Le Dessin D'urbanisme

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Collection Dossiers Ouvrages faisant le point sur un sujet précis assez limité, correspondant soit à une technique nouvelle, soit à un problème nouveau non traité dans la littérature courante. Le sujet de l’ouvrage s’adresse plutôt aux professionnels confirmés. Le Certu s’engage sur le contenu mais la nouveauté ou la difficulté des sujets concernés implique un certain droit à l’erreur. Ce sont des documents permettant une transmission rapide de l’information grâce à une mise en page standardisée. Le Certu publie aussi les collections: débats, références, rapports d’étude, enquêtes et analyses. Catalogue des publications disponible sur http://www.certu.fr.

Cet ouvrage, issu d'un cours dispensé à l'Institut d'Aménagement Régional d'Aix-en-Provence, a bénéficié des remarques et suggestions de Catherine Atger et Christophe Dalin (Certu), de Denis Berthelot et Bernard Richier (IAR) et de Jean-Pierre Simon (Cete Méditerranée). Qu'ils en soient vivement remerciés.

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Sommaire De la représentation du monde au dessin d’urbanisme

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De la normalisation graphique des années 70 au projet dessiné

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L’apport scientifique, technique ou artistique dans le langage graphique de l’urbanisme

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La diversité des fonctions et objectifs des cartes, des plans, des « schémas - concepts » dans les démarches de projet d’aménagement et d’urbanisme

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Conclusion

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Bibliographie

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Table des matières

129

Première partie

Deuxième partie

Troisième partie

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De la représentation du monde au dessin d’urbanisme

Le dessin des villes et des territoires a depuis toujours porté l’imaginaire collectif dans les utopies reconstruites. Il a été aussi d’une utilité pratique immédiate dans l’exercice d’un pouvoir militaire, économique ou politique. Comme le geste, il est langage, celui de l’essentiel, de l’expression du territoire d’appartenance, de protection et d’exclusion, mais aussi celui du dialogue. Le dessin d’urbanisme représente les lieux de l’homme, ceux d’aujourd’hui et de demain, vécus et projetés. Il est riche de l’ensemble des techniques et méthodes de représentation graphique, contribuant à l’organisation réfléchie du territoire à toutes ses échelles. Il puise dans les différentes disciplines scientifiques, techniques ou artistiques, les éléments permettant, de façon individuelle ou collective: • de comprendre les rapports d’une situation sociale, économique, culturelle, perceptive ou symbolique avec son ou ses territoires ; • de proposer ou construire, de façon partagée, des perspectives d’évolution des espaces et des lieux, et les modalités de leur organisation.

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D E L A R E P R É S E N TAT I O N D U M O N D E AU D E S S I N D ’ U R BA N I S M E



Le dessin et les représentations témoignent de l’histoire du monde Chaque époque, chaque situation, a créé ses propres représentations territoriales, développé ses savoir - faire, ses savoir-représenter, ses savoir-imposer, son savoir-dialoguer.

Table de Peutinger, copie du IV e siècle Rome cartographie les itinéraires de ses légions et déroule la grandeur de son empire.

Carte de Cassini, 1720 Première carte de France «Colbert, en 1663, décide le reboisement généralisé des forêts royales et met sur pied un plan d’équipement de la marine ». La carte, outil de connaissance et de rationalisation de la production des coupes de bois sur tout le territoire devient celui du pouvoir. Disposer d’une carte précise deviendra l’enjeu des décennies qui suivront. B.-H. Vayssière in La carte de France, p. 252 -265, 1980 Documents et texte extraits de Cartes et figures de la terre, Catalogue d’exposition, Centre G. Pompidou, 1980

D E L A R E P R É S E N TAT I O N D U M O N D E AU D E S S I N D ’ U R BA N I S M E

Le partage de la Bosnie dessiné… sur le carton d’invitation à un banquet Le Monde, 8 août 1995

Territoires occupés, libérés, divisés… la carte nous renseigne sur le fondement territorial, quelquefois à la parcelle, des conflits entre les peuples. Plan de Jérusalem Courrier international, 18 octobre 2000

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D E L A R E P R É S E N TAT I O N D U M O N D E AU D E S S I N D ’ U R BA N I S M E



Villes idéales, villes dessinées

Chaque époque a vu émerger des visions idéales de la ville, des projets quelquefois ambitieux, porteurs de nouvelles valeurs culturelles et sociales ou encore de rationalisation économique.

Pour la chrétienté médiévale : la tour de Babel, métaphore de l’opposition entre la cité terrestre et la cité céleste Pieter Bruegel, 1563

Quattrocento : l’idéal humaniste de la cité École de Piero della Francesca, XV e siècle

1775, Claude-Louis-Nicolas Ledoux construit son utopie de la cité ouvrière Saline royale de Chaux: la moitié du projet a été réalisée entre 1775 et 1779

Documents ci-dessus et page suivante extraits de La cité idéale en Occident, Virgilio Vercelloni, Éd. Lebaud, 1996, 208 p.

D E L A R E P R É S E N TAT I O N D U M O N D E AU D E S S I N D ’ U R BA N I S M E

1922, Le Corbusier redessine Paris

1924, Ludwig Hilberseimer projette une métropole idéale

Années 60, Nicolas Schoeffer imagine la ville cybernétique

1964, Archigram propose que « l’effet cité » soit transporté de lieu en lieu…

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Ces trente dernières années ont vu se généraliser dans un premier temps un urbanisme fortement réglementé, marqué par le pouvoir dominant des services de l’État imprégnés des certitudes des années 60. La décentralisation, s’appuyant notamment sur le POS pour sa mise en œuvre à l’échelon local, amènera progressivement les maires à être, ou se sentir, les premiers acteurs d’un dessein pour leur territoire: la commune. De nouvelles idées et méthodes vont quelquefois y naître, révélant l’importance du diagnostic, de la concertation et de l’énoncé du projet avant l’élaboration ou la modification du POS. L’expression et la lisibilité du projet local et de ses effets sur les lieux de vie quotidienne vont devenir une nécessité. Des politiques sectorielles mais fortement spatialisées (politique de la ville, entrées de ville, loi Paysage…) viennent à partir des années 90 renforcer cette nouvelle exigence territoriale, et repositionnent le dessin dans les méthodes de concertation. Le retour de la planification territoriale tout autant que la contractualisation et la construction obligée de partenariats confirmeront cette tendance. La généralisation progressive de nouveaux territoires d’intercommunalité, de gestion puis de projets, fait naître aujourd’hui une nouvelle façon de dessiner les diagnostics et les projets de territoires à différentes échelles, du quartier à l’agglomération.



De la normalisation graphique des années 70 au projet dessiné

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La normalisation graphique des années 70, reflet des certitudes de l’époque

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Les politiques publiques des années 80 - 90 marquées par « l’exigence territoriale »

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La concertation et l’information amènent l’innovation dans les supports graphiques

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De l’aménagement au développement : l’intercommunalité change les territoires

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Conclusion

et appelle de nouvelles représentations

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La loi SRU entraîne l’obligation de dessiner le projet

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Le dessin d’urbanisme dans la dynamique de projet

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La normalisation graphique des années 70, reflet des certitudes de l’époque Les années 70 ont été marquées par la mise œuvre de loi d’Orientation foncière de 1967. Si les trois échelles de territoires couverts par les SDAU, POS, ZAC étaient déjà présentes dans le décret de 58, leur représentation a rapidement fait l’objet d’une normalisation dans les documents graphiques. Les dessins représentant l’avenir projeté s’inscrivaient dans une certitude de développement que la crise économique de 1973 n’avait pas encore ébranlée. Parallèlement les villes nouvelles initieront un nouveau savoir-faire en matière de projet, facilité par des moyens financiers, institutionnels et humains importants.

Le SDAU et le dessin de « l’horizon terminal choisi » Les décrets d’application de la loi de 1967 et plusieurs circulaires ou instructions préciseront les éléments qui constituent le dessin d’un Schéma directeur: « Il comprendra 3 planches: 1. l’état actuel; 2. les schémas d’ensemble, donnant l’image de l’aire d’aménagement à l’horizon terminal choisi; 3. la première phase de réalisation. ... Le fond de plan (noir) est généralement une carte IGN, à laquelle sont rajoutés: • des renseignements de faits; • les volontés d’aménagement urbain (marron ou violet) ; • les volontés concernant l’espace naturel ou rural (vert et bleu); • les volontés en matière d’équipement (rouge)». Extrait de Instruction DAFU - janvier 1971 , ministère de l’Équipement

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Le dessin du passage d’un « état actuel » (1968) à un « état futur » est significatif des certitudes de l’époque en matière d’évolution démographique ou économique. Le dessin du projet est inspiré par le code graphique « proposé » par les circulaires Il énonce trois grands types d’objets à représenter: les infrastructures, les grands équipements, les zones d’accueil du développement programmé.

État actuel, 1968 SDAU de SAINT- OMER Revue Urbanisme n° 138, 1973 État long terme, prévision 2000

Une légende identique pour exprimer la situation actuelle et le long terme traduit le climat de certitude Un grand décalage existe cependant entre le discours du rapport de présentation du SDAU et son dessin. Il parle de « pari engagé pour arrêter l’hémorragie vers la capitale», du « vide» qui se forme, etc.

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Mais les Schémas directeurs des années 80 intégreront progressivement les difficultés de la prospective territoriale « Du plan de zonage à l’affiche, du Schéma directeur super-POS au schéma communiquant, les expressions sont extrêmes et reflètent une attente multiforme». in L’expression graphique dans les schémas directeurs, M. Naudin et alii, in Des Schémas porteurs d’avenir, Cahiers Iaurif, n° 108, p. 102 -108, 1994

Les débats sur le niveau de précision du dessin, l’intérêt de mettre un fond de plan au schéma, sur le contenu de la légende deviendront récurrents et montreront le décalage croissant avec la norme graphique proposée par le ministère de l’Équipement en 1971. La fin des années 80 sera caractérisée par la diversité des documents de prospective, par opposition aux documents d’occupation des sols. De nombreux modes de représentation vont être testés.

Des Schémas porteurs d’avenir N ° spécial Cahiers Iaurif, n° 108, 1994

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50 ans d’évolution du dessin des Schémas directeurs en Île - de - France Pour maîtriser la croissance urbaine, plans d’aménagement et schémas directeurs se succèdent, laissant à chaque fois transparaître les préoccupations du moment quant à l’avenir mais aussi l’incidence du contexte institutionnel sur les réponses apportées*. L’élaboration du Schéma de 1994, approuvé dix ans après la décentralisation, nécessitera de très nombreux documents de sensibilisation, « livre blanc » et supports dessinés de discussion avec les collectivités, permettant de débattre des rapports espaces aménagés/espaces à protéger. Elle montrera la difficulté d’approcher la question des localisations et du dessin des limites: la notion « d’espace enveloppant» sera proposée, associée à « des objectifs de constructibilité par département fixés au m 2 près». * R. Brechet, in Cahiers Iaurif, n° 108, p. 49, 1994

« Lyon 2010 », un dialogue original entre deux « cartes » Deux cartes distinctes «d’orientations fondamentales d’aménagement» et de «destination générale des sols» constitueront les supports de synthèse du Schéma directeur approuvé en 1992. «Le rejet de la carte unique, à la mode des années 70 -80, traduit la volonté de rompre avec la pratique consistant à exprimer les grands enjeux d’agglomération avec le seul prisme rigide et déformant de l’expression réglementaire» *. *Ch. Sozzi, in Cahiers Iaurif, n°108, p. 32-45, 1994 Agence d’urbanisme pour le développement de l’agglomération lyonnaise

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Parallèlement, une stabilité graphique des POS 1967 - 2000 Une «note technique» du ministère de l’Équipement de 1974 est consacrée à l’expression graphique des POS (note Dafu /C1, mai 1974) Plusieurs principes ressortent de ce document. Les plans ne sont qu’une norme juridique «Le caractère juridique du document graphique du POS impose des contraintes rigoureuses de présentation» (cf. tableau ci-contre). Il est néanmoins possible de dessiner autrement pour expliquer «mais pour l’exposé et la discussion, rien n’interdit d’utiliser une présentation différente plus imagée et plus esthétique». La pratique, reflet des certitudes, amènera à les exclure. Le dessin du projet, préalable à l’élaboration des documents juridiques, ne figure pas dans cette note Il est seulement question de choix de fonds de plan, cadastre ou cartes IGN, de choix d’échelle et d’agencement des cartes, de légende graphique. La question des rapports entre le droit et le trait n’est pas abordée Le trait crée une indétermination du fait de son épaisseur sur le plan. Il devient une difficulté pour celui qui applique le droit (précision nécessaire des limites d’une zone constructible ou d’un espace boisé classé), voire un objet de contentieux.

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Gérer et équiper la « tache d’huile » : dessin et modèle des années 70 Le document ci - dessous constituera la référence diffusée en 1979 par le ministère de l’Environnement et du Cadre de vie, et reprise dans plusieurs manuels juridiques. (Cf. «Le Processor», Y. Danan et alii, STU, 1979)

Règles et forme urbaine L’instauration de règles aux conséquences non évaluées prévaudra, sauf exception, sur la définition plus difficile d’une intention de forme urbaine. Le lien entre forme urbaine voulue et forme urbaine réellement produite par l’application de la règle sera pourtant largement décrit dans plusieurs documents techniques (D. Berthelot, J. - C. Jager, POS et formes urbaines, ministère de l’Équipement, 1981). Le travail de dessin d’une intention de forme sera économisé au profit de règles types. Par ailleurs certaines formulations de notices techniques apparaîtront totalement inutilisables (Document ministère Équipement non diffusé, 1980), par exemple à propos du volume, enveloppe: « Si D1, D2, D3 sont des variables de H, le volume enveloppe est donné par la formule V = H [x - 2 (H - b2)/a2] [y-(H-b1)/a1-(H-b3)/a3]»!

Le dessin de « plan masse » de secteur constitue alors la principale référence à un projet spatial réellement pensé Il est supposé établi au 1 000 e pour «traiter de façon approfondie certains points clés ou points durs du territoire communal, pour être ensuite intégré au POS de façon réglementaire». Il sera peu utilisé, probablement du fait de l’absence généralisée de projets réfléchis sur l’espace. Plan extrait de la note AF/U 250 de juillet 1973 Ministère de l’Équipement

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La ZAC devient l’outil du projet, dessiné à l’échelle du quartier et de l’espace public La ZAC va devenir le lieu privilégié, sinon le seul, de la réflexion de projet. Son échelle sera celle du quartier. De nombreux architectes - urbanistes, quelquefois en équipes pluridisciplinaires y trouveront la possibilité de développer un nouveau savoir - faire, le plus souvent en opposition à l’héritage des ZUP et du plan déterminé par le «chemin de grue». De nouvelles questions apparaîtront, concernant l’espace public, la rue, la place, la qualité urbaine, l’usage de la règle dans l’encadrement des projets.

Le guide du PAZ proposera une représentation « réglementaire » Un guide, publié par le ministère de l’Équipement, proposera une norme graphique à appliquer, en référence au POS, parallèlement aux réflexions des architectes et urbanistes sur la méthode. Extrait du document Guide du PAZ Ministère de l’Équipement, 1981

Extrait du document ZAC sans expropriation Ministère de l’Équipement, 1981

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Les années 70 verront apparaître de nouvelles méthodes de travail et préciseront le rôle du dessin dans l’élaboration du projet Le travail sur la création de nouveaux quartiers va permettre la mise au point de nouvelles façons d’élaborer les projets. Quelques leçons en seront tirées, notamment par M. Steinbach, urbaniste au sein d’une équipe pluridisciplinaire, qui dans la revue Urbanisme de 1981 fera état de « La traduction graphique de la démarche suivant la progression des études». Le projet sur le quartier de Sainte Catherine à Saint-Omer en sera le support.

