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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
Utilisations.
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1. ·- Allium spp. VER!\.- Wr•l.
soblé;
Les différentes espèces d'Allium sont largement cultivées dans les niay du Cap-Vert et du Cayor et connues sous le nom générique wolof de soblé. Parmi celles-ci le; bulbes de : A Ilium aescalunic:tm L. (Echalot te), wol. soblé futô. Allium cepa L. (Oignon), wol. soblé. .-!Ilium porum L. • Poireau), wol. poro. A. Ilium sativum L. (Ail), wol. laji. sont utilisés en médfceine populaire pour différentes affections mineures. Le jus d'échalotte en usage interne et externe est considéré comme fébrifuge ; le décocté d'oignon comme antiblennoi-ragique et antiascitique, de même que celui de poireau reconnu plus spécialement diurétique; les gousses d'ail comme antiseptique cicatrisant des plaies atones.
LÉGUMINEUSES (Voir CAESALPINIACÉES, FABACÉES,
Oi~non.
1
MIMOS~CÉES)
.Ees différentes variétés de ces plantes potagères cultivées présentent des propriétés pl))•siologiques intéressantes classiqUement connues. Citons Paris : /
LÉGUMINEUSES CAESALPINIÉES (Voir CAESALPINIACÉES) LÉGUMINEUSES MIMOSÉES (Voir MIMOSACÉES) LÉGUMINEUSES PAPILIO~ÉES (Voir FABACÉES)
•
1
1
LILIACÉES*
• Nous traitons à part, en tant que famille, les Smilacacées qui figurent encore dans crrtaines lSsifications aux Liliacées en qualité de tribu des S~cfrs (,Çf. p. 731),/'
>è}SI. .(i!I'IO<* ..... ~~. ·~,.t..!';,•
Les Liliacées con,;tituent une importante famille pour la matière médicale. Leur composition chimique est variable. On y trouve des hétérosides cardiotoniques (Scille, 1\Iuguet), des alcaloïdes so.uvent toxiques comme la colchicine (Colchique, Gloriosa), des saponosides (Asperge), des dérivés sulfurés (Ail). Certaines d'entre elles sont antibiotiques (.\il, Oignon).
Les utilisations de l'avocat sont au premier chef alimentaires. Le fruit, di" grande consommation, est d'ailleurs présenté par les slogans publicitaires américains comme étant le fruit aux cinq vitamines. C'est, de fait, un excellent aliment par sa teneur en matière grasse et ses vitamines. Une autre utilisation 1'lrend de plus en plus dïmportance, celle de l'huile qui, en particulier aux Etats-Unis depuis 1930, entre dans de nombreuses préparations cosmétiques de luxe. Elle présente comme le souligne Schwob de nombreux avantages, non seulement sur les autres huiles végétales, mais aussi sur les huiles minérales et animales : elle est pénétrante (comme la lanoline), elle réduit les tensions superficielles des liquides et forme des émulsions très fines ; elle contient des vitamines liposolubles, du phytostérol et de la lécithine ; elle est peu irritante ; son odeur est faible et elle rancit peu. Bien que son action vitaminique soit plus faible, elle a même été proposée et quelquefois utilisée comme succédané de l'huile de foie de morue. Dupaigne a attiré l'attention en 1970 sur raction efficace de gélules à bas!.' d'insaponifiable d'huile d'avocat dans le traitement des sclérodermies et parondopathies [D103]. Selon Thiers de l'Hôpital Ed. Herriot. Lyon, l'huile a une action bien connue sur les peaux sèches mais ne possède pas par elle-même d'intérêt thérapeutique. Par contre, l'ensemble de la partie insaponifiable trouve son emploi par application directe, ou mieux par ingestion (sous forme de gélules ou de solutions alcooliques), dans la >clérose en plaque ou généralisée, les épiphysites de « croissance •, les épiphysites avec état ichtyosique de l'épiderme, les paradontoses. Cet insaponifiable, en outre, rétat>lit le tonus général de sujets asthéniques ou âgés [T80].
Famille représentée dans les régions chaudes et tempérées du monde. Quatorze enres existent spontanément au Sénégal. Ce sont des herbes avec des rhizomes, bulbes ou tubercules, parfois des sous-arbriseaux grimpants (.>isparagus). Les fleurs >ont hermaphrodites pentacycliques et rimères ; périanthe formant ou non un tubt- an~c calice et corolle concolores et péta)Ïdes ; androcée composé de six étamines à filets généralement libres ; ovaire supère trois loges contenant de nombreux ovules. Fruit en capsule ou en baie. Les plantes mt communes, même abondantes dans les lieux où elles croissent. surtout les savaes arbustives soudaniennes. Elles vivent 'OU\·ent en peuplements denses et, par ~~:emple, Dipcadi et Scil/a forment de véritables gazons, mais la période végétative ;t très fugace. Certaines fleurissent vers la fin de la saison sèche et sont alors bien isibles, puis elles disparaissent, noyées dam.Ja \·égétation exubérante de la savane en lison des pluies ; elles se reposent pendant près de huit mois et il n'est plus possible e déceler leur emplacement. D'autres sont encore plus éphémères, fleurissant et uctifiant au début des pluies en juillet tt disparaissant pendant 10-11 mois. On Hnprend, dans ces conditions, combien il e>t ditllcile de recueillir du matéri!'l d'étude . d'indiquer la ré-partition des espèces, malgré leur abondance.
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE Ti,ADITIONNELLE
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. • Le bulbe tuniqué d'oignon renferme des fructosanes (10-40 p. 100), des sucres réducteùrs (10-15 p. 100) et un peu de saccharose (5-8 p. 100)*. Ont été caràctérisés: de l'acide glycolique et dans les écailles externes des flavonoïdes : quercétol et spiraeoside (quercétol -l-m•moglucoside) et des traces d'autres composés polyphénoliques (pyrocatéchol. phoroglucinol, tanin, etc.). Un glucoside de l'acide oléanolique existe dans l'oignon frais, ainsi que de petitès quantités des vitamines A, B et C. Il n'y a pas d'alliine (comme dans l'Ail) mais ses homologues: méthyl ou propylalliine. L'essence . lacrymogène. renfer:ne, à côté du disulfure d'allyl-propyle, de l'aldéhyde et du thiol propionique. • L'oignon. légum~ et condiment, consommé cru ou cuit, est réputé à juste raison comme diurétique et rentre à ce titre dans différentes spécialités pharmaceutiques. Il a aussi des propriétt; hypoglycémiantes. Le jus d'oignon est bactériostatique à l'état frais • [P29]. Poireau.
1
Le Poireau est rkhe en substances mucilagineuses (10 à 15 p. 100 du poids sec1 constituées par des arabanes et des pectines. On y a caractérisé de petites quantités de méthvl et de cvdoalliine. A l'état cru il serait riche en vitamine C mais une fois cuit il erÏ serait pàuvre. Dans les feuilles fraîches Charronat et Beauquesne ont dosé jusqu'à 56 mg de vitamine C pour 100 g d'organe frais [G4]. Il possède des propriétés laxatives et diurétiques. Ail.
Le bulbe de LU (comprenant une dizaine de caïeux, improprement appelés «gousses •) est inscrit à la pharmacopée française. Le bulbe frais renferme 64-65 p. 10(1 d'eau. D'après Pari< quand il est séché pour la conservation, il renferme encore 50 à 60 p. 100 d'eau, 2 p. 100 de matières minérales et des quantités importantes de glucides, de faibl~s quan:ités de vitamines A, B 1 , B,, B 3 etC. 1,
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• Dans l'oipnon tel tue cons 0,008 p. !llO de vitami:ce C [T:l
\ Dakar, il a été dosé 7,6 p. 100 de glucides totaux et
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Ce sont surtout les principes sulfurés qui sont intéressants. Le principe générateur de l'essence (qui n'est pas préformée) est un acide aminé soufré l'alliine. Celui-ci sous !"action d'un enzyme, l'alliinase, libère par hydrolyse de l'allicine qui est instable et donne l'essence en se dédoublant en différents. polysulfures dont le plus important est le bisulfure d'allyle. Le jus d'ail possède. des propriétés bactériostatiques. Le principe actif est l'allicine active in vitro à 1/100 000 contre .différentes bactéries Gram positif et négatif (Staphylocoques, Streptocoques, Bactéries intestinales). Il a été prouvé que les produits Yolatils dégagés par l'ail écrasé, dénommés • phytoncides • par Tokine en 1946 agissent à distance pendant un temps limité sur plusieurs types de bactéries, protozoaires et cryptogames. L'ail possède· encore des propriétés fongicides, anthelmintiques, hypotensives, hypoglycémiantes, diurétiques qui trouvent leur emploi en thérapeutique, principalement dans l'hypertension artérielle, le dép~rasitage (ascaris, oxyures), les maladies infectieuses, les affections respiratoires.
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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d'anthocyanoside et un principe soufré qui serait un dérivé méthylsulfonium de la méthionine [P29]. Ajoutons que dans les pointes de l'A. offieinalis sauvage Jadin et Astruc [J5] ont décelé des traces d'arsenic. · On connaît les propriétés diurétiques des racines de A. offieinalis entrant dans la formule du sirop des cinq racines, ou sirop diurétique, qui figurait encore au Codex 1949. Balansard et Raybaud [B28] ont d'autre part montré par expérimentation sur l'animal que les parties aériennes étaient également diurétiques.
3. -Aspara~us pauli-~uilelmi Solms-Laub*. VuLGO. -Asparagus. SvN.- Asparagus a{ricanus tde A. Chev.). VERN.- Wo/. du Niani narara; peul, toue.
2.- Aspara~us africanus Lam.
nararé.
Caractères remarquables.
VuLGO. -Asparagus. SvN.- Asparagus gourmacus A. Chev. VERK. _:_ Wol. tir u buki { = piège à hyènes) ; wol. du Walo et du Cayor larsis ; wol. de Gambie narara ; falor simbul (Sébire) ; mand., soeé narala, naralaà ; peul, toue. narari, narasi.
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Plimte volubile atteignant 3-4 rn en s'enroulant aux branches des arbustes, avec des épines piquantes à la base des verticilles de feuilles. Feuilles subu!ées très nombreuses, jusqu'à trente à chaque verticüle. Fleurs fasciculées blanches, parfumées, avec des pédicelles filiformes articulés vers la base. Baies sphériques, pruineuses de 8 mm de diamètre. Habitat.
Caractères remarquables. Plante dressée atteignant 1,50 rn, mitis souvent moins, vivace par sozy rhizome, à ( / tiges annuelles garnies de petites épines. Feuilles (cladodes) verticillées par 7-8, rigides, subulées, anguleuses, avec des épines peu piquantes. · Fleurs blanches isolées ou par 2-3 à l'aisselle des verticilles avec des pédoncules courts et robustes de 3 mm, articulés vers le milieu. Baies sphériques de 8 mm de diamètre-, noires à maturité.
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Habitat.
Espèce plus sahélienne que la précédente. On la rencontre çà e·t là dans les savanes et prairies estivales, irrégulièrement répartie à proximité des mares temporaires, c: .n:s les sols sableux ou non, lef jachères, les bosquets, etc.
confondue avec la précédente a, évidemment, If ~han tillons d'A. pauli-guilelmi qui nous ont oalement recommandés pour la syphilis, les an Jis sous forme de décoctés de radne~.
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Il se rencontre çà et là dans les savanes boisées ou arbustives soudaniennes.
4.- Gloriosa simplex L. Emplois. Le décocté et le macéré de rhizome sont très utilisés par les Wolof, les l\landing les Socé, les Peul et les Toucouleur comme antisyphilitique en bains et boissons pris trois fois par jour, tandis que la poudre de la souche rhizomateuse est incorporée aux aliments. Généralement on recommande trois jours de traitement en alternance avec trois jours de repos car la médication secoue le malade. Il y aurait un effet diurétique important ce qui fait que le même organe est recommandé comme antiblennorragique, mais en macéré seulement et à dose moins forte. Le macéré de racines est encore employé par les Wolof du Walo en gargarismes pour les angines et par les Peul en boissorts et massages pour les rhumatismes ; dans ce dernier cas en association avec racines de Cadaba farinosa et cendres de racines de Sphaeranthus africanus. Chez les Socé les cladodes entrer dans la composition d'un poison de flèche. Chimie et
pbarmacolo~ie.
Seule la racine a fait l'objet de r sur l'action glucosidiqu • cardiaqu Dans l'espèce A. offi. inalis cult trouvé un tanin galliq• ' et deux dans les parties aérien s. La r:w minérales, des glucide• •uct --·sa · ;.. llf est la sarsapogénine.
'1erches, qui se sont d'ailleurs rr · élées ·20]. en ' ope, BaL , u l • •si•;fférent• r' :c >H.> rer
nér~rrtives,
VuLGO. - Lis grimpant. SYN.- Gloriosa caerulea :\lill., G. virescens Lindl., G. carsonii Baker, G. s ·"·' nica A. Chev., G. superba var. planipelala Engl. VERN. - Wol., léb. sémirigolo ( = hache du singe), séniri buku, sémin u buki ( = hache de la hyène) ; ser. ndollâg, délengor (Ber haut) ; mand. dumun tulo. Caractères remarquables. Plante à tige glabre, annuelle, ·volubile de 1 à 2 rn de haut s'élevant d'un tubercule blanc rhizomateux en forme de Y. Feuilles opposées ou alternes, sessiles, glabres, vertes, lancéolées, de 12 sur 4 cm, longuement acuminées au sommet et terminées par une vrille simple. Fleurs isolées de 7 à 8 cm de large, verdâtres puis jaunes tournant au rouge ; six tépales à bords à peine ondulés au sommet, ou droits. Fruits oblongs, verdâtres de 7 cm de long sur 2,5 cm de qiamètre, arrondis aux deux extrémités. Habitat. Réparti irrégulièrement dans tout le Sénégal du Fleuve à la Casamance maritime, savanes diverses, forêts sèches ou guinéennes, etc. Seloa Hutchinson Je nom prioritaire de cette espèce est Asparagus fla ge/laris (Kun th) Bal<.
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Emplois.
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5.- Gloriosa superba L.
G. simplex n'a guère d'emplois si ce n'est, malheureusement, criminels. La toxicité
du bulbe en particulier est bien connue. Les pasteurs considèrent que pour le bétail, surtout les bovins et les moutons, non seulement le bulbe est toxique, mais aussi les tiges feuillées et les fruits. Pour toutes ces raisons l'espèce ne reçoit pas d'applications thérapeutiques.
VuLGO. - Lis grimpant. SYs. - G. virescens A. Chev. VERN.- Wol., léb. semingolo, sernin buku, sémin u buki. Gloriosa superba ressemble à l'espèce précédente, mais les fleurs ont des tépales très ondulés sur toute la longueur. Il est plus commun que le précédent et semble pénétrer davantage dans le Sahel (vallée du Sénégal).
Chimie. G. simplex et G. super ba sont deux espèces botaniques affines, souvent confondues, dont la chimie. aussi présente de nombreux caractèreS communs~ TouteJois c'est la seconde qui a surtout été étudiée et c'est par conséquent ci-dessous à G. superba que
nous donnerons des renseignements plus détaillés sur les prin_cipes actifs. Ont été mis en évidence dans les graines et les tubercules de G. simplex les bases colchicine (0,22 g* à 0,3 g p. 100 du bulbe sec) substances B (N-formyl désacétylcolchicine) etC (3-déméthylcolchicine) ainsi que d'autres substànces basiques non identifiées et les sucres glucose, fructose, saccharose [S61, B171, H97].
Emplois. (voir Gloriosa simplex). Chimie. Malgré les confusions qui ont pu être faites entre G. simplex et G. superba, c'est incontestablement cette dernière espèce qui a été la plus étudiée.
Phannacologie. 1° TOXICITÉ DU BULBE SUR LE BÉTAIL. Une importante étude a été réalisée au Kenya par Mettam [M107] sur l'intoxication du bétail par G. simplex. En réalité les bovins et les moutons ne consomment pas cette plante et on doit avoir recours à l'administration intramusculaire des extraits pour observer les symptômes de l'intoxication qui peuvent être de deux sortes aigus et subaigus ou chroniques. Les symptômes de l'empoisonnement aigu chez les bovins et les moutons débutent par des malaises, salivation, trembleme9ts marquants du museau, allure incertaine, somnolence et respiration haletante. Apparaissent ensuite des signes de douleur abdominale, puis des diarrhées devenant lfapidement sanguinolentes. L'animal marche sans cesse en décrivant de petits cercles, sa température monte et il perd rapidement ses forces. Finalement les diarrhées deviennent écumeuses avec du sang rouge vif et des caillots.· La respiration reste toujours haletant!.' tandis que les muqueuses se congestionnent de plus en plus et que la phase finale l'St caractérisée, après des tentatives de vomissement, par la prostration le coma et la mort. L'empoisonnement subaigu ou chronique réalisé par des injections plus faibles d'extrait, entratne une gastro-entérite subaiguë, malaise, sécrétion lacrymale, prostration, diarrhées fétides intermittentes devenant sanguinolentes en quelques jours. L'autopsie révèle une hyperémie de la bouche, du pharynx, de l'œsophage et des muqueuses des trois estomacs. On constate d'importants ulcères particulièrement à l'orifice pylorique. Les organes parenchymateux sont congestionnés. Le cœur s'arrête toujours en systole et il y a hémothorax. Dans l'empoisonnement chronique on constate une dégénérescence graisseuse considérable [M10ï].
1° BULBE. La première étude réalisée en 1881 est due à Warden qui de l'extrait alcoolique de bulbes jeunes et âgés retire une résine noire et un principe amer neutre dénommé superbine (W9]. En 1915, opérant sur des bulbes séchés originaires de Ceylan, Clewer et coll. en retirent un totum alcaloïdique où domine la colchicine C22 H 25 0 1 N (0,3 p. 100)* avec de petites quantités de deux autres bases cristallisées: l'une de PF 177-178• correspond comme formule à. C33 H 38 0 9 N 2 ou à C 15 H 17 0,N; l'autre de PF 267• ;correspond à la formule C2 .H 21 0 6 N qui est celle de la méthylcolchiein~. L'extrait :· alcoolique donne encore, outre les produits amorphes : 1• les acides b.enzoïque et f 2 hydroxy-6-méthoxybenzoïque, 2• de la choline, 3• du dextrose, 4° de J:hcide palmitique et un mélange d'acides non saturés, 5• de petites quantités d'un hydrocarbure et un alcool gras, 6• un mélange de phytostérols qui contiennent du stigmastérol, 7• un mélange de phytostérolines contenant du stigmastérol glucoside [C35]. En 1952 Subbaratnnam obtient par chromatographie à partir de bulbes frais la colchicine et un autre alcaloïde la gloriosine c.. H •• O,N de RF 248-250• qui, par hydrolyse acide, fournit la colchicéine [S58]. Deux années plus tard le même auteur, opérant toujours sur des bulbes frais, ne retrouve ni colchicine, ni gloriosine, mais deux alcaloïdes cristallisés dont l'un de PF 239-242• est considéré comme le dérivé d'un alcaloïde nouveau [S59]. D'autres bases secondaires ont été signalées. Ce furent d'abord les mêmes que celles du G. simp/ex: substance B de formule C21 H 23 NO, ou N-formyl désacéthylcolchicine (0,03 p. 100); substance C, alcaloïde phénolique de formule C21 H 23 l'\0 6 ou 2-déméthyl colchicine (0,009 p. 100)**. Sont en outre mises en évidence dans les tubercules trois substances cristallines, l'une d'elles étant identifiée à la lumicolchicine [S60, S61]. Cette lumicolchicine est un photoisomère de la colchicine qui peut se former spontanément et presque quantitativement dans les solutions de colchicine exposées à la lumière en l'absence d'air. Elle peut exister sous trois formes isomères "• ~et y. En 1959 2\laturova et coll. isolent dans J'espèce rhodésienne outre colchicine (0,12 p. 100), substance B (0,011 p. 100), substance C et lumicolchicine, trois autres bases G2, G3 et G4 qui ne possèdent pas Je noyau tropolone et ne sont pas des dérivés de la lumicolchicine (M106]. Enfin en 1967 Canonica et coll. [C72] isolent cinq nouveaux alcaloïdes dont les structures ont pu être données :
2° AcTION SUR LA GERMINATION DES PLANTULES. Bien qu'il ne s'agit pas ici d'expérimentation animale mais végétale, il y a lieu de mentionner, concernant précisément G. simplex, les travaux de Jaeger réalisés à Dakar même, relatifs à l'action des broyats de bulbe sur la germination des plantules. En présence de filtrats obtenus à partir d'un broyat de tubercule de G. simplex l'auteur a fait germer diverses graines de Petit mil, Fonio, Gros mil (Sorgho), Riz, Maïs, Arachide, Liane corail. Toutes les espèces étudiées sont sensibles à l'action du G. simplex, la plus sensible étant le Fonio dont la germination est inhibée par un filtrat à 20 p. 100. Chez toutes les espèces on note la formation de tumeurs dans la région subterminale de la racine. Une autre hypertrophie se produit à la base du coléoptile chez Je Petit mil, le Gros mil et le Fonio. Ces modifications ainsi induites rappellent les intumescences et les tuméfactions que la colchicine engendre chez la plantule du Blé, chez la racine du Lupin et celle d'oignon [J8]. 3° CoLCHICI~E (voir G. superba). • Chiffre donné par Burden et coll. pour un bulbe contenant à l'état frais 69,5 p. 100 d'eau. Dans le même article les auteurs étudient l'histologie du bulbe de G. simplex sous le nom syno· nyme de G. virescens Lindl. [8171).
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O, déméthyl l'\ formyl déacéthyl colchicine ; ::\-formyl déacéthyl-y-lumicolchicine ; ::\-formyl déacéthyi-~-Jumicolchicine ; 0,-déméthyl-::\ formyl déacéth -~-lumicokhicine ; O,-déméthyl-[3-lumicolchicine.
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• La colchicine appartient au rroupc de 1 tropolone. •• Ces 3 bases (colrhidnc, S' Lances P
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADITION!'<ELLE AuTRES ORGANES.
On a signalé dans les graines de Ceylan et de Rhodésie la présence de colchicine ainsi que deux substances B et C (M106} ; dans les feuilles d'origine indienne des traces de substance El [S60]* et dans celles d'origine javanaise de l'acide chélidonique [L92] ; dans les fleurs de l'espèce indienne, lumicolchicine (traces), substances BetEl [S60]. Pharmacologie.
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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des modifications sur le cholestérol sérique, les stérols fécaux et acides biliaires. Selon Rubulis et coll., elle agirait sans doute au point de vue hypocholestérolémiant par interférence avec le cycle entérohépatique des acides biliaires et des stérols neutres [R109].
Bibliographie complémentaire à consulter : Ferguson [F36, F37], Ostergren [06], Kumar [K25].
•
to Bt:LBE. La pharmacologie de G. superba rejoint celle de G. simplex. Selon Byam [B172], les symptômes de l'empoisonnement chez l'homme se manifestent par des picotements suivis par un engourdissement des lèvres, de la langue, de la gorge et de nombreuses parties du corps, avec des douleurs brillantes dans l'épigastre, nausées. vomissements, diarrhées sanguinolentes, vertiges, perte de force des membres, lourdeur des paupières et photophobie, respiration difficile, pouls faible et rapide, convulsions et perte de conscience. La température tombe tandis que des tremblements tétaniques et des convulsions précèdent la mort dans les 20 à 40 h. A l'autopsie on trouve une congestion marquée de la muqueuse gastrique et des viscères [B172]. En 1966 Goonératine a signalé chez une femme de 21 ans un cas d'alopécie massive généralisée et une ménorrhagie après consommation de bulbe de G. super ba. L'auteur ajoute que les cas d'alopécie causés par le traitement à la colchicine sont connus [G107]. Lors des premières recherches effectuées par Warden en 1881, cet auteur signalait que la superbine était un poison violent dont la dose de 47 mg était suffisante pour provolllJer la mort d'un chat adulte [W9]. · Clewér et coll. estiment, à juste titre, que la toxicité du bulbe est due essenti!;llement Ùa colchicine et comparent J'action physiologique de la colchicine à celle de la base retirée du Colchicum automnale [C35]. f
2° 'COLCHICINE. Les propriétés toxiques, thérapeutiques et mitoclasiques de cet alcaloïde sont traitées dans tous les OU'.Tages classiques. Elle est très toxique et figure au Tableau Ade la Pharmacopée française. Aux doses toxiques seulement, c'est-à-dire supérieures à 7 mg (oralement), elle exerce chez l'homme une action sur le système nerveux central après une période de latence de quelques heures. Ensuite, après atteinte des .centres bulbaires, la mort survient par paralysie vaso-.motrice. A doses subtoxiques elle exerce une action éméto-cathartique intense. A doses thérapeutiques (par voie buccale : 0,5 à 1 mg toutes les trois heures, maximum -l mg par 24 heures), elle provoque une phase de leucopénie passagère, suivie d'hyperleucocytose avec polynucléose. On constate également une excitation du péristaltisme intestinal. Par voie intra-veineuse elle stimule les mitoses, mais celles-ci s'arrêtent au stade de la métaphase ce qui donne lieu à la production de cellules géantes polyploïdes à nombre de chromosomes doublé. C'est de ce fait le type des substances mitoclasiques, aussi bien chez les animaux que chez les végétaux••. Granzow et Ehe-Galster ont fait état en 1970 de la résistance à la colchicine chez la souris d'une sous-lignée contenant du glycogène de tumeur ascitique d'Ehrlich-Lettré: chez la souris une dose· de 20 g de colchicine arrête complètement en métaphase la division cellulaire d'une sous-lignée sans glycogène, alors que la même dose n'a aucune action inhibitrice dans une sous-lignée avec glyèogène [G129]. On l'a proposée comme anticancéreux mais elle n'agit comme tel qu'aux doses toxiques. Par contre elle constitue Je médicament spécifique de la goutte sans que cette action ait été encore expliquée. Administrée oralement aux sujets obèses à la dose de 2,4 mg par jour elle provoque
• La substance El serait la 3-déméthylcolchiçine. •• A ce titre elle trouve d'ailleurs des applications dans la culture de certaines plantes médicinales chez lesquellt•s elle peut augmenter le rendement pondéral ou la richesse ' 1 pr·ncipe' ~ctifs (Datura, Digitale).
6.- Scilla picta A. Chev*. VULGO. -
Scille.
Caractères remarquables. Petite plante à bulbe écailleux brunâtre ne dépassant génfrruement pas 2,5 cm de diamètre, avec des feuilles de 10 cm sur 12 à 18 mm. Hampe florifère, de 10 à 15 cm au plus, marbrée de violine à la base et s'élevant parmi les feuilles ; petites fleurs vers l'extrémité et boutons au sommet ; tépales verdâtres recourbés vers le bas et laissant à l'extérieur 6 étamines à filets mauve rosé formant un anneau serré autour du stigmate. Capsule légèrement trilobée contenant plusieurs graines noires, brillantes, anguleuses. Habitat. Cette Scille est très commune dans toute la partie centrale et orientale du Sénégal, dans les savanes diverses et dans les sols variés depuis les sols beiges à arachides de la région de Kaolak jusqu'aux sols argilellx ou ferrugineux près des carapaces latéritiques. Elle est abondante par places et forme de petits peuplements fugaces qui ne s'observent bien qu'en juillet après les premières bonnes pluies. Emplois.
Scilla pietà est considéré comme toxique pour le bétail. Chimie et pharmacologie. Les Seilles sont en effet généralement toxiques. La plus connue Scilla maritima (L.) Baker (ou Urginea sei/la Steinh.) est inscrite dans de nombreuses pharmacopées officielles. Son bulbe est riche en hétérosides cardiotoniques (C•.3 p. lOO), les scillarènes ou scillarosides, de .structure stéroïdique à génol en c,. du type bufadiénolidc.-. ·oh·erses préparations de bulbe de Scille sont utilisées comme diurétique dans les insuffisances cardiaques. La variété rouge constitue un excellent raticide**.
7. - Urginea indica Kun th Scille indienne. Scilla indica Roxb. YERx.- Wol. dakubaroù; bamb. VULGO.-
SvN. -
baga(= poison •.
Caractères remarquables. Plante vivace par son bulbe avec une hampe florale de dimensions très Yariables atteignant quelquefois 75 cm, mais généralement moins, surtout dans les sables du Cayor. Feuilles lancéolées à peine acuminées à l'extrémité. Fleurs apparaissant en saisoH sèche avant la feuillaison, lt'gèrement rosées. isolées ct éparses sur la hampe avec de petites bractél's caduques à !.1 base des pédicelles qui
• Nouveau nom prio •• Pour la pharmaco
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:·udanica A. Chev. ne'. rf. infra, p. 506.
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TR\DITIO/
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PLANTES ::IIÉDICINALES ET TOXIQUES
ont jusqu'à 3 cm de long. Tépales d'environ 1,5 cm de long, légèrement soudés à la base. Capsules à peine tricoques, subsphériques de 2 cm de long ; graines suborbiculaires, aplaties, ailées, noires, de 5 mm de diamètre.
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507
LINACÉES
Habitat.
Il est répandu dans tout lé Sénégal mais ne se remarque qu'au moment de la florai0 son vers la fln de la saison sèche.
Famille représentée seulement par un genre et une espèce au Sénégal, Hugonia planchonii et ne comptant qu'un seul genre important du point industriel et médical, le genre Linum fournissant le lin. Cependant certains auteurs classent dans cette famille le Cocaier (Erythroxylon coca) qui appartient aux Erythroxylacées.
Emplois. Coinme celui des Gloriosa le bulbe de cet Urginea du n'est pas employée en thérapeutique.
Cayo~
est toxique et la plante
Chimie. Seshadri et Subramanian ont obtenu en 1950 à partir du bulbe d' U. indica• 0,3 p. 100 d'une fraction hétérosidique où ils ont identifié comme hétéroside principal le scillarène A [S164J, lequel a été obtenu plus tard à l'état cristaiiisé (R103). Dans une. seconde fraction ils ont mis en évidence un composé ressemblant au scillarène B [S164). Il semble bien par conséquent et nombre d'auteurs sont de cet avis, en particulier Chopra et coll., que la Scille indienne ( U. indica) est comparable à la Scille méditerranéenne ( U. maritima Baker = U. sei/la Steinh.). Pharmacolo~e.
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Selon Chopra « la Scille est constituée par les éc~illes intérieures charnues, découpées en lancettes et séchées du bulbe de la variété blanche d' U. maritima (L.) Baker ou d' U. indica Kun th. respectivement connues dahs le commerce sous le nom de Scille blanche ou méditerranéenne et de Scille de l'Inde • (in [L"3) p. 55). De même que la Scille méditerranéenne figure à la pharmacopée française, la Scille indienne figure aux pharmacopées indienne, britannique et américaine. Chopra a d'ailleurs étudié parallèlement au point de vue action cardiotonique, selon les standards de la pharmacopée britannique, les deux types de teinture de Scille et obtenu des résultats comparables ([CU) p. 253). Dhar et coll. ont trouvé que la dose minimum tolérée par voie orale chez les souris pour le bulbe de U. indica sous forme d'extrait correspondait à 1 gjkg. Ils ont constaté aussi chez les souris, avec le même extrait, des actions antiprotozoaires (Entamoeba histolytica), hypoglycémiantes ainsi que anti-cancéreuses vis-à-vis du carcinome humain du naso-pharynx et du virus de la leucémie de Friend [D86). Par le scillarène et les substances voisines, la Scille est un cardiotonique type ne s'accumulant pas comme la Digitale, mais se fixant daYantage sur le myocarde que l'ouabaïne. Le scillarène A agit vite, mais il est rapidement hydrolysé dans le sang. Sa toxicité par voie intraveineuse est seulement deux fois plus forte que par voie buccale ([P29l 2, p. 50). La Scille est surtout un diurétique : les hétérosides cardiotoniques augmentent le débit sanguin au niveau du rein en améliorant la circulation rénale ; il y a aussi un effet tissulaire (désimbibition des colloïdes sanguins) et une action directe sur l'épithélium rénal. La diurèse porte sur l'eau, les chlorures, les constituants azotés (in [P29J 2, p. 50). Elle est employée sous forme de poudre (0,30-0,90 g), de teinture (1-3 g) ou d"extrait (5-30 cg). Les scillarènes** sont indiqués pour l'insuffisance cardiaque à la dose moyenne orale de 6 mg/24 h, la dose d'entretien étant de 2 mgj24 h. • En fait, les auteurs ont étudié un échantillon de • Scille indienne • constitué par un mélange des deux variétés Urginea indica et Sei/la indica. •• SpéciaJisés sous les noms de « scillarène », « scillonal •, • scyllalyt •, etc.
1.- Hu~onia planchonii Hook. f. SYN. - Hugonia acuminata Engl. VERN.- Diola bu kikon (Bàhaut); diola Pogny três friande de la plante).
kitâba (biche cochon,
Caractères remarquables. Arbuste sarmenteux à. nombreux rameaux entremêlés formant des buissons, ou s'enroulant aux arbres en atteignant 10 à 12 rn ; jeunes branches densément pubescentes avec de courtes vrilles enroulées sur elles-mêmes. Feuilles ovales, cunées aux deux extrémités, densément tomenteuses, ferrugineuses à la face inférieure, avec une dizaine de nervures latérales saillantes dessous ; stipules profondéiJlent laciniées, pubescentes. Cyines axillaires de fleurs jaune vif brillant, ~ pétales gt'abres. Fruits sphériques; de 2,5 cm de diamètre, verts puis jaunes à maturit~, lisses, erytourés par les sépales et surmontés par les vestiges des styles. j Habitat. Il existe dans les taillis et boqueteaux de la Casamance maritime et dans quelques galeries soudaniennes constamment humides (moyenne Casamance).
Emplois. Les feuilles de cette espèce sont estimées en Casamance pour leurs propriétés antidermatosiques. Elles entrent, avec Strychnos ·a(zelii et Lannea nigritana, dans la composition d'un emplâtre réputé préparé par un guérisseur du Fogny qui est uniquement spécialisé dans le traitement des abcès, ulcères et enflures de toutes sortes.
50. - LOGANIACÉES Famille tropicale et subtropicale représl'ntée au Sénégal par cinq genres comprenant des herbes (Spigelia), des sous-arbrisseaux (.11ostuea), des plantes sarmenteuses ( Vsteria), des arbustes (Strychnos) ou des arbres (Anlhocleisla). Feuilles opposées, simples. Fleurs hermaphrodites, actinomorphes à corolle tubulaire ; ovaire supère avec 2 à 4 loges ; style simple. Les fruits ,·ariables sont des cape suies, des baies ou des drupes. Seul Strychnos spinosa est un arbuste soudanien. Les autres genres et espèces sont de la région guiné!'nne. J'l'lostuea hirsuta est localisé dans le sous-bois des forêts à Parinari rxrc/sa de la Casamance maritime. Les Anthocleista sont des arbres des marécages ·:a·,. ~nçais ct des galerie' soudaniennes très humides et ne s'éloignent pas des Sénégal).
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADITic<
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Famille très importante pour la Matière médicale avec, en particulier, différentes espèces de Strychnos : les unes toniques et fébrifuges (S. innocua Del. de l'Afrique tropicale), les autres tétanisantes (S. icaja Baill. de l'Afrique tropicale, S. nux vomicaL. ou Vomiquier, S. ignatii ou Vomiquier de Saint Ignace), les autres enfin curarisantes (S. angolrnsis Gilg de l'Afrique tropicale, S. toxifera Schomb). Comme autres drogues on peut citer les Jasmins ( Gelsemium) et les Spigélies (Spigelia). Au point de vue chimique on rencontre des alcaloïdes toxiques tétanisants, convulsivants : strychnine, brucine, spigéline ainsi que des alcaloïdes paralysants (gelsémine) et curarisants (bases indoliques ou indoliniques).
1 PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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2.- Anthocleista procera Lepr. ex Bureau. VuLGO. -Arbre chou. SYN. ~ Anthoc/eista frezoulsii A. Chev.
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VERN.- Wol. fafa; ser. mbafa (Berhaut); barn b. popo (Berhaut); mal., bamb. foreta lafira ; mand. kobolkobolo, koblikobli ; peul, /(luc. bédomodo, cibonadé ; dio/a bubéleum, bu fafa énab (Berhaut) ; bain. !Urôgofek. Caractères remarquables. Arbre ressemblant au précédent, mais à frondaison plus évasée et à jeunes branches dépourvues de stipules épineuses. Feuilles largement obovales. Tube de la corolle long de ~ cm et terminé par 7 à 10 lobes. Baies ovoïdes, longues de 2,5 cm.
1. - Anthocleista. nobilis G. Don VcLoo.- Arbre chou. SY:>~. A.nthocleista parviflora Bak., Anthocleista procera var. umbel/ata et var. parviflora (de Chev.). VERN*.- Wol. fafa; mal,, bamb. deroba iri, foreta dibi, fafa ; dio/a Pogny karil kata assay, karilasay ( = abreuvoir du sorcier) ; diola Diembéreng né vavao atokaren ; dio/a Pte étafa énab ; {loup bufafa enab ( = Papayer de l'éléphant); mandj. bapayot.
Habitat. Epars dans les sols humides de la Casamance maritime, il se rt>ncootre également dans quelques nia:y des environs de Dakar (Sébikotane, Kayar). Emplois.
Caractères remarquables. Arbre de 8 à 10 rn, à écorce claire, à fût élancé, nu, terminé par des ramifications plus ou moins dichotomiques avec un panache de très grandes feuilles (0,40 à 1 rn et plus sur 15-40 cm) réunies en touffes ayant l'aspect caractéristique de gros choux••. Jeunes branches ;avec des stipules à la base des feuilles. Feuilles des jèunes arbres lancéolées, longuement cunées à la base, subsessiles, arrondies au sommet avec un court et large acuh'l.en. Feuilles adultes obovales, allongées, plus larges que les précédentes, groupées vers )'extrémité des rameaux. Cymes dichotomes subterminales de fleurs blanches. Tube de la corolle atteignant 2,5 cm, environ trois fois aussi long que les douze lobes et plus long encore par rapport au calice. Baies subsphériques de 2,5 cm. Habitat. Il n'existe que dans les.sols humides de la Casamance maritime.
Emplois. Les Anthocleista qui ne peuvent en raison de leur port particulier être confondus àvec d'autres genres, sont très utilisés en pharmacopée sénégalaise dans leur aire de dispersion. A. nobilis est surtout recommandé pour le traitement des abcès et des plaies ulcéreuses : applications locales soit de râpure d'écorces fra!ches, ·soit d'un~ pâte confectionnée avec des écorces pilées auxquelles on ajoute généralement au mortier celles de
Newbouldia laevis. En basse Casamance le macéré de racines est considéré comme purgatif, diurétique et antiblennorragique.
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Les guérisseurs qualifiés savent distinguer les deux Anlhocleista et c'est A. procera qu'ils considèrent surtout comme purgatif et même comme purgatif drastique de posologie délicate. Il est communément prescrit dans les cas où une action violente sur le tube digestif est recherchée : c'est ainsi qu'il est indiqué comme cOntrepoison, antilépreux, emménagogue, ecbolique et naturellement comme purg;l.tif proprement dit. Ce sont les écorces de troncs et de racines qui sont actives et utilisées sous forme de décoctés peu concentrés. Quelquefois, pour les adultes résistants, on mélange les k:orces pulpéés (mais après dessiccation) avec l'huile de palme pour cuisiner les aliments des malades. Chimie.
A. procera n'avait pas encore fait J'objet d'études avant 1963, annét- où simultanément Lavîe et Taylor-Smith [L18] d'une part, Plat, Koch et coll. {P4:-j d'autre part, obtiennent à partir de cette espèce un alcaloïde indolique .particulier. la gentianine, ou érythricine, très répandue chez les Gentianacées. Les fravaux poursuivis depuis cette époque par Koch sur des échantillons de Côte • d'Ivoire ont montré que, en fait, la gentianine ne préexiste pas dans la plante mais se forme au cours de l'extraction par action de l'ammoniaque sur un précurseur de nature hétérosidique. Celui-ci a été isolé des feuilles sèches avec un ren•.iement remarquable de 5 p. 100 et identifié au swertiamaroside. ou swertiamarine. hHéroside monoterpénique [Kl-t, K15]. Outre gentianine et swertiamarine, Taylor-Smith a isolé de l'e;;pèc'è nigériane un autre composé cristallisé qui s'est révélé être un acide triterpénique pentacyclique [T37] dénommé anthocléistine [T26, T37]. Dans les conditions du traitement de la plante par l'ammoniaque. lr rendement en résidu alcaloïdique est de 0,08 p. 100 pour les tiges et 0,7 p. 10(1 pour les racines; mais il est surtout important avec les feuilles : 1,1 p. 100 en n'si du alcaloïdique, 1 p. 100 en gentianine cristallisée [K14J. Pharmacologie.
• Les deux espèces .A. nobilis et A. procera sont souvent confondues sous les mêmrs dénominations. Nous donnons, en conséquence pour chaque plante les noms vernaculaires qui nous paraissent les plus spécifiques. •• • Qut• l'on sc représente un pied de tabac huit ou dix fois plu' grand que nature, pla<•é au faite d'un mât de six ou sept mètres, et l'on aura une idée app,oximative de l'elie\ produit sur l'œil du spectateur par cette plante couronnée rl'nne massf"' confuse de verdun~» (G. Schwcinfnrth).
1° 0RGA:-!ES.
Spencer et coll. ont reconnu à J'extrait chloroformiquc d"écon·e e~ à la dose de 220 mg/kg, une activité sur Je paludisne du poussin induit par Plasm ·dium gallinaceum (S95]. :-o;ïckell a recherché san' 1 ~aV :> :ifs le pouvoir ins~cticide des'~ d'écorce [Ff>7].
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE
TRADITIO~·(
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Jremiers travaux réalisés à partir de 1951 par Steinegger et Weibel [S26) sur ianine rapportent des résultats négatifs du point de vue propriétés vitamiriiltimalariques, 'antimicrobiennes. rentes études ultérieures ont pourtant montré l'intérêt de cet alcaloïde. En · lieu sa toxicité est très faible, la DL50 chez la souris étant par voie sous-cuta)00 mg/kg, par voie intraveineuse de 250 à 300 mgfkg [S26], par voie orale de 16] à 1,3 g/kg [TtO]. A la suite de l'administration de doses sublétales aucune ation hématologique, histologique ou concernant l'appétit de l'animal n'a été e [K16]. ion sur la pression artérielle des animaux est manifeste [S26, K16]. Elle ~ vraisemblablement au niveau du système nerveux central : elle peut être te pour des doses faibles ou inhibitrice pour des doses plus importantes, mais tit dans les deux cas par un abaissement réversible de la pression sanguine qui irréversible pour des doses très élevées. mtianine agit aussi sur le cœur isolé de grenouille en inhibant les contractions oses variant de 1/2 000 à 1/330 [S26]. Sur l'iléon de cobaye elle déprime sans la réponse tissulaire à l'histamine et à l'acétylcholine pour des concentrations ()à 1/2 500. mtianine fait preuve d'une action analgésique importante chez le rat [K16]. sont surtout les actions antihistaminiques et anti-inflammatoires qui sont les .éressantes : ection intrapéritonéale de 90 mg/kg protège le cobaye de l'action d'un aérosol nine. Des lapins sensibilisés au blanc d'œuf sont également protégés d'une dose d'antigène. Chez le rat le traitement préalable par la gentianine supprime la tion du bleu Evans administré par voie intraveineuse à l'endroit où la peau reçu une injection hypodermique de blanc d'œuf. tit que l'injection par voie sous-cutanée de 0,1 ml de blartf d'œuf ou de formol au de l'articulation de la cheville de la patte postérieureidu rat, provoque une 1ation de l'articulation qui ne se résout que très lentement. Or, si on adminis. voie intrapéritonéale, de la gentianine à la dose de 90 mgfkg 30 mn avant on de formol, l'enflure de l'articulation est moins importante et disparatt Jidement que chez les animaux du groupe témoin. Dans les mêmes conditions tentales, le traitement préventif du rat par la chloroquine, le salicylate de ou la cortisone, ne prévient pas le développement de l'enflure de l'articulation 1ée par le blanc d'œuf. Pour la protection préventive de l'action du formol, anine est plus efficace que la chloroquine et la cortisone [C24, H24].
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ENTIANINE.
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,ANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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Emplois.
M. hirsuta ne nous a été signalé qu'une fois. en présence d'un peuplement p;resque pur dans un boqueteau voisin d'Oussouye (Casamance). D'.après les renseignrments fournis cette petite plante aurait des proprit'tés nettement analgésiques ~ peut-être même hallucinogènes ? Chimie. On a reconnu aux Mostuea africains des propriétés stimulantes (C20] et deux espèces ont fait l'objet. d'investigations. Dans les racines du M. slimulans A- Chev. du Gabon, Paris et J\lm• Moyse Mignon IP37J o1:1t mis en évidence 0,15 à (),30 p. 100 d'alcaloïdes indoliques, l'un d'eux éta11t très :proche de la sempervirine du Gtlsemium sempervirens. Dans les mêmes organes du J.f. buchholzii Engler, Gellert et Schwarz (G17) ont trouvé deux bases dont l'une est la sempervirine et l'autre, amorphe, étant ..Taisemblablement la gelsémine. Ce sont des alcaloïdes indoliques de fonnule C 42 H 07 0 14N3 pour la gt>lsémine et CltH 16 N 2 pour la sempervirine. · Pharmacolo~ie.
Leurs activités pharmacologiques sont connues et ont été étudiées en France par Raymond Ham et et par Le Hir. Ce sont des :malgésiques, des dépresseurs cardiaques, stimulant la respiration à faible dose et pouYant à doses élevées causer l:a m<~rt par paralysie respiratoire. La sempervirine est beaucoup plus toxique que la gelsémine et, comme l'ésérine, possède une action inhibitrice des cholinestérases nervewses et sériques. La racine de M. stimulaiJS se montre trè;, toxique pour la souris. A la dose de 0,60 g/kg par voie sous-cut::(née, elle pro\'C>que la mort qui survient après une période d'hyperexcitabilité et de c
4.- Strychnos afzelii Gilg .
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lostuea hirsuta (T. Anders. ex Benth.) Baill. ex Bak.
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Coinochlamys hirsuta T. Anders. ex Benth. Floup .busasa.
remarquables.
arbrisseau vivace, très ramifié de 50 cm de haut ; branches hirsutes avec de JilS. . les opposées, obliquement ovales, légèrement acuminées au sommet, arrondies tement cunées â la base. s blanches, tubuliformes, sessiles, solitaires ou peu nombreuses à r aisselle des de 1,5 cm de long ; elles sont entourées par deux bractées vertes, orbiculaires, légèrement acuminées, appliquées l'une contre l'autre. Capsules bilobées, , pubescentes, de 3 à 4 mm de large, cachées par les bractées persistantes.
été rencontré jusqu'à ce jour que dans les forêts guinéennes de la Casamance te où Parinari ercelsa domine en 1wuplements presque purs.
SYN. Strychnos zizyphoides Bak.. Strychnos erylhrocarpa Gilg., Strychnos caryophyllus A. Chev. VERN.- Diola Fogny épuben kélim.
Caractères remarquables. Liane à tiges grêles, poilues, tortueuse;.. at:èignant 10 à 12 rn en s'enroulant dans les arbres ; écorce odoriférante ayant le parfum du clou de girofle. Feuilles opposées de 4 sur 3 cm. très Yariables cOiilme formes et dimensions, plus larges dans la partie supérieure, arrondies. apiculées ou acuminées au sommet, à pubescence apprimée, plus ou moins régulièrt ; une vrille à la base des feuïlles ; limbe obovale ou suborbiculaire. · Courtes cymes axillaires, très fleuries de pttites fleurs de 2,5 mm de long, blanches ou jaune verdâtre, parfumées ; pédoncule;. dt 4 eni environ, pubescents. Fruits sphériques ou subtrigones de 1 cm de diamètre. nuge orangé à maturité, renfermant une seule graine. Habitat. On le rencontre çà et là dans les !>Gquettaux forestiers de la Casarnanœ maritime.
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Emplois.
Chimie. Bouquet dans l'espèce ivoirienne a décelé dans les graines 0,25 p. 100 d'alcaloïdes. La présence probable de Soufre est signalée (B173].
5.- Strychnos spinosa Lam. Oranger de brousse.· Svs. -Strychnos lokua A. Rich., Strychnos /axa Sblered., Strychnos buettneri Gilg, Strychnos spinosa var. pubescens Bak., Strychnos djalonis A. Chev. VERN.- Wol. tôbii, tombii, tôbé, temba, râmbiit; ser. ngoba (Berhaut), ndumbuj, dumbuj ; none gumsay ; mal., b·amb. ngâkolo, kâkoro, kulé kulé, gérégéré; mand. fatakulo; socé patékuley; peul, toue. dâtokuley, dâtokulewi, fatakuley, moreawi, morwawi ; peul du Niani moroali ; dio/a bubatélat (Aubréville) ; diola Pogny kalitémaboy (Aubrévil/e) ; bal. tôddU (Aubrévil/e) ; bain. kidum bum kérkér, darôal; mandj. gingingana (d'après Dalziel) ; mand. piibôté (Aubré!•ille) ; land. gikoler ; bas. âgolit. VuLGO. -
L'indication principale de S. spinosa concerne les maux de ventre et d'intestin, principalement les colites, les entéro-colites et les diarrhées. On donne alors des préparations de racines et d'écorces, quelquefois de feuilles, souvent associées à celles de Cassia sieberiana, de Mitragyna inermis ou de Gardenia divers. La poudre d'écorces, vendue comme stomachique par les marchands de simples de Dakar, est aussi considérée comme antitussive. La poudre de racine est utilisée en association avec d'autres drogues par les Wolof du Cayor et du Niani dans des traitements antisyphilitiques et antivènimeux. Les mélanges en mellites composés avec Cassia et Acacia sieberiana seraient dotés de propriétés diurétiques. Les fruits débarrassés des graines sont de goùt acidulé et prescrits en médecine infantile, de même que le macéré de rameaux feuillés chez ies enfants présentant des retards de croissance, en particulier des retards locomoteurs après avoir atteint l'âge de deux ans. Le même décocté aurait des propriétés antimétrorragiques. Enfin les graines à action émétique sont signalées à la fois comme contrepoison à très faible dose et poison à dose élevée. Chimie. C'est le seul Strychnos poussant au Sénégal a avoir été étudié. Les résultats donnés en fonction des travaux anciens sont malheureusement contradictoires, certains auteurs prétendant qu'il renferme des alcaloïdes, dont la strychnine et la brucine,
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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On ne trouve pas dans la littérature de renseignements concernant la pharmacologie de S. spinosa. Cependant deux résultats sont à signaler. Lofgren et coll., lors de l'étude dont il a été rendu compte ci-dessus, ont pratiqué avec les différents organes de la plante des essais de toxicité qui se sont révélés négatifs sur la souris et le cobaye [L15]. La drogue paratt donc bien atoxique, D'autre part Abbott et coll. ont testé sans résultats significatifs l'activité antitu- . / morale des extraits (A71].
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6.- Usteria VERN.
Habitat.
Emplois.
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Pharmacologie.
Caractères remarquables.
Il existe dans toutes les savanes arbustives ou arborées soudaniennes.
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d'autres au contraire niant la présence de tout alcaloïde. Lofgren et Kinsley en 1942 (L15] n'ont pas trouvé d'alcaloïdes dans les graines, les coques, les tiges, les feuilles de l'espèce de Floride. Une étude plus récente présentant toutes les garanties désirables et utilisant les méthodes modernes de chromatographie bidimensionnelle a été menée par Mathis et Duquenois (M19] sur trois Strychnos africains. Pour le S. spinosa, les auteurs cités ont décelé dans le péricarpe 0,009 p. 100 d'alcaloïde et dans l'ensemble pulpe-graine 0,012 p. 100. Il s'agit d'une seule base azotée de nature encore indéterminée. Cet alcaloïde, à l'état de traces par conséquent, corrobore l'inocuité _du fruit de S. spinosa. Selon Watt [W2) Jouck étudiant la plante en 1905 sous le nom de S. lokua, y aurait trouvé un hétéroside, l'acide loganosique (aglycone acide loganétique ), de l'acide caféiqtie et de l'acide cyasurique, tandis que Wall en 1959 aurait obtenu des tests positifs pour la présence de .navonols et stérols dans les feuilles et les fruits ainsi que pour la présence de stérols dans les lieurs. • Signalons, pour mémoire, que Laurent en 1907 avait étudié les sucres des graines. TI avait trouvé comme sucre réducteur initial 0,60 p. 100 et comme sucre réducteur après action de l'invertine 2,38 p. 100. Pour l'auteur, le sucre est du saccharose (1,70 p. 100}, mais il ne se prononce pas sur la présence d'hétéroside [L44). De leur côté Earle et coll. signalent dans les graines p. 100: matières minérales 1,4, protéines 10,6, huile 4 et l'absence d'amidon, alcaloïde, tanin [E22].
Les feuilles et les racines de cette liane entrent, comme il a été dit à Hugonia planchonii, dans un traitement très réputé du Fogny pour les abcès et les enflures.
Arbuste ou petit arbre de 4-5 rn, à fùt court ramifié près de la base, mais à cime régulière arrondie ; branches raides, contournées, souvent garnies d'épines légèrement arquées, plus ou moins longues ou absentes. Feuilles opposées, orbicUlaires ou largement ovales avec deux nervures latérales arquées partant de la ba,'ie. Petites cymes axillairès de fleurs blanches avec la corolle à gorge villeuse ; lobes du calice de 5 mm de long, pubérulents à l'extérieur, linéaires, lancéolés. Fruits ligneux, durs, 11sses, subsphériques, ressemblant à une orange, de 5 à 7 cm de diamètre, verts puis jaunes à maturité, renfermant de nombreuses graines noyées dans une pulpe acide et sucrée.
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~uineensis
-Dio/a Fogng
Willd. bufé épa; diola Efok
hira.
Caractères remarquables.
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Arbuste sarmenteux atteignant 8-10 rn de haut et plus, très ramifié, à branches verdâtres, glabres, entremêlées. Feuilles opposées, courtement pétiolées, largement elliptiques, obtuses aux deux extrémités, de 10 sur 6 cm, avec 3-4 paires de nervures latérales. Stipules en anneaux à la base des pétioles. Panicules terminales de fleurs mauve sale ou lilas, pubérqlentes ; un lobe du calice plus grand que les autres ; tube de la corolle de 1 cm. Capsules dressées ellipsoïdes de 3 cm de long et 1 cm de diamètre s'ouvrant longitudinalement en deux par le sommet, les deux valves restant attachées à la base. Habitat. On le rencontre dans les taillis secondaires et les boqueteaux de la Casamance maritime. Rare dans les galeries sou daniennes humides (Niokolo Koba. Sénégal oriental). Emplois. Espèce biert connue en Casamance car elle sert à confectionner les cordes pour les ruches. Son emploi médical est réservé aux enfants fébricitants : on choisit de préférence des échantillons bien lianescents pour réaliser avec les branches, feuillées ou non. des petits paquets qu'on jette dans l'eau bouillante et qu'on y laisse un certain temps. Le décocté tiédi est pris en bains et boissons. Chimie. Selon Bouquet la plante ne contient pas d'alcaloïdes [B' 73). .17
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LORANTHACÉES
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VULGO. Guis africains. SYN.- Loranthus bangwensis Engl. et K. Krause, Loran/hus thonningii Sebum. et Thonn. · VERN. Wol. tob., ser. tob dan, tôdâd, tudâd ; mal., bamb. doké, don, namaladé ; peul, toue. tonawi, tonawi ; diola Fogny etâbalad ; bas. édôgo.
Habitat. Se rencontre dans tout le Sénégal. C'est la plus commune des Loranthacées du territoire. Emplois. Au Sénégal ln réputation dont jouissent les tob est extra< n'y a qu'un Tapinanthus bangwensis il y a plusieurs toh en fo
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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Chimie.
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Le T. bangwensis est une plante vivace parasite à rameaux ramifiés et cassants, poussant sur les branches de très nombreux arbres de familles variées où elle forme des touffes compactes glabres. Feuilles opposées, subopposées ou alternes, vertes, brillantes, largement ovales, arrondies ou légèrement cordées à la base, obtuses au sommet, épaisses, cassantes, d'environ 12 sur 7 à 8 cm, avec 1 à 3 paires de nervures latérales ascendantes partant près de la base de la nervure médiane. Fascicules axillaires de fleurs dressées, rouge vif à la partie supérieure. Androcée à 5 lobes de 3 mm réfléchis à l'anthèse. Sommet des boutons ovoïdes, arrondis, non ailés, de 2 mm de diamètre. Petites baies sphériques, vertes puis rouges à maturité, d'environ 5 mm de diamètre, avec les vestiges du périanthe au sommet.
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sonia digitala). Les Tapinanthus jouent un grand rôle dans la médecine magique et leur indication majeure concerne les traitements de la stérilité. L'un de ceux-ci, bien connu dans le Baol, est typique à cet égard car il ne comprend pas moins de cinq Tapinanthus parasites du Tamarindus indica, du Cassia sieberiana, de l'Acacia albida, du Gardenia triacantha, de l'Acacia macrostachya. Ces piantes entières pilées avec les feuilles de Ficus vogelii donnent une pâte qui est cuite avec le fonlo (graines de Digitaria exilis) dans l'alimentation ordinaire de la personne soignée. , Les Tapinanthus interviennent aussi fréquemment dans les traitements de la toux, des voies respiratoires, bronchopathies, pneumopathies, les plus utilisés étant alors ceux de l'Acacia albi da et du Balanites aegyptiaca. Dans le Cayor il nous a été signalé maintes fois un remède des toux spasmodiques et quinteuses, de la bronchite et de la tuberculose réalisé avec le macéré de Tapinanthus d'Acacia albida, Combretum aculeatum et Feretia apodanthera. A un degré moindre, mais encore important, les Tapinanthus font partie de préparations destinées aux malades mentaux, particulièrèment ceux de Bauhinia ru{escens, de Piliostigma, surtout de baobab et de tamarinier. En usage à la fois intqne et externe un des Tapinanthus les plus recommandés est celui de Hannoa undula~a pour la fatigue, les courbatures, les phlébites, le rachitisme. Les traitements médlco-magiques abondent pour l'impuissance, les envoQtements, les différentes manœuvres de smcellerie. Dans ces èas~là on choisit un Tapinanthus d'arbre sacré comme le Prosopis a{ricana récolté avec l'accompagnement habituel de prières; et d'offrandes selon des rites déterminés.
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Caractères remarquabies.
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sitées. Ceci ne va pas sans rappeler le cas du véritable Gui, Viscum album L., pour lequel on admet qu'il peut y avoir des variations dans l'action selon la nature de l'hôte, le gui de l'aubépine, par exemple, étant considéré comme le plus actif, celui du peuplier comme plus toxique que celui du pommier. On conçoit, dans ces conditions, que tous les Tapinanthus soient confondus, mais néanmoins il s'agit presque toujours de l'espèce bangwensis. Ce sont surtout les Wolof qui en font une grande consommation et les plus réputés sont le tobogigis, ou plus simplement tob gigis (Tapinanthus parasite de Bauhinia thonningii), le tob kad (d'Acacia albida), le tob seri (d'Acacia raddiana), le tob sump (de Balanites aegyptiaca), le tob dakkar (de Tamarindus indica), le tob gui (d'Adan-
Famille surtout tropicale dans les deux hémisphères et comprenant une cinquantaine de genres ; elle n'est constituée que par des plantes parasites dont le Gui ( Viscum album) bien connu en Europe. Au Sénégal elle est représentée par cinq genres : Berhautia, Englerina, Globimetula, A,gelanthus, Tapinanthus. Ils se rencontrent sur les branches des arbres, depuis le Sahel jusqu'à la région ·guinéenne incluse. Les feuilles sont opposées, rarement alternes, simples, entières, sans stipules. Les fleurs ont des eouleurs brillantes jaune, roùge, orangé. Les lobes du périanthe sont valvaires, libres 'OU unis en un tube. Les étamines sont insérées sur le périanthe ou à sa base et sont aussi nombreuses que les lobes. L'ovaire est infère. Le fruit est une baie ou une drupe. Certaines Loranthacées semblent ne parasiter qu'un nombre restreint d'espèces. Ainsi Berhautia n'a été observé à ce jour que sur Combretum glutinosum ; à l'opposé Tapinanthus bangwensis est éclectique. Il parasite aussi bien les espèces spontanées ou subspontanées qu'exotiques dans les familles les plus diverses : Casuarinacées, Mimosacées, Moracées, Rutacées, Fabacées, Euphorbiacées, Bombacacées, Myrtacées, Méliacées, Apocynacées, Annonacées, Rubiacées, Sterculiacées, Combrétacées, etc. Une seule espèce figure au droguier et est d'ailleurs inscrite à la Pharmacopée française. C'est le Gui (Viscum album L.) dont les feuilles renferment un principe polypeptidique à action cardiotoxique la viscotoxine, des saponosides triterpéniques, une flavone, etc. Il agit comme hypotenseur, tonicardiaque, antispasmodique vasculaire et augmente la diurèse avec élimination d'urée.
1.- Tapinanthus nanthus spp
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Une étude sur les protéines toxiques des Loranthacées a été réalisée par Samuelsson [S15] de laquelle on peut retenir les résultats concernant sept Loranthus d'origines diverses : Australie, Indes, Philippines, Espagne,·USA. Cinq d'entre eux ne conte·naient pas de protéines toxiques, la toxicité devant alors être attribuée à d'autres constituants. Les deux autres (L. parasiticus et L. philippinensis) contenaient des principes toxiques analogues à la viscotoxine à côté d'autres toxines de structure encore inconnue. La viscotoxine isolée du Gui (Viscum album L.) pa:r Winterfield en 1948, serait d'après Samuelsson un peptide de poids moléculaire élevé de l'ordre de 9 000, renfermant des séquences de 11 amino-acides différents.
52. -
LYTH RACÉES
Famille surtout tropicale représentée au Sénégal par trois genres spontanés et une espèce originaire d'Eurasie Lawsonia inermis (Henné) qui est cultivée dans presque tous les villages. Quelques plantes ornementales de cette famille existent également dans les jardins. Elles ont des feuilles opposée~. sans stipules, simples. Les fleurs ont un calice tubulaire à lobes valvaire>. ks p ·:~· w:1t c!lifTonnés dans le bouton, ovaire supère; ovules nombreux. Le fr: • ·c ont Ir~ her isées dans les n lf• 1ges et lit•ux humidt\S de
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3.- Lawsonia inermis ·L.
l. - Ammania baccifera L.
Caractères remarquables.
Caractères remarquables. Herbe annuelle, glabre, érigée, à tiges quadrangulaires atteignant 60 eni de hauteur, ramifiée. Feuilles lancéolées, atténuées aux deux extrémités ou cunéiformes à la base, sessiles ou presque, longues de 1 à 4 cm. Fascicules axillaires de petites fleurs mauves ; boutons floraux de 1 mm avec 4 protubérances au sommet. Capsules sphériques de 1 à 2 mm de diamètre, calice sans appendices entre les lobes au moment de la fructification.
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
out le Sénégal, sauf le Henné qui préfère les climats et les sols secs pendant une grande oartie de l'année. Cette famille livre un nombre très restreint d'espèces utiles. Deux sont à citer :le -lenné et la Salicaire (Lytrum salicaria L.). Cette dernière connue pour ses propriétés tstringentes, antidiarrhéiques et cicatrisantes figurait au Codex français de 1818.
SYN.- Ammania aegyptiaca (de FWTA tr• édit.), Ammania salicifolia (de FTA), Ammania attenuataHochst. ex A. Rich., Ammània senegalensis (de FWTA 1re édit.). VERN.- Wol. vaken.
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Henné. SYN.- Lawsonia alba Lam. VERN.- Wol. fudôn; mand.
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VuLGO. -
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fudal, fudaley.
Arbuste de 2 à 4 rn, branchu près de la base, très ramifié, à branches grèles très claires dont les extrémités deviennent souvent épineuses. Feuilles opposées, elliptiques ou oblancéolées, acuminées à chaque extrémité, de 3 sur 1,5 à 2 cm, glabres avec 4-5 paires de nervures latérales. Panicules terminales densément fleuries de petites fleurs blan_c crème, parfumées, avec des pédicelles de 2 mm et des bractées feuillées à la base ; 4 sépales, 4 pétales, 4 à 8 étamines. Capsules sphériques de 5 mm de diamètre avec un vestige de style persistant au sommet. Habitat. Il est cultivé dans la plupart des villages du Sénégal, surtout dans la zone sahélienne, moins dans la région soudanienne.
Emplois. Habitat. Il est très commun vers la fin de la saison des pluies dans les mares temporaires et à proximité des marécages. Emplois et action (Voir ci-dessous ;;\mmania senegalensis). f
2.- Ammania sene~alensis Lam. SYN.- Ammania salsuginosa G. et P. VERN.- Wol. vaken. Caractères remarquables. Herbe annuelle, glabre, érigée, à tiges quadrangulaires atteignant 60 cm de hauteur, souvent ramifiée. Feuilles sessiles, de 2 à 6 cm sur 5 à 10 mm, tronquées ou subcordées à la base, atténuées jusqu'au sommet. · Fleurs en corymbes axillaires, subsessiles ou pédonculées de 3 à 12 mm ou plus ; pédicelles ne dépassant pas 2 mm ; 4 pétales violets, caduques ; 4 étamines ; boutons floraux de 1 à 1,5 mm, sphériques, avec 4 protubérances au sommet. Capsules sphériques de 1 à 1,5 mm de diamètre ; calice avec de petits appendices entre les lobes, visibles au moment de la fructification. Habitat. Espèce banale dans les mares temporaires et les rizières en jachères après le retrait des eaux. Emplois et action. Ces deux Ammania sont souvent confondus et sont signalés comme étant dangereux, voire toxiques. D'ailleurs Chopra [C11] classe A. bacci(era L. (en lui donnant comme synonyme A. senegalensis Lam.) dans la catégorie des plantes réputées toxiques aux Indes. Elle est vésicante-âcre par voie interne et produirait alors une sévère irritation et de grandes douleurs. De son côté Reutter [R5] indique qu'aux Indes A. baccifera L. livre au droguier ses feuilles non officinales, très aromatiques, qui se prescrivent comme irritant et comme vésicant dans la thérapeutique hindoue.
Le décocté de feuilles de henné est très utilisé par les femmes en pays Lébou et Wolof pour la teinture des pieds, des mains· et de la tête, mais il reçoit aussi des applications médicinales : en boisson. pour le rhumatisme articulaire et pour les séquelles )le couches laborieuses ou d'avortements; en usage externe pour les foulJues, celles ,des doigts en particulier, et il n'est pas rare de rencontrer des hommes ~ortant des f doigtiers imbibés du décocté ou de pâtes de feuilles ayant la réputation d'empêcher l'ankylose des articulations consécutives à des étirements de ligaments. Chlm.le.
Les feuilles de Henné contiennent 7-8 p. 100 de tanin, 6 p. 100 de lipides, 2 p. 100 de résine, des pigments flavonlques et surtout naphtoquinoniques. Ces demiers (1 à 2 p. 100) constituent les principes actifs dont le plus important est la lawsone ou hydroxy-2 naphtoquinone 1-4 au taux de 1 p. 100 environ. Une deuxième naphtoquinone a été mise en évidence par Latour en chromatographie sùr papier, avec en outre des quantités importantes de mannite (déjà notées par Œsterle en 1923) et des composés flavonoïdes. Latif en 1959 a isolé la vitamine K [C71, L58, L36]. Cox, contrairement à l'opinion admise, estime que les feuilles ne contiennent pas de tanin mais de l'acide gallique (6 p. 100) à l'état libre pour la plus grande partie [C71]. Cependant Latour n'a pas trouvé d'acide gallique a côté du tanin (L36], tandis que Baytop a décelé des tanins condensés et hydrolysables avec en outre des saponosides [B104]. Les fleurs donnent une huile essentielle. Les graines contiennent 5,6 p. 100 d'une huile fixe renfermant 10,5 p. 100 de cire "t d'insaponifiable, 37,7 p. 100 d'acides solides avec une matière colorante. Les acictes de cette huile sont les acides béhénique (1,69 p. 100), arachidique (9,6 p. 100), st<<~ rique (15,78 p. 100), palmitique (9,07 p. 100), oléique (34,66 p. 100) et linoléique (29,31 p. 100) [A81]. La distillation des graines à la vapeur d'eau conduit à l'obtention de. 0,01 à 0,02 p. 100 d'une huile essentielle brune formée à 90 p. 100 d'ionone (1/5 de œ pour 4/5 de ~) [W2, K1]. Pharmacolo~ie.
Le Henné possède des propriétés emménagogues et une action ocytocique très nette attribuée à la lawsone [L36]. Superbi et ses collaborateurs [S25] nnt montré que l'extrait ou l'infusion à 10 p. 100 agissait sur les contractions utérines et estiment que ce serait la seule préparation
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES végétale à posséd('r une action qualitativement semblable aux préparations d'hypophyse. La lawsont possMeralt des propriétés antihémorragiques [A23]. Elle montrerait en outre une actl\1lé bactéricide notable, comparable à celle des sulfamides et de la pénicilline [C23]. Elle aurait aussi une légère activité vitaminique K [L58].
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2. - Rhinopteryx spectabilis Niedenzu SvN. - Acridocarpus hemicyclopterus Sprague VERN. - Bamb. kuru ; diola Pogny budiêg ; bas.
âbata.
Caractères remarquables.
53. -
Sous-arbrisseau à tige annuelle dressée, pubescente, s'élevant à 50 cm de hauteur au"dessus d'une souche rhizomateuse vivace. Feuilles alternes, sessiles, elliptiques, de 12 sur 6 cm, réticulées et pubescentes à la face inférieure, avec 8-9 paires de nervures latérales. Grappes dressées de 30 cm de long, densément fleuries ; fleurs jaune d'or, avec des pédicelles de 2 cm de long, pubescents ; pétales de 1,5 cin de long sur autant de large. Samares à ailes elliptiques, orbiculaires, légèrement pubescentes, de 4 cm de long.
MALPIGHIACÉES
Famille tropicale surtout bien représentée en Amérique et comptant 4 genres au Sénégal. Ce sont des sous-arbrisseaux dressés des savanes soudaniennes (Rhinopteryx), des arbustes sarmenteux guinéens· (Acridocarpus, Flabellaria) et un arbuste de la mangrove (Siigmaphyllon). Elle est caractérisée par la présence de poils sécréteurs spéciaux, rnédifixes apprirnés (poils rnalpighiens) et de stipules intra ou interpétiolaires. Les feuilles sont fréquemment munies d'une paire de glandes à la base. Les fleurs sont très souvent jaunes parfois blanehes ou roses, pentamères obdiplostémones avec un ovaire à trois loges uniovulées. Les fruits sont très souvent ailés. Des arbres fruitiers (Malpighia) sont cultivés dans les jardins. Une seule espèce de cette famille a été étudiée. C'est le Banisteria caapi Spruce, liane de l'Equateur et du haut Amazone utilisé par les Indiens pour la préparation de breuvages excitants, enivrants et hallucinogènes sous les noms de ayahuasca, caapi, yagé. Feuilles, racines et fruits de cette drogue psychotrope renferment un alcaloïde indolique qui, avant que l'on connaisse sa structure, fut diversement appelé télé,Pathine, banistérine, yagéine. On sait maintenant que cet alcaloïde .est,;l'harmine :<: 10H 12 N 2 0 dont l'action comme anesthésique général est inférieure à ,celle de la f cocaïne, mais égale à celle de la novocaïne. Il est toxique pour les protozbaires et les helminthes. Le chlorhydrate d'harrnine trouve ses indications en particulier dans la maladie de Parkinson et les séquelles d'encéphalite. On a signalé aussi ·au Brésil l'emploi d'une autre Malpighiacée Byrsonima cocobifolia H. B. K. dont l'écorce (écorce d'alconorque) serait fébrifuge.
1. - Acridocarpus plagiopterus GuiiL et Perr. SYN. - Arridocarpus hirundo S. Moore. VERS.- Diola Pogny bubiigel, kanama; diola Diembéreng héruy éyol; diola, {loup karab esotébu ; bain. daxundol ; sarak. xalila ; peul daranei. Caractères remarquables. Buisson ou arbuste sarmenteux pouvant atteindre 8 à 10 rn en s'enroulant aux branches des arbres et portant de nombreux rameaux couverts d'une pubescence ferrugineuse. Feuilles obovales; limbes épais, gras au toucher, de 20 sur 10 cm. Grappes terminales de fleurs jaune vif ; sépales de 3 cm de long ; anthères acuminées au sommet. Samares obliquemt>nt oblancéolées, de 7 cm sur 2 cm, rougeàtres, avec les styles filiformes persistants au sommet.
