 58. 630 - Tradition rapportée par Abû Ya‘lâ et Ahmad. 631 - Le voyage de nuit que Dieu fit entreprendre au Prophète de la Mosquée sacrée de La Mecque à celle de Jérusalem. 632 - Coran 55, 72. 633 - Tradition réfutée par une autre (hadîth munkar). 634 - Coran 3, 15. 635 - Coran 36, 55. 636 - Tradition rapportée par Tirmidhî avec des variantes. 637 - Tradition rapportée par Abû al-Shaykh. 638 - Tradition rapportée par Tirmidhî. 639 - Tradition rapportée par Tabarânî. 640 - Coran 30, 15. 641 - Tradition rapportée par Tabarânî. 642 - Tradition rapportée par Ibn Mâja et Ibn Hibân. 643 - Tradition rapportée par Tirmidhî avec une variante. 644 - Tradition rapportée par Ibn Mâja et Tirmidhî. 645 - Tradition rapportée par al-Bazzâr. 646 - Tradition rapportée par Tirmidhî avec une variante. 647 - Al-Jâbiyya, cité à la périphérie de Damas. 648 - Tradition rapportée par Tirmidhî avec une variante. 649 - Tradition rapportée par Tha‘labî dans son commentaire coranique. 650 - Coran 23, 1. 651 - Coran 47, 15 652 - Coran 47, 15 653 - Coran 10, 26. 654 - Le Livre de l’Amour, du Désir ardent et de la Satisfaction (Kitâb al-mahabba wa-l-shawq wa-l-ridâ), Livre VI, t. 4, de l’Ihya Ulum al-din (La Revivification des Sciences religieuses). version françise, éd. Albouraq 2012. 655 - Coran 20, 130. CONCLUS ION 656 - Coran 4, 48. 657 - Coran 39, 53. 658 - Coran 4, 110. 659 - Tradition rapportée par Muslim. 660 - Tradition rapportée par Muslim et Bukhârî avec une variante. 661 - Tradition rapportée par Muslim. 662 - Tradition rapportée par Tabarânî. 663 - Tradition rapportée par Tabarânî et Ahmad. 664 - Tradition rapportée par Tirmidhî. 665 - Coran 15, 2. 666 - Tradition rapportée par Bukhârî et Muslim. 667 - Yashar b. Qâhit : homme immensément riche, de grand savoir, cousin et adversaire du prophète Moïse. Le Très-Haut a mentionné sa condition et son sort dans les versets 76 à 82 de la sourate 28. 668 - Tradition non identifiée. 669 - Coran 3, 103. 670 - Al-Sunâbihî : traditionaliste. 671 - ‘Ubâda b. al-Sâmit (m. 34 H) : compagnon du Prophète et commandant de l’armée musulmane lors de la conquête d’Egypte. 672 - Tradition rapportée par Muslim.

673 - Tradition rapportée par Tirmidhî et Ibn Mâja. 674 - Coran 4, 40. 675 - ‘Ukâsha b. Muhsin al-Asadî (m. 11 ou 12 H) : l’un des grands compagnons du Prophète . 676 - ‘Amrû b. Hazm al-Ansârî : compagnon du Prophète . 677 - Tradition rapportée par al-Bayhaqî, Ahmad et Tabarânî, ces deux derniers avec une variante. 678 - Plaine médinoise. 679 - Tradition rapportée par Bukhârî et Muslim. 680 - Coran 55, 46. 681 - Tradition rapportée par Ahmad. 682 - Tradition rapportée par Muslim. 683 - Tradition rapportée avec des variantes par Bukhârî et Muslim. 684 - Déjà cité.

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