Des dessins élaborés à différentes échelles : la ville, le quartier, l’îlot et l’espace public

Quatre étapes d’élaboration et de suivi du projet amènent des modes de représentation graphique différents : 1 re étape : définir des objectifs d’insertion dans l’environnement et de contenu programmatique; 2 e étape : définir des principes d’organisation de l’espace (schémas et images-exemples); 3 e étape : établir le document juridique; 4 e étape: le suivi, variante de directives d’application. Revue Urbanisme, n° 183, avril 1981

Plans extraits de la revue Architecture française, n° 391, juin 1975

La légende du plan vient expliciter les intentions sur l’espace urbain

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Les villes nouvelles, des laboratoires La politique des villes nouvelles instaurée dans la deuxième moitié des années 60 a créé, à travers les moyens financiers et techniques mobilisés une situation d’une grande richesse et permettre l’émergence de nouvelles méthodes de travail et de réflexion sur le projet. Les équipes pluridisciplinaires ont « entre leurs mains » la maîtrise directe, de l’élaboration et de la coordination des projets, aux différentes échelles, de la ville au banc public. Le dessin joue un rôle essentiel dans la conception mais aussi dans la coordination des multiples intervenants. La communication dans les revues professionnelles quelques années plus tard inspirera sans doute de nombreux acteurs de l’aménagement, malgré un statut et des conditions opérationnelles exceptionnelles.

« Évry les Épinettes : dessiner la ville et ses détails » Des notions comme la rue, la place, le jardin public, le boulevard, abandonnées depuis plusieurs dizaines d’années vont retrouver la faveur des opérateurs et des urbanistes. Le dessin va permettre de traduire ce renouveau urbain, précisant les espaces publics et leur qualité, les fronts bâtis, les cheminements piétons… Le dessin de conception urbaine détaillé sera ensuite traduit en règles portant principalement sur la hauteur, le prospect, la continuité à respecter, tout en laissant des marges de liberté aux architectes concepteurs des constructions. Extraits de la revue Urbanisme, n° 183, avril 1981, « On l’appelle maîtrise d’œuvre urbaine », J.M. Duthilleul

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« Marne - la - Vallée : une transmission de pensée sur la ville bien explicitée » C’est sur la base de plusieurs dossiers (Mise en situation urbaine, Commercialisation, Consultation…) comprenant plans de composition, simulations, dessins d’espaces publics, perspectives, détails, c’est-à-dire sur des dessins, que s’établit le dialogue entre le maître d’œuvre urbain de l’établissement public d’aménagement de la ville nouvelle et les équipes constructeurs/architectes. Le relais est ainsi assuré, depuis la conception urbaine jusqu’à la réalisation technique et architecturale. Extraits de la revue Urbanisme, n° 183, avril 1981, «On l’appelle maîtrise d’œuvre urbaine», J.M. Duthilleul

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Les politiques publiques des années 80 - 90 marquées par l’exigence territoriale Deux processus vont progressivement placer le territoire au centre des décisions politiques locales et des positionnements institutionnels: la décentralisation et les politiques sectorielles. La décentralisation conduira chez les élus à un renforcement de l’idée que l’aménagement du territoire communal et le cadre de vie quotidien sont les principaux enjeux de leur politique locale. Il leur faudra de plus en plus dire le projet, le montrer, l’expliquer, si ce n’est le construire collectivement. Le deuxième processus, corolaire de la décentralisation de l’urbanisme, sera la mise en place par l’État de nombreuses politiques sectorielles, marquées par une « exigence territoriale » dans leur application locale. Plusieurs thématiques seront concernées, parmi lesquelles l’habitat, le paysage, la protection de l’environnement, les déplacements.

1983 : le POS devient l’outil des maires sur « leur » territoire D’élu local le maire devient responsable territorial Les années qui suivent la décentralisation en matière d’urbanisme vont constituer un tournant important dans la représentation que les maires ont de leur territoire, de leur pouvoir en matière foncière, mais aussi de leurs responsabilités : • c’est désormais le maire «qui signe», il devient pour le citoyen « le» responsable de tous les problèmes; • la commune n’est plus seulement la communauté humaine mais devient le territoire - contour dont le maire a la responsabilité. Certains évoqueront l’émergence de « nouvelles féodalités », d’autre parleront de « charges accablantes ». Les années qui suivront, du fait du renforcement de ces responsabilités (devant les risques naturels, de pollution, etc. ou devant le droit) ne feront qu’accroître ces sentiments.

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Aucune modification ne sera apportée aux documents nécessaires à l’énoncé de la nouvelle responsabilité.

Avec la décentralisation, l’outil reste le même mais devient l’affichage (visuel) de la politique locale Le POS devient un outil de pouvoir direct du maire, obligé de justifier les choix de développement et d’aménagement auprès d’habitants de plus en plus attentifs aux modifications de leur environnement immédiat. L’outil restera le même mais la prise en compte de l’existant, des attentes des habitants, la nécessité d’expliquer et de dessiner les intentions et les qualités du projet, deviendront progressivement une nouvelle exigence de la population. Le POS, avec ses plans réglementaires et son cortège de règles d’occupation, ne suffira plus à énoncer la politique locale.

La culture du zonage, avec ses règles et ses normes de représentation, va largement se diffuser dans la population. Habiter dans une zone ou une autre, constructible ou pas, en fonction du trait décidé par le maire, doit être justifié…

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À partir de 1983, les politiques d’habitat se territorialisent Les Programmes Locaux de l’Habitat (PLH-loi du 7 janvier 1983), outils de programmation articulant aménagement du territoire et politique de logement, essaieront de dépasser le caractère quantitatif des besoins et l’échelle mono communale des réflexions sur l’habitat. L’agglomération, nouvelle échelle prise en considération Les PLH, modifiés par la loi d’Orientation sur la ville (1991), sont rendus obligatoires dans les agglomérations de plus de 200 000 habitants. Ils doivent définir les objectifs en matière de diversité de l’offre et doivent proposer les objectifs de localisation des futurs programmes de logements sociaux: mieux répartir les logements sur les communes, éviter les concentrations trop importantes. Le réflexe d’un traitement «géographique» des questions d’habitat sur le territoire d’agglomération sera pris, confirmé quelques années plus tard par les obligations issues de la loi sur la Ville. Des cartes de localisation des logements sociaux seront élaborées et nourriront le contenu des politiques mises en œuvre.

Dans le droit fil d’une géographie des mouvements socio - résidentiels Ville d’Aubervilliers, 1991

À l’échelle des habitants et de leurs itinéraires résidentiels: des «schémas de fonctionnement de l’habitat» pour mieux comprendre les mouvements dans le patrimoine En complément de l’analyse des mouvements résidentiels observables entre communes à travers les données de l’Insee, d’autres méthodes d’analyse des mouvements dans le parc de logements se développent. Le schéma ci-contre, des déménagements/aménagements des habitants qui passent du parc privé au logement social ou inversement au cours d’une année, permet de mieux comprendre les besoins au regard de l’offre. Malheureusement, si le schéma montre bien les «entrées-sorties » de chaque catégorie de logement, l’analyse est souvent lourde et difficile.

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Rapport ouvriers / employés par commune (%) en 1982

Migrations résidentielles, départs entre 1975 et 1982

Nombre de logements sociaux financés entre 1982 et 1985

Les DDE, à partir de 1984, doivent définir (dessiner) des « Bassins d’habitat » pour mieux répartir les aides au logement sur leur territoire de compétence Le travail de définition des Bassins d’habitat (décret 84 -702 et circulaire 84.62) va amorcer dans de nombreux départements une réflexion sur les rapports de l’habitat au territoire. L’obligation de dessiner les Bassins d’habitat, avec des limites territoriales à définir, permettra de mieux penser la programmation géographique de la construction des logements sociaux à travers: • l’existence d’une connaissance sociogéographique du territoire à prendre désormais en compte; • l’identification des processus de ségrégation sociale par le logement, non plus seulement à l’échelle des villes mais à l’échelle des agglomérations; • la prise de conscience par les services de l’État de leur rôle sinon de leur responsabilité dans les processus de ségrégation voire d’exclusion. Ces approches posent dans de nombreux départements les bases d’une représentation cartographique des données sociales, économiques et d’habitat. Bassins d’habitat « minimum »

D. Boudouin, M. Chiappero, Étude de définition des Bassins d’habitat, DDE des Bouches-du -Rhône, 1986

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La politique de la ville, le projet urbain et le dessin

Urbanistes et habitants autour d’une maquette évolutive…

La politique de la ville va développer le savoir - refaire urbain et l’adaptation de l’outillage graphique des professionnels aux situations de dialogue La réhabilitation des quartiers d’habitat social dès la fin des années 70 puis la mise en place du développement social urbain et de la politique de la ville (opération Banlieue 89, loi d’Orientation pour la ville, 1991) vont représenter un champ d’intervention et de questionnements nouveaux pour les institutions et les professionnels de l’urbanisme. Les concepts socio - urbains d’intégration, de désenclavement, de liens, de participation des habitants, vont rapidement se concrétiser dans des concepts spatiaux, la rue, l’espace public, la morphologie urbaine, le cheminement, et dans des supports, plans schémas, dessins, maquettes, permettant de débattre avec les habitants.

Les Noirettes, Vaulx - en - Velin MediActif, P.N. Bernard, 1988

Les 3 cités, Castellane, Bricarde, Plan d’Aou, Marseille A. Jaubert, 1990 Documents extarits de Plans et dessins Ministère de l’Équipement

On peut noter pour illustrer le propos que la notion d’espace public n’a remplacé que très progressivement (début des années 90) la notion d’espace libre ou d’espace vert, et que, contrairement à ces derniers, l’espace public mais aussi les places, les squares, les rues, les chemins, demandés par les habitants se conçoivent, se dessinent, se discutent… De nombreuses expériences vont être incitées, avec les urbanistes, les architectes, les sociologues les plus connus, mais le passage de 22 quartiers repérés comme étant en difficulté au début des années 80 à plus de 1 300 à la fin des années 90 (C. Chaline parle de géographie des précarités urbaines), va décupler le savoir-faire, interpeller de nombreux professionnels sur les outils, les démarches de projet, l’adaptation de leurs compétences.

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Une politique éditoriale du ministère de l’Équipement sur l’espace et le projet urbains à partir de 1987 va explicitement valoriser le dessin La direction de l’Architecture et de l’Urbanisme du ministère de l’Équipement va engager, à la fin des années 80, une période éditoriale directement orientée sur la représentation de l’espace urbain. Tout d’abord sur les centres historiques, en termes d’outils de lecture et de méthodes d’analyse, faisant une place essentielle au travail graphique, les ouvrages vont passer à la composition des espaces publics, la composition urbaine jusqu’à la conception de la ville. 1987 / 1989 Centres historiques T. 1 Outils de lecture, T. 2 Méthode d’analyse ; 1991 Lire et composer l’espace public ; 1992 / 1993 Composition urbaine T. 1 Repères, T. 2 Projets ; 1993 Comprendre, penser, construire la ville

Les «Ateliers projets», lieux d’échanges d’expériences et de réflexion, mis en œuvre par J. Frébault et coordonnés par A. Masboungi, vont alimenter la parution de trois revues très illustrées et largement diffusées depuis 1991 (plus de trente numéros), dont la principale, « Projet urbain», continue par des monographies à révéler le travail conceptuel et technique des équipes d’urbanistes. L’ouvrage «Plans et dessins» (1994, ci-dessous) traitant de l’expression graphique des projets urbains constituera un véritable plaidoyer pour le dessin.

A. Masboungi et Bert Mc Clure, 1994

Les quatre dessins de P. Chemetov, A. Grumbach, B. Kohn

Ministère de l’Équipement,

et A. Marguerit, sous le titre La Pensée urbaine, illustrent

Revue Urbanisme

l’importance donnée au langage graphique, 1993

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1993 : la loi Paysage renforce la nécessité de dessiner La loi « Paysage », du 8 janvier 1993, crée les « directives paysagères» et étend la vocation des ZPPAU (P), (zones de protection de patrimoine architectural et urbain) créées en 1983, en y ajoutant le terme « paysager». Le dessin du territoire, de ses composantes paysagères, de ses perceptions, permet d’identifier puis de discuter les enjeux du paysage et de décider des actions ou règles de protection à mettre en œuvre ou à édicter.

Plan vert, schéma directeur du paysage, charte des paysages… De nombreuses démarches vont naître, dans les agglomérations, les parcs naturels, les établissements intercommunaux et les communes, permettant de sensibiliser les acteurs locaux et de définir des principes d’intervention. Des concepts seront dessinés et proposés : ceinture verte, trame verte, couronne, vallées et liaisons vertes, autant de termes qui imagent, on pourrait dire conceptualisent, les futures décisions. Extrait du Plan vert régional de la Région Île - de - France, 1994, Cahiers Iaurif, n° 108, 1994

Des principes d’aménagement sont proposés dans des secteurs vulnérables de la ceinture verte

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Le dessin de la trame foncière comme fondement du paysage Les méthodes d’analyse du paysage développées par R. Hanning vont trouver un écho chez de nombreux professionnels. « Le dessin du paysage s’appuie sur le décryptage de la trame foncière. Il permet de mieux comprendre l’histoire et les conditions de sa formation. Il sert de base aux propositions d’aménagement» *. * in Le paysage : un nouveau venu dans les schémas directeurs, P.M. Tricaud, Iaurif, Cahier n° 108, 1994, en référence à « La trame foncière comme structure organisatrice de la mise en forme du paysage», G. Hanning, Iaurif, 1975

Cartographie des éléments paysagers dans les POS Les éléments paysagers doivent être répertoriés et cartographiés, et leur protection ou leur mise en valeur prises en compte dans l’élaboration et le rapport de présentation du POS. La loi va dans un premier temps obliger à la prise en compte du paysage. Elle confortera ou amènera très rapidement un dépassement des aspects strictement esthétiques, au profit d’une déclinaison en termes : • d’enjeux économiques, d’attraction des entreprises ou de valorisation touristique; • d’enjeux électoraux, d’amélioration du cadre de vie quotidien des habitants; • d’enjeux techniques tels que le conditionnement des automobilistes au regard de la vitesse. Extraits de POS et paysage, Aspects juridiques, ministère de l’Équipement/DAU, 1995

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L’article L111.1.4 du Code de l’urbanisme sur les « Entrées de ville » (1995) exige l’énoncé d’un dessein Le droit de faire… conditionné à la preuve d’élaboration d’un projet L’article L. 111-1-4 du Code de l’urbanisme pose l’interdiction de construire dans les parties non urbanisées des communes, dans une bande de 100 m de part et d’autre de l’axe des autoroutes, voies express et déviations, et 75 m des voies classées à grande circulation. Cette interdiction ne s’applique pas dès lors que des règles sont justifiées et motivées au regard notamment «des nuisances, de la sécurité, de la qualité architecturale, ainsi que de la qualité de l’urbanisme et des paysages». La preuve par un dessin du projet urbain, à discuter avec les partenaires, et préalable à l’élaboration des règles La circulaire de 1996 précisera que ces règles supposent l’inscription dans «une démarche de projet urbain», et portent le souci «de continuité avec les quartiers existants, de composition paysagère et des tracés urbains, de traitement des espaces publics ». L’élaboration conjointe avec les gestionnaires de la route, le plus souvent nationale ou départemantale, positionne le dessin du projet comme outil central de la discussion. L’intégration aux documents d’urbanisme des règles qui en découlent faisant l’objet d’une enquête publique, renforce l’obligation de pertinence et d’explicitation des choix. Art. L. 111-1-4 du Code de l’urbanisme, Circulaire 96-32 du 13 mai 1996

Dans la commune du Tholonet, des secteurs « sous contrainte de qualité » entre l’A8 et la RN7 Plusieurs projets ont été élaborés, dessinés et discutés pour la desserte et l’aménagement d’une zone d’activités de 4 ha entre A8 et RN7. Des objectifs ont été définis par la collectivité: être le plus discret possible malgré une situation «très en vue», s’appuyer sur quelques éléments forts du paysage tels qu’une vue sur la montagne Sainte-Victoire ou un alignement de platanes existant. Des principes ont été dessinés: contreallée parallèle à la RN7 permettant d’avoir les façades principales des bâtiments côté route nationale, chemin piéton de liaison au village, cône de vue sur la montagne Sainte-Victoire imposant un prospect pour les futures constructions. Ils sont renforcés par quelques règles d’architecture telles que toitures des bâtiments à quatre pentes ou couleur foncée imposée. Le Tholonet M. Chiappero, 1999

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À Brignoles, sans l’article L. 111-1-4, l’entrée est de la ville aurait sans doute continué à voir l’urbanisation se développer au gré des opportunités foncières, la circulation de la RN7 proposant une façade appréciée des entreprises et enseignes commerciales. Brignoles M. Chiappero/M. Petit, 2000

Le repérage et le dessin des séquences homogènes d’ambiance et de perception (issues des constructions, des resserrements, de la végétation, des ouvertures visuelles latérales) permettent tout d’abord d’identifier ce qui peut être mis en valeur dans le futur projet, l’endroit le plus opportun pour un passage piéton ou encore la localisation d’un carrefour visible et sécurisant.