Habitat.
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Existe éparsément dans les savanes arbustives et boisées du Sénégal oriental, de la haute et moyenne Casamance. Emplois. Le décocté de la souche rhizomateuse administré en bains et boissons est utilisé comme parasiticide, particulièrement comme antigaleux.
54.
-/MALVAC~ES*
Les Malvacées constituent une famille cosmopolite renfermant en particulier le cotonnier ( Gossypium). Au Sénégal, on rencontre neuf genres dont les genres Hibiscus avec 16 espèces et Abutilon avec 8 espèces. Elles sont surtout remarquables par la présence de poils étoilés. Feuilles stipulées alternes, palmatinervées, lobées ou divisées. Fleurs grandes, aux coloris éclatants, souvent jaunes avec des taches pourpres à la base des pétales ; sépales valvaires avec ou sans calicule de bractéales ; étamines nombreuses monadelphes sur une colonne staminale. Le fruit est une capsule. Eles sont réparties dans tout le Sénégal : Cien{uegosia est essentiellement sahélien ; les Hibiscus sont ubiquistes. Certaines sont cultivées pour leurs feuilles ou fruits alimentaires. Les fibres sont très résistantes et souvent utilisées pour confectionner les liens. Les Malvacées ne renferment aucun médicament de grande importance. Elles sont dans l'ensemble riches en mucilage ce qui leur confère des propriétés émollientes. C'est le cas de la Mauve et de la Guimauve qui sont les deux seules Malvacées inscrites à la Pharmacopée française. C'est le cas également des Hibiscus en particulie.r le Gombo et l'Oseille de Guinée. Au point de vue industriel on y trouve une plante d'un intérêt considérable, le Cotonnier.
Habitat. Assez commun dans les taillis et boqueteaux de la Casamance maritime. Emplois. En Casamance les différents organes de cet· arbuste lianescent sont considérés comme médicament et la racine comme fétiche chasse-c!iab'~ Le macéré de tiges feuillées est prescrit en bains et boi ons aux enfants comme fortifiant et le décocté aux adultes c:•mme aphrdisiaque.
l . - Abutilon pannosum (Forst. f.) Schlechtend. SYN.- Sida pannosa Forst. L. Sida mu/ica Del. ex DC., A bulilon muticum (Del. ex DC.) Swcet. Abulilon glaucum Webb (de FTA). \'Enx. - Wol. véralay, verlay; sar. kalila, xalila ; loue. puri. • Certaines classifications disting: ·:nt dans k et Bombacé<•s. D'autres font des E ·nba~ét'S to c'est cc dernier point de vue que '' a'''"' a<
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)falvacées trois trib1 famille '' 0 ,rt, h• f té (cf. p, '· ).
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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Caractères remarquables. Arbrisseau de 1,50-2 rn, dressé ou ramifié, densément et courtement tomenteux, à tiges arrondies ou subanguleuses. · Feuilles ovales, arrondies," d'environ 8 cm de long et autant de large, ionguement pétiolées, cordées à la base, acuminées, triangulaires au sommet, doublement dentées, pourvues d'un tomentum blanchâtre sur les deux faces. Racèmes de fleurs ocre-jaune, de 3 à 4 cm de diamètre, souvent par paires et courtement pédonculées ; lobes du calice tomenteux, acuminés. Fruits avec 15-20 carpelles ou plus, arrondis au sommet, pubescents. ·
3. - Gossypium spp. VULGO. - Cotounier, VERN. - Wilol. witen ; ser. linit ; (alor likit (Sébire) ; mal., bamb. koroni ; mand. rutâdâ ; soeé koton do ; sar. kotolé ; peul, toue. ligé, buki, wlten, wuten ; dio!._a eful, buful ; bain. damat ; bas. âgutéré. Caractères remarquables.
Habitat.
Se rencontre éparsément dans la vallée du Sénégal, le Cayor, Baol, Djolof et nord Ferlo ; aussi sur tout le littoral sablonneux. Emplois. A. pannosum jouit auprès des guérisseurs du Walo, du Toro, du Goye d'une bonne réputation en médecine infantile pour les diarrhées et les maux de ventre en général. L'activité reconnue à la plante dans ce domaine est telle qu'elle est, sauf exceptions rares, employée seule. Une guérisseuse du Goye très réputée et spécialisée dans les maladies des femmes et des enfants utilise en fonction de l'état de maturité du végétal les feuilles, les fieurs et les fruits. Ces organes sont pilés avec Solanum incanum, Leptadenia hastata et du beurre jusqu'à obtention d'une pommade dont on donne aux nourrissons des doses fractionnées, incorporées aux bouillies, dans les cas de constipation et de diarc . rhêes vertes. 1 }
l. - Cienfuegosia digitata Cav.
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SYN. - Fugosia digitata (Cav.) Pers. VERN. - Wol. witen u buki ( = colon de la hyène); bamb. goro (Berhaul) ; loue. sitlsittô.
longaré, manin-
Caractères remarquables. Sous-arbrisseau ou herbe légèrement lignifié à la base, vivace par sa souche ; tiges annuelles rampantes ou à peine dressées, glabres, anguleuses, vertes, de 30 à 40 cm de long. Feuilles glabres profondément trilobées ou avec 5 à 7 lobes, à surface couverte de petites ponctuations glanduleuses ; limbe de 4 cm de long et pétiole de 1 à 2 cm avec deux stipules linéaires de 6 mm légèrement pubescentes. Fleurs jaune vif pâle mais rouge au centre, solitaires, axillaires, avec un pédoncule plus long que les feuilles; calicule avec 10 à 12 bractées linéaires; calice à cinq dents de 2 cm glanduleuses à la base. Capsules subsphériques de 1 cm de diamètre. Habitat.
Il est surtout abondant dans les terres compactes de la vallée du Sériégal et du Sahel. Emplois. Cette petite malvacée fait partie des plantes considérées par les Peul-Toucouleur comme espèce toxique pour le bétail. Les graines contiendraient du gossypol dont on connatt l'action toxique sur les animaux•.
• Cf. p. 522.
Les Cotonniers sont des arbrisseaux annuels ou vivaces, lignifiés au moins à la base, généralement dressés, plus ou moins branchus, pouvant attei~dre 2 m. Feuilles alternes, souvent palmatilobées, avec des stipules. Fleurs jaunes ou rouges, grandes, ornementales ; elles sont entourées à la base d'un calicule à trois parties foliacées, plus ou moins cordées ct dentées sur les bords ; gynécée à 5 carpelles. Capsules dressées contenant des graines oléagineuses entourées de longs poils plus ou moins adhénnts qui constituent le coton. Il y a de très nombreuses espèces et variétés culturales originaires d'Amérique et d'Asie, une seule espèce, le G. anomalum, est africaine mais n'a pas encore été signalée au Sénégal. Emplois. La racine astringente a une odeur caractéristique et un gotit âcre. Les femmes wolof utilisent le dérocté en médecine populaire pour les troubles de la menstrUation. L~ guérisseurs sérer recommandent pour les ictères graves, les affections/hépatobi1iaires, des préparations à base -de graines de cotonnier, feuilles de Combretum gluli~ nosum et pulpe de fruit de tamarinier. Les graines après pulvérisation sont, d'autre part, considérées comme un bon. topique des chaneres syphilitiques par les Sarakolé. Les Peul et Toucouleur font usage du décocté de feuilles comme antidiarrhéique. Des guérisseurs du Dirnar font entrer les racines dans des préparations complexes calmantes des états anxieux et. de l'agitàtion délirante. Dans le Ferlo il nous a été signalé l'emploi d'un mellite contre l'impuissance avec la résine rouge prélevée au niveau de l'assise subéro-phellodermique du Pleroearpus erinaeeus, racines de Cassia sieberiana et de cotonnier. Les Socé du !'\iombato donnent quelquefois en boissons aux bébés malades ou rachitiques le macéré de racines. Ils assurent que l'enfant qui prend ce médicament régulièrement pendant un certain temps grossit et prend des forces. Généralités. L'intérêt économique du coton est tel qu'il a donné lieu à de nombreux travaux d'ordre général, mai~ aussi particulier, à difiérents points de vue :systématique pour la botanique, industriel pour ses fibres textiles, alimentaire pour son huile. Nous renvoyons le lecteur aux différents ouvrages et revues spécialisées traitant ces questi~ 1 Citons l'ouvrage d~ Lagière (L41] donnant lesrésultats de la recherche agronomique entreprise par l'IRCT (Institut de Recherches du Coton et Textiles exotiques), le chapitre consacré par Busson ([B9] pp. 288-293) à l'huile de coton alimentaire, les articles de Roberty [R53) et Chevalier (C66] sur la systématique des cotonniers africains. Les poils de coton proviennent de l'assise externe du tégument de la graine. Ils sont obtenus par l'opération d'égrenage avec un rendement de 28 à 36 p. 100. Cette orération laisse comme sous-proù,_ : 66 à 4 p. lOO de graines nues ou vêtues, ces ,. · rnières étant les graines rest""' ~ou v• de fibres courtes appelées linters. En retenant les chiffre~ ', • (hSI peut d~nc dire que la graine est formée 28 à 36 p. lOO de tégt•7 00 d'amande.
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Chimie. 1o GRAINES. Les fibres de coton de. l'assise externe du tégument sont constituées par 90 à 95 p. 100 de cellulose avec environ 1 p. 100 de matières minérales, de petites quantités de pectines, de protides, de cires et des traces de pigments (flavonoïdes, acide chloro~ génique) qui donnent aux fibres leur couleur crème. Une pseudocellulose existe également dans le tégument séminal dont les hydrolysats donnent p. 100 : xylose 79 ; glucose 2,5 ; arabinose 2,5; galactose 2,5 ; rhamnose 0,5; mannose traces; acide uronique 8 [B71]. L'amande fournit emiron 15 p. 100 d'huile et 45 p. 100 de tourteaux. L'huile, semi-siccative, est constituée par les glycérides des acides linoléique (47,8 p. 100), palmitique (23,4 p. 100), oléique (22,9 p; 100), et myristique, myristoléique, palmitoléique, stéarique, arachidique, chiffres moyens donnés par Busson (B9]. Thornton a obtenu, à partir de l'huile brute de graines, des glucosides qui à l'hydrolyse donnent un génol stéroïdique et du glucose [T35]. Les tourteaux délipidés sont riches en protides (97 p. 100 environ de l'azote de la graine étant protidique) constitués essentiellement par des globulines ayant une composition satisfaisante en acides aminés essentiels (cf. [B9] p. 291). Ils renferment aussi, mais en petites quantités, de nombreux pigments flavonoïdes (quercétol, kaempférol, herbacitrine, isoquercétrine, querciméritrine, gossypétine, gossypitrine). Il existe, par contre, un pigment particulier de couleur rouge-orangé en quantité importante (0,4 à 1,2 p. 100) dans l'amande. Il est localisé dans les glandes à pigments et représente 50 p. 100 de leur contenu. C'est un polyphénol à deux fonctions aldéhydiques de formule C30 H 20 0 8 dont il faut savoir, en raison de sa toxicité, qu'il est insoluble dans l'eau, soluble dans les solvants polaires et très instable (se détruisant à chaud).
2° EcoRcE DE RACINE. / Selon f!ilwer et Browning [P92], on trouve dans l'écorce de racine une petite qua~ tité d'huile volatile jaune donnant les· réactions de la furfuraldéhyde et laissant cristalliser de l'acéto-vanillone, un acide phénolique (probablement identique à l'ac. 2-3dihydroxybenzoïque), deux substances phénoliques, de la bétaïne, un phytostér6l, une petite quantité de triacontane, de l'alcool cérylique, un mélange d'acides gras (principalement cérylique, oléique et palmitique), du sucre, un extrait résineux. Les recherches des tanins et alcaloïdes ont été. négatives. Selon Paris elle renferme une résine, du gossypol (1 à 2 p. 100), de la vitamine E, et un principe vasoconstricteur et ocytocique non isolé. Pharmacologie. 1° FEUILLES ET TIGES. La toxicité aiguë est, par ~-oie intrapéritonéale, de 0,1 mg de tiges feuillées en extrait aqueux et de 1 mg en extrait alcoolique pour des souris de 20 à 35 g. Avec le même matériel végétal l'intestin isolé de cobaye est stimulé à la dose de 0,05 mg et l'utérus de rate à la dose de 0,5 mg [F6].
2o GRAISE, HUILE, TOVRTEAt:X ET GOSSYPOL. L'absorption de ramande est dangereuse pour l'homme et l'animal en raison de la présence de gossypol qui est un poison nerveux et cellulaire. Dans le cas de consommation de la graine entière (c'est-à-dire de l'amande avec son tégument) il s'y ajoute un danger supplémentaire constitué par les fibres qui peuvent provoquer des obstructions intestinales. Watt rapporte, en particulier. les travaux de Steyn relatifs à la toxicité des graines, de l'huile et des tourteaux [S92l : la quantité maximum de tourteau (naturel) qui peut être absorbée par un bovin est de l'ordre de 2,5 à 3 kg. Chez les chevaux, Je fort pourcentage de protéines peut a~·oir un effet fâcheux et le maximum toléré par jour est de 450 g pour 450 kg de poids. Au-delà de 1,400 kg pour un animal de 450 kg la mort survient. A l'autopsie, chez le bœuf, on constate des hémorragies des différents organes, du liquide dans la plèvre, le péritoine et le péricarde, hypertropt,;e du foie avec dégénérescence graisseuse, néphrite ;dguë, ."tc. L·· br·mtage par les • dans les champs de coton moissonnés, !lt'll pr "·oq1 ék~ · ·temcnts.
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C'est pourquoi, les tourteaux donnés aux animaux (S92] doivent être débarrassés au moins à chaud de la plus grande partie de gossypol. Le grand problème, lors de l'usinage de la graine pour obtenir des tourteaux propres à l'alimentation animale ou humaine, consiste à détruire les poches à pigments au cours des opérations pour mieux éliminer ensuite Je gossypol libre. Le procédé le plus en faveur actuellement est le • pre pressprocess •, suivi d'une extraction aux solvants qui fait tomber le taux de gossypol à 0,04 p. 100 dans le tourteau alors que dans l'amande brute il est de 0,4 à 1,2 p. 100 (d'après Busson). Selon Clark (C67], la DL100 du gossypol pour les rats par voie intrapéritonéale est de 20 mgjkg, la mort survenant entre 20 h et 13 jours ; la DL50 est de 10 à 20 mgfkg. Après empoisonnement aigu, on constate à l'autopsie un sérum hémorragique avec des gouttelettes huileuses et des plaques dans le péritoine aimi que des états hémorragiques dans tous les viscères, congestion pulmonaire, dilatation cardiaque [C67]. L'intoxication chronique se traduit par des lésions intestinal~s (C67]. Le gossypol provoque également une diminution de la croissance. A ce sujet Tone et Tensen ont montré que chez les rats soumis pendant un mois ou deux à des rations alimentaires riches en gossypol, mais de forte teneur en protéines de qualité, le ralentissement de la croissant<e était en partie levé [T75]•. On connalt les nombreuses applications en médecine, en chirurgie, en pharmacie du coton préparé avec les fibres (ou lints) des cellules épidermiques de la graine. L'huile extraite des graines par expression est l'huile végétale industrielle la plus importante. Après raffinage elle est comestible. Son emploi est considérable aux USA où elle est d'ailleurs officinale. Elle peut être prescrite de la même manière que l'huile d'olive et de paraffine comme cathartique. 3° ECORCE DE RACINE. L'écorce de racine est emménagogue. C'est aussi un hémostatique utérin et. elle produirait des contractions utérines analogue)! aux contractions spontanées de l'accouc,hement, n'ayant pas la forme tétanisante de celles dues à l'ergot de seigle f [P20]. .
4. -Hibiscus asper Hook. f. -Hibiscus cannabinus var. chevalieri Hochr., Hibisws cannabini.!S L. (de FTA). VERN**.- Wol. bisap u ala (=Hibiscus de la forêt). bisapubuki(Hibiscus de la hyène) ; ser. basap a kob, tas a kob (Berhau/) : mand. kuda ; bamb. torida (Berhau/); peul, loue. foléré; dio/a fuges (Berhau/1.
SYN.
Caractères remarquables. Plante annuelle dressée, peu ou non ramifiée, de dimensions très variables, depuis quelques centimètres jusqu'à 2 rn, à tiges rougeâtres garnies de poils tuberculés, piquants. Feuillés souvent digitilobées, mais parfois ovales ou linéaire,. denticulées, sans lobes, pubérulentes dessous. Fleurs axillaires, de 4,5 cm de diamètre, jaunes avec des taches rouge foncé à la base des pétales vers l'intérie'ir ; calice avec de nombreux poils tuberculés, piquants, dressés et éparsément pubescents dans les espaces intermédiaires. Capsules dressées, acuminées avec les poils tuberculés, piquants, persistants. Habitat. Il existe communément dans tout le Sénégal, surtout dans les rél.(ions occupées par l'homme ; moins commun toutefois dans les savanes boisées et forêts sèches du Sénégal oriental. C'est probablement une espèce dégénérée de l' H. sabdari((a.
• Consulter aussi pour le gossypol l'ouvrage de Soliman (!S51], p. 1231. •• Ll'S Sénégalais distlng:Ul'nt très 'lien les différentes esp(•cf~S d'lllbiscc.:s, mais leur donnent souvent un même non• ·.~r:m ·-,.·, '='' -n ·o·1,· nt en qurlque sorte à ct•' .; rh! >:t>n~'•_;
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADC .ONNELLE
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Emplois.
H. asper a deux utilisations particulièrement marquées chez les Peul : l'une thérapeutique, dans le traitement des eczémas avec, en frictions du corps, les feuilles préalablement séchées rapidement sur le feu ; l'autre galénique, comme véhicule mucilagineux dans diverses préparations aqueuses. Cbimle et pharmacologie. Des confusions semblent exister dans la littérature entre H. asper etH. cannabinus L. et c'est ce dernier qui a été étudié au point de vue diététique par Busson [B9) pour le ~igeria, par Toury (T3) pour le Sénégal. D'un point de vue plus général citons également Watt (W2), Chopra (Cll], Hegnauer ((H55] 5) qui ont traité la question de l' H. cannabinus dans leurs ouvrages.
5.- Hibiscus esculentus L. VULGO. - Gombo. SYN. -Hibiscus hi&pidissimus A. Chev. VERN. - Wol. kâda darato ; mal., bamb. gâ, ngâ; mand. daka tâgé ; peul, toue. kâdé ; diola Fogny kunéga.
kâdo; sar.
Caractères remarquables. Plante ligneuse, dressée, atteignant plus de 2 m de haut, à tiges glabres ou pubescentes sans poils tuberculés piquants. FeuilleS' plus ou moins profondément digitilobées, très grandes, pouvant dépasse;t 30 cm d'J'long et autant de large, longuement pétiolées. . ' Fleurs axillaires jaunes et tachées de rouge à la base des pétales ; calice spathiforoie se fendant sur un côté et tombant après l'anthèse; calicule à bractéales linéaires. Capsules longuement coniques, côtelées, glabres ou courtement et densément pubescentes, vert grisâtre, d'environ 30 cm de long. Habitat. Très cultivé dans toutes les régions du Sénégal. Emplois. Les guérisseurs sarakolé de la région de Bakel recommandent aux femmes enceintes la consommation du fruit entier de gombo, cueilli encore vert avant maturité. Ils utilisent aussi le décocté du fruit, cueilli dans les mêmes conditions, pour les hémorragies du post partum (boissons et lavages). En médecine populaire, les fruits sont couramment employés dans toutes les régions pour leurs propriétés émollientes. Chimie et pharmacologie.
FIG. 26.- llibiscu.< ~sculenlus L.- 1. Aspect général, réduit aux 2/3. -2. Détail de l'épicalicc x 2 .... :J. Sommet du pistil ct du tube staminal x 4. - 4. Fruit réduit aux 2/3. -- 5. Coupe tranwersalc du fruit, réduite aux 2·3. - 6. Graine x 4 (D'après
Busson).
L'JI. esculenlus n'\ en fait intéressé jusqu'à présent que les diététiciens et, sans doute, la première analyse est-elle celle de Zegapratiquée en 1900 [Z2]. Le gombo est consommé au Sénégal soit frais, soit sec en poudre et Toury a donné respectivement les résultats analytiques suivants pour ces deux catégories de présentation. Pour 100: eau 88,6 et 1•),7; protides 1,9 et 11,4; lipides 0,03 et 0,7; glucides 8,7 et 69 ; cellulose 1,8 et 20; cendres 0,8 et 8,2. En mg p. 100 g :calcium 70 et 880; phosphore 81 et 400 : fer 1.3 et 34 ; vitamine C 25 et 10; thiamine 0,05 et traces ; ribollavine 0,08 et 0,3 ; niacine 0,70 et 4,3. En mcg p. 100 g : équivalent vitamine A 95 ct 94 [T3[. Les graines donnent 14 à 20 p. 100 d'une huile dont les glycérides sont constitués principall'ment par acides oléiqu<·, palmitique, linoléique et dont l'insaponi fiable contient du sistostérol 1 ~!6:', Seshadri obtenait en r les " ·1rs un composé 1,~, ''rosidique, vraisem-
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADITioNNELLE
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES blablement un 8-glucoside, donnant à l'hydrolyse du glucose et un aglucone identifié à la gossypétine (S172), . Pankajamari, en 1952, confirme ces résultats et signale aussi la présence de gossypétine avec gossypine et quercétine. Dans les fleurs de couleur rose-rouge, les mêmes auteurs isolent des quantités importantes de kaempférol avec un peu de quercétrine, ces deux principes étant sous forme glycosidique [P124). Morris par la technique des rêsines échangeuses d'ions met en évidence un seul pigment flavonoïde [M108). Par hydrolyse partielle le mucilage fournit trois galactobioses, l'un d'eux étant le 4-0-D-galactopyranosyl [A59). • Pharmacologie. Des extraits d' H. esculentus ont donné lieu à différents screenings. Pour l'extrait de fruit on signale une activité antimicrobienne contre Escherichia coli, Staphylococcus aureus (G29} et les bacilles Gram + [N29). L'activité cytotoxique des lipides de la graine du Ghana a été reconnue par Djikman et coll. avec une ED50 de 9,80 !Lgfml [D64).
•
6.- Hibiscus rosa-sinensis L. VuLoo. -
Rose de Chine.
Caractères remarquables. Arbuste de 3 à 4 rn de hauteur, très branclm. Feuilles glabres ou glabrescentes, alternes, ovale~ arrondies à la base, largement aiguës au sommet, crénelées lobées avec trois nerv,ures basilaires ; limbe en moyenne de 11 cm de longueur sur 9 cm de largeur et pétibie de 3 à 4 cm avec des poils polyfides ; petites stipules longuement lancéolées de tO.à 15 mm, rapidement caduques. · Belles fleurs rouges, solitaires, de 10 à 12 cm de diamètre, épanouies, avec 5 pétales ; étamines nombreuses autour d'une colonne staminale de 9 cm terminée par 5 stigmates pédicellés ; double calice à 5 dents triangulaires. Hibiscus rosa-sinensis ne fructifie pas, ou très exceptionnellement, au Sénégal.
1 1
f.
Habitat et emplois. II est très répandu dans les jardins comme plante ornementale souvent traitée en haies. Il ne nous a pas été signalé comme médicinal, mais nous le citons néanmoins en raison de son abondance dans les jardins et des travaux récents dont il a fait l'objet.
Chimie. Wehmer avait signalé anciennement la présence dans la plante de petites quantités d'hibiscétine et Hayashi en 19-14 la présence dans les fleurs de cyanidine diglucoside [H54]. En 1967, V arma et Agarwal (S. L.), obtiennent, à partir de poudre de feuilles, des alcaloïdes et 0,97 p. 100 d'un complexe hétérosidique [V38, A50). En 1971 Agarwal (S. K.) et coll., après avoir mis en évidence des triterpénoïdes, isolent et identifient dans les tiges feuillées l'acétate de taraxéryl et le ~ sistostérol. :\lais, malgré des collectes éthelonnées sur un an et portant sur 60 échantillons de 4 localités différentes situées autour deLucknow, ils ne peuvent confirmer la présence du complexe hétérosidique (AltO]. Pharmacologie. Feng et coll. ont constaté en 1964 que l'extrait de tiges feuillées n'était pas toxique chez les souris par voie intrapéritonéale, qu'il n'agissait pas sur l'utérus de rate ni • Cor ·. lll<•r également l'étude d<• Bonzani Da Silva sur les muci!agcs des fruits d'li. esrulentus [8206]
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FIG. 27.- Hibiscus sabdari{{a L.- 1. Aspect général, réduit au 1 2. - 2. Fleur réduite au 1/2. - 3. Fruit, gr. nat. - 4. Coupe du fruit, gr. nat. - 5. Graine x 4 (D'après Busson).
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADITIONNELLE
sur le muscle strié de crapaud, mais qu'il avait une certaine action sur l'intestin isolé de cobaye et abaissait la pression sanguine du chien [F2). En 1967 Agarwal (S. L.) et coll. pratiquent une importante expérimentation pbar~ macologique sur le complexe hétérosidique des feuilles. Il se montre atoxique par voie intraveineuse chèz les rats à des doses de 100 à 1 000 mg{kg après un temps d'observation de 3 h. Il ne possèdè pas non plus de toxicité chronique pour les rats albi~ nos à des doses intrapéritonéales de 100 mg{kg pendant 15 jours et 2 m<>is et demi. De même, la poudre de feuilles qui a été expérimentée per os à raison de 150 à 200 g par jour, Chez le chien intact et chez le chien soumis à l'anesthésie intrarachidieri:Ie, ce matériel glycosidique s'est révélé doué de propriétés hypotensives et antispasmodiques sur les muscles lisses. Ces résultats semblent dus à la présence -de principes à :octivité type cholinergique et papavérique (A50]. Les extraits aqueux de feuilles de tiges révèlent expérimentalement ~:ne certaine activité anticancéreuse vis-à~vis du sarcome 180 (A71].
SYN.- Hibiscus {urcellaloides Hochr., Hibiscus furcalus Willd. (de FWTA). Wol. bisap u der ( = Hibiscus du cours d'eau); mand., sJcé bidaà; diola, floup bubil; diola fuges esua (Berhaul) ; bain. bagat budin.
Caractères remarquables. Arbuste sarmenteux de 4-a m et plus, à tiges très allongées s'accrochant aux arbres, hispides et à poils épineux crochus. ; Feuilles triangulaires, plus ou moins palmatilobées avee 3 ou 5 lobes ~u profonds, à bords éparsément dentés, d'environ 8 cm de long et autant de large. Fleurs axillaires, jaunes avec des taches rouges à la base des pétales, flx~es à l'extr~ mité de pédcmcules d'environ. 7 cm; calicule à 10-12 bractéoles fourchues; sépales ovales, acuminés. Capsules coniques, acuminées, à sépales épineux persistants. Habitat. Il est fréquent à proximité des marécages et galeries humides depuis Li. Casamance jusqu'à Dakar et aussi dans le Sénégal oriental. Emplois. Le macéré de tiges soigneusement épilées serait très diurétique et a la réputation, en basse Casamance, de soulager les douleurs abdominales d'origines diwrses.
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Généralités.
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-_Oseille de Guinée, Thé r'~e d'Abyssinie, Karkadé. Wol. basap, bisap; ser. fasab; ser. hondo (Berl!aul); niom. basap ; mand., socé da, lomoda, kôta ; bamb. dakumu (Berhaul) ; peul, folérébadi ; diola1tpgny kuges. YuLGO.
YERN. -
La culture de l'Hibiscus sabdariffa, relativement récente puisque de Candolle, en 1885, dans son Origin~ des plantes cultivées n'en fait pas mention, n'était primitivement réalisée que pour l'obtention de la fibre textile fournie par la tige. Sous les noms de Roselle, Red sorrel, Jamaican sorrel, lndian sorrel ces fibres ont fait l'objet d'un commerce important dans ·les Indes et à-Java [H112, K98, K99, W44]. Peu à peu cependant s'est développé, chez les diflérent~s populations productrices, l'usage du calice charnu dans un but alimentaire. C'est ainsi .qu'aux lndes,les sépales épais et suèculents servent à confectionner des tartes, des puddings et une gelée comparable à celle de groseille. Aux Antilles et en Guyane on confectionne également, avec le même organe, du vin, des gâteaux, et une confiture. En 1936, lors de la guerre d'Abyssinie (actuellement Ethiopie), les Italiens utilisèrent sur une grande échelle les infusions théiformes des calices rouges de karkadé, nom sous lequel était connue la plante dans cette région, pour pallier les dangers des · maladies d'origine hydrique, susceptibles d'atteindre les troupes en campagne obligées de consommer des eaux polluées. Cette boisson eut l'heur de plaire aux soldats qui en introduisirent l'usage dans leur pays parmi la population civile. Au moment des sanctions prises par les Britanniques à l'encontre des Italiens, ceux-ci furent privés de thé. Par la suite, l'amour propre national aidant, il n'en consommèrent plus qu'avec réticence. L'emploi du Thé rose_ d'Abyssinie se répandit alors très rapidement dans toute la péninsule et de là gagna l'Europe centrale. Elle y a acquis définitivement droit de cité et fait l'objet-d'une importante demande pour la fabrication de ~ b,..oissons de santé • ou • thés de santé • acidulés et rafratchissants. Emplois.
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Au Sénégal comme dans d'autres régions de l'Afrique de l'Ouest, et sous le nom principal d'Oseille de Guinée, on emploie les feuilles au gotlt acidulé comme légume cuit à la façon des épinards, et comme salade à savtM~r comparable, effectivement, à celle de l'oseille. Quant aux calices de la variété verte, ils sont utilisés dans la confec~on de nombreux plats à base de riz, de mil, de poisson, de viande. On trouve d'ailleurs couramment en vente sur les niafchés les feuilles en bottes et les calices verts, toujours présentés unis aux fruits. Bien que les calices verts soient réservés essentiellement aux usages culinaires, on reconnalt néanmoins que leur introduction dans les préparations alimentaires favorise la digestion et combat la fatigue ainsi que la constipation due à une trop grande consommation de riz. De leur côté, les calices de la variété rose qui se présentent à l'état sec comme de petites languettes charnues de 3 cm de long associées par deux ou trois, sont destinés à l'exportation• et utilisés localement en médecine populaire soulforme de décoctés aqueux comme diurétique, diaphorétique et cholagogue. Ces boissons sont également considérées comme rafralchissantes et tonifiantes ; aussi sont-elles très appréciées des musulmans qui en font une grande consommatijjn pendant la période du Ramadan. Il y a lieu de signaler en outre que la poudre el Je décoeté de feuilles wnt souvent recommandés en usage externe pour les plaies et les blessures.
Les calices charnus frais et secs, tels_ que consommés à Dakar, ont été analysés par Toury au point de vue diététique. Les chiffres donnés concernent respectivement les calices frais et-les calices secs. Il a été dosé p. 100: eau 86,3 et 18,2; protides 1,6 et 8,3; lipides 0,1 et 0,35; glucides totaux 11,1 et 64,2; cellulose 2,5 et 15,8; cendres 0,9 et 8,9. En mg p. 100 g: calcium 162 et 1140; phosphore 60 et 195; fer 3,8 et 31 ; • D'après les renseignements en not:.e possession l ..~P1a~~al a :-01 trente tonnt>s de calice2 ros,:-s d' H· !,isrto sabdariffa princ "" ~r ~>,isse et J\llemagne. L.Par' rn AllemagPc L f"S c~- ,. •.". r··,q , -~';"! t<w ~ lf ~
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Chimie.
Caractères remarquables. Plante annuelle à port de sous-arbrisseau atteignant 1-1,50 rn et ph;s suivant les types de !"espèce et le mode de culture. Tige robuste, verte ou rougeàt~e suivant les variétés, glal!re ou hispide, parfois avec quelques poils tuberculés épineux. Elle porte des feuilles glabrescentes, ovales ou trilobées. . . Fleurs axillaires de 3 à 4 cm- de diamètre caractérisées par un calice a cinq sépales de 3 à 4 cm de long dont la couleur verte ou rouge correspond à celle de la tige et par une corolle à cinq pétales jmnes, mo 1chetés de brun-rouge. A mat'lrité le fruit capsulaire est entouré par l• ·:;,•\1·~e per ,istant devenu charnu. Cette espèce serait origin "Amf \que centrale d'où elle aurai· \ntroduite dans diverses régions tropic 'nde• J 'la, Ceylan, Afrique, A,,·
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Espèce très répandue par culture dans tout le Sénégal.
8. - Hibiscus sabdariffa L.
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Habitat.
7.- Hibiscus rostellatusGuill. et Perr. VERN. -:....
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PHARMACOPÉE SÉKÉGALAISE TRADITIO~NELLE
PLA:--ITES MÉDICINALES ET TOXIQUES
vitamine C 14 et 10• ; thiamine 0,04 et 0,03; riboflavine 0,06 et 0,16; niacine 0,5 et 3. En mcg pour 100 g : équivalent vitamine A 142 et 63 [T3]. Busson a également pratiqué une analyse diététique des feuilles et calices de l'espèce cultivée aux environs d'Abidjan et donne les 'teneurs en éléments minéraux, oligoéléments et acides aminés. Il a d'autre part analysé les graines qui, à l'état naturel, renferment 7,6 p. 100 d'eau et donnent p. 100, à l'état sec: 12 de cellulose, 11,9 d'extrait éthéré, 42,8 de glucides, 22,7 d'insoluble formique, 28,1 de protides et 5,2 de cendres [B9]. Selon des résultats obtenus à Surinam (Guyane) les graines donnent 20 p. 100 d'eau et 13 p·. 100 d'une huile légèrement jaune [A57). Dans les graines de Sicile, Indovina et coll. ont trouvé p. 100 huile grasse 13,57, cellulose 16,8 pentosanes 15,8 et amidon 11,2 ( 117). Tous les organes renferment des acides organiques, mais c'est incontestablement dans le calice, comme le soulignent Réaubourg et 2\lonceaux [R5-1), que ces acides s'accumulent après la floraison pour y atteindre des concentrations considérables. C'est naisemblablement la seule plante dont les calices aussi chargés en acides organiques puissent être assimilés à un fruit et être utilisés aux mêmes usages. A côté de l'acide citrique qui est prédominant (12 à 17 p. 100). on trouve l'acide malique dans des proportions moindres (2 à 3 p. 100) et des traces d'acide tartrique [R.J-1, 117, C68]. Les fleurs sèches renferment aussi des quantités importantes d'acide hibiscique C6 H 100 7 qui est un acide allohydroxy citrique lactone [G55] :selon Griebel23 p. 100, selon Bachstez 15,3 p. 100 dans la drogue mexicaine et 14,6 p. 100 dans la drogue d'Abyssinie. On a signalé aussi de nombreux pigments fla\·onoïdes : gossypétine C16 H 100 8 , hibiscétine c,.H 100 1 , sabdarétine [K1, R58, P96) et hétérosides: gossytrine (gossypétine + glucose), hibiscitrine (hibiscétine + glucose), hibiscine (delphinidine** +glucose +petites quantités aldopentose) [K1, S99, Y4, Y5, R99), Dans les pétales secs, l\lul'ti et coll. ont trouvé en proportions ass.?z importantes une phytostéroline et une cire éthéro-soluble (M62). i Selon Watt ([W2]·p; 739) la racine contiendrait une saponine et de l'acide tartrique.
une large mesure la mobilité du parasite ; il est ensuite recommandé de purger le patient en raison de l'effet relâchant de la drogue sur l'intestin. 4) Dans les affections microbiennes multiples, ses fortes propriétés antimicrobiennes ayant été largement prouvées expérimentalement.
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Par la suite, le même auteur a développé ses recherches sur l'action antibactérienne d' H. sabdarifla. II a en particulier montré l'action inhibitrice in vitro sur les cultures de JHycobaclerium luberculosis et in vivo sur l'apparition de nodules tuberculeux chez le lapin [S9-I[. Il a montré également l'action inhibitrice in vivo d'H. sabdarifla sur des Pas/eure/la, Proteus, Enlamoeba coli, Streplococcus {aecalis etaureus, actions qui furent confirmées in vivo dans les cas d'infection des voies urinaires chez l'homme (S91). Les extraits de calice prêsentent expérimentalement une certaine activité anticancéreuse sur les tumeurs transplantables du sarcome 180 qui, selon Abbott et coll., régressent chez l'animal de 36 p. 100 [A71). Les calices charnus d'Hibiscus sabdarifla constituent donc bien un" thé de santé " dont la consommation ne peut qu'être recommandée et qui devrait même se développer en raison de l'absence de toxicité des préparations et de leurs propriétés bénéfiques indiscutables. Le thé rose peut se préparer soit par infusion, soit par macération avec une cuillerée à soupe de drogue pour 1/2 à 1litre d'eau. La durée de l'infusion est de 5 à 10 mn, celle de la macération 1/-1 d'heure à 20 mn. La boisson obtenue, de couleur rosée agréable à l'œil, de saveur parfumée et de gotit légèrement acidulé peut être consommée telle quelle, chaude ou froide, avec ou sans sucre, avec ou sans zeste de citron. Seule l'addition de lait qui caille en milieu acide est à proscrire (K110).
9. - Pavonia hirsuta1 Gu ill. et Perr. VERN. -
Wo/.
His; ser.
sutur unhon (Berhaut).
Caractères remarquables. Pharmacologie. Les différents principes actifs signalés. concourent incontestablement à faire des calices d' H. sabdarifla une excellente drogue. Réaubourg et :\lonceaux attirent d'autre part J'attention sur la présence du mucilage (comme chez toutes les :\lalvacées) dans les différents organes et particulièrement dans le calice. Ce mucilage, soluble dans l'eau, exerce une action émolliente, et tempère l'action irritante possible sur les muqueuses enflammées des acides organiques. Ce pouvoir" tampon" permet d'envisager une utilisation plus large de la phytothérapie par les acides organiques et en généralise singulièrement les indications [R54). La matière colorante formée par les pigments est très soluble dans J'eau et l'alcool et a été proposée, sans ·réserve, par divers auteurs pour donner aux sirops et liqueurs une coloration naturelle de belle qualité (C142, R107). De Villegas a expérimenté les effets des extraits aqueux sur la teneur en alcool dans le sang de jeunes poulets et il a constaté qu'ils abaissent le taux d'absorption de l'alcool pour une durée de deux heures après l'injection de la préparation. Dans une revue sur la pharmacologie de H. sabdarifla parue en 1962, Sharaf [S93), compte tenu de la faible toxicité de la drogue et des différentes propriétés pharmacologiques qui lui ont été reconnues, retient quatre indications thérapeutiques principales: 1) Comme boisson parfumée et antispasmodique, relâchant les muscles lisses de l'utérus et de l'intestin. 2) Comme hypotenseur, en raison du pouvoir d'abaisser la pression sanguine sans effets surajoutés (décoction ou infusion). 3) Comme breuvage anthelmintique, du fait que la drogue inhibe et arrête dans • Des tt!neurs extrêmement fortes en vitamine C ont été signalées par certains autturs, en particulier par Parri qui donne le chiffre de 5~0 mg p. 100. Ces chiffres sont discutés par Réaubourg [R5J] qui a trouvé 40 mg p. 100 g. •• Outre la delphinidine, Besson et coll. ont isolé la cyanidine. Ils ont égc ''ment réalisé une étude botanique de l'espèce {B211].
Herbe ligneuse à la base entièrement recouverte d'un tomentum jaunâtre de poils étoilés, ou encore sous-arbrisseau généralement prostré, étalé avec, à l'extrémité, des tiges redressées d'environ 40 cm. Feuilles pentagonales légèrement lobées à segments triangulaires, doublement dentés, d'environ 8 cm de long sur autant ou plus de large, avec un long pétiole de 8 cm ; stipules filiformes caduques. Fleurs solitaires ou par 2-3, axillaires, jaunes avec le centre rouge foncé, de 5 cm de diamètre ; calicule à 12 bractées libres. Fruits à carpelles sans arêtes terminales et sans poils réfléchis sur les bords. Habitat. Se rencontre éparsément dans les sables du Cayor et dans le Sahel, généralement en sols non inondables, mais parfois humides à faible profondeur. Emplois. Cette malvacée est très utilisée par les ·wolof, dans le Cayor en particulier, pour la syphilis et surtout les diarrhées. Pour la syphilis il y a simplement lieu de signaler que les racines font quelquefois partie des préparations complexes prescrites dans les traitements du diangara Cayor. Pour les diarrhées, on opère différèmment selon qu'il s'agit des adultes ou des enfants. Les adultes atteints principalement de dysenterie, doivent cuire leurs aliments avec le macéré de racines de P. hirsuta, racines et feuilles de Pergularia extenso, écorces et racines de Grewia bicolor. Chez les enfants atteints de diarrhées, on distingue deux cas selon qu'ils sont encore au sein ou sevrés. Dans le premier cas on donne tous les matins une cuillfW à soupe environ du macéré de racines ; dans le second cas on fait cuire la n racines avec de la farine de mil. Après • 1isson on réalise par mRI:n;: .'._·"clé de racine une pâte homogène dont • in• orpore des dcc· talion de l'enfant.
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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Les auteurs ont en outre extrait des graines une huile semi-siccative (2 à 3 p. 100), des phytostérols, des résines, des mucines, du nitrate de potassium, mais pas de tanin [G108). La présence d'éphédtine, avec d'autres alcaloïdes non identifiés a été confirmée en 1963 par Dutta [D92) mais Barnard et Finnemore n'en ont pas trouvé dans l'espèce australienne [B174).
10.- Sida alba L. Sida spinosa L. Wol. deti nor (Berhaul); ser. mal., bamb. kwaranu.
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADITI[d,ŒLLE
SYN. -
VERN. -
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ndad gor, ndet um nor (Berhau/) ;
Caractères remarquables.
Pharmacologie.
Herbe dressée de 50 cm à 1,75 rn annuelle ou vivace, à rameaux grêles mais ligneux, un peu ramifiés. Fl'uille~ suborbiculaires ou ovales oblongues, de 3 sur 2 cm, avec un pétiole· de 12 mm présentant 2-3 courtes proéminences épineuses à-la base; stipules filiformes de 5 à 7 mm, caduques ; bords des limbes légèrement crénelés. Fleurs blanches ou crème, axillaires, solitaires ou par 2-3, de 1 cm de diamètre, à l'extrémité d'un pédoncule de 1 à 2 cm. Petits fruits coniques vert argenté grisâtre, de 6 mm de long.
Il y a lieu de signaler que c'est par ses propriétés pharmacologiques de base sympathomimétique que l'alcaloïde principal de S. cordifolia a été identifié par Ghost et Dutt à l'éphédrine [G108). ~ Chopra et Premankur ont également vérifié que l'alcàloïde isolé de la drogue avait les mêmes propriétés pharmacodynamiques que l'éphédrine [C121). On sait que l'éphédrine est un sympathomimétique puissant dont les effets périphériques sont analogues à ceux de l'adrénaline, mais ayant sur celle-ci l'avantage d'avoir un effet prolongé et d'être active par voie buccale. Elle est utilisée principalement dans le rhume des foins, l'asthme bronchique, l'hypotension, l'œdème de Quincke, etc. L'activité insecticide des extraits de sommités de fleurs et de fruits est bonne, celle des graines étant encore supérieure [H57).
Habitat. Epars dans tout le Sénégal. Emplois.
12. - Sida rhombifolia L.
Ce Sida nous a été recommandé par un guérisseur bambara de Casamance pour ses propriétés antidysentériques et toniques mises à profit dans diverses asthénies.
VERN. -
(Berhaut). /
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11.- Sida cordifolia L.
Wo/.
witen i buki (Berhaui), ndétanor; ser.
botbot, dado mbal /
Caractères remarquables.
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f VERN.-
Ser.
sutur rôgon (Berhaul); bamb.
bakoiri (Berhaut).
Caractères remarquables.
Plante suffrutescente vivace;atteignant 1,50 rn de haut, ramifiée. Feuilles alternes, rhomboïdes, largement ovales ou elliptiques, arrondies ou tronquées à la base, courtement acuminées au sommet, denticulées sur les bords avec des poils étoilés denses ; blanchâtres au moins lorsqu'elles sont jeunes. Fleurs jaune pâle axillaires, solitaires ou par 2-3, plus ou moins longuement pédonculées. Fruits coniques, verts; de 8 mm de long.
Plante vivace érigée atteignant 1,50 rn de hauteur, plus ou moins ramifiée, densément couverte de poils étoilés. Feuilles largement ovales, crénelées dentées sur les bords, de 3 à 7 sur 3 à 5 cm ; pétiole aussi long que le limbe ; petites stipules filiformes. Fleurs axillaires, solitaires ou groupées vers l'extrémité des rameaux, de teinte jaune orangée ou rosée, de 15 à 20 mm de diamètre ; calice à dents courtes. Fruits généralement à 10 carpelles avec deux soies barbelées réfléchies au somlllet de chacun d'eux.
Très commun dans tout le Sénégal, mais recherche les sols frais dans le Sahel (vallée du Sénégal, pourtour des mares).
Habitat.
Emplois.
Il est irrégulièrement réparti au Sénégal. On le rencontre surtout dans les sols légers depuis le Sahel jusqu'au littoral de la Casamance.
Les feuilles et les écorces entrent dans la composition du fameux remède pectoral de Joal* prôné par les Wolof et les Sérer. En usage externe, les \\'olof utilisent, en cataplasmes, les parties aériennes pilées.
Emplois.
Chimie.
Cette espèce nous a été signalée une fois seulement, et au hasard d'une rencontre, par un informateur qui en ignorait son nom local, comme astringent et antidiarrhéique (racines et feuilles).
La présence d'éphédrine est signalée dans l'espèce indienne par Ghosh et par Dutta [G108, D92), mais les tests concernant la recherche de cette base dans l'espèce australienne ont été négatifs [B174).
Chimie.
Pharmacologie.
C'est l'espèce indienne qui a été étudiée. Selon Chopra, une analyse ancienne pratiquée en 1890, aurait montré la présence d'asparagine (in (C11)) qui n'a jamais été confirmée. Ghosh et Dutt, en 1930, ont extrait de la plante entière 0,085 p. 100 d'alcaloïdes totaux, la graine se révélant quatre fois plus riche que l ~s feuilles. 'ges ou racines. Opérant sur 100 kg de drogue sèche, ils ont obtenu un t" ·lm h 0 '·a '· leal :·
Habitat.
En Australie, les capsules mûres ont été rendues responsables de la mort des volailles par action mécanique [W4). Selon \\'att, un extrait de la plante, connu sous le nom de" mesebé ,, a retenu l'atten· tion Yers 1912 comme remède antituberculeux. 1\fais des rapports contradictoires sur son efficacité l'ont fait abandonner (in [\V2) p. 743). • (
102.
.
534
PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE
TRADITI~,L'fELLE
Hooper et coll. ont constaté que chez la souris, une dose correspondant à 10-20 gjkg de plante fralche (tiges feuillées}, administrée par voie intrapéritonéale, entraine des symptômes ·d'irritation péritonéale (tachypnée, ataxie, crispations et dépression) quelquefois suivis .. de mort. Toutefois l'injection intraveineuse rie produit pas de réactions [H17]. A une dose correspondant à 5 g de plante fralche par litre de bain, on ne constate pas d'effet sur le duodénum isolé de lapin. Mais sur l'iléon isolé de cobaye dans un bain à 13 g par litre, on observe une réduction de 75 p. 100 des contractions acétylcholiniques et de 20 p. 100 des contractions histaminiques [ H17). On peut admettre, dans ces conditions, que la droguecontientdes substances à activité type acétylcholine èt histamine. Abbott et coll. ont expérimentalement trouvé avec des 'tumeurs transplantables une activité anticancéreuse intéressante. Pour le sarcome 180 les réductions pondérales des tumeurs sont de 36 p. 100 avec les extraits aqueux de tiges èt de feuilles ; pour le carcinome du poumon de Lewin elles sont de 46 p. 100 avec les extraits aqueux de racines, tiges, feuilles èt inflorescences [A71).
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FJ.imille tropicale et subtropicale constituée par des espèces qui au Sénégal statiopnent exclusivement dans les marécages. Les Marantacées sont des plantes fVivaces à feuilles distiques, dressées ou,sarmenteuse, partant d'une souche rhizomateuse. Le limbE' est large, souvent terminé abruptement au sommet avec un mucron arqué et arrondi à la base. Les fleurs sont hermaphrodites, irrégulières avec des bractées. Calice et corolle sont peu différenciés. L'ovaire est infère. Le fruit est une capsule souvent triloculaire ou uniloculaire ; il est parfois charnu. Il y a deux genres au Sénégal : Thalia est le plus largement répand,u, J1arantochloa est localisé en Casamance maritime. On rencontre quelquefois dans les jardins Maranta arundinacea L. originaire d' Amérique tropicale, cultivé comme plante ornementale. Cette espèce est, en fait, la seule bien connue pour son rhizome riche en amidon qui fournit l'arrow-root des .-\ntilles.
1.- Thalia geniculata L.*. SY;.;.- Thalia caerulea Rild. YER~ -Dio/a Fogny fuyayâb. Caractères remarquables. Plante herbacée vivace, dressée, glabre, atteignant 1,75 rn, à tiges spongieuses. Feuilles ovales, acuminées, de 30 sur 15 cm, à nombreuses nervures latérales arquées remontant le long des bords; longs pétioles de 10 à 50 cm. Panicules terminales lâches de lleurs bleu violacé ou mauve, de 10 à 15 mni de long, entourées à la base par des bractées lancéolées, acuminées, de 1,5 à 2 cm de long. Capsules oblongues, arrondies aux cieux extrémités, de 1 cm de long sur 7 mm de diamètre. Habitat. Il est localisé dans les maréea~es de la Casamance maritime ainsi que dans quelques galeries et bas-fonds, également marécageux, de la région soudanienne. • 1\ouveau nom prioritaire
Thalia welwilschii Ridl.
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
56. -
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55. - MARANTAC~ES
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Emplois. Les feuilles et racines de cette espèce entrent dans des traitements antivenimeux du Fogny avec ~·ewbouldia laevis et Telracera alnifolia. Des extraits des sommités de la plante ont été testés par Hcal ct coll. sans résultats significatifs au point de vue action insecticide [H57).
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MALVACÉES BOMBACÉES (Voir BOMBACACÉES)
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MÉLASTOMATACÉES
Famille tropicale représentée largement en Afrique occidentale avec vingt et un genres, mais pauvrement au Sénégal où l'on n'en compte que quatre: Dissotis, Osbeckia, Tristemma, 2Hemecylon. Ce sont des herbes, parfois des arbustes ou de petits arbres (Memecylon). Les feuilles sont opposées, sans stipules, souvent avec 2 ou 4 nervures très proémhientes s'insérant à la base de la nervure médiane. L'androeée comprend des étamines à filets courbés et des anthères s'ouvrant par des pores. L'ovaire est généralement infère. Le fruit est une capsule ou une baie. Au Sénégal, les Mélastomatacées recherchent les sols humides. Elles sont d'origine guinéenne mais Osbeckia et Dissotis existent encore dans les niay aux environs de Dakar. Memecylon stationne en Casamance. Cette famille qui comprend pourtant 3 000 à 4 000 espèces, surtout américaines, n'a encore livré aucune drogue à la matière médicale.
l. - Dissotis senegambiensis
SvN.- Osbeckia senegambiensis Guill. et Perr., Osbeckia S(1Xicola Gilg (de · A. Chev.). Caractères remarquables. Herbe ou sous-arbrisseau dressé, ramifié, de 50 cm de haut, à tiges annuelles qua' drangulaires s'élevant de racines légèrement tubérisées ou drageonnantes. Feuilles poilues de 3 sur 1,5 cm trinervées à la base. Racèmes terminaux de fleurs roses ou mauves pédonculées. Fruits contractés, sous le sommet, avec des sépales caducs et 10 côtes finement poilues. Habitat. Assez fréquent dans les lieux humides de la Casamance maritime, les. galeries sou daniennes et à proximité des niay de Dakar. Emplois. Cette espèce est signalée comme n'étant pas consommée par le bétail. De ce fait, elle est considérée comme suspecte.
57. -
MÉLIACÉES
Famille tropicale représentée au Sénégal par cinq genres : l\.haya, Trichilia, Pseudocedrela, Carapa, Ekebergia. Ce sont des arbres à bois odoriférant. Feuilles composées pennées ou imparipennées, alternes, sans stipules. Fleurs régulières, hermaphrodites ; étamines à filets soudés en tube ; ovaire supère de 3 à 5 loges. Le fruit est une baie ou une capsule. Les graines peuvent être ailées.
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADI!.LINNELLE
Le Khaya senegalensis est commun en Casamance et le long des galeries soudaniennes. Il a été planté jusqu'au bord du fleuve Sénégal, mais ne s'y multiplie pas naturell«.·ment. Trichilia se rencontre dans les savanes boisées et arbustives. Pseudocedrela occupe çà et là les savanes. Carapa et Ekebergia sont souvent localisés en Casamance mais se rencontrent également dans les galeries forestières. L'importance économique de la famille des Méliacées est due au fait qu'elle fournit des bois précieux parmi lesquels les Acajous d'Afrique sont bien connus. Par ailleurs les espèces médicinales y sont rares et on ne les mentionne que pour leurs usages en médecine populaire. Les écorces sont souvent amères et considérées alors comme toniques et fébrifuges. Quelquefois même, en Matière médicale, on range les espèces répondant à ces critères dans une catégorie particulière dite des Méliacées fébrifuges. Il a été mis en évidence dans les formes amères un groupe de corps chimiques nouveaux dont la présence est caractéristique dans la famille des Méliacées. Ce sont des triterpénoïdes dégradés auxquels Ekong, Bevan et Taylor ont donné en 1965 le nom de méliacines [B89).
1.- A:t;adirachta indica A. Juss. VULGO. - Nirn (Indes), Neem (vulgo anglais et Pharmacopée indienne), .Margose, Lilas des Indes. SYN. -Mefia azadirachla L., Melia indica (A. Juss.) Brandis. VERN.- Wol. nim, neem, dimi buki ( = dim, ou Jujubier de la hyène), dim i tubab ( = Jujubier de l'homme blanc) ; mand., socé tubabo tôborô ( = Juju- · bier de /'homme blanc). /
Caractères remarquables.
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Arbre ne dépassant pas 10 à 12 rn au Sénégal, mais pouvant atteindre ·25 ni dans son pays d'origine. Fflt droit ou légèrement contourné ; écorce profondément striée, fissurée ; cime ample, arrondie, lâche. Feuilles alternes, paripennées avec environ 7 paires de folioles très asymétriques à la base ; folioles subsessiles, de 10 sur 3 cm, lancéolées, falciformes à dents aiguës, irrégulières, avec un côté cuné, un autre côté arrondi à la base et un sommet très longuement acuminé. Panicules axillaires glabres, très fleuries. Fleurs blanches avec pédicelles de 1,5 cm ; colonne staminale d'environ 4,5 mm. Drupes ovoïdes de 1,5 cm de long, glabres, jaunes· à maturité, contenant une graine. Habitat. Originaire des Indes, il est de plus en plus cultivé au Sénégal où il donne satisfaction pour les plantations urbaines. Emplois.
Azadirachla nous a été signalé une fois dans le Ferlo par un guérisseur manding comme diurétique et antiblennorragique (feuilles et écorces) en associations avec Acacia nilolica var adansonii . . Par contre, dans la presqu'He du Cap-Yert, il jouit d'une grande vogue qui serait d'origine récente et due au fait que des voyageurs ayant vu vendre la drogue sur les marchés de Côte-d'Ivoire, l'auraient signalé aux marchands de simples de Dakar qui se sont mis également à la vendre. Ce sont les feuilles qui sont recommandées en décocté pour le paludisme, les œdèmes, les rhumatismes et les écorces pour le diabète. Chimie. 10 FEUILLES. Selon Henry, les feuilles contiendraient un alcaloïde libre, la paraisine (in [H20] p. 781).
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PLA:-J"TES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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Basaka y a signalé la présence de quercétine et de (3 sistostérol [8192). Dans les feuilles fralches. Ekong et coll. ont isolé une méliacine qui est une lactone dénommée nimbolide [E20, E40). Aux Indes, Basu a trouvé que les teneurs en vitamine C et en carotène dans les feuilles variaient selon leur état de développement, les formes juvéniles étant toujours les moins riches. Les teneurs pour 100 g de feuilles vont de 300 mg à 500 mg pour la vitamine C et de 1 250 !Lg à 7 500 Jl.g pour le carotène [B49]. 2° GRAI:-;'ES. Les graines fournissent3l p. 100 environ d'huile bien jaune, au goût désagréablement âcre, riche en soufre (0,427 p. 100). Roy et Chatterjee en ont retiré en 1921 une substance jaune très amère, des résines, des glycosides non définis et des acides gras. Précédemment ils avaient obtenu à partir de l'huile un acide dénommé • acide margosique • dont les sels, presque blancs, solubles dans l'eau sont extrêmèment amers (in (Cll] p. 360). Puis Watson et coll. obtiennent, toujours à partir de l'huile, un principe amer formé de deux substances, l'une amorphe, l'autre cristallisée. Cette dernière, dénommée • margosopicrine », est isolée plus tard (1938) par Chatterjee qui lui assigne la formule C11 H,.O,OH-COOH, 3 H 2 0 (in [CU) p. 361). Selon l'analyse de Hilditch et Murti, l'huile contient principalement de l'acide oléique (61,9 p. 1001 avec acides palmitique, stéarique, linolique et arachidique (in [CU) p. 361). •' . Après une étude de Qudrati Khtida qui isole de l'huile diverses substances dont un glycoside amorphe la margosine C.SH,8 0 10, Siddiqui met en évidence en 1942 tro's nouveaux principes amers : la nimbine (0,1 p. 100), )a nimbinine (0,01 p. 100) et ':a nimbidine (1,1 p. 100) (in [Cll) p. 361). · Les travaux récents de Arya [A.54], de Narayaman [N15, N16] et coll. ont permis de djterminer la formule C 30 H 6 ~0 0 et la structure triterpénique de la nimbine. ; . Dans les substances qtii représentent environ 2 p. 100 de l'huile, Mitra a extrait et 4!tudié la nimbine. C'est un ester d'origine terpénique. Avec les alcalis cabstiques il donne néonimbidine, acide nirri!}idiqtie et le principal produit de l'hydrolyse, l'acide nimbidinique. Ce dernier acide donne des sels plus stables et plus actifs que la nimbidine [M58). On a encore isolé des graines un autre triterpénoïde dénommé salannine C,,H,,O, dont la structure a été élucidée [H98), ainsi qu'une méliacine la gédunine, avec la 7-désacétylgédunine (du type de l'azadiradion), l'époxyazadiradion;l'azadiron [L95], la meldénine C2;H38 0., le nimol, la désacétylnimbine, l'azadirachtine (in [H55] 5, p. 423). 3° FLEURS. Les premières études poussées.sur les fleurs datent de 1947. Elles sont l'œuvre de Mitra qui après avoir dosé les cendres (6,3 p. 100) isole successivement un glycoside la nimbostérine (ù,05 p. 100), le nimbostérol qui est le génol du glycoside (0,03 p. 100), une llavone la nimbicétine C 15 H 6 0 2(0H), (0,05 p. 100), le nonacosane C..H80 (0,01 p. 100), une huile essentielle sesquiterpénique (0,5 p. 100) et une fraction huileuse (0,35 p. 100), principalement composée des acides palmitique et oléique avec de petites quantités d'acides stéarique, oléique, linolique, béhémique et arachidique [M23). En fait la nimbicétine de Mitra est un flavonol identique à la tétrahydroxy 3-5-7-4' llavone ou kaempférol [Kt), le nimbostérol est un corps identique au (3-sistostérol et la nimbostérine est le (3-D glucoside de (3-sistostérol [B24]. 4° FRUITS. Le fruit fournit 44 p. 100 d'une huile dont on peut obtenir 35 p. 100 par pression. Chatterjee en a isolé la margosopicrine qui communiquerait à l'huile son odeur particulière (in [Cll) p. 361). Selon Henry le fruit contiendrait aussi un alcaloïde, I'azaridine (in [H20) p. 781). 5° TIGES ET ÉCORCES. Les premières études sur l'écorce furent celles de Cornish qui, en 1856, y trouva en petite quantité un alcaloïde amer dénommé margosine. Par la suite, Brougton, en 1873, n'obtenait aucune réaction positive pour la présence d'alcaloïde et considérait
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADITI(
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RECHERCHES PARTICULIÈRES SUR L'ESPÈCE IXTRODUITE
Pharmacolo~ie.
A l'occasion d'expérimentations cliniques (sans résultats probants) de l'huile de neem èomme anthelmintique, Caïus et Mhaskar ont constaté chez les sujets traités à la dose de 4 drachmes (environ 25 g), des diarrhées, des nausées et des malaises gén~ raux (in [C11] p. 363). A. indica est un remède réputé pour les affections de la peau et les sels de l'acide margosique ont des propriétés antiparasitaires reconnues. Envisageant son action possible contre les spirochètes, Chatterjee a expérimenté le margosate de sodium dans le traitement de la syphilis. En solution, à des doses variant de 0,01 à 0,325 g, ill' a utilisé par voie sous-cutanée, intramusculaire et intraveineuse dans les syphilis primaires, secondaires et tertiaires. Dans les syphilis primaires et secondaires, les lésions initiales et les manifestations secondaires disparaissent plus vite que dans les cas non traités. Dans les syphilis secondaires tardives et tertiaires les lésions de la peau, les gommes, etc. subsistent encore. Cependant les résultats sont moins satisfaisants que ceux obtenus avec les arsenicaux, les bismuthiques. les mercuriels, les iodures (in [C11] p. 363). Des travaux plus récents fournissent des renseignements sur différents domaines de l'activité de la drogue : Spencer et coll. ont testé, sans résultats positifs, les écorces dans le paludisme expérimental [S95]. Heal et coll. ont trouvé pour les feuilles et les rameaux feuillés un léger pouvoir insecticide [H57]. Plus intéressants sont les résultats de Abbott et coll. sur l'action anticancéreuse. Expérimentés sur l'animal contre le sarcome 180, les extraits aqueux de racines et ceux de feuilles réduisent les tumeurs transplantables dans le rapport de 100, pris comme unité de contrùlc à, respectivement 65 et 61 chez les animaux traités [A71]. Au Nigeria Oladele ,\rigbahu et Don-Pedro ont étudié l'action d'un extrait aqueux titrant 1 g de feuilles par ml. Cet extrait donne une réponse sur l'intestin isolé de cobaye, contient une substanec de type histaminique et exerce, par voie intraveineuse, sur la pression sanguine du chien, une augmentation initiale suivie' ·une diminution prolon~él' avec accélération de la respiration 1029].
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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Touloucouna (du nom Wolof). Carapa guineensis Sweet ex A. Juss., Carapa louloucouna Guill. et Perr., Carapa gummi{lua C. OC., Carapa uelutina C. OC. Carapa microcarpa A. Chev. VERN. Wol. tulukuna: mal., bamb. kobi ; dio/a bukunum (Berhaut) : mand. tulukuno ; dio/a Fogny burénay, mukir (l'huile) ; dio/a Diembé reng muto nay ; dio/a E{ok, {loup kubunabu ; bain. tifuri sikan ; port. créole kola amarga ; bal. kané. VuLGO.SY~.
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Caractères remarquables.
E~ AFRIQUE DE L'OUEST.
Des études sur l'espèce introduite en Afrique occidentale ont été entreprises au Nigeria par El Said [E16], Ekong [E15] et leurs collaborateurs. El Saïd a retrouvé les principes amers tétra-nortriterpénoïdes : nimbine, nimbidol, etc. ainsi que de la résine et du t~nin. Il a de plus isolé, sous forme solide amorphe et de couleur brune, un alcaloïde non mentionné jusqu'à présent. Cet alcaloïde bien que différent de la quinine donne pourtant une fluorescence bleue en lumière ultra-violette ainsi que toutes les réactions caractéristiques de cet alcaloïde. El Saïda troùvé aussi que le sommet de l'arbre donnait une réaction positive pour les tanins qui appartiennent au groupe des phlabotanins. Ekong a obtenu la nimbine dans les écorces avec un rendement très faible [E19]. Par contre, il a isolé deux méliacines nouvelles mais apparentées : la déacétylnimbine et une lactone appelée • nimbolide » [E20]. Deux autres composés nouveaux, les nimbolines A ~t B, qui sont toutes deux des· cinnamates de méliacine, ont été isolés du bois de trône avec en outre la fraxinellose et la gédunine [E19, E41]. i
:.•
2.- Carapa procera DC.
que le principe amer de Cornish, présent dans l'écorce, était une résine très difficile à obtenir à l'état pur ([Cll] p. 361). A partir de 1949 Chatterjee, Mitra, Siddiqui donnent une orientation nouvelle aux recherches. Ils isolent de l'écorce de tronc nimbine (0,04 p. 100), nimbinine (0,01 p. 100) et nimbidine (0,4 p. 100), mais ne trouvent pas de nimbidol. Sont également présents dans les tiges et écorces de racines : nimbostérine, sugiol ou 9-cétoferruginol, désacétylnimbine, ~-sistostérol (in [H55] 5, p. 6). L'écorce contient encore le nimbiol C 12 H 2 ,0 2 qui est un hydroxyméthyl oxopodocarpanne (in [1\118]) ,ainsi que la salannine [H98] Une huile essentielle (0,02 p. 100), dotée de l'odeur caractéristique des fleurs, a été obtenue à partir de l'extrait pétroléique de l'extrait alcoolique (in [ C11] p. 362). 6°
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Arbre de 15 à 20 rn au Sénégal, à fO.t court, trapu, ramifié à quelques mètres audessus du sol ; écorce rugueuse, foncée ; frondaison serrée, épaisse, ovoïde, donnant beaucoup d'ombre ; extrémité des branches retombantes. Feuilles alternes généralement paripennées, groupées vers l'extrémité des rameaux; rachis pouvant atteindre 2 rn de long, mais normalement 50 cm, avec 5-15 paires de folioles oblongues, de 20-30 sur 10 cm, grasses au toucher, glabres, vert foncé sauf les jeunes feuilles qui sont rouge ";r. Fascicules de panicules axillaires de 30 à 50 cm, glabres ou pubescentes nvec des petites fleurs blanches ou blanc rosé, parfumées ; pédicelles grêles, pétales de 5 mm orbiculaires ; tube staminal de 4 mm, denté au sommet. Fruits subsphériques de 15 cm de long sur 12 cm de diamètre, avec 5 lignes méridiennes grossièrement proéminentes limitant les cinq ·Valves. Chaque fruit contient 15 à 20 graines brunâtres subsphériques, d'environ 3 cm de diamètre à faces de contact aplaties et à angles arrondis. 1
Habitat. i Il est commun en Casamance maritime oii il est conservé et planté près des villages: Spontané dans les forêts guinéennes, il est rare da·ns les galeries soudaniennes.
Emplois. Toutes les parties de la plante, et aussi l'huile extraite des graines, possèdent l'amertume marquée de nombreuses :\léliacées utilisées pour cette raison, comme fébrifuge en médecine populaire. Les rameaux feuillés et les écorces passent pour ichtyotoxiques. Le décocté d'écorce est couramment donné en boisson comme fébrifuge, béchique, tonique, purgatif, vermifuge ; en bains contre la fatigue générale, les courbatures, les rhumatismes, les éruptions cutanées. Additionné des écorces et fruits de Telrapleura tetraptera. il est signalé comme antiseptique. On retrouve les mêmes indications pour l'huile qui est considérée en outre comme antihémorroïdaire en applications loco dolenti (avec un traitement interne complémentaire à base de Moghania {aginea). Les Casamançais, surtout, en font grand usage par voie interne et externe. L'huile fait d'ailleurs partie de l'arsenal thérapeutique des alaka (chirurgiens diola), qui après leurs interventions en enduisent d'abord les membres du malade et pratiquent plus tard des massages pour faciliter les mouvements de rééducation.
Chimie. L'huile de touloucouna, obtenue à partir des graines, est un mélange de corps gras fluides et solides ; de ce fait sa consistance est fluide dans les pays chauds, mais plus ou moins solide dans les pays froids et tempérés. Selon Dalziel ID4!le rendement des graines est de 60 p. 100, ou plus, en huile brute avec environ \l p. 100 de protéines, 3-4 p. 100 de résine, une gomme. des matières minérales etc. Selon Lecoq le rendement en huile est de :lü à 40 p. 100 pour! es graines entières, soit 58 ù 1>:~ p. lOO pour les amandes [L20]. mc contient p. 100, La gomme brute exsudée des ti~!''' ,Je l'espèce de ' d'après les analyses de Cole: l,lix ,, ère··: m'nir ·le· ote, 1,84 de groupes
1
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540
PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADITI( . .;rELLE
acétyl et 2,23 de groupes alkoxyL Cette gomme est formée d'acide glucuronique, D-galactose, L-rhamnose avec des unités labiles de L-arabinose comme composants majeurs et, sans doute, xylose et ribose en très faibles quantités. De ce fait, elle présente une composition similaire à celles des gommes du-groupe des Acacia (C132). Au siècle dernier, de grands espoirs furent fondés sur les " Méliacées fébrifuges • et Eugène Caventou après le Cai1cédrat• étudiait en 1859 l'écorce de C. procera. Il obtient 0,14 à 0,16 p. 100 d'une. substance amère analogue au cai1cédrin, qu'il appela touloucounin [C31] correspondant, d'après les résultats de la combustion, à la formule C20 H,.O,. D'autres recherches ont été pratiquées ensuite par Mme Moyse-Mignon [:\126] sur les écorces d'origine casamançaise (Bignona). Il en a été retiré 0,40 p. 100 d'un principe amer non azoté. celui-là même qui avait été signalé par Cavéntou sous le . nom de touloucounin, mais dans un état plus pur et mieux défini, sous forme de poudre blanche. Il donne les mèmes réactions colorées que' le caïlcédrin et sa dilution aqueuse est encore amère au 1/50 000. Au point de vue chimique il présente les caractères d'un composé non saturé, renfermant des fonctions lactone, phénol et méthoxyle. Les écorces renferment encore 19,50 p. 100 de matières minérales, 12 p. 100 de tanins et 0,6 p. 100 de substances lipidiques extractibles par l'éther de pétrole. A partir de l'huile retirée des graines, et dont les principales constantes sont données par l'auteur, il a été séparé à l'état impur environ 2 p. 100 d'une substance amère analogue au touloucounin des écorces. En 1963 Bevan et coll. [B25] à partir d'échantillons récoltés à Ibadan (Nigeria) obtenaient une substance cristalline C2,H 310 7 dont l'étude chromatographique montrait son analogie avec la substance B du Cedrela odorala, triterpénoïde du groupe de la limonine. En 1965 avec Arène, les mêmes auteurs l'ont dénommé carapine et établi sa structure de type bicyclononanolide [A95]. Notons que sur cinq réactions classiques de caractérisation des alcaloïdes Popp et coll. ont obtenu, pouf/les écorces d'origine libérienne, une seule réaction positive avec le réactif phosphpmolybdique [P102]. De leur côté, les tests pratiqués par Bouquet sur les feuilles et écorces de l'espèce congolaise sont négatifs pour les alcaloïdes comme pour les terpènes, mais positifs pour les saponosides [E210]. Pharmacologie. Po pp et coll. ont étudié sans résultats significatifs l'action antipaludique et anticancéreuse des extraits d'écorce. Ils ont à cette occasion constaté là toxicité sur la souris à la dose de 1,28 g/kg d'animal {P102).
3.- Ekebergia senegalensis A. Juss. Charia chevalieri C. DC .. Ekdergia chevalieri (C. DC.) Harms, Charia indeniensis A. Chev., Ekebergia indeniensis (A. Chev.) Harms, Sorindeia dœringii EngL et K. Krause, Ekebergia dahomensis A. Chev. VERN.- Wol. xartoy, karkôy, kartey, harkey; ser. hartoy, gotakoy; mal. kunâ kunâ ulé, kunâ kunâgé (Aubréville); mand. muso iro (Aubréville); bamb. gumi (Aubréville); dio/a bukuluf (Berhaul), bufab (Aubréville). SYN. -
Caractères remarquables. Arbre de 10 à 12 rn, à fùt droit, avec un empattement à la base. Ecorce lisse, grisâtre, puis rugueuse et écailleuse chez les vieux sujets. Cime ovoïde, large. Feuilles alternes, avec 4 à 7 paires de folioles vert glauque, oblongues elliptiques, asymétriques et cunées à la base, acuminées au sommet, de 8 sur 3,5 cm ; rachis aplati à la face supérieure vers la base. Panicules axillaires pubérulentes, plus courtes que les feuilles. Fleurs blanc verdâtre ou jaunâtres, sur des pédicelles de 2 mm; calice cupuliforme pubérulent; pétales de 5 mm de long, pubescents; 10 étamines monadelphes. Drupes sphériques, glabres, rouges à maturité, de 1,.5 cm de diamètre. • Cf. Partie historique, p. 41.