La démarche « Entrée de ville » à Brignoles va plus loin, entraîne la mise en scène d’une zone d’activités et un dessin de recomposition urbaine La mise en scène… d’un futur pôle économique L’obligation de réaliser un « projet urbain » dans une bande de 75 m (L. 111-1-4) a rapidement amené la ville à s’interroger sur le devenir de la zone d’urbanisation future située aux abords. Le traitement paysager de la RN7 et l’organisation de la zone et de ses accès ont été progressivement pensés au regard d’un projet plus général d’accès aux grands équipements sportifs et aux quartiers d’habitat voisins. Un programme général de développement de la zone d’activités et un projet de composition urbaine et paysagère ont été élaborés. On peut dire que l’obligation initiale de « dessiner l’entrée de ville » a finalement amorcé le dessin d’un grand projet pour la ville. Un des schémas d’aménagement parmi les scénarios de vocation et de composition urbaine

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La concertation et l’information amènent l’information dans les supports graphiques La concertation et l’information autour des questions d’aménagement, qu’elles soient demandées par la population ou imposées par les procédures, ont fortement développé l’utilisation des supports graphiques parmi l’ensemble des autres médias. L’exposition sous forme de panneaux est sans doute la plus couramment utilisée, d’autres supports visuels et graphiques ont permis des adaptations plus ciblées… Maquettes, puzzles, bandes dessinées… Ils témoignent d’intentions sensiblement différentes de celles de la simple discussion autour d’un projet, et peuvent relever de la construction d’une mémoire collective, d’un renforcement du sentiment d’appartenance, ou plus simplement de l’apprentissage au territoire. « Lyon quartiers BD » : une bande dessinée sur des espaces publics en projet Comment faire découvrir des espaces publics faisant l’objet d’un « Schéma directeur» et amenés à être transformés? Entre fiction et mémoire des lieux, dix dessinateurs de BD ont été sollicités, chacun ayant à travailler sur l’histoire, la transformation, la mémoire du quotidien, la tension, le charme de l’un d’entre eux. Quartier Vivier Merle / 3 e Emmanuel Brun, Glénat, 2000

Quartier Grande-Côte Lyon 1 er Olivier Berlion, Glénat, 2000

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Un puzzle pour apprendre l’intercommunalité Le District de Rennes, très tôt engagé dans les démarches intercommunales, a réalisé un puzzle des communes incluses dans le périmètre, complétant les nombreux documents de communication d’aménagement. Apprécié des plus jeunes bien sûr, il a permis à chacun d’apprendre les nouveaux territoires de solidarité ou tout simplement de découvrir la géographie des lieux. Puzzle réalisé à partir de photos aériennes IGN, 1994, Médiagraph

Rennes et ses visions virtuelles La réalisation de maquettes virtuelles sur la base de fichiers numériques permet aujourd’hui de produire des représentations 3D de territoires à échelles variables, et de façon instantanée ou en vidéo. Ceci n’est pas une photo aérienne (!) mais une représentation virtuelle extraite d’un CD - Rom réalisé en 1999 pour l’exposition Citévisions organisée par la Ville de Rennes. Source: Ville de Rennes, IVT www.ivt.fr, 2000

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Dessin sur photo et traitement informatique pour une image de nuit, redessin… Des aller - retour entre le dessin sur photo et le traitement informatique des couleurs proposent de nouvelles perceptions pour l’aménagement des abords d’un viaduc. François Seigneur/Acanthe, 1996

Rocade L2 à Marseille DDE 13

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Dessin perspectif sur un mode naïf pour l’aménagement d’un centre - ville Le dessin perspectif, volontairement simplifié, d’un projet à partir d’une «vue d’avion» garantit la bonne compréhension des transformations à venir. Le déplacement du mur de pelote basque était un véritable enjeu pour les habitants du village…

Hogobourou, Urbanisme et acoustique Extrait des planches du concours lauréat Mauléon, 2000

La maquette de site pour comprendre et aménager sa commune La maquette de site, descendante des «plans-reliefs» du XVII e siècle, remise au goût du jour au milieu des années 80, fera des émules dans de nombreuses communes. Outil remarquable de compréhension du territoire, elle devient outil de discussion privilégié, notamment avec ceux pour qui les plans trop techniques représentent une réelle difficulté de lecture. Facile et peu onéreuse à réaliser (un plan collé sur une plaque de polystyrène, un fil chaud, de la colle), de nombreuses communes l’adoptent pour illustrer leur POS, et faciliter la concertation avec les administrations et les habitants, ou quelquefois avec les écoliers… M. Chiappero, Environnement, cadre de vie et POS Document méthodologique Ministère de l’Environnement, 1985

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De l’aménagement au développement : l’intercommunalité change les territoires et appelle de nouvelles représentations La loi du 6 février 1992 instaurant les communautés de communes et d’agglomération marque une étape vers d’autres territoires de projets et de décisions Une prise de conscience va progressivement s’opérer, de l’étroitesse du périmètre communal que la décentralisation, notamment avec les POS, avait sacralisé. La nécessité de poser des échelles territoriales différentes apparaît désormais «en phase» avec l’évolution des pratiques quotidiennes des habitants et des entreprises. Utilisant les avantages fiscaux plus que la contrainte, l’État va susciter un renforcement des regroupements intercommunaux. Les groupements limiteront dans un premier temps leurs objectifs à la gestion commune d’équipements ou de services permettant de réaliser des économies d’échelle. La loi du 12 juillet 1999 de renforcement et de simplification de la coopération intercommunale, entraînant une très forte adhésion des communes et des groupements existants, sera décisive et engagera cette fois les groupements dans une démarche de développement et de projet.

Le « Renouveau de la planification urbaine et territoriale », l’État renoue avec les démarches de projet Une démarche de renouveau de la planification est engagée parallèlement en 1993 au sein du ministère de l’Équipement à chaque échelon du territoire, national, régional, départemental. D’autres démarches initiées par les services de l’État suivront quelques années plus tard, comme les Dossiers de Voirie d’agglomération, les Schémas de services et les Diagnostics d’agglomération (1998). Le « rôle - pivot » du projet d’agglomération et du Schéma directeur est alors posé, ainsi que la nécessité d’une réflexion permanente sur la stratégie d’agglomération. in Le renouveau de la planification urbaine et territoriale Ministère de l’Équipement, 1993

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La cartographie des décisions politiques révélera des incohérences La multiplication des communautés de communes et la superposition des nombreux périmètres ont généralement amené les responsables locaux à s’engager dans des démarches d’articulation des projets et de mise en cohérence des interventions. On constate généralement deux étapes préalables au projet pour les quelles la représentation des territoires est essentielle: • une première étape fera prendre conscience de l’accumulation de périmètres, et mesurera le niveau de confusion voire d’incohérence entre les nouvelles limites et les légitimités administratives et politiques classiques: commune/canton/département/région; • une deuxième étape amenant à reconstruire, à l’appui de nombreuses analyses (configuration, fonctionnement, potentialités, représentations identitaires…) des choix de cohérences techniques et de périmètres de décision.

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Pour l’agglomération marseillaise : plaidoyer dessiné pour une instance de coordination… ou comment faire travailler ensemble plusieurs structures communautaires sur certains thèmes comme l’économie et les transports ?

Agence d’urbanisme du Pays d’Aix, 1996

À Rennes, complexité d’articulation des démarches de développement… ou comment articuler les démarches de projet de pays et d’agglomération au regard de la superposition des périmètres d’intercommunalité.

Agence d’urbanisme et de développement AUDIAR Rennes, 2000

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Saint - Omer, un schéma d’emboîtement des territoires pour décrire la pertinence des politiques d’aménagement L’emboîtement des territoires constitue le «fil rouge» des politiques d’aménagement du territoire de la région de Saint-Omer depuis de nombreuses années. Cinq niveaux témoignent des stratégies d’aménagement sur le schéma ci - contre, non compris le premier niveau de la commune et des quartiers. Le schéma de déroulement des procédures témoigne de la continuité de l’action publique « Depuis 1972, on ne trouve pas véritablement de rupture, de changement radical des options de départ… les politiques urbaines opèrent par ajustements successifs… il existe de fait une interaction constante entre objectifs, études et stratégies». Les questions de gouvernance des territoires semblent abordées avec plus de sérénité qu’ailleurs… Extrait des Contributions aux Rencontres nationales de la FNAU, 2000

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La loi SRU entraîne l’obligation de dessiner le projet La Loi Solidarité et Renouvellement Urbains du 13 décembre 2000 apporte des modifications significatives aux textes issus de la loi d’Orientation foncière de 1967. Les deux nouveaux documents de planification introduits par la loi, le Schéma de cohérence territoriale et le Plan local d’urbanisme, s’appuient notamment sur une obligation d’énoncé du projet d’aménagement et de développement durable, et sur un renforcement des modalités de concertation. Ces deux axes devraient fortement modifier les pratiques de l’urbanisme et conforter l’usage des représentations graphiques. Les textes législatifs et réglementaires vont dans ce sens.

Le Schéma de cohérence territorial inclut la réalisation de documents graphiques Le texte législatif, sans faire explicitement référence aux documents graphiques, les positionne dans plusieurs situations complémentaires : l’énoncé du projet, la concertation et l’enquête publique Art. L. 122-1. Les schémas de cohérence territoriale… présentent le projet d’aménagement et de développement durable Art. L. 122-10 . Le projet… est soumis à enquête publique par le président de l’établissement public. Art. L. 122-19. … L’organe délibérant de l’établissement public intercommunal délibère, en application de l’article L.300-2 sur les modalités de concertation avec la population. Le texte législatif de la loi SRU n’aborde pas directement la question des documents graphiques. Cependant la nécessité d’énoncer le projet, les obligations de concertation avec la population dès le début de l’élaboration du schéma puis la réalisation d’une enquête publique (rappelons que l’élaboration des Schémas directeurs ne le nécessitait pas) positionnent juridiquement les outils de représentation graphique de deux façons: • support de concertation au cours de l’élaboration du projet; • outil d’explication des choix, une fois le projet élaboré. Le texte réglementaire, en revanche, met dans l’obligation de présenter graphiquement le projet Art. R. 122-1. Le Schéma de cohérence territoriale, après un rapport de présentation, comprend un document d’orientation assorti de documents graphiques. Les dispositions du document d’orientation et des documents graphiques constituent des prescriptions opposables dans les conditions prévues par le dernier alinéa de l’article L.122-1. Art. R. 122-3. …Lorsque les documents graphiques délimitent des espaces ou sites à protéger…, ils doivent permettre d’identifier les terrains inscrits dans ces limites.

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L’ouvrage publié par le ministère de l’Équipement, Le Schéma de Cohérence Territoriale, premières approches sur les méthodes et le contenu, consacre 60 pages à « l’expression formelle et graphique du SCOT», sur la base de plusieurs expériences de Schémas directeurs réalisées par les Agences d’urbanisme (déc. 2001).

L’expression d’orientations stratégiques Ci - contre les orientations de l’agglomération bordelaise en matière de «Charpente paysagère» dans son schéma directeur valant SCOT et servant de base à l’élaboration des PLU.

Schéma extrait du guide Le SCOT, premières approches sur les méthodes et le contenu Ministère de l’Équipement Fédération nationale des Agences d’urbanisme, 2002

Ainsi le dessin trouve sa place dans le SCOT au niveau de trois documents de portée ou de signification différentes: le Rapport de présentation, le PADD et le Document d’Orientation. Son expression sera diverse selon qu’il s'agira d'expliquer un élément ou une conclusion d'analyse, le projet ou ses principes juridiquement opposables. Des questions restent en débat Quelle est la nature juridique des dessins réalisés? La valeur d’un trait sera-t-elle dépendante de sa dimension, et sa localisation conditionnera-t-elle directement l’usage du sol? Quel peut-être le rôle de la légende: perspectives, flèches, schémas, cotations… dans l’interprétation de la valeur d'un trait? N’y a - t - il pas risque de normalisation du dessin et de restriction dans l’expression des projets des villes et des agglomérations ?…

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Le Plan local d’urbanisme nécessite ou oblige à la représentation du projet Si les POS commençaient à intégrer les notions de prospective, présentées dans leur Rapport de présentation, les PLU donnent au projet d’aménagement et de développement de la commune une place primordiale en imposant son affichage, par le biais notamment du PADD (Projet d’Aménagement et de Développement Durable). Une exigence de transparence La Loi SRU introduit la concertation avec la population tout au long des procédures d’élaboration ou de révision des différents documents d’urbanisme, ainsi que pour la réalisation de toute opération d’aménagement (art. L. 300-2 du CU). Cela entraîne une communication autour du ou des projets de la commune, qui ne saurait se passer du dessin. Le texte législatif induit la réalisation de documents graphiques Art. L. 123-1. …Ils (les PLU) présentent le Projet d’aménagement et de développement durable… Ils peuvent,… 5° Délimiter les zones dans lesquelles la reconstruction… 6° Préciser le tracé des voies… 7° Identifier et localiser les éléments de paysage,…, îlots, espaces publics,… à protéger… Art. L. 123-2. Ils peuvent délimiter des servitudes… Art. L. 123-3. Dans les ZAC, le plan local d’urbanisme précise en outre: la localisation et les caractéristiques des espaces publics à conserver, à modifier ou à créer, la localisation des principaux ouvrages. Le texte réglementaire dit l’obligation de présenter graphiquement le projet. Art. R. 123-1. Le Plan local d’urbanisme, après un rapport de présentation, comprend le Projet d’aménagement et de développement durable de la commune et le règlement, ainsi que leurs documents graphiques. Les orientations et prescriptions du Projet d’aménagement et de développement durable, les prescriptions du règlement ainsi que leurs documents graphiques sont opposables dans les conditions prévues par le dernier alinéa de l’article L. 123-5. Art. R. 123-11. Les zones (U, AU, N) sont délimitées sur un ou plusieurs documents graphiques. Art. R. 123-12. Les documents graphiques font également apparaître, s’il y a lieu… dans les zones U et AU, les secteurs pour lesquels un plan masse coté à trois dimensions définit les règles spéciales.

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La nécessité de documents graphiques différents des plans réglementaires L’article R. 123-3, définissant le contenu du «projet» n’oblige pas de façon explicite à la réalisation de documents graphiques mais rend cependant incontournable le dessin des orientations d’urbanisme et d’aménagement et des objectifs spatiaux du projet. Le dessin répond ainsi à plusieurs vocations dans le cadre de l’élaboration du PLU. Il se doit d’être successivement l’expression d’un diagnostic, d’une intention (principes, orientations), de prescriptions. L’expression d’un objectif général Ci-contre un exemple donné dans le guide du PADD, concernant la volonté de réaliser le contournement routier d’un village. Le dessin même schématique devient opposable aux tiers.