1
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
341
Habitat. ll est rare et épars au Sénégal où il se rencontre pourtant dans toutes les rtgions : Casamance, Sine-Saloum, proximité des nia y de Dakar, Sénégal oriental. ~e semble pas pénétrer dans le Sahel. Emplois. A part une indication d'origine bambara comme fébrifuge. toutes les autres émanent des Sérer et surtout des Wolof. L'écorce et la poudre d'écorce sont vendues sur le marché de Dakar comme ar.ti, blennorragique et stomachique (une bonne dose de poudre dans le premier cas, t:ne forte pincée dans le second cas prises dans le lait frais le matin à jeun). Néanmoins, bon nombre de guérisseurs considèrent que les différentes parties du végétal sont toxiques, car on aurait utilisé autrefois les racines et les écorces comme ingrédient de poison d'épreuve. Dans le Walo, la racine figure parmi les traitements de la stérilité ; elle entrr également dans des traitements d'exorcismes et de maladies mentales. Dans le Cayor, on la retrouve prescrite comme antisyphilitique et antilé;>reuse, tandis que dans le Sine, elle est utilisée comme contrepoison (avec le lait) et aphrodisiaque. On la considère, en outre, comme étant dotée d'un grand pouvoir magiquf'.
Chimie.
1
i.
Paris et Mme Moyse-Mignon [P52) ont retiré des racines un principe amer analogue au caTicédrin du Khaya senegalensis. Bevan et coll. ont poussé plus avant la recherche des principes amers, et, dans la forme cultivée en Nigeria du Nord, ont mis en évidence deux méliacines dénommées ékébergalactones B et C (B89). 1 Ils en ont également isolé la méthyl-4-méthoxy-8 cou,Uarine C 11H 100 3 [Blï5]. Pharmacolo~ie.
Paris et coll. ont expérimenté sur le cobaye la teinture de feuilles au 1/5 dans l'alcool à 70o dilué au 1/2 : à la dose de 5 ml, elle amène chez les animaux de la somnolence et de la flaccidité. D'autre part la macération aqueuse de feuilles stupéfie les poissons rouges iCarassius auranlius) et les tue à des doses correspondant à 1,50 g de plante sèche pour 500ml de liquide [P52). La recherche de l'activité antimicrobienne des écor_ç_es de tige sur les organismes Gram + a donné des résultats positifs pour Sarcinea lulea et Slaphylococcus aur~us, négatifs pour Mycobaclerium phlei {M 130).
4.- Khaya senegalensis (Desr.) A. Juss. VuLGO. - Cailcédrat, Acajou du Séné~al, Quinquina du Séné~al. SYN. - Swielenia senegalensis Desr. VERN. ~ Wol. kail, xail, hail, kay; ser. garin, garin, ngarin, ngarin; mme ay ; mal., bamb. daia ; mand., socé dalo ; peul, loue. kail ; diola Fogny bukay, bukayabu ; dio/a Séléki bugunun ; bal. famé (Aubréville), lakuna (d'après Dalzie[), sabmé, fabné; bain. tiray ; mandj. bêtem, mintf'; land. gates, gases ; bas. ates ; kon. ater ; créole bisilon. Caractères remarquables. Grand arbre de 25 à 30 m. à fO.t généralement court et trapu pou,·ant dépa~;.er:! rn de diamètre avec un faible empattement à la base. Ecorce grisâtre foncé ou ferrugineuse, écailleuse. Cime bien équilibrée, ovoïde, dense. Feuilles glabres, principalement paripennée~ (roupée" vers l'extrémité des branches; rachis de 25 cm d "'Df/ av~,- ·: '• 7 pa: f······· :.ppn,t
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542
(
PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TR' JIONNELLE
Habitat.
Il existe dans toutes les régions du Sénégal. Spontané en Casamance, Sine-Saloum, galeries soudaniennes, Sénégal oriental et environs de Dakar (Ban dia). Il est planté dans les villes du Sahel. On trouve de très beaux et.vieux spécimens dans la vallée du Sénégal (Richard-Toll, Podor), mais il ne s'y régénère pas. Emplois. Le Cailcédrat occupe une place prépondérante parmi les autres Méliacées amères et jouit en médecine populaire d'une réputation inégalée de fébrifuge et de tonique capable de donner le coup de fouet aux individus fatigués. Il est couramment utilisé comme antipaludique ; d'où le nom de quinquina du Sénégal qu'on lui donne quelquefois•. Il y a lieu de signaler en outre une autre utilisation populaire, fréquente, mais non avouée, celle d'abortif. Les guérisseurs emploient le caïlcédrat aux mêmes fins sous forme de macéré ou décocté d'écorces, mais dans une gamme plus variée dïndications s'étendant à de nombreux domaines de la pathologie (lèpre, syphilis, blennorragie, varicelle) et basée essentiellement sur les propriétés purgatives de l'écorce. Dans quelques' cas, par exemple pour la lèpre et la syphilis, la varicelle, le traiteme11t externe va de pair avec l'interne et on ajoute alors des feuilles aux préparations.' Un informateur baïnouk nous a signalé qu'ayant à ~a disposition de nombreux autres purgatifs aussi actifs, il n'utilisait pas le caïlcédrat comme tel, mais le réservait exclusivement au traitement de la sén;:scence (macéré d'écorce et de feuilles) en raison des résultats satisfaisants obtenus dans ce domaine. K. senegalensis est généralement prescrit seul, mais on trouve des associations avec Guiera senegalensis et Cassia sieberiana comme excito-sécrétoire, antivomitif, antiblennorragiquè, avec Afzeliq-«.fricana comme anti-entéralgique.
La première étude-concernant le Caïlcédrat date de 18-19. Elle est due à Caventou E. qui ne peut y trouver d'alcaloïdes, mais isole, à partir de l'écorce, 0,08 p. 100 d'une piero-résine non azotée et incristallisable qu'il dénomme caïlcédrin. Il y décèle en outre une matière grasse verte, une matière colorante rouge, une matière colorante jaune, du sulfate de chaux, du chlorure de chaux, du phosphate de chaux, une gomme, de l'amidon, de la cire et une très petite quantité d'essence concrète obtenue par distillation d'un macéré aqueux d'écorce [C95, C96). Quelques éléments d'information sont donnés par la suite dans une thèse de Duvau [D78), une note de Delacroix à l'Académie des Sciences indiquant la constitution de la gomme de tronc forméè d'arabanes et de galactanes [079), une note du Bulletin of Imperial Inslitule signalant, de nouveau, dans les écorces l'absence d'alcaloïdes et « l'impossibilité d'y caractériser un glucoside ou aucune substance neutre résineuse ou cristalline» et ajoutant qu'elles renferment 10,3 p. 100 de tanin et une quantité de substances du genre des tanins, rouge-brun, instantanément solubles dans l'eau et ayant le goflt amer de l'écorce (in [M26]). · En fait, il faut attendre 1939-1942 avec les recherches de Paris et Mm• MoyseMignon pour trouver une poursuite des travaux de Cawnlou [P52, M26). Ces recherches concernent précisément l'espèce sénégalaise**.
• Cf. Partie historique, p. ~1. •• L'étude morphologique et histologique d'échantillons du Sénégal est faite dans la thèse de Mm• Moyse-Mignon [.\126].
543
Dans. les feuilles sèches Mme Moyse-:\lignon trouve 2 p. 100 de saccharose, un principe amer, mais pas d'amidon en quantité appréciable. Les écorces à 10,25 p. 100 d'eau, donnent à l'analyse p. 100: matières solides totales 22,36, matières solubles 18,05, non tanins 8,83 et tanins (uniquement catéchiques) 9,22. L'auteur a également dosé 10,4 p. 100 de cendres riches en oxalate de calcium (avec ions, chlore, carbonique, sulfurique, phosphorique, magnésium, potassium, calcium, sodium et, à !"état de traces, fer, aluminium) et 0,5 p. 100 de substances lipidiques avec des stérols dans I'imaponifiable. La présence d'une saponine acide est signalée et le principe amer caïlcédrin est obtenu avec des rendements variables: 0,90 p. 100 dans les écorces de tronc de Dakar et de Bignona; 0,40 p. 100 dans celles de Bambey. Les écorces de branches en contiennent également, mais à des taux inférieurs : 0,30 p. 100 dans les échantillons de Bignona. • Pour Mme Moyse-Mignon le caïlcédrin est un mélange de deux composés non saturés renfermant dans leur molécule un oxhydryle phénolique, un groupement méthoxylé et une fonction lactone [M26). Puis, de nouveau, le Cai~cédrat tombe dans l'oubli faute de pouvoir mieux élucider la nature des principes amers. Toutefois en 1958 Féréol isole le nimbostérol (ou ~-sis tostérol) et son glucoside la nimbostérine [B13.'i) tandis qu'en 1959 Polonsky et Lederer obt-iennent à partir de l'écorce 0,0-1 p. 100 d'uri pigment jaune identifié à la diméthoxy-2,6 benzoquinone [P137). Mais c'est seulement à partir de 1963 que la lumière a pu être faite sur la nature des principes amers grâce aux recherches, toujours en cours, de l'équipe nigériane avec Be~·an, Powel, Taylor, Ekong, Adesogan, Adesida [B25, B89, A83, A45, A97]. A partir d'échantillons d'origine nigériane, ces auteurs isolent les principes amers et en déterminent les structures. L'aboutissement de leurs travaux les a conduit à l'obtention de toute une série de corps nouveaux apparentés, bien définis, appartenant au groupe de la limonine : ce sont des triterpénoïdes à fonctions lactones ou époxydes et cycle fur4'nique, susceptibles d ·exister .sous différentes formes dans les organes de la plante. t. Dans l'état actuel de nos connaissances ot peut considéfer que ces corps sont répartis comme suit {A45, A97):
oblongues elliptiques, obtuses aux deux extrémités ou rourtement cunées à la base, de 9 sur 2,5 cm, avec 8 à 10 paires de nervures latérales. Fascicules de panicules axillaires de petites fleurs tétramères, exceptionnellement pentamères ; calice vert ; pétales et étamines blancs ou blanc crème ; stigmate jaune. Capsules ligneuses à 4 valves (très rarement 5) sphériques, de 5 cm de diamètre, brunâtres à maturité et contenant de nombreuses graines plates ovales rectangulaires, ailées tout autour. ·
ChÎmiè.
PLANTES MÉDICI~A.LES ET TOXIQUES
"'
Ecorce : 7-déacétyl-7-oxogédunine : angolensate de méthyle ; méthyl-6-hydroxyangolensate ; 3-destigloyl-6-déoxy-3 ~. 12 (3-diacétoxyswieténine. , Cœur du bois : Mexicanolide ; khayasine ; 3-deisobutyryl-3-~-tigloyl-oxykhaya sine ; 3-deisobutyryl-3 f3 benzoyloxykhayasine ; angolensate de méthyle; 7-déacétyl7-oxogédunine 3-destigloyl-6-deoxy-3 3 ; 2 ~-diacétoxyswieténine et senegalensate de méthyle (dont la structure est encore inconnue). Graine : Khivorine ; 3-déacétylkhivorine ; 7-déacétyl-7-oxokhivorine ; 3, 7-didéacétyl-7-oxokhivorine ; 3-destigloyl-6-déoxyswieténine ; 3-destigloy-3 (3-aeét'oxyswieténine. Racine : Khayasine. Ecorce de racine : Méthyl-6-hydroxyangolensate*. Les résultats de ces travaux confirment en outre la non-existence d'alcaloïdes, mais la présence de nimbostérol dans les écorces et d'une huile dans les feuilles. Dans le même temps la gomme a été particulièrement étudiée par Aspinall et coll. [A19, A20, A104). Elle est formée de deux composants polysaccharides. Le composant principal donne à l'hydrolyse un mélange d'acides aldobiouroniques, les acides uroniques ·rhamnose-galactose pyranoside et galactose-méthyl glucopyranoside. Le composant mineur est formé de trois acides aldobiouroniques, glucopyranosyl uronique galactose. Dans les feuilles Plouvier a mis en évidence le D-pinitol [P161).
• L'abondance de tous res principes, dar." l'ensemble voisin les uns des autres, s'explique par les variations constatées dans les échantillons de régions différentes. Aussi, en raison juslt•mcnt de cette abondance. les auteurs propOS<'nl-tls l'adoption d'un système de nomenclature basé sur la reconnaissance d'un noyau commur -;-uî seor;tit dénommé méthylméliacate.
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544
PHARMACOPÉE SÉNÉGAL\. ISE TRAr( / ONNELLE
Pharmacolo~ie.
Les recherches pharmacologiques concernent d'une part la drogue (écorces) et d'autre part le complexe dénommé caïlcédrin. Elles ne présentent plus qu'un intérêt historique et quelques orientations de recherches. Il est" en effet évident que l'identification des amers chimiquement bien définis, récemment décelés dàns la drogue, va permettre aux pharmacologistes d'entreprendre dans les années à .venir des études poussées sur les principes responsables du pouvoir curatif du • Quinquina du Sénégal"· 1° LA DROGUE. Divers essais d'applications thérapeutiques ont été tentés au cours de la deuxième moitié du siècle dernier et" nous. empruntons à Moyse-Mignon le rapide h.isterique qu'elle en fait [M26]. Duvau, dans sa thèse soutenue en 1856 [078], signale que la poudre d'écorce a été utilisée dans le pansement des ulcères atoniques. Rulland, médecin de marine, fait des essais à l'Hôpital de Gorée sur l'extrait mou de Caïlcédrat employé, à la dose de 1 à 3 g par jour, contre les fièvres intermittentes. Il obtient de bons résultats et l'administre égalèment contre les diarrhées, la dysenterie chronîque ; il préconise le vin de Caïlcédrat comme succédané du vin de Quinquina, la poudre de Caïlcédrat contre les stomatites et le:; ulcères•. A Paris, à l'Hôtel-Dieu, .Moutard-Mart~~i_e-~r trois.fébrit'ltimts J'extrait mou de Caïlcédrat à la dose de 1,25 g par joûi:~btient de bons résultats. Les résultats obtenus paraissent pourtant avoir été contradictoires, et, quelques années plus tard, en 1858, Soubeiran écrit : • Aujourd'hui, ni à Brest, ni à Cherbourg, non plus que sur la Côte occidentale d'Afrique on ne fait plus aucun emploi de cette substance. Les successeurs de M. Rulland n'ont pu obtenir de résultats aussi satisfaic sants que ceux qu'il avait annoncés. L'extrait de Caïlcédrat est entre leurs rnajns un médicament infidèle. Le Caïlgdrat est un tonique amer ayant à un haut degré les propriétés des végétaux de cette classe. Jusqu'à présent on n'a pu reconnaltré à cette espèce, aucune propriété réelfement fébrifuge • [S142]. Cependant le Codex français de 1866 mentionnait le Caïlcédrat dallS la ·Iilite des drogues simples d'origine végétale. Les travaux de Moyse-Mignon ont montré que le macéré àqueux d'écorces au 1/10 n'a aucune action sur le poisson rouge et que la teinture au 1/5 dans l'alcool à 70°, diluée au 1/2, et injectée par voie intraveineuse au chien, même à raison de 5 mlfkg, ne provoque aucun ph~omène d'intoxication. D'autre part les différentes préparations ne sont pas hémolytiques [M26]. Enfin· en 1969, Malcolm et coll. ont détecté une certaine action antibiotique des extraits aqueux de tige vis-à-vis de Sarcina lutea et Staphlyococcus aureus [M130]. .
(
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
.)45
thermique justifie déjà dans une certaine mesure son emploi comme fébrifugE:. Il appartient maintenant aux pharmacologistes de s'attacher à la recherche des ]Jropriétés des principes définis nouveaux extraits par les chimistes des différents orgft.nes de ce grand médicament africain.
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5. ~ Melia azedarach L. Vt:Loo. -Lilas de Perse, Lilas du Japon, Orgueil des Indes. VEnx. - Ser. sâ~omar .(Berhaul).
Caractères rematquables. Petit arbre originaire des Indes et de la Birmanie atteignant 10 à 12 rn de hauteur, à écorce gris brunâtre, fissurée longitudinalement. Feuilles alternes tripennées avec 3-4 paires de pinnules principales et 3-5 paire~ de secondaires, ces dernières trifoliées à la base ; foliolules dentées sur des bords, très longuement acuminées au sommet, asymétriques à la base. Lâches panicules axillaires presque aussi longues que les feuilles ou des dépassant. Fleurs à 5 pétales mauve pâle ou blancs ; sépales avec des poils étoilés à l'extéritur. Fruits sphériques ou. ovoïdes de 15·mm de longueur, jaune doré à maturité et reniermant une graine ovoïde à 5 côtes. Habitat. Il est cultivé dans
quelq·~~s i't~Iins du Sénégal mais n'est pas très répandu. 1
Emplois.
l
f
.'1. azedarach qui ne doit pas être confondu avec Melia azadirachta• ne nous a pas été signalé comme espèce médicinale et il n'y a là rien d'étonnant puisqu'on ne le rencontre pratiquement que dans les jardins comme plante ornementale introduite. Cependant, les propriétés insecticides et vermifuges des écorces et plus encore des fruits sont connues aux Indes depuis la plus haute antiquité. D'autre part, divers auteurs signalent son utilisatiop courante_tant en Afrique du Sud [W2] qu'en Afrique de l'Ouest [D4] et, au Nigeria ·en particulîer, l'écorce est très estimée comm.e antr.elmintique [07, E15]. Etant donné en outre l'intérêt de l'espèce nous.donnons ici à son sujet quelques renseignements récents d'ordre surtout bibliographique.
Chimie.
2°
LE PRINCIPE AMER « CAILCÉDRIN BRUT
•* *.
Les essais du caïlcédrin brut ont montré que les solutions étaient assez toxiques pour les· paramécies qui sont tuées en 20 minutes à la dose de 1/10 000. Injecté par voie intraveineuse le caïlcédrin n'est pas toxique pour le chien (chez lequel il ne produit qu'une légère hypotension), ni pour le cobaye. Injecté chez le cobaye par voie sous-cutanée ou intrapéfitonéale à la dose de 0,05 gfkg, il a une action hypothermisante particulièrement nette chez l'animal mis en état d'hyperthermie expérimentale (par le 1-2-4-dinitrophénol), l'abaissement de température Qiuvant atteindre 2 à 3° par rapport au témoin [l\126]. · · · 3°
LES PRINCIPES AMERS DÉFINIS.
Il serait étonnant que la réputation extraordinaire de cette drogue en médecine
traditionnelle sénégalaise ne soit pas fondée. La mise en évidence de son action hypo• Dujardin-Beaumetz ([03] p. 395) signale qu'on prescrivait la teinture à 250 g p. 1 000 d'alcool, le vin. à 120 g de teinture pour un litre de vin et le sirop. Caventou, ajoute-t-il, avait proposé de remplacer ces préparations par l'extrait aqueux qu'il vaudrait miiJUX à son tour remplacer par l'extrait alcoolique, le caïlcédrin étant insoluble dans l'eau. •• Sous cette dénomination il faut entendre le Caïlcédrin obtenu par Paris et Moyse-Mignon à l'état brut et non fractionné en ses deux composants.
On peut considérer dans l'état actuel de nos connaissances que les principes is(•iés de Jf. azedarach sont notamment les suivants : - Les nimbolines · · · t B avec fraxinellose et gédunine dans le bois de tronc [E41]**. - Deux triterpènes tétracycliques du type tirucallol : mélianol et mélianone, ce dernier corps de formule C, 0 H 400, étant le 24,25-époxyfilindissonne [L45, L46]. - Bakalactone, •omposé cristallisé C 02 H 26 0 4 comprenant dans sa molécule un groupe méth;Yt'ène dioxy. Décelée dans le bois de cœur [N45]. , - Saponine [P163]. -:- Alcaloïde : 0,08 p. 100 dans les racines ; 0,04 p. 100 dans les écorces (in [H55: 5, p. 66). - Acide vanillique et d 1 catéchol, da'lls les parties corticales [024]. - Quercétine, kaempféroJ" et acide caféique (in [H55] 5, p. 62). • Le nom Jle/ia azadirachla est synopyme de Azadirachla indica. Cf. p. 536. Il y a lieu. ~ar conséquent, de faire ext.,..èmerncrt attention aux nombreuses confusions qui existent dan~ la lit!.érature au sujet de i rat~}-f,r in rita rt de JI elia azedarach. · • · f. A:adirachlc:
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Ont été également signalés : - Dans l'écorce: un composé cristallisé en aiguilles de formule C9 H,O, [T53]. - Dans les feuilles de la variété subtripinnata: rutine et kaempférol 3-4-rhamnoglucoside (A82]. Les graines analysées par Earle donnent p. 100: 2,12 d'eau, 3,4 de cendJOes,"30,4 de protéines, 44,7 d'huile. Test pour la présence d'alcaloïde positif. Ni amidon, ni tanin (E22]. Avec les graines de l'espèce japonaise Hirao et coll. ont obtenu 4,7 p. 100 d'huile composée des glycérides des acides saturés caprylique, caprique, laurique, myristique, palmitique, stéarique et des acides non saturés oléique et linoléique [H107] L'étude chimique de l'huile et des non gras des graines a été faite également par Patwardhan et coll. [P136). . La gomme de Lilas de Perse renferme : arabinose, fucose, galactose, acide glycuronique. L'acide osuronique qui a été identifié est le glycuronosido-4-galactose (in [B71)). . Pharmacologie. La toxicité des fruits, et à moindre degré des autres organes, est signalée par de nombreux auteurs et Watt passe. longuement en revue dans son ouvrage sur l'Afrique du Sud la littérature parue à ce sujet ([W2] pp. 747-749). Selon Chopra, les symptômes de l'intoxication chez les chats, les chiens, les moutons se traduisent par de la paralysie et de la narcose [Cll). Selon Gardner, il y a peu de cas d'empoisonnements dans les conditions naturelles et ce sont les porcs qui semblent être expérimentalement les animaux les plus sensibles [G57). Toutefois, Carratala relate le cas d'un enfant de trois ans décédé quelque~ jours après avoir consommé des fruits (C65). Les propriétés anthelmintiques de la drogue sont reconnues [Cll]. Toshihira :-lakabaYaski a trouvé que le composé cristallisé auquel il attribue la formule ÇoH 8 0, a up:e action anthelmintique semblable à la santonine [T53]. :· Selon Taginuchi l'acide vanillique mis.en évidence par Okahara montré in vitro une action anthelmintique contre Ascaris suilla et Hymenoleptis nana alors que les _autres constituants de la plante ne révèlent aucune action [T72]. D'ailleurs, les propriétés insecticides de M. azedarach ont été largement démontrées. Citons à ce sujet les résultats convaincants obtenus expérimentalement par Heal sur la Blatte allemande, la punaise de laiteron et Aedes aegypti avec les extraits de fruits, de feuilles, de tiges, d'écorces. Ces résultats permettent de classer M. azedarach au premier rang des drogues insecticides [H57]. • Les extraits de la drogue exercent même une action répulsive nette sur les insectes. Yolkonsky en Algérie a montré que les extraits de feuilles, lorsqu'ils étaient aspergés sur les végétaux céréaliens habituellement dévorés par les criquets, faisaient fuir ces acridiens. L'action acridifuge est déjà manifeste avec des extraits aqueux à 0,1 p. 100 de feuilles sèches. La concentration prohibitive est de 2 p. 100 pour le criquet pèlerin et de 5 p. 100 pour les autres espèces. Ces extraits n'exercent aucune action sur les animaux supérieurs et ce procédé efficace de protection des cultures a été préconisé [V20, V24]. Chauvin a extrait des feuilles la substance répulsive, qu'il nomme " méliatine "• sous forme d'une poudre très amère (rendement de 3,5 p. 100). Cette "méliatine "• analogue dans toutes ses propriétés au "cai!cédrin » du J(haya senegalensis en diffère par son comportement vis-à-vis des criquets : en suspension dans l'eau et vaporisée sur des feuilles de scarole placées à l'étuve à 35°, elle prot~ge celles-ci complètement de l'attaque du· criquet pèlerin alors que les feuilles témoin sont complètement dévorées [C94]. Bhola Nath a signalé que les extraits aqueux réduisaient l'intensité des crises d'asthme [N45]. Les extraits de feuilles, écorces; graines révèlent des activités antibiotiques vis-àvis des bacilles Gram-, des bactéries et des mycobactéries (in [N2!l)). Des extraits de fruits ont été testés au point de vue propriétés anticancéreuses par Abbott et coll. sans réS'llltats nettement probants quoique une diminution du volume des tumeurs du sarcome 180 et de l'adénocarcinome 755 ait toujours été constatée (de l'ordre de 35 p. 100) chez les animaux traités [A71]. La recherche de l'activité antimalarique des extraits d'écorce n'a pas donné de résultats significatifs [S95].
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6.- Pseudocedrela kotschyi (Schweinf.) Harms SvN. - Gedre/a kotschyi Schweinf., Pseudocedrela chevalieri C.. OC. VERN. - Ser. savor (Berhaut) ; bamb. zêzà, zêga, lôbo, zéléza (Aubrlville) ; mand. daliiro ; bas. apêgwêgé.
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Caractères remarquables. Arbre de 10 à 12 rn, à fût droit, cylindrique ; écorce grisâtre, fissurée ; cime ovoïde, allongée, peu développée. Feuilles composées groupées vers l'extrémité des rameaux, rachis dé 20 à 25 cm de long, avec 6 à 8 paires de folioles de 12 sur 5 cm, ovales-oblongues, asymétriques, irrégulièrement ondulées, dentées (dents arrondies) sur les bords, 10-12 paires de nervures latérales formant un angle de 80° avec la nervure médiane. Panicules axillaires de 20 à 30 cm de long; fleurs blanches, parfumées, pubér,ulentes; pédicelles de 4 mm ; calice de 1 mm à 5 petits lobes ; corolle tordue de 2,5 mm ; colonne staminale de 2,5 mm. Capsules dressées, oblancéolées de 10 cm ~ long sur 3 cm de diamètre, s'ouvrant au sommet en 5 valves. Graines, avec une aile terminale de 6 cm de long, attachées sur un axe à 5 angles.
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Habitat. Il est irrégulièrement réparti dans les savanes arbustives ou boisée soudaniennes· (Saloum, Tambacounda, Sénégal oriental, moyenne et haute Casam:..nce). Là où il existe, il forme des peuplements du fait de son aptitude à drageonner. Emplois.
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Le macéré d'écorces de P. l;olschiJi est reqommandé chez les Manding du Niani pour le traitement externe du pian et des chancres syphilitiques. Il est aussi employé, mais rarement, par voie interne pour les états fébriles. ·
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Chimie. Les écorces, étudiées par :\lm• Moyse-Mignon [M26] ne renferment pas d'.:Mealoïdes, mais un principe amer non azoté au taux de 1 p. 100, dénommé pseudocédrélin. Le pseudocédrélin, voisin du caïlcédrin, présente les caractères d'une lactone norr saturée 'à fonction phénolique, possédant des groupements hydroxyle et méthoxyle.' L'écorce renferme en outre 8,5 p. 100'de matières minérales, 14,6 p. 100 de tanins, l une saponine, et 1 p. 100 de substance5 lipidiques. ·
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Pharmacologie. Les essais pharmacodynamiques du même auteur ont montré : - La toxicité vis-à-vis des poissons rouges ( Carassius aurantips L.) : à la dose de 3 g d'écorce par litre d'eau, la mort survient au bout d'une heure ; à dose moins forte, on constate une action stupéfiante. Cette action serait due à la saponine. - La toxicité sur les paramécies : à fa concentration de 1/10 000 le pseudocédrélin est toxique pour les paramécies. - La non-toxicité du pseudocédrélin par voie intraveineuse ; à la dose de 0,01 gjkg ·chez le chien, on constate seulement une légère hypotension ; - Une action hypothermisante particulièrement· nette chez le coi)aye en état d'hyperthermie expérimentale, pouvant atteindre un abaissement de la température de 2 à 3° par rapport au témoin avec une dose sous-cutanée ou intrapéritonéale de 0,05 gjkg [M26]. Cette dernière propriété semble justifier dans une certaine mesure l'emploi de ces écorces comme fébrifuge. • Toutefois l'action antipaludique proprement dite des extraits d'écorce de tiges n'a pu être mise en évidence dans le paludisme expérimental à Plasmodium gallinaceum du poussin [S95]. ·
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7.- Trichilia prieureana A. Juss. SYN. - Trichilia senegalensis C. DC. VERN.- Mal., bamb. fumba; dio/a Pogny budunaku ; bain. kiket.
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Feuilles alternes, imparipennées; rachis atteignant 15 cm avec 4 à 9 paires de folioles, oblongues elliptiques, subsessiles, de 9 cm sur 4 cm, avec une douzaJne de nervures latérales très saillantes dessous et atteignant le bord du limbe. Courtes panicules axillaires de 7 cm. Fleurs verdâtres ; sépales de 10 mm. Capsules sphériques, courtement stipitées, de 2 cm de diamètre, rouge vif à maturité.
bulugudun, kalabudun, kalot
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Habitat.
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Caractères remarquables.
Il est assez commun dans les savanes boisées et arbustives soudaniennes' surtout dans le Saloum, la haute et moyenne Casamal!he, le Sénégal oriental. ··
Arbuste ou petit arbre parfois branchu dès la base, de 8 à 10 rn de haut, à filt plus ou moins régulier et droit ; écorce noirâtre, fibreuse; lamelleuse. Feuilles glabres, alternes, imparipennées, à rachis glaqre, de 12 cm d~long ; 3-4 paires de folioles opposées, la terminale plus grande et les basales plus petites que les -latérales, de 12 sur 5 cm en moyenne, courtement pétiolulées. Courtes panicules ou grappes pubescentes axillaires de 7 à .8 cm de long de fleurs blanc verdâtre, pubescentes, avec des pétales de 5 à 6 mm de long. CapsÛles subsphériques, de 2,5 cm de diamètre, glabres, roses à maturité, renfermant des graines noires avec un arille rouge.
Emplois.
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Les propriétés éméto-cathartiques de l'écorce sont bien connues ·et il est évident qu'une drogue manifestant d'une façon aussi nette une activité doublement caractéristique ne peut qu'être très employée. Le plus grand nombre. de recoupements met au premiêr plan les indications antilépreus~s et ,antisyphilitiques. On peut en effet dire que, u~ peu partout, mais plus précisément dans le Cayor, il n'y a pas de bonne préparation antilépreuse ou antisyphilitique sans l'adjonction d'écorces et quelquefois de racines de T. roka puisqu'on les trouve dans les traitements réputés des guérisseurs de la préfecture de Kébémer (Chérif II, Rom'Nam, etc.). _. • Viennent ens .y te avec les Il_lêmes drogues les utilisations comme contrepoison, émétique, antigonococcique, dépuratif et vermifuge ; puis les affections sous la dépendance de l'estomac, de l'intestin et des organes abdominaux : gastrites, hépatites, tumeurs internes(?), dyspepsie, météorisme, aménorrhées, stérilité (dans le traitement d'attaque destiné à rendre la femme apte à procréer après l'avoir débarrassé ainsi; croit-on de tout obstacle contraceptif). ·· J T. roka est également signa.lé comme tonique, eupnéique, stimulant des :Sécrétions ,bronchiques et même an ti-épileptique et <:>n peut imaginer, sans qu'il y ait Ueu d'insister à ce sujet, la variété des modes de préparation de la drogue seule ou associée à d'autres espèces, ainsi que la variété des modes d'administration mis. en œuvre. Les Wolof accordent à T. roka des vertus magiques. C'est ainsi que la poudre de feuilles est souvent diluée dans le sang sacrificiel des animaux, tandis que la racine entre dans la composition des eaux lustrales et des drogues utilisées par les exorciseurs.
Habitat. Assez commun en Casamance maritime dans les boqueteaux guinéens et les taillis, rare dans les galeries soudaniennes humides. Se rencontre aussi dans les ravins et les régions accidentées du Sénégal oriental. Emplois. /
T. prieureana occupe une place très ,fuodeste dans la pharmacopée casamançaise. Il aurait des propriétés fébrifuges, purgatives et anti-arthritiques, associé dans ce dernier cas à Newbouldia laevis en fomentation avec feuilles, écorces et racines. Dans le Fogny, on traite curieusement le goitre en massant régulièrement la gorge avec de la poudre de graines grillées. Chimie. Bevan et coll. ont mis en évidence dans les échantillons de T. prieureana de Nigeria une méliacine dénommée prieurianine [B89]. Dans une espèce affine, confondue même par A. Chevalier, le Trichilia heudelolii Planch., Mil• Planche étudiant nos échantillons de Côte-d' Ivoire n'a pas décelé d'alcaloïdes mais a trouvé dans les écorces sèches 0,87 p. 100 de lipides, 10,20 p. 100 de tanins pyrocatéchiques et 0,30 p. 100 de principes amers possédant des propriétés réductrices très accentuées. Dans les feuilles ont été isolés des saponosides caractérisés par leur pouvoir aphrogène et leurs propriétés hémolyti,.ques [P44].
Chimie. Les graines de T. roka renferment 50 à 68 p. 100 d'une matière grasse concrète connue sous le nom d'hvile de mafouraire qui a été très étudiée au début du siècle, du point de vue composition, pour son utilisation en stéarinerie et en savonnerie [P8, W2]. Retenons simplement comme pourcentages d'acide gras constitutifs des lipides, les chiffres donnés par Busson [B9] respectivement pour la graine et l'arille de l'espèce d'Afrique occidentale: acides palmitique 65,8 et 48,2; oléique 22,2 et 30,2; linoléique 8,2 et 15,2. L'écorce contient une.résine et un tanin [J7] . . • Paris et Mm• Moyse-Mignon [P52] ont trouvé dans les écorces de racine un principe amer analogue au cai1cédrin.
.. 8.- Trichilia roka (Forsk.) Chiov. VuLGO. - Mafouraire. SYN. - Elcaja roka Forsk., Trichi/{a emelica Vahl VERN. - Wol. ferhen, faxen; ser. ngotakoy (Berhaut); mal., bamb. floc.. finzâ, fulafinzâ, wara tigé ; mand., socé da fi, sulakéo _; peul, toue. budéyel, garuiwâdu, kérenduza ; diola buriet (Berhaul) ; dio/a Pogny bugêgé, ébôkudâg, énabunul ; bain. dafi.
Pharmacologie. La graine est éméto-cathartique et de nomb'Ï'eux auteurs signalent la toxicité des tourteaux pour le bétail. Pour Jamieson [J7]Ie décocté d'écorce et la matière grasse concrète des graines ne sont pas toxiques. Chez le cobaye la teinture de feuilles préparée et administrée dans les mêmes conditions que celle d' Ekebergia* produit dans de nombreux cas la mort par œdème aigu du poumon [P52].
Caractères remarquables. Petit arbre de 5 à 7 rn, à fO.t droit, grêle ; écorce liégeuse, noirâtre, profondément fissurée, striée ; branches contournées ; cime mal conformée. Toute la plante est couverte d'une pubescence dense ferrugineuse.
* Cf. ~~ '
Ekebergia senegalensis p. 541.
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Il nous a été signalé en outre l'utilisation des rameaux feuillés en usage interne dans les toux spasmodiques, la coqueluche, les règles irrégulières et en usage externe, après chauffage, en cataplasmes émollients pour les œdèmes, antiseptiques et cicatrisants · pour les plaies. •· '
58. - MÉNISPERMACÉES
~Chimie.
Famille tropicale (avec quelques espèces dans les régions tempérées chaudes), surtout localisée en Afrique dans la forêt dense. · Au Sénégal quatre genres sont représentés : Cissampelos, Coccu/us Tinospora, Tric/isia. Ce sont des plantes volubiles avec des feuilles alternes, sans stipules. Les fleurs sont unisexuées, souvent trimères, avec généralement des étamines épipétales. Les carpelles sont libres. Le Cocculus et le Tinospora sont essentiellement sahéliens. Le Cissampe/os est largement répandu dans les trois régions climatiques du Sénégal, tan!lis que le Triclisia est localisé dans la région guinéenne, en Casamance maritime. Cette famille est connue en matière médicale pour foumir des drogues à alcaloïdes comme les Chondrodendron curarisants, et des principes. amers lactoniqtks toxiques comme ceux de la coque du Levant (Anamirta) ou toniques comme ceux du Colombo.
1.- Cissampelos mucronata A. Rich. SYN.- Cissampelos pareira L. (de FTA). VERN. - Wol. ngolomar, ngolamar; ser; ngolassu ; fa/or golvâ (Sébire) ; niom. nburtuil ; bamb. totitégé ; mand. ninatulo ; socé ulôden tulo ; ;,eu/, toue. kardadi ; peul Fou/adou nofel balu ; dio/a Pogny kagonora ; :-dio/a Tendouk kaosé dâgon.; dio/a Séléki kanu étuku; dio/a Pte koar étûku t ( = oreille du rat) ; bain. kanuf alut, xanuf al ut; mandj., mank. k~até kuyat ; bal. grôtubo.
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Correia de Silva et coll., reprenant au p~int de vue pharmacologique sur C. mucronala les travaux chimiques de Ferreira et l!oll.: ont montré que les alcaloïdes extraits de la drogue étaient actifs sur des préparations de muscle strié de crapaud et de diaphragme de rats isolés. Leurs expériences les amènent à admettre qu'on se trouve en présence d'une action curarisante sans qu'il soit possible d'émettre une conclusion définitive en raison de l'impureté relative des préparations alcaloidiques ~tées [C70].
Plante vivace à racines tubériformes et à tiges volubiles, annuelles ou vivaces, atteignant 4 à 5 rn de hauteur en s'enroulant sur les arbustes qu'elles peuvent recouvrir entièrement. Feuilles d'environ 6 cm de long et autant de large, alternes, cordiformes à la base; pétiole de 2 à 4 cm ; limbe recouvert de. poils blanchâtres sur les deux faces ; en général 5 à 7 ner~res partant de la base. . Fleurs verdâtres, les mâles en courts corymbes axillaires, les femelles en longs épis pendants de 8 à 10 cm avec des bractées feuillées circulaires à la base de chacune d'elles. Baies de 6 à 7 mm de diamètre, rondes, un peu aplaties, jaunes à maturité.
2 . .:_ Cocculus pendulus (J. R. et G. Forst.) Diets
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VuLGo.- Sangol (du nom Wolof). SYN. - Epibalerium pendulum J. R. et G. Forst., Coceu/us /eaeba (Del.) DC. VERN.- Wol. nbum sehôt, nbum téré (Sébire), taat, sâgol; falor tati (Sébire) ; toue. safatu ; peul, loue. girl6y.
Habitat.
Emplois. Les utilisations de C. mueronata sont dominées par les propriétés anti-entéralgiques et diurétiques généralement reconnues aux ·différentes parties de la liane. Pour les douleurs abdominales, les indigestions, les maux de ventre variés, les coliques, on fait appel aux solutés de racines dont l'action serait ràpide, quelquefois ' violente. Dans les cas graves, on donne à boire le suc d'expression provenant de la trituration des racines fralches. Les guérisseurs, dans l'ens~mble, considèrent que C. mueronata est un spécifique des coliques des enfants et ils font la distinction entre le macéré qui leur est réservé et le décocté qui est prescrit aux adultes. Du fait de leurs propriétés diurétiques, les préparations de racines et de feuilles sont recommandées pour la rétention d'urine, la bilharziose, la blennorragie et les douleurs rénales. On trouve aussi C. mueronala dans de nombreuses préparations antilépreuses et antisyphilitiques.
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Pharmacologie.
Caractères remarquables.
Il est commun dans tout le Sénégal, abondant dans la val~e du Fleuve, les affiuents de la Gambie et les secteurs paralittoraux. • t
La chimie du C. mueronala n'a guère été étudiée. Les premières recherches sur cette espèce sont à notre connaissance celles de Ferreira et coll. qui en 1965 'ont isolé de l'~pèce d'Afrique portugaise la D-isochondrodendrine [F55]. Cette bas~, encore nommée isoberbéérine, de formule C31 H 38 N 2 0 8 , est un dérivé de type symétrique de la bisLenzylisoquinoléine et fait partie de celles qui sont rencontrées· dans les Choridrodendron curarisants. , Au cours d'un " screening " phytochimique portant sur des plantes du Rwanda oriental, Angenot a obtenu avec les feuilles de Cissampelos mucronata des réactions positives pour la présence de tanins catéchiques, de flavonoides (traces) et de leucoanthocyanes. Par contre les réactions ont été négatives pour les alcaloïdes et les quinones [A106). II nous parait hasardeux de faire une extrapolation entre la chimie des deux espèces C. pare ira et C. mueronata qui du point de vue botanique ont été souvent confone ues. Le C. pareira, lui-même, a souvent servi à falsifier le. «.Pareita brava " (ChondJ:I Iendron tomentum du Brésil) constituant principal des curares en tube. Notons qu' n a isolé de la racine de C. pareira les bases bébéérine, hayatine, hayatinine: Sriva~ ava et coll. ont fait état en 1964 de la mise en évidence par chromatographie de onze /:1loïdes quaternaires et de cinq alcaloïdes tertiaires. Sur )es Ônze alcaloïdes quatermâres les auteurs en ont.obtenu trois à l'état cristallisé pour la première fois, l'un d'eux pré• sentant une activité comparable au curare [S166). II est également intéressant de noter que dans .Je C. pare ira malgache· Boissier. et coll. ont isolé des racines: curine (ou 1-béliéérine), isochondrodendrine .et un alcaloïde vraisemblablement identique à l'hayatin,'' [B176).
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Caractères remarquables. Arbuste sarmenteux lianescent volubile, recouvrant les cimes des arbres et atteignant 12 à 15 rn de haut (vallée du Sénégal). Tiges glabres, très ramifiées, grêles. Feuilles de formes très variables, les jevnes peltées, auriculées,l!mcéolées, entières ou lobées, les adu.Jtes ovales lancéolées de 2,5 sur 1 cm, glabres, glauques, courtement pétiolées. · Petites fleurs jaune verdâtre, les mâles en fascicules axillaires, les femelles solitaires' ou par paires. Fruits subsphériques aplatis, de 6 mm de diamètre, finement pruineux, rouges à maturité, souvent avec deux carpelles attachés à la base. Habitat. Il est surtout abondant dans la vallée du Sénégal (Dagana-Podor) mais se rencontre également dans le Cayor, Djolof, nord Ferlo.
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Emplois•. La racine de cette liane est très renommée pour ses propriétés fébrifuges, cholagogues, diurétiques et les associations sont de règle, car elle n'est employée que pour les maladies gràves. Parmi celles-ci figurent les hépatites à virus, les ictères, la fièvre jaune traités avec la racine de sangol additionnée de celle de Tinospora bakis, ou des feuilles de Combre· tum micranlhum et Combrelum glutinosum. Un très vieux féticheur du Walo nous a déclaré attribuer sa longévité et celle des clients qui s'adressaient à lui, à la prise tous les matins à jeun d'une décoction de racines de C. pendu/us et Tinospora bakis. La renommée du sâgol fait qu'on le trouve tout naturellement dans les préparations antilépreuses et antisyphilitiques du Cayor. Mais, de plus, on lui reconnaît une action revigorante, aphrodisiaque. Les feuilles seraient en outre un très bon vermifuge.
cont rham méth L'' mée De deux bisbe
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atière colorante extraite de la poudre renferme un corps de formule C381j,6 0 1 ., :coside et un aglycone de formule C30 H 8 ,0 8 (S175]. feuillès fournissent aussi un mucilage (3,2 p. 100) qui est un polysaccharide ne ant ni groupe acétyl, ni groupe méthoxy. Il donne à l'hydrolyse 9 p. 100 de ose, 17 p. 100 d'arabinose et 68 p. 100 de galactose. L'hydrolyse'du mucilage :lé donne un tétra-0-méthyl-D-galactose [S137]. aponifiable des feuilles est constitué par bne fraction stérol (0,0~ p. 100) forf3 et y sistostétols [S138). recherches en cours aux Indes (1970) ont permis d'isoler des feuilles et des tiges ouvelles bases, l'une de tyPe biscoclaurine C3 ,H 40N 2 0 6 [G131],1.-autre de type ylisoquinoléine, la cocsuline C36H 3 ,N,0 6 qui est u:Q isomère de la trilobine.
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. A DROGUE.
·acine qui, comme celle du Colombo. (de la même famille botanique), contient ine et palmatine, peut être considérée jusqu'à un certain point comme un sucde cette drogue. Le Colombp est utilisé comme stomachique puissant, tonique upeptique, antidiarrhéique sous forme de poudre, teü~ture et ext.rait. ·ait, la pharmacologie du .sangol rejoint celle du bakis* (!t n'a fait l'objet e étude particulière tant au point de vue pharmacodynamique que clinique, est en 1966 celle de Abbott et coll. limitée à la recherche de l'action anticancé-.
Chinlie**· 1° RACINES. ·Sous le nQ.lll de C. laeba, le C. pendu/us du Sénégal fut étudié dès 1891 par Heckel et Schlagdenhauffen [H27, H4] qui retirèrent des racines un principe amer non alcaloïdique, la colombine (4 p. 100), isolé une soixantaine d'années plus tôt des racines de Colombo*** et deux alcaloïdes la chatinine ou sangoline (3 p. 100) et la pélosine (2 p. 100). Les recherches des auteurs concernant la présence de berbérine furent négatives. Ces études furent reprises en 1937 par M 11 • Beauquesne [B33, B129] sur des él:hantillons du Sénégal. Furent isolés des racines le principe amer colombine (1 p. 100 à l'état cristallisé) et les alcaloïdes (1 p. 100). La majeure partie de ces alcaloïdes est constituée par l~palmatine (également isolée antérieurement des racines de Colombo), et, à-un moindre degré, par la sangoline identifiée ;à l'oxyacanthine, alcaloïde phénolique des Berberis. i Le principe amer colombine, obtenu pourtant à l'état cristallisé au siècle dernier, est resté longtemps une énigme chimique. Sa formule a été établie en 1935 par Wessely et coll. et sa constitution en 1956 par Barton et Elad. De formule C20H 22 0 6 , c'est un diterpène à deux fonctions lactone avec un cycle furanne et une fonction alcool tertiaire [B130]. Les deux alcaloïdes sangoline (ou oxyacanthine) C3 ,H 40 0 6 N 2 et pélosine (ou d bébéérine ou chondodendrine)**** C36 H 38 0 6 N 2 sont du type bisbenzylisoquinoléine à deux liaisons diphényléther. Quant à la pàlmatine C21 H 23 0 5 N, c'est une base phénolique appartenant au groupe des protoberbérines. Comme la berbérine elle peut exister sous trois formes :base quaternaire, carbinol et aldéhyde. Signalons enfin que, contrairement à ce qui a été déclaré, C. pendu/us ne contient pas d'acide aristolochique*****.
2o FEUILLES. Les feuilles ont été étudiées en 1960 par Sinha. Elles contiennent comme éléments minéraux: 1,2 p. 100 de potassium; 0,34'Jl.100 de sodium·; 0,250 p.100 de magnésium avec des quantités minimes de fer, aluminium, cuivre, zinc et, au total, donnent 2,12 p. 100 de cendres (S137]. Le même auteur y a mis en évidence les alcaloïdes coclaurine~ ménisarine et sinactine, un composé trihydroxy de formule C 12H 180 3 , f3 et y sistostérols et une cétone méthoxydans l'huile essentielle [S175]. • Cf. Généralités, p. 45. •• L'étude botanique de la plante, de même que l'étude histologique de la racine, de la tige et des feuilles ont été ·faites par M11 • Beauquesne [B33j. ••• Chasmanthera pa/mata Bail!. (Ménispermacées). •••• La présence de pélosine étant discutée dans le C. pendu/us, notons que c'est la pélosine du Cissampelos pareira qui a été identifiée par Scholtz à la d-bébéerine [H20, Mlj. ••••• C'est à la suite d'une erreur d'identification botanique que la présence de cet acide a été mentionnée dans Coccu/us /aeba DC. par Subbaratnam et Cook. En réalité, l'espèce étudiée par les auteurs était, non pas C. /aeba, mais Arist8/ochia indica comme ils l'ont reconnu euxmêmes en 1962 dans une note rectificative [S32). ·
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uteurs, lors de leurs recherches sur lès plantes anticancéreuses, ont montré entalement que les extraits aqueux de tiges et ·de feuilles avaient .une action. orale très nette. L'extrait de tige pro.voque une diminution des tumeurs transles d_ll sarcome 180 dans le rapport de 100, prjs comme unité tJ.e contrôle, à ; l'an;imal traité. Dans les mêmes conditions avec l'extrait de feuilles il a été , const'é p.ôur le carcinome de poumon de Lewin une diminution des iuÎneurs de f 50 p. 00 [A71).
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20 aEs ALCALOIDES.
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ivité anticancéreuse et hypertensive de la fraction alcaloidique des feuilles et sa été confirmée par Bhakuni et coll. (in (B204)). ttérature ne ·mentionne pas d'autres recherches particulières concernant les es totaux et on ne peut à ce sujet que se reporter au Tinospora bakis**. • .efois on trouve dans le sangol, outre les alcaloïdes du bakis, oxyacanthine et re) bébéérine. acanthine, selon Curci (Rivista di chim. med. e. farmaceut., 11883 ; 1, p. 422), ue chez les lapins à la dose de 0,1 à 0,2 g une respiration rapide et la,llorieuse, blements musculaires, des convulsions cloniques et une cessation ~ la respivant l'arrêt du cœur ([H20] p. 349; [R87]). 933 Raymond Ramet constate que l'oxyacanthine est douée d'une certaine ympathicolytique. chez le chien anesthésié par le chloralose, bivagoiomisé et soumis à la respiration artificielle/ l'oxyacanthine, si elle ne supprime pas s hypertenseurs de l'adrénalinê, contrarie la pression sanguine et la constricale. Et l'auteur conclut cette première rècherche en indiquant qu'il est surprenant constater que les effets de l'oxyacanthine, vantée comme antimalarique, ont une c aine analogie avec ceux de la quinine dont l'oxyacanthine se rapproche d'ailleurs r plusieurs actions : action hypotensive, effets cardio-dépresseurs, etc. [R86). L'in ection d'une dose de 10 m:g de c~lorhydrate d'oxyacanthine dans la veine fémor e d'un chien de 13,500 kg provoque un écoulement sanguin 15 fois .plus rapide en dé t d'une chute de pression de 151 à 45 mm de mercure. Il est donc permis de consid er cet alcaloïde comme un puissant vaso-dilatateur périphérique et de voir dans c te action vasculaire la cause principale de ses effets hypotenseurs [R87]. · La ~béerine dont la présence est douteuse dans le sangol appartient au groupe des alcalolles curarisants.
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• r 'f.inospora bakis, p. 555. '; Tinospora bakis pour les alcaloïdes totaux et la pal matine.
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADI( ,NNELLE
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
30 LE PRINCIPE A~IER COLOMBINE.
Si la colombine est maintenant bien connue chimiquement, il semble bien qu'elle n'a pas été étudiée récemment au point de vue, propriétés pharmacologiques. Selon Roux, cité par Dujardin-Beaumetz, elle augmente, à faible dose la sécrétion de la bile, des glandes de l'estomac et de l'intestin. A haute dose, elle fait subir au foie la dégénérescence graisseuse. C'est une substance toxique car 10 cg suffisent·pour tuer une poule ((D3] p. 199). Injectant au chien par voie intraveineuse une solution de colombine dans J'alcool à 30° Mlle Beauquesne n'a constaté aucune activité appréciable à des doses déjà importantes, mais estime que, cette substance amère mériterait une étude expérimentale sérieuse [B33).
Il est épars et assez commun dans le Sahel, vallée du Sénégal, pourtour des dépressions. Il pénètre jusqu'en Casamance dans les secteurs littoraux et paralittoraux. Existe aussi dans la région soudanienne, mais il est peu fréquent. '•'
3.- Tinospora bakis (A. Rich.) Miers VuLGo.- Bakis (du nom wolof). SvN. - Cocculus bakis A. Rich. VERN. - Wol. bakis; ser. peis*; ser., niom. dâsina ; peul, toue. abolo, bakalli.
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La racine de bakis à cassure jaune, à saveur amère est, par excellence le médicament de la fièvre jaune. te terme, pris ici dans son sens large africain, c~prend les affections allant des ictères banaux aux fièvres bilieuses hématuriques et pouvant être diagnostiquées principalement par l'état général d'une part, par la coloration jaune de la sclè\-otite et des téguments d'autre part. • .. " En fait on peut distinguer, sèlon les thérapeutes africains trois principales catégories d'affections: 1o l'ictère banal correspondant à notre ictère épidémique, 2° l'ictère comparable à notre fièvre jaune avec délire, nervosité, fortes céphalées, vertiges, anurie, odeur caractéristique du malade, vomissements (sans que s~it spécifié le caractère de vomito negro) ; 3° l'ictère sans caractère franc avec asthénie, anémie, cachexie progressiv!l se traduisant ,chez les sujets atteints par de l'abattement, des frissons, de la fièvre avec sueurs nocturnes et insomnies. On peut être assuré en tout cas que, là où végète le baki,, il est 'prescrit pour les troubles hépato-biliaires, les fièvres bilieuses hématuriques, mais aussi pour les états pyrétiques graves, les formes aiguês de paludisme et les bilharzioses. Deux verres à thé d'un macéré de quelques rondelles de racines ou de grosses tiges constitt!«lnt la dose journalière généralement considérée comme su'ffisante, le temps de macération étant d'une dizaine d'heures. L'instillation oculaire de la solution ajouterait encore à son a-ation. ' L'activité reconnue à la drogue est telle que les associations sont rares, en tout ,cas pour les syndromes mentionnés ci-dessus. On ajoute quelquefoispourtanaau macéré, d'autres espèces jouissant d'une réputatiop anafogue comme par exemple Cocculus pendu/us. · , . Il nous a en outre été signalé dans la presqu'lie du Cap-Vert l'association avec papayer et bellfala (Cymbopogon giganteus) qui constituerait une synergie remarquable. Ajoutons que pour certains guérisseurs wolof, les préparation~ à base de T. bakis auraient une action favorable sur la fécondité et que des traiteme~ts sérer des maladies mentales pratiqués dans le Sine sont à base de racines de T! bakis, Ekebergia ' senegalensis et Capparis tomeniosa. Chimie.
FIG. 28. - Tinospora bakis (A. Rich) Miers- A. Bouton floral. -B. Fleur mâle: C. Sépale externe. - D. Sépale Interne. - E. Pétale. - F. Etamine. - G. Fruit. H. Section transversale du fruit (D'après FWTA).
Caractères remarquables.
Arbuste à racines tubérisées, à tissus jaunes ; tiges sarmenteuses lianescentes, glabres, atteignant 10 rn de haut avec une écorce foncée garnie de très gros lenticelles blanchâtres ; sève translucide. • , , Feuilles largement ovales, cordées à la base, courtement acuminées au sommet d'environ 7 cm de long sur autant de large ; long pétiole de 6 cm ; limbe avec 3 à 7 nervures à la base. Fleurs jaune verdâtre en racèmes axillaires, les mâles ayant 9 cm de long avec des petits fascicules de fleurs pédicellées de 3 à 4 mm. Petites drupes verdâtres ovoïdes de 1 cm de long, avec un léger renflement à la base ; pédicelles de 1 cm également ; sommet apiculé.
Le Bakis a été également étudié par Heckel et Schlagdenhauffen en 1895 [H4]. Ils rétirèrent des racines les principes actifs du Sangol : colombine (3 p. 100) et les deux alcaloïdes (1 p. 100) sangoline et pélosine (sans trouver la berbérine), avec un certain nombre de constituants secondaires : corps gras, résine, sucre, sels fixes, matières gommeuses, amylacées et cellulosiques. Ces travaux furent aussi repris par Mlle Beauquesne [B33, B129] qui sépare de la \ racine 2 à 3 p. 100 de colombine et 0,45 à 0,75 p. 100 d'alcaloïdes totaux. D'après cet auteur, les deux alcaloïdes isolés par Heckel et Schlagdephauffen ne semblent pas exister de façon constante dans la drogue : la sangoline n'a pu être décelée ; quant à la pélosine, Mlle Beauquesne croit J'avoir rencontrée une seule fois sans pouvoir admettre a priori son identité avec l'alcaloïde du même nom dont les caractères sont bien définis. C'est en tout cas la palmatine qui est la plus abondante des bases. On remarquera que le Bakis est moins riche en alcaloïdes quele Sangol et ne renferme pas la sangoline. Pharmacologie.
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Les essais pharmacologiques montrent que les alcaloïdes totaux du Bakis sont peu tc;>xiques pour le c è ·v. rn 1r vnie sous-cutanée 5 mgjkg ne produisent aucun effet
• Le mot peis signifiant jaunisse désigne donc à la fois, pour les Sérer, le nom du végétal et celui de la maladie dans laquelle il est ~mployé. • Cf. Générali'
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE
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La palmatine est peu toxique pour le cobaye [B33, B:f29j. Elle produit une action déprimante sur la pression artérielle et paralyse Je système nerveux central de la grenouille. Chez les mammifères, elle produit le même effet et paralyse les centres respiratoires plus intensément que la morphine [B34]. Chez le cobaye elle semble provoquer un abaissement de température plus marqué que les alcaloïdes totaux. Sur les protozoaires, elle ne donne pas de résultats appréciables [B33]. D'après Curci [C30], l'action antipyrétique de la berbérine serait due à la paralysie des vaisseaux périphériques et à la dispersion de chaleur consécutive. Il se peut que l'abaissement de température provoqué par la palmatine relève du IAême mécanisme. En résumé l'abaissement de température souvent constaté dans les cas de fièvre par l'emploi du Bakis et du Sangol semble justifié, plus par son action antithermique que par sa toxicité à l'égard des microorganismes. ·
3° COLOMBINE. La pharmàcologiê du principe avec colombine a été traitée ci-dessus à propos de 1 Cocculus pendulus (Cf. p. 554). 1
1
59. -MIMOSACÉES Syn. -LÉGUMINEUSES MIMOSÉES Importante famille tropicale et subtropicale représentée au Sénégal par 12 genres dont le genre Acacia (qui caractérise la région sahélienne) avec 16 espèces. Ce sont des arbres ou des arbustes sarmenteux. Les feuilles sont bipennées à foliolules souvent très fines. Inflorescences en épis ou en glomérules, simples ou composées. Fleurs petites, surtout blanches ou jaunes, rarement rouges (Parkia, Albizia) ; pétales valvaires ; ovaire supère unicarpellé. Fruit en gousses souvent déhiscentes. , Les Acacia sont surtout sahéliens ; un seul,(A. pennata) s'éloigne peii de la région guinéenne (Casamance maritime) ; plusieurs 'arbres ou arbustes sont essentiellement soudaniens : Entada, Burkea, Erythrophleum, Parkia, Prosopis. . Les Albizia et Samanea sont guinéens. Une herbe et un arbuste occupent les lieux longuement inondés: Neptunia et Mimosa. Plusjeurs genres ont été introduits d'Amérique ou d'Asie à titre ornemental ou forestier : Enterolobium, Leucoena, LysiloiT]a. Au point de vue de la matière médicale les Mimosacées sont principalement caractérisées par les plantes à gommes et à tanins parmi lesquelles les Acacia occupent la première place. ' ·
1 G.- Les Acacia producteurs de gomme arabique. On donne le nom de gommes à des substances provenant de la lyse des membranes
cellulaire~ des organes végétaux et qui t!xsudent naturellement à la suite de traumatis-
mes. Insolubles dans l'alcool et l'éther elles sont caractérisées par la propriété de
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
gonfler fortement au contact de l'eau en formant des masses gélatineuses ou des solutions colloïdales et sont constituées par des polymères d'oses et d'acides uroniques. La complexité de leur constitution physico-chimique ne permet guère de les classer aisément*. Toutefois, en simplifiant à l'extrême, on peut distinguer trois grandes catégories : Gommes Gommes des Prunus. Gommes adragante des
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s6lubles dans l'eau dont le type est la gomme arabique desy1cacia**. partiellement solubles dans l'eau dont le type est la gomme-qostras
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presque totalement insolubles dans l'eau dont Je typeo.èst la gomme Astragalus.
Les gommes dites arabiques sont produites par diveJOSes espèces du genre Acacia dont la systématique est encore confuse dans bien des cas. Au Sénégal on rencontre en particulier :
- A. senega/ (L.) Willd. (ex A. verek Guill. et Perr.) ou Gommier blanc, fournissant la gomme arabique vraie. , - A. nilotica tomentosa (Benth.) A. F. Hill [ex A. arabica (Lam.) Willd.) ou Gommier rouge, ou Gonakié fournissant la gomme sunt. . - A. seya/ Del. fournissant la gomm(l seyal encore appelée gomme talk, gomme salal:jreida. A. nilotica (L.) Willd. ex Del. (ex Mimosa nilotica L.). A. polycantha campylacantha (Hochst. ex A. Rich.) Brenav (ex A. Cal[lpylacantha Hochst. ex A. Rich.) - A. raddiana Savi (ex A. lortilis Hayne, A, fascicu/ata Guill. et Perr.) - A. albida Del. (ex Faidherbia albida A. Chev.). Le Tableau )UX résume d'après les récentes études d'Anderson et Karamala sur les espèces sogdanaises [A51, A49, A60) quelques données alialytïques silr certains Acacia cités el"dessus. · · Ce tableau permet de se rendre compte des·différences entre les diverses gommes, mais aussi de leurs points communs .. On peut noter en particulier que celles d'A. senegal et d'A. polyacanlha campy/acantha sont lévogyres (la seconde très légèrement) tandis que les autres sont dextrogyres. ·'
1.- Acacia albida Del. Faidherbia albida (Del.) A. Chev. Wol. tipon, Jiêdi tipon (Laffitte), kad; ser. sas, ndom ;.fa/or hak (Sébire) ; niom. sas, isas ; mal., bamb. balâza, balinka ; mand., soté barâsâ, barâsâô ; sar. saé, dibé ; peul, toue. {aiki, faski ; diola Pogny bubirik, bubilik, butalay ; bain. kibidin ; mandj. montampiil (.Aubréville). SvN. -
VERN.-
Caractères
rem~qu'ables.
Arbre de 15 rn, à fût droit, cylindrique ; écorce gN.s clair ou beige chez les jeunes rameaux et brunâtre, profondément fissurée striée sur Je tronc. Cime arrondie ou ovoïde. Jeunes tiges souvent en zig-zag. Feuilles présentes pendant la saison sèche***, alternes, bipennées comprenant 3 à 7 paires de pinnules avec une glande à la base ; 10 à 15 paires de foliolules, glauques, de 4 à 7 sur 2 à 3 mm, arrondies au sommet. A le. base des feuilles sont insérées deux fortes épines stipulaires, droites ou légèrement arquées, renflées et blanches à la base.
* De nombreux travaux sur la constitution des gommes ont été réalisés depuis la fln du siècle dernier et on peut consulter à ce sujet les excellentes monographies de Mme 8ézanger-8eauquesne qui font le point de cette question [871, 873, 874]. •• En fait, en raison de leur nature colloïdale, il s'agit de pseudo-solutions ou sols, tandis que pour les gommes type adragante il s'agit de gels. ••• Compte tenu de s;a b
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Epis axillaires courts de 5 cm à 6 cm de long sur 1,5 cm de diamètre, avec des fleurs blanc crème. Gousses contournées, boursouflées, de 9 cm de long sur 3,5 cm de large, jaune orangé à maturité.
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L'A. albida est une espèce très connue au Sénégal et très estimée en médecine populaire pour les propriétées broncho-émollientes et fébrifuges des préparations d'écorces et de racines. Les Wolof et les Sérer en font une ~rabde consommation, les guérisseurs donnant la préférence aux racines de karkad, c'est-à-dire de très jeunes plantes, pour le traitement des bronchites, du paludisme, du kwashiorkor, du diangara Cayor, de la lèpre ('Cf. Traitement de Rot-Nam). Les préparations sont généralement complelj:es. er requièrent aussi, fréquemment, une part d'incantations et de t.~urs de.mains plus ou ·moins mystérieux. · · Outre ces indications générales, on trouve des prescriptions particulières aux race~ et aux guérisseurs. Chez les Diola et les Toucouleur, A. albida figure dans les traitements des maladies mentales. Les Diola, par exemple pour le « kalobor • ou encore • kagono », donnent au malade en· boissons et bains, deux foiS"par jour, un décocté de racines d'A ..albida et d'écqrces d' A{zelia a{ricana. Ce trajtement est complété à chaque séance .par des fumigations de • karakat • (champignon amadou du genre Polyporus récolté au pied d'un Parkia ou d'un Parinari) dont la combustion lente dégage une fumée épaisse . Les Casamançais utilisent encore A. albida par voie externe pour les rhumatism's et les maux d'oreilles. Le macéré concentré de racines aurait même, d'après certaim informateurs, une influence favorable dans des cas de surdité. Les Niominka des iles le considèrent comme anti-odontalgique: l'écorce est simplemeht découpée en petites lanières qu'avant de mâcher, on doit d'abord sucer, puis garder un certain temps dans la bouche. • Les Peul le font intervenir dans une préparation opothérapiqu~ aphrodisiaque avec de la viande de taureau, de préférence les testicules, et dans une panacée obtenue après cuisson avec des mets bien déterminés dont les viscères de porc-épie, cet animal ayant la réputation de se nourrir d'espèces végétales sélectionnées, thérapeutique· ment actives. l\ous avons signalé précédemment l'emploi conjugué de Cassia occidenta/is et de chaumes de Graminées poussant sur A. albida dans un traitement médico-magique de type gemmothérapique*.
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Chimie et phartmicologie. L'écorce de tronc est caractérisée par sa richesse en tanin (28 p. 100), mais les gousses n'en contiennent que 5 p. 100 [H66]. Les fruits du Sénégal, tels que consommés par les animaux, renféfment pour 100 g: eau 9,85 g, matières minérales 5,26 g, protides 9,57 g, lipides 0,72 g, glucides 74,60 g, cellulose 19,1 g, calcium 375 mg, phosphore 123 mg, fer 27 mg [T76]. L'huile des graines qui peut se ranger dans le groupe des huiles d'Acacia sieberiana et Acacia senegal est obtenue avec un rendement de 3 à 10 p. 100 et est formée principalement des glycérides des acides oléique (40-45 p. 100), linoléique, acides gras saturés (notamment acide palmitiqu. .,t saturés en C20 -C .. [G13]. -aits ont donné des tests antiLiotiques négatifs. Selon Watt ([W2] p. :ns) Je,,
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• Cf. pp. 269-270.
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2.- Acacia ataxacantha DC. VERN.- Wol. ngarap, seru, ded; ser. ngol, ngorok, ngolob; niom. ingo!; bamb. koroto (Berhaut), bôsoni ; diola butulao (Sébire) ; peul, toue. gubi danéwi, gubidaney, gubidanédé ( = gu bi blanc).
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Emplois.
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4.- Acacia macrostachya Reichenb. ex Bènth. VERN.- Wol. sam, samasael; falor ngorokolok; ser. sim; niom. simoko, simokuô, sii\Oko ; mal., bamb. · bonzoni, riburur (Berhaut), wénidé, génidé, kordôÜri.o, korto ; mand., socé ri.okalô ; peul, toue. tidi, kédi, kidé, · kédi ; diola fulikat (Berhaut) ; di&la Pogny fungo. • \ Cal'actères remarquables. Arbuste dressé ou un peu sarmenteux de 4 à 5 rn de haut, à branches pubescentes, ferrugineuses, garnies d'épines crochues. Feuilles alternes avec 15 à 30 paires de pinnule~ et 35 à 50 paires de foliolules ; une glande aplatie elliptique v~r~ la base du rach1s. Epis axillaires de 7 cm de long sur 1,5 cm de diamètre, à fleurs blanches o! blanc crème. Gousses platef, pubescentes, brunâtres à maturité, de 9 sur 2 cm,légèrem. ·• ondulées. i .,.. !'t •
Il est commun dans les sols ferrugineux et les carapaces de la région soudanienne. i,
Emplois.
Emplois. Les feuilles et les écorces d'A. macrostachya ont, dans tout le Sénégal, une bonne réputation d'anti-entéralgique, aussi bien pour les adultes que pour les enfants. On les prescrit surtout pour les syndromes dysentériques et cholériformes, seules ou associées à d'autres drogues réputées actives comme Oslryoderris stuhlmannii, Securidaca longepedunculata, etc. Elles sont également considérées comme vermifuge. Chez les Socé les feuilles entrent dans la composition d'un poison de flèche avec Gardenia triacantha, Asparagus a{ricana et Clerodendron capitatum.
A. ataxacantha est une espèce médicinale mineure utilisée par les Wolof et les Sérer pour le traitement interne de la syphilis (poudre de feuilles avec diverses autres drogues dont Prosopis a{ricana). Chez les Peul-Toucouleur, il est également presque toujours prescrit en association avec d'autres espèces actives : Securidaca longepedunculata et Capparis tomentosa pour le traitement des hernies (kalia), des helminthiases, des plaies et des blessures. Des préparations analogues sont prescrites aussi da ris les gastrites (et par conséquent sans doute dans les ulcères).
Petit arbre de 8 à 9 rn, à fO.t droit ; écorce crème ou rougeâtre sur les jeunes branches se détachant par petites plaques. Cime claire, un peu évasée ; épines arquées par trois, la médiane dirigée vers le bas, les latérales redressées . . Feuilles alternes avec 7 à 10 paires de pinnules et 15 à 25 paires de foliolules lancéolées, de 5 sur 1 mm ; rachis et pinnules pubescents, avec une glande ovale vers la base du rachis. Epis axillaires de 5 cm sur 8 à 9 mm formés de fleurs blanches. Gousses plates de 5 cm de long sur 2 cm de large contenant 3-4 graines.
Cette espèce ne nous a été signalée que dans le Sénégal oriental où on 'remp,oie quelquefois pour les entéralgies.
Habitat.
II est très commun dans tout le Sénégal où H occupe des· stations diverses : pourtours des dépressions et mares du Sahel, carapaces ferru~neuses soudaniennes, etc.
Caractères remarquables.
561
Il n'existe que dans le Sénégal oriental, dans les savanes arbustives, dans les petites vallées ou sur les versants des collines.
1
Habitat.
SYN. - Acacia samoryana A. Chev., Acacia senegal var. samoryana (A. Chev.) Roberty, Acacia senegal Willd. (de FWTA). VERN.- Mal., bamb. satigigâflabo, mâciu, wanili fin (Aubréville); peul Foula kabétumbé ; land. garkâdar.
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•Habitat.
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3.- Acacia dud~eoni Craib ex Holl.
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
Caractères remarquables. Arbuste sarmenteux à nombreuses branches entremêlées, très épineuses, formant des buissons de 4 à 5 rn impénétrables, ou parfois lianescents \t atteignant 9 à 1{) rn en s'acc~;ochant'11.UX branches des arbres (affiuents de la Gambie) ;,épine~ arquées, renflées à la base. ' ' Feuilles alternes, bipennées avec 8 à 15 paires de pinnules et 20 à 30 paires de foliolules ; raéhis épineux avec· une glande dressée vers la base. Epis de 4 à 5 cm de long sur 1 cm de diamètre, composés de fleurs blanches. Gousses plates, glabres un peu ondulées, acuminées au sommet d'environ 7 cm de long sur 1,5 cm de large. (
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADITIONNELLE
En fait, A. albida n'a guère retenu l'attention des pharmacologues. Par contre il est considéré comme ·une espèce d'un très grand intérêt pour l'agriculture tropicale et fait l'objet dans ce domaine d'études poussées et poursuivies sous différents aspects : bioclimatique, pédologique, action améliorante, caractères technologiques du bois, croissance, enracineii!ent, régénération artificielle, etc. Le lecteur intéressé pourra se reporter au travail de Giffard sur ces questions, exécuté en 1969 [G124].
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5.- Acacia nilotica var. adansonii (Guill. et Perr.) O. Ktze
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SvN.- Acacia adansonii Guill. et Perr., Acacia arabica var. adansonii (Guill. et Perr.) A. Chev., Mimosa adstringens Schum. et Thonn., Acacia adslringens Schum. et Thonn., Acacia scorpioides (L.) W. F. Wight ·var. adstringens (Sebum. et Thonn.) A. Chev., Acacia arabica var. adstringens (Schum. et Thonn.) Bak., Acacia arabica var. adansoniana Dubard, Acacia nilotica var. adansoniana (Dubard) A. F. Hill, Acacia arabica Willd. (de FWTA), Acacia nilotica var. adstringens (Schum. et Thonn.) Chiov. VERN. - Wol., ser., falor, none nebneb, nepnep; ser. nénef; mal., bamb. barana, bagana ; sur. limolimoné. Caractères remarquables.
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Arbre de 10 à 12 rn, souve·· foncé, profondéme'' strh1 • ayant les mêmes Glomérules a d'or.
1e taille moindre, à füt droit cylindrique ; écorce brun 1rée; cime arrondie et régu7 : c~. F~uilles bipennées que ce tes des al_~, -· .a. culés · ~e à fleurs jaune
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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Emplois.
Gousses pubescentes gris blanchâtre, atteignant 16 sur 2. cm, à bords ondulés, légèrement lomentacées ; les différents articles sont subcirculaires, bombés et séparés les uns des autres par une cloison droite sur environ 15. mm.
Deux indications courantes au Sénégal concernent le gonakié qu'on utili~e comme anti-odontalgique (feuilles et écorces) et antidysentérique (poudre de fruits dans Je lait).
Habitat.
Chimie des Acacia niiotica.
Il forme des peuplements, à la limite des zones inondables, dans le delta du Sénégal. Il est commun dans la vallée,. mais généralement au-dessus des hautes crues. Il est épar~ à l'intérieur du pays, parfois planté ou protégé dans les villages. Il n'existe pas naturellement dans les savanes boisées soudaniennes, mais y est introduit fortuitenient par l'homme ou les animaux.
La systématique des A. nilotica est confuse. En fait, ils ont été étudiés au,début du siècle pour1es tanins sous les noms de A. arabica Willd. ou de A. nilo/ica Del., bien que les Sénégalais distinguent parfaitement le nebneb (A. nilotica subsp. adansonii) et Je gonakié (A. nilotica subsp. nilotica et subsp. tomentosa). La teneur en tanin est très forte. Henry et Amman en ont trouvé 18 à 20 p. 100 dans les petites branches et les racines, plus de 20 p;•100 dans le tronc. La variété adansonii en contiendrait }usqu'à 36 p. 100 dans J'écorce de racine. Selon Watt ([W2) p. 546), et pour A. nilotica Del., les tanins seraient du type catéchique. Mentzer rend compte que Bhanu a mis en évidence dans A. arabica le gallate de ( +) leucoanthocyanidine ainsi qu'un dérivé catéchique défini C30 H 28 0 12 dont la structure probable est donnée [B177]. Gad et coll. donnent les pourcentages suivants concernant les acides gras des glycérides de l'huile de graines: stéarique 7, palmitique 22,6, oléique 32,8 et linoléique 37,6 [G13]. Ces graines sont riches en sodium, potassium et magnésium. , Selon Watt la plante contiendrait un saponoside, mais les feuilles et les inflorescences ont donné des tests d'hémolyse négatifs. D'un autre côté la plante a donné des tests négatifs concernant l'action antibiotique (in [W2)). Les résultats d'analyse des gommes d'A. nilotica sont consignés dans Je Tableau XIX. 1
Emplois. 4
La dysenterie constitue l'indication majeure de cette espèce, les préparations étant à base de fruits, de graines ou de racines. Nous avons rencontré dans Je Baouar un guérisseur wolof détenteur d'une composition à usage extemporané : après séchage, les graines et les écorces sont mélangées et pulvérisées. La masse obtenue est introduite dans la cendre chaude, jusqu'à obtention d'une boule compacte. Celle-ci est ensuite conservée et permet, par effritement, de délivrer des fractions plus ou moins grandes de la drogue qui se dissout facilement dans l'eau ou le lait. Dans Je Cayor il nous a été signalé une poudre hémostatique et cicatrisante réalisée avec fruits de cet Acacia, écorces de Piliotigma reticulata et de tamarinier, poudre qui serait très utilisée pour les plaies de la circoncision. Dans Je Cayor également, les racines de nebneb sont prescrites comme diurétique en association avec celles de Leptadenia hastata, Securinega virosa etles feuilles d'arachide. 1
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6.- Acacia nilotica (L.) Willd. ex DeL var nilotica SYN. - Mimosa nilotica L., Acacia arabica (Lam.) Willd. var. nilolica (L) Benth., Acacia scorpioides (L.) W. F. Wight var. nilotica (L.) A. Chev.
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7.- Acacia nilotica var. tomentosa (Benth.) A. F. Hill VuLGO.- Gonakié (du nom wolof), Gommier rou~e. SYN.- Acacia arabica (Lam.) Willd, var. tomentosa Benth., Acacia scorpioides (L.) W. F. Wight var. pubescens A. Chev., Acacia arabica (Lam.) Willd. VERN. - Wol. gonaké ; mal., bamb. barana, bagana; mand., socé bagano; sar. grâkan dabé; peul, toue. gaddé, gaudi; peul du Niani badulo.
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Caractères remarquables. Ces deux variétés très voisines, ne différant que par la pubescence plus ou moins dense du fruit, sont des arbres pouvant atteindre 12 à 13 rn, rarement plus ; fûts courts ; branches robustes ; écorces noirâtres, profondément fissurées et striées longitudinalement, un peu lamelleuses ; rameaux avec de courtes ou très longues épines droites de 4 à 5 cm. Feumes alternes, souvent groupées en fascicules, bipennées avec 3 à 6 paires de pinnules et 10 à 30 paires de foliolules. Glomérules fasciculés axillaires de 12 à 13 mm de diamètre à fleurs jaune d'or. Gousses jusqu'à 20 cm de long, Jomentacées, avec des articles ovoïdes, bombés, de 18 sur 13 mm; elles sont glabres (var. nilo/ica), glabrescentes, ou très tomenteuses (var. tomentosa).
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8.- Acacia poly;acantha Willd. subsp. campylacantha (Hoclist. ex A .. Rich.) Brenan SYN.- Acacia campylacantha Hochst. ex A. Rich., Acaci& çalechu Willd. var. campylacantha (Hochst. ex· A. Rich.) Roberty, A. cacia caffra, Willd. var. campylacantha (Hochst. ex A. Rich.) Aubrév., Acacia catechu Oiiv: (de FTA), Acacia suma Benth. ' • VERN. - Wol. narab; ser. ngobop (Berhaut); bamb. kaguéni (Berhaut); mal., bamb. wanêl'l bé, kuroko, korko, sadé (.4ubréville) ; mand. litnif'u (Aubrévil/e) ; peul cididé ; diola butulaw (Ber haut). Caractères remarquables. Arbre ne dépassant pas 10 à 12 rn au Sénégal, à fût droit, bas-branchu, à cime fournie, un peu évasée ; écorce ciil:ire se desquamant par plaques feuilletées sur les jeunes branches, puis devenant brun noirâtre et fissurée sur les vieux fûts. Grosses épines noires très crochues à large assise, généralement par deux à la base des feuilles et persistantes sur les troncs et les grosses bram:hes. Feuilles alternes bipennées; 15 à 40 paires de pinnules et 20 à 60 paires deJoliolules; , rachis et pinnules pubescents ; poils épars sur les bords du limbe ; une glande presque circulaire vers la base du rachis et de petites glandes à l'insertion q€8 pinnules supérieures. , Epis axillaires de 7 cm de long sur 9 mm de large, plus courts que les feuilles ; fleurs blanches. Gousses droites à bords parallèles, obtuses aux deux extrémités, un peu ligneuses et épaisses, glabres, d'environ 11 cm de long sur 18 mm de large et 3 mm d'épaisseur. Habitat.
Habitat. Les A. nilo/ica forment des peuplements purs étendus dans la vallée du Sénégal (Dagana-Podor) ; ils occupent aussi les grandes mares temporaires du Djolof et du Ferlo et se rencontrent encore Je long des rives des affiuents de la Gambie (Niokolo Koba, Koulountou).
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Il est commun dans les sols salés humides du Sine, du Saloum et de la Casamance maritime. Il est rare à l'intéri r où il se rencontre cependant dans les dépressions argileuses et les limons.
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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Caractères remarquables.
A. polyacanlha nous a été signalé uniquement par les Peul Firdou et Foulfiou comme défatigant et décontracturant : les racines sont battues ou grossièrement pilées pour détacher l'écorce fibreuse. Celle-ci est alors séchée, pulvérisée et mise à macérer une journée dans l'eau. Le li!;!uide filtré est donné en boisson tandis que les marcs résiduels servent à bouchonner le patient.
Arbuste ou petit arbre de.6 à 7 m, très variable de forme, avec un fût droit ou penché, souvent ramifié près de la base, à cime tin peu étalée ; tronc gris, fissuré ; jeunes branches avec une écorce jaunâtre se desquamant en fins copeaux ; épines par trois à la base des fascicules de feuilles, la médiane dirigée vers le sol, les latérales en sens opposé. .Feuilles en petits fascicules de 2 à 5, bipennées avec 2 à 6 paires de pinnules et 6 à 15 paires de foliolules ovales, arrondies aux deux extrémités de 5 sur 2 mm ; rachis finement pubescent avec, vers la base, une glande légèrement proéminente. Epis axillaires, de 6 cm sur 13 mm, formés de fleurs blanches, parfumées. Gousses plates, glauque paille, membraneuses, finement réticulées, glabres, à bords droits ou anormalement ondulés, atteignant 11 cm sur 2 cm.' Elles renferment jusqu'à 7 ou 8 graines plates, circulaires, beiges.
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Cette espèce fournit également une gomme dont les caractéristiques figurent au Tableau XIX. Haerdi a obtenu des testes négatifs concernant l-es alcaloïdes et les tanins, mais positifs pour les saponosides, dans l'espèce de Tanzanie [H18]. Testés par Dhar et coll. au point de vue biologique, les extraits de tiges montrent une certaine activité vis-à-vis du virus de la maladie de Ranikhet et sur l'iléon isolé de cobaye (D86].
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Il est commun, surtout dans les sols légers sahéliens (Saint-Louis, Dagana, Podor et nord de Linguère). Il est encore présent, mais exceptionnel, dans les sables littoraux des Ues du Saloum et de Casamance, Je long du Saloum (Kaolack) et dans quelques limons du Sénégal oriental (Niokolo Koba).
SvN. -Acacia lorlilis Hayne var. pubescens A. Chev., Acacia torlilis Hayne, Acacia {asciculata Guill. et Perr. . VERN. - Wol. sên, séên ; mal., bamb. sayélé, zadé (Aubréville), baki fin (Berhaut) ; peul tili, sili, ~iii ; toue. filuki.
Emplois.
Caractères remarquables.
Habitat. Il est très commun dans les sols· sablonneux du Sahel, nord du Cayor, nord Djolof, Saint-Louis, Dagana, Podor. Emplois. Le sêil. est très connu des Wolof et ne souffre pas de confusions chez eux où il jouit d'une très bonne réputation, principalement comme fébrifuge et antipaludique. Ce sont les feuilles qui sont surtout utilisées (quelquefois les racines), seules et en association avec le Combretum micranlhum ou le Guiera senegalensis. Les feuilles sont encore considérées comme antivenimeux (avec addition de Strychnos spinosa}, contrepoison, vulnéraire et plus ou moins aphrodisiaque. La réputation de l'espèce ne dépasse guère le Cap-Vert, le Cayor, le Walo. Un guérisseur peul de la région de Dara nous a vanté son actiqn dans le traitement des œdèmes et des dermatoses allergiques : application locale d'une masse emplastique obtenue en pilant les feuilles d'A. raddiana avec des haricots de sep ( Vigna unguiculala).
10.- Acacia senegal (L.) Willd. VuLGO.- Gommier, Gommier blanc, Vérek (du nom wolof). SYN. -Mimosa senegal L., Acacia verek Guill. et Perr. VERN.- Wol. vérek; ser. ngobop.uki, dôgarâgayog i mal., bamb. patuki (Berhaut), dôkori, sadé (?) ; sar. gésé, débé ; peul paterhali delhi (Aubréville); peul, toue. patuki, bulbi, bulbi daney, bulbi danewi (bu/bi blanc).
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Habitat.
9.- Acacia raddiana Savi
Arbre de 12 à 13 rn, à fO.t robuste, rarement droit ; écorce du tronc brun foncé, striée fl$surée ; cime étalée en parasol ; .deux épines courtes ou longues de 4 cm, Moites ou légèrement courbes, blanches, divergentes et situées à la base de fascicules
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Emplois.
Chimie et pharmacodynamie.
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Le Gommier est évidemment très connu, mais relativement peu employé dans la pharmacopée locale si ce n'est comme béchique, calmant des maux de ve_ntre et des coliques, en médecine humaine et vétérinaire. On prescrit en boisson le décocté · d'écorce ou ·la poudre de gomme dilJlée dans l'eau. Dans la région de Podor un comnferçant de gomme nou: a montré dans son magasin .une importante provision de balakf destiné.e à être vendue au Maures. Le balak est de la gomme de mauvaise qualité marchande, rejetée au moment du triage. Elle serait très recherchée des Maures qui en font une composi.tion médicinale et diététique avec du lait, du sucre, du mil et des dattes. La gomme et sa récolte •,
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• C'est l'A. sene gal qui fournit la gomme arabique officinale. • -' Comme nous l'avons écrit au début de cet ouvrage, la gomme fut le premier.produit de cueillette exporté du Sénégal. On distinguait autrefois plusieurs types de gomme : 1° La gomme du Haut-Fleuve (ou de Galam), se divisant ert goiiUJle de Médin4:, de Bakel, de Télékou, du nom des escales ou se faisaient les échanges avec les négociants qui empruntaient la voie fluviale. 2° La gomme du Bas-Fleuve (ou de Podor, ou de Kaédi), comprenant diverses sortes et prenant également les noms des escales auxquelles elles étaient amenées, c'est-à-dire Dagana (y compris les gommes de Richard-ToU, de Rosso, etc.), Podor, Kaédi. Cette gomme e~"récoltée presqu'uniquement sur la rive droite du Fleuve, en Mauritanie. 3° La gomme du Bas-du-Fleuve (ou de Louga, ou du Ferlo).
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Les dénominations actuellement adoptées par le Service de la Statistique du Sénégal (R45] sont classées sous deux rubriques différentes : ' - soit en quatre catégories : gomme arabiq~e dure Ferlo (le plus important marché) ; gomme arabique dure Kaédi ; gomme arabique dure Galam ; gommes arabiques autres. . - soit en deux catégories : gomme arabique dure Ferlo et gomme arabique dure Bas-Fleuve.
• Cf. généralité;. p. ?
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADI( JNNELLE
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
Depuis les travaux de Lutz en 1895 on admet que la gomme provient de la transformation de la membrane cellulaire des tissus sous l'action d'enzymes, en particulier la gommase. Cet enzyme apparalt dans le jeunè tissu (liber) et par envahissement progressif constitue des lacunes et,. des poches volumineuses dans lesquelles s'emmagasinent les formations gommeuses. Après l'hivernage, ou saison des pluies, dès le début de la saison sèche par conséquent, par suite de la chaleur, de la sécheresse et du vent, il se produit des craquelures dans l'écorce. La masse gommeuse intérieure gonflée d'eau, traverse alors les tissus tannifères du liège cortical. La récolte se fait, dans ces conditions, en saison sèche c'est-à-dire·à partir de novembre-décembre et peut se pratiquer selon deux procédés. Soit en rec.ueillant la gomme qui exsude naturellement : c'est la gomme « wady » oü sauvage ; soit en arrachant l'écorce en lambeaux à l'aide d'instruments appropriés, opération appelée sira en peul-toucouleur et connue sous le nom anghiis de "tapping »: c'est la gomme d'écorçage qui provient surtout des peuplement naturels aménagés. La gomme wady est plus ou moins colorée en rouge, coloration due à l'attaque des tanins. Ceux-ci sont en effet recueillis par la gomme au cours de sa progression centrifuge à travers les cellules tannifères et, sous l'action des oxydases de la gomme, donnent des phlobaphènes ou " rouges de tanin ». La gomme de tapping est très blanche ou à peine colorée, en tout cas moins que celle naturellement sécrétée. Au début de ce siècle la production annuelle était de l'ordre de 3 000 t et atteignait 6 500 en 1937 pour décroltre ensuite, passant à 5 000 en 1959 et variant depuis cette époque de 1 000 à 4 000 t (1 000 en 1964 et 1966, 2 000 en 1967, 4 000 en 1968), [R45, P8]*.
• Sans l'apport mauritanien, encore qu'il soit dilllcile d'être affirmatü à ce sujet. Un décret pris par le Gouvernement du Sénégal en 1969 réglemente maintenant la commercialisation ct la circulation de la gomme et permet par arrèté de fixer les prix minima d'achat aux récoltants selon la classification du produit livré. Dans l'avenir, le contrôle de la circulation de la gomme à l'intérieur du territoire permettra de disposer de statistiques exactes. Une politique des prix pratiqués entra!nera une plus grande activité de cueillette et une meilleure sauvegarde des peuplements existants. D'autre part, il est envisagé au titre du troisième Plan l'aménagement de 1 000 ha de plantations. Le Soudan produit environ 40 000 tet le Nigéria 2 000 t. La consommation intérieure, au Sénégal, est annuellement de l'ordre de 300 t pour les besoins des Etablissements • Valdafrique • à Rufisque (renseignement aimablement communiqué par M. Grimler, direèteur de cet Etablissement). Oit estime que les importations annuelles moyennes des pays du Marché commun sont de l'ordre de 20 000 t dont 8 000 pour la France.
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Les graines d'A. senegal d'Egypte donnent une huile fixe (7 à 8 p. 100) analogue à celle des A. albida, arabica et sieberiana [G13]*.
Pharrnacolo~ie et emplois.'
Chimie. Les chiffres donnés pour les rendements en gomme par arbre sont très variés. D'après Aubréville ([A4] p. 209) la prod)lction annu~lle d'un gommier greffé est de 100 g, au maximum de 171 g. D'après Perrot ([P8] 2, p. 1488) un arbre adulte de bonne taille peut fournir 500 à 800 g, exceptionnellement 2,500 kg. D'après Sanner [S126} dans les peuplements aménagés du Kordofan (Soudan) on obtient en moyenne 900 g pour un jeune arbre de 6 à 7 ans et 2 kg pour un arbre adulte. Seuls, les jeunes gommiers donnent de la gomme à partir de 3-4 ans. Les arbres âgés, à l'écorce épaisse et rugueuse, n'en donnent plus. En conséquence il y a avantage à les recéper vers l'âge de 13 ans. La gomme arabique est une substance complexe de nature polysaccharidique, soluble dans l'eau et lévogyre. Elle retient 10 à 15 p. 100 d'eau, renferme 3 à 4 p. 100 de matières minérales (Ca, K, Mg combinés aux polysaccharides), des traces de tanins (surtout dans les sortes colorées), des enzymes (oxydases, peroxydases). Son poids molé.culaîres est voisin de 250 000. Le constituant principal est un polysaccharide à réaction acide (polyuronide) formé d'unités d'acide arabique à l'état de sels de calcium, magnésium et potassium (Cf. Tableau XIX). L'acide arabique, isolé de la gomme d'A. senegal, donne à l'hydrolyse acide approximativement 13 p. 100 d'acide D-glycuronique avec 37 p. 100 de D-galactose, 37 p. 100 de D-arabinose, 13 p. 100 de L-rhamnose [A51]. Anderson et coll. envisagent pour la gomme arabique une structure hautement poussée en molécules de galactane auxquelles sont attachés des restes d'acide uronique contenant des chalnes latérales [A49].
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Des extraits d'A. sene gal, expérimentalement testés sur l'animal pour leur oectton anticancéreuse n'ont pas donné de.résultats significatifs [A71]. • La gomme arabique est douée de propriétés lénitives. C'e~ nn émollient topique dont l'application sur les muqueuses enflammées donne d'excellents résultats, probablemenJ; en modifiant les phénomènes osmotiques et en maintenant l'eau à la surface des tissus. D'où son usage fréquent dans les inflammations de la gorge et du tube digestif [P20]. ' Elle a été employée autreÛjls comme diurétique dans' les néphroses lipoïdiques et comme succédané de plasma. :Mais les injections intraveineuses provoquent un syndrome connu sous le nom d'arpbinosis, caractérisé par de la splénomégalie, de l'hépatomégalie et un délabrement ile la fonction hépatique avec un abaissement des protéines du sérum sanguin. AuSsi ne doit-elle pas être employée par voie parentérale (P20, G65]. ' La gomme arabique se prèÎld sous fo~;me de tisanes à 20 p. 1 000 (préparées par macération}, de potions gommeuses, sirop de gomme, etc. Ses propriétés émulsionnantes sont mises à profit pour favoriser la suspension des médicaments insolubles comme le sous-nitrate de bismuth. Elle entre aussi dans la fabrication des pâtes, granulé~!, comprimés, tablettes. Mais ses emplois sont surtoutïndustriels notamment dans les industries alimentaires. En raison de son absence d'odeur, de saveur, de toxicité et de sa solubilité dans l'eau, elle est utilisée en confiserie p(>ur la préparation de crèmes, de pâtisseries, de condi}Ilents, etc. EUe sert également en cosmétoloSi~. dans l'industrie des adliésifs, dans 1 ,J'encollage du papier, des apprêts pour textiles, etc. [P29]. .
Bibliographie complémentaire à consulter :
..
Anonyme [A68, A69], Bellouard [B113], Blunt [B114], Chevalier [C77], Delcourt (D5, 062], Désiré-Vuillemin [D53), Giffard [G71j, Grosmaire [G72], Jaupert (J36], Lemeland [L53], Louvet [L51], Perrot ([P8] 2, pp. 1474-1494), Salmon [S125], Sanner [S126].
11. - Acacia seyal Del. Mimosa épineux. Acacia slenocarpa Hochst. ex A. Rich. - Wol. surur, surur buxam ( = surur rouge), fonax, mpena; ser. ndom yargu, mdôb ; fa/or pek (Sébire) ; mal., bamb. sagé, sané, ; peul, toue. bulibi, bulbi, bulbi bodéwi, bulbi bodey ( = bu/bi rouge) ; budenkan (Ber/taul).
VULGO.-
SY:-l. VERN. ndom, saingé dio/a
Caractères remarquables. Petit arbuste ou Arbre de 6 à 10 rn, à füt droit, bas-branchu, cylindrique, lisse; jeune écorce verdâtre se recouvrant peu à peu d'une poudre rouge ou jaune en vieillissant, se desquamant par plaqués minces plus ou moins rectanguhtires ; cime en parasol. Feuilles alternes bipennées avec 2 à 9 paires de pinnules et 6 à 20 paires de folioIules de 5 sur 1 mm. Fascicules de glomérules axillaires de 1,5 cm de diamètre, à l'extrémité .de pédoncules de 3 cm avec des fleurs jaune vif, très finement et fortement parfumées. Gousses falciformes, de 10 cm sur 9 mm, gia!-: \'S très légèrement constrictées, laissant apparaitre à la déhiscence des a· .lincs o i· . ct pendantes à matur;.té à l'extrémité du funicule.
• Cf. Acacia
at.~
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PHARMACOPÉE
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Emplois.
Habitat.
L'A. sieberiana est considéré comme diurétique, cholagogue, antilépreux et antisyphilitique. " · Dans le Fou ta Toro et le Boundou les écorces de racines entrent dans un certain nombre de formules médicamenteuses prescrites pour la bilharziose (surtout par les riverains de la Falémé). On trouve toujours alors l'association avec d'autres drogues actives comme Securinega virosa, V ernonia colora/a, Strychnos spinosa. Dans ces cas aussi, l'amertume des préparations est généralement masqu,ée par l'addition de miel. Ailleurs, dans le Cayor, le Sine, le Walo, la racine est très utilisée pour les«roubles hépato-biliaires, les œdèmes généralisés (avec Combretum glutinosum, Tinospora bakis, Bauhinia ru{escens) pour l'hydropisie (seule ou avec des composants comme le bulbe d' Hœmanlhus multi{lorus), pour la syphilis (âvec les nombreuses drogues habituellement mises en œuvre dans le traitement du diangara Cayor). A Dara Mousti un guérisseur d'origine sérer connu pour son traitement du ~ nap » (forme de mal de Pott ?) utilise pour cette maladie une poudre d'écorces de tacines. d'A. sieberiana et de Leptadenia haslata.
lées limoneuses du Sénégal,
Il forme des peuplement:.. monospécifiques dans les du Ferlo, du Sine Saloum, de la Falémé, Niokolo K dans les sols salés (Saloum, Sine, etc.)
a, Koulountou, etc. Résiste
Emplois. Dans toute la moitié nord du Sénégal on reconnalt
es propriétés .médicinales à traitements antilépreux et écocté, pour leur action puraux animaux amaigris. Un ·.qué par les Peul en lavages pour les cas de blépharites. ent des ictères et des fièvres yeux sont baignés avec le de Combrelum glulinosum, , est donnée en boisson pour
l'A. segal. Les écorces entrent assez souvent dans d
antisyphilitiques. On les conseille aussi, sous forme de gative (hommes et animaux) et on en donne, en out décocté plus concentré, m~lé au beurre liquide, est .ap de la tête pour les cas de céphalées et en lavages oculai Dans le Fouta Toro l'espèce est signalée pour le trait· bilieuses en association avec Combretum glutinosum : décocté encore chaud de racines d'A. segal et de feuil tandis que la même préparation, additionnée de lait ca provoquer une forte diurèse. Dans le Walo la poudre de racine mélangée à celle îa partie ventrale desséchée d'un « bokosao " bien gras (hérisson) est considérée co e aphrodisiaque.
Chimie. A. sieberiana fournit une gomme claire, de bonne qualité, comparable à Ill gomme d' A.•campglq,cantha et à la gomme arabique, ayant de bonnes ptopriétés adhésives (cf. Tableau 'XIX). L'écorce renferme des tanins et les graines une huile fixe (4 p. 100) dont la compo· sjtion est comparable à,celle de A. albida. ·
Chimie et pharmacologie. Acacia segal fournit une gomme (bien connue so talk »ou encore "sunt »)qui a été analysée en 1966 p (Cf. Tableau XIX). L'éco1ce renferme 18 à 20 p. 100 de tanin [D4]. Les graines contiennent 6,48 p. 100 d'une huile fixe en 1945 (in [W2] p. 550) mais nous n'avons pas eu en rn Les extraits éthanoliques d'écorées de tige montren taine action anticancéreuse, la réduction pondérale d sarcome 180 étant de 44 p. 100 chez les animaux traité Les feuilles et les inflorescences ont donné des tests h Dans la revue qu'il a faite des propriétés antimicro: laires, Nickell signale que les extraits éthanoliques de f, activité vis-à-vis des mycobactéries [N29].
les noms de • salabreida », Anderson et par Karamalla
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1
1
a été analysée par Grindley 1 s cette étude. xpérimentalement •une. certumeurs transplantables du {A71]. tlOlytiques négatifs [W26]. iennes des végétaux vascu1les présentent une certaine
VERN.- Wol. sâtâdur, sâdâdur, det, dej, de· ; ser. sul, ·ngas ; {alor pek (Sébire) ; niom. isul ; mal., bamb. baki, ngiliki aninbé, saingé (Aubréville) ; bamb. sumbara; mand. naninkoyo (d'après "Dalziel) ; sar. sahé ; peul toue. aluki. Firdou et Fouladou barêsané ; peul sogé ; pe Caractères remarquables. Arbre de 15 rn avec fùt de 8 à 9 rn, droit, cylindrique, peu plus large vers la base ; cime arrondie ; écorce jaune verdâtre, lisse, se desqua nt par plaques écailleuses; jeunes rameaux plus ou moins glabrescents ou pubéru ts. Feuilles bipennées avec 10 à 25 paires de pinnules et 20 à 40 paires de foliolul ; base des feuilles avec une paire d'épines blanches, droites, divergentes, très court ou atteignant plus de 4 cm. Fascicules de glomérules axillaires de 1,5 cm de diam e. Fleurs blanches. Gousses ligneuses, droites ou légèrement arquées, arrondies " sommet un peu stipitées, épaisses, de 15 cm de long sur 2,5 cm de large ct 1 cm d' paisseur, un peu déhiscentes longitudinalement des deux côtés. ~ .(
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Il recherche les bas-fonds humides. Existe du nord au flud du Sénégal, généralement p~ Individu• i•olé• ou p~ p
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13.- Acacia sp. VERN. -
Feu/, loue.
bakâtili.
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12.- Acacia sieberiana DC. var. sieberiana
H~H~.
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Pour les Toucouleur du Fouta Toro, la bakâtili est un bon médicament des ictères et hépatites (soinbo). Ils traitent les fièvres bilieuses hématuriques en réalisant un décocté concentré avec les racines de cet Acacia et les feuilles de Combretum glutinosum. Une partie de ce décocté sert en lavages oculaires, l'autre partie en boisson après avoir été mélangée avec du lait caillé. Cette médication provoquerait une forte diurèse sans retentissement intestinal fâcheux.
14.- Albizia adianthifolia
(Schu~.)
W. F. Wight
SYN. -
Mimosa adianlhi{olia Schum., Albizia fasligiala (E. Mey.) Oliv., Albizia sassa Mac. Bride (de FWTA), Albizia gummi{era C. A. Smith (de
FWTA). VERN. - Wol.
••
ulunay (Berhaul); mand., socé busé, busésêù ; bain. kiran.
-· banéto; bamb. dédé (Ber-
haut) ; diola Fogny
Caractères remarquables. Arbre de 12 à 15 rn au Sénégal, mais beaucoup plus élevé en région guinéo-équatoriale ; fùt droit, cylindrique ; écorce finement rugueuse, lenticellée, brun clair ; _cime arrondie. Jeunes branches à pubescence fauve. Feuilles alternes, bipennées; 4 à 7 paires de pinnules ct 10 à 15 paires de foliolules plus ou moins pubescentes ; rachis et pinnules également pubescents ; limbes rhomboïdes de 12 sur·7 mm, avec une glande vers la base du rachis. Corymbes d'ombelles de fleur<. blanc V'rdâtre, avec le tube staminal parfois rougeâtre. Gousses ph.t~s. pend" à ne ,,, m nel',_•rèècr t et densément réticulée, arrondies au somr\ ~ 15 '; m, s à:-
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Assez commun en Casamance maritime, moyenne Casamance et dan!! les sols frais paralittoraux jusqu'aux niay des environs de Dakar. Egalement dans les galeries soudaniennes humides.
Feuilles alternes, bipennées avec 3 à 8 paires de pinnules et 10 à 16 paires de folioIules sur les paires supérieures, moins sur les paires inférieures ; limbes de 17 sur 7 mm oblongs, densément pubescents, ferrugineux sur les deux faces. Corymbes d'ombelles de fleurs blanc verdâtre. Gousses plates, membraneuses, arrondies au sommet, de 20 sur 5 cm, de couleur paille à maturité.
Emplois.
Habitat.
Cet Albizia est utilisé en Casamance par les Diola pour les maux de ventre (macéré d'écorce) et par les Baïnouk pour les bou'tons de fièvre (applications de feuilles pilées fratches et de sè':e).
Commun dans les forèts fermées des enYirons de Bignona, très rare dans les Iles du Saloum. Il ne semble pas venir jusqu'aux niay nes environs de Dakar, ni dans les galeries soudaniennes humides. ·
Chftp.ie.
Emplois.
Nogueira Prista et coll. [N3) ont entrepris en 1962 J'étude chimique des racines de l'espèce nu Mozambique. Les analyses préliminaires révèlent comme teneurs en eau 8,1 p; 100, en lipides 0,92 p. 100, en protides 5 p. 100, en glucides, 25 p. 100, en matières minérales 2,04 p. 100. Les auteurs ont isolé :
Les écorces d'.-!. ferruginea sont, comme celles de l'e~pèce précédente, utilisées en Casamance par les Floup et les Manding, sous forme de macéré ou de décocté pour diverses éruptions cutanées et, en outre, sous forme de poudre comme vulnéraire.
Habitat.
- Un saponoside (3 p. 100) donnant à l'hydrolyse un composé triterpénique carboxylé avec rhamnose, arabinose et acide glycuronique*. - Un flavonoside de 4',5, 7-trihydroxyflavonone et son 7-rhamnoglucoside. - Une substance aminée, la ~-phényléthylamine, caractérisée par chromatogra_phiesur papier et par son point de fusion. Haerdi de son côté a obtenu ~our l'espèce de Tânzanie des tests positifs concernant la présence de ~aponosides et d'alcaloïdes [H18).~es tests pratiqués par Bouquet sur les-écorces et racines de l'espèce congolaise sont, non seulement en faveur de la présence d'alcaloïdes (0,3 à 1 p. 100) et de sapono&ides, mais aussi de tanins et soit de stérÔides, soit de terpènes.[B210).
16.- Albizia
,.
lebb~k
Benth.
...
VuLGO.- Acacia langue de femme, Bois noir. SYN. - Mimosa /ebbek L. Caractères remarquables.
Phannacologie.
Arbre de 15 à 20 rn de hauteur à cime étalée., et branches wès souples. Feuillés bipem1ées à rachis de 7 à 18 cm de longueur avec une forte glande à l.ôu 2 cm dtyla base; 2 à 4 paires de pinnules avec 4 à_7 paires de foliolules ovales arrongles aux deux extrémités de 3 cm sur 18 mm. Glomérules de fleurs blanches à l'extrémité d'un pédoncule de 10 cm. Gousses plates, couleur paille atteignant ::JO sur 4 cm, cassantes à maturité, persistantes sur les\arbres*; elles contiennent environ 7 graines ovales, aplaties, de 15 sur 8 mm, lisses brun clair.
Nogueira Prista' et coll. ont constaté que le saponoside isolé des racines était fortement ichtyotoxique et capable de tue!- le poisson à la concentration de 1/100 000
Habitat.
[:'><3}.
L'étude pharmacodynamique· des constituants, reprise par Correia Da Silva et coll. montre que les saponosides isolés à partir de l'infusé ou de l'extrait de racine ont des propriétés urétotoniques. Les tensions artérielles enregistrées lors de l'injection à l'animal des saponosides ou des extraits, déterminent une chute brutale de la pression sanguine qui se maintient pendant quelques minutes avant de revenir lentement à la normale. Les variations enregistrées suggèrent l'existence d'un saponoside hypotenseur par action directe sur la paroi vasculaire [ C150).
Espèce ongmaire de l'Inne, communément plantée comme arbre d'a)'enue et d'ombrage dans les centres et leurs alentours (Dakar, Kaolack, Louga, etc.). Emplois. On reconnaît aux graines des propriétés astringentes et on les utilise quelquefois en médecine populaire comme antidiarrhéique. Chimie.
15.- Albizia
ferru~inea
(Guill. et Perr.) Benth.
SYN. - Inga ferruginea Guill. et Perr. VERN. - Mand. baneto; dio/a bukunden (Berhaul); {loup
buyay.
Caractères remarquables. Arbre de 12 à 1::l rn au Sénégal, mais atteignant 45 rn dans la forêt dense des territoires guinéo-équatoriaux ; fût droit il écorce rugueuse, brun rougeâtre ; rameaux densément tomenteux ferrugineux. Cime ample, évasée, arrondie.
• De l' Albi=ia gummifera (Gmcl.) C.A. Smith var. gummifera, de l'Est africain, Lipton a isolé un hétéroside amorphe l'albitocine à action ocytocique puissante mais toxique (surtout par voie intrapéritonéale et intraveineuse) [L55, L56, L52, IA7j. Co,mme indiqué supra aux synonymies, cet A. gummifera a été confondu avec A. adianlhifolia.
Les travaux sur la recherche des principes actifs ont débuté en 1952 avec Varshey et Ferooq qui retirent de l'écorce, des graines et du péricarpe un nouveau saponoside dont le génol dénommé albizziagénine a pour formule lirute C27 H, 2 0 4 [V23, F47). Barua et coll. (1959-1962), isolent des graines l'acide albigénique C30 H 48 0 4 dont ils donnent la formule de constitution d'acide dihydroxyoléanenoïque, puis un nouveau sapogénol triterpénoïque, l'albigénine, qui est un acide hydroxyoxoène nor oléane [863, B76]. Des écorces, Hasan et coll. isolent un génol acide de type lactonique et confirment son identité avec l'acide acacique C30 H 48 0 5 ou trihydroxyoléanenoïque [H44, H67]. De leur coté San nié et coll. ont caraCtérisé dans les graines et le fruit des saponosides et obtenu deux substances cristallisées la première (la moins abondante) étant l'acide
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• Ces gousses abondantes, agitées par le vent. produisent quand elles sont silches, un son caractéristique de friture, d'où le nom vulgaire d'acacia langue de femme donné à l'arbre.
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Habitat.
oléanolique, la seconde étant un génol de formule brute C30H. 8 0 • rattaché à la ~-amyrine et qui serait l'acide echynocystique [S62). Une trihydroxyleucoanthocyanidine de formule C 16 H 140 0 et de structure connue, a été décelée dans la plante et dénommée lebbecacldine (in [M94)). Des tests positifs relatifs à la présence d'alcalo't'des tertiaires et surtout quaternaires ont été signalés en 1972 par Smolenski et coll. dans les· feuilles, tiges, fleurs et écorces de tiges de l'espèce de Samoa [S208). A. lebbek fournit également une gomme qui a été particulièrement étudiée en 1962 par Farooqi : elle donne un aldobiuronate contenant de l'acide glycuronique ainsi que D-galactose, L-rhamnose et L-arabinose. L'autohydrolyse de la gomme donne surtout de l'arabinose [F48). Les graines contiennent une huile formée par les glycérides des acides palmitique (7 ,26), stéarique (9,63), arachidique (10,89), oléique (39,28) .et linoléique (32,94) p. 100 [F49)*.
Commun en Casamance maritime et moyenne Casamance, assez commun dans le Saloum, les Iles et dans les galeries soudaniennes humides. Existe dans les niay des environs de Dakar.
,
f;mplois.
A. zygia a les mêmes utilisations que les autres Albizia, mais les préparations d'écorces sont plus spécialement recommandées en bains au cours des fi~vres éruptives. La poudre de racine est en outre prescrite quelquefois comm'e expectorant. Chinùe. L'analyse diététique pratiquée par Busson [B9) sur des foliolules de l'espèce ivoirienne montre qu'elles sont riches en glucides (44,5 p. 100) et en.amino-acides, particulièrement acide glutamique, histidine, acide aspartique et leucine. • L'hydrolyse acide de la gomme fournit : L-arabinose, D-mannose, D-galactosê, L-rhamnose (traces), acide D-glycuronique, acide 4-0-méthyl-D-glycuronique, 3-0-~ galactopyranosyl-D-arabinose, 3-0-~-D-galactopyranosyl-D-galactose, 6-0-~~ D-galactopyranosyl-D-galactose, 4-0-a(4-0-méthyl-D-glycopyrafmronosyl)-D-galactose, et 2-0-~-D-glycopyranuronosyl-p-mannose [D63). Mitai et Adotey ont étudié les propriétés physicochimiques de la gomme fournie par l'espèce nigériane et notent la présence d'arabinose, galactose, acides glycuronique et galacturonique. Ils indiquent, par ailleurs, que la peroxyd'd!.e dé cette gomme est inactivée par chauffage à 100 °C pendant trois heures [M138). , · Selon Watt ([W2) p. 558) les feuilles de l'espèce de Floride étudiée sous le !1om de A. brownei ont donné des tests négatifs pour les alcaloïdes, les tanins et les stérols mais positifs pour les flavonoïdes. 1
Pharmacologie. La drogue présente une certaine toxicité. Feng et coll. ont constaté que par voie intrapéritonéale, la dose toxique chez les souris e~t de l'ordre de 1 ml d'extrait de feuilles et tiges, correspondant à 1 g d'organes frais. Les mêmes extraits provoquent chez le chien une baisse de la pression sanguine, mais sont sans action sur l'intestin isolé de cobaye et l'utérus de rate [F2). . De leur côté, Hooper et Léonard ont constaté que des extraits du même type provoquent chez les souris des symptômes d'irritation péritonéale (tachypnée, ataxie, dépression et quelquefois mort}, mais sont sans effet par voie intraveineuse. Ces auteurs ont, en outre, constaté sur le cœur fsolé de là pin une légère baisse de l'amplitude, suivie éventuellement d'une asystolie, avec 0,2 ml d'extrait ajouté au liquide de perfusjon [H17).. • ·· 1 Abbott,et coll. n'ont pas obtenu de résultats appréciables au point de vue recherche du pouvoir antitumoral [A71). Par cûntre Dijkman et coll., avec les extraits aqueux de racines ont constaté une activité cytotoxique supérieure à celle des extraits de racines et de tiges de la Pervenche de Madagascar [D64). Dhar et coll., ont trouvé au cours d'un screening d'orientation, des activités positives de différents extraits comme antiprotozoair~, hypoglycémiant, anticancéreux, modificateur de la pression sanguine, réaction sur Drganes isolés. Seules ont été confirmées ultérieurement l'action hypoglycémiante et spasmolytique des extraits de racines [D86).
Pharmacologie.
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A l'occasion de ses recherches sur l'action ocytocique de divers Albizia, Lipton a constaté que les extraits de A. zygia ne donnent pas de réponse sur l'utérus isolé à des doses cent fois supérieures à celles requises pour obtenir les contractions utérines avec lesextraits de A. gulJlmifera [L52, L47]. Celui-ci contient un glycoside l'albitocine responsable de cette action. 18~-
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17.- Albizia zygia (DC.) J.F. Macbr.
Dichrostacbys glomerata (Forsk.) Chiov
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VuLGO. -Mimosa clochette. SYN.- Mimosa glomerala Forsk., Mimosa nutans Pers., Diehrostaehys platyearpa Welw. ex Oliv., Diehrostaehys nutans (Pers.) Benth. VERN. - Wol. siJ, sin/\; ser. sus, sus ndibasé; falor kurkur, sukuluk (Sébire) ; niom. ndafar, isus, gisus ; mal., bamb. gliki, gliki koro, ntiligi ; mand. mokidananeu, kururi manêgo ; soeé kurlô, kururu ; sar. nalé ; loue. dirko;; peul patrulaki (Aubréville) ; peul, toue. burli ; diola Pogny fulindafu ; [loup bâdukun ( = épineux) ; bain. kufana, kufara ; mandj. bêtâmpôlé, butépôl ; bas. âbukruka.
SYN. - Inga zygia DC., Zygia brownei Walp., Albizia brownei (Walp.) Oliv. YERN. - Wol. kurkur; ser. kuket (Sébire); mal. tumbumguê, tumubé; bamb. déréka (Aubrévil/e) ; diola bubadalat (Aubréville) ; diola Diembéreng kaya ; bain. tikor ; bas. anatarigéni. Caractères remarquables. Arbre atteignant au Sénégal 10 à 12 m, à fût droit, à écorcé finement rugueuse, foncée, à cime évasée, à branches contournées. et pubérulen~es quand elles sont jeunes. Feuilles alternes bipennées avec 2 à 4 paires de pinnules et 3 à 6 paires de foliolules (paire terminale plus grande que les autres), nettement rhomboïdes avec la nervure médiane souvent falciforme ; limbe glabre dessous sauf sur la nervure médiane et les bords, de 4,5 sur 3 cm. · · Ombelles de fleurs blanches avec le tube staminal rouge. Gousses glabres, plates, lâchement et finement réticulées, papyracées, brun clair à maturité, de 1,5 sur 2,5 cm.
Caractères remarquables. Arbuste ou petit arbre de 4 à 5 rn, branchu•près de la base ; rameaux dressés, lenticellés, à extrémités lignifiées piquantes. Feuilles alternes, pubescentes, bipennées ; 8 à 10 paires de pinnules avec une glande dressée à la base et 15 à 25 paires de folioIules de 5 à 6 sur 1 à 2 mm. Epis de 6 à 8 cm de long, longuement pédonculés, pendants, avec des fleurs jaunes hermaphrodites au sommet et des fleurs neutres, roses, ou mauves à la base. Nombreuses gousses partant de l'extrémité du pédoncule, contournées, glabres, brillantes, persistant longtemps sur l'arbre, brunâtres à maturité de 5 à 6 sur 1 cm.
• Dans leur étude les auteurs insistent sur les dillérences importantes constatées dans les résultats d'analyses de graines d'origines géographiques différentes et donnent un tableau comparatif des analyses d'autres auteurs.
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• Nom prioritaire retenu : Dichroskohys cinerea Wight et Arn.
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écorces et racines) ainsi que des saponosides (lm quantités assez importantes dans les racines) ; les tanins, quinones, glucosides cyanogénétiques, stéroïdes et terpènes n'ont pas été décelés par les tests mis en œuvre (B210[.
19. - Enta,:fa-:africana Guill. et Perr.
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SYN.- Enlada ubanguiensis De Wild., Enlada sudanica Schweiltf., Enla· dopsis sudanica (Schweinf.) Gilbert et Boutique. ' VERN. - Wol. sâba téné, sayer, batifox; wol.,ser. mbafar, baiar; niom. imbatar ; mal., bamb. wamâ téréni ulé, dilâkâbâ (Aubréville), samaréné, dali kâba, dibi dabi ; niand. samatinô ; sar. buda ; peul Foula Djalon mbuda ; peul, loue. padapar, padapari; dio/a buléanau (Sébire) ; bain. samatinô ; land. gâgomp ; bas. âgôb.
·•'
Caractères remarquables. Arbuste ou petit arbre de 4-5 rn de haut, branchu près de la base, à écorce claire, profondément fissurée, liégeuse ; particulièrement sensible à l'atteinte des feux de brousse il est, de ce fait, généralement lJial conformé. Feuilles alternes, bipennées avec 3 à 7 paires de pinnules et 10 à 20 paires de folioIules oblongues, arrondies aux deux extrémités, d'environ 2 à 2,5 cm sur 3 à 6 mm. Epis axillaires, de 7 à 10 cm de long et 13 mm de œamètre, avec des fleurs jaunâtres apparaissant avant les premières pluies· au début de la feuillaison. Gousses pendantes longues de plus de 20 cm sur 5 cm de large, plates, mais renflées légèrement
Fw. 29.- Dichroslachys glomera/a (Forsk.) Chiov. -A. Branche montrant les inflorescences. -'-B. Fleur neutre de la base de l'inflorescence. - C. Fleur bisexuée du sommet de l'inflorescence. - D. Anthère. - E. Pistil. - F. Branche avec fruit (D'après FWTA). ..,
1
Habitat.
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Il est épars dans les savanes arbustives soudaniennes.
Emplois. Habitat. Commun en Casamanèe, dans le Sine-Saloum, la région de Dakar et les sols frais soudaniens. Existe aussi dans la vallée du Sénégal. Emplois. D'après les recoupements effectués, il apparaît que les écorces (racines, tiges) et les feuilles auraient des propriétés diurétiques importantes puisqu'on retrouve un peu partout des indications concernant l'usage de diverses préparations dans l'anurie, l'oligurie, le rhumatisme, la blennoragie. Par ailleurs, la poudre d'écorce qui serait légèrement émétique est recommandée per os comme antivenimeuse. Dans la région du Sine-Saloum D. glomerala est employé pour les maux de dents : • plombages" avec de petites boulettes d'écorces pour les dents cariées, rinçages de bouche pour les gingivites. En usage externe il nous a été souvent signalé l'action favorable des feuilles, en emplâtres pour les torticolis, les furoncles, etc. et aussi en massage pour les douleurs intercostales et les rhumatismes. Les racines et les rameaux employés en fumigations entrent en outre dans les traitements wolof des maladies mentales. Chimie. Qmelin a trouvé dans les grnines, en 1962, un nouvel amino p1i;le. soufré l'acicle dichrostachynique de formule C7 H 13 0 7 NS, qui est l'hydroxy carboxy éthane sulfonylmethyl L-cystéine [G73[. Selon les résultats d'un screening de Bouquet sur différentes espèces congolaises, les feuilles, les écorces, les racines contiendraient des alcaloïdes (0,1 à 0,3 p. 100 dans
L' Enlada jouit d'une bonne réputation dans toute la zone soudanienne, tant auprès des guél-isseurs que des féticheurs et des marabouts, car on relève à son sujet des indi.. , • cations variées. En Casamance, il est considéré comme contrepoison en raison de ses propriétés émétiques. On administre généralement en boisson un décocté réalisé avec les différents organes : écorce de tronc, racines et rameaux feuillés. Dans le Sénégal oriental on l'emploie pour les bronchites et la toux sous forme de macéré d'écorces et comme vulnéraire, antiseptique cicatrisant des plaies et blessures, sous forme d'une pâte obtenue avec l'écorce préalablement débarrassée du liège, réduite en poudre, puis mâchée et mêlée de salive. On ajoute quelquefois à cet emplâtre un décocté de racines de Terminalia macroptera. Toujours dans le Sénégal oriental, chez les Bassari, les guérisseurs adeptes du fétiche achak considèrent l' Enlada comme un grand médicament, mais ne dévoilent pas ses indications thérapeutiques, celles-ci devant être données par le fétiche lui-même qui répond par oui ou par non en présence du malade, au cours de la consûltation•. De même, chez les Niominka des Iles, l' Enlada est considéré comme un arbre sacré dont l'usage est réservé aux traitements prescrits par les marabouts .. On semble estimer, dans ces conditions, qu'il sert plu&. de substratum aux prières et· incantations •~o que de drogue thérapeutique proprement dite. Chez les Peul-Toucouleur et les Sarakolé son usage est plutôt restreint : le décocté d'écorces est quelquefois recommandé en boisson comme stimulant, reconstituant et antiblennoragique ; mais surtout on retrouve, comme dans le Sénégal oriental, l'emploi des écorces en qualité d'hémostatique, antiseptique et cicatrisant, avec un mode opératoire différent qui consiste à appliquer sur les plaies, non pas un emplâtre, mais la sève obtenue après broyage.
• Cf. p. 69.
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Contrairement aux Peul-Toucouleur,les Wolof et les Sérer font une grande consommation d' Entada et il y a lieu de signaler d'abord que la racine est vendue sur les marchés de Dakar, principalement pour le rachitisme des enfants. Les Wolof prônent en effet les propriétés fortifiantes de la poudre de racine après dilution dans du lait ou du sanglé en usage interne, et du décocté en bains. On recommande aussi la racine comme diurétique et antigonococcique, souvent en association avec Piliostigma reticu/ata, Balanites aegyptiaca et Zizyphus mucrond!a. Zizyphus mucronata se trouve encore associé à l' Entada pour des préparations orales qui donneraient de bons résultats chez les malades souffrant du bas-ventre et porteurs de ganglions au pli de l'aine. Les racines d'Entada entrent en outre, et ceci n'est pas étonnant en raison de leur réputation, comme élément constitutif de différents apozèmes antisyphilitiques. Il nous a été signalé par une guérisseuse du Sine, spécialisée en « pédiatrie "• le traitement des diarrhées des nourrissons par des boissons à base d'écorces d' Entada et de Cordyla pinnata. D'autre part un guérisseur du Walo nous a vanté les propriétés antinévralgiques des graines après séchage au four et pulvérisation. Le décocté bouillant de poudre ainsi obtenu est prescrit en inhalations et le macéré en instillations nasales. Les céphalées les plus rebelles ne résisteraient pas à cette médication qui peut provoquer des saignements de nez. Chimie.
La roténone a été décelée dans la plante [G31]. Selon Githens ([G111 p. 87) on aurait trouvé un saponoside dans les écorces, du tanin dans les écorces et les feuilles. Selon Watt ([W2] p. 598), citant Howes et Greenway, l'arbre fournit une gomme de qualité inférieure contenant 10 p. 100 de tragacanthe et 90 p. 100 d'une gomme type arabique soluble dans l'eau.
Pharmacologie. ( f
La plante est iehtyotoxique. Gaudin et Vacherat ont montré qu'un digesté de feuilles au 1/1 000• était capable de tuer le cyprin doré en douze heures, mais que la plante, même à la dose de 5 gjkg d'animal, n'Hait pas toxique pour 1~ cobaye [G31]. Selon Githens [G11]le saponoside aurait des propriétés abortives. Selon Watt [W2) la feuille et les fruits ont donné des tests hémolytiques négatifs et les extraits de plante des tests antibiotiques également négatifs.
20.- Leucoena glauca Benth*. SYN. -
Acacia glauca Moench., Mimosa glauca L.
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Emplois. Cette espèce ne nous a pas été signalée comme médicinale ou toxique, mais, étant donné sa répartition maintenant généralisée dans toute l'Afrique de l'Ouest, nous· avons estitné utile de donner à son sujet quelques renseignements sur sa chimie et sa curieuse acti
GRAI:-IES.
En 1937 Mascré retire des graines, avec un important fllndement de 2 p. 100, un principe défini cristallisé le leucaendl [M73]. Ce corps, appeft< ensuite leucaenine par Bickel;h été reconnu identique à la mimosine découverte antérieurement par Renz dans les feuilles de Mimosa pudica et répond par conséquent à cette dernière dénomination [W17). La mimosine est une hydroxyoxopyridinealanine de formule brute C8 H 100.N 2• L'activité optique de la mimosine de provenances différentes a été étudiée par Wibaut et Schumacher [W27J. . La graine fournit 5 à 6 p. 100 (Mascré) ou 8,8 p. 100 (Forooq) d'huile qui a été analysée avec des résultats contradictoires. Mascré signale: traces d'acide linolénique, 14 p. 100 environ d'acide linoléique, 86 p. 100 d'acide oléique, les acides saturés stéatique et arachidique avec, dans l'insaponifiable, un stérol isolé à l'état cristallisé, se • rapprochant du sistostérol [M74). De son côté Farooq donne comme pourcentagês en acides gras (non compris l'insaponifiable) : palmitique 12,74; stéarique 5,01_; bébénique 3,64 ; lignocérique 0,67 ; oléique 23,63 ; linoléique 54,35 et décèle également dans l'insaponifiable du sistostérol [F50]. L'amande renferme près de 20 p. 100 de protéines constituées par un mélange de globulines, albumines et glutéines. On y a aussi
2° FEUILLES ET FLEURS. Les feuilles renferment 0,08 p. 100 de quercétine ([Kt] p. 1\10), l'acide 5-hydroxy pipécolique, mimosine et acide pipécolique [H69]. Dans les fleurs ont été mis en évidence des llavonoïdes : quercétine, quercétagétine et patulétine [N42).
Caractères remarquables. Arbuste ou petit arbre de 6 à 7 rn de hauteur. Feuilles alternes composées bipennées, de 20 à 25 sur 20 cm, avec 6 à 8 paires de pinnules de 10 cm de longueur, portant 15 à 20 paires de foliolules paripennées ; foliolules de 12 sur 14 rrlm ; rachis pubescent avec des glandes vers la base. Fleurs blanches en glomérules de 2 à 2,5 cm de diamètre disposées en panicules vers l'extrémité des rameaux. Gousses brunâtres à maturité, pendantes autour de l'extrémité du réceptacle, pubescentes lorsqu'elles sont jeunes puis glabres, plates, de 20 sur 2 cm ; elles contiennent 20 à 25 graines brunes, lisses, brillantes.
Habitat. Originaire de l'Amérique tropicale, il a été introduit en Afrique depuis un siècle et demi et est maintenant subspontané au Sénégal. On le rencontre en particulier dans les lieux humides de la Casamance maritime et les dépressions des environs de Dakar. Il est fréquemment cultivé dans les jardins.
• Des études anatomiques des diliérents organes de la plante et particulièrement des graines ont été réalisées par Mascré et Ottenwaelder [017, M74].
Pharmacologie.
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Depuis longtemps on a signalé dans diverses régions du globe (Jamaïque, Bahamas, Hawaï, Australie) des cas curieux d'intoxication aiguë et chronique d'animaux consommant feuilles et graines de Leucaena glauca, les animaux atteints étant prin- • cipalement les chevaux, les mules, les porcs, les singes [G57, A70, H32). Au début de l'empoisonnement aigu, qualifié " blind-stagger » (cécité-titubation), l'animal s'égare, sa vision faiblit de plus en plus pour atteindre la cécité et son appétit disparait. Le stade final est caractérisé par des degrés variables de.'paralysie. La mort survient par arrêt de la respiration. Dans l'empoisonnement chronique, " alkali disease " (maladie alcaline), ou encore « bob-tailed disease "• le symptome général est l'hébétude et J:absence de vitalité. Chez les cheYaux et les mules, on constate la perte des poils de la crinière et dela queue. L'intoxication a d'abord été attribuée, sans preuves, à la mimosine, puis, sans preuves également, au sélénium, cette dernière hypothèse étant basée sur le fait que l'empoisonnement étant de type sélénique, la plante aurait eu la propriété d'absorber les traces de sélénium dans les sols qui en contenaient et de le concentrer dans ses différents tissus, notamment dans les graines, puis dans ies feuilles [G57). Cette hypothèse accréditée par la nature épidémique des empoi~onnem~nts dans des régions à sols séliniques est r·.ertitude r>r .r beaucoup d'auteurs et \Vatt. 'ans ·n ouvrage [W2J, 19
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lui consacre deux pages de texte avec de nombreuses références. Pourtant nous n'avons pas trouvé dans les diflérents travaux cités mention de dosages du sélénium dans le Leucoena. ,. Depuis 1959 différentes recherches ont été entreprises sur la toxicité, la biogenèse et le comportement de la mimosine vis-à-vis des inhibiteurs qui tendent à prouver qu'elle est bien le principe re&ponsable des intoxications. Un extrait de graines dans une solution de soude à 1 p. 100 inhibe la croissance des souris, l'agent causal principal étant la mimosine [C122]. Chez des souris recevant des graines à une concentration dépassant 10 p. 100, on constate des lésions importantes des follicules pileux en anagène ; la destruction per~ siste 8 jours jusqu'à la période de catagène [M109]. Pour Crounse et eoll., la mimosine constitue le principe actif des gniines agissant en provoquant l'inhibition de la croissance des poils et leur chutè chez la souris (C123]. Selon Jung Yao Lin et coll., un régime renfermant 1 p. 100 de mimosine tue les souris en quatre semaines. A la dose de 0,5 p. 100 ou moins, elle entralne chez les rats un retard de croissl\llce, une excrétion des protéines et amino-acides dans l'urine et une alopécie [J44]. Les mêmes auteurs ajoutent, ce qui était déjà connu, que la toxicité des complexes ferreux de mimosine est nettement inférieure à celle de la mimosine seule. A l'aide de culture de Pseudomonas fl;lorescens dont la croissance est arrêtée quand on ajoute de la mimosine dans le milieu, Matsumoto a testé 7 métaux, 18 aminoacides et 10 vitamines B pour savoir si ces corps pouvaient inhiber l'action de la mimosine. Pour les inétaux, seuls le fer et!' aluminium en sont capables : si le rapport mimosinejfer est inférieur à 100 la toxicité de la.mimosine est annulée et il y a un renversement complet d,e l'inhibition à la croissance. Aucun des amino-acides n'a isolément ce pouvoir, mQis lorsqu'ils sont introduits ensemble dans la culture, la crois~ sance a lieu. Enfin pour les vitamines B, le pyridoxal est seul efficace avec l'acide panthoténique, mais ce dernier ne produit qu'un effet faible}! apparalt en conclusion que dans le micro-organisme étudié, la mimosine interfère avec une ou plusieurs fonctions du pyridoxal (M110]. t Les tests pratiqués par Abbott et coll. sur différents extraits deL. g/auca n'ont pas confirmé les propriétés antitumorales prêtées à la drogue (A/1].
21.- Mimosa ptgra L. VuLGO. - Sensitive du Séné~al. Mimosa asperala L. VERN. - Wol. busaina, ded u nay, dajat ; ser. sasâg (Berhaul) ; (a/or bursa (Sébire); mand. norêgo, sa seh (d'après Dalziel); bamb. furakuna (Berhaut) ; toue. ganâji, gajâji. SYN. -
Caractères remarquables. Arbuste de 2 rn à 3 rn à nombreuses tiges dressées s'élevant au voisinage du sol avec des branches hirsutes à épines crochues. Feuilles alternes, bipennées, avec deux épines sur le rachis entre les 6 à 16 paires de pinnules ; folioles lancéolées poilues sur les deux faces et sur les bords, se contractant et se repliant l'une sur l'autre lorsqu'on les touche. Glomérules axillaires de 1,5 cm de diamètre avec des fleurs mauve pâle ou rosées, longuement pédonculées. Gousses nombreuses de 5 cm sur 13 mm rayonnant à partir de l'extrémité du pédoncule, hispides avec des poils dressés, non piquants. Habitat. Très abondant dans les vallées et dépressions longuement inondées où il forme parfois des peuplements monospécifiques : vallée et delta du Sénégal, :-./iokolo Koba, Koulountou, Gambie, etc. Emplois .
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M. pigra ne nous a guère été signalé comme espèce médicinale. Toutefois il y a lieu de noter que cette espèce entre dans certains traitements toucouleur des maladies mentales. •·
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Chimie. La racine donne 10 p. 100 de tanin et, selon Githens, les feuilles contiendraient de la mimosine (in [W2] p. 631). Les tests concernant les alcaloïdes et les saponosides sont négatifs [H18].
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22.- Parkia biglobosa (Jacq.) Benth. )
Vui'.Go.- Mimosa pourpre, Arbre à farine, Arbre à fauve, Carovbier africain, Néré, Nété (ces deux derniers, des noms Mandé). · SvN. -Mimosa biglobosa Jacq. VERN.- Wo/. ul, hui, wu!, uli, wol, wolô; ser. séu; none yif (gébire); mal., bamb., mand. néré, nété ; mand., lwcé neto, nito ; peul Fer/o narédé ; peul, loue. nété ; dio/a Pogny bugilay, énokay ; diola Diembéreng nurômpay; bal. pâtzé ; bain. kinéu ; mandj. ble! (Aubrévil/e), bile ; bas. âdabat ; land. gâdâbal ; kon. adey ; créole faroba (Sébire), porobà" Aubréville).
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Caractères remarquables.
Arbre de 10 à 13 rn, à fût robuste, cylindrique, court ; écorce foncée profondément striée ; cime étalée en parasol ; fortes branches primaires. Feuilles alternes bipendées ; 8 à 16 paires de pinnules et 30 à 65 paires de foliolules de 1 em sur 2 mm, serrées les unes contre les autres. Gros gomérules de 8 cm de diamètre pendants à l'extrémité d'un pédoncule de 20 à 30 cm. Fleurs rouges de 3 cm de long à anthètes noirâtres. Gousses également pendantes à l'extrémité des pédoncules, longues de plus de 30 cm, larges de 2 cm, jaunes à maturité;,contenant ~es graines OVOÏdes entourées d'une pulpe farineuse WiiiRQRIIJPe. ,\.OA>.. \ · Habitat.
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II est répandu dans toute la région soudanienne et dans les sols les plus divers : sablonneux (Sine, Cayor), beiges (Laghem, Saloum), ferrugineux (Tambacounda), carapaces latéritiques (Niokolo Koba). Commun dans les forêts sèches du' Sénégal oriental et de la Casamance. Pénètre peu dans le Sahel.
Emplois. Espèce diversement employée en thérapeutique sénégalaise, mais pour laquelle une nette discrimination est faite par la plupart des guérisseurs entre les préparations d'écorces ou de racines, généralement prescrites par voie interne, et les préparations de feuilles prescrites par voie externe. On emploie les écorces et les racines pour la stérilité, les bronchites, les trachéitts, les pneumonies, la lèpre, les maladies vénériennes, avec d'autres végétaux tels que Nauclea lati(olia, Bridelia micranlha, Delarium senegalense, Cola cordi(olia, etc. ; on les utilise encore comme contrepoison avec Ca/olropis procera ou Stereospermum kunthianum. Les écorces sont vendues sur les marchés pour les ostéopathies, les qdontalgies et les oreillons. Dans ces deux derniers cas il s'agit soit de préparations de boulettes d'écorces pour les dents cariées, soit de gargarismes, soit d'inhalations, soit de fumigations. On trouve dans le ·walo un traitement interne des maux de ventre par le décocté de tiges feuillées, mais à part cette exception les feuilles sont toujours prescrites par voie externe pour différentes dermatoses, les filarioses (ver de Guinée), les œ~èmes, les bronchites (en cataplasmes). II y a lieu de signaler également l'emploi comme condiment très apprécié dans la cuisine africaine d'une préparation de graines de P. biglobosa à odeur forte et désagréable : c'est le nététu des Wolof, le sumbala des Mandé couramment vendu sur tous les marchés sénégalais. Chimie. Tous les travaux sur P. biglobosa datent au moins d'une cinquantaine d'imnées, à l'exeeption des recherches d'ordr diététique qui ont fait l'objet de nouvelles et récen-
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tes analyses. Citons les études de Heckel en 1887 [H3) donnant une analyse de la pulpe et des graines, la thèse de Guttelson en 1895 [G75) dans laquelle l'auteur préconise l'emploi d'une farine lactée à base de pulpe pour les enfants, la thèse de Crété en 1910 [C54) quldonne également des résultats d'analyse 4e la pulpe. Selon plusieurs auteurs on aurait décelé anciennement dans l'écorce de l'Îtrbre et dans les cosses du fruit un ·principe cristallisé, la parkine, qui pour les uns serait un alcaloïde, pour les autres un glucoside, principe auquel on pourrait attribuer. les propriétés ichtyotoxiques reÇ«)nnues à ces organes. · • Les études réc~ntes de T
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23.- Pentaclethra macrophylla ltenth .
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VuLGO.- Arbre tl semelles. , VERN. Wol. ul u ney (ul, ou Parkia de l'éléphaf!l); mand. fara (Sébire) ; dio/a eJiiora, kalégâ (Sébire) ; dio/a Pogny· tn(sé élay ; bain. kufel (Sébire); kitao, kisauda; créole paodi godré (Sébire).f Caractères remarquables. Arbre ne dépassant pas 12 à 15 rn en Casamance maritime, à fùt robuste, court, bas-branchu, à écorce noirâtre, profondément striée, à rameaux Yaguement étalés, pubescents ferrugineux. Feuilles alternes, bipennées avec 6 à 10 paires de pinnules et une douzaine de paires de foliolules. Rachi~ à pubérulence grossière. Limbes rectangulaires, à angles arrondis, asymét~iques à la base, émarginés et courtement mucronés au sommet, de 2,5 sur 1.cm, glabres ou glabrescents. . Panicules d'épis de fleurs blanc crème avec des pétales d'environ 2 mm de long et • 1 5 étamines alternant avec des staminodes. Longues gousses ligneuses, pendantes, épaisses, un peu courbées, de plus de 30 cm de long sur 8 à 10 cm de large, contenant des graines ovales, bombées, brunâtres, légèrement ridées ou lisses, dt> 6 à 7 cm de long. Habitat.
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Il n'existe que dans les forêts humides de la Casamance où il formt> parfois des petits
peuplements monospécifiques (frontières de la Guinée portugaise). Emplois. Espèce de faible intérêt médicinal. Les Baïnouk utilisei1'1: r·tuile de~ graines en massages et les Wolof les fruits entiers pilés en application sur les plaies et en massages pour les contusions. FIG. 30. - Parkia biglobosa (Jacq.) Benth. - 1. Feuille réduite aux 2/3. - 2. Insertion des foliolules .x 2.- 3. Base et attache d'une foliolule x 4.- 4. Coupe d'une inflorescence réduite aux 2/3. - 5. Fleur x 2. - 6. Calice étalé x 6, face externe. -·· 7. Coupe de la fleur, avec 3 pétales et 1 sépale x 6. - 8. Fruit réduit aux 2/3 (D'après Busson).
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Chimie. Selon un screening de Bouquet sur l'espèce congolaise publié en 1\lï2, on note pour les alcaloïdes : présence dans les graines (plus de 1 p. 100), absence dans les écorces et racines ; pour les tanins : présence dans les écorces et racines, absence dans les graines ; pour les flavonoïdes, quinones, glucosides ,:yanogénétiques : ah'Pnce dans les trois organes; pour les stér ·! terpr'- "S: inter "étation laissant ·i ·' ·)10].
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Selon Reutter ([R5] p. 719) la coque qui entoure l'amande renferme, outre un alcaloïde, la paucine, de l'huile fixe et des matières résineuses et pectiques. De son côté Henry ([H20) p. 776) avec comme référence Merck's Report Index de 1894 signale dans P: macrophylla la présence de l'alcaloïde paucine de formule brute C27 H 39 0 5 N 5 , 6-5 H 2 0 avec son point de fusion (126°).et celui du picrate (220°). Les graines et leur matière grasse ont été anciennement étudiées par Heckel et par les services de l'Imperial Iristitute britannique (Cf. [J37] pp. 351-353), plus récemment par Busson qui a trouvé en particulier pour les cotylédons (espèce ivoirienne) 55,4 p. 100 de lipides, 28,5 p. 100 de protides et 12,2 p. 100 de glucides. L'huile est constituée principalement par les glycérides des acides linoléique (54,5 p. 100), oléique (18,7 p. 100) et lignocérique .(11 p. ,100) [B9].
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25.- Prosopis africana (Guill. et Perr.) Taub. SYN. - Coulteria ? africana Guill. et Perr. Prosopis oblonga Benth. VERN.- Wol. ir; ser, som, sombo, sompô, ngol; mal., bamb. gélé, gélé lado, géléndu; mand. kulingo, kembo, têmbulingo, késêkésêri, 'kasê kasên (onomatopée traduisant le bruit des graines quand on agite les fruits); socé kembo {embo ; peul, toue. koy, félên télénaj (par onomatopée) ; dio/a Pogny bulik, bulikap, bulikabo, bu,sésên, busisêri ; {loup élik ; bain. kiset ; bal. mzizin (Aubréville), ten{era, tèntên ; mandj. bigé (Aubréville); kon. kambidej; créole podé carbon (Aubréville).
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Caractères remarquables.
Pharmacologie. Henry (Cf. supra) indique que la paucine serait toxique. Correia da Silva et coll. ont testé expérimentalement sur l'utérus isolé de cobaye l'action d'un décocté d'écorce au 1/10• (en provenance de S. Tomé). Ils ont constaté que les doses allant de 0,5 à 1 ml entraînaient des effets de contraction très intenses et prolongés comme en font état les enregistrements pris en cours d'expérience [C15]. Etudiant, en 1970, l'hypotonicité des !JlUscles lisses induite par l'extrait d'écorce sur l'utérus et l'intestin isolés de cobayes, ils ont trouvé qu'elle s'accompagnait d'une diminution de la réponse de l'intestin à l'acétylcholine et à l'histamine. Le même extrait, provoque une action inotrope positive sur le cœur isolé de cobaye avec augmentation du débit coronaire. Il provoque aussi une diminution de la tonicité de la chaine trachéale du cobaye ainsi qu'un effet hypotenseur chez le rat et le lapin [C153]. Dans un autre ordre d'essais, les tests concernant l'action insecticide des extraits de racine n'ont pas .donné de résultats probants [H57].
Arbre de 12 à 15 rn, à ftlt droit, cylindrique, robuste, à écorce brun clair s'écaillant par petites plaques plus ou moins circulaires, à branches contournées et à cime ovoïde. Feuilles alternes bipennées ; 2 à 4 paires de pinnules opposées avec une glande à l'insertion de chacune d'elle et 6 à 12 paires de foliolules lancéolées elliptiques, mucronées, de 1,5 cm à 2 cm sur 5 à 8 mm, finement pubescentes sur les deux faces. Epis axillaires solitaires de 5 cm de long sur 1,5 cm de diamètre, courtement pédonculés avec des fleurs blanc crème ou jaunâtres, parfumées. Gousses ligneuses, p«!R
Habitat. Il est présent assez çommunément dans toutes les forêts sèches et savanes boisées de la région soudaniel)he, abondant dans le Sine-Saloum où il peut former des peuplements (Niombato). Il se raréfie et disparaît d;ms le domaine soudano-sahélien, mais existe encore au nord de la voie ferrée Dakar-Kidira **.
24 . .:_ Piptadeniastrum africaum (Hook. f.) Brenad SYN. -
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Piptadenia africana Hook. f. Emplois.