Dessins de cette page extraits du guide Le Projet d’Aménagement et de Développement Durable du PLU, DGUHC/CERTU, 2002

Des objectifs d’aménagement pour un quartier : du projet vers le dessin exprimant la règle ou les principes d’un aménagement

Le diagnostic

Un projet détaillé envisagé

Le choix des éléments imposés

La tentation est grande, une fois un projet adopté par les élus (exemple ci-dessus de zone d’activités) de vouloir reporter, dans le PLU, le plan de l’aménagement dessiné par un urbaniste, dans ses moindres détails. Or, les nécessaires adaptations du projet, des principes aux esquisses, puis aux plans d’exécution, entraîneraient alors nombre de modifications ou de révisions fort coûteuses. Il est donc recommandé de se limiter à des représentations graphiques qui évitent les cotes et qui prennent en elles-mêmes des précautions concernant leur interprétation. Un important travail de simplification et de retour aux principes fondamentaux du ou des projets est à effectuer. Toute la difficulté est donc d’aller du projet vers le dessin exprimant la règle (compréhensible pour le citoyen). Beaucoup d’éléments restent donc à adapter ou à inventer…

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Conclusion de la première partie : le dessin d’urbanisme dans la dynamique de projet Les politiques publiques ont joué un rôle déterminant dans le développement du dessin d’urbanisme dans les deux dernières décennies. Toutes les échelles de territoire sont aujourd’hui concernées, de l’espace public à l’espace national. La compréhension des relations entre les grandes politiques d’aménagement et les espaces du quotidien est devenue une véritable exigence sociale qui appelle explicitation et formalisation. Le rôle du dessin dans la contractualisation a été peu développé. La nécessité d’échanger sur des projets de plus en plus complexes nécessitant un langage commun, de constituer des « partenariats d’aménagement» de plus en plus variés, oblige à développer des supports de discussion compris de tous. Le dessin occupe là une place privilégiée. Le deuxième fait concerne la dynamique de formulation des projets, impulsée par la récente loi Solidarité et Renouvellement urbains. Mais c’est aussi, comme nous l’explique l’anthropologue Jean - Pierre Boutinet, un phénomène de société dans lequel l’existence de chacun comme celle des groupes sociaux est conditionnée par de multiples situations de projet : affectif, professionnel, de loisirs, de renouvellement de la voiture, de logement, de cadre de vie, etc. Comment imaginer que les collectivités locales ne soient pas imprégnées de ces mêmes valeurs, de ces mêmes tendances, et que les citoyens qui les composent ne soient pas pour leur part dans une exigence de projet local de mieux en mieux compris, de plus en plus partagé ? Les besoins en matière de dessin d’urbanisme se trouvent par conséquent décuplés.

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La production quotidienne de dessins d’urbanisme s’appuie de façon directe, mais plus ou moins consciente, sur des connaissances et savoir - faire que les disciplines scientifiques, techniques ou artistiques ont progressivement constitués. Nous avons choisi de rappeler plusieurs d’entre elles qui nous paraissent fondatrices du dessin d’urbanisme actuel, et susceptibles de nourrir l’évolution et le sens des pratiques professionnelles à venir.



L’apport scientifique, technique ou artistique dans le langage graphique de l’urbanisme

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Les cartes et modèles de la géographie et la sémiologie graphique

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Dessin de l’espace vécu et représentations de l’espace : l’apport des sciences sociales

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L’archéologie et l’histoire re - tracent les projets de nos ancêtres aménageurs

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Les architectes, les urbanistes, les paysagistes ou les ingénieurs

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Conclusion

ont apporté leur sensibilité ou leur savoir - faire

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Le land art sacralise les grands paysages et invite à dessiner les grands territoires

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Questions communes aux chercheurs et aux praticiens

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L’A P P O R T S C I E N T I F I Q U E , T E C H N I Q U E O U A R T I S T I Q U E DA N S L E L A N GAG E G R A P H I Q U E D E L’ U R BA N I S M E

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Les cartes et modèles de la géographie et la sémiologie graphique Le Comité Français de Cartographie définit la carte comme « une représentation géométrique conventionnelle, généralement plane, en position relative, de phénomènes concrets ou abstraits, localisables dans l’espace; c’est aussi un document portant cette représentation ou une partie de cette représentation sous forme d’une figure manuscrite, imprimée ou réalisée par tout autre moyen». Savoir représenter l’information L’objet de la sémiologie graphique est de structurer les règles de construction de l’image graphique. L’ouvrage de J. Bertin, La sémiologie graphique, publié en 1967 (réimpression 1999) a permis de poser les bases d’un renouveau du langage cartographique. L’organisation logique des images, selon Serge Bonin, amène à les considérer en termes d’utilité et non d’illustration: la question du pourquoi dessiner ? prime sur la question comment dessiner ? (colloque Trente ans de sémiologie graphique, Ass. des cartographes géographes, 1997, www.cybergeo.fr).

Extrait de La représentation des données géographiques, Statistique et cartographie, Béguin M., Pumain D., 2000, Éd. Armand Colin

Le tableau ci - contre, élaboré par M. Béguin et D. Pumain, propose de façon résumée les possibilités de choix de représentation d’une information cartographique, à partir d’une première classification ponctuelle / linéaire / zonale et selon sa nature qualitative ou quantitative.

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Le schéma d’urbanisme dans le système de création cartographique La plupart des cartes, selon Roger Brunet, ont des fonctions très utilitaires et proviennent de filières très différentes. Il identifie six actions dominantes (tableau ci-dessous) associées à des acteurs, concepteurs ou utilisateurs privilégiés. Des filiations de création cartographiques sont ainsi établies, dans une déclinaison Actions-Acteurs-Progrès techniques (établissant des transversalités)-Produits-Formes. Le schéma d’urbanisme est identifié alors comme un produit nouveau dans la filiation des représentations, sans doute à repositionner aujourd’hui au regard des évolutions informatiques, culturelles et conceptuelles. Le monde des cartes : fonctions, productions et filiations de la création cartographique Brunet R., La carte mode d’emploi, Éd. Fayard Reclus, 1994

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Les « chorèmes » : 28 figures pour comprendre la distribution spatiale du territoire Les «chorèmes», conçus par Roger Brunet en 1986, permettent de rechercher les modèles d’organisation de l’espace, sous-jacents au désordre apparent. «Ces chorèmes expriment la façon dont les sociétés ont aménagé ou créé leur espace, en fonction de leurs moyens et de leurs besoins. Ils sont la représentation d’une réalité, parfois totalement abstraite bien que correspondant à des milliers de mouvements (l’aire d’influence d’une ville), parfois très concrète (une frontière, un port); mais dans ce dernier cas ils expriment aussi une abstraction : un rôle, une fonction, l’acte de fermeture ou de communication». Des cartes devenues célèbres révèlent l’intérêt de « conceptualiser » le territoire Le succès de certaines cartes, une des plus connues (ci-dessous) étant sans doute celle de la « banane bleue» publiée en 1989 (Datar-Reclus), nous montre l’intérêt de « simplifier » la représentation des territoires nouveaux et rompre – avec ou tout au moins renouveler – les représentations collectives passées. Aujourd’hui dans les manuels de géographie des lycéens Le principe de conceptualisation des situations territoriales fait aujourd’hui partie du contenu offert aux lycéens. Les cartes de synthèse proposées tout au long des ouvrages (1 re et Terminale, Éd. Belin, Éd. Magnard) en témoignent et laissent imaginer une capacité supérieure à celle des générations antérieures, à comprendre l’organisation du monde.

Extraits de La carte mode d’emploi, 1994, Éd. Fayard /Reclus

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Sept grandes catégories de chorèmes 1. Les chorèmes de maillage, pour l’attribution des territoires. 2. Les chorèmes de quadrillage, pour la desserte des territoires. 3. Les chorèmes de gravité, qui correspondent à des attractions, des influences, à l’effet de distance. 4. Les chorèmes de contact, qu’ils soient lieux de rupture ou d’osmose. 5. Les chorèmes directionnels, qui font les espaces dissymétriques, orientés, anisotropes. 6. Les chorèmes de mouvement, qui traduisent les conquêtes et les replis. 7. Les chorèmes de hiérarchie. «…pour comprendre les formes du monde».

Tableau des chorèmes Revue Mappemonde, 1986, n° 4, Reclus

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Le changement de règles de représentation ou de point de vue modifie notre compréhension des territoires et de leurs relations L’anamorphose : une géographie des quantités et de la prise de conscience L’anamorphose est une transformation de la représentation surfacique d’un territoire. La surface ou la distance dessinée devient proportionnelle à une quantité (la population, le PIB, le nombre de communications téléphoniques, le temps de parcours…) et modifie la carte initiale. Ci-contre (en haut), La population des pays du monde, anamorphose des pays en fonction de leur population. L’Afrique faiblement peuplée disparaît par rapport à l’Inde. Les deux grandes puissances mondiales des années 80, les États-Unis et l’URSS, prennent la mesure de leur représentativité… L’anamorphose du PNB par habitant (ci - contre) révèle les contrastes.

Colette Cauvin, 1986, Revue Mappemonde, n° 86 /1

Les anamorphoses constituent un outil de prise de conscience et de mémorisation d’une situation donnée. Plus explicites que les cartes thématiques utilisant des périmètres connus, elles induisent la comparaison, la critique, le point de vue. L’université de Strasbourg (C. Cauvin) est réputée pour ses recherches dans ce domaine. La répartition des Équipes de rugby (ci - contre à gauche) et des Équipes de football (à droite) nous confirme l’identité sportive et le poids des régions françaises (1984). Extraits de La carte, moyen d’action, D. Poidevin La carte mode d’emploi, R. Brunet

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« Nous sommes tous au centre du monde », que l’on soit individu, ville, pays. La périphérie détermine nos comportements. Tel est le message que les cartes ci-dessus nous proposent en introduction d’une réflexion sur la géopolitique des rapports de forces dans le monde et sur la perception par chaque nation des questions de sécurité. L’Atlas stratégique : géopolitique des rapports de force dans le monde, G. Chaliand, J.P. Rageau, 1983, Arthème Fayard

Considérer la Manche au centre d’un territoire avec Paris et Londres pour périphérie… fait passer les villes portuaires d’une position « Finistère » à une position centrale dans les échanges économiques.

Atlas Transmanche cité dans Rencontres nationales des agglomérations Datar/Association des maires de France, 2000

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Dessin de l’espace vécu et représentations de l’espace : l’apport des sciences sociales Les recherches sur les représentations mentales de l’espace urbain permettent d’affirmer, nous dit Danièle Dubois (« Les villes mentales », in Courrier du CNRS n°81, 1994), que « celles-ci sont multiples, et construites: • d’une part à travers les pratiques diversifiées de cet espace (déplacements, représentations sociales et esthétiques, pratiques discursives); • d’autre part, à travers la diversité des représentations objectivées dans des outils tels que les cartes ou les schémas d’aménagement ». Kevin LYNCH, précurseur de l’analyse des perceptions de l’espace K. Lynch (Massachusetts Institut of Technology) est considéré par la majorité des chercheurs en psychologie environnementale comme un novateur à travers les nombreuses expérimentations qu’il a réalisées dès la fin des années 50. Son ouvrage L’image de la cité écrit en 1960 (traduit en français en 1976) fait référence, et témoigne de la diversité des approches de la perception des espaces urbains par les habitants. Le premier niveau est la perception visuelle directe et sa transcription en plan. Ci-contre, un Schéma de l’impression d’espace et de mouvement, permet de traduire par séquences homogènes les perceptions le long de la voie express nord -est de Boston: espace ouvert, fermé, vision lointaine espace tunnel, etc… Quelques années plus tard, les professionnels de l’aménagement s’inspireront directement de ses travaux, en matière d’analyse comportementale et de sécurité routière, ou d’analyse paysagère et d’embellissement des entrées de ville. Voir et planifier, K. Lynch, 1976, Éd. Dunod, 1982

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Cinq éléments pour la formation de l’image mentale d’un territoire pour chaque individu 1. Les voies. 2. Les limites. 3. Les quartiers. 4. Les nœuds. 5. Les points de repère. Les cinq éléments que propose Kevin Lynch vont se combiner pour constituer l’image mentale de la ville, en fonction de ses caractéristiques et ses qualités: singularité, simplicité de la forme, dominance, continuité, champ visuel, clarté de liaisons. «Une comparaison de la fréquence avec laquelle les habitants de cinq quartiers de Los Angeles ont dessiné les divers éléments de l’agglomération a montré des différences importantes dans leur façon de se représenter la ville, ses centralités, ses accès, ses limites ». Ci - dessus l’image produite par les habitants du quartier de Northridge. Voir et planifier, K. Lynch, 1976, Éd. Dunod, 1982

Ils contribueront à «l’imagibilité» de l’environnement urbain ou à la constitution d’une identité (endroit homogène, distinct, inoubliable…). «On a demandé aux habitants de Brooklin de faire un croquis de leur quartier. Lorsque les limites qu’ils ont choisi de dessiner sont reportées sur un plan précis, elles révèlent quelque chose de la structure sociale de la ville, comme de sa forme visuelle ». (ci - dessous)

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Faire dessiner les experts du territoire est souvent riche d’enseignements Au cours d’une réunion du « Collectif Ville émergente », groupe de réflexion d’une trentaine de personnes animé par l’Agence d’urbanisme du Pays d’Aix, des universitaires, des chercheurs, des professionnels ont accepté de dessiner « l’Aire métropolitaine marseillaise (AMM)». Une feuille blanche avec pour seul titre « Dessiner et représenter l’Amm» était proposée, cinq minutes étant accordées, en tout début de séance. La diversité des réponses fut inattendue: diversité des échelles de territoire représenté, choix de problématiques très spécifiques, absence de limites à l’agglomération. L’absence de représentations graphiques fortes de l’AMM est sans doute une des raisons de cette diversité, de cette richesse. La comparaison, avec d’autres agglomérations pour lesquelles de grandes images ont été construites reste à établir, qui permettrait d’explorer le rôle et l’influence des représentations graphiques des territoires sur les stratégies d’intervention des grands acteurs économiques et politiques. Cf. Chiappero M., 2001, Dessiner le territoire pour en parler, in Métropolisation, gouvernance et citoyenneté dans la région urbaine marseillaise, p. 105-114.

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Un schéma, un dessin sont - ils susceptibles de modifier la perception ou la représentation d’un espace, d’un territoire ? Vers un développement de la recherche sur les rapports entre représentation dessinée et représentation collective De nombreux chercheurs, appartenant aux champs disciplinaires de la psychologie et la psychologie sociale, ou encore de la géographie des représentations, ont approfondi la notion «d’espace vécu» (E.T. Hall, D. Jodelet, A. Moles, P. Gould, M. White, M. Denis, H. Gumuchian…). Plusieurs travaux de la fin des années 90 laissent penser que les sciences sociales s’intéressent à l’articulation entre représentations dessinées et représentations collectives. On peut ainsi noter un certain nombre de communications faites au cours de plusieurs colloques ou séminaires de recherche: • «Géographies et langages» (1997, Sion) notamment par Philippe Bachimon « La figuration des images mentales» et Sylvia Ostrovetsky «Rendre le monde visible» (www.cyberato.org); • « Cartographie, géographie et sciences sociales » (2000, Tours) sur le thème « Dénaturaliser les cartes, entre l’institutionnel et la recherche», sous la responsabilité de Jean-Paul Bord, Université F. Rabelais/Tours; • «Représentations spatiales et dynamiques territoriales» (2002, La Rochelle) dans le cadre de l’École-chercheur InraEngref-Cémagref-Cira. On retrouve cette question abordée dans des approches plus opérationnelles: • dans les recherches conduites par le Predit (Programme de recherche sur les transports, ministère de l’Équipement) ou le Puca (Plan urbanisme construction architecture) sur les représentations du territoire et l’amélioration de la demande de transports collectifs; • dans les approches du groupe «Ville émergente» (ministère de l’Équipement, G. Dubois-Taine, 2000) avec plusieurs recherches sur la représentation mentale des nouveaux territoires d’agglomération; • dans les travaux prospectifs de la Datar 1999 /2002 sous le thème « Représentations et territoire: analyse des représentations politiques, collectives et graphiques du territoire » sous la responsabilité de Jacques Bauchard (Paris XII) et Pierre Debarbieux (Université de Grenoble).

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L’archéologie et l’histoire re - tracent les projets de nos ancêtres aménageurs La diffusion des travaux de recherches historiques et archéologiques au cours des années 80 - 90 a révélé aux non spécialistes l’importance des traces du passé dans l’organisation actuelle des villes et des campagnes. Cette large sensibilisation a sans doute permis de confirmer l’importance du dessin et de la composition urbaine tout au long de l’histoire.

La période la plus « géométrisante » de notre territoire est sans nul doute la période romaine Elle associe au processus de migration-colonisation l’adoption d’outils et de méthodes systématiques d’aménagement urbain et de mise en valeur agricole. La centuriation, mode de tracé et de distribution fonciers fonde le dessin de la ville. La plupart de nos contrées ont ainsi été quadrillées, sur ce modèle dominant, associant voirie de desserte et découpage foncier. Qu’il s’agisse des villes d’origine grecque ou romaine, la question d’une production de schémas graphiques anticipant la ville réalisée reste posée malgré l’évidence d’un urbanisme volontaire. Bedon R., Chevalier R., Pinon P., in Architecture et urbanisme en Gaule romaine, Éd. Errance, 1998

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Lunel (Hérault) n’échappe pas, 2000 ans plus tard, au « dessin » d’urbanisme romain L’identification des couches successives d’occupation du territoire, chacune correspondant à des conditions sociales, économiques mais aussi sitologiques particulières, nous montre la permanence des découpages fonciers les plus anciens et leurs effets structurants sur l’organisation actuelle des villes et de leurs territoires ruraux.

Vestiges de la centuriation romaine dans le Lunellois, F. Favory, C. Raynaud, 1994 À la recherche des traces : redessiner les trames de l’organisation passée du territoire La recherche sommaire, par un néophyte, des traces d’implantations romaines à partir d’un plan cadastral actuel est un exercice relativement facile, malgré le travail très rigoureux que nécessite l’analyse archéologique. L’actus est un carré de 120 x 120 pieds (35 m). Le jugère est l’unité de base, soit 2 actus (70 x 35 m). La centuria vaut 20 x 20 actus (700 x 700 m). Cf. tableau de mesure détaillé in Les paysages de l’Antiquité, G. Chouquer et F. Favory, Éd. Errance, 1991

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Les architectes, les urbanistes, les paysagistes ou les ingénieurs ont apporté leur sensibilité ou leur savoir - faire... L’apport des architectes en matière de dessin urbain est considérable. Les représentations montrées tout au long de cet ouvrage en témoignent. La contribution de certains d’entre eux au mouvement de retour des années 75-80 sur les constituants de l’espace urbain, l’îlot, la rue, la place, ainsi que la diffusion de leurs travaux de recherches sur les formes construites des villes, ont motivé un nouvel intérêt pour la morphologie urbaine. Ils vont proposer les outils et méthodes de son analyse à travers plusieurs ouvrages référents (tels que Formes urbaines de l’îlot à la barre, de Ph. Panerai, J. Castex, J. Ch. Depaule notamment) ou pédagogiques (tels que Centres historiques, méthodes d’analyse, de A. Yedid, ou Lire et composer l’espace public de P.Pinon). Le dessin des étapes du développement, l’analyse morphologique, le dessin des modèles et des types formels, celui de l’analyse pittoresque vont progressivement constituer les fondements d’une nouvelle culture du regard, de la représentation de la ville et du projet.

Dessins extraits de Lire et composer l’espace public de P. Pinon

L’analyse pittoresque L’analyse pittoresque décompose les espaces urbains en figures types, constituant chacune une situation visuelle et une perception particulières. Elle dépasse le commentaire « d’ambiance» sur les espaces urbains. Elle constitue, selon P. Pinon, un ensemble de références pour le projet urbain. La réédition en 1980 des ouvrages de C. Sitte (1889) et de R. Unwin (1909), sur l’art de bâtir les villes, marquera le renouveau des modèles et des pratiques dans l’exercice de composition urbaine.

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La lecture morphologique de la ville De nouvelles méthodes d’analyse, fondées sur les rapports plein / vide, l’organisation de la trame urbaine, viaire et parcellaire, sur les notions de proximité, de contiguïté ou d’inclusion… vont être utilisées par les urbanistes marqués par les travaux de A. Rossi, C. Aymonino ou R. Krier. Elles inspireront progressivement le dessin des projets et la composition urbaine.

Exemple d’analyse morphologique du franchissement de la barrière que représentait les deux rivières (bourg dans ses remparts), puis l’extension le long des chemins et le recouvrement de la rivière amenant l’implantation de la mairie, de la poste, des commerces. Caxtex J., Panerai P., Marcillac, autopsie d’un village, in Principes d’analyse urbaine, Panerai P. et alii, 1980

L’illustration des « Ateliers de Cergy », confrontation internationale de composition urbaine… Les travaux d’étudiants, en 1983, venant de Versailles, Kyoto, Venise, Nancy, Bruxelles ou Barcelonne, sur un site exceptionnel en continuité urbaine de la ville de Cergy illustreront la richesse des approches morphologiques et des compositions urbaines. Ils nourriront les débats entre concepteurs, aménageurs et universitaires.

Warnier B., Les synergies de Cergy, revue Urbanisme, n° 199, 1983

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Désormais, un souci des professionnels de rendre compte des perceptions et des ambiances urbaines L’objet architectural a dominé la production urbaine et les objets représentés depuis les années 50, délaissant généralement la voirie et les espaces non construits appelés le plus souvent dans les années 70 « espaces libres», « espaces vides», «espaces en creux»… L’émergence récente du concept d’espace public urbain (années 80), comme objet à concevoir, a positionné de nouveaux professionnels, les paysagistes, les urbanistes, les designers urbains, de façon centrale dans la « palette » des concepteurs d’ambiance urbaine, reléguant quelquefois au second plan la production architecturale. Leur regard nouveau sur l’espace vécu, leur travail de représentation et de mise en situation des individus dans l’espace urbain donnent à chacun une meilleure compréhension des qualités de l’espace projeté. La « coupe » rend compréhensible les différentes qualités du lieu Le dessin très simple d’une coupe sur laquelle des individus se retrouvent en situation (seuls ou en groupe) permet de comprendre les ambiances projetées : assis au calme sous les arbres, à pieds ou à vélo à l’ombre sous l’allée de platanes, en situation dominante sur le grand paysage…) Sylvie Lalot, Paysagiste, 1998

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L’association de plan, de perspectives et de références paysagères connues de tous permet de donner du sens au projet La qualité des perceptions paysagères concerne aussi la réhabilitation d’une zone d’activités dégradée. Le paysage est voulu comme vecteur de développement. «Raconter un paysage nouveau à partir du vocabulaire forestier et rural… afin de rendre le quartier plus attractif par une succession de séquences paysagères en relation avec l’environnement proche».

Tours, Atelier d’urbanisme, Esvres-sur-Indre, Bilan FNAU, 1996

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Les déplacements représentés… Un Atlas des « pôles d’échanges » propose un « code » de représentation En 1999 «L’Atlas des pôles d’échanges» apporte son regard spécialisé sur le fonctionnement des gares. Il a pour objectif de rendre compte aux autres professionnels, d’une part, de l’aménagement des divers modes de déplacement et de leur organisation, d’autre part de l’interface du pôle avec son environnement urbain, du point de vue de la voirie et de l’accessibilité. Une série de représentations-types a été adoptée, avec un code graphique et des échelles communs. «Le travail de représentation s’est fait selon un certain nombre de thèmes discriminants: l’accessibilité, l’intermodalité, la localisation des flux modaux, l’affectation et la quantification des surfaces, etc.». Gare de Nantes

Extraits de L’Atlas des pôles d’échanges, PREDIT, Arep, 1999

Gare de Nancy

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La cartographie de « l’effet tramway » pour rendre compte de la structuration du territoire par les transports L’observation des évolutions du nombre de bus ou tramways et sa cartographie sur la Communauté urbaine de Strasbourg introduisent une nouvelle façon de représenter le territoire. Le passage d’une représentation en lignes à une représentation par arrêts induit une nouvelle représentation des polarités, des besoins, de l’importance des espaces publics associés.

Agence d’urbanisme de Strasbourg in Bilan d’activités des Agences d’urbanisme, 1997, FNAU

La représentation des flux de circulation pour comprendre le fonctionnement d’un territoire Le développement de la représentation des flux de circulation depuis une dizaine d’années à une échelle plus locale que le Schéma national des infrastructures améliore la compréhension du territoire.

Atlas Nord Pas de Calais 1996, CETE DRE

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Le land art sacralise les grands paysages et invite à dessiner les grands territoires Né dans les années 60, le land art va donner une nouvelle dimension au paysage. Plusieurs artistes vont marquer de nombreux aménageurs. Christo est un des plus connus en France à travers l’emballage du Pont Neuf à Paris (1985) ou du Reichstag à Berlin (1985), symbole de l’Allemagne réunifiée. L’idée de dessiner, de composer les grands espaces, de conceptualiser le paysage donné à voir fera partie des réflexes de nombreux aménageurs. En France les paysages monumentaux créés aux abords des autoroutes en seront les meilleures illustrations… La pyramide du Perthus, élevée avec les remblais de l’autoroute à la frontière de l’Espagne et de la France R Bofill

L’arc majeur 185°4, dessiné par Venet « marquera la participation du ministère de la Culture et de la Communication à l’embellissement des grandes infrastructures ».

Extraits de la Revue Urbanisme n° 217, 1987, Les boulevards de l’an 2000

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La méridienne verte ou «L’incroyable pique nique» Pour célébrer l’avènement du troisième millénaire, l’architecte et paysagiste Paul Chemetov a imaginé de matérialiser par des plantations, de « Dunkerque à Barcelone», le méridien de Paris, déterminé voilà bientôt trois siècles par les Cassini et constituant la base géométrique de la première carte de France.

Dessiné de Dunkerque à Barcelone sur les traces de Cassini Le dessin de 1720 devient concept de développement… Valorisation remarquable d’un « objet » oublié, il trouvera son apogée le 14 juillet 2000 par l’organisation du plus grand pique - nique du monde sur le tracé du méridien… Aventure symbolique et collective mais aussi outil de développement touristique que de nombreuses communes ne manqueront pas de valoriser dans les prochaines années… Rendez-vous le 14 juillet prochain… Site internet: www.2000enfrance.com

Quelques dessins indicatifs pour les plantations : les arbres appartiendront aux propriétaires des territoires concernés…

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Conclusion de la deuxième partie : questions communes aux chercheurs et aux praticiens Les concepts et les méthodes évoluent rapidement, et l’outil informatique, au - delà de l’évolution technique considérable qu’il a pu représenter pour les professionnels, est en train de susciter, à travers l’engouement pour les jeux informatiques, de nouvelles exigences de représentation dans l’ensemble du corps social. Le premier objectif de ce chapitre était de rappeler les sources du dessin, espérant susciter la curiosité et permettre à ceux qui le souhaitent d’en approfondir tel ou tel aspect grâce aux références bibliographiques proposées. La spirale de production graphique enclenchée ces dernières années et l’évolution des procédures et des méthodes de travail semblent cependant en être qu’à leurs débuts. Elles posent la question d’un rapprochement des disciplines scientifiques de l’activité professionnelle. Le constat d’intérêt réciproque croissant des milieux de la recherche et de la pratique professionnelle nous amène à formuler plusieurs interrogations: • comment les professionnels de l’urbanisme s’approprient-ils ces outils et qu’en font-ils? • comment peut-on rendre plus pertinent le choix des concepts et des outils existants proposés par la recherche dans les démarches de projet? • peut-on identifier des concepts spécifiques au dessin d’urbanisme, que la recherche pourrait à son tour explorer?

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Ce chapitre propose neuf fonctions et objectifs assurés par le dessin au cours des démarches de projet. Ces démarches peuvent être planifiantes, stratégiques, inductives, participatives, négociées ou imposées et attribuent par conséquent à chacune d’entre elles un rôle différent tout au long du passage de l’idée de faire à la mise en œuvre du projet. L’idée de communication par le dessin est récurrente dans les neuf fonctions proposées. Elle ne peut cependant occulter d’une part leur diversité à chaque moment du processus, d’autre part la fonction intrinsèque du dessin, au même titre que les mots, d’outil synthèse et de construction d’une pensée prospective sur le territoire. Le schéma-concept en est la figure particulière. L’observation des moments de construction des représentations, dits moments graphiques, montre que le dessin passe du statut d’outil à celui de méthode.



La diversité des fonctions et objectifs des cartes, des plans, des schémas - concepts dans les démarches de projet d’aménagement et d’urbanisme

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Parler du même territoire et des grandes fonctions urbaines avec des cartes, diagnostiquer à différentes échelles

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Révéler les pratiques quotidiennes, les dynamiques, les appartenances, les identités

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Retranscrire les perceptions visuelles d’un territoire, d’un lieu, d’un itinéraire

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4

Identifier des problématiques économiques, sociales ou de positionnement institutionnel

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Expliquer le projet et ses enjeux à la population et aux multiples partenaires

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Discuter les hypothèses d’aménagement et de développement à travers des scénarios représentés

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7

Énoncer les territoires privilégiés de l’intervention publique à toutes échelles

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Intégrer les procédures et montrer la cohérence des démarches de projet

104

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Concevoir et mobiliser autour de «schémas-concepts»: métaphores des projets complexes

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Du dessin - outil au dessin - méthode

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Conclusion

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LA DIVERSITÉ DES FONCTIONS ET OBJECTIFS DES CARTES, DES PLANS, DES SCHÉMAS - CONCEPTS DA N S L E S D É M A R C H E S D E P R O J E T D ’A M É N AG E M E N T E T D ’ U R BA N I S M E

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Parler du même territoire et des grandes fonctions urbaines avec des cartes, diagnostiquer à différentes échelles La première fonction des cartes est de rendre compte et de partager une même compréhension des éléments qui constituent le territoire. De l’espace régional jusqu’aux lieux de la vie quotidienne (du global au local et inversement), l’exercice de représentation construisant la continuité du diagnostic est souvent difficile.

Trois échelles et une seule légende pour traiter de l’agglomération et des communes Dans une démarche de cohérence des discours et des objectifs articulant l’échelle communautaire, des secteurs, et l’échelle communale, le choix d’une légende commune aux deux échelles de territoire permet : • d’une part une bonne intégration des spécificités locales aux enjeux communautaires ; • d’autre part à chaque commune de comprendre le contexte de son développement. Dessin de l’agglomération du Grand Lyon Agence d’urbanisme pour le développement de l’agglomération lyonnaise, 1999 Document de bilan annuel Production 99

Une légende de base

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Une connaissance partagée du territoire, et un même langage pour les 55 communes du Grand Lyon Un principe unique de représentation a été adopté pour les 55 communes de la Communauté urbaine. À l’issue d’un travail important de concertation, de croisement des données, de coordination des objectifs entre l’Agence d’urbanisme et les communes et leurs équipes, un schéma de synthèse peut être réalisé. Les schémas élaborés à l’échelle communale représentent à la fois un état des lieux et les principes d’évolution. Ils constituent un des éléments du projet local et le préalable à la révision des Plans locaux d’urbanisme.

Un des cinq secteurs de l’agglomération lyonnaise

Une des communes de l’agglomération lyonnaise

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Quatre échelles de représentation, du centre - ville à l’espace régional, pour traiter du commerce

L’espace concurrentiel à 15, 30 et 45 minutes

L’Atlas de l’armature commerciale des agglomérations françaises réalisé par la Fédération nationale des agences d’urbanisme s’inscrit dans la démarche des « Schémas de développement commercial» de la loi dite « Raffarin», à articuler avec les Schémas de cohérence territoriale de la loi SRU. Issu d’une méthodologie commune élaborée par 25 villes, il pose trois échelles de représentation établissant le cadre de compréhension des pratiques d’achat et des stratégies de localisation des entreprises commerciales. Une quatrième échelle est celle de la rue et du commerce lui-même.

L’agglomération Agence d’Urbanisme et de Développement de la Région Nîmoise, 1997 Extrait de L’Atlas de l’armature commerciale des agglomérations françaises, FNAU, mars 2000

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La cartographie des activités commerciales s’appuie sur des indicateurs de dysfonctionnement (ruptures dans l’alignement commercial) ou de valeurs potentielles, et de typologies fonctionnelles riches d’enseignements (influence d’agglomération, mixte ou de quartier). L’approche du commerce urbain est ainsi associée à une analyse du fonctionnement urbain, de l’attraction des équipements publics, de l’accessibilité et de la qualité des espaces publics.

Du centre - ville à l’espace public

Débattre sereinement de chalandise, accessibilité, concurrence… Représenter simultanément quatre échelles commerciales du territoire permet de révéler le fonctionnement du territoire, d’examiner avec la grande diversité des acteurs du commerce les questions de chalandise, d’accessibilité, de concurrence et le rôle possible de la puissance publique.

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Révéler les pratiques quotidiennes, les dynamiques, les appartenances, les identités Les mots ne suffisent pas toujours à exprimer les pratiques quotidiennes de l’espace urbain, les repères, les limites, les territoires, le chez soi et le chez l’autre.