Caractères remarquables. Grand arbre atteignant 45 m de hauteur et 1,50 rn de diamètre avec un fû.t droit et un très grand empattement sinueux à la base ; cime étalée en parasol ; écorce lisse, rougeâtre à la base. Feuilles très fines, bipennées avec 11 à 20 paires de pinnules ayant chacune de 30 à 60 paires de foliolules ; rachis finement pubescent roussâtre de 8 à 20 cm de longueur ; foliolules linéaires de 5 à 6 sur 1 à 1,5 mm. Epis longs de 10 cm avec l'axe tomenteux roussâtre; fleurs courtement pédonculées, glabres, vert jaunâtre ; étamines à longs filets blancs ; anthères rouge orangé couronnées par une glande globuleuse. Gousses plates, jusqu'à 30 cm sur 3 cm contenant 6 à 8 graines ailées de teinte brun orangé bronzé à l'aspect micacé, attachées latéralement, et de 5 à 10 cm de longueur sur 2 cm de largeur. Habitat. Le Piptadeniastrum est rare au Sénégal. Il est localisé au sud de la Casamance dans la région d'Oussouye et le Sud de Ziguinchor où il n'exite que quelques exemplaires. Emplois, chimie, pharmacologie. La sève d'écorce de cette espèce (qui ne nous a pas été nommément désignée) a la réputation d'ètre toxique. Paris, dans des échantillons de graines en provenance de Côte d'Ivoire n'y a pas décelé d'alcaloïdes [P123]. Les écorces et racines de l'espèce congolaise renfermeraient des saponosides ct des tanins, mais pas d'alcaloïdes [B210]. Heal, testant le pouvoir insecticide des extraits du bois, a obtenu une paralysie complète en une heure chez la blatte par injection dans le courant sanguin, mais • aucune action notable par immersion de l'insecte. Avec l'extrait alcoolique il a constaté une certaine protection vis-à-vis de Aedes aegypti [H5ï].
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Les indications du Prosopis en médecine populaire et en médecine de guérisseurs peuvent se répartir en quatre grands groupes selon l'emploi qui en est fait, par voie interne comme diurétique et anti-entéralgique, par voie externe comme parasiticide et anti-odontalgique. Les racines et plus particulièrement celles des jeunes plantules« où l'oiseau ne s'est pas encore posé "• c'est-à-dire ne dépassant guère 15-20 cm; auraient une excellente action dans diverses affections urinaires comme diuréti9ue général, mais aussi comme diurétique spécifique (favorisant l'élimination des urates, oxalate, urée, etc. ?) voire même comme diurétique anti-inflammatoire et désinfectant (cystites, gonococcies). Ce sont encore les racines et aussi les écorces qui sont conseillées dans différents maux de ventre comme antidiarrhéique et vermifuge. Dans le Sine une préparation très réputée pour ses propriétés diurétiques et laxatives est le macéré de douze heures de racines de P. africana, Zizyphus mauritiana, Borreria verticillata et Euphorbia balsamifera. Les bains de vapeur à base de racines, de même que les cataplasmes de feuilles, sont utilisées dans différentes dermatoses et parasitoses externes, mycoses, filarioses. Les applications de feuilles bouillies et encore chaudes ont, par ailleurs, la réputation de donner de bons résultats dans tous les maux de la partie supérieure du corps concernant la tête (migraines, vertiges), le cuir chevelu (la teigne par exemple), les yeux, les oreilles, les dents ... y compris même la fétidité de l'haleine. C'est incontestablement l'emploi stomatologique qui est le plus courant. Les tiges constituent au premier chef un frotte-dent très prisé dans tout le Sénégal, à la ville comme en brousse. Les feuilles et les écorces sont recommandées comme anti-odontalgique en masticatoires, gargarismes, inhalations. L'écorce, assez fortement colorée en • D'où les onomatopées employées dans divers dialectes pour désigner Prosopis a{ricana . •• C'est donc une espèce spontanée au Sénégal. Elle ne doit pas être confondue avec le Prosopis chilensis (• Prosopis • des Européens), espèce introduite (Cf. p. 585).
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rouge, serait très active contre les caries den laires. Elle est en tout cas incontestablement sialagogue car après mastication intensive la salive est abondante, spumeuse et rosâtre. Chimie. On savait peu de choses jusqu'à présent sur la chimie de cette espèce très connue pour son bois imputrescible. L'Imperial Bureau en 1906 a signalé dans les écorces une teneur en tanin de 14 à 16 p. 100. Busson (Bg] a pratiqué une analyse diététique complète de grairies récoltées à Tambacounda (Sénégal oriental) de J:lquelle ressort la richesse en glucides (68 p. 100) et en acide glutamique (19 p. 100 des aminoacides totaux). . · En 1966 Ratle et coll. ont retiré des feuilles deux nouveaux alcaloïdes dérivés de la pipéridine : la prosopine C 18 H 37 0 1 N à trois fonctions alcool et une fonction amine secondaire ; la prosopinine C 18 H 31 0 3 N. à deux fonctions alcool, une fonction amine ~econduire et une fonction cétone [R100]. Pharmacologie
*.
La pharmacologie de la prosopine et de la prosopinine a été étudiée en 1968 par Bourrinet et Quevauviller [B164, B201]. 1° PROSOPINE. La toxicité a été déterminée par voie intraveineuse sur les souris pour lesquelles la DL50 est de 87,5 mgjkg. La prosopine se comporte comme un léger excitant du système nerveux central dont l'action s'exerce au niveau des centres moyens et supérieurs. Elle diminue, en effet, chez les souris, l'hyp9ose barbiturique et n'est pas· inhibée par un sédatif médullaire. , . Elle est douée d'une légère activité aAesthésique locale : l'instillation sur la cornée de lapin d'une solution de prosopine à 0,5 p. 100 correspond sensiblement à l'action d'une solution de chlorhydrate de cocaïne à 0,25 p. 100. Mais elle est irritante pour la cornée. Sur le chat chloralosé, elle entralne à la dose de 2,4 ou 8 mg/kg une légère hypertension. Cette action hypertensive se manifeste probablement par vasoconstriction puisque, par ailleurs, elle ne modifie pas l'action des médiateurs du système nerveux autonome [B164]. 20 PROSOPININE.
La toxicité aiguë de cet alcaloïde a été déterminée chezia souris et le cobaye. Chez la souris par les voies intraveineuse, sous cutanée et orale les doses létales 50 sont respectivement 57,5 mg/kg, 590 mg/kg et 820 mgjkg. Chez le cobaye, par perfusion lente dans la veine jugulaire, la dose minima mortelle est de l'ordre de 60,2 mgjkg. Contrairement à la prosopine, elle exerce une action sédative sur le système nerveux, principalement au niveau des centres moyens et supérieurs et n'exerce aucune activité anticonvulsivante. Elle possède une activité anesthésique locale intéressante aussi bien en surface ou en intlltration. Dans le premier cas, l'action sur la cornée de lapin d'une solution à 0,5 p. 100 est équivalente à celle d'une solution de cocaïne à 1,5 p. 100. Dans le second cas, l'action par infiltration dans le derme de cobaye d'une solution à 0,10 p. 100, est équivalente à celle d'une solution de procaïne à 0,18 p. 100. L'anesthésie locale d'infiltration de la prosopinine est environ deux fois plus forte que celle de la procaïne, mais elle est irritante. · Elle est légèrement hypotensive, vasodilatatrice et elle exerce des effets parasympatholytiques. Elle montre aussi une action spasmolytique sur la fibre musculaire lisse (duodénum isolé du rat), mais moindre que celle de la papavérine. Elle exerce également une certaine activité antibiotique qui correspond pour une concentration de 50 mgjml, à 0,25 fl.g de pénicilline vis-à-vis de Staphylococcus aureus • Signalons qu'un brevet a été enregistré en 1967 au nom d'une Société belge pour l'emploi thérapeutique, à titre de produits nouveaux, des alcaloïdes isolés de Prosopis a{ricana ainsi que des dérivés de ces alcaloïdes [B202].
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et à 200 fl.g de streptomycine vis-à-vis de Shi gel/a sonnei. Par ailleurs, à la concentration de 1 mg/ml, elle inhibe la culture de Trichomonas vaginalis. A des concentrations de 4 mgjrnl elle ri'exerce aucune activité sur Trichophyton rubrum et sur Candida
albicans. Les ,actions antipaludéenne et anti-amibienne ont été recherchées sans résultats positifs. •• Un essai clinique pr~liminaire du chlorhydrate de prosopinine effectué chez quelques mal\).des a montré que cette base était mal tolérée aussi bien par la muqueuse rectale que par la muqueuse ·gastrique. Il en va de même pour les dérivés isoproso.pinine et désoxoprosopinine qui exercent une activité anesthésique locale moindre et qui sont également irritants [B164, B201].
26. - Prosopis chilensis (Molina) Stuntz VuLGO. Prosopis (Africains des villes et Européens •). SYN.- Prosopis juliflora (Sw.) DC. VERN.- Wol. dakkar tubab ( = Tamarinier du Blanc).
Caractères remarquables Arbre de 6 à 8 rn, à ffit droit, court ou longuement contourné, à sommet souvent infléchi par le vent ; écorce brun clair assez profondément striée, fissurée ; branches évasées ; cime aplatie, vaguement en parasol. : , Feuilles alternes, persistantes, bipennées ; généralement 3 paires d~ pinnules avec une glande à la base et 10 à 15 paires de foliolules de 12 sur 3 mm ; rac!J.is e! pinnules avec des poils épars ; 2 stipules linéaires à la base du rachis. Epis axillaires de 7 cm de long sur 18 mm de diamètre avec unAJédoncule démuni de fleurs sur 3 cm à la base ; fleurs blanc erème à calice tronqué, pétales acuminés, poilus sur les bords; ovaire également poilu. Gousses pendantes, jaune clair, lisses, vernissées à maturité, ·longuement acuminées au sommet, droites ou légèrement arquées, contenant une quinzaine de graines.
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Habitat. Originaire de l'Amérique tropicale et subtropicale, il est planté dans la plupart des villes depuis le fleuve Sénégal jusqu'en Casamance. Emplois. Les Wolof du Cap-Vert et du Dimar (préfecture de Dagana) éviteni de l~isser les animaux manger les fruits qui seraient dangereux. Le macéré d'écorces est quelquefois utilisé comme antiseptique et cicatrisant des plaies ulcéreuses. Chimie. Des travaux anciens du début du siècle signalent la présence de sap.onosides dans les feuilles et les graines (Greshoff, Kew Bull. 1906), ainsi que dans les graines (Pammel, Manuel of poisonous plants, 1911). Wall a obtenu des réactions positives pour la présence d'alcaloïdes dans le's feuilles et les branches [W21]. Dans leurs recherches sur la composition des graines, Earle et Quentin Jones donnent les pourcentages suivants : en eau 2,9, en matières minérales 3~ en protéines 33,9 et en huile 6,9. La présence d'alcaloïdes, de tanin et d'amidon n'y a pas été décelée [E2Z]. Le bois fournit 11 à 19,8 p. 100 de pseudo cellulose et une gomme riche en acide uronique (15,6 p. 100). Cette gomme, bien connue des Anglo-saxons sous le nom de " mesquit gum "• comprend un noyau résistant formé d'acide méthoxyglycuronique et de galactose, le reste de la molécule étant constitué par galactose et arabinose [87:{]. II y a lieu de signaler la richesse de la gomme mesquit en arabinose (30 à 35 p. 100 selon les analyses de White en 1947). • Cf. note p. 583.
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Pharmacoloaie.
Habitat.
Les extraits aqueux de bois révèlent une forte action antibiotique [K6]. La gomme mesquit forme un mucilage doté d'un certain pouvoir adhésif et peut être utilisé comme agent ém.lJ.lsionnant.
Localisé dans les forêts guinéennes de la Casamance maritime, il ne semble pas exister dans les galeries soudaniennes même humides en permanence.
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' . ·Emplois.
27.- Samanea
dinkla~ei
(Harms) Keay
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Chimie et propriétés.
1
Dans une étude préliminaire ayant pour objet la recherche des principes actifs des drogues utilisées comme antitussif dans la pharmacopée traditionnelle nigériane, Odutola et Ekong ont obtenu à partir du fruit une petite quantité de cire et une benne proportion de saccharose cristallisé (08]. Les écorces et racines de l'espèce congolaise donnent d'une part des tests positifs importants pour les saponosides et douteux pour les tanins, d'autre part des tests négatifs pour les flavonoïdes, quinones, glucosides cyanogénétiques, · sténtydes et terpènes [B210]. La recherche de l'activité antibiotique des extraits aqueux de feuilles de l'espèce nigériane a été négative [M130].
1
SYN.- Mimosa dinklagei Harms, Albizia dinklagei (Harms) Harms, Calhormion dinklagei (Harms) Hutch. et Dandy, Pithecellobium dinklagei~\Harms) Harms · VERN.- Mal. konéré; bamb. kotéri (d'après" Dalziel); mandj. mblelod.
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Caractères remarquables. Arbre de 15 rn de hauteur au fftt droit avec de petits contreforts à la base, chez les vieux sujets ; écorce foncée, brunâtre, fibreuse, rugueuse ; branches pubescentes ferrugineuses. Feuilles bipennées avec 20 à 30 paires de pinnules opposées et jusqu'à 40 paires de foliolules très serrées, de 3 à 4 mm de longueur ; rachis pubescent avec des glandes à la base. Glomérules axillaires, souvent par paires à l'extrémité d'un pédoncule pubescent ferrugineux de 2 à 5 cm de longueur .. Fleurs verdâtres avec des étamines blanches et nombreuses. Gousses subligneuses, aplaties, de 15 sur 2 cm, arrondies aux deux extrémités, mais avec un petit bec à la base, droites ou arquées. Habitat et emplois.
1
En Casamance on attribue à ce végétal des propriétés fébrifuges, antiseptiquës et topiques. On utilise le décocté de racines, et quelquefois les fruits, en frictions port'.r les courbatures fébriles et en applicationt 'pour les plaies et ulcères.
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60{ ·- MORACÉES
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Cet arbre se rencontre seulement en Casamance maritime où il ne nous a été signalé qu'une fois pour les maux de ventre (décocté d'écorce de tronc). Chimie et pharmacoloate. Il n'existe pas, à notre connaissance, de travaux sur cette espèce. Dans l'espèce
voisine Samanea saman Merrill, introduite d'Amérique du Sud et qu'on trouve plantée dans les grands centres sénégalais, Greshoff a décelé en 1890 la pithécolobine, alcaloïde de formule C23 H 08 0 1N dont la constitution n'est pas encore complètement élucidée ([M1]10, p. 576). Sur des extraits du S. saman, Feng et coll. ont pratiqué quelques tests pharmacodynamiques qui ont révélé, en particulier, une grande toxicité pour les souris (F6].
Famille principalement tropicale avec sept genres au Sénégal dont le gimre Ficus qui a 27 espèces. Ce sont des arbres ou arbustes, presque toujours avec du latex (laticifères vrais). Les feuilles sont alternes, rarement opposées, simples, parfois lobées surtout chez les formes du jeune âge ; stipules par paires. Les fleurs sont réduites, unisexuées, généralement situées à l'intérieur du réceptacle de l'inflorescence qui s'est refermé (Ficus) ; chez le Dorstenia il est ouv~t. Le fruit est un akêne ou une drupe. Au Sénégal. ce sont des arbres d'origine guinéenne : Antiaris, Chlorophora, Myrianthus, Treculia ; seuls certains Ficus remontent jusqu'au Sahel comme Ficus gnapha-
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locarpa, Ficus plalyphylla.
28.- Tetrapleura tetraptera (Sebum. et Thonn.) Taub. SYN.- Adenanthera tetraptera Schum. et Thonn., Tetrapleura lhonningii Ben th. VERN. - Wol. busilin; dio/a busésêg (Berhaut); dio/a Pogny bumana, bugibel.
Les Moracées fournissent surtout des espèces d'intérêt alimentaire par leurs fruits riches en sucres : Figuier commun (Ficus carica L.), Arbre à pain (Artocarpus). On utilise quelquefois en thérapeutique le suc de mftre (Morus nigra L.) qui serait hypoglycémiant. Nombre de Moracées renferment, en particulier dans leurs feuilles, un enzyme protéolytique (ficine du Figuier). Elles possèdent du latex (latex à caoutchouc du Ficus elastica, à principes cardiaques des Anliaris) qui mériterait d'être étudié chez les différentes espèces.
Caractères remarquables. Arbre de 12 à 15 rn (au Sénégal), à fftt droit cylindrique, à écorce foncée, striée et à cime ovale. Feuilles alternes, bipennées avec 5-9 paires de pinnules et 6-12 paires de foliolules ovales, arrondies aux deux extrémités, parfois émarginées au sommet, de 1,5 cm de long sur 7 mm de large, finement pubérulentes dessous. Epis axillaires, solitaires ou par paires, de 5 à 7 cm de long sur 1,5 cm de diamètre avec des fleurs blanc crème, tournant à l'orange clair après l'anthèse. Gousses ligneuses, brun rougeâtre ou noirâtres à maturité, lisses, vernissées, de 15 cm de long sur 5 cm de large avec des ailes longitudinales épaisses, en croix, de 2 cm de large environ.
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Antiaris africana
En~l.
SYN.- Anliaris kerstingii Engl., Antiaris toxicaria (Rumph. ex Pers.) var. a(ricana Sc. Elliot VERN.- Wol. mâ (Berhaut), kâ, kan, âdâ kan; ser. maya, gétâ (Berhaut), nget yana (Merlier); mal., bamb. fuiri; mand. tumbu iro blâ; bamb. kalabana (Berhaut) ; dio/a l;mfo {Berhaut) ; diofa Tendouk bufor ; bain. tufu ; bas. amurun.
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADITC.-INELLE
Caractères remarquables. Arbre de 30 à 35 rn, au füt droit, cylindrique, élevé, avec une petite cime au sommet. Ecorce grise, finement fissurée, laissant exsuder un latex clair, brunissant en vieillissant. Feuille• alternes, largement ovales, à base asymétrique, de 12 sur 8 cm, scabres sur les deux faces avec la nervation réticulée à la face inférieure ; bord du lVr!be irrégulièrement et finement denté. Il est monoïque ou dioïque ; fleurs mâles verdâtres sur des réceptacles aplatis de 12 mm de diamètre, axillaires à l'extrémité de pédoncules de 12 mm ; fleurs femelles solitaires. Drupes ovoïdes, tomenteuses, grisâtres verdâtres de 1 à 1,5 cm de long. Habitat. Epars en Casamance maritime, rare dans les galeries soudaniennes et dans les sols frais du Sine, du Saloum et du Sénégal oriental. Il est commun en peuplements clairs sur les plateaux de Thiès et dans les petites vallées environnantes. Emplois.
L'A. a{ricana qui, en dehors de la Casamance, se raréfie de plus en plus, n'est signalé que par quelques vieux guérisseurs : des préparations d'écorces et de racines sont utilisées par voie interne et externe comme antilépreux (action purgative). Sans que le latex soit à proprement parler considéré comme toxique, les récolteurs prennent toujours des précautions pour battre le tronc et découper les plaques d'écorces afin d'éviter des projections jugées dangereuses•. Chimie. 1
L'A.ntiaris a{ricana n'avait fait jusqu'à ces dernières années l'objet d'aucune recherche. L'intérêt du monde savant s'~tait en effet exclusivement porté et cristallisé, depuis le début du siècle, sur l'espèce indienne A. toxicaria (Pers.) Lesch., le fameux Upas Antiar ou Ioph de l'Archipel Malais, ingrédient principal de poison sagittaire. D'intéressantes études étant actuellement menées parallèlement sur les latex des deux espèces, il est utile, en premier lieu, d'indiquer brièvement la composition de celui d'A. toxicaria. Différents corps ont été isolés du latex d'A. toxicaria après la découverte de l'antiarine par Mulder en 1838. Les constituants les plus importants en sont : un phénol, l'antiarol C9 H 12 0, (Kiliani 1896), du nitrate de potassium en quantités importantes, une résine cristallisée qui est constituée par l'ester cinnamique de l'ot-amyrine, des amino-acides et surtout des hétérosides dérivés de la cardénolide. Juslen et coll. [J4] signalent en 1963 avoir mis en évidence par chromatographie dans le latex d'A. toxicaria 29 substances. Les ptincipaux hétérosides du latex ou des graines actuellement connus sont : ot-antiarine C29 H 42 0 11 , donnant par hydrolyse antiarose et antiarigénine ; ~-antiarine (hétéroside principal, 1,44 p. 100 dans le latex), isomère du précédent, donnant par hydrolyse L-rhamnose et antiarigénine ; bogoroside identifié au convalloside ; antioside ; ot-antioside ; évomonoside ; malayoside; puis (des graines) strophanthojavoside et antiarojavoside possédant tous deux un sucre commun le javose identifié au 6-dioxy-2-0-méthyl-D-allose (K1, Cil, D17, . :D18, B26, J4, W20, M50]. L'A. a(ricana, n'étant pas utilisé comme poison de flèche en Afrique de l'Ouest sa toxicité n'est généralement pas reconnue, mais, récemment, Bisset (B22] s'est livré sur de nombreux échantillons, à une étude comparative entre l'espèce indienne A. tm:icaria et les deux espèces africaines A. welwitschii Engl. et A. a(ricana. L'examen en chromatographie papier, des extraits contenant les cardenolides, a montré que les graines et le latex de l'A. a{ricana provenant du Ghana renferment de l'ot-antiarine et de la ~-antiarine. Les graines contiennent en outre de l'antioside. Ces mêmes principes ont été également décelés dans les graines provenant des herbiers de Dalziel (Nigeria) et de Deigton (Sierra Leone) avec de nombreux autres composés correspondant à ceux des deux. autres espèces d' Antiaris.
• Dans certaines régions les écorces d'A.
a{ricana servent à la confection de vêtements.
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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Enfin \Vehrli, Schindler et Reischtsein, ont mis en évidence dans le latex de A. a{ricana du Kenya les bases suivantes : évonomoside, desglucocheirotoxine, convallatoxol, ot-antiarine, substance y de Von Juslen, convallatoxine, antioside et !l-antiaroside (W20] •. Pharmacologie. A la suite de ces travaux, on peut estimer, par conséquent, que A. a{rlrana possède des glycosides cardiotoniques et la confirmation en est donnée par Pate! [P15] qui, à l'époque de sa communication, ne semble pas avoir eu connaissance des recherches de Bisset. Pate!, expérimentant des extraits d'écorce, de latex, d'écorce. de racine et de graines d'A. a{ricana sur le cœur isolé de crapaud a constaté une action cardiotonique marquée et l'absence d'action cardiotoxique. Dl\ns les mêmes conditions, les extraits de feuilles n'ont pas d'action cardiaque ni dans un sens, ni dans l'autre. Des études pharmacodynamiques relatées par Chopra (C11] ont été faites aux Indes sur la toxicité et l'action de A. toxicaria. Le latex séché donne avec l'eau une fraction soluble. L'injection intraveineuse de 10 à 15 mg de cette fraction au chat, produit une chute de pression sanguine puis la rr.ort, due à des phénomènes de fibrillation auriculaire et ventriculaire. Le latex sec est stimulant pour le cœur et la circulation. Aux fortes doses, il agit comme un puissant poison cardiaque, plus fortement sur l'oreillett~que sur le ventricule et principalement sur le myocarde. Il agit aussi sur la terminaison du vague. Ces manifestations sont réduites par l'administration préalable d'atropine. La drogue n'·a pas d'action sur les centres supérieurs, car elle agit également sur les animaux décérébrés ou non. Elle produit, d'autre part, une contraction tonique marquée sur les organes isolés ou non (intestin, utérus).· Après les belles découvertes chimiques faites sur les Antiaris, il appartient maintep.ant aux pharmacologistes de les exploiter pour savoir si la drogue et ses c~stituants t'peuvent nous fournir de nouvelles armes thérapeutiques.
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2.- Artocarpus communis J. R. et G. Forst. Arbre à pain. SYx. -Artocarpus incisa (Thunb.) L. f. VERX. -Dio/a Pogny buloy; bain. bactâ kafa nâbabo. VULGO. -
Caractères remarquables. Arbre de 10 à 15 rn, à ft'lt court, branchu près de la base, à rameaux étalés. Grandes feuilles profondément pennatilobées, vert foncé. Gros fruit" sur les jeunes branches, contenant de nombreuses graines entourées d'une pulpe blanchâtre. Habitat. Originaire des îles du Pacifique il a été introduit dans la plupart des régions tropicales. On en trouve quelques exemplaires au voisinage de certaines agglomératio'ns casamançaises. Emplois, chimie et pharmacologie. L'écorce est quelquefois employée en médecine populaire pour différentes dermatoses ( décocté, usage externe). L'Arbre à pain est surtout alimentaire et, de ce fait, le fruit a donné lieu à de nombreuses analyses diététiques, desquelles ressort sa grande richesse en glucides : en moyenne 25 p. 100 dans le produit naturel, 86 p. 100 dans le produit sec. Busson [B9] donne la composition de l'amande. Le fruit contiendrait des enzymes dont la papayotine et l'artocarpine. Selon Wildeman [W7] on trouve de l'acide cyanhydrique dans les feuilles, jeunes tiges et racines.
* Dans le latex de l'espère sénégalaise, Dallé a mis en évidence 13-antiarine, antiosidc, bogoroside et divers polyglycosidcs [D109].
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES Le latex renferme une certaine quantité de triterpénoïdes dans l'insaponifiable de la fraction lipidique ; ce sont les acétates de et et ~-amyrine qui sont prédominants (in [B126)). La recherche des propriétés antitu-morales des extraits des différents organes n'a pas donné de résultats positifs [A71]. Celle des propriétés antibiotiques des rameaux et feuilles ont été négatifs [B23].
-,'vERN.- Wol. soto aldana, soto adana(= Figuier du paradis); ser. ndum bahut (Bèrhaut) ; niom. idun bahut, id un, bahut ; bamb. toro ; mand. s6t6 kuruo ; socé s6to ; peul, toue. ningiri bété, dibidi béfé, fékey, urki ; diola Fogny bupundum ; diola Diembéreng nupundum ; bain. kibundal ; mandj. bukungel ; land. banak ; bas. anak. Caractères remarquables.
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Wol. suru; ser. ngas; bam/1. torofêil, diola Pogny érot ; bain. kiùot ; bas. aga~.
Habitat.
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Casamance, Sine, Saloum, niay de f
Emplois. Les Ficus sont l'objet d'une quasi vénération de la part des Sénégalais. Consciemment ou inconsciemment, on les considère comme des arbres-emblèmes de la fécondité, en raison vraisemblablement de l'abondance des fruits et de leur dîsposition en grappes denses à même le tronc et les branches. En dehors des formules incantatoires et des opérations magiques, les techniques de préparation et d'utilisation de la drogue destinée à combattre la stérilité féminine peuvent se ranger en deux catégories selon la partie employée, racine ou fruit. Dans le premier cas, les racines, après avoir été déterrées et grossièrement brossées, sont placées quelque temps sous les braises chaudes, puis retirées et nettoyées superficiellement à la machette. On les pile au mortier avec des épis de maïs fralchement grillés dont l'allure phallique et l'abondante garniture de graines ajoutent encore certainement à la valeur symbolique de la préparation. Après tamisation au van, on obtient une poudre qu'on dilue au moment du besoin dans un verre d'eau ou de lait. La durée du traitement est de deux à trois mois, à raison de trois prises journalières par voie orale. Dans le second cas, les fruits sont d'abord pilés, puis mis à macérer dans de l'eau. Le liquide décanté est utilisé en massages abdominaux et lavages utérins. Ces préparations sont également valable's au moment de l'accouchement comme ocytocique, après l'accouchement comme galactagogue; elles sont aussi utilisées en médecine infantile pour les maux de ventre et le rachitisme. Le latex, d'emploi courant en médecine populaire comme abstergent et vulnéraire, est quelquefois recommandé pour les maladies oculaires. Chimie et pharmacologie. Selon Watt [W2]les feuilles et les fruits donnent des tests positifs pour la prés.ence de stérols; le fruit contiendrait des traces d'acide ascorbique et la plante 0,18 p. 100 de caoutchouc. Selon Githens [GU] l'écorce renferme des tanins. Selon Malcolm et coll. les extraits d'écorces de tiges sont dénués d'activité antibiotique (M130],
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Caractères remarquables. Arbre de 10 à 12 rn au Sénégal, à fût droit ; écorce foncée, rugueuse, un peu striée ; cime allongée ; jeunes branches contournées, pubescentes. Feuilles ovales, allongées, courtement cunées ou subcordées à la. ~ase, longuement ~>t régulièrement acuminées au sommet, un peu scabres dessus, pubescentes dessous, de 10 sur 5 cm avec 4 à 6 paires de nervures latérales. • . Figues par paires, axillaires, ovoïdes. de 2 cm de long, fixées à l'extrémité de pédoncules de 5 à 7 mm.
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Habitat.
Arbuste ou petit arbre de 5-6 rn, branchu près de la base ; écorce claire finement rugueuse ; rameaux glabres ou finement pubescents avec des bourgeons plus ou moins viii eux. Feuilles ovales, plus larges vers la base, largement et peu profondément dentées glabres ou pubescentes dessous, de 25 sur 12 cm. Figues de 3 à 4 cm de diamètre en grappes pendantes sur les vieilles branches ou sur le tronc.
Il lst commun dans tous les sols humides Dakar, Sénégal oriental.
4.- Ficus dicranostyla Mildbr.
..
3.- Ficus capensis Thunb.
591
Epars dans le Sénégal, sauf en région sahélienne. Jamais très commun, il se rencontre isolément çà et là, des environs de Dakar au Sénégal oriental (assez fréquent), de la Casamance (commun) à la voie ferrée-de Dakar à Kidira. '
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D'après un informateur bassari, le latex de ce Picus:serait tqpque quoique les feuilles soient souvent ajoutées au couscous par les Sérer, les MancBng et les Diola.
5.- Ficus exasperata Vahl
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Vuwo.- Papier de verre, Figuier papier de verre. VERN. - Bamb. wanabaka, wonaka ; mal. toroni, kotorolé (Aubréville) ; dio/a Pogny bupundun ; diola Séléki husas, buves ; bain. kiink. · Caractères remarquables. Arbre de 12 à 15 rn au Sénégal, à fût court, branchu près de la base, à écorce lisse, grisâtre ; latex translucide ; jeunes rameaux villeux. Feuilles opposées, subopposées ou alternes, extrêmement rugueuses*r celles des rejets diversement lobées, généralement trilobées, celles des branches ovales ou ovales elliptiques, parfois dentées, épaisses et scabres sur les deux faces, de 10 sur 7 cm, avec 3 à 6 paires de nervures latérales. Figues axillaires, ovoïdes ou subsphériques de 1 cm de diamètre avec des pédoncules de 5 à 10 mm de long. Habitat. Peu commun au Sénégal, il se rencontre surtout dans les sols humides, depuis la Casamance maritime jusqu'aux niay des environs de Dakar. Emplois, chimie. Les feuiiles de F. exaspera/a sont couramment indiquées en usage externe comme antidermatosique et comme révulsif mécanique mettant le derme à nu par abrasion, c~ qui permet de pratiquer secondairement des applications médicamenteuses actives destinées à pénétrer rapidement dans l'économie. En basse Casamance on reconnaît au rlécocté de feuilles et de racines des propriétés diurétiques puissantes. Les feuilles de F. exasperata ont une forte teneur en silicate de calcium qui pourrait être tenue responsable de phénomènes d'irritation intestinale provoqués lors de la consommation des feuilles par le bétail. • D'où le nom vulgaire Figuier papier de verre.
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
En réalité l'indication principale concerne les maux de ventre, car le latex serait antidysentérique, la racine et les écorces purgatives (d'où emploi comme antihydropislque), les feuilles cholagogues (emploi anti-ictérique). Les cendres de feuilles entrent avec les racines de Daniellia oliveri dans un traitement sérer du Sine pour les maladies mentales. '
6.- Ficus glumosa Del. var. glumosa. VERN.- Mal. séré; mand. sofo; ser. sâghay ; peul, loue. !ingéré bétey, lingiré bétewi ; peul Firdou el Fouladou tékey,; kon. ândam.
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Caractères remarquables.
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Habitat.
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Emplois.
F. glumosa est surtout recommandé par les Peul-Toucouleur avec les mêmes indicatï"ons que F. capensis, indications étendues en outre au bétail. Dans la préfecture de Sédhiou il est recommandé, d'une façon pré
7.- Ficus gnaphalocarpa (Miq.) Steud. ex. A. Rich. SYN. - Sycomorus ghaphalocarpa Miq. VERN. - Wol. gâg, ngâg, bot; ser., niom. ndum, dunt, ndun, ndunt; falor. en (Sébire) ; mal., bamb. turo, turu ; mand. sotokoyo ; sar. turo ; peul, toue. iwi, diwi, fekey ; bas. anak ; dio/a bupundum (Berhaut). Caractères remarquables. Arbre de 12 à 15 rn, à ftlt droit presque cylindrique, un peu élargi à la base ; écorce lisse, très claire, jaunâtre ou crème ; branches primaires puissantes, étalées, les jeunes pubescentes scabres. Feuilles de 10 sur 7 cm, ovales orbiculaires, presque entières ou finement denticulées, courtement cordées à la base, à coins courts au sommet, scabres sur les deux faces, trinervées à la base et dotées d'un long pétiole de 2 à 5 cm. Figues sphériques, légèrement aplaties, de 3 à 4 cm de diamètre, courtement mais densément pubescentes, jaunâtres rosées à maturité.
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Les feuilles et les fruits sont comestibles. Les feuilles (Sénégal) contiennent .1 t p. 100 de glucides et 35 mg p. 100 g de vitamine C. Les fruits (Sénégal) contiennent 17 p. 100 de glucides ; ils sont riches en calcium (250 mg p. 100 g) et également en .vitamine C (15 mg p. 100 g), en provitamine A (109 mcg p. 100 g) ; thiamine, riboflavine et niacine sont représentées en faible quantité [T3]. • La plante a donné des tests positifs pour la présence de flavonoïdes et de stérols [W2] de même que pour celle d'alcaloïdes et de tanins dans les écorces de tige [P85). Les extraits aqueux d'écorce de tige ont expérimentalement une action anticancéreuse sur les tumeurs ttansplanfables du sarcome 180 (réduction de 51 p. 100) [A71].
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SYN.- Urostigma ingens Miq., Ficus lutea Vahl (de Chev.). VERN. - Wol. sâhay, (Berhaut), roi; mal. turu (Aubréville) ; peul du Bademba tékédawadi ; land. warnana ; bas. amara. Caractères remarquables.
Atbre de 10 à 12 rn, à ftlt court, large, irrégulier, 1). écorce foncée, rugueuse/à cime i dei)Se ovoïde. Feuilles brillantes à la face supérieure, ovales, de 12 sur 7 cm, avec 5 à 8 paires de nervures latérales. Figues axillaires par paires, de 8 à 10 mm de diamètre, glabres ou pubescentes, subsessiles. Habitat.
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Emplois. Dans le Sénégal oriental différents organes du F. infens figurent parmi les préparations médico-magiques de fécondité.
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9.- Ficus iteophylla Miq.
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SvN. - Ficus spragueana Mildbr. et Burret, Ficus sassandrensis A. Chev. VERN. - Wol. !oro, lodo; ser. béleri., mbéleri.; fa/or yasin (Sébire); peul, toue. wardonay ; dio/a bupok ; bas. ari.iden. Car'actères remarquables.
Il existe dans tout le Sénégal. C'est le plus septentrional des Ficus puisqu'il se rencontre encore dans les ravins ombragés de l'Adrar en Mauritanie; Epars dans les cultures du Cayor, Baol, Sine, Saloum, il vit en général isolément dans toutes les forêts sèches des autres régions jusqu'à la forêt guinéenne.
Arbre de 8 à 10 rn, à fût rarement régulier, souvent tortueux et embrassant.rnême les autres arbres. Ecorce beige clair, lisse, avec souvent des racines adventives blanchâtres très ramifiées. Feuilles oblancéolées ou oblongues elliptiques, de 7 sur 2,5 cm, avec un pétiole de 2 à 4 cm finement canaliculé. Figues pubescentes, par paires à l'aiselle des feuilles, de 8 à 10 mm de diamètre, avec un pédoncule de 4 à 5 mm.
Ce Ficus est également employé pour traiter la stérilité et comme ocytocique, mais à une échelle moins grande que les espèces précédentes et généralement en association avec Cordyla pinnata, Lannea acida, Kigelia africana, Tephrosia purpurea, Cassia occidentalis, que ce soit chez les Wolof, les Sérer, les Sarakolé ou les Peul.
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II est épars dans les forêts sèches soudano-guinéennes ; assez commun au sud de la voie ferrée Dakar-Kidira. Parfois conservé dans les villages:"
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8.- Ficus ingens (Miq.) Mïq. var. ingens.
Habitat.
Emplois.
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Chimie.
Arbre robuste de 12 à 15 rn, à ftlt trapu de 2 à 3 rn de haut et dépassant 2 riJ. de diamètre ; cime dense, ovale ; tronc plus ou moins cannelé ; écorce brun foncé, rugueuse, s'écaillant par petites plaques ; rameaux très pubescents. Feuilles ovales, courtement cordiformes à la base, coin court et obtus au sommet ; pétiole de 15 à 40 mm ; limbe pubescent à la face inférieure. Figues par paires, axillaires, veloutées, sphériques, de 10 mm de diamètre, avec des pédoncules de 5 à 7 mm.
Il est commun dans les forêts sèches soudano-guinéennes de la moyenne Casamance, du Saloum, du Sénégal oriental ; encore fréquent au nord de Thiès et dans le sud du Cayor. Conservé dans les cultures pour ses fruits, on le trouve isolé dans le Sine et le Baol. Il dépasse peu la voie ferrée de Dakar à Ki dira, sauf dans les vallées sèches.
593
Habitat. Répandu dans toute la région soudanienne du Sénégal. II pénètre dans le Sahel, (Cayor-Djolof) où il devient arbustif.
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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Emplois.
Emplois et chimie.
L'emploi exclusif pour la femme comme ocytocique de ce Ficus ne nous a été signalé que dans le Sine où on le considère comme un arbre bénéfique. Les Wolof utilisent le macéré d'écorces en usage interne comme antidysentérique et externe comme antirhumatismal. L'écorce se vend parfois sur les marchés de Dakar pour usage généralement externe. ·' Cn vieux Peul nomade de grande réputation, vivant à la limite du Walo-Dimar et qu'on vient consulter de Saint-Louis et de Dakar, en particulier pour la tuberculose et les troubles mentaux, nous a assuré devoir la plus grande partie de ses succès thérapeutiques au F. iteophyUa : le décocté de racines pris deux fois par jour en boissons, lavages et bains donnerait des résultats remarquables dans le traitement des tuberculoses et différentes formes de troubles mentaux, plus spécialement les crises de dépression nerveuse, mais aussi les agitations maniaques. .
Espèce très mineure signalée seulement trois fois comme astringent. Le fruit de ce Ficus est consommé au Sénégal. Il est assez riche en gltrGf'des (15 · p. 100), en calcium (0,2 p. 100), en vitamine C (28 mg p. 100 g) [T3].
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Bamb. sotokuru; mand. diola Pogny' bupudun.
sotoforo; diola
Ser.
VERN. -
Mildbr. et Burret
nduhur; niom.
indas déri; socé
irfa soto; diola
bu pendet
(Berhaut). Caractères remarquables. Arbre de 5 à 10 rn, à fCtt rarement droit, souvent ramifié près de la base, à branches courtes, dressées ; écorce noirâtre, rugueuse ; cime allongée, très dense ; branches glabres. Feuilles épaisses coriaces, vert foncé, vernissées dessus, obovales-oblongues, de 12,5 sur 5,5 cm, avec 5-6 paires de nervures latérales ; pétiole de 2 cm de long. Figues par paires axillaires, subsphériques avec un diamètre de 2,5 à 3 cm, sessiles ou subsessiles.
10. - Ficus leprieuri Miq. VER::-1. -
scott-~lliotii
12.- Ficus
gipendet (Berhaul);
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Caractères remarquables.
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Habitat.
Ficus généralement sarmenteux et épiphyte, atteignant 12 à 15 rn en embrassant les arbres. Feuilles obtriangulaires, tronquées au sommet, cunées à la base ; limbe de 6 cm de long et 7 cm de large au sommet, épais, vert foncé, glabre, brillant, avec une nervure médiane se jlivisant en deux branches avant d'atteindre le sommet. Figues axillaires par paires, sphériques, de 8 mm de diamètre, courtement pédoncu-: lées. f t
Peu commun au Sénégal. Il se rencontre surtout en Casamance maritime, dans les. tles du Saloum et près des niay aux environs de Dakar.
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Emplois. 1
Cette espèce est signalée uniquement par ~es Niominka des !les du Saloum, comme défatigant ou fortifiant, en bains et boissons (décocté de rameaux feuillés)..
Habitat.
13.- Ficus sp;
Existe éparsément en Casamance maritime, et en moyenne Casamance (galeries).
VERN.-
Emplois.
Wol. mbap, hel (Berhaul); ser., niom. gaba (Berhaul).
.
Ce Ficus, dont l'espèce n'a pu être déterminée, nous a été présenté dans la forêt de Blaze (basse Casamance) par un guérisseur baïnouk : le décocté de feuilles et de rameaux feuillés pris régulièrement pendant la grossesse aurait une action préventive favorable chez les femmes sujettes aux avortements. ·
11. - Ficus platyphylla Del. bamb.
kipot.
Emplois.
Les applications médicales du F. leprieuri sont rares et limitées aux maux de dents ; Le latex seul est employé comme anti-odontalgique, surtout pour les caries dentaires.
VERN. -
Bain.
mbadat; sur. dindé.
14.- Ficus
Caractères remarquables.
VERN. -
bamb.
Grand arbre de 15 à 18 rn, à fût droit, robuste, élevé, élargi à la base ; écorce beige crème, jaunâtre ou rougeâtre, lisse, tombant par plaques ; branches primaires puissantes, jeunes rameaux pubérulents ferrugineux. Il est parfois épiphyte. Feuilles de 25 sur 20 cm, ovales, cordées à la base, courtement acuminées et obtuses au sommet, avec 2-3 paires de nervures basales et 8-13 paires de latérales ; pétiole de 8 cm de long. Figues axillaires, sphériques de 1 cm de diamètre, glabres ou pubescentes ; pédoncules djl 2 cm de long.
thonnin~ii
Blume
Wol. dibalé (Berhaut); ser. yasul, ndubal (Berhaul); ser., mal.., dubalé ; diola di kikilit (Berhaul).
Caractères remarquables. Arbre de 8 à 10 m'au Sénégal, à fût peu élevé, cylindrique dans le jeune âge puis profondément cannelé chez les sujets adultes ; écorces lisse, claire ; cime sphérique, dense, avec de nombreuses racines aériennes pendantes. Feuilles ovales ou oblongues elliptiques, très larges et arrondies à la base, obtusément acuminées ou obtuses au sommet, de 9 sur 5 cm avec un pétiole de 4 à 5 cm. Figues sphériques de 6 à 10 mm de diamètre, par paires à l'aisselle des feuilles.
Habitat. Il est très irrégulièrement réparti ; rare dans les savanes boisées de l'intérieur, il est assez fréquent dans le Cayor, le Baol, le Sine, le Saloum, le sud du Djolof. Il existe très éparsément dans le Sénégal oriental et en haute et moyenne Casamance. On rencontre quelques individus dans les sables paralittoraux.
Habitat.
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II est planté dans beaucoup de villages comme arbre à palabres et d'ombrage propice, à la fois, aux discussions et au repos. Il ne semble pas exister spontanément dans les forêts du pays .
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Emplois.
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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L'insaponifiable du latex renferme 72,9 p. 100 d'hydrocarbures polyisopropéniques et 17 p. 100 de triterpénoïdes parmi lesquels prédomine l'acétate at-amyrine (in [B126]). Abbott a reconnu expérimentalement une certaine activité anticancéreuse aux extraits aqueux de feuilles dans les tumeurs transplantables de leucémie lymphoïde ~10 [A71].
Le décocté d'écorces est considéré dans le Sine comme un médicament des affections des voies respiratoires et des métrorragies.
15.- Ficus umbellata Vahl VERN. -
Wol.
mambeia (Aubréville); peul, loue.
1
17.- Morus meso~ygia,Stapf
âdaké.
VULGO. -
Caractères remarquables.
Mftrier.
VERN.- Wol. bulèké sur.
Arbre de 6 à 10 rn, à fût court, large près du sol, souvent très ramifié dès la base, et formant plusieurs troncs divergents à tiges s'enracinant puis se redressant ; écorce lisse, claire, glabre. Feuilles ovales, ou suborbiculaires, cordées à la base, de 20 sur 16 cm, 8 à 10 nervures latérales saillantes dessous ; pétiole de 5 à 6 cm. Figues sphériques groupées à l'aisselle des feuilles, de 2 à 2,5 cm de diamètre, vertes, avec des taches pâles.
sâda; ser.
sâd; dio/a
buséloril (seJhaul); dio/a Fogny
Caractères remarquables.
Il est épars en Casamance maritime, rare dans les galeries forestières soudaniennes (Niokolo Koba, Sénégal oriental). On le voit parfois planté dans quelques villages (lies du Saloum, Nioro du Rip, région de Tambacounda).
Arbre de 10 à 12 rn, à fût droit, plus souvent arbuste ramifié dès la base, à rameaux lenticellés ; présence de latex. Feuilles alternes, largement elliptiques, à dents arrondie& sur les bords, de 9 sur 6,5 cm ; pétiole de 1 cm ; deux nervures latéra.les partent de la Base parallèlement à la médiane puis s'évasent vers les bords avant d'arriver au sommet du limbe. Chatons mâles de 2 cm de long, chatons femelles à l'extrémité de pédoncules deJ!-cm de long sur des rameaux lignifiés. Fleurs verdâtres. Fruits composés, charnus, subglobuleux de 1 cm de diamètre, noirs à maturité.
Emplois.
Habitat.
Dans le Niokolo et le Bademba F. umbellata est, par excellence, le médicament de la femme pour les dysménorrhées, les accouchements dystociques et, d'une façon plus générale, les maux de ventre. La partie util~ée est l'écorce de tronc sous forme de décocté pris en boisson ou mélangé au riz.
Epars dans les forêts, les boqueteaux et taillis de la Casamance maritime, les lies du SaJpum et les niay de Dakar, plus rarement à proximité des galeries humides(soudanieanes (Sénégal oriental). i
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Habitat.
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Emplois.
16.- Ficus vogelii (Miq.) Miq. SYN. - Urostigma vogelii Miq., Ficus senegalensis Miq., Ficus pseudovogelii A. Chev. (de FWTA). VERN.- Wol. god, dob; ser. mbadat, badat; niom. imbadat ; mand. kobo ; bamb. turu (Berhaut) ; dio/a bu pend (Berhaul). Caractères remarquables.
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Arbre de 10 à 12 rn, à fût mal conformé, large près du sol, bas branchu, souvent épiphyte, ou entourant complètement les arbres d'un lacis de tiges entrecroisées ; écorce rugueuse, foncée, noirâtre ; jeunes rameaux pubérulents, beige clair. Feuilles vert foncé, brillantes dessus, coriaces, obovales ou oblongues elliptiques, de 22 sur 10 cm; pétiole de 8 cm, robuste; limbe a•·ec 5 à 7 nervures latérales, proéminentes dessous, vert pâle dessus. Figues axillaires, sessiles, subglobuleuses, de 1,7 cm de diamètre. Habitat. II est commun dans tous les lieux humides surtout en Casamance, dans le Sine, aux lies du Saloum (où presque tous les arbres persistant dans les jachères de certains secteurs sont entourés par ce Ficus) et de Dakar jusqu'à Saint-Louis: Il existe aussi dans les galeries soudarliennes. Emplois, chimie et pharmacolo~ie. Le F. vogelii est d'emploi peu'courant. En médecine populaire, on accorde au décocté d'écorces des propriétés antidiarrhéiques faibles et calmantes pour les coliques. Certains guérisseurs Wolof du Baol ajoutent aussi les écorces comme élément bénéfique aux préparations destinées à combattre la stérilité.
Espèce signalée dans le Sine et en Casamance. . Pour les guérisseurs sérer M. mesozygia serait un arbre fétiche protecteur : une branche pendue à l'entrée des habitations éloigne les sorciers et les lavages, avec le macéré de racines, assurent une protèction efficace contre les maléfices. Par ailleurs ils considèrent que les préparations des écorces de tronc et de racines sont parmi les meilleurs médicaments antinévralgiques et anti-entéralgiques. Les Diola du Fogny emploient cette espèce en bains et massages pour les rhumatismes, les douleurs intercostales et les courbatures. '
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Chimie. L'espèce ivoirienne a été étudiée par Paris et coll. qui y ont décelé différents types de fiavonoïdes : Dans le bois de cœur existent à l'état libre d'assez fortes proportions d'un fiavonol isomère du quercétol, le morin o'u moro! (5-7-2'-4 tétrahydroxylfiavonol). Cette substance est accompagnée de petites quantités de fiavanonols (dihydro-2,3 flavonols), pinobanksine ou 'dihydrogalangol et dihydromorin. Dans les feuilles le morin se trouve combiné sous forme d'hétéroside. Pour cet hétéroside qui est un rhamnoglucoside du morin, les auteurs proposent l'appellation moroside [P160].
61. -
MORINGACÉES
Famille voisine de celle des Capparidacées dont elle se dintingue par les fleurs pentamères. Elle ne comprend que le genre .Moringa, originaire des territoires entourant l'Océan Indien.
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Caractères remarquables.
1. -
Morin~a
oleifera Lam.
Arbuste ou petit arbre de 4 à 5 rn, souvent branchu dès la base, à écorce brunâtre grisâtre, pâle, épaisse, grossièrement lenticellée ; rameaux dressés puis retombants. Feuilles alternes.composées, 2-3 fois imparipennées à 4 ou 5 paires de pinnules opposées ; rachis et pim:wle~ pubescents ; folioles ovales, de 2 sur 1 cm. Panicules axillaires ou terminales de fleurs blanches ; pédoncule de 1 cm ; calice campanulé pubescent ; 5 pétales inégaux, réfléchis ou arqués. Siliques· allongées, linéaires, de 20 sur 2 cm, plus étroites vers la base qui se termine en poin'te ; coupe transversale triangulaire. Graines sphériques de 1 cm de diamètre entourées de 3 ailes hyalines.
YULGO. -Ben ailé. SYN. - Moringa plery!iosperma Gaertn. YERN.*- Wol., ser . . névôday, nôbôday, nébéday, sap sap, mbum; niom. nébôday ; mand., socé némédayo, nébédayo ; bamb. névrédé; s~r'. névôrday ; peul, toue. nébôday ; bas. dâboy.
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·Habitat. Originaire d'Asie, il est cultivé daris les villages, surtout aux environs de Dakar et en Casamance. Emplois.
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Le nébéday est un des médicaments les plus connus, les meilleurs et les plus employés de la médecine populaire sénégalaise pour plusieurs raisons. La plus évidente nous parait pourtant être son implantation, à portée de la main, dans la plupart des· carrés d'habitation, en vue de l'utilisation journalière des feuilles comme condiment dans le couscous et les sauces. . " Si en Afrique noire l'expression« remède de sorcier> estfréquemment, et à notre avis inconsidérément employée, !:expression« remède de bonne femme •, courante en France, est par contre inusitée ici. Or nulle plante mieux que le nébéday ne ~ériterait d'être ainsi qualifiée, à condition de ne pas donner un sens péjoratif à ce terme. · Les emplois les plus courants concernent les enfants rachitiques, bron-chitiques, fiévreux, souffrant de céphalées et de néyralgies ; les traitements divers vont de l'instillation du suc frais de la feuille ou dfJ·s inflorescences dans les y~ux et-fie l'administration de la racine en poudre nasale, aux boissons et aux lavages corporels avec des macérés de feuilles, écorces et racines. De même pour les adultes, avec des indications supplémentaires pour les œdèmes, les rhumatismes, les douleurs articulaires, les abcès, les entorses, etc. La gomme exsudée du tronc après incision, et qui se concrète rapidement en une gelée ferme de couleur rosée, est astringente et reçoit aussi des applications médicinales variées.
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Chimie.
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FIG. 31.- .Uoringa o/ei(era Lam. -
1. Fleur. - 2. Dissection de la fleur. - 3. Fruit. - 4. Graine (face et profil) (D'après !FAN).
* Dans tout le Sénégal on retrouve, comme nom vernaculaire, un mot déformé de l'expression anglaise • never die •, qui ne meurt jamais.
1° FEUILLES. Des études chimiques ont été faites en Afrique sur les feuilles en vue de rechercher leur valeur alimentaire. C'est ainsi que Toury et ses coll. [T3], analysant les feuilles fralches de la région dakaroise, donnent la composition centésimale suivante : eau 74,7, protides 8,1, lipides 0,6, glucides totaux 14,1, cellulose 2,13, cendres 2,50. De plus, ils ont trouvé en mg p. 100 g calcium 531, phosphore 142, fer11,7, vitamine C 220*, thiamine 0,23, riboflavine 0,77, niacine 2,66. Enfin ils donnent en équivalent de vitamine A le chiffre de 5 600 mcg p. 100 g. Dè son côté, Busson [B9], a analysé dans le même but des feuilles sèches en provenance de Côte d'Ivoire et en a donné la composition, la teneur en éléments minéraux, en oligo-éléments et en amino-acides. Les teneurs en amino-acides des protéines des graines ont été également calculees par Smith et coll. [S104]. 2° GOMME DES TIGES ET DU TRO.KC. Les tiges et le tronc fournissent une gomme dont le mode d'exsudation a été élucidé en 1908 par Jadin. En dehors des éléments lignifiés et subérifiés, les parois cellulaires manifestent le premier stade de la gommose ; mais cette transformation donne naissance à des cavités gommeuses de deux façons bien différentes : normalement, à une
* Cette teneur correspond à celle de l'espèce indienne qui selon Damodaran et Szinivasan en mg p. 1 g de feuilles fralches (0-19].
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADI1(,.-.INELLE
PLANTES MÉDICINALES ET, TOXIQUES lacune médullaire centrale incapable de communiquer avec l'extérieur, et, pathologiquement, sous l'influence de traumatismes, à des lacunes libériennes susceptibles de communiquer avec l'extérieur [J47]. En fait, les recherches concernant la composition chimique et l'action de la drogue (qui figure à la pharmacopée indienne) ont tout naturellement été pratiquées surtout •, par les auteurs anglais et indiens. La gomme de l'écorce de .tronc est un polyuronide neutre contenant arabinose, galactose et acide glycuronique dans le rapport molaire 10-7-2, avec en outre des traces de rhamnose [112). A partir des hydrolysats de la gomme, Ingle et Bhide ont obtenu un acide aldotriouronique et une gomme partiellement hydrolysée, désignée sous· le nom de " gomme dégradée" dont la structure a été également étudiée [116).
3• EcoRcEs. Dans l'écorce fraiche, Ghost et coll. ont trouvé 0,105 p. 100 de bases d'où ils ont isolé deux alcaloïdes, l'un amorphe dénommé moringinine, l'autre liquide mais donnant un chlorhydrate cristallisé de formule C7 H.N, HCL [G54]. On sait maintenant qu'il s'agit effectivement d'une base aminée, la benzylamine dénommée moringine. Kincl et Gédéon (Journ. Arch. Pharm., 1957, 290, p. 302) ont signalé de leur côté la présence dans les écorces de ~-sistostérol et d'importantes traces de deux alcaloïdes. Ajaneyulu et coll. ont isolé le bauérenol [A98) qui est un triterpène de formule C30 H 50 0 du groupe friédo-ursane. Quant à Bhattarjee et Das il y ont décelé stérol et terpène, mais pas d'alcaloïde [B191). Un composé dénommé athomine ou GL54 a été isolé des écorces de racines [S89] où on signale aussi la présence d'un alcaloïde qui est la spirochine (in [H55] 5, p. 130). De l'écorce de racine, Raghunandana Rao et George [R51, R52] ont isolé, les premiers, une substance soufrée dénommée ptérigo~permine dont la formule brute C 22 H 1 ,0 2 N,S, iut donnée par Narasimha Rao en 1953 [N18) et la formule de constitution par Kurup et Narasimha Rao en 1954 [K39J. Elle peut être considérée comme un proctuit de condensation de deux molécules de benzylisothiocyanate avec une molécule de benzoquinone. 4°
AUTRES
ORGANES.
Tous les organes du végétal dégagent quand on les froisse ou les triture une odeur rappelant celle de l'essence de moutarde: elle est due à la présence du benzylisothiocyanate ou sénevol benzylique [P91). Des fleurs, Rangaswami et coll. ont extrait à l'éther de pétrole une cire de PF69-72• à 75,5 p. 100 d'insaponifiable [R50]. L'amande des graines fournit 33 à 36 p. 100 d'une huile jaune clair sans odeur, sans saveur, contenant environ 70 p. 100 d'acide oléique et dans laquelle on a aussi décelé l'acide béhénique C22 Hu0 2 *.
Pharmecologie.
1°
ORGANES.
Georges et coll. ont signalé que les extraits de tous les organes de la plante étaient actifs contre Escherichia coli et Staphylococcus aureus. La racine est particulièrement antibiotique pour les bacilles Gram + e t - [G29, R52). La recherche du pouvoir antipaludique de l'écorce, ainsi que celle de l'action insecticide des écorces de tige, branches, graines, feuilles, n'a pas donné de résultats significatifs [S95, H57). De même, celle de l'action anticancéreuse [A71] et contraceptive [B157). Dhar et coll. ont noté pour les extraits de fruits, de bois de racine, d'écorce de racine, des effets sur l'iléon de cobaye et en outre, pour l'écorce de racine, une activité antivirale sur la souris contre le Virus de Vaccinia [D86). La pharmacodynamie des feuilles de l'espèce pakistanaise a été étudiée en 1968 par Sarfraz Siddiqi et coll. : l'extrait aqueux, de faible toxicité, manifeste une action
• Cette huile de densité (},912 à 0,915 appelée huile de Ben est un des meilleurs lubrifiants connus pour les rouages de machines délicates. Elle est en particulier utilisée en horlogerie.
601
hypotensive chez le chien, une stimulation du cœur de lapin isolé, une action bloquante neuro-musculaire et un eflet sédatif [S181).
2°
PTÉRIGOSPERMINE.
Les plus importantes études concernent l'action de la.ptérigospermine. Au point de vue toxicité 1~ DL50 par voie sous cutanée che~ la souris est de 350 à 400 mgfkg. A doses plus fortes, l'animal meurt par arrêt respiratoire. Il a été constaté, qu'à part une chute passagère de la pression sanguine et un accroissement de la profondeur de la respiration suivant les doses administrées, il ne se produit pas de réactions fâcheuses dans l'expérimentation chez les animaux lors de l'administration par voie intra-veineuse [N18). · ~ Des expérimentations dans le même sens sur la to~icité aiguë et chronique de la pterygospermine purifiée et sur la toxicité comparée avec le benzylisothiocyanate et un dérivé soluble dans l'eau, ont été réalisés chez les souris et les rats par Das et coll. [D51). Avec quelques autres auteurs se sont surtout Kurup [K39, K40], Das [D50, D51, D52) et leurs collaborateurs qui se sont illustrés dans l'étude des propriétés antibiotiques de la ptérigosperrnine et de son mode d'action. Avec des préparations de ptérigospermine purifiée et de la ptérigospermine .cristallisée, le spectre antibactérien est très étendu sur les bacilles Gram + et - (Micrococcus pyopenes var. aureus, B. subtilis, Escherich~a coli, Aerobacter qureogenes, Salmonella typhosa, S. enterilides, Shi gel/a dysenteria6, M. tuberculis, "etc: '[K39]. La ptérigospermint a également un eflet inhibiteur important vis-à-vis de nombreux champignons, y compris les p~rasites des végétaux, alors qu'elle exerce un eflet négligeable sur la germination des graines. Ceci permet par conséquent d'envisager son emploi pour le traitement préventif des fruits et légumes et pour le traitement des graines [K)O). ; Sa stabyité est bonne, meilleure en solution tamponnée de phosphate qu'en solutio!4. aqueuse Simple [K40}. . . . L'acide glutamique et la thiamine sont antagonistes de la ptérigospermine tandis que la pyridoxine augmente l'action antibiotique [K40). La ptérigospermine ne se comporte pas comme la pénicilline vis-à-vis de l'assimilation de l'acide glutamique par le Micrococcus pyogenes. Les cellules traitées par la ptérigospermine restent normales tant que l'assimilation de l'acide glutamiquè est en jeu, alors qu'avec la pénicilline l'acide glutamique n'est pas assimilé [K40]. La ptérigosperrnine inhibe spécifiquement le système de transaminase acide glutamique:<::;: alanine, le pourcentage d'inhibition baissant avec le temps et la concentration [K49]. L'action de la ptérigospcrmine pourrait être due in vivo à une lente élaboration de benzylisothiocyanate, ce corps étant capable d'inhiber la transaminase catalysant la réaction acide glutamique + acide pyruvique :;=: alanine + acide a: cétoglutamique [D51, D52]. 3°
ATIIO~IIXE.
L'athomine est le deuxième antibiotique isolé des racines. Elle n'est pas toxique pour le lapin. Chez le rat intact elle produit une très légère baisse de pression sanguine attribuée à la dépression des terminaisons nerveuses du nerf moteur sympathique et. à une forte inhibition du péristaltisme intestinal [S89). L'athomine est surtout active vis-à-vis du Vibrion cholérique, son eflet se situant entre celui de la chloromycétine et celui de la streptomycine [S8())*. 4° SPIROCHINE.
Le troisième antibiotique retiré des racines, la spirochine, n'est pas toxique pour les animaux. Elle agit directement sur le myocarde : à la dilution de 1/10 000, elle augmente l'amplitude et le nombre des contractions et les ralentit à la concentration de 1/1 000. A des doses fortes elle paralyse le vague tandis qu'à petites doses elle fait chuter légèrement la pression sanguine. Par voie intraveineuse les doses supérieures • Sdon Merck IM18] l'athominc est commercialisée aux Indes par Aeon Chcmical Industries, Ltd, Calcutta, à usage d'anti-émétique et pour le traitement du choléra.
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
0,35 gfkg arrêtent la respiration et le cœur, dépriment les mouvements péristaltiques e l'intestin, augmentent le tonus de l'utérus et inhibent ses mouvements rythmiques n [W2]). · La spirochine, selon Chatterjee qui la considère comme le principe a~tif de la racine, ;t, par voie interne (intra-musculaire).et externe un antiseptique et un agent prophytctique des blessures infectées. Elle agit efficacement contre les infections à bacilles cram +, particulièrement staphylococcies et streptococcies, hâte la formation de épithélium et montre en outre une certaine action analgésique et antipyrétique [C64].
Famille principalement tropicale qui renferme le genre Eucalyptus avec plus de iOO espèces. Au Sénégal, elle n'est représentée que par deux espèces de Syzygrum, i'ailleurs peu communs. On trouve dans les jardins ou en plantations forestières de nombreuses espèces étrangères au territoire : Eucalyptus, Eugenia, 11-'Ielaleuca, Psidium. Cette famille est composée d'arbres ou d'arbustes. Feuilles simples, opposées, rarement alternes, avec des points translucides, sans stipules (ou très petites). Fleurs régulières ; calice soudé à l'ovaire ; étamines nombreuses insérées sur les bords du disque. Fruits infères avec les vestiges du style au sommet : ce sont des capsules Eucalyptus) ou des baies (Psidium). Les 1\lyrtacées sont, d'une façon générale, très aromatiques et riches en essences provenant de poches sécrétrices schizogènes situées dans de nombreux organes. Elles ournissent des produits intéressants d'usages divers : antiseptiques (essences d' Eucayptus, de girolle, de Cajeput, de Niaouli), astringents (kin os ou gommo-tanins d' Eucayptus), stimulants et condiments (Piments, girofles), comestibles (goyaves, jarneongue, jamerose) etc.
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SYN. ~Eucalyptus rostrata Schlecht. V,rLGo. -Eucalyptus. VERN.- Wol. rot tubutel. Caractères remarquables. Arbr.e de 15 à 20 rn aux environs de Dakar, à fût généralement trapu, branèhu près de la base, contourné, ma,is pouvant être exceptionnellement ,droit, èylindrique et élevé avec seulement de petites ramilles à faible hauteur ; extrémités des branches retombantes. • Feuilles alternes, lancéolées, falciformes, vert ·glauque, glabres, parfumées lorsqu'on les froisse. Inflorescences en nombreuses petites ombelles de fleurs blanches d'environ 1 cm de diamètre avec des boutons très apiculés au sommet (parfois faiblement). Capsules d'environ 5 mm de diamètre s'ouvrant par 4 fentes à la partie supérieure.
La pharmacologie des bases de l'écorce, moringine et moringinine, a été étudiée par ,hopra et De [C11]. · Comme il fallait s'y attendre, la moringine qui est la benzylamine n'a pas ou peu 'action. Par contre, la base amorphe moringinine montre une activité marquée et ressemble, ar ses effets, à l'adrénaline et à l'éphédrine. Elle appartient au groupe des sympatholimétiques agissant sur les terminaisons nerveuses du système sympathique en prouisant élévation de la pression sanguine, accélération des battements du cœur et ontraction des vaisseaux sanguins. Elle inhibe aussi le tonus et le mouvement des 11uscles lisses. Par voie intraveineuse, elle déclenche chez l'animal une légère diurèse, le la mydriase et est détoxiquée par le foie. Les fortes doses dépriment les terminaions nerveuses vasomotrices. Cette base diffère de l'adrénaline du fait qu'elle produit peu ou pas d'élévation de a pression sanguine après l'ergotoxlne. En tout état de cause, la moringinine est l'action faible par rapport à l'adrénaline et àl'éphédrine et se trouve en trop faible 1uantité dans la pla~te pour être intéressante [C11}.
62. - MYRTACÉES
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1. --Eucalyptus camaldulensis Mehn.
5° MoRINGINE ET MORINGININE.
Le benzylisothioc~anate qui existe dans la plante, mais qui se forme aussi in vivo à 1artir de la ptérigospermine, est connu pour ses propriétés antiscorbutiques, toniques ~t pour son action favorable sur les sécrétions bronchiques. En conclusion, il est certain qu'à de nombreux égards l'utilisation de M. oleifera lans l'alimentation et dans la pharmacopée sénégalaise est parfaitement justifiée 1ar les propriétés diverses qui viennent d'être passées en revue.
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADITIONNl:.LLE
6° BENZYLISOTHickYANATE.
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Habitat. Originaire d'Australie, c'est l'espèce qui a été la plus cultivée dans les régions. tropicales et subtropicales du monde (jusqu'en France). C'est la plus rusticijie; ellè réussit aisément au Sénégal dans les sols frais à faible profondeur. · Emplois. /
Les feuilles d'Eucalyptus sont utilisées par les Wolo~ en décocté sucré pour les maux de ventre et les dysménorrhées. Chlnùe.
L'E. camaldulensis a été moins étudié que l'espèce officinale E. globulus Labitl., mais néanmoins Watt a réuni à son sujet un nombre assez important de données que nous résumons. La gomme sèche exsudée de l'arbre et connue sous le nom de gomme d'eucalyptus, kino d'eucalyptus, gomme rouge, contient 45 p. 100 d'acide kinotannique, un glucoside, du catéchol et du pyrocatéchol. Les feuilles et les fruits donnent des tests positifs pour la présence de flavonoïdes et de stérols. Les feuilles. Ile l'espèce acclimatée en Afrique du Sud renferment 0,1 à 0,4 p. 100 d'huile essentielle à 77 p. 100 de cinéol avec aromadenctrène et aldéhyde valérique. Les pourcentages de tanin sont en outre connus: pour l'écorce 2,5 à 11, pour le bois 2 à 14, pour le kino 46,2 à 76,7 [W2]. L'acide kinotanique du tanin se transforme par oxyctation en rouge de kino insoluble qui entraîne pendant la dessiccation le brunissement de la drogue. Le cinéol C 10 H 18 0 (ou eucalyptol, ou cajeputol), rattaché au groupe des terpènes monocycliques est, en fait, l'éther oxyde de la terpine. C'est la teneur en ce principe qui détermine la valeur d'une essence d'eucalyptus. L'essence officinale devant titrer au minimum 70 p. 100 d'eucalyptol, on voit qu'à ce point de vue celle d' E. camaldulensis peut être considérée commè satisfaisante. L'aromadendrène C 16 H 24 est un sesquiterpèfie, e'xistant également dans E. globulus, qui par déhydrogénation donne le S. guajazulène C 15 H 18 • Quant. à l'aldéhyde valérique C6 H 10 0, c'est le pentanal. Pharmacolo~le.
Le kino, riche en tanin de composition analogue à celle du « kino d'Australie" fourni par le même Eucalyptus, est un astringent encore employé en poudre à la dose de 0,50 à 8 g par jour, en teinture à la dose de 2 à 30 g dans les pays d'origine et en Grande-Bretagne. Son action est un peu plus faible que celle des kin os des Légumineuses•, mais plus lente et plus dumble.
• Le kino de Gambie est retiré du Pterocarpus erinaceus. Cf. p. 4 71.
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Par ailleurs les autres propriétés peuvent être considérées comme étànt comparables à celles de l'espèce olllcinale. Les feuilles sont fébrifuges, toniques et astringentes, légèrement hémostatiques ct antiparasitaires. Eltes peuvent être employées à l'inté~ rieur en infusé à 20 p. 1 000 et en teinture, à l'extérieur en inhalations avec l'infusé à 30 p. 1 000 et la teinture. L'essence est un antiseptique faible, absorbé par la peau, les voies digestives et respiratoires. Elle agit également comme balsamique, vermifuge et désodororisant, tout comme l'eucalyptoL On l'utilise en solution huileuse à 5-10 p. 100 pour agir directement sur la muqueuse des voies aériennes supérieures ; on l'utilise aussi avec chloroforme et huile de ricin, comme vermifuge, dans l'ankylostomiase du duodenum, à la ·~se de 2,50 g. · Cette essence n'est pourtant pas sans danger à fortes doses, car on signale de nombreux cas d'empoisonnement. Watt [W2] fait état d'une- dizaine de références; les symptômes de l'intoxication chez l'homme sont marqués par de la pâleur, cyanose, brùlures épigastriques, vomissements, diarrhées, sueurs froides, frissons, faiblesse musculaire, vertiges, somnolence, stupeur, démarche chancelante, pouls faible et rapide ou lent, respiration peu profonde et lente avec sensation de suffocation. La pupille est réduite à un point et ne-réagit plus à la lumière. Il peut y avoir des signes de lésions rénàles. Dans les empoisonnements sévères on constate du delirium souvent accompagné de faiblesse des articulations et de convulsions. La mort, survenant par paralysie respiratoire, a été constatée avec des doses variant de 4 à 24 ml.
2.- Psidium
~uajava
L.
VuLGO.- Goyavier. VERN.- \Vol. goyap. Caractères remarquables. Arbuste de 3 à 4 rn, à fùt contourné ; écorce lisse, claire, se détachant par plaques ; jeunes rameaux quadrangulaires, pubescents. Feuilles opposées, ovales, arrondies aux deux extrémités, de 5 sur 4 cm, subsessiles, à nervures déprimées à la face supérieure. Cymes axillaires ou fleurs isolées blanches sur un pédoncule de 15 à 20 mm ; nombreuses étamines à anthères jaunes. Baies sphériques avec de larges sépales persistants au sommet, à chair violine ou rose, contenant de nombreuses petites graines. Habitat. Originaire de l'Amérique tropicale, il est cultivé dans beaucoup de jardins, de SaintLouis à la Casamance. Il est parfois subspontané en Casamance maritime et dans les sols humides (niay de Dakar). Emplois. Les racines, les feuilles et les fruits verts sont astringents et utilisés en médecine populaire comme antidiarrhéique ; les préparations de fruits mùrs (nettement moins astringents que les verts) servent en qualité de laxatif, rafraîchissant et stimulant. Chimie. 1° FEUILLES. Les feuilles contiennent d'après \Vehmer [W3]6 p. 100 d'une huile fixe, 0,365 p. 100 d'essence à base de cinéol, :~,15 p. 100 de résine, 8,15 p. 100 de tanin. Dans les feuilles provenant de S. Tomé les auteurs portugais [A9] ont trouvé la composition centésimale suivante: eau 9,99, lipides 2,9, glucides totaux (en glucose) 2, protides (en albumine) 11,4, cellulose 43,8, cendres 4,7. L'analyse des tanins leur.a donné p. 100 : eau 10,90, substances taniques totales 7,20, tanins pyrocatéchiques 2,95, tanins pymgalliques 4,25.