Marseille, quartier Plan d’Aou – Saint - Antoine « Lieux - dits et non - dits » : plusieurs analyses pour repenser les relations urbaines entre un noyau villageois ancien et un quartier de 1 500 logements sociaux Les lieux attractifs, commerces et services Les pratiques quotidiennes sont observables sur le terrain. L’analyse du fonctionnement d’un quartier peut se limiter au constat des densités d’usage et des points d’attraction.

Les obstacles physiques aux relations entre quartiers Un état des lieux morphologique va préciser les déterminants physiques de ce fonctionnement: accès direct, effet de barrière…

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Dessin des « Lieux - dits » et non - dits… Enquête auprès des habitants Une enquête réalisée auprès de la population a permis de compléter les analyses techniques. L’identification des points de repère principaux, à travers une enquête de rue, pointe l’importance des lieux les uns par rapport aux autres dans la perspective du projet.

Une quinzaine d’entretiens, crayon à la main, ont révélé la façon dont les habitants définissaient leur quartier par rapport aux autres, avec ses qualités, ses défauts, ses limites. Le schéma ci - contre en rend compte, et fournit des éléments de compréhension des territoires d’appartenance, des tensions sociales et des limites… quelquefois infranchissables. Quartier Plan d’Aou – Saint - Antoine (Marseille) Étude d’insertion urbaine DDE 13 /GPU, Cervoni/Chiappero, 1996

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Faire dessiner la qualité des paysages par les habitants : Le Tholonet, village au pied de la montagne Sainte - Victoire Le Tholonet, petite commune voisine d’Aix-en-Provence, souhaitait, dans le cadre de la révision de son POS, approcher le mieux possible les questions d’environnement et de paysage, les habitants étant très attentifs à toute évolution. Dans le cadre d’une enquête, sous forme de questionnaire écrit, il était demandé à chaque ménage : « Citez les trois endroits que vous aimez le plus » et (sur une carte jointe) « Dessinez vos itinéraires de promenade préférés et les points de vue que vous appréciez le plus ».

Compléter l’analyse paysagère experte… par une enquête Une analyse, réalisée par la paysagiste Sylvie Lalot, a mis en évidence d’une part la structure du paysage (ci - contre), d’autre part les conditions de son évolution. L’expression dessinée du paysage a permis de révéler plusieurs constituants objectifs de l’identité communale. Il s’agissait de compléter cette approche par la perception que pouvaient en avoir les habitants-promeneurs.

L’analyse du paysage par Sylvie Lalot, Paysagiste

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Des itinéraires de promenade dessinés par les habitants Le report sur une seule carte (ci-contre) des itinéraires préférés des habitants ayant répondu à l’enquête, a mis en évidence de façon très nette les lieux les plus fréquentés pour la promenade. Le repérage des points de vue a ainsi complété l’analyse paysagère. Des actions d’aménagement et des mesures de protection ont été décidées par les élus locaux: projet de plantations d’alignement améliorant le confort, prospects non -eadificandi aux abords de plusieurs voies et chemins, protection de « cônes de vue » vers la montagne Sainte-Victoire… La montagne Sainte-Victoire, figure emblématique du Pays d’Aix - en - Provence, par Paul Cézanne

Michel Chiappero, Aupa, 1996 -98

Les points de vue les plus appréciés des promeneurs

Les itinéraires de promenade préférés

Faire dire et maintenir la qualité des lieux par les habitants, donne aux responsables politiques les moyens de mieux cibler les actions d’amélioration du cadre de vie quotidien ou des protections à mettre en place.

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Retranscrire les perceptions visuelles d’un territoire, d’un lieu, d’un itinéraire L’analyse des composantes d’un territoire oblige à « l’organisation » du regard et des principales perceptions qui y sont associées. Les notions de masse, de vue lointaine, de vue panoramique ou encore de rupture et de seuil de vues, côtoient ainsi les idées de sensibilité, d’ambiance, d’intimité, de découverte. Une déconstruction-reconstruction synthétique du paysage est proposée, reconstruction aussi de la mémoire de ceux qui décident de son aménagement, de sa transformation, de sa protection. La légende, et surtout les éléments qui la composent, vont changer de statut tout au long du processus de prise en compte du paysage, de l’analyse à la décision de protéger ou de mettre en valeur: • grille d’analyse au début pour celui qui décrypte le lieu ; • supports d’explication et proposition d’une lecture partagée du paysage; • éléments et termes de référence dans les choix de protection ou de valorisation. Le travail d’élaboration de la légende du dessin devient un exercice essentiel.

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Charte paysagère du Luberon L’élaboration de la légende a été essentielle pour le diagnostic paysager du Luberon Suite à la loi Paysage de 1993, le Parc naturel régional du Luberon, réunissant 60 communes, a engagé un diagnostic précis de ses paysages et révisé sa charte. Plusieurs « éléments de référence des paysages majeurs » ont constitué la légende d’analyse du territoire. Adaptés aux caractéristiques du Luberon, ils ont fondé la retranscription des perceptions: crêtes, points d’appel visuels, cordons de ripisylve, affleurements rocheux, seuils… Vingt-deux unités ont été définies et ont fait l’objet d’une analyse détaillée.

Sylvie Lalot, Paysagiste, 1995

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Dessiner les perceptions de la route pour améliorer la sécurité L’opération «Villes plus sûres, quartiers sans accidents» initiée par le ministère de l’Équipement à la fin des années 80, a marqué un tournant dans la façon d’aborder la perception des aménagements et du paysage urbains, leur influence sur la modification des comportements et, par conséquent, sur l’amélioration de la sécurité routière. En d’autres termes comment passer d’une conduite de type « rase campagne » à 90 km / h et plus, à 30 km / h en traversée urbaine?

Analyse séquentielle pour le hameau de Palette traversé par la RN7 L’analyse séquentielle permet de caractériser la perception des abords de la route et de proposer des aménagements qui conditionnent l’automobiliste au ralentissement.

L’objectif est de modifier le comportement des automobilistes Une progression des contraintes d’aménagement est établie afin qu’elles participent au mieux au changement de comportement : rétrécissement de chaussée, réaménagement de carrefour, diminution de l’effet couloir du village-rue… Mais l’aménagement s’appuie sur une analyse précise des perceptions du lieu. M. Chiappero

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Dessiner les perceptions visuelles Le repérage et le dessin des perceptions visuelles constituent la première phase de travail : mise en évidence des effets de paroi ou de voûte, ruptures visuelles, ouvertures sur le paysage lointain.

Dessiner les séquences homogènes Les séquences homogènes ou de rupture en termes visuels sont ensuite identifiées et complètent les enquêtes d’accidents, qui déterminent les lieux d’intervention et les aménagements les plus pertinents.

Dessiner les lieux du projet Renforcer les effets de rupture, s’appuyer sur des «transversalités», pour organiser une autre progression des perceptions de la route par l’automobiliste et… induire le passage de 100 à 30 km / h, dans le village traversé.

M. Chiappero/M. Petit, DDE 13, Le Tholonet/Palette, 1996 Les dessins deviennent les supports de discussion et de partage avec les usagers de leur perception de la dangerosité, des conflits de circulation, des situations inconfortables.

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Identifier des problématiques économiques, sociales ou de positionnement institutionnel La représentation de données sociales et économiques, mais aussi de principes établis de façon quelquefois générale (cf. loi Littoral ci-dessous), met en évidence des situations que les mots ne suffisent pas à démontrer. La carte ou le schéma viennent alors en appui de l’identification d’une question. Leur rôle va au -delà de la compréhension de la situation, ils deviennent outil de révélation d’une problématique seulement pressentie. Ils deviennent le support d’une réinterrogation sur les responsabilités de chacun.

Questionner la géographie d’application de la loi Littoral La loi Littoral (1986) s’applique à la totalité du territoire des communes littorales. À ce titre la loi, et notamment l’article L. 146 - 6 (espaces naturels sensibles), s’applique à la commune d’Arles, à plus de 20 kilomètres des étangs et 30 km du rivage. A contrario, que penser des communes voisines et des centaines de communes non littorales situées à moins de 5 km du rivage et donc de la pertinence des dispositions de la loi? La cartographie des communes concernées, et plus précisément des espaces protégés, met en évidence la nécessité d’adaptations locales géographiquement plus argumentées.

Communes littorales, DRE PACA, 1998

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Quand la ségrégation socio - spatiale par l’habitat nous saute aux yeux, les responsabilités sont réinterrogées

Dans le District de Reims Le dessin de localisation des logements sociaux sur le District de Reims met en évidence des contrastes très importants entre la ville-centre de Reims (grisée sur la carte) et les communes voisines (en jaune). Le contraste est flagrant sur plusieurs secteurs sud de la ville où ils représentent plus de 60 % des résidences principales.

Agence d’urbanisme reimoise, Insee 90

Dans le « Grand Avignon » L’agglomération d’Avignon, à cheval sur deux régions et trois départements, souffre d’un déséquilibre socio -spatial que sa géographie peu contraignante ne pouvait laisser supposer. La cartographie du logement social fait apparaître non seulement de fortes différences entre Avignon/ centre-ville et les communes périphériques, mais surtout d’un département à l’autre, le département de Vaucluse accueillant la quasi-totalité des logements sociaux. La carte révèle la nécessité de mettre en cohérence les politiques départementales. Agence de développement social urbain, Avignon, 2000

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Sur la cohérence des infrastructures routières : leur hiérarchie, leur domanialité, leur rapport aux autres domaines de l’aménagement du territoire À Avignon, les projets d’infrastructures routières surdéterminent l’évolution de la cohérence urbaine et territoriale Les réflexions sur les infrastructures nouvelles sont trop souvent limitées aux questions de gestion du trafic et d’impacts sur l’environnement, du moins de façon explicite. Pour Avignon, le projet de «Liaison est-ouest» au sud de la ville est générateur d’une modification radicale, à la fois: • du fonctionnement circulatoire d’agglomération et urbain du fait des reports de trafic; • de l’accessibilité aux pôles économique; • de la lisibilité et de la mise en scène de la ville. Schéma « Grandes infrastructures 2010 - 2020 »

La représentation d’une nouvelle hiérarchie des voies s’articulant aux autres fonctions urbaines amène les gestionnaires à s’interroger sur leur rôle respectif. Dans le cadre du « Schéma de cohérence urbaine » : • le schéma 2010 - 2020 (ci - dessus) propose une hiérarchie renouvelée des grandes infrastructures, tout en relevant quelques problèmes tels que le maintien du trafic de transit au pied des remparts ; • un autre (ci-contre) propose l’optimisation du rapport infrastructures développement économique; • d’autres posent la requalification résidentielle issue de l’allégement de circulation, ou l’embellissement d’Avignon au travers des grands accès d’agglomération… M. Chiappero, Schéma de Cohérence Urbaine, 2001,

Schéma « Pôles économiques et grandes infrastructures »

Agence de Développement Social et Urbain d’Avignon

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Après la carte de Cassini (1720) ci -

La carte économique des Bouches -

Les comptages routiers n’indiquent pas

dessus, les cartes départementales

du - Rhône « oublie » Beaucaire et son

le nombre de véhicules qui traversent

ne dessinant rien au -delà des limites

pôle économique au sud de la Ville,

le Rhône, DDE 30, 1997

départementales vont marquer les

CG13, 1993

comportements institutionnels

Diagnostiquer l’incohérence des limites administratives, issues de la Révolution à Beaucaire - Tarascon Beaucaire et Tarascon, 25 000 habitants, en limite de deux départements et deux régions, sont deux villes de part et d’autre du même pont sur le Rhône. Le découpage administratif en départements de 1791 est venu marquer pour deux siècles le face à face, la rupture, l’effet de frontière, trop facilement attribué au Rhône, à l’histoire, aux différences culturelles. Les deux DDE « frontalières» se sont efforcées de dépasser leurs limites géographiques et administratives de responsabilité... Faire émerger l’évidence d’une cohérence territoriale à construire À chacun ses équipements, son office du tourisme, sa chambre de commerce, sa police ou sa gendarmerie qui ne traverse pas le Rhône, etc. Les cartes, schémas et autres représentations de chaque institution contribueront pendant deux siècles à l’ignorance de l’autre. Les nouvelles représentations produites sur l’ensemble des deux villes, accompagnées d’un diagnostic des incohérences de fonctionnement, ont eu pour effet de révéler les «évidences» d’une agglomération. Ci-dessus l’identification et le dessin d’un territoire susceptible de devenir un véritable « Boulevard économique » de contournement sud de « LA » ville, valide l’existence d’une cohérence à construire entre les deux villes. M. Chiappero, M. Petit, Diagnostic d’incohérences et de cohérences territoriales, DDE30 /DDE13, 2000

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Expliquer le projet et ses enjeux à la population et aux multiples partenaires L’objectif quelquefois unique d’un dessin est de communiquer à un large public des réflexions ou des choix d’aménagement que les représentations techniques rendent difficiles à comprendre.

Les « vues d’avion » et l’esprit B.D. pour expliquer le projet Qu’il s’agisse de photos aériennes obliques sur lesquelles le projet est redessiné, de dessins axonométriques ou d’images informatiques en 3D, les « vues d’avion » constituent un moyen remarquable de compréhension des lieux et de représentation des propositions d’aménagement. La représentation de type bande dessinée, donnant une perception ludique et s’appuyant sur un mode de lecture aisée, y compris dans les explications données, donne le sentiment d’une réelle volonté de communiquer de la part du maître d’ouvrage.

Agence d’urbanisme pour le développement de l’agglomération lyonnaise, 1999

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Des schémas simplifiés, ré - élaborés par le maître d’ouvrage pour comparer les projets d’un concours d’idées… et les expliquer aux décideurs Les quatre équipes retenues pour le concours d’aménagement des 3 000 hectares de l’Arbois et de la future gare TGV d’Aix-en-Provence étaient libres de choisir le mode de représentation graphique de leur projet. Le comité technique du concours, soucieux de faire un bilan comparatif précis et objectif minimisant les effets graphiques, a schématisé les propositions pour permettre une même lecture des différents partis d’aménagement par les trente membres politiques et institutionnels du comité de pilotage.

Henri, Chiappero, Decheaume, Gaudin, Jonction

Foster, Ove Arup

Reichen & Robert, Ramade, Sogreah, Sogelerg

Guy, Amédéo, Mc Clure, RCT, Teste, Tirone

Extraits du Rapport du comité technique pour le concours d’idées de l’Arbois Dessins réalisés par l’Agence d’urbanisme du Pays d’Aix, 1994

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Passer d’un dessin fonctionnel à une vue oblique de la structure de la ville Pour le grand projet d’aménagement de l'île Seguin de Boulogne-Billancourt, l’approche d’Alexandre Chemetov, fondée sur l’analyse du paysage, l’histoire du site, la qualité des espaces publics, l’environnement exceptionnel des coteaux de Meudon et du grand méandre de la Seine, nécessitait une expression à la hauteur des ambitions qualitatives du projet. Le passage du zonage fonctionnel à la composition urbaine du site, ainsi qu’aux exigences de continuité de perception, est renforcé par une représentation oblique sur photo aérienne.

A. Chemetov, site de Boulogne - Billancourt, extraits de Comprendre, penser, construire la ville, 1993, A. Masboungi

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Associer le plan détaillé aux schémas pour mieux percevoir la qualité des espaces aménagés La restructuration du quartier Sainte Musse à Toulon, intégrant le réaménagement de trois cités HLM, l’implantation du nouvel hôpital, la création d’un tramway et d’équipements publics, une nouvelle centralité, a fait l’objet de nombreuses réunions de travail avec les institutions, les associations, les habitants. La bonne compréhension de la situation et des propositions d’aménagement nécessitait des supports adaptés.

Plusieurs schémas exposent les différents scénarios de structuration du quartier par les grands équipements. Le dessin d’une hypothèse d’aménagement du futur centre de quartier, localisant les futurs bâtiments publics, la végétation, le jeu de boules, les terrains de sports, les cheminements, etc., a permis à chacun de mieux comprendre, discuter et participer au projet.

M. Chiappero, Diagnostic et projet pour le quartier Sainte - Musse, Civito / Territori, Contrat de Ville de Toulon, 2001

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Utiliser toutes formes de dessins et schémas pour informer les habitants sur les projets de déplacements, de transports et d’infrastructures à Grenoble L’efficacité d’un système de transport est directement conditionnée par la compréhension des avantages du système offert et l’adhésion des usagers. Pour informer sur les hypothèses d’organisation des déplacements et les projets sur l’agglomération grenobloise, plusieurs outils ont été mis en place au cours de l’année 1998 : • une exposition permanente qui explique les deux scénarios possibles (avec ou sans le tunnel sous La Bastille); • le Bus expo qui sillonne l’agglomération; • un site internet; • des réunions publiques; • une édition spéciale du périodique de la Communauté de Communes (octobre 1998), d’où sont extraits ces schémas.

Plus de 80 schémas, graphes, dessins en 14 pages pour une édition spéciale de la revue d’information de la Communauté de communes de l’agglomération grenobloise...

…pour faire comprendre les grandes options possibles

…pour montrer l’impact des projets sur la circulation en 2010 Option sans tunnel au nord de la ville Option avec tunnel

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…pour montrer la place attribuée aux piétons et aux vélos

…pour bien fixer objectifs à atteindre en « part de marché » pour les transports collectifs

…pour montrer que la modération du trafic permet de réaménager dans les communes des espaces publics de plus grande qualité

Illustrations extraites du périodique Le Métroscope, n° 9, 1998 www.lametro-2010.com

...pour remettre en situation l’expérience de chacun Le thème de la circulation et des déplacements est sans doute le plus « vécu », le mieux compris et donc le plus attendu par la population. Chacun se forge ainsi une opinion argumentée en fonction de sa propre pratique des déplacements. Les représentations graphiques, dans leur capacité à visualiser le fonctionnement de la ville, constituent un outil parfaitement adapté à l’échange et à la mise en situation de l’expérience de chacun.

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Discuter les hypothèses d’aménagement et de développement à travers des scénarios représentés Engager un dialogue, solliciter des avis sur des orientations de développement, nécessitent de multiplier les supports de compréhension, de proposer plusieurs hypothèses, d’associer les mots et les concepts, de s’inspirer des représentations collectives déjà construites… quelle que soit l’échelle du territoire pris en considération…

... à l’échelle urbaine 10 scénarios en maquette pour décider du parti d’aménagement et suivre l’opération Sextius - Mirabeau, située au cœur d’Aix - en - Provence Sur 20 hectares, en limite du célèbre Cours Mirabeau, une des plus grosses opérations en centre-ville est engagée en 1990 sous forme de «Consultation architectes/investisseurs». Dix équipes internationales vont être consultées, produire dix scénarios possibles, réaliser des plans et des dessins, et surtout dix maquettes blanches, chacune pouvant trouver place dans une « maquette-mère» du quartier existant. Les scénarios et leur maquette seront l’outil de comparaison des projets, et de compréhension par la nouvelle équipe municipale de leurs multiples enjeux pour le centre-ville. La maquette du projet retenu (O. Bohigas) deviendra d’une part l’outil d’information continue de la population (transformations de maquette réalisées en fonction des évolutions du projet), d’autre part un référent dans l’affinage permanent des scénarios de programme, nécessités par l’évolution des marchés et des partenariats à constituer. Semeva, 1990

Projet De Carlo

Projet Rogers

Projet Bohigas

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Scénario 1 : « L’archipel éclaté » Les villes dynamiques s’opposent aux territoires marginalisés. L’État doit venir en aide, sans réel succès, aux territoires en difficulté.

Scénario 2 : « Centralisme rénové » L’État exprime son rôle prééminent au nom de la solidarité et la cohésion nationale, et alloue les ressources nécessaires à l’intégration nationale.

Scénario 3 : « Le local différencié » Les initiatives locales se sont multipliées. L’État se retrouve en médiateur pour tempérer les déséquilibres et les conflits entre territoires.

... à l’échelle nationale 2000 : la DATAR plaide pour le scénario du « polycentrisme maillé »

Scénario 4 : « Polycentrisme maillé » L’État privilégie l’adaptation des politiques aux spécificités locales.

La France a-t-elle su tirer le meilleur parti de son territoire? « Pas encore » répond la Datar (Délégation à l’Aménagement du Territoire et l’Action Régionale), dont le rôle est de proposer les termes d’un débat prospectif. La Datar décline ainsi 4 scénarios. Les trois premiers sont qualifiés respectivement de libéral (1), souverainiste (2), néo -communautariste (3). Le quatrième faisant l’objet d’un long plaidoyer mise sur une recomposition des territoires, la redéfinition des missions de la puissance publique et argumente sur la nécessité de réfléchir aux enjeux de façon interrégionale: 6 grands bassins de peuplement sont identifiés. Malgré l’oubli du poids des agglomérations et régions européennes, y compris la caricature du poids de Paris, les 4 dessins caractérisent fortement les scénarios et posent les bases d’une discussion. Aménager la France 2020, Datar, Documentation française, 2000

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... à l’échelle d’un quartier de Nîmes Pour discuter des restructurations et aménagements à réaliser Plusieurs familles de liaisons à travers et au cœur d’un grand quartier d’habitat social de Nîmes sont d’abord très schématiquement représentées. Elles permettent de fixer les principes à partir desquels plusieurs scénarios de restructuration peuvent être envisagés. Les scénarios détaillés (A, B, C) sur une vue oblique identique proposent des restructurations et réaménagements après démolition, des équipements publics et de service, de nouveaux espaces publics, des accès redéfinis.

AUDRN, Agence d’Urbanisme et de Développement de la Région Nîmoise, 2001

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Quel itinéraire pour l’Arc méditerranéen à travers l’agglomération Aix - Marseille ? Deux scénarios articulant choix d’infrastructures et choix d’aménagement « pour ouvrir les débats »…

« L’absence de SDAU sur l’agglomération Aix - Marseille augmentait le risque de définir le réseau routier, dans le cadre du Dossier de Voirie d’Agglomération, dans le seul fil de l’évolution du trafic et ainsi de ratifier des besoins résultant de l’état actuel du réseau. L’agence d’urbanisme du Pays d’Aix s’est efforcée de relier étroitement l’organisation des déplacements et la gestion de l’aménagement du territoire». Le dessin des deux scénarios très contrastés oppose les effets «d’évitement/ délaissement économique » du contournement nord aux effets « de développement durable» du scénario en traversée d’agglomération. Les résultats de cette démonstration ont été considérables : • prise de conscience par le milieu technique local de l’interférence des enjeux de trafic, locaux, régionaux, internationaux; • sensibilisation et prise de position des élus ; • large partenariat de mise en place d’une enquête - ménages sur l’ensemble de l’agglomération Aix-Marseille. Agence d’urbanisme du Pays d’Aix Extraits du Bilan d’activité des agences d’urbanisme, FNAU, 1997

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Énoncer les territoires privilégiés de l’intervention publique à toutes échelles L’intervention publique est nécessairement ciblée, pour une période donnée, sur quelques secteurs, quelques quartiers, quelques lieux précis. Le dessin met en situation ces territoires, démontre l’équité ou du moins la cohérence des décisions publiques.

Brignoles dessine ses territoires d’intervention, du « Pays » à la place publique, dans l’esprit des Plans locaux d’urbanisme Brignoles, ville de 15 000 habitants dans le centre Var, a amorcé en 1995 la mise en œuvre d’un projet urbain. À partir d’un éclairage sur son positionnement territorial au regard de deux villes voisines de poids équivalent, la ville redéfinit l’organisation de son territoire, les secteurs de son développement économique, les axes de mise en valeur de son patrimoine bâti et naturel, les lieux privilégiés de l’intervention publique. Brignoles au centre d’un « Pays » équilibré par deux villes voisines Le dessin des lieux d’une nouvelle centralité et de la qualité urbaine Trois types de lieux seront dans un premier temps identifiés comme support de requalification et ré-embellissement de la ville et / ou de recentrage des équipements et espaces publics favorisant la vie sociale: • les espaces de recomposition du centre - ville ; • les centres de quartier à réaménager ou créer autour d’équipements tels que place, école, services de proximité; • les entrées de ville.

Le Projet urbain « Brignoles 2015 » comme « référent » pour les interventions publiques

Projet urbain 2015, Chiappero urbaniste, 1996

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Dessin d’aménagement des entrées de ville à l’est du centre-ville le « projet urbain» imposé par l’article L.111.1.4. Il sera l’occasion de réfléchir à la structuration d’une zone d’activités et d’équipements sportifs. Dessin d’un centre de quartier, autour d’une placette, d’une école primaire et de quelques commerces de proximité servant de base au POS en cours de révision. Chiappero, Brignoles, 1998

Dessin d’une nouvelle place au centre « fonctionnel » de Brignoles La taille de la place de la mairie n’était plus à l’échelle d’une ville de 15 000 habitants. Proposer une grande place urbaine à 150 m de l’ancienne signifiait déplacer la gare des cars, modifier les habitudes, réorganiser le marché, placer au second plan celle qui jusqu’alors avait assuré une fonction centrale.

Chiappero, Petit, urbanistes architectes, 1999

Les dessins de détail des espaces publics et des quartiers aménagés précisent le contenu et la qualité des objectifs d’aménagement du schéma général (ci-contre). La représentation des grandes orientations mais aussi de détails apporte une réponse à l’obligation d’énoncer le projet de la collectivité en matière d’aménagement et de développement durable dans les Plans locaux d’urbanisme.

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Saint - Nazaire dessine un « Schéma d’objectifs » pour son agglomération Lancée dans une démarche de projet depuis le milieu des années 80, dans une ville considérée à l’époque comme la capitale de la crise, Saint-Nazaire mettra en place une « délégation au développement », multipliera les petits et les grands projets, élaborera des schémas d’urbanisme. Le schéma, élaboré à l’échelle de l’agglomération, révèle l’obsession de l’action… La légende du schéma énonce clairement les lieux, les objectifs et la volonté d’agir Conforter, qualifier, traiter, valoriser, aménager, restructurer, revitaliser, développer, constituer, accompagner… 11 verbes d’action pour une agglomération en riches projets.

Sources: Agence de développement de Saint-Nazaire Revue Projet Urbain, n° 17

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La DDE des Alpes - Maritimes dessine l’engagement d’une démarche de projet dans le cadre de la loi Littoral L’élaboration de la Directive Territoriale d’Aménagement (DTA) par les services de l’État clarifie les notions contenues dans la loi. « L’extension limitée de l’urbanisation » (L. 146-4-II) a été un des points de la réflexion conjointe de la DDE et des communes afin de trouver le meilleur équilibre entre protection et développement. Des « Espaces à enjeu dans les espaces proches du rivage », représentés par un rectangle rouge suffisamment important et imprécis dans ses limites, obligent à argumenter, dès l’élaboration du projet, la notion « d’extension limitée » dans ces espaces. L’application de la loi faite par le juge, ramenant à la parcelle et non au contexte de quartier, l’évaluation de la notion d’extension limitée devraient se trouver reconsidérées par l’élaboration d’un projet global.

Les espaces à enjeux « Ces espaces peuvent être structurés ou restructurés, compte tenu de leur capacité à accueillir des besoins actuels et futurs de l’agglomération, en matière d’habitat, d’activités, d’équipements et de services». Extrait DTA 2000, DDE 06

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Lille - Métropole énonce les orientations de son Schéma de Développement et d’Urbanisme Commercial et dessine les lieux de sa mise en œuvre… Une démarche concertée avec les partenaires du développement économique a permis « de dégager les lignes-forces d’une stratégie de développement économique». Le schéma élaboré définit trois territoires auxquels sont associés des objectifs de développement ou de limitation: • des centralités commerciales urbaines à « conforter » (de forme ronde sur le schéma); • des polarités commerciales périurbaines à « limiter » (de forme carrée); • des sites à « nouveaux concepts » à venir…(étoile interrogative). On note sur le schéma ci-dessous d’une part l’importance donnée aux éléments de légende et d’autre part la mise en situation au regard de la structuration des territoires voisins. in Le schéma de cohérence territoriale, ministère de l’Équipement, DGUHC/Certu, FNAU, 2001

Syndicat mixte du schéma directeur Communauté urbaine de Lille Chambre de commerce Lille-Métropole Agence d’urbanisme, 2001

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Avignon communique sur le renouvellement de son image dans son « Schéma de cohérence urbaine » En première page du magazine d’Avignon sous le titre « Avignon 2010, c’est déjà demain… » la ville fait état de sa volonté de changer d’image et montre les dessins de son projet d’aménagement et de développement pour les années à venir.

Un schéma de mise en scène et d’embellissement Plusieurs espaces et grands axes de la ville, tirant parti des grands aménagements routiers en cours de réalisation, constituent le cadre d’une mise en scène nouvelle de la ville. Le «Grand parvis» au pied des remparts en constitue la quintessence esthétique et symbolique.

Un schéma de requalification des quartiers urbains La requalification des quartiers urbains, où l’habitat social est important, et la mise en valeur des centres de quartier constituent le deuxième principe d’une nouvelle perception des qualités urbaines et résidentielles de la ville.

M. Chiappero, Schéma de cohérence urbaine Ci-contre: 2 des 5 schémas qui constituent le projet Agence de Développement Social et Urbain d’Avignon, 2001

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Intégrer les procédures et montrer la cohérence des démarches de projet

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L’apparition de nombreuses politiques publiques, d’habitat, d’économie, d’environnement, de paysage, de déplacements… a amené une certaine confusion dans l’esprit des non initiés. L’image « d’usine à gaz » est souvent évoquée. Le dessin/organigramme apparaît comme un outil indispensable de compréhension de l’articulation des multiples procédures à mettre en œuvre. Le renforcement de la dimension territoriale, conséquence de la loi Solidarité et renouvellement urbain, conduit à utiliser plus que jamais le visuel pour mieux comprendre et discuter la cohérence des projets entre eux.

Un schéma - organigramme d’articulation du PLU au SCOT et aux démarches intercommunales Le schéma-organigramme ci-contre met en parallèle le contenu et l’avancement du PLU en révision (à gauche du tableau), avec l’avancement prévisible ou programmé des différentes procédures obligatoires ou utiles, réalisées à l’échelle de la communauté d’agglomération: • il rend compte des périodes durant lesquelles les premiers résultats d’approches thématiques réalisées à l’échelle communautaire pourront être utilisés pour le PLU (flèches orientées vers la gauche); • il constitue un outil de suivi d’avancement des procédures qui peuvent avoir chacune son rythme propre, et faciliter par exemple la coordination des moments de concertation.

in Proposition méthodologique d’articulation PLU /SCOT Michel Chiappero, 2002

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Un document graphique unique pour le Syndicat mixte de Rouen - Elbeuf propose une vision synthétique du projet… à afficher

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Approuvé en février 2001, le Schéma directeur de l’agglomération Rouen-Elbeuf est un document de 375 pages, développant les perspectives d’évolution, les orientations stratégiques, le parti d’aménagement et les moyens de sa mise en œuvre. Sans doute inspiré par la formulation synthétique du Schéma directeur de Lyon de 1992, il dessine sur un document unique deux schémas d’orientations et d’occupation générale du sol auxquels est rajouté un schéma de première phase, introduisant le temps de l’action. Cinq schémas thématiques facilitent la compréhension des principaux fondements du projet.

Syndicat mixte pour le Schéma directeur de l’agglomération de Rouen-Elbeuf, 2001

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Un ensemble de cartes homogènes à Lyon démontre la cohérence des interventions sur l’esthétique urbaine

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L’Agence d’urbanisme pour le développement de l’agglomération lyonnaise synthétise dans un document unique plusieurs années de travail sur l’esthétique et l’embellissement du territoire Cet objectif se concrétise sous plusieurs formes d’interventions : des opérations d’aménagement réalisées ou à venir (espaces publics, opérations d’urbanisme), des documents réglementaires (POS, règlement de publicité), des documents d’encadrement (Plan bleu, Plan lumière). Le « jeu » de présentation à la même échelle et renvoyant simultanément du schéma simplifié au plan détaillé favorise les aller - retour entre les idées et les lieux… La recherche d’homogénéité dans la représentation des différentes interventions est accentuée par un souci de présentation esthétique originale.