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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En 1952 Soliman et coll. [S7] ont isolé des feuilles une cire, un phytostérol et un acide dénommé acide psidiolique considéré par eux comme un nouvel acide triterpénique ; mais Arthur et Hui [AlOI ont montré, par la suite, que cet « acide psidiolique » était en réalité un mélange de quatrè acrdes triterpéniques : l'acide ursolique (ursone) C30 H, 8 0 3 , son isomère l'acide oléanolique (caryophylliiu: du clou de girofle), l'acide cratégolique C30 H.,O, et un nouvel acide triterpénique appelé acide guaijavolique C30 H, 8 0 ,. Elles contiennent aussi du [3-sist\)stérol. D'après Watt [W2], Bhati, en 1953, a isolé de feuilles en provenance de Bangalore d et dl-limonène, un nouveau sesquiterpène bicyclique, un nouveau sesquiterpène cadinylique et un nouveau sesquiterpène cadinylique alcool. Watt, citant en outre de nombreux auteurs, indique l'isolement de carotène, vitamines B, •. B 2 , B 6 , C et niacine. Les travaux de Khadem et Mohamed à partir de l'extrQ,it éthanolique de feuilles~ les ont conduit à l'obtention de trois dérivés flavoniques définis : la quercétine C,.H 10 0 7 ou pentahydroxyflavonol, l'avicularine C20 H 180 11 ou 3 L-ara9inO'furanoside de quercétine (déjà décelée dans un Polygonum et un Vaccinium) et la guaijavérine ou 3 L-4-arabinopyranoside de qilercétine (corps signalé. pour la première fois) [K9]. Seshadri et Vasishta isolent également des feuilles fralches la quercétine et son 3-arabino pyranoside ou guaijavérine. Ils obtiennent, en outre, avec Ul'l rend!!ment importa.nt, la leucocyanidine, un peu d'acide ellagique, mais une forte quantité du 4-[3-gentiobioside de l'acide ellagique identique à l'amritoside précédemment décelé dans l'écorce de tigé [S167].
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2° EcoRcEs. Ce sont en effet à partir des écorces, riches en polyphénols, que Seshadri et Vasishta ont isolé en 1965 je fortes proportions d'amritoside avec leucocyanidine, acide ellagique et un autre, acide pouvant être l'acide lutéique. Quant aux écorces de racine elles sont très pourvues en gallo-tanins (S8, S167}. Les écorces contiennent du tanin, jusqu'à 30 p. 100, ainsi que les racines et les fleurs [W3]. Des renseignements sont donnés par Brasil et coll. [B17] sur la composition deÏ! , cendres en matières minérales : azote, phosphore, calcium, potassium et magnesium. · '
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3o FRUITS. Les fruits frais de Goyavier du Sénégal contiennent p. 100, selon les analyses de Toury [T3]: eau 81. protides 1,2, lipides 0,10, glucides totaux 17, cellulose 4,1, cendres 0;7 ; ils contiennent en outre en mg p. 100 g calcium 42, phosphore 42, fer 2, vitamine C 152, thiamine 0,06, riboflavine 0,03, niacine 1,34 et en équivalent vitamine A p. 100 g: 165 mcg. La teneur en vitamine C dans le fruit, sa localisation, sa biogénèse et sa stablli~ ont fait l'objet de recherches desquelles il ressort que la teneur peut varier dans de très fortes proportions selon les régions et qu'elle est plus élevée à la fin qu'au début de de la saison. L'épicarpe et le mésocarpe sont les parties les plus riches en vitamine C qui par ailleurs résiste bien à la dessiccation et à la cuisson du fruit. Le Riche, cité par Watt [W2], a émis l'hypothèse que le fructose interviendrait dans la synthèse de la vitamine C. La pectine du fruit renferme 62 à 72 p. 100 d'acide galacturonique, 8-12 p. 100 de galactose et 4-6 p. 100 d'arabinose [B71]. On trouve aussi dans le fruit acide ellagique et leucocyanidines [S8], ainsi que le diester de l'acide hexahydroxydiphénique avec l'arabinose [l\172]. D'après Quisumbing et d'après Wokes (in (W2]) les différents organes contiendraient des traces d'acide cyanhydrique avec une présence plus importante dans les feuilles, les fruits, .les graines et les racines. Pharmacolo~ie.
L'extrait de racine, injecté au rat, diminue le contrôle de l'acide citrique et du fructose de la prostate et de la vésicule séminale, ce qui permet de supposer la présence, dans cette préparation, d'un principe actif particulier (C124].
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADITlvNNELLE
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Avec les extraits aqueux de feuilles de l'espèce nigériane, Malcolm et coll. ont obtenu des tests positifs d'activité antibiotique sur les organismes Gram + : Sarcina lutea, Staphylococcus aureus, Mycobacterium phlei [M130]. Antérieurement, Collier à Java et Bushnell à Hawaï, tous deux cités par Watt [W2] avaient constaté un pouvoir antimicrobien important chez les feuilles et les fleurs, pluti faible chez les fruits. Des extraits de fleurs du Michigan ont donné aussi des tests positifs vis-à-vis du Mycobacterium tuberculosis (Lucas, cité par Watt). Khadem et Mohammed [K9] ont trouvé que l'extrait alcoolique et le décocté aqueux de feuilles montraient une activité antibactérienne in vitro sur le Staphylococcus aureus et in vivo sur les souris infestées avec H. Sire p.« Richards "· Ils ont trouvé en outre que les trois composés flavoniques isolés : quercétine, avicularine et guaijavérine inhibaient la croissance du Staphylococcus aure us à la dilution de 0,1 mg/ml. Nickell signale, de son côté, que les extraits aqueux de- feuilles, racines et tiges sont actifs sur les bacilles Gram + et- [N29]. Avec des extraits alcooliques de feuilles, fruits, tiges et écorces de tiges, il a été constaté chez les souris, jusqu'à des réductions pondérales de 67 p. 100 de tumeurs transplantables du sarcome 180 [A71]. En conclusion, la richesse en tanin des différents organes justifie pleinement leur emploi comme astringent antidiarrhéique. D'autre part, les investigations chimiques et pharmacologiques actuellement en cours permettent d'envisager d'autres perspectives d'emploi dans l'avenir.
3.- Syzygium guineense (Willd.) DC. var. guineense. SYN.- Calyptranthes guineensis Willd. VERN. - Wo1. sédada (Berhiwt), hôl; ser. ndasdéri (Berhaut), ngap ; mal. kokissa ; bathb. kari (Berhaut), kissa ; mand. mâdéfo (Aubréville) ; dio/a bulunden, bulainé (Aubréville), butul (Berhaut) ; bal. bafi (Aubréville) ; bain. kifirom, kilimüi ; peul Firdou kadoday.
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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NYCTAGINAÇÉES
Famille surtout d'Amérique tropicale. Il y a au Sénégal deux genres spontanés : Commicarpus et Boerhavia et deux introduits comme plantes ornementales dans les jardins : Mirabilis et Bougainvillea. Les plantes spontanées du Sénégal sont des herbes à feuilles alternes ou opposées sans stipules. Fleurs régulières, hermaphrodites, en cymes ; calice tubulaire; pas de corolle ; ovaire supère uniovulé. Fruits indéhiscents entourés par le calice qm est souvent glanduleux. • On compte pour le genre Boerhavia six espèces sahéliennes et soudaniennes. Le B. diflusa est une espèce rudérale et messicole qui se trouve dans tout le territoire. Les Nyctaginacées sont surtout connues comme plantes ornementales. Belle de nuit* (Mirabilis jalapa L.), Dame de onze heures (Mirabilis dichotoma Vahl), Bougainvillée. Nombre d'entre elles jouissent de propriétés purgatives (Mirabilis jalapa dont la racine tubérisée constitue le faux-jalap, Boerhavia) et sont utilisées dans leur pays d'origine en médecine populair'e.
1. - Boerhavia diffusa L. · SvN.- Boerhavia repens var. diflusa (L.) Hook. f., Boerhavi a adscendens Willd. VERN.**- Wol. wom ogelem, vumégélen, wom u géllm (=genou du cha~ meau), tâg impitiix ( = patte de pigeon) ; ser. 11/lubop délem ; barn b. ndoroni (Berhaut). Caractères remarquables.
Caractères remarquables. Arbre de 12 à 15 rn, à fùt robuste rarement droit, bas-branchu avec rameaux à extrémités retombantes ; écorce foncée, rugueuse, un peu striée, se détachant par petites plaques. Feuilles elliptiques ou oblongues, cunées à la base, acuminées au sommet, glabres, de 11 sur 4,5 cm ; pétiole de.1 à 2 cm contourné ; nervures latérales s'unissant avant le bord. Cymes terminales de fleurs blanches de 5 mm cte diamètre. Baies ellipsoïdes, violine foncé à maturité, de 1 cm de long. Habitat. Commun en Casamance maritime le long des marécages et dans les sols humides côtiers jusqu'aux niay de Dakar. Fréquent et ripicole sur les berges des affiuents de la Gambie. Emplois. Ce Syzygium, bien que signalé dans diverses régions, est d'utilisation peu courante. Les écorces sont légèrement antidiarrhéiques et l'absorption régulière du macéré écorces-feuilles est recommandé aux femmes durant la gestation, plus particulièrement lorsqu'elles sont atteintes de maux de ventre.
Plante à tiges annuelles glabres, ascendantes ou érigées. Feuilles dépassant 2,5 cm de longueur, ovales, largement aiguës au sommet, arrondies à la base, à bords parfois ondulés avec 3 à 4 paires de nervures latérales déprimées dessus ; jeunes feuilles avec sur les bords de longs poils cloisonnés. Panicules terminales diffuses, lâches, branchues, pouvant dépasser 25 cm de longueur avec des capitules de 2 à 4 fleurs de 1 mm, rouge cramoisi ou violet foncé ; 1 ou 2 étamines à filets longs de 1 à 1,5 mm. Fruits obovoïdes, glanduleux, glutineux. Habitat. Il est très commun autour des villages. C'est plutôt une espèce rudérale mais elle existe également dans les cultures et lieux humides ainsi que sur les bords des routes et pistes. · Emplois. Les deux Boerhavia diflusa ct repens sont confondus par le populaire et utilisés indifféremment comme remède de bonne femme à usage externe en qualité d'émollient (cataplasmes de tubercules). Chimie. Cette espèce a été particulièrement étudiée aux Indes par Chopra qui la met en synonymie avec B. repens L. [ Cll].
Chimie. Pour l'espèce aflîne du Congo S. owaricnse Benth., souvent confondue par les botanistes avec S. guineense, Degand a donné les pourcentages dans les feuilles sèches de cendres (5,85), albuminoïdes (ll,:i5), cellulose (:{0,65) et extrait éthéré (ll,:l.')). Il a, par ailleurs, recherché les alcaloïdes, mais sans résultat [D44[.
• La Belle de nuit est connue des biologistes à un autre titre, car c'est un matériel expérimental précieux pour les éludes d'hybridation. **Au point de vue noms vernaculaires B. diffusa et R. repens sonl confondus.
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FIG. 32. - Hoerhavia diffusa L. - 1. Plante réduite aux 2/3. - 2. Détail de la nervation du limbe.- 3. Inflorescence x 8.- 4. Fleur x 12.- 5. Etamine x 18.- !i. Fruit x 8 (D'après Busson).
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609
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
En 1910, Ghoshal indiquait les constituants suivants : un sulfate d'un corps de nature alcaloïdique (0,053 p. 100), une masse amorphe huileuse, des matières minérales sous formes de sulfates et de chlorures avec des traces de nitrates et de chlorates (in [C11]). A partir des parties aériennes séchées il a été trouvé environ 6,41 p. 100 depotassium (exprimé en nitrate), de petites quantités (0,01 p. 100) d'un alcaloïde amer dénommé punarnavine obtenu cristallisé sous forme de chlorhydrate [C11, C125]. Dutt et Argawal obtiennent 0,05 p. 100 d'un acide cristallisé dénommé acide boerhavique, 1 p. 100 de nitrate de potassium et environ 1,2 p. 100 d'une masse brune formée de tanins, phlobaphènes et sucres réducteurs [D93]. Par la suite Basu et coll. confirment la présence de la purnanavine, lui assignent la formule C 17 H 22 0X 2 , déterminent son point de fusion (237°) et les caractères de ses différents sels [B178], mais sa structure n'est pas encore définie. En 1965, à l'occasion d'une étude comparative avec B. punarnava Subramanian et coll. confirment la présence d'alcaloïdes. Ils donnent aussi un tableau des aminoacides libres et combinés ainsi que les résultats de l'analyse des cendres (11,8 p. 100) qui contiennent 1,2 p. 100 de calcium, 2,3 p. 100 de potassium [S37]*. Selon Bouquet, on note dans l'espèce congolaise la présence d'alcaloïdes dans les tiges feuillées (traces), dans les racines (0,1 à 0,3 p. 100) et l'absence dans ces deux mêmes organes de flavonoïdes, saponosides, tanins, quinones, HCN, .stéroïdes, terpènes [B210]. L'espèce de l'Afrique de l'Ouest a été analysée au point de vue diététique par Busson. Relevons pour les échantillons secs de feuilles (Côte-d'Ivoire) et de ~its 'Nigeria) les pourcentages respectifs suivants : cellulose 12,5 et 22,4, extrait éthéré 2,3 et 5,8, glucides 44,6 et 56,3, insoluble formique 32,4 et 40,4, protides 25,3 et 9,2, cendres 15,3 et 6,3, calcium 2,40 et 0,81, phosphore 0,40 et 0,25. ·L'auteur a également dosé les amino-acides de ces organes et les acides gras des lipides de fruits parmi lesquels prédominent acides oléique ~40,3 p. 100), linoléique (29,3) et palmitique (27,3) [B9]. Pharmacologie.
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B. dinusa est, selon certains auteurs, la variété rouge du « punarnava » de la médecine ayurvédique, réputée pour son action dans les maladies oculaires [Cll, S168]. Dans son article et son ouvrage cités [C11, C125] Chopra s'étend longuement sur la pharmacologie et la thérapeutique de la drogue. En résumé, par voie intraveineuse, la purnarnavine produit chez l'animal une augmentation marquée et persistante. de la pression sanguine avec une forte diurèse. La diurèse est essentiellement due à l'action sur l'épithélium rénal. Cliniquement des doses de 1 à 4 dr. (environ 3,88 à 15,55 g) de l'extrait liquide obtenu à partir de la plante fraiche ou sèche, provoquent la diurèse dans 33 cas d'œdèmes et d'ascites. En particulier, dans les cas de cirrhoses précoces du foié et les péritonites chroniques, la drogue exerce, selon les auteurs, un effet plùs puissant que nombre de diurétiques connus [Cll, C125]. Dans le but de vérifier la croyance populaire attribuant à B. diilusa la propriété d'améliorer la vision Gupta et coll. ont comparé l'action de la drogue à celle d'un placebo. L'expérimentation clinique a porté sur 75 cas de troubles de la réfraction sans que les auteurs puissent se prononcer sur une différence d'activité entre la préparation de purnanava et le placebo [G109]. Dhar et coll. ont obtenu des tests positifs concernant l'action sur l'iléon isolé de cobaye avec les extraits de plante entière et de racine. Les extraits de racine agissent en outre sur le cœur de cobaye. Par administration intrapéritonéale aux souris, la dose maximum tolérée pour l'un et l'autre extrait est de 1 ~kg [D86]. Dans un ouvrage sur la pharmacopée dtl Pakistan occidental paru en 1970, on trouve encore des indications sur les actions et les usages de la drogue [H113j.
2.- Boerhavia repens L. VERK. - - Wol. wom ogelem, wumégélen, wom u gélen ( = genou du chameau) tàg i mpitiix; ser. bgubop
• Tous les auteurs insistl•nt sur les taux dt> sels de potasshnn de la drogue en raison des propriétés diurétiques qui lui sont attribuées aux Indes. 20
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610
PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE
TRADIT{~,·
Herbe à racines rhizomateuses vivaces, à tiges annuelles, glabres, d'abord prostrées puis redressées aux extrémités. Feuilles ovales orbiculaires de 2 à 2,5 cm de long, à sommet obtus ou cunéiforme, vert très pâle à la face inférieure. Inflorescences axillaires, avec des pédoncules de 1 à 5 cm vers l'extrémité des rameaux, groupées en petites cymes de 8 à 15 fleurs roses de 2 mm de large ; chaque pédoncule porte une petite feitille à la base. Fruits glanduleux, obovoïdes. Habitat. Il est répandu dans tout le Sénégal, souvent sous les arbres et dans les sols les plus divers. Il semble rechercher le calcaire car il est fréquent dans la région de Bargny et du lac Tanma.
Emplois. Cette espèce qui, à ce qui nous a semblé, est beaucoup plus que la précédente l'apanage des guérisseurs professionnels, nous a été signalée dans le Sine, le Cayor, le Cap\' ert où la racine tubercule, de la taille d'une petite carotte, est considérée comme antilépreuse et antisyphilitique, sous forme de macéré en boisson. Cette racine aurait en outre des propriétés émétiques. pharmacolo~e.
Se reporter à Boerhavia diflusa.
3.- Bougainvillea
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
611
Pant et Mehra ont publié en 1962 une courte note sur les faisceaux des tiges de ces deux Bougainvillea [P111).
Caractères remarquables.
Chimie et
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Choisy.
Chimie et pharmacolo~ie. B. glabra et B. speclabilis, souvent considérés comme deux variétéS#d'liJolt; même espèce n'ont pas d'emploi& thérapeutiques, mais en raison de leur abondance nous donnons néanmoins à leur sujet quelques renseignements d'ordre chimique et pharmacologique. Selon Hegnauer, il a été mis en évidence dans les deux bougainvillées bétacyane, bétaxanthine et, particulièrement dans B. glabra, qucrcétine, leucocyanidine, acide caféique ([H55) 5). Plouvier a isolé le piniiol du B. glabra [P162), tandis que Srivastava et Khrishnam ont trouvé dans les feuilles fraîches de B. spectabilis une.oxydase de l'acide oxalique [S176). Arthur a recherché sans résultats dans B. speclabilis de Bornéo, alcaloïdes, principes amers, huile essentielle, acide cyanhydrique, saponosides et triterpénoïdes [A13). D'après Puri [P26) feuilles et fleurs seraient toxiques pour les bovins (phénomènes d'hémolyse). Selon Watt, citant différents auteurs, les feuilles et les inflorescences ont effectivement donné des tests positifs pour l'hémolyse, mais négatifs quant à la toxicité des feuilles pour les bovins ([W2) p. 801). Des extraits de Bougainvillea sp. injectés aux souris par voie intrapéJitonéale à des doses correspondant à 10-20 g/kg de plante fraîche, provoquent des sY'mptômes d'irritation péritonéale (tachypnée, ataxie, dépression et quelquefois mort), mais sont sans effet par voie intraveinevse [H17). Nickel! signale que les différents .extraits de B. glabra n'ont aucune action antimicrobienne [N29). Abbott et coll. ont constaté une faible action anticancéreuse des extraits aqueux d'écorce de racine de B. g/abra [A71). 1
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VuLGO. -
Bougainvillée.
Caractères remarquables. Arbuste sarmenteux lianescent ongmaire
Chimie et pharmacologie. (voir ci-dessous).
4.- Bougainvillea spectabilis Willd. VuLGo. -
64. -
NYMPHACÉACÉES
Petite famille de 5 genres et 46 espèces des régions tropicales et tempérées des deux hémisphères, représentée par des herbes aquatiques. Seul Nymphaea existe au Sénégal avec quatre espèces. Les feuilles flottantes et étalées sur l'eau sont peltées, ou cordées et partent d'un rhizome enfoui dansïe sol. Les fleurs sont solitaires. I..es '\létales en nombre indéterminé proviennent de la transformation régressive des étamines et constituent avec elles une spire continue. Ovaire à 8 carpelles, ou plus, placés dans un réceptable charnu avec de très nombreux ovules. Les .Vymphaea existent en abondance dans toutes les grandes mares, les étendues longuement inondées des vallées du Sénégal, de la Gambie, de la Casamance et de leurs affluents. Ils forment parfois de véritables peuplements. Les Nymphaeacées sont surtout des plantes ornementales. Quelques espèces riches en amidon sont alimentaires ; d'autres, plus rares, sont utilisées en médecine populaire. Parmi celles-ci, seules ont été bien étudiées les Nénuphars blanc (Nymphaea alba L.) et jaune (Nuphar /utcum Sibth et Smith) qui figuraient tous deux au Codex français de 1884, le premier pour ses fleurs, le second pour ses rhizomes.
Bougainvillée.
Caractères remarquables. B. spectabilis et JJ. glabra sont très voisins l'un de l'autre, mais se distinguent ais.ément lorsqu'ils sont en fleurs. Les bractées du B. spectabilis sont plus larges et sont de teinte rouge carmin ou cramoisi alors que les bractées du lJ. glabra sont violet foncé. Le B. speclabilis est moins répandu au Sénégal que le B. y/abra, sa multiplication par boutures étant plus délicate.
1. - Nymphaea lotus L. VULGO.- Nénuphar. Nymphaca liberiensis A. Chev. VERN. - - Wol. dagar; ser. siak, sayman, nâb (Berlwul) ; niom. socé bakoyo ; bamb. ngoku (Berhaul) ; dio/a égobol (Berhaul). SvN. -
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Caractères remarquables.
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Plante aquatique à rhizome vivace et feuilles annuelles. Feuilles circulaires atteignant 30 cm de diamètre, profondément cordées à la base, dentées sur les bords, réticulées et pubescentes à la face inférieure. Fleurs blanches, dressées au-dessus de l'eau, de 15 cm et plus de diamètre. Fruits 'ovoïdes ou subsphériques de 4 cm de diamètre avec une multitude de graines très fines de 1 mm de diamètre.
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
613
De même, les alcaloïdes pourraient être du type nuphariRe (amorphe), nupharidine, nupharamine, nuphamine, etc. rencontrés dans diverses Nymphaeacées et pou.r lesquels on a signalé des propriétés sédatives, spasmolytiqu~s, hyper<\ensives [D11].
65. -
Habitat.
OCHNACÉES
Il se re.ncontre couramment dans les rivières, mares, lacs et étangs.
Emplois. Comme tous les végétaux très connus, le nénuphar reçoit un grand nombre d'applications médicinales mineures. Les plus importantes semblent être l'utilisation des fruits et inflorescences comme calmant (dans les diarrhées et même les insomnies), émollient, antinauséeux. Chimie. Les populations africaines consomment en période de disette les rhizomes crus ou cuits et également les réceptables, les fruits, les graines. L'analyse nutritionnelle de ces différents organes a été pratiquée par .Busson [B9] sur des échantillons en provenance de Banfora (Haute-Volta) au point de vue composition, éléments minéraux, oligoéléments et amino-acides. Les résultats concernant la composition sont les suivants :
Humidité .................... . Cellulose ..................... · Extrait éthéré ............... . Glucides ..................... . ln sol. formique ................ . P10tides ............... · .. ·. · · Cendres ..................... .
graines avec prod. nat.
téguments prod. sec
6,5 6,1 2,2 73,9 14,5 9,9 1,4
7Ù
6,5 23
15,5 10,6
1,5
/ réceptarles prod. Sée
rhizomes prod. sec
21,8 0,9 55,8 40,1 9 J.l,5
2.8 0,5 79,3 8,1 14,3 3,1
Famille tropicale représentée par quatre genres iJ.U Sénégal. Ce sont des arbres (Lophira), arbustes (Ouratea, Ochna) ou herbes (Sauvagesia) à feuilles alternes, simples, · stipulées. Fleurs hermaphrodites régulières avec les anthères des étamines linéaires, basifixes. Les carpelles du fruit peuvent être séparés sur le réceptacle (Ochna, Ouratea), le fruit peut être fusiforme et entouré par les lobes acerescents du calice dont l'un se développe (Lophira). Saùvagesia est localisé dans les marécages, Ouralea et Ochna sont peu communs, (Casamance). Lophira est un petit arbre des savanes soudano-guinéennes (Saloum,\ Sénégal oriental, Casamance). Au point de vue utilitaire cette famille n'est connue que ppur les deux Lophira existant en Afrique de l'Ouest et qui ont été souvent botaniquement confondus : une espèce de savane boisée le L. lanceolala et une espèce derain-forest le Li' alata. Ce sont les deux seules espèces de la famille qui ont été étudiées. pour leur matière grasse.
1.- Lophira lanceolata fan Tie~h. ex Keay f
SYN.- Lophira spalula Van Tiegh., Lophira alàla Van Tiegh. Lophira africana G. Don. VERN.- Wol. mané (Berhaut); wol. de Gambie manairi; ser. haut), coma ; mand., socé mano ; mal., bamb. mana, méné; maniney, maninewi, maninayi, malâgé, malâga ; dio/a bulimâg dio/a Tendouk bogolot, bulokon ; bain. tikâri kunog.
(de FTA), payi (Berpeul, loue. (Berhaut) ;
Caractères remarquables. Les éléments minéraux prédominants sont le potassium et le magnésium, jusqu'à 0,74 p. 100 du rhizome sec, ainsi que le calcium, jusqu'à 0,64 p. 100 dans les réceptacles secs. · Lors d'essais préliminaires sur N. lotus du Tanganyika, Haerdi [H18] a obtenu des réactions positives pour la présence d'alcaloïde et de tanin. De Wildeman (Mém. Inst. Col. Belge, 1948, 11, fasc. 5) signale la présence d'un hétéroside et d'un alcaloïde. La présence de quercétine a en outre été signalée dans les feuilles (in (H55] 5, p. 441). Pharmacolo~ie.
Jain et Sharma ont vérifié sur les lapins l'action légèrement hypoglycémiante d'un extrait obtenu à partir du jus frais d'expression de racine. Une dose orale de cet extrait correspondant à 10 mg/kg provoque, chez les animaux d'expérience, dans un délai situé entre deux et cinq heures, une baisse du taux de sucre sanguin de l'ordre de 14 à 15 mg [J25]. L'alcaloïde décelé par de Willdeman se révèle toxique et même mortel pour la souris le chien et le poisson avec arrêt respiratoire. Cc que l'on sait sur les principes actifs des· Nymphaeacées permet d'avancer l'hypothèse que le glucoside est peut être la nymphaline à action cardio-tonique trouvée dans les bourgeons et les graines de I\'uplwr luteum ainsi que dans les fleurs de Xymphaea alba.
Arbre de 8 à 10 rn au Sénégal, au fût droit, ou plus souvent contourné comme les branches ; écorce brun rougeâtre, s'écaillant ou se desquamant par petites plaques. Feuilles très caractéristiques situées vers l'extrémité des rameaux dressés, ondulées, étroitement oblongues ou oblancéolées, de 40 cm et plus de long sur 6 cm de large, avec un court pétiole de 1 à 6 cm de long ; nervures latérales fines et nombreuses allant jusqu'au bord du limbe qui est longuement cuné à la base et arrondi au sommet. Cymes terminales de fleurs blanches de 3 cm de diamètre avec 5 sépales dont les deux extérieurs sont plus développés ; 5 pétales imbriqués et nombreuses étamines à anthères jaune d'or. Fruits ovoïdes, apiculés, ligneux, de 2,5 cm de long, avec deux ailes de 6,5 cm et 3,5 cm représentant les sépales persistants, les trois autres ne s'étant pas développés.
Habitat. II n~est pas très commun. Il existe dans le sud du Saloum, en Casamance et dans le Sénégal oriental (Niokolo Koba, Kédougou).
Emplois. Dans l'aire de dispersion de l'espèce les différents organes du L. lanceo/ala sont asst'7. employés en médecine sénégalaise. On recommande les feuilles pilées avec la pulpe du fruit de baobab pour les maux de ventre, les racines pilées avec la farine de riz
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADh .vNNELLE
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
pour les constipations légères, les tiges en masticatoires et gargarismes pour les gingivites et les maux de dents, les écorces de tronc et racines pour la toux et les maladies pulmonaires. . Par voie externe l'écorce de racines est recommandée pour le prurigo, les dermatoses rebelles, les plaies torpides, les ictères. les conjonctivites (lavages oculaires), les (lldèmes, etc.
.· 66. -
Chimie. 1° FRUITS ET GRAINES. Les premiers travaux concernant cette espèce ont été réalisés sous Je nom de Lophira alata. Ils avaient en .vue l'utilisation de la matière grasse en savonnerie. L'huile de mana, ou encore de méné, a été étudiée dès 1903 par Heckel (H14], en 1908 à l'Imperial Institute [B15], puis par Hébert [H19] et d'autres auteurs. L'épuisement au sulfure de carbone des fruits frais (avec les graines) qui se composent de 37 p. 100 de péricarpe et 63 p. 100 d'amande, donne 15,85 p. 100 de substances grasses et la graine seule 27 p. 100. Avec des fruits plus vieux; Heckel et SchlagdenMuffen ont trouvé 27,17 p. 100 d'huile et pour la même graine seule 41,54 p. 100, tandis que l'Imperial Institute donne un chiffre très voisin du précédent : 40 p. 100 pour les graines. Ces différents auteurs ont également donné les constantes de la rnatière grasse : poids spécifique 0,859 à 15°, 0,901 6 à 0,910 5 à 40°, indice de saponification 180,7 à 195,6, indice d'iode 68 à 72,5, insaponifiable 0,5 à 2,5, solidification des acides gras 45° à 49°. Busson (B9] donne pour J'amande d'un échantillon de L. lanceolala provenant de Bouaké (Côte-d'Ivoire) la composition centésimale suivante : cellulose 1,3; extrait éthéré 48,0 ; glucides 30,7 ; insoluble formique 2,6 ; protides 17,7 ; cendres 2,3 ; calcium 0,11 ; phosphore 0,17. L'insaponifiable est de 0,9 p. 100. Les .acides gras, en p. 100 d'acides totaux, sont principlj}ement les acides palmitique 39,6 ; linoléique ;J9,5; béhénique 11,5 et oléique 11,4.!
615
OLACACÉES
Famille tropicale et subtropicale représentée au Sénégal par trois genres : Ximenia, Heisteria, Olax. Ce sont des arbustes à feuilles alternes, simples, sans stipules. Fleurs régulières, petites, hermaphrodites, à disque souvent présent, annulaire. Ovaire supère ou semi-infère avec une à trois loges. Fruits drupacés. Seul Ximenia nous a été signalé. Heisleria et 0/ax sorit des arbustes de la Casamance et des galeries soudaniennes. Les noyaux des fruits drupacés des Olacacées renferment des amandes donnant des huiles liquides ou solides, siccatives ou non dont plusieurs ont été étudiées.
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1.- Ximenia americana L. ~
Citron de.mer, Prune de mer. VERN. Wol. golon, ngolon, goleii, ngoleii; ser. sap ; mal., bamb. séné, nôgbé, tôkê, ntôgé ; mand., socé séno ; peul, loue. téné, iabuli ; dio/a Pogny furiph:la ; {loup bundugul ; land. dindowol, gindowol ; bas. âdéon. VULGO.-
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2° FEUILLES. Une importante étude de Jacquemain sur les feuilles d'exemplaires authentiques deL. alata Banks ex Gaertn., espèce affine, a mis en évidence quatre anthocyanidines ( = anthocyanosides) du type 3-monoside dont le 3-monoglucoside de la cyanidine ou chrysanthémine, des flavanes, de la Jeucocyanidine, des pigments flavoniques, un C-flavonoside, la vitexine ou 8-glucosyl-apigénine et d'autres substances 4iu groupe des flavanones [J49].
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EcoRCES DE RACINE.
Les écorces de racine de l'espèce nigériane ont fait l'objet d'études .en 1967 de la part de Persinos et coll. [P99]. Au cours d'essais préliminaires les recherches concernant la présence de composés cyanogénétique, de cardénolides et de saponosides ont été négatives. Par contre les auteurs ont obtenu des tests positifs pour la présence de tanins, de stérols insaturés, de flavonoïdes et d'alcaloïdes. Dans leur tentative d'extraction des alcaloïdes ils ont isolé la benzamide* C 8 H 5CONH, (avec un faible rendement de 0,05 p. 100). Pharmacologie. Les mêmes chercheurs ont pratiqué sur deux types d'extraits éthanoliques d'écorces de racine un screening biologique, d'où il ressort que ces extraits sont dépourvus d'activité antitumorale, cytotoxique, antibactériennè. antifongique, antiprotozoaire et antivirale. Seul un effet dépresseur a été constaté sur les souris. La benzamide s'est révélée capable de reproduire les mêmes symptômes, mais à des doses très fortes (300 mg; kg ou plus, par voie intrapéritonéale) et en définitive les auteurs pensent que l'activité induite par les extraits peut être attribuée à une ou plusieurs substances non encore isolées de la plante.
• C'est le premier cas signalé de présence de ce corps dans un végétal.
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•• FIG. 33.- Ximenia umaicana !.. (D'après Busson).
Caractères remarquables. Arbuste ou petit arbre de 4 à 5 m, ù fùt branchu près de la base, à 'rameaux grêles, glabres avec souvent une épine droite près des feuilles.
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADITI{.,NELLE
FeuiHes alternes, de 5 sur 3 cm, ovales étroitement elliptiques, cunées à la base, arrondies ou émarginées au sommet, glabres ; 4-5 paires de nervures latérales peu marquées ; pétiole court de 6 à 7 mm. Petites grappes axillaires pendantes de fleurs blanches avec 4 pétales très densément ct longtwnwnt poilus à l'intérieur ; poils dressés ; corolle de 1 cm ; pédicelles de 5 mm. 1>rup<·s ellipsoïdes de 3 cm de long, glabres, jaunes à maturité, pendantes, resst•mblant :'t des prunes. Habitat.
Il recherche les sols argileux de la région soudanienne. Irrégulièrement réparti, on Je rencontre surtout dans Je Saloum, le Niani, la haute et moyenne Casamance (Sédhiou), le Niokolo Koba. II existe aussi dans les sables' littoraux, dans les taillis et buissons du bord de la mer en contact direct avec les marées (Iles du Saloum, Casamance).
Emplois. Le Ximenia est une espèce de prescription fréquente en médecine sénégalaise avec une grande Yariété d'indications. Par voie interne, le décocté de feuilles fraîches serait un bon fébrifuge, réputé atoxique, et donné pour cette raison surtout aux enfants ; il serait également actif dans les angines de poitrine, les colites, le météorisme intestinal, les helminthiases. Le macéré de racines figure dans le traitement antilépreux de Rom'Nam* et dans les traitements internes et externes des maladies mentales. Ce serait aussi un remède contre l'impuissance. Pour les utilisations externes on trouve une unanimité remarquable à travers tout le pays zoncernant l'action sur les maux de tête, de dents, d'oreilles, d'yeux. Qn emploie .,des préparations de rameaux feuillés, écorces, racines dans les céphalées, les odontaLgies (et même les abcès dentaires) les oreillons, les conjonctivites, en applfcations frontales et temporales de pâtes. Les solutions sont réservées pour les lavages, les massages, les instillations auriculaires ou oculaires, les gargarismes, selon les cas. D'ailleurs, l'action des différents organes de la plante est vantée par les marchands de simples des marchés pour la tête, les oreilles, les dents, les maxillaires enflés, etc. Pour les œdèmes du visage on recommande aussi l'inhalation à sec de la poudre de racine et écorce mélangée à celle de 111aerùa angolensis .. La poudre de racine associée à celle de Guiera senegalensis ferait régresser les chancres syphilitiques. Les feuilles fralches sont très utilisées comme vulnéraire et hémostatique par les Manding et les Socé et aussi, après avoir été trempées dans l'eau, comme éponge revigorante en massages du corps. La pulpe du fruit est comestible, mais l'amande n'est jamais prescrite en raison de son action purgative. Nous avons déjà donné un exemple de l'importance médico-magique du Ximenia chez les Wolof*. Les guérisseurs et marabouts prétendent en effet que ses racines sont toujours acti\·es alors que celles des autres espèces médicinales le sont plus ou moins, ou pas du tout, selon les saisons : c'est parce que, durant l'hivernage en particulier, les autres racines transfèrent leur activité dans celles du Ximenia qui en assure la garde et justifie ainsi pleinement son titre de mère des racines (ndey i rey). D'ailleurs, la poudre de racine entre obligatoirement dans les diverses préparations à usage externe et interne mises en œuvre pour aboutir au ndiip ou danse de possession, technique de guérison particulière appliquée au traitement de ceftaines psychoses se manifestant croit-on, chez les malades en proie à des esprits malfaisants.
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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des feuilles, en 1938, un hétéroside cyanogénétique, le mandelonitrile glucoside ou sambunigrine C14 H 11 0 6 N. La même année, toujours en Australie, des échantillons de feuilles ont été ahalyst)s mensuellement par les services de l'Agriculture de Brisbane pour .la recherche et le dosage de l'acide cyanhydrique. Les résultats obtenus ont montré que les jeunes feuilles en contenaient 200 à 450 mg et les feuilles arrivées à . maturité 160 à 380 mg pour 100 g (poids st!c). Dans les deux cas les plus hautes teneurs étaient atteintes en décembre. II y a donc des variations considérables selon l'âge des feuilles et la saison. Néanmoins, Gurney et Francis [G5] estiment qu'il y a toujours suffisamment d'enzyme pour libérer pratiquement tout l'acide cyanhydrique et que dans ces conditions la plante est dangereuse pour les animaux à tous les stades de la croissance. Par contre, en 1943, dans une publication du Ué~tartement de la guerre des USA [U2], on admet que les jeunes feuilles peuvent être cuites et consommées. La pulpe du fruit est comestible, mais l'amande des graines est toxique. Cette amande renferme 60 à 70 p. 100 d'une huile non siccative, très visqueuse, de couleur jaune pâle à laquelle ont été consacrés de nombreux travaux (J37]. Outre les acides gras habituels, oléique, linoléique, stéarique, on y trouve des acides _gras non saturés particuliers. Ce sont deux acides éthyléniques, les acides ximénique C,,H 60 0 2 (15 à 25 p. 100 des acides totaux de l'huile) et lumoléique C30 H 5 ,0 2 (3 à 5 p. 100 des acides totaux de l'huile), avec un acide à fonctions éthylénique et acétylénique, l'acide ximéninique ou santalbinique C 1 ,H 30 0, (25 p. 100 des acides totaux de l'huile) (K1]. Earle et coll. ont obtenu des réactions positives concernant la présence d'alcaloïde dans les graines, négatives, concernant la présence d'amidon et de tanin. Ces graines contiennent 62,4 p. 100 d'huile et 20 p. 100 de protéines [E22, E37). La racine de l'espèce tchadienne, utilisée pour l'obtention d'un colorant rouge, contient un complexe pigmentaire qui correspondrait à un ou plusieurs caroténoïdes hydrolysés [ G 137]. Pbarmacolo~ie. f
Le docteur Rançon dans son ouvrage En Haule Gambie, est sans doute le premier auteur à faire mention de la présence d'acide cyanhydrique dans l'amande du séno (sans avoir pu d'ailleurs identifier l'espèce) en dressant, par surcrolt, un tableau clinique de l'intoxication [R1 ). Cette amande, déclare-t-il, a« un goilt très agréable de laurier-cerise, mais il faut bien se garder de la manger. Elle contient en effet une proportion considérable d'acide cyanhydrique. L'ingestion de sept ou huit d'entre elles suffit pour pmvoquer de graves accidents toxiques"· Et il donne l'observation clinique concernant l'intoxication dont fut victime son compagnon de route, alors qu'en avril 1888 il se rendait de Koundou à Kita. Ils avaient tous deux mangé une dizaine de fruits arrivés à complète maturité, Rançon se contentant de la pulpe, l'officier qui l'accompagnait ayant en outre croqué les amandes. Deux heures après, ce dernier était pris de nausées et de violentes coliques ; deux heures plus tard de diarrhées abondantes, vomissements fréquents, pâleur du visage, sueurs profuses et froides, légère stupeur ; grande fatigue générale. Ce ne fut que deux jours après qu'il fut complètement rétabli et pendant tout ce laps de temps il éprouva de désagréables nausées et surtout une sav:eur persistante d'amandes amères qui l'écœurait et l'empêchait absolument de manger. Pour ce qui concerne l'action de la racine, Spencer signale que des tests de pouvoir antimalarique pratiqués sur des extraits de cet organe ont donné des résultats négatifs [S95). De leur côté, Heal et coll. ont testé l'action insecticide des extraits de fruits, branches et feuilles sans résultats notables [H57].
• cr. pp. 94-95.
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Chimie. D'après le Bulletin of the Imperial Institute, 1907, l'écorce contient 16 à 17 p. 100 de tanin. · La plante entière, les feuilles, les fruits et les graines renferment des composés cyanogénétiques (G39, "V2). En Australie, Finnernore et ses co1Iaborateurs [F10] ont isolé
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OPILIACÉES
Petite famille tropicale qui auparavant était rattachée aux Olacacées et comprend seulement en Afrique de l'Ouest deux genres, Opilia avec une espèce et Urobolrya avec deux espèces. Au Sénégal on ne rencontre que Opilia cellidifolia.
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1.- Opilia celtidifolia (Guill. et Perr.) Endl. ex Walp.
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
risé de flavonoïdes, saponosides, tanins, quinones, glucosides cyanogénétiques. Pour ce qui concerneles stéroïdes et terpènes, il signale l'obtention de réactions colorées d'interprétation délicate [B210].
SYN.- Groulia cellidifolia Guill. et Perr., Opilia amenlacea 0\iv. (de FTA, A. Chev., .1\J.l.~év. et autres). \'ERN. Wol. tot, mutéleget (Berhaul); ser. motor, moytor (Berhaut) ;· mal., bamb. kargoy, kukuruni (Aubréville), korôgé; mand. silamêkô ; peul, toue. tale! walu ; dio/a Fogny fumisa, fuyab munel ; bain. bidanâ.
PALMIERS (Voir ARÉCACÉES)
Caractères remarquables. Arbuste sarmenteux à nombreux rameaux enchevêtrés flexueux, glabres, buissonnant ou s'enroulant autour des arbres et atteignant 8 à 10 rn ; écorce verte avec des lenticelles ou des stries blanches. Feuilles alternes, oblongues ou oblancéolées, cu nées à la base, acuminées au sommet glabres, de 9 sur 4 cm, avec 5 paires de nervures latérales proéminentes sur les deux faces ; nervures tertiaires atténuées avant leurs extrémités. Racèmes de 1 à 4 cm de long de petites fleurs verdâtres ou jaunâtres, parfumées, avec des bractées imbriquées. Fascicules de fleurs avec des pédicelles pubérulents de 2 mm de long à chaque bractée. Fruits ellipsoïdes finement pubérulents, de 2 cm à 2,5 cm de long, vert jaunâtre à maturité. Habitat.
68. -
Famille de la zone tempérée qui n'est représentée au Sénégal que par l' Argemone Au point de vue anatomique les Papavéracées sont caractérisées par la présence de· pseudo laticifères anastomosés dont les parois transversàles sont résorbées. L'espèce la plus importante est le Papaver somni{eruin L. dont le latex du fruit fournit l'opium.
Haerdi [H18] a pratiqué quelques essais préliminaires sur O. celtidi{olia. Il a obtenu une réaction positive avec le réactif de Mayer (alcaloïde) mais négative avec le réactif de Dragendorff. Il a obtenu d'autre part une réaction positive pour la présence des saponosides et négative pour les tanins. Le screening pratiqué par Bouquet sur l'espèce congolaise est, semble-t-il, en faveur de la présence d'alcaloïdes dans les feuilles (0,1-0,3 p. 100), les écorces (0,3-1), les racines (plus de 1 p. 100), mais l'auteur ajoute en note que la présence d'alcaloïdes n'est pas confirmée par l'éther alcalin (?). Dans les mêmes organes il n'a pas caracté-
,
Ar~émone mexicaine. ll'ol. xom xom, hom. hom, hom hom u gigen* ,(=hom hom femelle) ; ser. dâbahulé (Berhaul) ; niom. tâbagidi ; {alor bidor ; mal. ba, gwam f moni (d'après Dalziel); mand. tôbôù sama (d'après Dalziel) ; bamb. boiobo (Berhaut) ; socé dahanabalâtaô ; sar. bâta ; peul Foula tilinafelêj ; toue. simsimji; land. gapeykorkot.
VuLGO. -
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Caractères remarquables.
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Herbe annuelle ramifiée, dressée, glauque, atteignant 1 rn, à base ligneuse, à latex jaune. Feuilles alternes, sessiles, glabres, lancéolées, de 15 sur 4 cm, à bords lobés dentés, avec les dents terminées par des pointes épineuses ; nervures médiane et latérales blanches. Fleurs terminales, de 5 à 6 cm de diamètre ; 2-3 sépales verts ; 4-6 pétal~s jaune vif ; étamines nombreuses ; ovaire divisé en 4 à 7 loges. Capsules vert glauque, dressées, de 4 cm de long sur 2,5 cm de diamètre, s'ouvrant par le sommet, avec de nombreuses épines dressées ou étalées. Habitat. Originaire de la partie méridionale de l'Amérique du Nord, cette espèce est très irrégulièrement répandue au Sénégal. Elle vit en petits peuplements là où elle existe ; c'est généralement une espèce rudérale qui reste près des villages ou des campements de pasteurs : ile de Gorée, Rufisque, Dakar, Saloum, Casamance, Kédougou, .RichardToU, Matam, Bakel, Diourbel, etc. · Emplois. On reconnaît particulièrement à l' Argémone des propriétés calmantes, diurétiques, cholagogues et cicatrisantes.
• Ce mot compose est le plus exact car il y a d'autres hom hom (les Centaurea) et le homhom gor • Cf. p. 103.
•
1.- Argemone mexicana L.
Emplois.
Chimie.
PAPAVÉRACÉES
mexicana.
I.I est épars dans les savanes boisées et forêts sèches, les vallées et ravins sou daniens peu humides.
On reconnaît généralement aux racines d'Opilia des propriétés purgatives et diurétiques qui font recommander leur emploi, selon des doses, comme laxatif cholagogue et surtout comme purgatif de dérivation antilépreux. Après addition de sel, le macéré de douze heures de rameaux feuiÙés, à l'amertume très prononcée, est vanté comme vermifuge, particulièrement pour les oxyures chez les ·enfants. Les Peul recommandent dans le traitement des œdèmes (surtout l'albuminurie reconnaissable à l'apparence des urines ?) le macéré de feuilles préparé extemporanément comme suit: les feuilles sont froissées dans l'eau et l'opération est arrêtée dès que la coloration jaune du liquide atteint son maximum d'intensité. Le filtrat, sans sel, est prescrit en boissons et en mélange avec les bouillies, également non salées, prises aux repas. Le décocté de rameaux feuillés, nettement sialagogue, est recommandé pour les abcès dentaires et en ablutions comme stimulant général. Les rameaux feuillés entrent d'ailleurs dans la composition de certains garab u toy (remède contre la fatigue)•.
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( = hom hom mâle =
Datura metel).
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADITIONNELLE
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Les propriétés calmantes nous ont été surtout signalées par les Peul et par les Tandanké du Sénégal oriental qui utilisent le décocté de feuilles en boisson pour les èntéralgies, en bains locaux pour les douleurs musculaires et autres ; toutefois, la prescription essentielle èoncerne les œdèmes des membres inférieurs qui régresseraient assez rapidement. Le latex est considéré comme bon vulnéraire et antidermatosique. Les Lébou du Cap-Vert, les Wolof, les Sérer et autres Sénégalais attachent surtout de l'importance aux propriétés diurétiques et cholagogues des racines. Celles-ci sont prescrites en macéré pour les blennoragies, les troubles hépato-biliaires, la fièvre bilieuse hématurique. · La plante est signalée à diverses reprises comme étant toxique pour les animaux et pouvant entraîner la mort (hémorragies intestinales) qui serait due principalement à la consommation du latex et des graines. Comme il est de règle en pareil cas, la drogue est classée par le populaire dans la catégorie des végétaux dangereux et n'est utilisée, de ce fait, que par les guérisseurs. Chimie. 1° ALCALOIDES. La chimie de A. mexicana est dominée par la présence de nombreux alcaloïdes dans les différents organes. Charbonnier [C63) avait annoncé en 1868 que les feuilles et les capsules contenaient de la morphine, ce qui ne paraissait pas étonnant en raison de l'appartenance de l' Argemone à la famille des Papavéraéées. Mais tous les travaux effectués depuis cette époque ont montré qu'il n'en était rien. Un autre:lllcaloïde découvèrt dans la plante et dénommé argémonine a été tantôt 1 rattaché à la berbérine, tantôt à la protopine. D'après les travaux de Kier et Soine" [K38) ce serait une tétrahydroquinoline de formule C 16 H 10(0CH 3 ),(NCH 3). D'aprèsf ceux de Stermitz [S87) l'argémonine appartient, comme laN methylpavine, au système du tétrahydrodibenzacyclooctène ponté sur l'N et finalement Martell, avec Kier et Soine [~156), l'identifient à la N-méthyl-pavine•. La présence de la base muramine a été également signalée (in [H55) 5, p. 445). Les autres alcaloïdes sont bien connus et on peut les rattacher à trois groupes.
1) Groupe de la protoberbérine : berbérine (feuilles, tiges, graines)**, coptisine (racines). 2) Groupe de la protopine : protopine (feuilles, tiges, graines)••, allocryptopine (racines). 3) Groupe de la benzophénanthridine : sanguinarine (huile de graines), dihydrosanguinarine (huile de graines), chélérythrine (racines), dihydrochélérythrine (racines). Les trncurs en ces différentes bases sont variables: Bose et coll. [B79) donnent les chillres suivants pour la poudre sèche de racines et de tiges : totum alcaloïdique 0,12f> p. 100, prolopine 0,084 p. 100, berbérine 0,041 p. 100. Puur Slavikova, les pourcentages dans les organes aériens et les racines de l'espèce cullivél' •·n Teh(·eoslovaquil' sont respectivement: allocryptinc 0,047 et 0,099, proto-
• Ln pavine est une amine s••condairc ù carbones asymétriques qui peut être obtenue par réduction de la papavérine. l'y mun a proposé pour celle base une formule de structure (Uurger in [MIl 4, pp. 34-35).
•• Signalée en 1971 dans le lati'X de l'espèce indienne [S207].
pine 0,028 et 0,091 ; berbérine 0,012 et 0,041, dihydro-sanguinarine 0,011 et 0, dihydrochélérythrine 0,03 et 0, sanguinarine et chlélérythrine 0,001 et 0, coptisine 0 et traces, sanguinar,ine 0 et 0,005 [S88). 2°
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AUTRES CONSTITUANTS DES GRAINES.
D'après Charbonnier [C63) la graine aurait les teneurs p. 100 suivantes: huile 26,2 ; matières azotées 17,7; amidon 17,7; eau 7,-\; cellulose 6,5; sels 'minéraux 5,6, sucres 4,4, gomme 2,5. L'huile siccative comporte 1 p. 100 d'insaponifiable et \)3 p. 100 d'acides gras dont les 4/5 d'acides non saturés. Ce sont les acides linoléique 48 p. 100 ; oléique 22 p. 100 ; ricinoléique 10 p. 100; palmitoléique 6 p. 100; linolénique 0,6 p. 100. Les acides saturés sont les acides palmitique 8 p. 100 et stéarique 6 p. 100. Certains auteurs ont décelé 8 p. 100 d'acide laurique (Bézanger-Beauquesne in [G4) p. 47\l). 3°
AUTRES CONSTITUANTS DES RACINES, TIGES ET FEUILLES.
Les racines renferment 3,9 p. 100 de saccharose [B86) et les feuilles, seron BézangerBeauquesne, environ 50 mg de vitamine C pour 100 g (in [G4] p. 479). Dans la poudre sèche de feuilles et tiges :\li sr a et coll. [ l\155) ont trouvé outre les alcaloïdes : - Des corps gras : alcool cérylique 0,6 p. 100 ; ~-sistostérol 0,04 p. 100 ; un alcool C 20 H 42 0 de PF 73°: 0,06 p. 100. o. - Des acides organiques solubles dans l'eau : acides succinique, citrique, tartrique et malique (4,2 p. 100 calculés en acide acétique). - Des amino-acides libres : arginine, leucine, alanine et tyrosine. -· Des amino-acides combinés : glycine, alanine, leucine, valine, phénylalanine, tyrosine, thréonine, arginine, sérine, lysine, asparagine et acide. glutamique. --- Des monosaccharides : glucose et fructo~ (9,8 p. 100 avant et 13,2 p. 100 après hydrolyse, calculés en glucose). Des sels minéraux: nitrate de potassium 1,3 p. 100 et sulfate de calcium 0,4 p. 100. 4° AUTRES CONSTITUANTS DES FLEURS. Les fleurs ont également fait l'objet d'investigations intéressantes. Le fait que la plante soit utilisée pour la teinture des tissus a incité en 1961-1962 Rhaman et llyas à rechercher les pigments des fleurs dans l'espèce indienne. Ils ont isolé à l'état pur trois dérivés flavoniques : isorhamnétine ou 4',5,7-trihydroxy-3' méthoxyflavone, isorhamnétine-3-glucoside C 22 H 22 0 12 et isorhamnétine-7-diglucoside C.,H.,O 17 , les deux derniers étant des glycosides nouveaux [R48]. Par la suite, Krishnamurti et coll. ont de leur côté identifié dans les fleurs isorahmnétine-3 glucoside et isorahmnétine-3, 7-diglucoside [ K46). Pharmacolo~ie.
Les données actuelles sur l' Argémone et ses principes actifs sont relativement importantes. En outre, la plupart des alcaloïdes dont la présence est signalée ont été étudiés séparément à la suite de leur découverte dans d'autres plantes. On peut donc tenter d'envisager la pharmacologie de A. mexicana sous les trois aspects : organes, totum alcaloïdique, alcaloïdes proprement dits•. : l. 1°
ÜIIGAN ES. (;HAINES.
graines sonl toxiques non seulement pour l'animal mais aussi pour l'homm•·· On relate en Australie des cas d'intoxication chl'Z ks poules, provoqu(,s par la J.ps
• Il est classiqtH' de préscntt>r ainsi l'état de nos connaissunl'CS pour dL·s drogue!) connm•s l'l ridu•s rn prineip<.>s adifs, tels les alcaloïdC's. C'est le l'US, par t.'Xl'lllplc, du Pavot somnirère qui appartient préo.dsément à la même fatnillc botanique que l' Aq~émont.•.
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consommation de blé contaminé par des graines d' Argémone. Lors de l'intoxication, les animaux présentent de l'œdème des caroncules, congestion du tube digestif, diarrhée, démarche particulière, etc. A l'autopsie on trouve une grande quantité de liquide coloré en jaune paille avec un cœür volumineux, œdème des poumons, congestion du foie, du duodénum, ainsi que quelques ulcères le long de la membrane du gésier (H52]. Watt signale que dans les districts Nord-Ouest du Cap (Afrique du Sud) il y eut en 1946-1947 deux épidémies d'empoisonnements imputables à la contamination de grain par des graines d' Argémone. La première fit trois victimes, outre cinq cas d'intoxication, la seconde une victime, outre sept cas d'intoxication ([W2] p. 819). L'emj}Oisonnement qui débute brutalement sans signes avant~coureurs se traduit rarement par le syndrome diarrhées-vomissements, mais plus souvent par de la constipation et par des troubles de la vision [W2). L'huile de graines surtout est responsable de nombreuses intoxications humaines. On sait maintenant, depuis les travaux de Sarkar en 1926, que certaines épidémies d'hydropisie constatées aux Indes sont imputables à la consommation d'huile de graines d' Argémone se trouvant accidentellement mèlée ou frauduleusement ajoutée à l'huile de graines de moutarde. Depuis cette époque, Sarkar, Chopra (Cll], Hakim [H53], Lai (L33] et bien d'autres ont étudié ce type d'intoxication auquel une littérature abondante a été consacrée (cf. in [W2) pp. 823-824, nombreuses références). Les premiers symptômes de l'empoisonnement sont caractérisés par des douleurs et des œdèmes, mais la véritable épidémie commence avec l'apparition de sarcoïdes, légères diarrhées et légers œdèmes des jambes. On note également une forte augmentation de la pression intra-oculaire conduisant au glaucome et l'apparition d'une pigmentation avec taches rouges et carcoïdes ainsi que d'autres manifestations. · Selon Lai, la dose orale de 0,88 g(kg produit des effets toxiques chez l'homme qui peut consommer sans danger une huile ayant une ten.,iJr inférieure à 0,5 p. 100 d'huile d'argémone (L38). Cette toxicité est attribuée à la sanguinarine. Hakim, administrant à des animaux, d'une part l'huile, d'autre part la sanguinarine, a reproduit expérimentalement dans les deux cas les œdèmes et le glaucome caractéristiques de l'empoisonnement qui est dominé par trois types d'actions : adrénolytique, histopathologique (cornée, rétine, peau) et rapport tissus-liquide (H53]. · La DL50 chez la souris par voie intrapéritonéale est de 0,9 ml/100 g pour l'huile et de 1,8 mg/100 g pour la sanguinarine [H53], ce qui laisse penser que la sanguinarine n'est pas seule responsable de la toxicité. On signale d'ailleurs que les tourteaux seraient également toxiques. 2° TIGES ET FEUILLES. Feng et coll. (F6] ont expérimenté pharmacodynamiqm•ment un extrait aqueux et un extrait alcoolique dans lesquels 1 ml correspondait à 1 g de tiges et feuilles. Ces deux extraits exercent une action dépressive sur la pression sanguine du chien. A des doses supérieures à 1 ml, ils ne sont pas toxiques pour les souris (voie intrapéritonéale) et sont sans action sur l'utérus isolé de rate. Ils activent à la dose de 1 mlle duodénum de lapin et à la dose de 0,1 ml l'intestin de cobaye. Sur le cœur isolé, l'extrait alcoolique inhibe les activités spontanées à la dose de 0,1 ml. De plus, l'extrait alcoolique diminue le débit sanguin de la patte postérieure du rat et revèle en outre sur l'intestin de cobaye un certain blocage de l'activité ganglioplégique. Il. -
TOTUM ALCALOIDIQUE.
A partir de poudre sèche de racines-tiges, Bose et coll. ont obtenu avec un rendement de 0,125 p. 100 un totum alcaloïdique. Ce totum alcaloïdiquc stimule tous les muscles lisses et se comporte comme antagoniste de l'acétylcholine, de l'histamine et de la 5-hydroxy tryptamine. Son action ocytocique est. analogue à celle de la • pitocine »*.
• Nom international recommandé : oxytocine.
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L'at10pine, les agents adrénergiques bloquants et histaminiques ne modifient pas la réponse sur la pression sanguine. L'occlusion carotidienne réflexe est inhibée, mais la réponse à l'acétylcholine et aux catécholamines reste affectée. Le totum alcaloïdique est antagoniste de la narcose barbiturique et potentialise la stimulation métamphétaminique de la mobilité spontanée chez la souris. Il produit aussi un léger blocage neuro-musculaire du diaphragme et montre une action antiacétylcholine sur les muscles striés de la grenouille [B7\J]. IIJ.
-ALCALOÏDES.
1° ALLOCRYPTOPINE. L'allocryptopine peut exister dans les végétaux soit sous la forme at (ou at-fagarine), la seule pharmacologiquement active, soit sous la forme ~· Selon certains auteurs, elle serait sous forme at dans l' Argémone* et pour d'autrèl;, sous forme ~· L'"' allocryptopine ralentit le cœur de rat et de grenouille et prolonge la systole. Elle ralentit aussi les battements du cœur chez les chats et les lapins aux doses de 10-20 mg/kg. A des concentrations de 1/1 000 000 à 1/20 000, elle provoque sur le cœur de grenouille perfusé une diminution de l'amplitude et un ralentissement ,de la fréquence des pulsations. A des doses supérieures, apparalt le blocage du cœur (bloc 5/4). Il s'agit là d'une action directe sur le myocarde, non affectée par l'atropine, l'acétylcholine, la physostigmine ou la pilocarpine. . 1 L'allocryptopine modifie beaucoup de caractères du Ussu cardiaque, en particulier la période «réfractaire" qui est prolongée (Mc Cawley in [Ml] pp. 69-90). •, Les propriétés antifibrillantes de l' oc-allocryptopine ont été abondamment démontrées chez les animaux et reçoivent leurs applications en médecine humaine. D'après certains cliniciens, elle serait plus efficace que la quinidine dans les arythmies à fibrillation et flutter auriculaire ([A86). Cf [Ml) 5, pp. 90-91 et [B87) p. 638), 1
2o PROTOI}i'Œ. La protopine provoque chez la grenouille de la bradycardie. La systole est légère et incomplète avec une diastole prolongée. Des contractions irrégulières apparaissent aux fortes doses avec fibrillation ventriculaire. Perfusée à la dose de 1/10 000 dans le cœur isolé de grenouille, elle augmente légèrement le nombre des pulsations. A doses plus fortes (1/2000), elle diminue le nombre des pulsations et le débit. L'action ralentissante sur le cœur de grenouille n'est pas inversée par l'atropine. Chez le lapin curarisé, la protopine provoque encore la bradycardie, même si les pressions sanguines sont à la limite du shock, alors qu'on s'attend à une accélération des réflexes cardiaques. Chez le cobaye, on constate un prolongement de la période réfractaire, action moins intense que celle de l'allocryptopine, mais qui s'installe plus rapidement. Comme l'allocryptopine, la protopine sensibilise le cœur aux arythmies ventriculaires provoquées par l'épinéphrine et (comme la papavérine également) augmente le flux de l'artère coronaire (l\lc Cawley in [Ml] 5, p. 92). La protopine exerce aussi une action puissante, m,ais de brève durée, sur l'utérus. Elle semble ètre rapidement détruite dans l'économie et l'effet ocytocique n'est obtenu qu'avec des doses continues administrées par voie intraveineuse. Sur l'utérus humain excisé, des concentrations de 1/1000000 provoquent une vive augmentation du tonus avec de puissantes contractions rythmiques superposées dont l'effet peut durer quatre heures. De fortes concentrations peuvent induire le spasme. Cette action utérine qui n'est influencée ni par l'atropine, ni par l'ergotoxine est une action muscu\otropique (Heynolds in (l\11] S, p. 138). Il y a lieu de signaler qu'au cours des travaux cités ci-dessus, Uose et coll. ont isolé la «fraction protopine " du totum alcaloïdiquc. Ils ont trouvé qu'elle était douée d'activités stimulantes sur le cœur, la respiration, les muscles striés ct lisses, la pression sanguine [B7!J). Antérieurement la pharmacologie de la protopine avait été étudiée par Bolm [B97). • Notons <JU<' Slavikova [S8R] donne pour l'allocryptine extraite de l'espèce tchécoslovaque le point de fusion ltiO-H)l• qui est celui de l'at fagarine. Le point de fusion de la~ fagarine est 169171°.
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624
PHARMACOPÉE
3° BERBÉRINE. Faute d'étude sur la coptisine, berbérine. La berbérine est une base très pharmacologiques sont bien connu' tation dans les ouvrages de Chopr cet alcaloïde, Watt ([W2] p. 820), etc. La berbérine n'est pas très tox" 0,1 gfkg par voie sous cutanée. Ch toxicité est d'environ 0,025 gfkg. sous-cutanée ou intramusculaire e à 10 p. 100 .. A la dose de 2 mgfkg, la berbéri sur le cœur. Elle déprime l'activit' rents organes : intestin, utérus, b: Elle augmente les contractions Brissemoret et Challamel ont comparable à la phase excitante d Das Gupta et Dikshit ont mon tropica à des dilutions de 1/80000 comme la quinine ou l'émétine, né supérieures pour obtenir le même Les propriétés antibiotiques o en particulier, en France, par L bactériostatique vis-à-vis de Mi
Escherichia coli, Eberth typhosa, S Les micro-organismes phytopat dahliae, Xanthompnas begoniae, et· de 1/5000 à 1/80000 (G53]. La grande réputation de fébrifu Chopra à étudier cette action par malarique n'existe pas, mais letra de la rate dont le volume augmen sites, alors libérés dans la circula l'action de la quinine. Cette prop certains cliniciens pour le diagnos L'activité de la berbérine vis-àpont le traitement du Bouton d'Or selon Chopra, consiste à infiltrer s dermique 1 à 2 ml d'une solution
(
ÉGALAISE TRADITI{ _ŒLLE
ne peut mentionner que la pharmacologie de la andue dans le règne végétal dont les propriétés .. On trouve à son sujet une abondante documen[C11) pp. 293-296) qui ·a' particulièrement étudié nigni ((B14) pp. 407-408), Garnier ((G4] p. 469), !t
e, sa DL minimum pour le lapin étant environ les chats et les chiens,. par voie intraveineuse, sa n absorption est rapidement complétée par voie e laisse pas de réaction locale même en solution
~
exerce une action déprimante et vasodilatatrice espiratoire et stimule les muscles lisses de diffé'nches (Chopra). 'utérus in situ et excisé. tré qu'elle était douée d'une action dynamique 'action neuromusculaire de la morphine [B88). que la berbérine était toxique pour Leishmania ors que des poisons protoplasmiques puissants, sitent la mise en œuvre de concentrations 80 fois et (048). té confirmées par de nombreux auteurs [G53], bin et Bernard qui ont insisté sur son pouvoir
bacterium tuberculosis, · Staphylococcus aure us, gel/a dysenteriae (L39, L40, L64]. gènes tels que Pseudomonas syringae, Verticillum sont complètèment inhibés à des concentrations et antimalarique des drogues à berbérine a incité lière de la berbérine. L'action proprement antiment à la berbérine agit sur les cellules élastiques ainsi que les contractions rythmiques. Les paran périphérique, peuvent être de ce fait soumis à éd'« agent provocateur" a été mise à profit par du paludisme latent [C11). des Leihsmania en fait le médicament de choix t provoqué par Leihsmania trop ica. La technique, les borels du bouton avec une fine aiguille hypop. 100 de sulfate de berbérine.
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
625
oculaires est telle qu'elle est la première substance naturelle connue pouvant être utilisée comme matériel expérimental pour la production et l'étude du glaucome [H53, H34). Toujours selon Hakim, qui a aussi étudié la transmission de las.anguinarine dans le lait d~s animaux, cette base est convertie dans le foie en un produit métllbolique . L'attention est attirée sur le fait que la consommation régulière du lait contenant d'infimes doses de sanguinarine peut avoir une incidence sur le glaucome primaire endémique (H35). . ! . La sanguinarine à la concentration de 2,5 p. p. m. et la chélérythrine à une plus forte concentration inhibent le Phymatotrichum omnivorum, champignon responsable de certaines pourritures de racines (in (Ml] 4, p. 261). L'hydrosanguinarine, même à fortes doses, n'est pas toxique [H53J. IV. -
EMPLOIS THÉRAPEUTIQUES.
Selon Martinez ([M25) p. 110) de nombreuses observations cliniques faites à l'hôpital San Andrès à Mexico ont démontré la valeur de l' argémone comme excellent hypnotique et calmant d~ premier ordre pour combattre la toux, les convulsions, les affections spasmodiques. Martinez estime que la prescription de l'huile n'est pas recommandée pour la toux, mais que, étant données ses propriétés siccatives, elle pourrait être employée en applications sur la peau à la place du collodion. Les formes et doses recommandées au Mexique sont de deux types : - Formule hypnotique : extrait hydroalcoolique de fruits frais privés de graines : 2 g, en capsules ou pilules. - Calmant de la toux: une capsule ou pilule, toutes les demi-heures (M25].
/
Les parties aériennes sont diurétiques, diaphorétiques et souvent utilisées par voie externe pour la cicatrisation des ulcères, pour le traitement des maladies oculaires et des eczémas. / Les graines sont diurétiques et purgatives à dose thérapeutique (infusé à 15 g par litre). De même l'huile (30 gouttes sur un morceau de sucre) constitue un laxatif doux, par ailleurs hypnotique et capable de procurer le sommeil IG-t).
PAPAYACÉES (Voir CARICACÉES) PAPILIONACÉES (Voir FABACÉES)
40 SANGUINARINE.
La sanguinarine a été étudiée d de graine, sous ses différents asp histo-pathologique, ophtalmologi mémoire déjà cité (H53]. C'est ainsi que la toxicité de l' à la sanguinarine dont le DL50 p dose voisine de 2 mg/100 g provoq des doses de 0,44 à 1 mg ne prod Les trois actions fondamentale pour l'auteur 1° une action an ti-a cornée, l'angle de filtration, la ré· fluide (H53]. La sanguinarine stimule le cœur res, mais n'a aucun effet sur la pr1 l'utérus gravide du cobaye [H49) Les actions de la sanguinarine e tion aiguë de la tension oculaire d soit par injection intraveineuse (2 (100 11-g), ou intra-oculaire (10- 10 11-
s le détail par Hakim, parallèlement avec l'huile s toxicologique, pharmacologique, biochimique, e et il y a lieu de se reporter à son important le de graines d'argénone est en partie imputable la souris est de 1,8 mg/100 g. Chez les rats, une 78,5 p. 100 de mortalité. Par contre chez le singe, nt aucun effet toxique (H53). e la sanguinarine (et de l'huile de graines) sont énaline ; 2° des effets histo-pathologiques sur la e et la peau ; 3° des effets sur l'équilibre tissulé de la grenouille, du cobaye et autres mammifèsion sanguine du chien, sur l'intestin isolé et sur e la chélérythrine sur la production d'une élévaapin sont quantitativement comparables, que cc g), intrapéritonéale (7-10 mg), subconjonctivale [H53]. L'action de la sanguinarine sur les organes
69. -
PASSIFLORACÉES
Famille tropicale et subtropicale qui n'est représentée au Sénégal que par trois genres : Adenia, Passiflora et Smeathmannia. Adenia et Passi{lora sont des plantes volubiles, Smeathmannia est un arbuste. Les feuilles sont alternes, entières ou lobées avec souvent des glandes sur le pétiole. Fleurs à 5 sépales imbriqués, couronne présente ; ovaire supère uniloculaire pluriovulé. Fruits capsulaires (Adenia, Smeathmannia) ou bacciformes (Passiflora). Passi{lora fœlida L. (maribisab des Wolof) est une herbe des lieux humides dont les fruits renferment une pulpe comestible. Elle nous a été seulement signalée à ce titre. Toutefois d'après Sébirc (Sl)les feuilles sont utilisées pour nettoyer les plaies. Cette famille ne fournit qu'une drogue à la matière médicale : la Passiflore purpurine (Passi{lora incarnata L.) inscrite à la Pharmacopée française pour ses propriétés sédatives et antispasmodiques. Il est connu que les racines ct les feuilles de quelques Passifloracées, en particulier celles de certains Passi{lora ct Adenia, sont toxiques et renferment des glucosides cyanogénétiques.
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADITioC
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ELLE
1.- Adenia lobata (Jacq.) Engl.
627
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
3.- Passiftora foetida L.
SYN. ~ Modecca loba/a Jacq., Modecca caricifolia A. Chev., Modecca incisa A. Chev., Kolbia elegans P. Beauv. VERN. ~Dio/a Tendouk furep ; bain. gujin; mandj. blabo..
VuLGo. ~ Fleur de la passion fétide. VERN.- Wo/. maribisab; ser. mété a koy (Berhaul), mode! (d'après Dalzie/) ; dio/a km\.a nâgol (Berhaut).
Caractères remarquables. Liane glabre, volubile, à tige ligneuse verdâtre très grossièrement ailée, boursouflée, plus ou moins quadrangulaire, atteignant 8 à 10 rn de haut. Feuilles alternes, minces, ovales, élargies à la base, largement cordées, acuminées au sommet, entières ou plus ou moins lobées, de 12 cm de longueur ct autant de largeur ; long pétiole de 5 à 10 cm avec de grosses gland.es creuses à la base du limbe ; une vrille axillaire ; 5 nervures basales. Corymbes axillaires de fleurs pendantes ver~ dâtres, de 2,5 cm de long, à l'extrémité d'un pédoncule de 10 à 15 mm; pétales laciniés. Fruits verdâtres, lisses, glabres, obovales de 2,5 à 3 cm de long. Habitat. Il recherche les sols frais en permanenee : assez commun en Casamance maritime dans les boqueteaux guinéens, les Iles du Saloum (galeries guinéennes) et les niay des environs de Dakar ; rare dans les galeries soudaniennes si elles ne sont pas humides en permanence.