Agence d’urbanisme pour le développement de l’agglomération lyonnaise, 2000

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Concevoir et mobiliser autour de « schémas - concepts » : métaphores des projets complexes Un des exercices les plus difficiles, face à la complexité de la prospective urbaine, est à notre sens à trouver, inventer ou faire émerger… une idée, un concept, capable d’une part de fonder la compréhension et l’adhésion du plus grand nombre, et d’autre part de susciter une projection collective dans un avenir désirable. Le dessin, associé au mot, est un outil de révélation et de construction du concept, et devient référent commun des actions individuelles et collectives. Les exemples sont nombreux et d’échelle variable, l’Hexagone, l’Arc méditerranéen ou l’Arc atlantique, tout autant que l’Arc des fleuves à Lyon ou Le Grand Parvis à Avignon.

Le « Carré Sénart »… « Le Carré Sénart 1 (fin des années 90) n’est pas une figure géométrique froide et hors contexte. Il reprend des tracés inscrits (villa gallo -romaine) dans le sol, les intègre et les transpose. Il s’agit de proposer un cadre paysager fort dans lequel va se développer en liberté et dans le temps, une grande variété de projets». La mobilisation des acteurs économiques s’est appuyée sur ce concept, une programmation des infrastructures et des embellissements, permettant l’accueil progressif des réalisations: centre commercial, pépinière, grands équipements, activités économiques et de services… Mais c’est aussi une réflexion sur la ville et les centralités de demain, sur le sens donné aux territoires planifiés. Dès 1987, vingt équipes d’architectes lors d’un concours d’idées proposeront chacune un concept original. François Tirot proposera la métaphore des systèmes informatiques, pour lesquels les mots - clés sont : 1 François Tirot, architecte urbaniste, EPA Sénart connexion, mémoire, Extraits de la Revue Urbanisme hors série n°11, mars 1999 fiabilité, centralité…

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Amiens « 421 », fil conducteur et référence collective À l’issue d’un concours (1990) auprès de trois urbanistes et architectes, l’Agence d’urbanisme et d’architecture de la ville reconstruit en synthèse le concept qui servira de fil conducteur au projet d’agglomération. «Celui-ci nous est apparu comme le chemin sur lequel nous avancerions… Le dessin, associé à une formule ludique, devient la référence collective: “ 4 ” comme les portes cardinales, lieux d’échanges et de développement, “ 2 ” comme les axes structurants de la ville, celui de l’eau à requalifier et celui de la pierre pour relier les quartiers, “ 1 ” comme l’unité du maillage social par la synergie des équipements». J. L. Godard, Agence d’urbanisme, propos recueillis par A. Masboungi, Projet Urbain, n° 16, 1999

Aix - en - Provence… propose un « Schéma des Plaisirs de la promenade et des loisirs » L’élaboration du projet urbain des quartiers sud de la ville, territoire stratégique en matière de développement, a conduit à élaborer plusieurs schémas. En décalage par rapport à deux schémas plus fonctionnels de « grandes infrastructures » ou de « développement économique», trois schémas proposent de préserver et promouvoir la qualité des quartiers d’habitat: • le « Schéma de composition résidentielle » ; • le «Schéma de mise en scène de la campagne aixoise»; • le « Schéma des plaisirs de la promenade et des loisirs» (ci-contre), autour de l’aménagement des rives de l’Arc (rivière peinte par Cézanne), du Projet urbain des Quartiers sud renforcement des équipements sportifs, de la M. Chiappero, urbaniste architecte, 2000 valorisation du patrimoine situé à proximité.

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Naissance d’un concept pour Lyon Le Schéma directeur de l’agglomération (élaboré de 1988 à 1991), s’est positionné comme un document d’orientation pour l’aménagement mais aussi comme un « guide pour l’action », et donc comme support de la stratégie de développement. La représentation et la reconnaissance des territoires à enjeux, des secteurs d’appui du développement, des secteurs de requalification et de valorisation, ont contribué à la démarche de construction collective du projet.

Un des dessins à l’origine du Schéma 2010, P. Berger, 1988

L’invention des « axes majeurs », L’arc des fleuves et L’Axe est-ouest, s’appuyant à la fois sur les représentations collectives de qualité du Rhône et de la Saône et l’identification des secteurs à fortes potentialités économiques, marquera de façon historique la décennie 90 -2000 en matière d’interventions publiques et de positionnement des acteurs économiques. La symbolique de l’arc et la flèche mais aussi des pétales, que sous - tend le dessin, fera des émules et sera réutilisée dans d’autres situations, dans d’autres régions… Des schémas pour rechercher les axes de développement structurants

Le Schéma d’orientations fondamentales d’aménagement, 1991

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L’agglomération lyonnaise, avec le Schéma directeur 2010, dessine son avenir et construit sa démarche de développement stratégique autour d’un concept dynamique : « l’arc et la flèche »

Six schémas constituent la charpente du Schéma directeur C’est un travail d’allerretour entre de nombreux dessins d’un schéma général nécessairement complexe et balbutiant, et la recherche par décomposition de faits et de concepts fondateurs, qui donnera progressivement la lisibilité des orientations d’aménagement.

Schéma directeur Lyon 2010 1988 /91 Agence d’urbanisme pour le développement de l’agglomération lyonnaise

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Le « Jardin des deux rives » entre Kehl et Strasbourg : pour un « dessein » transfrontalier Les relations fonctionnelles entre Kehl et Strasbourg, confirmées dans le Plan directeur de 1997, ont été le support de nombreuses opérations d’aménagement et de développement entre les deux villes, de renforcement portuaire, et notamment de liaisons des deux rives par un aménagement paysager concerté. Le projet lauréat du concours d’urbanisme, présenté à la population, a fait l’objet de 1 000 suggestions dans le cadre de 50 ateliers: sur les besoins actuels des habitants et de nouvelles utilisations du parc, sur des idées pour l’organisation du festival d’art et de paysage prévu en 2004.

Des schémas clairs et lisibles sur fond de photo aérienne, montrant le partage d’intention de part et d’autre du Rhin Bureaux Rüdger Brosk et Agirbas, Wienstroer, Communauté urbaine de Strasbourg

Les urbanistes et paysagistes jouent, à travers ce concept, tout autant la valorisation du lieu que la construction d’une nouvelle représentation collective, partagée et durable

Axe Strasbourg - Kehl. Plan d’aménagement du secteur centre Agence de développement et d’urbanisme de l’agglomération strasbourgeoise, 2000

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Reims et « l’Espace canal » Les communes traversées par le canal de liaison de l’Aisne à la Marne tournaient le dos à cet axe de 50 km traversant le Pays rémois. Considérant le potentiel de valorisation qu’il pouvait représenter, une démarche de projet, portée par l’Agence d’urbanisme et de développement de la région de Reims s’est progressivement engagée. Une démarche en « 3D » permet de croiser: • développement et mise en valeur des pôles économiques ; • déplacements et mise en place d’un réseau d’itinéraires ; • découverte des paysages naturels et viticoles et du patrimoine. Un schéma sert de support de mobilisation des nombreux acteurs institutionnels, et conforte l’intérêt d’une mise en cohérence des politiques d’aménagement.

Agence d’urbanisme et de développement de la région de Reims

Réaltor 2020 : « 50 km de Boulevard économique pour la Région urbaine marseillaise » Dans un discours de non concurrence entre deux grandes opérations, Euroméditerranée et l’Europôle TGV / Arbois, M. Chiappero met en évidence en 1996, le « Plus grand Boulevard économique du sud de l’Europe », 50 kilomètres desservis par deux gares TGV, l’aéroport Marseille-Provence, le Port Autonome (complétant le «Couloir logistique ouest» identifié par D. Boudouin, en 1994). Bernard Morel, économiste, écrira en 1999 dans son ouvrage Marseille, naissance d’une métropole, dans une nouvelle lecture en termes de pôles, axes, et nœuds: «Trois sites nous paraissent particulièrement stratégiques pour l’avenir de l’aire métropolitaine, la vallée de l’Huveaune, le bipôle Aix-Vitrolles, la zone Marseille-Port», précisément localisés sur ce Boulevard du Réaltor 2020.

Michel Chiappero, Urbaniste architecte, 1996

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Conclusion de la troisième partie : du dessin - outil au dessin - méthode Les neuf fonctions du dessin d’urbanisme (ci - contre) mettent en évidence une grande diversité d’usages des représentations spatiales et confirment l’intérêt que l’urbaniste peut y porter, du fait des missions qui lui incombent. Le dessin, dans le processus de projet, passe de façon itérative d’un statut de représentation technique à celui de support de communication, d’un statut d’outil de conception du projet à celui de concept-fil conducteur permettant la mobilisation des partenaires de l’aménagement et du développement. Nous avons montré, à travers les illustrations précédentes, qu’il existe de nombreuses situations, aux enjeux chaque fois particuliers, révélant autant de moments graphiques possibles dans l’élaboration des projets. Les méthodes ou les démarches de travail adoptées dans chacune d’elles n’ont été qu’évoquées. Elles mériteraient probablement une analyse plus attentive identifiant le rôle du dessin dans chaque démarche et son poids à chaque étape d’élaboration des projets. L’analyse de la construction des légendes et des choix graphiques aurait sans doute aussi été riche d’enseignements. Nous posons cependant l’hypothèse qu’il y a pour l’urbaniste (individu ou groupe) trois moments graphiques qui font passer les représentations spatiales du dessin-outil au dessin-méthode: • celui de la construction de sa propre représentation de la situation dans un travail de déconstruction-reconstruction des connaissances sur le fonctionnement territorial. C’est un moment, le plus souvent initial, d’appropriation de la situation. Il est informel, exploratoire, informatif; • celui de la reformulation en support de dialogue, de travail avec ou pour les autres. La reformulation peut être individuelle ou collective. Il peut concerner tout ou partie du processus de projet; • celui, particulier, de la conception des objectifs et des perspectives d’avenir, et dans lequel le schéma - concept va prendre tout son sens. Les temps de formulation graphique, qu’ils soient individuels ou collectifs selon les modalités de concertation / participation, deviennent ainsi un des éléments de méthode autour duquel la pensée territoriale va pouvoir se constituer.

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Les neuf fonctions et objectifs du dessin d’urbanisme

1 Parler du même territoire et des grandes fonctions urbaines: diagnostiquer à différentes échelles

4 Identifier des problématiques sociales, économiques ou institutionnelles

6 Expliquer le projet et ses enjeux à la population et aux partenaires

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Révéler

Retranscrire

les pratiques quotidiennes,

les perceptions visuelles

les appartenances, les identités

d’un territoire, d’un lieu, d’un itinéraire

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Concevoir et mobiliser

Débattre

autour de

« schémas - concepts » :

des hypothèses de projet

métaphores des projets complexes

avec des scénarios représentés

7 Désigner les territoires du projet et de l’intervention publique

8 Intégrer les démarches de projet et les procédures de mise en œuvre

Le dessin d’urbanisme, outil et méthode pour les projets de villes et de territoires

© Michel Chiappero, 2002

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Conclusion

Cette promenade illustrée dans le monde des représentations spatiales et du dessin d’urbanisme avait pour intention de focaliser le regard sur un savoir ramené le plus souvent, par ceux qui ne le maîtrisent pas, à une simple technique graphique. Il n’est pas rare d’entendre parler des «crobards» ou du « coup de patte» des architectes et des paysagistes, commentaires valorisant certes les effets séducteurs du beau dessin mais réduisant ainsi son contenu. Les progrès informatiques, notamment l’existence de logiciels simples à manipuler, ont bouleversé la production des représentations graphiques. La démystification du dessin et la prise en charge de la maladresse par la machine ont entraîné une prolifération de représentations. Si leur intérêt est certain, précisément du fait d’être proposées par de nouveaux venus dans la représentation dessinée, elles transgressent quelquefois les fondements du langage graphique. L’urbanisme et l’aménagement du territoire, domaines par essence pluridisciplinaires mais s’appuyant sur l’espace et le lieu, se sont trouvés de facto au centre de nombreuses interrogations sur la pertinence des représentations spatiales produites, leur fonction, leur rôle, leur instrumentalisation. La loi SRU, par le renforcement de la concertation et la nécessité de formuler le projet de territoire, développe le recours au «dessin d’urbanisme». Elle augmente la nécessité d’une plus grande rigueur dans les choix de représentation et donc dans la connaissance des qualités et des ressources de cette discipline. Les trente dernières années d’urbanisme français nous montrent une grande richesse de situations et de réflexions implicites sur l’usage du dessin. Il a su puiser dans les savoirs disciplinaires, développer des concepts et des méthodes appropriés aux questions qui lui étaient posées; le schéma-concept en est une des figures originales. Il nous semble possible aujourd’hui de considérer qu’une discipline technique «le dessin d’urbanisme» existe, trouvant appui sur les acquis de la recherche universitaire et de la pratique professionnelle. Une hypothèse, plus ambitieuse encore, consisterait à y voir l’émergence d’une « École française du dessin urbain et territorial » qui aurait pris pour parti: • de représenter systématiquement les différentes échelles de territoire, de la place publique au schéma d’aménagement national; • d’aider à clarifier l’articulation des politiques d’aménagement spatial à celles de développement économique et social; • de considérer que le dessin d’urbanisme constitue un support obligé de la démocratie locale.

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Bibliographie ... pour approfondir des notions, des méthodes, des situations de terrain

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Table des matières

Première partie

Deuxième partie

5

De la représentation du monde au dessin d’urbanisme

6

Le dessin et les représentations témoignent de l’histoire du monde

8

Villes idéales, villes dessinées

11

De la normalisation graphique des années 70 au projet dessiné

12

La normalisation graphique des années 70, reflet des certitudes de l’époque

22

Les politiques publiques des années 80 - 90, marquées par « l’exigence territoriale »

32

La concertation et l’information amènent l’information dans les supports graphiques

36

De l’aménagement au développement : l’intercommunalité change les territoires et appelle de nouvelles représentations

40

La loi SRU entraîne l’obligation de dessiner le projet

44

Conclusion de la première partie : le dessin d’urbanisme dans la dynamique de projet

47

L’apport scientifique, technique ou artistique dans le langage graphique de l’urbanisme

48

Les cartes et modèles de la géographie et la sémiologie graphique

54

Dessin de l’espace vécu et représentations de l’espace : l’apport des sciences sociales

130

TA B L E D E S M AT I È R E S

Troisième partie

58

L’archéologie et l’histoire re - tracent les projets de nos ancêtres aménageurs

60

Les architectes, les urbanistes, les paysagistes ou les ingénieurs ont apporté leur sensibilité ou leur savoir - faire...

66

Le land art sacralise les grands paysages et invite à dessiner les grands territoires

68

Conclusion de la deuxième partie : questions communes aux chercheurs et aux praticiens

71

La diversité des fonctions et objectifs des cartes, des plans, des schémas - concepts dans les démarches de projet d’aménagement et d’urbanisme

72

Parler du même territoire et des grandes fonctions urbaines avec des cartes, diagnostiquer à différentes échelles

76

Révéler les pratiques quotidiennes, les dynamiques, les appartenances, les identités

80

Retranscrire les perceptions visuelles d’un territoire, d’un lieu, d’un itinéraire

84

Identifier des problématiques économiques, sociales ou de positionnement institutionnel

88

Expliquer le projet et ses enjeux à la population et aux multiples partenaires

94

Discuter les hypothèses d’aménagement et de développement à travers des scénarios représentés

TA B L E D E S M AT I È R E S

98

Énoncer les territoires privilégiés de l’intervention publique à toutes échelles

104

Intégrer les procédures et montrer la cohérence des démarches de projet

110

Concevoir et mobiliser autour de « schémas - concepts » : métaphores des projets complexes

116

Conclusion de la troisième partie : du dessin - outil au dessin - méthode

119

Conclusion

121

Bibliographie

129

Table des matières

131

© CERTU - 2002 Ministère de l’Équipement, des Transports et du Logement, Centre d’études sur les réseaux, les transports, l’urbanisme et les constructions publiques Toute reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement du CERTU est illicite (loi du 11 mars 1957). Cette reproduction par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. Coordination : Service Éditions Mise en page : PAO Concept ✆ 04 72 07 69 03 Impression : JOUVE ✆ 01 44 76 54 40 Achevé d’imprimer : décembre 2002 Dépôt légal : 4 e trimestre 2002 ISBN : 2 - 11 - 093128 - 0 ISSN : 0247 - 1159

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