Plante hispide à tige herbacée, volubile, lignifiée à la base. Feuilles stipulées, trilobées, cordées à la base, acuminées au sommet, de 8 cm de longueur sur autant de largeur, dentées sur les bords ; vrilles axillaires non ramifiées. Fleurs axillaires solitaires, de 5 cm de diamètre, à l'extrémité d'un long pédoncule, avec des bractées pennatiséquées à poils glanduleux com.Qle sur le reste de la plante ; pétales blancs. Fruits ovoïdes atteignant 4 cm de diamètre, glabres, entourés par le calice persistant, jaunes à maturité, comestibles.
tt
Les propriétés ichtyotoxiques de il.. Iobata sont bien connues des Baïnouk qui utilisent encore quelquefois cette espèce comme poison de pèche, la préférence étant donnée aux grosses lianes. Celles-ci sont coupées, q~,relquefois chau!Iées, puis battues avec des morceaux de bois et jetées dans les mare?· ou les trous d'eau. Les poissons «enivrés » montent alors rapidement à la surface où on les recueille dans di!Iérents récipients. On ajoute parfois à la préparation Pa/isola hirsuta et le gudjin kidi kam ( = gudjin femelle) qui est un Cissus. Dans les autres régions de la Casamance, les propriétés ichtyotoxiques d'A. loba/a semblent ignorées ou en tout cas, à notre connaissance, ne sont pas exploitées. Toutefois, il est intéressant de noter qu'aux environs de Tendouk, on nous a signalé un traitement par A. loba/a du ver de Guinée, nématode qui par son caractère d'espèce à sang froid s'apparente au poisson. Les tiges feuillées sont d'abord placées sous les cendres végétales encore brûlantes. Quand elles sont jugées suffisamment chaudes, on les retire du foyer, on les façonne rapidement à la main et on les applique sur la jambe suivant les procédés habituels, au niYeau du glte de la filaire. Chimie et pharmacolo~ie. Watt [W2) relate des cas d'intoxication souvent suivis de mort par une espèce voisine d'Afrique du Sud, I'Adenia digilata Engl. et fait état à ce propos des travaux de Green et Andrews (Rep. V cl. Res. S. Afr., 1923, 9/10, 381 et S. Afr. J. Sc., 1923, 20, 273). Pour ces auteurs la racine d'A. digitala renferme un glucoside cyanogénétique qui est rapidement et presque complètement détruit par la dessiccation, raison pour laquelle la racine est toxique qnand elle est consommée fralche. La racine fralche contient environ 0,04 p. 100 d'acide cyanhydrique et renferme en outre une toxalbumine, la modeccine, responsable des troubles entéro-gastriques provoqués par l' absorption de la racine. Ce principe est très toxique, la dose létale minimum étant de 0,0 001 gjkg chez le lapin par voie intraveineuse, la dose létale pour l'homme de racine fra !che étant estimée à 30 g environ.
Habitat. Originaire de l'Amérique tropicale, il est naturalisé dans la plupart des pays chauds.
Cette espèce n'est pas prescrite en usage interne, les feuilles et les fruits verts·étant toxiques pour le bétail. Par contre les fruits murs sont comestibles. En médecine populaire on utilise quelquefois les feuilles comme abstergent-vulnéraire. ~
Chimie et pharmacolo~ie.
j
-~
Les proprié(és toxiques sont vraisemblablement dues à des principes cyanogénétiques. Guigoord (G20) a trouvé 0,009 g d'acide cyanhydrique pour 100 parties de feuilles. Arthur signale pour la plante de Bornéo des tests positifs concernant la présence d'alcaloïdes et d'acide cyanhydrique [A13). · Avec des extraits aqueux de racines, tiges, feuilles, fleurs et fruits, Abbott et coll. ont obtenu expérimentalement sur les souris des réductions de 50 p. 100 pour les tumeurs transplantables de sarcome 180 [A7.1).
4.- Smeathmannia laevigata Soland. ex R. Br. var. laevigata. VERN. -Mal. doza; dio/a fefilolwrô (Berhaul); dio/a Pogny kef, fulétakafo, budahel ; {loup bulil ; bain. sunkos,
béélef, fulé-
Caractères remarquables. Arbuste de 2 à 3 rn, dressé, ramifié dès la base. Feuilles alternes, ·obovales ou oblongues-elliptiques, cunées à la base, très acuminées au sommet, de 10 sur 4 cm, légèrement denticulées sur les bords, glabres ou glabrescentes, vert foncé brillant dessus, sessiles ou subsessiles. Fleurs blanches axillaires, solitaires, actinomorphes, de 28 mm de diamètre ; sépales imbriqués, les externes brun foncé, les internes blancs avec une ligne médiane foncée ; pétales ovales. Capsules de 3 cm de long, blanches, à 5 valves, ovoïdes, avec les vestiges des stigmates au sommet et les sépales persistants à la base. Habitat.
2.- Adenia sp. ~Dio/a
Il est assez fréquent dans les taillis de Casamance entre Oussouye et la mer. Pogny
buyü.
Cet il denia lianescent, dont l'espèce n'a pu ètre déterminée, jouit en moyenne Casamance, dans le Fogny, d'une bonne réputation d'anti-furonculcux (paquets de liane entière imbibés d'eau comme une éponge, en massages puis applications).
..
Emplois.
Emplois.
VEn:-..
·"
Caractères remarquables.
Emplois. Drogue signalée seulement en Casamance, mais assez souvent employée, dans le Fogny en particulit•r (d'où les nombreux noms vernaculaires mentionnés dans ce dialecte), où l'on recherche de préférence des échantillons végétant à l'orée des bois
628
PHARMACOPÉE SÉNËGALAISE TRADITIOCELLE
(
.,
fébriles~t
Habitat.
1
1
C'est une plante sahélienne qui se rencontre dans le nord du Sénégal très sporadiquement, parfois par petites taches de plusieurs pieds et peu éloignées les unes des autres. Elle apparaît après Tivaouane sur la route de Saint-Louis.
t
70. -
PÉDALIACÉES
629
Fleurs subsessiles, axillaires, par deux ou trois ; corolle mauve en doigt de gant, de 4 à 5 cm de long. Capsules légèrement coniques, dressées, de 3 cm de long, très lignifiées, dures, avec 4 épines partant au-dessous du milieu et souvent 4 autres intermédiaires, plus courtes.
sacrés. Les principales indications sont les traitements des courbatures des céphalées avec le macéré de feuilles en bains et boissons ; mais on donne aussi Çomme fortifiant suivant les mêmes modalités, des décoctés de rameaux feuillés. ,~. Les Malinké et les Baïnouk utilisent assez fréquemment le décocté de rame .ux en usage ~xterne pour le traitement des plaies ~t des malaçlies Ôculaires.
.
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
Famille des régions chaudes et sèches du vieux monde représentée au Séné al par trois genres : Ceratolheca, Rogeria, Sesamum. Ce sont des herbes, parfois très lignifiées (Rogeria), à feuilles opposées (c es du sommet, parfois alternes), simples, sans stipules. Les fleurs sont hermaphi:Jldites, irrégulières, gamopétales. Le fruit est une capsule. Ceralolheca et Rogeria sont de la région sahélienne. Sesamum est cultivé et s tané dans les trois régions phytogéographiques du Sénégal. Au point de vue utilitaire cette famille est uniquement connue pour unefespèce indienne le Sesamum indicum DC. dont les graines fournissent l'huile de sésa
j 1
Emplois. Rogeria est une espèce médicinale peu signalée mais recommandée par des guérisseurs wolof compétents du Walo et du Cayor comme fébrifuge sudorifique (massage énergique avec des paquets de feuilles fraîches trempées dans l'eau) et antidysentérique (en boisson, poudre de feuilles sèches diluée dans l'eau, au moment du besoin). Les prescripteurs attachent une importance telle à l'action antidysentérique que, fait très rarement noté, ils font leur provision de drogue pour l'année, pendant l'hivernage, au moment où la plante est feuillée. Les .feuilles entrent également dans la composition des " garab u toy " (remèdes contre la fatigue)*. Elles en seraient même le principal constituant, d'où le nom de « toy » donné à la plante.
•..
Chimie,
1. - Ceratotheca sesamoides Endl. SvN. - Sesarum heudelotii Stapf ~in FTA). VERN.- Wol. yorholam; ser. laydâdé; mand., bamb., mal. 1 bénédé. Caractères remarquables.
r
nogo,
Petite herbe annuelle de teinte vert grisâtre, atteignant 60 cm de hauteut tiges quadrangulaires, pubescentes et visqueuses. Feuilles ovales, deltoïdes, obtusl', tronquées, cordées ou sagittées à la base, parfois dentées, d'environ 4 sur 2,5 cm, vec un long pétiole de 2,5 cm. 10 Fleurs en forme de doigt de gant, roses, rougeâtres, parfois blanches, plus oO moins striées de pourpre à l'intérieur. Capsules pubescentes, verdâtres, aplaties, de}1,5 sur 1 cm, rectangulaires, avec deux cornes divergentes au sommet. ~ Espèce commune dans les sols sablonneux de la zone sahélienne. f ·.rLes parties aériennes de cette herbe sont considérées comme bénéfiques et{revigo~antes pour les animaux qui les broutent. On leur attribue en médecine hu~ine les mêmes actions. A ce titre elles entrent souvent dans la composition des "gara'}u toy " qui constituent des remèdes stimulants et défatigants•. Selon Dalzielles graines contiennent 37,3 p. 100 d'huile [D4]. ·
t
2.- Rogeria adenophylla J. Gay ex Delile VERN. -
Wol. xabotô, habotô; ser. haut) ; bamb. téléténa (Berhaul).
Caractères remarquables.
3. - Sesamum alatum Thonning · SYN.- Sesamum sabulosum A. Chev. VERN.- Wol. béré, habeta (Berhaul), yorholan (d'après Dalziel); ser. ngulok (Berhaul) ; peul de Dianguel berné ; bamb. bénéfin (Berhaut). Caractères remarquables
·'
Herbe annuelle, ligneuse à la base, dressée, d'environ 75 cm de haut avec des tiges cannelées quadrangulaires, finement glanduleuses lorsqu'elles sont jeunes, glabrescentes adultes. Feuilles opposées de formes variables, les basales profondément palmatilobées, avec 3 ou 5lobes étroits, divisés jusqu'à la base, les apicales entières, linéaires. Fleurs axillaires solitaires en doigt de gant, roses, parfois avec des taches rouges dans le tube de la corolle qui atteint 3 cm de long et qui est pubescent à l'extérieur. Capsule dressée, subobconique, étroite à la base, de 5 cm de long avec un long bec au sommet. Graine muriquée, de 2 à 3 mm de long, ailée à la base et au sommet ; aile suborbiculaire de 2 à 3 mm de large. Habitat.
ndohar mbind, ndogolon, t
(Ber-
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i> ~
Robuste plante annuelle dressée, ligneuse, ramifiée ou non, atteignant 2J0 rn de haut et parfois plus ; tiges quadrangulaires à angles arrondis et faces déprimées, glabres à la base, farino-glanduleuses glauques à la partie supérieure des rameaux. Feuilles opposées, largement obovalcs, trilobées, de 8 cm de long, glanduleuses dessous ; lobes obtus avec des dents subulées, glanduleuses à la base. 1• ~
• Cf. p. 103.
Les racines de l'espèce nigériane ont donné des tests positifs pour la présence d'alcaloïdes et de tanins [P85).
~· l
1
'
Plante de la région sahélienne, surtout commune dans les sols sablonneux et se rencontrant assez souvent dans les jachères récentes (Cayor-Djolof-Ferlo). Emplois.
Les Peul du Djolof reconnaissent que la consommation de ce sésame a une action favorable sur les vaches stériles ; ils en cueillent souvent eux-mêmes pour en faire des décoctés qu'ils donnent en boisson à leurs animaux. Dans ces conditions il n'est pas étonnant de retrouver, toujours dans cette région, la même indication en médecine humaine,
• cr.
p. 103.
..
(
PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADITy( ,.,rELLE
630 Chimie.
Busson [B9] a pratiqué les analyses des feuilles et graines de S. alalum ainsi que de S. indicum et S. radialum récoltées en Afrique de l'ouest. Nous en groupons les résultats, publiés en 1965, dans le tableau ci-dessous puisque nous mentionnons plus loin S. indicum et S. radialum : TABLEAU
xx
Composition des feuilles el graines de Sesamum
(produit sec en g p. 100 ; l'humidité des graines est donnée entre parenthèses)
Feuille
Graines
---~--~----
Provenance
S. indicum
S. a/alum
Bouaké
Bouaké (Humidité) ............. Cellulose ............... Extrait éthéré .......... Glucides ............... Insoluble formique ...... Protides ............... Cendres ··············· Calcium ............... Phosphore ..............
-
8,1 1,8 46,3 42,3 30,5 13,3 2,39 0,50
13,2 2,7 41,9 30,1 25,9 16,3 1,36 0,21
j
S. radialum
Bouaké
-
9,2 1,3 60,4 28,9 21,6 7,5 1,4i 0,23
S. alalum
Bobo Dioulasso
S. indicum
(7,9) 33,2 19,7 24,5 45,9 13,9 8,7 0,47 0,24
(5,1) 5,1 43,1 21,9 12,1 24,8 5,1 1,33 0,52
Bouaké
3.- Sesamum indicum L. ·VuLGO. -
Sésamier.
Wol. béné (Sébire) ; bamb. nanoro ; dio/a béné (Berhaul). VERN. -
béné (d'anrès Dalziel); bamb., mand. '
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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éraies, 15-20 p. 100 de protides, 15-20 p. 100 d'amidon, 40-50 p. 100 d'huile, sésamol, sésamine et sésamoline [P28]. samine C20 H 18 0, est un !iguane cristallisable pouvant être considéré comme t de l'oxydation et de la condensation de deux molécules de safrol. La sésaC20H1807 diffère de la sésamine par un 0 supplémentaire dans sa formule. mol est un phénol, dérivé !Jléthylique de l'oxyhydroquinol. La structure de la e et ses rapports stéréochimiques avec sésamine, asarinine et f,inorésint>l ont diés en 1955 par Beroza [BUJ3]. Les!oligosaccharidcs des graines ont fait l'objet des recherches de Ha tanaka. L'autétu fait état de la présence de glucose (traces), saccharose (1 p. 100), trisaccharide ( ,5 p. 100), tétrasaccharide (0,1 p. 100), pentasaccharide et hexasaccharide (trace . Il a isolé le trisaccharide et l'a identifié ali plantéose (ga'iactose-fructose-glucose) i est un isomère du raffinose. I,l a également décelé dans la fraction tétrasacchari le lychnose (galactose-fructose-glucose-galactuse) et un isomère nouveau du lychn e pour lequel il a proposé l'appellation sésamose (galactose-galactose-fructosegluco ) [H108]. Jo s et Gerdorff ont trouvé dans les globulines des graines 2, 7 p. 100 de tryptophan t dans les oc et~ glutelines, respectivement 2,68 et 3,45 p. 100 d'histidine [K1]. L'h le de sésame est une huile non siccative de couleur jaune d'or, se figeant à Ile renferme 85 p. 100 de glycérides d'acides gras liquides (linoléique et oléip. 100 de glycérides d'acides gras solides (stéarique, palmitique, arachidique) On signale en outre les acides myristique et lignocérique [K1]. Busson, pour ntillons déjà mentionnés, a trouvé en p. 100 d'acides gras totaux : acide oléi2, acide linoléique 34,2, acide palmitique 9,8, acide stéarique 6,8 [B9]. La ition en amino acides est donnée par Busson [B9] et Smith [S104]. ·e et Kane indiquent pour l'huile du· Bengale ouest et d'Assam 3,5 à 4,5 p. 100 ,onifiable, 2,5 p. 100 de sésamine, 0,15 p. 100 de sésamol et sésamoline, avec, acides gras en p. 100: palmitique (9,3), stéarique (6,2), oléique (37,5) et lino( 47). Ils s(gnalent aussi la richesse des tourteaux en protéines et éléments :UX [B194.. , rtir des feuilles sèches Morita a isolé un llavonoside (0,3 p. 100) de formule 2, 2 1/2H 20 qui est le 5-:r,4-trihydroxy-6-méthoxy llavone 7-glucoside dénomaliine [M111].
1
•
Caractères remarquables.
Herbe annuelle, pubescente, dressée à tiges simples, rarement branchue et pouvant atteindre 1,75 rn de hauteur. Feuilles opposëes, sans latex et sans stipules, pubescentes, trinervées à la base ; feuilles basilaires souvent profondément divisées ou composées palmées. Fleurs axillaires, blanches ou roses tachetées de pourpre ; corolle de 4 cm de long. Capsules dressées, allongées, à bords parallèles, arrondies à la base, à coupe transversale rectangulaire de 30 mm de long sur 10 mm de large, terminées par un bec subulé de 2 à 3 mm ; graines non ailées, finement réticulées ou lisses, asymétriques. Habitat.
Le sésame est plus ou moins cultivé dans tout le Sénégal. Il se multiplie aussi spontanément et on le rencontre sporadiquement le long des routes et pistes, notamment en Casamance et dans le Sénégal oriental.
rait de graines aurait une certaine activité contre les mycobactéries [N29] re les insectes [H57], mais selon Dhar aùcune activité biologique [D86] et, bbott, aucune activité anticancéreuse [A 71]. ait, l'action insecticide est plutôt d'ordre synergétique. Il a été prouvé, en e l'huile, la sésamine et la sésamoline potentialisaient l'action insecticide des '• ines [B19:{]. Golse [G12] signale à ce sujet que s'inspirant de lp structure de la· • e, on a préparé des composés synthétiques tel le pipéronylbutoxyde qui comme la sésamine un pouvoir activant sur les pyrétrines. mplois de l'huile de sésame sont surtout alimentaires et industriels (savonnes pharmacopées suisse et allemande l'autorisent comme succédané de l'huile et elle sert ù la fabrication de solutés huileux injectables d'hormones stéroïdes ibiotiques. On peut aussi la prescrire à la dose de 40 ù 60 g comme laxatif [D13].
4. -llesamum radiatum Sebum. et Thonn. Emplois.
\
Les graines ne sont pas utilisées en médecine sénégalaise, mais les Bambara et les Mandirig du Sénégal oriental assurent que le suc de feuilles pilées additionné de sel, ou le décocté de feuilles salé, constitue un excellent purgatif. Les feuilles sont encore employées plus généralement comme béchique et émollient.
Sv:-;. -
Sesamum talbolii Wernham, Srsamum cail/ei A. Chev.
,VEn:-;.- Barn b.
udeku (d'après Dalzicl); mand. dubulé.
ninké, ninké (d'après Dal-
;;iel) ; peul du Djolof
Cara'}ères remarquables. Chimie.
Dans le Tableau XX nous avons indiqué la composition des feuilles et des graines d'échantillons de S. indicum en provenance de Bouaké (Côte-d'Ivoire). On admet classiquement que les graines de sésame contiennent 7-8 p. 100 d'eau, 4-5 p. 100 de matiè-
He.t.e annuelle dressée, d'environ 50 cm de haut, couverte de poils glanduleux,
dégag~ant quand on la froisse une odeur vireuse peu agréahle.
':"P r•),
Feiijllcs opposées, entières, an•c des pétioles de 1,5 cm en moyenne (souvent heaulimb« de tlimeo
;.
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ŒLLE
vales elliptiques à la base, étroitement oblongs au sommet de la plante, glanduleux dessous. Fleurs axillaires solitaires, étalées presque horizontalement, à calice et corolle très pubescents ; corolle rose rougeâtre pourpre de 4 cm de long. Capsules dressées, poilues, de 25 à 30 mm de long sur 8 à 10 mm de large à sommet en coin court, bifide; graines non ailées, à surface rugueuse de 3 mm de long sur 2 mm de large, à stries rayonnantes. Habitat. Il est, comme le S. indicum, cultivé au Sénégal et subspontané.
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Habitat. II se rencontre assez fréquemment dans les boisements de la Casamance maritime et jusqu'aux niay des environs de Dakar. II est encore présent dans les galeries soudaniennes, les ravins et rebords de bowé du Sénégal oriental. Emplois. Cette liane à racine odoriférante est très recommandée par les guensseurs de Casamance pour les entéralgies. Le macéré de racines serait efficace, en particulier pour les coliques et le ténesme intestinal. On l'emploie aussi comme revigorant et antirliumatismal.
Emplois.
Chimie.
La toxicité, ou plutôt la nocivité de cette espèce pour le bétail, nous a été signalée par les Peul ; ils évitent dans la mesure du possible les pâturages où elle abonde car elle cause des maladies aux animaux qui en consomment.
Toutes les études sur C. sanguino/enla concernent la présence d'un alcaloïde. Clinquart, étudiant en 1929 la drogue du Congo Kinshasa sous le nom de C.lriangularis, isole des racines une matière colorante azotée possédant les propriétés générale& des alcaloïdes. Il propose pour cette base violette, mais dont les sels sont jaunes, le· nom de cryptolépine avec la formule C 14 H 17 0 4N,• (C98). Par la suite Delvaux propose la formule C 17 H 16 0 2 N. Puis, à partir d'une espèce d'origine nigériane identifiée à C. sanguino/enta, Gellert et coll. obtiennent la même base pour laquelle ils proposent deux formules non oxygénées C,.H 10 N 2 ou C16 H 12 N 2 [G88]. En fait, la formule correcte est cette dernière•• qui correspond à une structure de base indolique anhydronium dérivée de la quindoline [Ml] 8, p. 20).
Chimie. D'après Smith (1936) les graines de l'espèce nigériane renferment 32,3 p. 100 d'huile [S185]. Les feuilles de l'espèce ivoirienne ont été analysées par Busson (voir Tableau XX).
Pharmacolo~ie.
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71. - PERIPLOCACÉES Famille précédemment réunie aux Asclépiadacées, mais qui en a été séparée du fait de son pollen qui est en grains au lieu d'être en pollinies et de ses étamines à filets· libres au lieu d'être soudées en tubes. Elle renferme surtout des plantes volubiles ou sarmenteuses réparties dans les savanes ou les fôrêts. Elle comprend en Afrique de l'Ouest dix genres avec seulement quatorze espèces parmi lesquelles ont été étudiées Cryplolepis sanguino/enta, Mondia whilei et Parquetina nigrescens, qui se rencontrent au Sénégal.
1. -
Cryptolepis sanguinolenta (Lindl.) Schltr. SYN.- Cryplolepis lriangularis N. E. Br., Pergularia sanguino/enta Lindl. Wol. mbasâ (Berhaut); dio/a Pogny. podos; bain. konit.
VERN.-
Caractères remarquables. Plante vivace à nombreuses tiges très grêles, volubiles, s'enroulant entre elles et aux branches des arbustes, atteignant 6 à 7 rn de hauteur; latex jaune à l'extrémité des rameaux et des inflorescences, blanc ailleurs ; écorce mince se détachant par lamelles. Lorsque J'on brise la tige, les fibres résistantes s'étirent hors de la partie sectionnée. Feuilles elliptiques, glabres de 5 sur 2 cm. Cymes latérales de quelques fleurs blanc verdâtre sur un pédicelle de 10 mm; tube de la corolle de 5 mm ; lobes de la corolle très tordus sur eux-mêmes dans le bouton, lancéolés, acuminés, de 12 mm de long. Follicules linéaires de 15 à 20 cm de long, plus ou moins étalés ou réfléchis. Graines de 12 mm de long avec des poils soyeux au sommet.
On doit à Raymond Hamet les seules études phalmacologiques faites à ce jour et, précisément, à partir de la cryptolépine extraite de Ira cines de l'espèce casamanaise. La cryptolépine est peu toxique pour le cobaye. Une dose de 120 mgjkg intrapéritoriéale de chlorhydrate est nécessaire pour provoquer la mort en plus de 12 h et sans autres syndromes d'intoxication qu'un engourdissement progressif, aboutissant après 6 à 7 h à une parésie des pattes antérieures et postérieures et une hypothermie progressive atteignant 7° 6 au bout de 6 h. Une dose de 60 mg, administrée dans les mêmes conditions, ne produit d'autre manifestation toxique qu'un engourdissement et une forte hypothermie (la température s'abaissant de 4° en 3 h pour revenir très progressivement à la normale). Outre cet effet hypothermique très marqué, Raymond Hamet a constaté que la cryptolépine diminue considérablement les effets hypertenseurs de l'adrénaline et réduit beaucoup l'action vaso-constrictive rénale de cette substance. Toutefois, dans les expériences réalisées, elle n'a jamais inversé cet effet ni supprimé totalement cette action. L'hypertension réduite que produit d'adrénaline chez l'animal fortement intoxiqué par la cryptolépine, s'accompagne de troubles cardiaques qui rapprochent l'effet adrénalinolytiquc de la cryptolépine beaucoup plus
• Comme le fait remarquer Saxlon (in [M1)8, p. 20), c'est un cas unique parmi l<•s alcaloïdes de prés(•nlcr sous forme base libre une coloration noir-violet et sous forme salifiée une coloration jaune. •• Mais quand la eryptolépine est dcshydrogénée avec le sélénium il y a formation de la base C15 H 10 N 2 •
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2.- Mondia whitei (Hook. f.) Skeels SYN.- Chlorocodon whitei Hook. f., Tacazzea viridis A. Chev. VERN. - Mand. sisé nuo ; mal. cigucirigu (Paris*) ; diola ékoné (Paris) ; peul kindé (Paris).
Caractères remarquables. Liane à latex atteignant 5 rn de longueur ; tiges annuelles volubiles, lenticellées avec des stipules interpétiolaires laciniées persistantes. Souche vivace à parfum agréable de vanille. Feuilles glabres dessus, pubescentes dessous, de 15 à 10 cm, acuminées au sommet, cordées à la base. Racèmes axillaires de 5-8 cm de longueur avec iles fleurs blanc verdâtre ou crème ; pédicelles jusqu'à 2 cm de longueur; corolle épanouie dépassant 2 cm de diamètre. Follicules accouplés, opposés, fusiformes de 10 sur 5 cm, striés longitudinalement, renfermant de nombreuses graines munies d'une aigrette soyeuse.
Habitat. Se rencontre en Casamance et dans la zone soudano-guinéenne.
Emplois.
M. whitei, en raison, vraisemblablement, de sa faible abondance, est peu signalé. Les préparations de racine sont prescrites dans les indigestions et d'une façon plus générale comme antientéralgique, revigorant et antitoxique, quelquefois aùssi comme ocytocique. Chimie. Goulding et Pelly en 1911 ont isolé des racines par distillation it la vapeur d'eau 0,2 à 0,5 p. 100 d'un isomère aromatique de la vanilline, l'aldéhyde p-méthoxysalicylique [G125]. Par la suite, Dilling isole 1 it 1,2 p. 100 d'une essence jaune d'or, 2,8 p. 100 d'une huile fixe jaunàtre, Hl-20 p. 100 de glucose impur et un glucoside au taux de 0,45 p. 1 000; mais les recherches de saponines et d'alcaloïdes sont négatives [D100]. Bouquet a noté pour l'espèce congolaise; présence de 0,1 à 0,3 p. 100 d'alcaloïdes dans les racines, traces dans les feuilles et les écorces ; absence dans les mêmes organes de flavonoïdes, saponosides, tanins, quinoncs, HCN, stéroïdes et terpènes [B210]. Mascré et Paris à partir de l'huile volatile des racines de l'espèce casamançaise obtiennent 0,30 p. 100 d'un résidu cristallin (0,05 p. 100 seulement avec l'espèce guinéenne), identifié également à l'aldéhyde' p. méthoxysalicylique. Ils décèlent en outre de petites quantités d'alcaloïdes indoliques : 0,5 p. 1 000 dans les racines et traces dans les graines et les tiges [l\11:H]. GaBy, de son côté, a décelé, toujours dans les racines, du saccharose, 1,63 p. 100 de glucose et un glu(·oside hydrolysable par l'invertine [G12Hj.
Pharmacologie. L'extrait alcoolique, par voie intraveineuse chez le chien à dose correspondant à 0,10 g de racine/kg, ne produit qu'une faible hypotension suiYie d'hypertension
et accompagnée de vaso-constriction rénale [1\1131]. Selon Mascré et Paris l'essence a une action dépressive sur l'intestin isolé de lapin, en accord avec l'utilisation de la plante comme antidiarrhéique [l\1131]. Selon Dilling l'essence est le constituant pharmacologique le plus important : elle est rubéfiante, irritante pour les muqueuses ; elle relùclw l'intestin des mammifères et provoque une intoxication comparable à celle des autres huiles volatiles. Les effets « stimulants , reconnus it la racine pourraient être attribués à lu présence de cette essence, de même que ·les effets laxatifs qui pourraient être dus à l'association synergétique huile volatile, huile fixe ct sucre [0100]. • In Mascré, op. cil. [M131].
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Le glucoside provoque chez la grenouille la paralysie des voies respiratoires et des réflexes spinaux en agissant sur les cellules motrices. Le cœur aussi est influencé par une stimulation suivie d'une dépression. Ces actions constituent une paralysie directe de l'irritabilité et de la conductivité du muscle. Toutefois' le glucoside se trouve dans les racines à taux trop faible pour produire chez l'homme des effets définitifs.
3.- Parquetina nigrescens (Afzel.) Bullock SYN. - Parquetina gabonica Baill., Periploca nigrescens Afzel. ; Periploca calophylla (Bail!.) Roberty; Omphalogonus nigritanus N. E. Br., Omphalogonus calophyl/us Bail!. VERN.- Dio/a butakad (Berhaut).
Caractères remarquables. Plante vivace it tiges volubiles, ligneuses à la base, atteignant plus de 7 à 8 rn de longueur. Feuilles glabres, épaisses, grasses au toucher, brillantes et vert foncé dessus, glauques dessous, oblongues elliptiques, de 12 sur 7 cm, avec un pétiole de 4 à 5 cm. Cymes axillaires de fleurs blanc verdâtre tachetées intérieurement de rouge &mcé ; sépales ovales arrondis de 3 mm de long; corolle à lobes d'environ 10 mm de lon•gueur. Deux follicules divergents, ligneux, pouvant atteindre 45 cm· de longueur, mais généralement beaucoup moins. Graines à aigrette plumeuse.
Habitat. Cette espèce est peu répandue au Sénégal. On la rencontre dans les recrus secon.daires de la CaSJimance maritime et les sous-bois ombragés et humides des ravins du Sénégal oriental.
Emplois. Aucune indication d'usage ni de toxicité ne nous a été donnée sur cette plante, mais nous estimons devoir la signaler en raison de la nature de ses constituants chimiques et de l'intérêt qu'ils peuvent présenter par la suite.
Chimie. A partir du bois frais Schenker et coll. isolaient en 1054 toute une série d'hétérosides digitaliques et caractérisaient comme génois, après hydrolyse erlzymatique, le strophanthidol (0,003 p. 1000), la strophanthidine (0,15 p. 100) et un nouvel aglycone dénommé nigrescigénine [S124]. Les études plus récentes de 1\lauli et coll. [M95], Berthold et coll. [B138, B139) ont conduit it l'isolement du bois de six cardénolides cristallisés et six amorphes, obtenus également après hydrolyse fermentaire en présence d'oxydase. Parmi ceux-ci notons en particulier la 16-déhydrostrophanthidine et des substances apparentées, la strophanthidine, la strophanthigénine, la convallotoxine. Selon le screening de Bouquet, les feuilles et écorces de l'espèce congolaise ne contiennent pas d'alcaloïdes, de flavonoïdes, de saponosicles, de ta11ins, de quinones, de stéroïdes et de terpènes [B210].
72. -
PIPÉRACÉES
Famille tropicale, surtout américaine, représentée au Sénégal par les cieux genres Peperomia et Piper. Les Prpcromia sont des petites herbes épiphytes qui se rencontrent sur les arbres, en particulier sur /:'lads en Casamance maritime.
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~uineense
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toxique que la pyréthrine pour la mouche domestique et qu'un mélange de 0,05 p. 100 de pipérine avec 0,01 p. 100 de pyréthrine est plus toxique qu'une solution de pyré. thrine à 0,10 p. 100. Le poivre de Guinée peut être considéré comme un condiment, doué, en outre, • de propriétés carminatives par son essence et vermifuges par sa résine.
Les Pipéracées comprennent 17 genres et plus de 900 espèces caractérisées d'lille façon générale par la présence dans tous les organes de cellules sécrétrices renfermant des résines irritantes ou des essences à saveur brillante et à propriétés stimulant,. De ce fait les Pipéracées sont surtout utilisées comme stimulants, condiments t masticatoires.
1. ;- Piper
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Sebum. et Thonn.
Vulgo. - Poivrier, Poivrier de Guinée, Poivrier du Kissi •, Poivrier des Ashantis**· " SvN. - Piper /eonense C. DC., Piper {amechonii C. DC. VERN. - Bamb. namaku, féfé (Berhaut) ; dio/a masésé, dâgi (Berha fukungen.
73. - PLUMBAGINACÉES Famille surtout bien représentée autour du Bassin métliterranéen où de nombreuses espèces occupent les sols salés. Elle ne comprend au total que 10 genres et environ 180 espèces ; au Sénégal un seul genre avec une espèce : Plumbago zeylanica. Les Plumbaginacées ne présentent aucun intérêt industriel* et jusqu'à ces dernières années on ne citait à leur sujet que quelques Plumbago utilisés en médecine populaire dans leur pays d'origine: P. europaea L. (Dentelaire d'Europe), P. rosea, P. zey/anica des Indes et de Ceylan. Depuis que l'on connaît la structure exacte du plumbagol (1936), principe actif isolé des P. europaea et zeylanica, l'intérêt du monde savant s'est porté sur le genre Plumbago.
Caractères remarquables. Liane à nombreuses tiges grêles, flexibles, ramifiées, atteignant 10 à 12 rn de hait en s'appuyant et s'enroulant sur les arbres. Feuilles ovales à base élargie et arrondie, à sommet courtement acuminé ; 5 n~ vures basales. Inflorescences solitaires, opposées aux feuilles ou terminales. Fie jaune verdâtre. Courtes grappes terminales de fruits sphériques de 4 à 5 mm diamètre, rouges à maturité, avec des pédicelles de 4 à 5 mm de long.
1. -
Plumba~o
zeylanica L.
Habitat. VERN. -----,. Wol.
On le rencontre dans les boqueteaux de la Casamance maritime. 1
Emplois. Le fruit astringent de cette liane, d'ailleurs rare et· rencontrée seulement en Ca,..mance maritime à la frontière guinéenne, est utilisé par voie interne dans la phafmacopée en qualité d'antidiarrhéique et tonique. Dans ce dernier cas on pratiqde en outre des massages. Chimie. D'après Githens [Gll] P. guineense contiendrait une huile essentielle, de la chlvicine et de la pipérine, avec, selon Schimmel, du phellandrène dans l'essence [S19 La présence de pipérine dans P. guineense avait été signalée dès 1855 par Stenhou C'est un amide piquant de formule C 17 H 10 0 3 N qu'on troU\·e également en proporti notable (5 à 7 p. 100) dans la résine de Poivre fournie par le Piper nigrum L. A l'ét pur, elle se présente comme une substance cristallisée presque insoluble dans l'ea:,., soluble dans l'alcool, sc dédoublant par ébullition avec les hydroxydes alcalins pipéridine et acide pipérique. La chavicine, qui dans le poivre accompagne égaleme la pipérine, est un stéroisomère de cette dernière, dédoublable dans les mêmes coniutions en pipéridine et acide chavicique de même constitution que l'acide pipériq Plattner et Clauson-Kass ont isolé en 1945 un lignane dérivé de l'acide shikimiq I'aschantine de formule C,H 24 0 7 . En 1961 Hanzel et coll. [H22] décèlent da l'espèce congolaise un autre lignane, la sésamine (ou pseudocubébine) C, 0 H 1 s dans la proportion cte 0,8 p. 100 et indiquent aussi la présence d'aschantine dans proportion de 0,2 p. 100. Plus récemment encore, ils ont mis en évidence un nouve corps du même groupe, cte formule C24 H 30 0 8 , dénommé yangambine [H99]. Pharmacologie. La pipérine a été utilisée pour donner un goût « purgent " au brandy. Elle pe être employée comme insecticide. Harvill et Hartzell ont montré qu'elle est plUS • Région de la Guinée. •• Important<· ethnie du Ghana.
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1 t.'
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Jij; dio/a
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bukukin. 1
Caractères remarquables. Arbrisseau grimpant à nombreuses branches anguleuses, grêles, entremêlées, ne dépassant pas 2 rn, vert pâle. Feuilles amplexicaules alternes, sans stipules, ovales ou ovales lancéolées, acuminées au sommet, courtement cunées à la base, de 8 sur 4 cm, glabres ; nervures latérales arquées avant le bord du limbe au nombre de 4 à 7 paires. Racèmes terminaux souvent branchus, à fleurs blanches de 20 mm de long et 12-13 mm de large; calice de 10 mm avec des poils dressés glanduleux. Capsules membraneuses entourées du calice persistant. Habitat. Il est très irrégulièrement réparti dans tout le Sénégal, mais jamais très abondant ; on le trouve parfois près des termitières (Cayor, environs de Dakar, Sine, Saloum, Casamance, Niokolo-Koba, Kédougou, Bakel). Emplois. Le P. zey/anica est connu des ·wolof et des Diola pour les propriétés vésicantes de ses racines qui entrent à ce titre dans la composition de quelques cataplasmes. Elle ne nous a guère été signalée pour des usages bien précis et ne jouit pas, semble-t-il, de la grande réputation d'antilépreux qu'elle possède en Côte-d' Ivoire et en HauteVolta [K4, K10]. Chimie.
P. zeylanica doit ses propriétés vésiëantes à la plumbagine isolée pour la première fois de la racine du P. europaea par Dulong d' Astafort en 1828, puis de celle du P. zeylanica par Roy et Dutt en 1!!28 et définie structuralement, en mème temps que synthétisée, par Fisser et Dunn en 1\J36 [FH]. Le plumbagine ou plumbagol, ou 2-mcthyl 5-hydroxy 1,4 naphtoquinonc, a comme • Mentionnons· toutefois que les Statice (plus de 120 espèces) et les Armenia peuvent être considérés comme des plantes tannifères.
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formule brute C 11 H 8 0 3 • Elle cristallise de la SQlution alcoolique ou éthérée en cristaux aciculaires jaune orangé, de saveur âcre et brûlante. Peu soluble dans l'eau froide, elle colore cependant l'eau en jaune brillant ; elle est plus soluble.â chaud, très soluble dans l'éther sulfurique et l'alcool et donne avec les liqueurs alcalines une solution de couleur rouge cerise. Après Datta et Mukerji, Iyengar et Pendse (11], opérant sur des échantillon~ de P. zeylanica d'origine indienne, se sont attachés à étudier des coupes histologiques et la poudre de racine au point de vue localisation du plumbagol et caractères microscopiques de la poudre : le plumbagol est réparti principalement dans les cellules de la zone corticale secondaire et médullaire. Le parenchyme cortical secondaire contient le plumbagol sous forme amorphe de couleur jaune,. virant au rouge sous l'action d'une solution de soude à 10 p. 100 (visible au microscope dans les coupes fraîches). La poudre de racine est de couleur brune et tnontre en abondance des grains d'amidon simples (de 16 à 28) avec un diamètre variant de 2 à 16 fL· Les fibres non lignifiées sont cellulaires et leurs dimensions varient de 100 à 250 fL sur 12 à 16 fL· Poursuivant leurs investigations les mêmes auteurs ont recherché la présence d'autres principes actifs : les réactions générales concernant les alcaloïdes ont été négatives ; de même les tests hémolytiques pouvant indiquer la présence de saponoside ont été négatifs. Par contre, dans les infusions aqueuses de racine, ils ont décelé tanins, amidon, protéines et substances réductrices. Après avoir observé que le glucose et le fructose étaient les principaux ·sucres présents ils en ont recherché le taux et les combinaisons possibles dans la drogue, particulièrement sous forme d'hétérosides. Ils concluent en définitive à la présence de 2,72 p. 100 de sucres qui ne sont pas en combinaison avec un important composé chimique et qui sont probablement libres. En outre, les proportions d'extrait trouvées sont les suivantes : pour l'eau 15,4, l'éther de pétrole 1,-11, éther sulfurique 1,09, alcool absolu 15,9. L'estimation moyenne du t;mx des cendres est de 7,5 et celui de l'insolublt! dans les / · acides 2,7. Plus récemment ces deux mêmes auteurs [I2] ont déterminé dans les racines deux activités protéasique et invertasique, mais non amylasiqu.e. Roy et Dutt [W2] signalent que les feuilles ct les tiges contiennent une huile fixe et une huile volatile, mais peu de plumbagol. La teneur en plumbagol des racines est variable et diminue au stockage. Pour Ho y ct Dutt (1 928) l'espèce indienne atteindrait au maximum le taux de 0,91 p. 100 avec des variations sous la dépendance de diJiérents facteurs, en particulier écologiques. Dans des échantillons que nous lui avions adressés de Côte-d'Ivoire en 1948, H. Paris [1'2:{] avait trouvé une teneur de 1,2(i p. 100. En général les racines les plus riehes sont n•llcs des plantes les plus àgées poussant sur les terrains les plus secs. Pour Keien 1-i:o fK<Jf le rendement serait de 4 p. 100. Pharmacolo~ie.
1°
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0RGA!';ES.
Les extraits des ditiérents organes de P. :rylanica montn•nt des propriétés antibiotiques vis-à-vis de Escherichia ruli et de Slaphylococcus aureus [G2!J]. Selon Yan der Vijver, les tests pratiqués sur les organes de l'espèce sud-africaine montrent une action de l'extrait de racine sur (en ordre décroissant) : Slaphylococcus aureus, Xlebsiella arogencs, Bacillus pumillis et B. cereus. Les extraits de tiges et de feuilles donnent des tests négatifs, à l'exception de !"extrait de tige faiblement actif vis-à-vis. du Slaphylococcus aureus [V3!J]. Iyengar et Pendsc [15] ont établi que l'absorption de poudre de racine de J>. zeylanica stimule la prolifération des bacilles coliformes chez les souris. Dl•s analyses statistiques montrent que cette action· est etiective au taux de 5 p. 100 dans la nourriture et qu'elle est comparable à celle du" mcxaform , (spécialité ù nom déposé) prescrit comme normalisateur de la flore intestinale quand celle-ci est perturbée par 1'administration d ·antibiotiques. La question se pose alors de savoir si cette action normalisatrice peut être assignée au plumbagol seul ou it d'autres constituants non idl•ntifiés. actifs par eux-mêmes ou sous forme combinée avec le plumbagol ; mais il· est ditlicilc d'y répondre, les animaux n'absorbant pas la nourritur~· additionnée de plumhagol seul. II est pourtant important d'élucider ce problème puisque le plumbagol possède
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2° PLUMBAGOL. A faible dose le plumbagol stimule le système nerveux central chez la grenouille, la souris, le lapin, mais à fortes doses il produit des convulsions suivies de paralysie et enfin de mort. La dose létale minimum est de 0,1 mg par g de poids pour la souris, 0,5 mg par g pour la grenouille et 10 mg par kg pour le lapin. Chez le lapin on censtate une légère baisse de la respiration et de la pression sanguine avec dilatation des vaisseaux périphériques et action directe sur le cœur. Chez la grenouille on constate, au cours de la perfusion, la paralysie du muscle cardiaque avec dilatation des vaisseaux périphériques, et, sur l'organe isolé de muscle lisse, une stimulation puis la paralysie [K5]. L'utérus isolé de lapine est stimulé à la dose de 10~• p. 100 et inhibé à la dose 10-• p. 100 (in [W2]). · Bhatia et Lal reconnaissent le pouvoir irritant du plumbagol, son action sur l'utérus isolé et ses propriétés antiseptiques. A petites doses la drogue est sudorifique, mais à fortes doses elle provoque la mort par arrêt respiratoire [B10]. Chopra estime que le plumbagol est un puissant remède qui pourrait être utilisé en thérapeutique sous réserve de dosages fixés par des études pharmacologiques. En raison des ses propriétés d'exalter l'irritation de la peau, il pourrait, ajoute-t-il, être employé dans les maladies de peau chroniques et les leucodermies [Cll], Le plumbagol possède des propriétés vitaminiques K [F9], mais il a surtout été étudié, plus spécialement en France, pour ses propriétés antibiotiques. Des travaux de Saint-Ratt, Luteran, Olivier, Blanchon [S4, S5, B11], pratiqués au laboratoire et dans les services hospitaliers, ont montré qu'à une concentration de 1/50 000 le plumbagol possède une action antibiotique beaucoup plus marquée que celle d'autres quinones, de p-quinone et même de lactoflavine, sur le staphylocoque et certains champignons pathogènes : Coccidioides immilis, Histoplasma capsulatum, Trichophyton ferrugineum. Sur les malades atteints de furoncles, anthrax, cystite, des injections intraveineuses bien tolérées ont amené une guérison rapide. Mme BézangerBeauquesne a montré, de s9n côté, que le plumbagol était doué de propriétés antispasmodiques mais n'agissait pratiquement pas sur l'Hemophilus perlussis, agent de la coqueluche [B12, Bi3]. A propos du Drosera qui renferme également du plumbagol, Denoel [013] signale que le plumbagol étant un isomère du phtiocol, constituant du bacille tuberculeux, quelques auteurs ont voulu expliquer l'activité du Drosera dans le traitement des affections respiratoires en appliquant au cas phtiocol-plumbagolla théorie substitutive de Woods et Fildes. En tout état de cause, certains dérivés synthétiques du plumbagol avec les sulfamides ont révélé in vitro une activité antituperculostatique.
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Quelques espèces sont riches en huiles essentielles (Cymbopogon, Vetiveria) utilisées en parfumerie, d'autres sont toxiques en raison de la présence, quand les plantes sont jeunes, de principes cyanogénétiques (Aristida, Leersia, Zea mays) ou par suite de l'envahissement du végétal par des champignons (Phragmites).
1. - Andropogo_n
pin~uipes
Stapf
VERN. - Wol. gongon (d'après Da/ziel), taf; ser. bamb. bohdô (Brrhaul) ; peul ngéféfadi.
golôbà; mand.
banôbo;
Caractères remarquables.
Herbe annuelle, plus rarement vivace, dressée, a un ou jllusieurs chaumes glabres atteignant plus de 2,50 rn et légèrement ramifiés vers le haut. Feuilles glabres lancéolées, longuement effilées au sommet, de 20 à 50 sur 2 à 4 cm ; ligule subtronquée, scarieuse, plus ou moins triangulaire, de 1 à 3 mm de long ; nervure médiane claire. Deux racèmes de 4 cm de long ; articulation et pédicelles des épillets renflés, bombés, de 1,5 sur 3 à 4 mm, jaunâtres, brillants ; glume inférieure de l'épillet sessile concave sur le dos ; arêtes de 3 cm de long. Habitat.
Il est très commun depuis le bord de la mer, parmi les rochers à Dakar, jusqu'au Sénégal oriental et très abondant entre Kaolack et Tambacounda ainsi que dans le Saloum. Il disparait dans les cultures et il ne se réinstalle qu'après plusieurs années de jachères. 1
Emplois.
Les feuilles de cet Andropogon sont utilisées par les Lébou et les Wolof du Cap-Vert comme reconstituantinterne et comme vulnéraire externe pour les plaies, contusions, etc. Elles sont vendues sur les marchés comme fébrifuge avec la recommandation d'employer le macéré de quarante-huit heures et d'en boire abondamment, la préparation n'étant pas toxique. Dans le Cayor et le Walo l'espèce est aussi considérée comme fébrifuge, mais de plus, les feuilles et les graines entrent dans certains traitements des maladies 111e~tales
2.- Aristida Iongiftora Sebum. et Thonn*.
74. - POACÉES (Syn.- GRAMINACÉES, GRAMINÉES) Famille des Monocotylédones bien représentée dans toutes les parties du globe. Le Sénégal possède 72 genres et son territoire est presque totalement occupé par des prairies et des savanes à base de Poacées. Les Poacées sont en apparence voisines des Cypéracées mais certains caractères nets séparent ces deux familles ; ils ont été décrits aux Cypéracées. Des grands groupes de Poacées caractérisent les régions phytogéographiques du Sénégal. Ainsi la région sahélienne est à base d' Arislida, de Cenchrus, de Lat ipes; la région sou danienne à base d' Andropogon et d' Hyparrhenia; la région guinéenne à base d',Olyra. de Cenlolhrca et de Slreptogyne. Les Poacées par leurs réserves glueidiques jouent un rôle particulièrement important dans l'alimentation où, avec le riz, le blé, le maïs, les mils et sorghos africains, le seigle, l'orge, etc., elles occupent la première place du point de vm• économique mondial. En fait, on y trouve peu d'espèces médicinales : anciennement les styles et stigmates de maïs figuraient à la pharmacopée française (Codex 1!)()8), mais actuellement seul le rhizome de petit chiendent est oflicinal.
SYN. - Aristida /eiocalycina Trin. et Rupr. VERN. - Wol. ngéret, darhat; peul sirhi. Caractè~es
remarquables.
Herbe vivace, atteignant plus d'un mètre de hauteur, de teinte générale vert grisâtre sale; chaumes grêles, articulés aux nœuds, ramifiés, nerveux. Feuilles filiformes, très effilées au sommet, de 10 à 20 cm sur 2 à :i mm. Panicules à racèmes· longuement pédicellés ; glumes inégales, la supérieure de 2,5 cm de long, l'inférieure de 1 cm, à sommet trifide; colonne de l'arête glabre articulée à la base ; cali us en pointe aiguë ; arête de 7 à 10 cm de long. Habitat.
Espèce très banale clans les sables paralittoraux où elle vit en peuplements steppiques presque purs. Elle existe dans tous les sols légers du Sahel.
• Nouveau nom priorilair(• : Aristida sieberana Trin.
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de la maturité, s'accrochent tels de petits aiguillons, aux chaussettes, aux vêtements et à tout ce qui passe à leur contact.
Emplois. Les Wolof du Walo et du Cayor recommandent les racines d'A. longiflora comme fébrifuge et antipaludique. Les Peul du Djolof, pour les conjonctivites et toutes les ophtalmies, réalisent des pommades oculaires avec la poudre. de racine· du beurre.
et
3.- Aristida stipoides Lam. VERN.- Wol. gendarat, paldinaq (d'après Dal:iel); ser. dahal deg (Berliaut) ; niom. makir, makirô ; bamb. bébela siraba (Berhaut) ; peul budel. Caractères remarquables. Herbe annuelle de 1,50 rn de hauteur à chaumes ramifiés, glabres, jaune paille avec souvent aux articulations de grosses galles rougeâtres pouvant atteindre, 3 cm de long sur 2 cm de diamètre. Feuilles de 30 à 50 cm sur 3 à 6 mm avec des touffes de poils denses au sommet de la graine. Lâches panicules très diffuses, à extrémités retombantes agitées par le vent, argentées, soyeuses, avec de très longues arêtes rapidement caduques ; épillets situés à l'extrémité de pédicelles capillaires de 1 à 2 cm ; glumes mucronées, l'inférieure de 5 mm, la supérieure de 10 à 15 mm ; callus bifide ; colonne articulée à la base ; arêtes de 8 à 10 cm de long.
Emplois. Le cram eram n'a guère à proprement parler d'emplois thérapeutiques, mais par contre semble avoir des emplois médico-magiques et magiques dans certaines sociétés secrètes des Lébou et des Sérer. D'ans le Sine on signale l'utilisation des racines comme vulnéraire médico-magique après les luttes ; dans la presqu'Ile du Cap-Vert les graines sont, croit-on, récoltées par les rab à des fins magiques. Chimie. Busson [B9] a donné les résultats d'une analyse diététique complète (composition centésimale en glucides, protides, etc., en éléments min~raux, oligo-éléments, lipides, amino-acides) de graines en provenance de Bambey (Sénégal). Elles contiennent en particulier dans Je produit naturel 60,4 p. 100 de glucides (67,2 dans le produit sec) et 20 p. 100 de protides.
5.- Cymbopogoon citratus (DC.) Stapf ~
VuLGO.-« Citronnelle»*, Lemon grass.
Habitat.
Caractères remarquables.
Espèce caractéristique des sables sahéliens où elle vit en peuplements. Elle est très commune dans le Cayor, le Djolof, le Baol, Je Sine ; on !:y rencontre sur les sables paralittoraux. des Iles du Saloum et de la Casamance.
Herbe vivace à feuilles aromatiques formant des touffes compactes atteignant 1 rn de hauteur. Feuilles vert clair, p1,1bescentes, fortement parfumées, de 60 sur 1 à 2 cm, longuement effilées, à l(gule papyracée de 1 rn à 2 mm de longueur. Hampe florale de 1,50 à 1i75 rn de hauteur, à nombreuses ramifications tern,ünées par des épis agglomérés verdâtres de 10 à 15 mm. Elle ressemble à la citronnelle des Anglo-saxons, mais la glume inférieure est concave chez le C. citratus au lieu d'être plate comme chez le C. nardus Rendle (citronnella grass).
Emplois. A. stipoides nous a été signalé comme espèce médicinale par les Niominka des Iles du Saloum et les Peul du Djolof. Dans les deux cas il s'agit plus précisément de la galle se formant sur cette herbe. Les Niominka désignent, nous semble-t-il, sous le même nom de " makir , A. slipoides et la galle qui, absorbée quand elle est encore Yerte, est considérée par les guérisseurs comme un excellent vermifuge. De même chez les Peul, la galle appelée " géyi bu del , jouit d'une très bonne réputation et est prescrite pour l'anurie sous forme de poudre mêlée aux aliments, ou diluée dans l'eau.
Habitat. Il fleurit irrégulièrement en saison des pluies. On le cultive dans les jardins.
Emplois. Les feuilles sont très utilisées en décoction par les Africains, en infusion par les Européens, comme boisson rafraichissante et digestive. On reconnalt à la décoction de feuilles et de racines des propriétés fébrifuges.
4.- Cenchrus bifl.orus Roxb. Chimie. VuLoo.- Cram cram (du nom wolof). SYN. - Cenchrus barbalus Schum., Cenchrus catharlicus Del. VERN.- Wol. xam xam; ser. ngoj, ngojin; bamb. gébi, norma (Berhaul). Caractères remarquables. Herbe annuelle plus ou moins ramifiée à la base, parfois à chaume unique; atteignant 1 rn dans les lieux fertiles. Feuilles effilées en une pointe rigide ; ligule densément ciliée sur les bords. Epis dressés d'environ 7 à 8 cm de long (mais pouvant atteindre 15 èm) et 1 cm de large avec des épillets garnis de poils épineux, rétrobarbelés, de dimensions très variables. Habitat. Il compte parmi les plantes les plus communes de la regwn sahélienne et aussi parmi les plus désagréables pour les promeneurs, car ses épillets, surtout au moment
C. citralus est surtout classiquement connu pour son huile essentielle exploitée industriellement. Le principal constituant en est le citral (63 à 85 p. 100) avec le myrcène (12 à 20 p. 100). un dipentène (3-4 p. 100), des traces de méthylhepténone [R13]. Ces dernières années l'espèce introduite en Afrique de l'Ouest a retenu l'attention des chercheurs. Correia Alves et coll. étudiant J'espèce de San Tomé ont obtenu, à partir des feuilles, une essence avec une teneur anormalement basse de citral (27,3 p. 100). Cette espèce ne contient par d'azulènes (C126]. Talalaj, avec l'espèce poussant au Ghana, a obtenu des rendements en essence de 0,38 à 0,50 p. 100 pour la plante fralche et 2 à 2,5 p. 100 pour la plante sèche. Cette essence renferme 70 à 78 p. 100 de citral (T67]. Le fait que Je rhizome soit utilisé en médecine traditionnelle africaine a suscité aussi des recherches. toreia Alves et coll. ont obtenu à partir de cet organe 0,3 p. 100
• La véritable citronnelle est fournie par le Cymbopogon narrlus (L.) Hendle des Indes.
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d'un alcaloïde qui n'est ni l'hordénine, ni la gramine, mais qui est de nature indolique. Les feuilles également contiennent un alcaloïde. Les auteurs ont en outre recherché sans succès dans les rhizomes quinones, flavones, tanins et saponosides [C126, C127]. El Said et coll. signalent dans l'espèce cultivée au Nigeria, pour les feuilles et rhizomes la présence de tanins (notamment des phlobatanins), de sucres réducteurs et d'alcaloïdes dont au moins deux bases différentes [E16] . Selon Watt, Garcia, aux Philippines, aurait isolé des feuilles et racines une poudre amère de couleur brunâtre blanchâtre ne donnant pas les réactions des alcaloïdes des 'glucosides ni rles tanins, mais pharmacologiquement active [G110]. Pharmacologie et emplois. Cette poudre serait antidiabétique et son action correspondrait pour 1 g à 440 unités d'insuline par voie orale et à 880 unités par voie sous-cutanée [G110]. Les extraits de feuilles d'origine indienne exercent une certaine action de stimulation sur l'iléon isolé de cobaye et un fort ralentissement du débit sanguin de la patte postérieure du rat. Par ailleurs, ils ne sont pas toxiques pour la souris, n'exercent aucune action sur la pression sanguine du chien ni sur l'utérus isolé de rate .et le muscle strié du crapaud [F2j. La richesse de l'essence en citral peut faire de C. citralus uné sourc·e industrielle de citral qui trouve de nombreuses utilisations, notamment comme précurseua important pour )es synthèses de la vitamine A, de l'ionone et de la méthylionone, pour la fabrication des parfums synthétiques, etc.
6.- Cymbopo~on
~i~anteus
Chiov.
VuLGO. - Bègnfala ((iu nom wolof)., VERN.- Wol. beflflfÎa, mbünfala, gadé; ser. mbol (Berhaul); niom. inak; mal., bamb. tékala; kékala; mand., socé benfalo, wa, wakasala ; sar. konoré; peul dagé, gagéli (d'après Dalziel); toue. nipéré; dio/a Fogny ébuk, ébukay ; {loup ara ; bain. kala ; land. édijitü. Caractères remarquables. Herbe robuste, vivace, dressée, à plusieurs chl\umes partant de la souche rhizomateuse ; elle atteint 2-2,50 rn et même plus. Feuilles longuement acuminées, ayant jusqu'à 4 cm de largeur à la base, longues de 30 à 40 cm, vert glauque, souvent recouvertes lorsqu'elles sont jeunes d'une pubérnlence farineuse. Panicules d'épis dressés, compactes, pouvant atteindre 60 cm de long; nombreux épillets serrés et chevauchant, entourés par des spathes acuminées avant de se développer ; articulations et pédicelles densément ciliés, donnant une teinte soyeuse argentée à l'inflorescence. Habitat. C'est une des grandes graminées entrant dans la composition du tapis herbacé des savanes soudaniennes connues sous le nom de savanes à Andropogonées. Elle existe depuis la vallée du Fleuve (Matam-Bakel) jusqu'en Casamance. Elle est surtout abondante dans Je Sénégal oriental, la moyenne et haute Casamance et le sud du Saloum. ' Emplois. Sous le nom wolof de bègnfala le C. giganlws jouit d'une réputation de fébrifuge dépassant largement les limites du Sénégal. Ceci, en raison sans doute, de l'utilisation qui en a été faite par les Européens au moment des épidémies de fièvre jaune à la fin du siècle dernier et au début du siècle en cours. La médication mise en œuvre consistait alors à préparer des infusions ordonnées en boissons et en frictions corporelles. La vérité nous oblige pourtant à déclarer que cette graminée est, actuellement.
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très peu connue du populaire. De nombreux Wolof questionnés à ce sujet en ignorent le nom, et seuls des guérisseurs en signalent les emplois thérapeutiques. Dans le Sine, Je Baol, le Cayor et le Cap-Vert on lui reconnalt une grande efficacité dans les maladies pulmonaires. Elle entrait à ce titre dans le fameux remède de Joal " garap u doala , signalé dès 1876 par le Dr Corre et plus tard par le R. P. Sébire. A l'époque ce remède pectoral était vendu en énormes bottes sur les marchés et comprenait les drogues de base St.Jivantes : Cymbopogon giganleus (somités fleuries), Ximenia americana (feuilles), Combrelum glulinosum (feuilles), Guiera simegalensis (feuilles); Lippia adoensis (somités fleuries), Annona senegalensis (racines et feuilles). A ces ·drogues peuvent encore s'ajouter : Ocimum basilicum (feuilles), Ficus gnaphalocarpa (écorces et feuilles), Parkia biglobosa (écorces), Acacia albida (écorces), Cordy!a pin.nala (écoTces) et Terminalia macroplera (écorces). La préparation est un décocté à prendre en bains et boissons. Ce sont dans les mêmes régions, mais beaucoup plus rarement, que sont signalées les actions antiictérique et antiamaryle. Les Wolof et Sérer conseillent encore un décocté de racines et feuilles de bègnfala avec écorces de Sclerocarya birreà pour l'hydropisie. · Chez les Sérer et les Niominka du Saloum, Je décocté est donné en boisson aux enfants fébricitants et aux femmes ayant avorté. · En Casamance, les feuilles sèches servent en masticatoire pour les gingivites, les aphtes et stomatites diverses des enfants ; aussi, comme ingrédient stomachique ajouté au moment de la cuisson aux viandes indigestes de carnassier. Dans Je Sénégal oriental le macéré de plante entière est donné en boisson comme1 diurétique, antiblennorragique et en lavage général du corps comme défatigant. Chez les Peul-Toucouleur nous avons obtenu seulement mention du C. giganleus dans un traitement des maladies mentales. / · Chimie. Les sommités fleuries fournissent par distillation 1 à 1,5 p. 100 d'une essence soluble en partie dans)'eau et qu'il faut séparer par addition de sel marin. Elle a une odeur forte, agréàble rappelant celle du ginger grass. La souche rhizomateuse fournit aussi une huile essentielle (0,5 p. 100), jaune, odorante, riche en phellandrène (Kt]. · Travaillant sur l'espèce de l'Angola qualifiée Cymbopogon aff. giganteum Hochst, Cardoso do \'ale et coll., à partir des inflorescences (partiellement en fruits) à 14 p. 100 d'humidité, ont obtenu 2,72 p. 100 d'essence dans laquelle ont été caractérisés : dipentène, esters acétiques, isomenthone, carvone, citronellol et aleool pérylique. Dans ces inflorescences, ont été identifiés par les mêmes auteurs : des glucides réduc\eurs (glucose et rhamnose); des lipides (4,47 p. 100) constitués par les glycérides des acides linolénique, oléique, béhénique, lignocérique, arachidique, avec dans l'insaponifiable une substance de PF 68-i0°; un hydrocarbure' saturé de PF 75° dans l'extrait éthéro-pétroléique ; des composés flavoniques, en quantités importantes dans les extraits, parmi lesquels ont été identifiés rutoside, quercétine et kaempférol [C128].
7. -
Di~itaria
exilis Stapf
Vt'LGO. - Fonio* (du nom bambara), Petit mil, Millet digitaire. SY:-<.- Panicum longiflorum Hook., Paspalum exile Kippist, Syntharisma exilis Kippist YERN. Wol. dekülé; wol., mal., bamb. fono ; wolof de Gambie findi (d'après Dal=iel) ; peul séréné; dio/a cbonay, efolcd.
* Dans une série de mémoires réunis en un volume sous le titre Les appellations des céréales en .-\{rique, l'ortères [1'·16J a consacré une place importante à l'et,hnobotaniquc des Digilaria ct à l'appellation fonio. Il a égall•mcnt publié dans les mêmes conditions un opuscule sur Les Digilaria africains [1'142].
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Caractères remarquables. Herbe annuelle, haute de 30-50 cm, à chaumes très grêles, peu ramifiés. Feuilles lancéolées, linéaires de 5-10 cm sur 2-5 mm, glabres. Inflorescences constituées par 2 à 4 racèmes sessiles, digités, grêles, de 7 à 12 cm de long ; rachis <{e 1 mm de large ; épillets subacuminés ou acuminés, non aristés, j!lahres, elliptiques, oblongs, de 2 mm de long, vert pâle ; glumes ovalo-orbiculaires de 1 mm de long ; glume dorsale aplatie, avec 7 nervures. Habitat. Il est cUlÜvé surtout dans le Sénégal ~riental et en Casamance.
Emplois. Le fonio est considéré uniquement comme espèce alimentaire, mais pour certaines médications il est spécifié que les drogues doivent être cuites avec du fonio. Le meilleur exemple que nous puissions en donner est celui du traitement du météorisme intestinal avec constipation par une préparation de poudre de racines de Strophanthus sarmentosus cuite avec le fonio. De nombreux traitements diurétiques comportent souvent la même prescription.
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9. - Echinochloa
sta~nina
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P. Beauv.
VuLGO. - .Bourgou. VERN.- Mal., mand., bamb.
burgu.
Caractères remarquables. Robuste plante aquatique vivace par ses rhizomes ou annuelle lorsqu'ils perdent toute vitalité après une longue période de sécheresse ; tiges renflées, spongieuses, gorgées de sève, atteignant 2 rn de longueur en flottant sur les eaux, légèrement redressées à l'extrémité. Les tigés s'enraci'nent aux nœuds vers la basil" et peuvent émerger de l'eau de 60 à 70 cm. · Feuilles à ligule formée d'une· frange de poils denses, parfois absente à la partie supérieure des tiges; limbe de 2 cm de largeur termint!"par une longue pointe régùlière. · Panicules de racèmes ou faux épis longues de 10 à 25 cm avec des épillets géminés dirigés d'un même côté ; glume inférieure cuspidée ; épillets acuminés avec une longue arête atteignant 2 cm ; glumes longuement ciliées sur les bords ; glume inférieure avec 5 nervures, plus courte que la glume supérieure qui n'a que 3 nervures. Habitat.
Chimie. Les études faites sur le fonio sont évidemment uniquement d'ordre alimentaire et on peut se reporter pour cette question à l'ouvrage déjà cité de Busson Plantes alimentaires de l'ouest africain [B9]. Le grain entier renferme p .. 100 g : 75,7 g de glucides, 6,4 g de protÇines, 3,4 g (de lipides avec 0,28 mg de. thiamine et 0,10 mg de riboflavine. Le graü{ décortiqué 1 au mortier, tel que consommé :). Dakar, contient pour 100 g : 79 g de glucides, 6,5 g de protéines, 1,2 g de lipides,.0,08 mg de thiamine, 0,07 mg de riboflavine et 1 mg de niacine [T3].
8. - Echinochloa pyramidalis Hichock et Chase Wol. télâgor (Berhaut), samangaté, si! (d'après Dalziel), ay; bamb. burguké (Berhaut); sar. kimbaka foké (d'après Dalziel) ; toue. didéré ; dio/a égil (Berhaut).
E. stagnina forme le bourgon (au sens strict) dans la zone d'inondation de la vallée du Niger et est très abondant dans la vallée du Sénégal et ses ramifications (lac de Guiers au Sénégal, lac Rkiz en Mauritanie). Il est moins commun en Casamance. Emplois et chimie. Cet Echinochloa reçoit les mêmes Jtiiisations que le précédent. En 1941 nous avons étudié l'espèce du Niger au double point de vue de sa richesse en sucre et de la recherché de procédés pratiques d'extraction pour la transformation ultérieure des sucres fermentescibles en alcool. A cet~e occasion nous avons trouvé dans les cannes à 25 p. 100 d'humidité une teneur de 12,90 p. 100 de sucres fermentescibles exprimés en glucose et obtenu au total un rendement en alcool de 7 à 8 p. 100. (K85].
VERN. -
Caractères remarquables. Herbe rhizomateuse, vivace, robuste, atteignant 4 rn de haut. Feuilles longuement effilées jusqu'à 2 cm de large sur 25 à 45 cm de long, scahres sur les bords ; ligule représentée par une frange de poils denses, parfois absente chez · les feuilles supérieures. Panicules terminales longues de 20 à 40 cm avec 20 à 40 épis longs dë 4 à 8 cm composés d'épillets acuminés à glume inférieure courtement cuspidée de 3 à 4 mm de long, verte ou violacée, gibbeuse, scabre, avec 5 nervures. Graines lisses, brillantes. Habitat. Il forme des peuplements purs étendus dans les marécages, à la périphérie des lacs sàhéliens, dans les vallées longuement inondées allant du Sahel à la région guinéenne incluse.
Emplois. Ce roseau est très utilisé par les riverains wolof et toucouleur du lac de Guiers comme béchique et édulcorant pour diverses préparations. Il est très riche en sucres (cf. ci-dessous à Echinochloa stagnina).
10.- Era~rostis ciliaris R. Br. SYN. - Eragrostis pulche/la Pari., Poa ciliaris L. VERN. - Wol. salguf; socé itimâkoro. Caractères remarquables. Herbe annuelle dr.essée, de 0,60 rn et plus, à un ou plusieurs chaumes partant de la base. Feuilles linéaires de 5 à 12 cm, sur 2 à 5 mm ; glabres avec des touffes de soies blanches, longues de 2 à 3 mm, étalées au sommet de la gaine. Panicules spiciformes glabres de 5 à 15 cm de long sur 5 à 10 mm de large, denses, compactes, composées de racèmes restant appliqués contre l'axe de l'infloresc~nce ; 6 à 12 glumes distiques à bords longuement et densément ciliés à chaque épillet. Habitat. Herbe très banale dans tout le Sénégal, souvent le long des routes et pistes, autour des villages, dans les cultures, les jardins. Emplois.
E. ciliaris ignoré des autres ethnies, constitue pour les Socé un excellent fétiche de longue vie. A partie d'un certain âge il est bon rl'en avoir un petit échantillon pendu au-dessus du lit.
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PLA:-iTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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Les cendres de la plante entière appliquées sur les gros furoncles auraient la propriété de les faire mûrir et de les faire disparaître rapidement.
11.- Eragrostis gangetic~.~teud. SYN. VERN. -
Eragroslis cambessediana Steud. Niom. ida napen, idad apen.
Emplois.
Caractères remarquables.
Chimie.
Herbe annuelle à plusieurs chaumes un peu décombants, puis dressés, partant de la base et atteignant 75 cm de haut. Feuilles de 15 cm sur 1 à 3 mm. Panicules terminales de 5 à 25 cm de long sur 3 à 8 cm de large, avec iles épillets glabres, aplatis, verdâtres, grisâtres, parfois violacés, de 4 à 10 mm de long et ne dépassant pas 1,5 mm de large. Dix à quarante fleurs distiques dont les glumelles à sommet aigu s'imbriquent les unes dans les autres à la base ; elles ne dépassent• pas 1,5 mm de long et sont glabres. Graines elliptiques ou orbiculaires de 0,4 à 0,6 mm de long.
Hagiwana et coll. ont d'abord trouvé dans la plante 18,8 p. 100 de sucres, notamment saccharose et glucose avec un peu de fructose et de xylose [H105]. Ono et coll. obtiennent, à partir des rhizomes de l'espèce qualifiée Imperala arundinacea cylindrica, acides malique, .citrique, tartrique, oxalique, acétique et en outre deux COIIlJ>Osés cristallisés, vraisemblablement des triterpénoïdes [02:1). Des rhizomes de l'espèce /. cylindrica var media Nishimoto et coll. isolent deux triterpènes méthyl éther à solubilités différentes. Le plus soluble a été identifié à l'arundoïne, antérieurement mise en évidence dans Arundo conspicua; le moins soluble, triterpène nom·eau dénommé cylindrine, est un méthyl éther de l'isoc!ubinol [N17] dont la formule C31 H 52 0 et la structure de 3 ~-methyl isocarbinol ,sont données par la suite [02). Arthur mentionne la présence d'alcaloïde dans l'espècè dJJ Nord-Bornéo [A13]. Saxton signale, d'après les travaux de Tamaka, Stoll, Abbe et autres, échelonnés de 1955 à 1961, qu'un alcaloïde indolique l'agroclavine C 16 H 18N 2 est élaboré par un ergot parasite de 1 1. cylindrica var. koenig ii. Cet alcaloïde ne s'isomérise pas sous l'action des acides ni des alcalis, propriété !Ûïse à profit pour équilibrer les acides lysergique et isofysergique [S22).
Habitat. Il est très ubiquiste et l'on désigne sous son nom probablement plusieurs espèces. On le rencontre surtout dans les lieux humides : pourtour des mares sahéliennes, vallée du Sénégal, dépressions argileuses et, principalement, à proximité des· marécages, galeries et rizières.
Emplois.
Le contact de cet Eragrostis avec la peau (ce qui arrive fréquemment lorsqu'on parcourt la brousse) est redouté, ce contact provoquant immédiatement des érythèmes accompagnés de prurit intense. •
12.- Imperata cylindrica Beauv. Herbe baïonnette, Impérata. .Wol. bada, bodé; ser. dol; niom. idol; mal., bamb. dolé; solim ; socé solimô ; peul, toue. sodo ; dio/a Fogny falint ; bain.
VuLGO. VERN.-
mand. baded.
Caractères remarquables.
Herbe vivace par ses rhizomes très longs et nombreux qui repoussent après le passage des feux de brousse. Feuilles linéaires, effilées, dressées, partant toutes de la base, de 1 rn, sur 10 à 15 mm, vert pâle, glabres, scabres sur les bords, pileuses à la base ; nervure médiane nettement proéminente dessous ; ligule courtement pubescente. Epis longs de 10 à 20 cm, larges de 10 à 20.mm à l'extrémité des chaumes qui atteignent 1,30 rn et plus, densément et longuement villeux, argentés; avec les anthères jaunes sortant de cet amas soyeux. Habitat. Il est commun dans tous les sols un peu frais du Sénégal où il forme des peuplements purs ; abondant à proximité des niay aux en\"Ïrons de Dakar ; fréquent près des rizières dans le Sine, le Saloum et les Iles, la Casamance, la vallée et le delta du Fleuve ; également dans les vallées limoneuses des grandes rivières du Sénégal oriental. C'est une plante envahissante bien connue dans tous les pays chauds et tempérés chauds du vieux monde.
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D'une façon générale on peut dire que pour les Wolof, les Sérer, les Niominka, l' Imperala est simplement une mauvaise herbe, utile seulement pour la couverture des habitations ; pour les autres ethnies, c'est en outre une excellente plante médicinale dont le rhizome, en macération ou en décoction, a despro'priétés diurétiques remarquables mises à profit dans la rétention urinaire, la blennorragie et la bilharziose. C'est, ù ces points de vue, une espèce très recommandée par les guérisseurs Casamançais de toutes races, les Manding, les Bambara, les Socé, les Peul et les Toucouleur.
Pharmacolo~ie.
Les propriétés diurétiques de la drogue ne font pas de doute. Elles ont été signalées dès 1894 par Peckolt. Les extraits aqueux de tiges et de feuilles montrent expérimentalement une certaine action sur les tumeurs transplantables du sarcome 180 et de l'adénocarcinome 755. Chez les souris mises en expérimentation, la réduction des tumeurs est de 24 p. 100 pour le sarcome et 40 p. 100 pour d'adénocarcinome [A71). L'alcaloïde crgoclavine possède une forte activi\é physiologique puisqu'il est encore actif à la dilution de 1/10 000 000 in vivo sur l'utérus de lapine et de cobaye (in [S22]).
13.- Leersia hexandra Swartz
...
YuLC;o.- Herbe rasoir. SvN.- Leersia angusli{olia Munro et Sebum. ex A. Chev. YERK. - - Mand. kamétéô ; bain. mutut. Caractères remarquables.
Herbe de 1,20 m à 1,50 m de long, vivace par son rhizome, rampante, semi-érigée puis à chaumes dressés au-dessus des caux. Feuilles étroites, effilées, linéaires, de 20 cm sur 13 mm à gaine et nervure médiane inférieures portant de très fines dents réfléchies qui les rendent très coupantes; fourreau de feuilles avec des touffes de poils courts entourant la base ; courte ligule scaricuse. Panicules d'épillets ramifiés à longs pédicelles très grêles; épillets avec S à 10 fleurs; !emma à poils droits en forme de peigne, ciliés sur la carène.
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Habitat. C'est une herbe exclusive des lieux longuement et profondément inondés. On la trouve dans tout le Sénégal depuis la vallée du Fleuve et son delta jusqu'en Casamance. Elle forme des peuplements purs qui fleurissent vers la fin de la saison des pluies pendant les inondations. Emplois. Il est rare de voir signaler par les guérisseurs sénégalais de très petites espèces ce qui est le cas de cette mauvaise herbe. Elle nous a pourtant été recommandée en basse Casamance avec insistance pour le traitement des hémoptysies chez les malades déprimés, cachectiques, atteints de fréquentes et épuisantes quintes de toux. Chimie. Watt [W2) fait figurer L. hexandra dans une liste de Graminées sud africaines renfermant de l'acide cyanydrique.
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Glomérules sphériques ou ovoïdes de 5 à 8 cm de diamètre formés d'épillets sessiles, à extrémité piquante rigide, longs de 2,5 cm, axillaires ou terminaux, pubescents ; étamines au nombres de six, unies à la base. Habitat. Espèce très répandue dans les forêts sèches et savanes boisées soudaniennes. Elle est surtout abondante dans le Sénégal oriental, la haute et moyenne Casamance, le Niani, le Saloum oriental. Elle disparalt dans les sols fréquemment cultivés. Emplois. L'oligurie constatée à la suite de l'absorption du décocté de feuilles de bambou fait qu'il est très apprécié par les guérisseurs dans, les régions de son habitat et qu'il est prescrit dans les cas de polyurie, particulièrement dans le diabète. Les Manding et les Peul utilisent cette même préparation dans les cas d'œdèmes généralisés et d'albuminurie.
16.- Panicum anabaptistum Steud.
14.- Olyra latifolia L. SYN.- Olyra brevi(olia Schum. VERN.- Dio/a furénum, katira (Berhaut); bain.
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
SYN. -Panicum glauci(olium Hitchc., Panicum klingii Mez., Garnotia a(ricana Janowski VERN. - Niom. ida napen, idad apen ; bamb. ngâ, guo (Berhaut).
kisân dabudof.
Caractères remarquables. Herbe de hauteur très variable (0,50 rn à 2,50 rn), vivace par son rhizome. Feuilles de 10 à 15 sur ,3 à 5 cm, brusquement rétrécies et arrondies aux deux extrémités, longuement et/étroitement acuminées au sommet ; huit nervures de chaque côté de la nervure médiane ; faux pétiole pubescent de 2 mm. Panicules étroites, subpyramidales ; pédicelles pubescents, les mâles élancés, les femelles en forme de massue ; épillets mâles .latéraux, épillets femelles terminaux ; glume à 7-9 nervures ; graine entourée par la !emma devenant dure, brillante et blanche à maturité.
Caractères remarquables. Herbe vivace à chaumes dressés, grêles, nerveux, atteignant plus de 1,50 rn de haut et. ressemblant un peu à un roseau. 1 Feuilles linéaires, de 10 à 30 cm, sur 3 à 9 mm lo~guement acuminées et à bases élargies ; nombreuses nervures latérales serrées. Panicules lâches de 20 à 30 cm de long, à ramifications éparpillées dans tous les sens ; glume inférieure glabre, acuminée, ne dépassant pas les deux tiers de la lon· gueur de l'épillet, avec 5 à 7 nervures ; épillet de 3 mm ou plus. Habitat.
Habitat. C'est une plante guinéenne se rencontrant assez communément en Casamance maritime et qui suit les galeries soudaniennes et les ravins ombragés jusqu'au Sénégal oriental. Elle existe encore dans les niay aux environs de Dakar. Emplois. Les Balnouk de basse Casamance emploient les feuilles de cette espèce en fomentation pour les abcès et différentes éruptions cutanées.
C'est une plante uniformément répartie au Sénégal dans les sols inondés en saison des pluies, princ.ipalement dans les vallées limoneuses où les dépressions argileuses. Emplois. Ce Panicum est signalé par les Niominka des Iles sous le mème nom que l' Eragrostis gange/ica mentionné ci-dessus, sans doute en raison des érythèmes qu'il provoque également au contact de la peau. ./
17.- Paspalum scrobiculatum L.
15.- Oxytenanthera abyssinica Munro Bambou. SYN.- Bambusa abyssinica Rich. VEliN. -- Wol. wa; ser. go! (Berhaut) ; mal., bamb., socé dio/a fugil, bubul (Berhaut).
VERN. - Wol. ndugupfit, gargâda; sarak. dara koré (d'après Dalziel).
VuLGO. -
b6 ; peul
kéwé;
Caractères remarquables. Robuste plante vivace par sa souche rhizomateuse à partir de laquelle s'élèvent de nombreux chaumes verts dressés (jusqu'à 40-50) pouvant atteindre une hauteur de 13 à 15 m et un diamètre supérieur à 5 cm. Rameaux verticillés de feuilles glabres, oblongues ou oblongues-lancéolées ; de 15 sur 2,5 cm, mais pouvant présenter de grand écarts en particulier sur les rejets où elles peuvent atteindre 25 à 4,5 cm.
bamb.
barabudaba,
féku,
didé;
Caractères remarquables. Herbe vivace dans les stations humides, s'enracinant aux nœuds de la base, ou annuelle en stations seches, très polymorphe, dont on a fait plusieurs variétés qui sont parfois citées comme espèces en se basant surtout sur Je nombre de racèmcs ct leur lonl(ucur, la direction érigée ou procombante qut prennent les tiges. Ile nombreuses variations existent dans une même région en rapport avec le milit·u oit t•Jlps noisspnt, aussi nous conservons à ce Paspalum son sens large. Il t•sl possible que le chimisme de la plante et les accidents qu'elle peut provoquer provit•nrH•rJt de sa station et de la quantité absorbée plus que de son espèce ou variété• botanique.
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Keay au Nigéria les sépare en deux variétés : commersonii Stapf et polystachyum Stapf. Elles ont toutes deux des épillets plan-convexe, glabres, orbiculaires, disposés d'un seul côté du rachis qui est aplati. Elles diffèrent l'une de l'autre par le nombre de racèmes, la plus ou moins grande robustesse des tiges, le mode d'enracinement. En tout état de cause il est important de conserver les herbiers des échantillons destinés à l'analyse et de noter la station exacte où ils ont été recueillis. Habitat.
Les deux variétés sont répandues. au Sénégal. La variété commersonii est la plus fréquente dans les lieux humides ou marécageux. Emplois.
Les graines de P. scroblculatum sont quelquefois consommées à la façon du mil, mais en période de disette seulement. Elles sont en effet considérées comme dangereuses et susceptibles de proYoquer des intoxications se traduisant au principal par des troubles digestifs. Selon nos informateurs, certaines " variétés ., pourraient même produire des désordres plus graves, mais nous n'avons pas eu de détails à ce sujet.
j
Chimie*.
L'analyse diététique pratiquée par Bussvn donne les résultats suivants p. 100 concernant respectivement les grains vêtus naturels et secs de l'ouest africain : humidité 8,8 et 0; cellulose 25,3 et 27,7; extrait éthéré 1,3 et 1,4; glucides 54,6 et 59,9; insoluble formique 48 et 52,6; protides 5,7 et 6,3; cendres 4,3 et 4,7; calcium 0,17 et 0,19; phospMre 0,16 et 0,18. L'auteur donne é&iJ.Iement la composition en amino-acides parmi lesquels prédominent l'acide glutamique (12,2 p. 100), la leucine (6,7), l'acide aspartique (6,1), la phénylalanine (6) et la praline (5,3) [B9). Smith et coll. ont aussi donné, de leur côté, la composition en amino-acides des protéines des graines [S104). Pharmacologie.
Selon Portères, la variété polystachyum commune dans les cultures fluviales de la zone des savanes est toxique et la variété (rumentosum, cultivée aux Indes en dériverait. Certaines formes sont toxiques, la substance responsable étant localisée principalement à la périphérie de la graine. · La toxicité se traduit 20 mn après l'ingestion par inconscience, délire, avec violents tremblements des muscles striés, dilatation de la pupille. pouls faible. Il n'a pas été trouvé d'alcaloïdes. ni de glucosides. La matière grasse extraite à l'éther est toxique alors que le résidu ne l'est plus. A la dose de 1,50 g (obtenu à partir de 50 g de millet kodra) cette matière grasse est fatale aux chiens, mais la matière grasse des variétés non toxiques est sai1s danger. Cette toxieité quand elle existe pourrait être due à l'action de champignons vénéneux [PlOt]**. Selon v•ebb, les graines ont aux Indes la réputation d'être toxiques pour l'homme ainsi que pour les animaux et contiendraient un poison narcotique provoquant délire et vomissements. Toujours d'après \\'cbb, certains auteurs considèrent aussi qu'un champignon s'attaquant aux graines serait responsable de la présence du principe toxique [W4). Trois études relativement ré,·entes de Bhidc (UJ62), de Deo ( UHit) et de Nirmal Set hi (1 \l(i!l) sont à signaler. Bhide étudiant l'extrait éthanolique de coques de graines a remarqué qu'il produisait chez divers animaux un effet tranquillisant accompagné de tremblements. • Tests positifs concernant la présence d'alcaloïdes dans les graines en provenanrt' du Hutham, lt•sls confirmés pour les baSt'S quaternaires [F77J. •• L'auteur fait état~ nous St.'ntblc-t-il, d'étudt•s réalisées aux Indes car 1-\.odra est le nom donné aux Indes ù P. scrobiculalum.
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
H5:l
Cet extrait rend possible l'effet de l'hexobarbital chez la souris et provoque de l'hyperthermie chez la souris et Je rat. Chez le rat, il augmente en outre la toxicité du pentétrazol. La toxicité du groupe amphétamine augmente chez la souris après injection de l'extrait. On a noté chez les pigeons des vomissements et chez les chiens anesthésiés une diminution du réflexe d'oœlusion de la carotide et de l'hypotension. Différentes fractions ont été administrées aux chiens pour réaliser soit un effet tranquillisant soit des tremblements. Des expérimentations humaines ont montré que l'extrait pris oralement provoquait tremblements et sommeil [B17\l). Deo relate les·observations concernant le traitement à double insu de 37 schizophrènes aigus d'âge moyen 31 ans auxquels était administré, par voie orale, un extrait alcoolique de cosses de graines. L'auteur a noté dans l'ensemble une action tranquillisante très nette avec des effets secondaires réversibles tels que tremblements et rigidité [D94]. II a été constaté p'ar Nirmal Sethi que l'extrait éthanolique brut contenant le principe tranquillisant, n'l•ntraine pas d'effets toxiques après administration chez les rats de doses 100 à 200 fois supérieures à eelles actives chez l'homme. Après dix semaines de traitement l'ataxie est observée chez les rats et un léger retard pondéral chez ceux qui sont soumis à la plus forte posologie [N53].
18.- Paspalum VERN. -
va~inatum
Wol.
h~y
Sw.
(d'après Dalziel), xérof.
Caractères remarquables.
1 J
f
1 1 1
l f
Herbe vivace stolonifère, rampante puis dressée, atteignant 1 m de haut. Feuilles distiques, longues de 8 à 15 cm, larges de 3 à 4 mm, effilées à l'extrémité; ligule finement poilue derrière. Racèmes ressemblant à des épis divergents, courts, de 4 cm de long, vert pâle, généralement au nombre de deux, parfois trois, rarement quatre ; épillets ovales de 4 mm de long, un peu aplatis, non aristés, glabres ; hampe florale glabre ou à peine ciliée au point d'insertion des épis. Habitat. II forme des peuplements purs plus ou moins étendus dnns les sols salés humides situés près des mangroves à eau saumâtre ou douce en saison des pluies. Il envahit les digues et diguettes des rizières dans le Sine, le Saloum et en Casamance maritime.
Emplois et chirniP.
C'est une plante fourragère considérée pourtant quelquefois comme dangereuse, voire toxique pour le bétail. La présence d'acide chlorogénique a été signalée en 1!lO\J par Gorter dans les graines (in IH55]).
19.- Pennisetum pedicellatum Trin. YEH:-1. - -
golo ; sar.
Wol. bara. mbop ; srr. bara.
faf, dan, fay fay i/Jcr/wut), mhop; bamb.
Caractères remarquables.
llerbe annul'llt•, dn·ss{ot•, ù tiges pubt•scentes. at !l'ignan\ t ,;,o m d formant dPs touffes avec un on plusieurs chaumes. Feuilles de l 0 ù 20 em de long ou plus et 1 em de large, pubescpn!Ps, longm•merJt acumin(oes, <'largies ù la hast'. Epis it rachis glabre de Hi cm de long Pt 2 cm de diamd re, de teintes tri•s variablt•s. Epillets p(odiePII(os, ovoïdes, formés par dP nombreuses barbes ins(orées sous la fkur
(
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centrale qui mesure 1 à 2 mm ; barbes entremêlées donnant à l'épillet l'aspect d'un pompon. On peut rencontrer parfois dans Je même épillet plusieurs fleurs dont une sessile, les autres pédicellées. Habitat. Il est excessivement commun-dans tout Je Sénégal, depuis Je Fleuve jusqu'en Casamance où il envahit les bords des routes et pistes, mais surtout les cultures dès la première année de jachère. Il forme des peuplements purs autour des villages soudaniens. Emplois. Cette espèce est utilisée en médecine populaire comme diurétique interne et hémostatique externe.
20. - Pennisetum spp. VuLGO.- Mils, Petits mils, Mils à chandelles, Mils pénicillaires (pour toutes les espèces cultivées). REMARQUE.- Tous les. mils cultivés peuvent se reférer au sens large à Pennisetum typhoideum-L. C. Riche. De nombreuses interfécondations se sont produites entre les · espèces de Pennisetum. Avec Stapf qui en a établi leur systématique et avec Portères [P46] on peut considérer que dans l'Ouest africain on cultive ~es espèces jordaniennes suivantes : 1 P. P. P. P.
pycnoslachyum Stapf et Hubb., en Sénégambie. nigrilanum Dur. et Schinz, du Sénégal à la Nigeria. leonis Stapfet Hubb., au Sierra Leone et en Guinée. gambiense Stapf et Hubb., du haut Sénégal-Niger au Ghana et au Togo-Daho-
mey. VERN. - Wol. dugup, suna (mil hdlif); mand., socé suno; peul toue. nutil, mutiri ; diola balut, balutabu ; land: bendab.
gauri;
Caractères remarquables. Herbes robustes, annuelles, dressées, pouvant atteindre plus de 4 rn de hauteur, à tiges glabres émettant plusieurs chaumes à la base qui est garnie de racines partant à quelques centimètres au-dessus du sol. Grandes feuilles rubanées retombantes le long des chaumes, de plus de 50 cm de long et 6 cm de large, glabres, à forte nervure médiane ; bords ondulés. Epis cylindriques, dressés, compacts, de longueur très diverses suivant les variétés, pouvant dépasser 60 à 70 cm de long et 3 cm de diamètre, avec des arêtes plus ou moins longues à chaque épillet. Habitat. .-\u Sénégal deux principaux.groupes existent : les mils hàtifs ou souna et les mils tardifs ou sanio. Ils sont cultivés. Le Mil est avant tout une espèce alimentaire, mais en médecine sénégalaise, outre sa qualité de véhicule fréquent pour les drogues devant être consommées cuites, il lui revient en propre quelques emplois thérapeutiques. On le trouve chez les ·wolof sous forme de son, d'épis ou de graines (celles-ci de la qualité dugub u suna) pour les traitements de la lèpre, de la blennorragie, des empoisonnements. - En médecine populaire chez les Peul-Toucouleur le sano ou son de mil est utilisé après chauffage en massage pour les maux de rein. Les Peul-Toucouleur signalent que les rejets de mil sont toxiques pour les vaches; de leur côté les \V olof et les Sérer prétendent que la racine de suna est un poison.
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Chimie et pharmacologie. On trouve dans l'ouvrage de Busson [B9]l'analyse diététique de différents échantillons de Penniselum. Dans le travail de Toury [T3] réalisé à Dakar il est fait état de la composition des grains entiers, de la farine obtenue par extraction mécanique,(rendement 8~-86 p. 100) et par décortication au mortier (rendement 78 p. 100), de la semoule, du couscous cru et du couscous première cuisson. Retenons les chiffres suivants pour la composition du grain entier (1er chiffre donné) et de la farine obtenue par décorticage au mortier (2• chiffre donné) p. 100 g: glucides 75 et 59 g, protéines 8,6 et 7,2 g, lipides 3,6 et 1,9 g, thiamine 0,29 et 0,21 mg, riboflavine 0,13 et 0,07 mg, niacine 1,72 et 0,88 mg. La croyance en la toxicité de la racine du petit mil hâtif (suna) est ancienne au Sénégal puisque Sébire mentionne que« la racine de sou na est regardée comme un poison et serait une des causes de la maladie terrible appelée au Séllégal nélavan ou maladie du sommeil" [S1] ; mais on ne trouve pas dans la littérature d'autres mentions ni de recherches relatives à cette toxicité. · Comme pour l' Imperala cylindrica var kœnigii, un ergot parasite en régions tropicales Je Penniselum lyphoideum et élabore le même alcaloïde actif J'agroclavine avec d'autres bases indoliques dérivées du lysergène telles que elymoclavine, penniclavine, sétaclavine, etc. [S22]. D'autre part, l'obtention provoquée d'agroclavine a pu être réalisée à partir de cultures saprophytiques de ce champignon sur P. lyphoideum ce qui peut présenter un grand intérèt en raison de l'activité de cet alcaloïde.
21.- Pennisetum
suban~ustum
VERN. -Peul Fouladou
-
.'
Stapf etC. E. Hubb.
buludé; dio/a
ésulâg (Berhaul).
1 '
Caractèr«:s remarqu~bles. f
Herbe annueJle formant des touffes dressées avec de nombreux chaumes pouvant dépasser 2 rn de haut dans les sols organiques autour des villages, mais plus souvent ayant une taille moyenne de 50 à 75 cm. Feuilles pubescentes, longuement lancéolées et acuminées, de 7 à 15 cm de long sur 7 à 8 mm de large. Epis vert rougeâtre ou bronzés de 10 à 20 sur 1 cm de large (sans compter les arètes); épillets de 2,5 mm de long, sessiles, entourés par une collerette de poils plumeux dont les plus longs atteignent 1,5 cm. Habitat. Espèce banale dans le sud et l'est du Sénégal à partir du Saloum, du Niani, et Je sud de la voie ferrée de Dakar à Kidira. Elle envahit les cultures, les bas-côtés des routes et pistes, les jachères, les abords des villages et est également commune dans les sousbois des savanes boisées soudaniennes et soudano-guinéennes, notamment en Casamance. Elle commence à apparaltre dans la région située au sud de Thiès. Emplois. Ce Penniselum, en pays fouladou, possède aux yeux de certains féticheurs une grande valeur magique et donne lieu à la mise en œuvre de pratiques. médico-magiques (avec presque toujours des épis de maïs et des Tapinanthus parasites), en particulier dans le traitement de l'impuissance .
22.- Phra~mites Vulgaris Druce*. VuLGO. - Roseau. VEHN. - Wol. barah (Berhaut), portiil ; ser. dund, gai, mbélêg-kumpa (Berhaul); mand. bakinto (d'après !Jalziel) ; dio/a ba gigimb (Berhaul). • Nouveau nom prioritaire (B!'nth.) W. D. Clayton.
Phragmites austra/is (Cav.) Trin. ex Steud. subsp. altissimus
...
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:-INELLE
Caractères remarquables, Herbe robuste, atteignant 3 rn, vivace par son rhizome, à nombreux chaumes dressés ; tiges de 2 cm de diamètre ou plus, à nombreux nœuds. Feuilles rigides, longues de 20 à 50 cm et larges de 10 à 40 cm, piquantes à l'extrémité. Larges panicules terminales denses ou étalées, de 40 à 60 cm de long sur 30 cm de large. Epillets de 1 cm de long avec 3 à 10 fleurs sans arêtes; glumes glabres presque égales, callus entouré de longs poils donnant un aspect soyeux argenté à l'inllorescence.
Chimie.
r
Il est localisé le long des rives souvent saumâtres des deltas, estuaires, diverticules et ruisseaux côtiers. Il forme des peuplements purs, souvent en mélange avec Typha australis. •
Emplois, chimie et pharmacologie. \.
1" 23.- Sorghum spp. VULGO. VERN. -
1
1
Sorghd, Gros mils (cultivés). Wol. tin; dio/a basit-bantabu.
Caractères remarquables.
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Les sorghos avant maturité et les jeunes repousses sont considérés comme nettement toxiques pour les animaux.
Habitat.
Espèce considérée comme dangereuse, sinon toxique, pour le bétail. Ce serait la plante verte et les rejets qui seraient toxiques. D'après Greshofi IG21] les effets indésirables de sa consommation seraient dus à une infection fongique. Le P. communis Trin. d'Europe, ou Roseau à balais a été également suspecté d'empoisonner les animaux. La plante ne semble pourtant pas toxique, mais pourrait, pense-t-on, le devenir en raison des champignons qui pullulent sur elle. Cette espèce; recommandée par Leclerc aurait des propriétés diurétiques et sudorifiques intéressantes (in 1G4 ]).
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
J
A la suite des travaux de Snowden (1!1:!6) il est maintenant certain que trois souches spécifiques africaines S. arundinaceum Stapf, S. verlicilliflorum Stapf et S. aelhiopicum Rupr. sont à la base de la diversification variétale des types de culture. Ce sont des herbes robustes, annuelles, dressées, pouvant atteindre plus de 4 rn, dont l'aspect général, avant la formation des inllorescences, rappelle celui des Penniselum cultivés. Les inflorescences au lieu d'ètre en épis cylindriques sont en panicules très lâches ou parfois compactes avec des graines rouges, beiges ou noires à maturité.
Le Sorgho, céréale africaine par excellence, est un aliment extrêmement utile qui a donné lieu à de nombreuses publications sortant du cadre de notre étude*. Au point de vue diététique, et concernant le Sénégal, Busson a pratiqué l'analyse complète (macro et micro-éléments) des graines de 11 espèces de Sorgho cultivées au CRA (Centre de Recherches Agronomiques) de Barn bey 1B!lJ ; Toury de son côté a analysé le Sorgho commun sous les 5 formes : grain entier, semoule yellow mollo à 72 p. 100, farine d'extraction mécanique à 78 p. 100, farine décortiquée au mortier à 76 p. 100 et semoule IT3]. En gros, au Sénégal, pour le grain entier à 10 p. lOO d'humidité, on trouve 2,8 à 3,5 p. 100 de lipides, 10 à 17 p. 100 de protides et 75 ~ 78 p. 100 de glucides. La teneur en niacine 3,5 p. 100, est à noter. A la suite de la découverte en 1902 par Dunstan ct Henry d'un glucoside cyanogénétique, la dhurrine C 14 H 17 0 7 N, dans S. vulgarr, des recherches importantes ont été poursuivies dans cette direction**. Comme la dénomination de S. vu/gare recouvre en réalité plusieurs espèces et variétés on peut considérer avec Miège qui a pratiqué des expérimentations dans ce sens au l\laroc, que les difiérentes variétés de Sorgho renferment ce glucoside cyanogénétique [M112]. La dhurrine sous l'action de la ~-glucosidase est hydrolysée en glucose et p-hydroxybenzaldéhyde cyanhydrine qui, par la chaleur ou par une oxynitrilase spécifique du Sorgho,.est décomposée en p-hydroxybenzaldéhyde et acide cyanhydrique. Pharmacologie.
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La toxicité du Sorgho, sauf cas d'empoisonnements criqÙnels, ne peut intervenir que pour les animaux. En effet c'est à l'état de jeune pousse ou de repousse que ces végétaux sont nocifs. Le principe toxique existe dans la plante depuis la germination jusqu'à un certain stade seulement de développement pouvant quelquefois aller jusqu'à la floraison, mais guère jusqu'à la fructification. Même pour les animaux les dangers des espèces fourragères sont, selon les études de Miège, rapidement et totalement supprimés par la dessiccation et par l'ensilage. Un fanage de 24 h permet déjà de faire consommer dans la plupart des cas des types fourragers dans lesquels l'analyse chimique quantitative ne lHlrVi!•nt plus ù doser l'acide cyanhydrique (1\H 12]. Signalons pourtant qu'en 1970 \'an Kampen du Départ!·mcilt d'Agriculture de l'Utah (USA) a émis l'hypothèse que l'intoxication chez le cheval pourrait être provoquée par l'ingestion de nitriles lathyrogènes présents dans les plantes du type sorgho IV36].
Habitat.
24.- Streptogyne gerontogaea Hook. f.***.
Les sorghos sont cultivés au Sénégal. Emplois. Deux indications des Wolof du Cayor méritent d'être retenues: un traitement de la toux avec une poudre absorbée en nature et composée de Sorgho (graine), Tapinanlhus bangwcnsis (plante entière) et Combrelum glulinosum (écorces); un traitement de la blennorragie avec les graines de sorgho et des cantharides* (wâk en wolof). Les cantharides, considérées d'ailleurs comme toxiques, font leur apparition à la fin de l'hivernage époque ù laquelle le guérisseur en fait provision. Pour la préparation de la drogue les corps des cantharides, privés des têtes sont réduits en poudre avec les graines de sorgho à parties égales. La dose d'essai est d'une demi-coque d'arachide. Si le malade supporte cette dose sans trop de troubles, surtout sans débàde intestinale, on double la dose au bout de quarante-huit heures.
• Psalydolylla flavicomis
(~1éloi
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Svx. VERN. -
Slrcplogyne crinila Auct. Bain. damordégad.
Caractères remarquables. Herbe vivace à chaume érigé, atteignant 0, 75 m. Feuilles lancéolées de 20 sur 3 cm, avec un faux pétiole de près de 1,5 cm ; limbe avec 6 nervures de chaque côté de la médiane ; ligule triangulaire ; fourreau de la feuille cilié vers le haut.
*Citons en langue française l'ouvrage _de Pi(•dalJu [P25J, les diiYércnts mémoin•s, articles, communications parus dans la Revue de Botanique appliquée ct Agricultun• tropicale, les Annales de la nutrition ct de l'alimentation, les diverses revues agronomiques, etc. •• La rllmrrine, quelquefois
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADIT(
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Long épi de 20 cm, avec des épillets de 1 à 4 fleurs appliqués contre un axe pubérulent, aplati sur un côté.
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Vetiveria zizanoides* de diverses origines. Elle se distingue essentiellement de celle de V. zizanoides par son pouvoir rotatoire lévogyre(- go 30' à go 34) et un taux supérieur d'alcools totaux (64,15 à 65,47 p. 100) et de cétones (16,20 p. 100). Outre le vétivazulène et l'acide vétivénique, il a été identifié comme alcools : un alcool secondaire en C 15 H .. O, un dialcool avec une fonction secondaire et une autre tertiaire, de formule brute C 15 H 2,0 2 ; comme cétones : "' et [!. vétivénones et deux autres cétones â point de fusion 225° ct 75° [C140, C141].
Habitat. Cette plante très commune dans les forêts denses du golfe de Guinée existe également en Casamance maritime dans certains sous-bois humides. Elle est très désagréable au moment de la maturité car les arêtes s'accrochent aux vêtements et aux jambes.
26.- Zea mays L.
Emplois. La moelle du S. gerontogaea est utilisée par les Baïnouk de Casamance pour les caries dentaires et pour tous les maux de dents.
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25.- Vetiveria nigritana Stapf VuLGO. -Vétiver. SYN. - A..ndropogon squarrossus var. nigritanus Hack. VERN. - Wol. tep, sep; ser. sin, sinf (Berhaut); bamb. koba (Berhaut) ; peul, toue. sêban, sâban.
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
bangasa, ngo-
Caractères remarquables. Herbe vivace par ses courts rhizomes, formant des touffes compactes à nombreuses feuilles dressées ;-hampes atteignant 2,50 m. Feuilles de 1 rn â 1,50 rn de long et 10 mm de large, pliées en deux vers la base, scabres sur les. bords, distiques, en éventail ; ligule scarieuse sur le bord. Racèmes de 10 à 15 cm de long, en 15-20 verticilles distants dé 3 à 4 cm sur une inflorescence de 30 â 35 cm et plus ; glumes longues de 5 à 6 mm, linéaires, avec de petites excroissances épineuses disséminées sur la partie dorsale ; arête peu visible, fine, de 3 à 4 mm sur la fleur sessile ; callus barbu. Habitat. Il forme des peuplements très étendus, presque purs, dans les vallées limoneuses périodiquement inondées en saison des pluies ou aux périodes de crues, surtout dans la vallée du Sénégal et son delta, dans les vallées des rivières du Sénégal oriental et de la Casamance ainsi que dans celles de leurs aftluents.
Emplois. Les Wolof utilisent les rhizomes comme antidiarrhéique chez les enfants. Les Toucouleur leur reconnaissent des propriétés stimulantes, mais les font entrer aussi en association avec d'autres drogues dans le traitement des maladies mentales. Les rhizomes sont vendus sur les marchés pour la préparation d'eaux parfumées et comme antidiarrhéique infantile. V. nigritana fait partie des espèces employées par les pêcheurs toucouleur pour attirer les poissons. Chimie. Au cours d'un screening phytochimique pratiqué en 1g67 sur 50 plantes nigérianes, Persinos et coll. ont trouvé que Y. nigritana, plante entière, donnait des réactions positives pour la présence de tanins et de saponosides, négatives pour celle d'alcaloïdes [P85]. Divers échantillons de rhizomes récoltés par nous-même en 19-11 dans un important peuplement pur situé sur la rive droite du Niger, au niveau de :-.:iamey, nous avaient donné à !"état sec un rendement ·en huile essentielle de 2,5 à 3 p. 100. L'étude de !"essence provenant de l'espèce de 1" Angola a été entreprise à partir de 1g64 par Cardoso do Vale et coll. Les auteurs portugais !"ont obtenu avec un rendement de 2,8 p. 100 et ont procédé à une étude comparative avec des essences de
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VULGO. - Maïs. VERN.- Wol. mbox, mboxa, morha; mal., ,bamb., mand., socé mano; sar. maka ; peul, toue. mala, maka, makari bodéri (variété rouge) ; dio/a Pogny ékuntubaba (singulier), sikutumbaba (pluriel) ; floup ku morha. Caractères remarquables. Robuste plante annuelle, dressée, atteignant plus de 3 rn, à chaumes vigoureux munis de racines aériennes à la base. Feuilles linéaires lancéolées, ondulées sur les bords, pouvant avoir plus d'un mètre de long et 10 cm de large, élargies à la base, courtement acuminées au sommet, pileuses sur les bords près de l'extrémité. Fleurs mâles en panicules terminales de plusieurs racèmes de 8 à 10 cm de long; épillets sur deux rangs le long de l'axe ; glumes courtement pubescentes ; androcée à trois étamines. Epis femelles axillaires entourés de spathes papyracées: de 12 à 15 cm de long sur 4 à 5 cm de diamètre ; nombreuses fleurs sur des rangs longitudinaux ; graines de 1 cm de diamèt7e, dorsalement aplaties, blanches, jaunes, rouges suivant les variétés. .
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Habitat. Vraisemblablement originaire de l'Amérique centrale, le maïs est très cultivé au Sénégal, depuis la vallée du Fleuve jusqu'en Casamance, dans les sols riches, frais et profonds. Emplois. Les Casamançais utilisent fréquemment sous le nom de fulemp fata ékuntubéba la barbe de maïs, c'est-à-dire des styles, comme dturétiquc (décocté de styles séché;> en boisson). Les Toucouleur apprécient aussi les propriétés diurétiques de cette céréale, mais c'est la farine de maïs pilée avec les racines de Securinega virosa et les écorces de Vernonia colorata qu'ils prescrivent, principalement pour la bilharzi-ose. Les Peul indiquent en outre le mélange de farine de maïs et d'écorce de Cochlospermum pour J'ascite. Les Sarakolé font entrer le son ( « makaturuntu ») dans les traitements antigonococciques et antilépreux.
*Le produit commercial connu sous le nom d'essence de vétiver est fourni par le V. zizanoides Stap! originaire de l'Asie tropicale et cultivé maintenant dans de nombreux pays tropicaux et subtropicaux. Obtenue selon les variétés avec un rendement de 2 à 3 p. 100, celte essence est caractérisée par un pouvoir rotatoire dextrogyre ( + 14• à + :JO• 48'), une teneur en alcools totaux de l'ordre de 60 p. 100 et en cétones d<' 15 à 27 [C140]. Elle est constituée par des principes scsquiterpéniques. Citons comme alcools : vétivérols ou vétivénols, vétisélinenol, zizanol, cyclopacamphénol, khusimol (composant majeur). valérianol, (j cudesmol, élémol[H110, N4:J]; comme cétones, vétivérones ou vétivénones "' cl ~ ; comme hydrocarbun•s, vétivèm·s ainsi que bicyclovétivène C15 H 24 qui est un dérivé du guaïol (in [:'1112]). La production mondiale d'essence de vétiver est annuellement de l'ordre de 120 à 140 tet son prix au kilo de l'ordre de 600 à 900 S [CHO]. Elle n'a guère d'utilisations therapeutiques, mais, excellent fixateur de parfum, elle est très employée pour la fabrication de diverses eaux de cologne et essences odorantes. A l'état de traces elle fixe bien la rose, l'opopanax, le patchouli ; en fortes proportions, elle constitue la base de parfums de type oriental. Nous-même l'avons utilisée comme tel au Niger.
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADITC ... NELLE
Dans toutes les régions l'épi (surtout celui de la variété rouge) dont l'aspect phallique et le nombre considérable de graines solidement fixées sur l'axe charnu prennent valeur de symbole, constitue le substratum quasi indispensable de tout remède contre l'impuissance et la stérilité masculines. On emploie généralement la poudre obtenue par tamisation après grillage et éclatement de l'épi à la chaleur. Chimie.
Le maïs est avant tout une céréale d'importance considérable. Mais c'est également une plante industrielle et médicinale. Aussi a-t-elle été et est-elle toujours étudiée sous ces différents aspects par les généticiens, les chimistes, les diététiciens, les pharmucologistes. · 1°
GRAINES ET ÉPIS.
Au point de vue diététique on peut estimer que la graine renferme principalement 8 à 10 p. 100 de protides, 4 à 5 p. 100 de lipides et 70 à 75 p. lOO de glucides. La graine (et les styles) renferment de I'allantoïnc. La zéine qui appartient au groupe des prolamines est la protéine du grain de maïs la plus importante quantitativement. Elle est localisée presque exclusivement dans l'albumen et a fait l'objet de nombreuses études dont une monographie de Mossé en 1961 [M113]. La plus grande partie de l'huile est localisée dans le germe qui en contient jusqu'à la moitié de son poids. Selon Busson, l'acide linoléique représenterait 50 p. 100 des acides gras totaux, l'acide oléique 39 et l'acide palmitique 7 [89]. Anderson et coll. isolèrent en 1926 de Î'insaponifiable de l'huile du (3 sistostérol et une autre substance désignée sous le nom de rt sistostérine. Par la suite Wallis et Ferhnoltz montrèrent que l'o/sistostérine était un mélange de rtl, rt2 et rt3-sistostérol reconnus depuis lors pour des triterpénoïdes. Plus récemment enfin on a séparé de l'insaponifiable 8 corps stér'oïdes: coprostanol, cholestérol, L'l. 7 cholesténol et stigmastérol, méthosténol (alcool triterpénique) et trois substances non identifiées qui pourraient être des alcools triterpéniques identiques aux rtl, a.2 et rt3-sistostérol (in [8126]). A partir des germes, Hamilton et coll. ont isolé 0,5 p. 100 d'une substance à saveur très sucrée dénommée" Corn sweet factor" qui est la 2-4-dihydroxy-7-méthoxy-1,4benzoxasine-3-one. Elle existerait dans la plante fraîche à l'état de glucoside dont I'aglycone serait par conséquent le corn sweet factor, précurseur du coixol C 8 H 7 0 3 N ou 6-méthoxy-benzoxasolone-2 [HlOO]. Des études génétiques poussées ont permis de distinguer six principaux types de coloration des épis caractérisant les différentes variétés. Ces colorations sont dues à des pigments flavoniques et anthocyanidiniques qu'on rencontre dans les feuilles, les tiges, la fleur et les téguments de la graine. Il a été ainsi mis en évidence de l'isoquercitrine dans les variétés brunes, des anthocyanes dans les variétés rouges [S169[, un complexe dérivé de la pélargonidinc dans des variétés rouge clair 1R101], de la chrysanthémine dans des variétés pourpres ]S170] et de la cyanidine-:i-monoglucoside dans des variétés bleu sombre 1H 101]. Dans les parties vertes de la plante 1'\elson et J\lottern ont mis en évidence 0,02\l p. 100 d'acide oxalique (plante fraîche) avec aeide aconitique, tricarballylique, malique et citrique ]N51]. l'rban a identifié I'anthocyane des feuilles des jeunes plants à un cyanidine-:imonosidc. Les feuilles plus àgées conticnnc'nt quatre phénols principaux parmi lesquels sc trouvent vraisemblablement un aci
LES STYLES (STIG~IATES Ot: BAHBE DE
1\L\IS).
L<•s styles qui constituent la drogue médicinale de nomlu<•uscs pharmacopées, contil'nm••Jt selon Freisc une huile grasse (1,R5-2,55 P·. 100), une essence O,OR-0,12 p. 100) it 1Il p. 100 dl' carvacrol. une résinl' (2,2-2, 7 p. 100), une substance gommeuse (2,7-:l,ll p. 100) donnant par hydrol~·se du xylose. des traces it 0,0:> p. 100 d'alealoïdl•s, une substance ame re glycosidiquc (O,R-1, J;) p. 100) une saponine (2,25-:!,1 Il p. 100), des pigments bruns (1-1 ,Il p. 100).
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
661
sucres réducteurs (3,5-4,15 p. 100) dont I'arabinose, des matières minérales (4,9-5,3 p. 100), avec des quantités variables de silice soluble (en moyennel3 à 18 p. 100, mais dans certains échantillons beaucoup plus), 34 à 42 p. 100 de potassium .. quelques dixièmes p. 100 de manganèse. Occasionnellement. on peut trouver dans ~ertains échantillons 23 à 25 mg d'acide salicylique par kg de styles secs [F56]. Des résultats différents sont donnés par Reichert : 1 p. 100 d'huile grasse, présence de sistostérol et bétaine [R95] ; mais il s'agit là de la drogu~ telle qu~ vendue en Allemagne et on sait à quel point interviennent dans la composition des échantillons commerciaux des variations dues à des facteurs comme la préparation, l'entreposage et quelquefois les falsitîcations. ·zeller a également analysé les styles et y a trouvé des sucres : glucose, maltose ; des acides palmitique, stéarique, oléique, linoléique, <;érébronique ; des cires ,: deux stérols; de l'allantoïne, de l'acide salicylique [Z4]. 3° AUTRES ORGANES. Dans les griffes, Freise a isolé, comme dans les épis et dans les mêmes proportions (de traces à 0,05 p: 100), un alcaloïde pharmacologiquement actif [F56]. Dans le pollen d'une variété " Golden Cross Bantam "• Reteman et coll. ont mis en évidence la quercétine [R94]. Dans les extraits d'organes de jeunes plantes à propriétés antifongiques on a décelé la 6-méthoxybenzoxazolinone (in [H55] 2). Brunnich en 1903 a signalé que le maïs contient de faibles quantités d'un glucoside cyanogénétique dont la concentration augmente jusqu'à la floraison pour décroltre rapidement avant la formation des graines. D'autres auteurs (Greshoff, famm.el, Henry, Morrison, etc.) ont uitérieurement étudié la question des variations de la teneur en acide cyanhydrique et concluent dans l'ensemble à l'inocuité du maïs quand il est mùr (in [W2] p. 492). Pharmacologie.
1° STYLES. Les styles de maïs, improprement appelés stigmates ou barbe de maïs furent anciennement inscrits à la pharmacopée française (1908) pour leurs propriétés diurétiques incontestables, puisqu'on admet que dans certaines affections l'administration orale de ses préparations .aqueuses peut tripler et même quintupler le débit urinaire. En 19::!9 Leclerc a fait le point des connaissances de l'époque sur !~ur pharmacologie. Dès 1879 Castan signalait les services rendus par les stigmates de Maïs dans la lithiase rénale où ils agissent plutôt comme sédatif que comme diurétique. Ces conclusions sont confirmées par Denucé, Landrieux, Dassein et Dufau. Pour ce dernier, c'est dans la gravelle urique et phosphatique et dans les cystites chroniques que le médicament se montre le plus utile en faisant cesser la dysurie, l'excrétion de sable et la fermentation ammoniacale ; il lui reconnaît aussi des effets diurétiques dont peuvent bénéficier les sujets atteints dl' cardiopathie et les albuminuriques. Pour Leclerc, la forte teneur des styles en sels de potassium exciterait directement l'épithélium rénal et d'autre part favoriserait les phénomènes d'osmose. Ainsi s'expliqueraient les effets diurétiques obtenus par Landrieux, non seulement dans les maladies des organes de l'excrétion urinaire, mais aussi dans les perturbations apportées à la circulation sanguine par les affections cardiovasculaires. L'allantoïne joue aussi un rôle non moins important en s'éliminant par le rein et en augmentant ainsi dans l'urine les proportions de ce corps qu'on y trouve normalement. Leclerc et d'autres auteurs ont reconnu à cette substance une efficacité épithéliogène et sédative très nette qui contribue à émousser les réactions douloureuses de la muqueuse vésicale chez les malades atteints de cystite chronique ]L!Jü]. La richesse en acide salicylique est en faveur d'une action bienfaisante dans le rhumatisme et celle en vitamine K, en faveur d'une action sur la coagulation sanguine. En dehors de ees propriétés physiologiques et de ces indications thérapeutiques bien établies, on peut attribuer aux styles une certaine action anticancéreuSl'. Abbolt et coll. ont montré expérimentalement que les extraits aqueux et alcooliques agissaient sur les tumeurs transplantables de carcinome humain HSI, la réduction constatée des tumeurs étant de :Hl p. 100 [A71]. Le mode d'emploi classique des styles comme diurétique sédatif dans la cystil<•
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE
TRADITI~ .• ŒLLE
chronique et la lithiase rénale est la décoction à 3 p. 100, l'infusion à 20 p. 1 000, l'extrait en pilules, le sirop. Selon Miklin la coagulation du sang est accélérée trois à quatre fois, grâce au facteur antihémorragique K 3 , par l'administration orale de préparations alcoolique et huileuse de style ou par injection huileuse sous-cutanée et intramusculaire ,avec effet maximum constaté en 2-4 h (in (G4)). 2° GRAINES. Les graines fournissent un amidon officinal utilisé en pharmacie en qualité d'excipient pour comprimés et tablettes. L'hydrolyse partielle transforme cet amidon en dextrine employée en pharmacie, en bactériologie et dans l'industrie des adhésifs. D'autre part l'hydrolyse acide le transforme en glucose qui peut conduire au sorbitol et à la vitamine C. Le· gluten est utilisé sous le nom de maïzénine ou zéine pour la glutinisation des comprimés. On ne saurait passer sous silence les propriétés de l'eau de trempage des grains de maïs («corn steep liquor ») qui est capable d'augmenter considérablement la croissance des bactéries. Elle constitue en particulier un élément remarquable intervenant dans le rendement en pénicilline des cultures de Penicillium comme nous l'avons constaté nous-même à l'échelle industrielle (B196]. Faudi a montré qu'elle agissait également sur la croissance des végétaux supérieurs comme substance mitoclasique ou mitoinhibitrice suivant la concentration. Le même auteur a signalé en outre chez l'homme son grand pouvoir cicatrisant dans les lésions cutanées et les ulcères. Le mode d'activité de cette liqueur diffère de celle des vitamines, des acides aminés, des hormones, des bases puriques, des auxines et s'apparenterait, semble-t-il, à celle des biostimulines type Filatov [F57]. Les graines de maïs contiemient un facteur œstrogène. Le principe hormonal est en solution ?ans l'huile et se maintient même après le raffinage comme l'ont montré 1 Booth et colt en introduisant 10 p. 100 d'huile de maïs raffinée dans la ration alimen- 1' taire de sou'ris impubères : le poids de l'utérus des souris soumises à ce régime atteint 14,2 mg, alors que celui des souris de contrôle est de 9,5 mg [B182]. Il a été démontré aussi que les extraits de graines sont actifs vis~à-vis des bacilles Gram +, des levures et des champignons pathogènes des végétaux [N29, H55]. 3° AUTRES ORGANES. Notons que les extraits de tiges et de feuilles ont les mêmes propriétés antibiotiques et antifongiques que les extraits de racines [N29, H55] et que, selon Freis, l'alcaloïde mis en évidence dans les épis et les griffes serait pharmacologiquement actif (F56]. 40 HUILE,
L'huile de :\laïs obtenue par expression des embryons des graines avec un rendement de 30 à 50 p. 100 est semi-siccative et, comme nous l'avons signalé ci-dessus, très riche en acides gras insaturés (oléique et linoléique). Elle trouve pour cette raison son emploi en diététique comme anti-a'théromateux et sa consommation est actuellement importante. Cornbleet et Pace ont fait état des résultats favorables obtenus par administration orale d'huile raffinée à des patients atteints d'eczémas chroniques rebelles à tout traitement. Quatre-vingt sept malades de tous âges (à partir de 5 ans, mais généralement adolescents et adultes) atteints d'eczémas allergiques, exsudatifs et diathétiques, de prurigos de Besnier, de névrodermites généralisées et d'affections cutanées rebelles depuis l'enfance, furent traités dans ces conditions de façon satisfaisante. Certains d'entre eux qui de plus étaient asthmatiques, ont même présenté une amélioration pour cette affection. Les auteurs attribuent ces effets bénéfiques à la teneur de l'huile en acides non saturés (C135). Mm• Bézangcr-Beauquesne a relevé que dès 1889 Bowers l'avait conseillée pour les applications extt>rncs, de préférence à l'huile de coton ou d'olive, à cause de son absorption plus facile par la peau et que, par la suite, en 1944, Wilder et Schwartz la recommandaient pour les injections intramusculaires. La comparaison faite à ce point de vue entre les huiles de coton, d'arachide, de sésame et de maïs montre que ces deux dernières sont supérieures aux autres physiquement et chimiquement, étant plus rapidement absorbées par les tissus, moins irritantes pour eux et moins antigéniques (in [G4) p. 205).
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
75. -
66ii
POL YGALACÉES
Famille cosmopolite représentée au Sénégal par trois genres : Atroxitna, Securidaca, Polygala. Ce sont des herbes (Polygala), arbustes (Airo.rima, Securidaca), à feuilles généralement alternes, simples, sans stipules. Fleurs hermaphrodites irrégulières, ressemblant un peu aux fleurs de Fabacées. Le fruit est une drupe(Airoxima), une capsule (Polygala), une samare (Securidaca). Les Polygala se rencontrent dans les savanes ou dan~ les marécages suivant les espèces. L' Alroxima est localisé en Casamance maritime ; le Securidaca est présent dans toute la région soudanienne. La composition comme les propriétés des Polygalacées sont variables : les unes ont du latex, les autres amères et hémolytiques renferment des saponines qui leur confèrent des propriétés émétiques ou simplement expectorantes, toniques ou astringentes ; on y trouve aussi des osides particuliers qui, par action d'une diastase hydrolysante, la bétulase, donnent une essence à dérivés salicylique ou valérianique. La matière médicale n'a retenu qu'une espèce inscrite à la Pharmacopée française le Polygala de Virginie, Polygala senega L., dont les souches et racines renferment une essence à sali11ylate et valérianate de méthyle et des saponosides responsables de son action expectorante et émétique. Au début du siècle une espèce à graine oléagineuse originaire de Sierra Leone, le Polygala blilyracea Heckel (malukang des Wolof?) fut étudiée par Heckel [H14], mais les essais culturaux qui avaient été entrepris en vue de l'exploitation de la graine furent délaissés en raison principalement du;faible rendement de ces amandes. f
1.- Atroxima afzeliana (Oliv .) Stapf SYN. - Carpolobia a(zeliana Oliv., Carpolobia macrostachya Chodat, Alroxima macroslachya (Chodat) Stapf VERN. -Dio/a fumiton (Berhaut) ; dio/a Pogny bukokobajin ; {loup budoy. Caractères remarquables. Arbuste sarmenteux à très nombreuses branches entrémêlées formant des buissons impénétrables ou s'enroulant autour des arbres et atteignant 6 à 7 rn de ha11t. Feuillçs ovales, elliptiques, de 10 cm sur 4 cm, avec un pétiole de 7 à 8 mm. Racèmes axillaires pubescents de 3 à 10 cm de long, avec des fleurs papilionacées blanches ou mauve très pâle. Fruits sphériques ou légèrement ovoïdes d'environ 2,5 cm de diamètre, crustacés, à épiderme rugueux, rouges à maturité. Habitat. Assez fréquent dans les taillis secondaires au sud de la Casamance, notamment entre Oussouye et la mer. Emplois. Espèce très prisée par les Dio la du Fogny et les Floup de Oussouye. Deux indications principales, en boisson, du soluté aqueux de rameaux ou de racines : stérilité pour les femmes et orchites gonococciques pour les hommes.
2.- Securidaca Iongepedunculata Fres. VERN. - Wol. fuf; ser. kuf; none ndèdo ; mal., bamb. doto, doro, yuro; mand. du tu su tu, du tu foro, duto ; socé duto, duto; peul, loue. alalé, alali; peul Pirdou du tu ; dio/a Pogny fudara, fudara, du da ray; dio/a Tendouk fulabâ, fudarak ; bal. futi ; bain. duto ; land. ganallé ; bas. anwic.
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADITit .• ELLE
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Chimie.
Caractères remarquables.
Quelques travaux fragmentaires ont été réalisés à partir de 1913 sur les racines de S. longepedunculala par Greshoff, les chimistes de l'Imperial Institute de Londres, Braun, etc. : ils mentionnent simplement la présence de salicylate de méthyle et de saponine dans les proportions respectives d'environ 0,4 et 4 p. 100. En 1923, Fabrègue [F16] ·retire de l'écorce, sous forme d'une poudre blanche amorphe, un glucoside du groupe des saponines pour lequel il propose le nom de securidaca-saponine. Il caractérise en outre des sucres (1,3 à 1,5 p. 100 exprimés en glucose), une matière colorante jaune et une très petite quantité d'essence rappelant l'odeur du Polygala et qui pourrait contenir de l'acide valérianique. Wehmer [W3] signale la présence d'un glucoside amorphe et Perrot [P8] celle d'une essence à sa!icyla\e de méthyle, et celle d'une glucosaponine avec peut-être un peu d'éther valérianique. Prista et Correia Alves [P27, A9] ont réalisé en 195S une première étude systématique d'ensemble sur des racines en provenance de l'Angola. La composition chimique globale fait ressortir les pourcentages suivants: eau 6,2, glucides (exprimés en glucose) 27,2 lipides 0,36, protides (exprimés en albumine) 3,8, cellulose 46,3, matières minérales 0,3. Les racines ne contiennent ni alcaloïdes ni caroténoïdes ; elles sont pauvres ~· en tanin (0,52 p. 100) de nature pyrocatéchique ; par contre elles sont très riches e~ . /" stéroïdes. Les auteurs cités ont mis en évidence un saponoside dont l'hydrolyse fournit comme produit de dédoublement un génol stéroïdique et du glucose. L'hétéroside générateur de salicylate de méthyle a été en outre isolé : c'est le monotropitoside, analogue à la gaulthérine du Gau/lheria procumbens ; il donne par hydrolyse acide, comme génol du salicylate de méthyle, comme oses glucose et xylose, par hydrolyse enzymatique du salicylate de méthyle et du primeverose (sucre formé par la combinaison glucosexylose). . Sur des échantillons du Congo, Moes [M14] s'est livré plus récemment à u9e étude pafallèle de la composition chimique de l'espèce officinale Polygala sene ga et du S. lonUfpedunculata. Les extraits fluides des deu'x espèces donnent les mêmes téactions positives pour le salicylate de ni éthyle et la sénégine*. Les saponines présentent les mêmes aspects chromatographiques en couche mince et sur papier. Les deux aglucones étudiés comparativement· en chromatographie couche mince, ultraviolet et spectre infrarouge, sont identiques, mais dans la fraction osidique il y a une différence qui a pu être mise en évidence par hydrolyse perchlorique. Cette hydrolyse libère xylose, fucose, rhamnose pour Polygala senega et les mêmes sucres avec en outre arabinose pour S. longepedunculata. Nihoul-Ghenne et coll. [N14] ont complété en 1967 l'étude de Moes par des recherches morphologiques, anatomiques et histochimiques sur les mêmes écorces, mais ils n'ont pas pu repérer les zones précises de localisation des principes actifs ; celles-ci sont, d'après les auteurs, soit masquées par l'amidon particulièrement abondant, soit réparties dans toute l'épaisseur des écorces.
Arbuste dressé de 3 à 4 rn de haut, mais à jeunes branches grêles retqmbantes, plus ou moins pubescentes ; écorce lisse, jaune clair avec une pellicule verte dessous ; bois jaune pâle. Feuilles alternes, oblongues linéaires ou elliptiques. arrondies au sommet, courtement cunées à la base, légèrement pubescentes ou glabres sur les deux faces, de 5 sur 2 cm, avec un court pétiole pubescent de 2 à :3 mm. Courtes grappes ou racèmes terminaux de fleurs papilionacées violettes, apparaissant en saison sèche pendant la défeuillaison, très ornementales et parfumées ; cinq sépales dont deux ailés ct pétaloïdes ; un grand pétale et deux pétales latéraux. Samare de 4 à 5 cm de long avec une aile membraneuse, réticulée, de 1,5 à 2 cm de large. Habitat. Il est fréquent dans toutes les savanes arbustives ou boisées soudaniennes depuis le Sahel (Cayor, Djolof, Ferlo) jusqu'au contact de la forêt guinéenne (taillis dégradés de la Casamancè maritime). II ne vit pas en peuplements, mais par individus isolés.
Emplois. Aux dires de certains informateurs wolof, le mot "fuf" serait une onomatopée rappelant le sifflement du serpent. C'est qu'en effet dans toute l'Afrique noire la renommée de cette espèce comme antivenimeux est bien établie. Pour ce qui concerne le Sénégal, on peut assurer en tout cas que le traitement type des morsures de serpent, interne et externe, est réalisé à l'aide des préparations de racines de S. longepeduncu.lata. Les racines, dont l'odeur de salicylate de méthyle est caractéristique, ont aussi. la réputation d'exercer une action répulsive1sur les serpents et on s'en sert pour les· éloigner des habitations et pour protéger bètes et gens à l'aide de bracelets de pieds confectionnés avec les rameaux et les racines. Les médications les plus simples consistent à frotter énergiquement la partie du corps atteinte avec la racine fraîche extemporanément pulpée et à boire, avec précaution, le macéré ou le décocté aqueux de cette même pulpe de racine. On trouve, évidemment de nombreuses associations parmi lesquelles les plus remarquées sont Sclerocarya birrea, J1Jomordica charanlia, Cneslis ferruginea, Balanites aegypliaca, ·Acacia macrostachya. Les racines sont encore réputées très actives contre tous les parasites intestinaux et dans de nombreux autres cas : poudre en prises nasales comme antimigraineux et diluée dans l'eau comme ocytocique; décocté en usage interne et externe pour les bronchites, les maux de ventre, la lèpre, les maladies vénériennes, la fièvre bilieuse hématurique et, pour cette dernière affection, en association, comme il fallait s'y attendre, avec Combretum glulinosum. Les feuilles sont également quelquefois employées. En usage proprement externe: traitement des rhumatismes, des plaies, du ver de Guinée et même des maladies oculaires. Les fruits pilés et placés dans un linge donnent par expression un liquide conseillé en instillations pour les otites. :-.iombreux sont aussi les traitements médico-magiques auxquels le Securidaca sert de substratum. Il y a lieu de noter que les préparations liquides à usage interne sont toujours réalisées avec soin, bien décantées et souvent mème filtrées avant l'emploi; leur administration, considérée comme pouvant être dangeréuse selon les doses employées, en raison de l'action éméto-cathartique, est en outre surveillée de près par les presFiP~ ~u~
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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Pharmacologie. Le S. longepedunculala serait le plus célèbre poison intravaginal de l'Afrique du Sud. "'att [W2] déclare qu'il détient un grand nombre d'observations de première main sur des cas de suicides féminins par introduction dans le vagin de diverses préparations de racines brutes, contusées ou pulpées. Les manifestations de l'intoxication apparaissent rapidement en 4 à 6 h et se traduisent par des vomissements profus, diarrhée, déshydratation puis collapsus, la mort survenant généralement entre 12 et 24 h. Huit suicidées autopsiées durant l'année 1943 pour le seul district de Bal ovale, présentaient toutes une dégénérescence marquée et la nécrose du foie, taqdis que localement on constatait un effet caustique résultant de l'exfoliation de la muqueuse vaginale et des tissus épithéliaux. Prista et Correia Alves (P27, A\l] en voulant vérifler l'influence particulière de la drogue totale et de ses constituants sur la flbre utérine n'ont obtenu aucun résultat : l'utérus isolé de cobaye, plongé dans le liquide de Hinger à 37-38° et régulièrement
1
En médecine vétérinaire les Peul donnent à boire aux animaux en voie dG dépérisSt'nH'Jlt de petites quantités du macéré de racines, les marcs résiduels servan\ ensuite au pansage en qualité de revigorant en même temps que de parasiticide externe et d'antiseptique pour les petites plaies. Les écorces qui entraient anciennement avec Calolropis procera dans les poisons de flèches des Lébou ne sont pas utilisées en thérapeutiqtJe en raison de leur toxicité.
• J.a sénéginc t•st un saponoside neutrr de la racinr du J>olugalu senega donnant par ll~·d rolyM· du glucost• et une g(•nint·. la sénègénint•, dont la strudurt' n't•st pas Pncore complt~ll'lllt'llt (•(ucidl-t·. Il s'agit d'un dérivé triterpénique.
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADIT(
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oxygéné, n'a montré aucune variation dans les contractions après addition au liquide de doses allant jusqu'à 1 ml de l'infusé à 5 p. 100 de racine. De même, après addition, soit de 4 mg de saponoside, soit de 1 mg d'hétéroside. Par contre des poissons de 40 cg environ (jeunes squales) plongés dans des dilutions au demi, au cinquième, au dizième de l'infusé à 10 p. 100 de la drogue meurent en moins d'une heure. Ces expérienc<;SI permettent de conclure que la drogue, présentant un indice poisson de 1/10000, est relativement toxique et les auteurs attribuent cette action, au moins en grande partie, au saponoside [P27, A9). D'autre part au cours de recherches sur l'action molluscicide d'échantillons de S. longepeduncu/ata en provenance également de l'Angola, Fraga De Azevedo et Medeiros [F12) ont mis en évidence l'action toxique sur des petits poissons d'eau douce âgés de 6 mois (Ti/apia nalalensis du Mozambique). Après un séjour de 24 h dans un macéré aqueux de poudre de racine la DL50 est atteinte pour une concentration de 0,018 p. 100; à partir d'une concentration de 0,024 p. 100.tous les sujets meurènt après un séjour de 24 h dans la préparation. L'action sur le cœur, étudiée in situ chez la grenouille (P27, A9) avec l'infusé de racine à 10 p. 100, est caractérisée par de la bradycardie avec une légère augmentation de l'amplitude des contractions. Des effets identiques s'observent avec la solution à 0,4 p. 100 de saponoside et on constate encore que des doses plus élevées provoquent la paralysie du cœur en diastole. Les mêmes essais pratiqués avec la solution aqueuse d'hétéroside à 0,1 p. 100 ne modifient ni le rythme du cœur ni l'amplitude des contractions. On peut donc en conclure que l'action cardiaque de la drogue est due à la présence qe sa)JOnoside. Une action molluscicide a été signalée par Fraga De Azevedo et Medeiros [F12). Ils ont expérimenté sur deux échantillons de l'Angola d'origine différente, dans les mêmes conditions que pour les poissons, mais avec ·des Taphius glabratus (mollusque du Brésil) d'âge et de dimensions connus. D'après les résultats donnés dans leurs tableaux on peut considérer en moyenné que la dose 100 p. 100 mortelle est obtenY.e avec le ;pacéré du premier échantillon à la concentration de 0,79 à 1 p. 100, avec.le macéré rlu second échantillon à la concentration de 0,17 à 0,50 p. 100. f Des essais semblables, pratiqués avec les feuilles du premier échantillon de drogue sur poissons et mollusques, n'ont révélé aucune toxicité même à la concentration de 10 p. 100. Il y a là incontestablement une action intéressante de la racine de Securidaca susceptible de donner lieu à des applications dans la lutte pour la destruction des mollusques vecteurs de la bilharziose. Si d'autre part, comme on l'admet généralement, l'action très réelle du Polygala officinal est due aux saponosides et à l'essence à salicylate de méthyle, il serait souhaitable de rechercher les analogies pharmacologiques entre Polygala et Securidaca dans la voie déjà tracée par Mo es en étudiant parallèlement les deux espèces. En tout état de cause, un certain nombre d'utilisations en médecine traditionnelle paraissent justifiées. En particulier l'emploi comme analgésique externe et antirhumatismal en raison de la forte teneur de la racine en salicylate de méthyle, de même que l'emploi comme anthelmintique, antivenimeux et répulsif vis-à-vis des serpents puisque la drogue est toxique pour les animaux à sang froid.
PLANTES· MÉDICINALES ET TOXIQUES
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Au point de vue chimiothérapique la famille est principalement caractérisée par la présence de composés anthraquinoniques qui sont les principes actifs des Rhubarbes ainsi que des Rhapontics et qu'on retrouve dans quelques espèces : Rumex patientia, L., R. obtusifo/ia L., R. alpinus L., Polygonum cuspidatum Sieb. et Zuc., P. bistorta L., P. dumelorum L., etc. Il y a lieu de signaler également la présence de flavonosides, en parti~ulier le rutoside à action vitaminique P, dans le Sarrasin.
1. - Polygonum senegalense Meisn. SYN.- Polygonum glabrum Willd. (de FTA). VERN.- }Vol. ntuntun. Caractères remarquables. Herbe vivace plus ou moins aquatique, tralnante, flottante ; extrémité des rameaux redressée ; tiges atteignant 2 à 3 rn, souvent renflées, spongieuses émettant des racines à la base des pétioles. Feuilles alternes, ovales lancéolées, de 18 sur 4 cm, longuement cunées à la base et au sommet, avec des ponctuations glanduleuses sur les deux faces ; bords ciliés et courts ; poils apprimés sur les nervures en dessous. Epis terminaux de fleurs blanches ·OU roses. Habitat. Plante très commune sur les rives inondables des vallées du Sénégal, de la Gambie, de la Casamance, dans les dépressions et grandes mares des autres vallées; 1
Emplois. Cette espèce nous a été signalée uniquement dans le Walo où les feuilles entrent, avec celles d'Ambrosia marilima et Milragyna inermis, dans un traitement antisyphilitique sous forme de décocté à prendre en boisson et en lavages.
77. -
PORTULACACÉES
Petite famille ne renfermant, au Sénégal, que des herbes annuelles crassulescentes et un sous-arbrisseau vivace, ligneux à la base, très rare, localisé sur les rochers littoraux de l'extrémité de la presqu'Ile du Cap-Vert près de Dakar (Talinum portu/acifo/ium).
76. -
POLYGONACÉES
Famille cosmopolite représentée au Sénégal par un arbre : Symmeria paniculata et des herbes presque toutes aquatiques du genre Po/ygonum (quatre espèces dont trois aquatiques et une des stations humides). Les Polygonacées sont caractérisées par des feuilles alternes, simples, avec un fourreau stipulairc qui enveloppe la tige (ochrea); ovaire uniloculaire uniovulé. C'est une famille importante livrant des produits thérapeutiques (Rhubarbes du genre Rheum et autres drogues de moindre importance comme les Patiences du genre Rumex, la Bistorte du genre Polygonum), des produits alimentaires (Sarrasin ou Blé noir fourni par Polygonum fagopyrum, oseilles fournies par les Rumex) ct des matières tinctoriales (Renouées).
Les autres plantes appartiennent au genre Portulaca qui est surtout rudéral et fréquent dans les jardins. Une espèce (P. fo/iosa) est desséminée dans des stations très variées : lits mineurs des rivières après les crues, savanes arbustives, etc. Les fleurs des espèces spontanées sont jaune vif. Les feuilles ont des stipules écailleuses à la base. Cette famille renferme un très petit nombre d'espèces utiles : les Portu/aca oleracea, Porlu/aca polyandrum, Talinum palens, tous trois comestibles, les Portulaca grandiflora et P. pi/osa réputés diurétiques.
1. - Portulaca oleracea L. VULGO. - Pourpier. VERN. - Wol. tâg i mpitüx ( = palle de pigeon) ; ser. missi kumbéré (Berhaul).
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PLANTES ML
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Caractères remarquables.
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Plante annuelle succulente à tiges étalées, prostrées atteignant 25 à 3o cm •'
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Cette espèce qui est répandue dans toutes les régions chaudes est généralement rudérale au Sénégal.
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Emplois.
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Les feuilles crassulescentes, quelquefois consommées (mais moins que celles de Talinum, : 'trc Portulacacée), ne sont utilisées qu'en médecine populaire comme diurétique nollient.
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Chimie.
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La plante est riche en sels de potassium (1 p. 100 dans la plante fralche et 70 p. 100 dans la plante sèche exprimés en K,O) et contient de l'urée [W2]. F:le est également riche en a.cide ascorbique (420 à 700 mg p. 100 g, d'après une anal) ,;e faite aux USA), Pu caroténoïde (0,16 flg p. 1 g), en acide oxalique, en calcium et fer. Les feuilles, fruits, tiges et graines donnent 17,4 p. ,.100 d'une huile fixe contenant du ~ sistostérol (Handa, 1956) [W2). Earle a tn;uvé pour les graines et p. 100: nudres 3,4, protéines 21, r... lile 1!!,9 et présence d'·amidon [E22). . • t Selon W~tt [W2], Karaev et coll. ont publié en 195!! les résultats suivants de leurs analyses : alcaloùles 0,03 p. 100; glucoside; traces de substances amères ; pigments rouge-noir; chlorophylle; albuminoïde; mucoïde; 2 p. 100 de sacchariferoïdes ; 3 p. 100 de lipides ; 2,4 p. 100 de résinoïdes ; traces d'huile volatile ; 1 ,O.t p. 100 d'acides organiques et 100 mg p. 100 de vitamine C. En 1966, Stefanov et coll. ont signalé la p_résence de flavones et de coumarine dans la même espèce de Bulgarie [S21].
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Pharmacologie.
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FIG. 35. - Porlu/aca o/eracea L. --- 1. Plante r(>duite aux 2/:l. --- 2. Bractée x 5. 3 et -1. Bouton floral x ~- - 5 et 6. Sépales x 6. - 7. FINir x -1. - 8. Fruit x li (D'après Busson).
Feng a trouvé poùr les extraits aqueUx de feuilles et tige, une certaine toxicité, vis-à-vis de la souris, avec une dose correspondant à 1 g de produit sec. Les réactions sur l'intestin de cobaye, l'utérus de rate, le cœur de lapin sont très fortes. Par contre, les effets de mouvements pendulaires et le tonus du duodénum de lapin sont nettement diminués et, chez le t'hien, on constate une baisse de la pression sanguine. Les extraits alcooliques ne sont pas toxiques pour la souris, mais provoquent les mêmes effets sur les organes isolés et les animaux avec, comme différence, un spasme plus faible de l'intestin de cobaye et une chute du débit sanguin de la patte postérieure du rat non constatée avec l'extrait aqueux [F6). L'action diurétique de la drogue est confirmée et généralement attribuée à la forte teneur en sels de potassium et à la présence d'urée. L'action de l'extrait de feuilles consisterait en une plus vigoureuse contraction du cœur avec une diminution· de la contraction et de la vasoconstriction (in JW2]). Pour Karaev et coll., les préparations de P. oleracea stimulent l'insulinogenèse et la glycogenèse chez le lapin JK:n). Pour Stefanov et coll., elles assurent la prolongation de la vie des rats en diabète alloxanique grave sans présenter d'effets sur la glycémie, probablement par leur effet sur le métabolisme lipidique 1S21J. Les graines et les racines n'ont pas d'activité anthelmintiquc alors qu'elles sont souvent considérées comme vermifuge (in JW2}). L'activité antibiotique est controwrsée. Cependant Nickell fait état des résultats positifs obtenus avec les extraits aqueux et éthérés sur les bacilles Gram- [:-.129). L'hydrolat de feuilles de Pourpier figurait au Codex français de 1818 ; il était recommandé comme diurétique, antist·orbutique, rafraichissant et vermifuge.
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sécrétr.H.:~:.;
gynécée qui est formé de carpelles adhérents au réeq.' "t " i'osés · ;.,ux ét"e:•·s superposés. Elle est réduite au seul genre Punica avec deux espèces : le P. protopunica de l'ile d~ ~~,~~v· ra et le P. granaf~J!!"I,
1.- Punica
~ranatum
L.
VuLGo.- Grenadier.
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···.. i·. ···'Uarquables.
Originaire <JI< Moyen-Orient au nord-ouest des Indes, c'est un arbuste de 4 à 5 rn de hauteur à bmrwhes anguleuses et épineuses. Feuilles opposées ou subopposées, sans stipules, plus ou mnins fasciculées, fixées sur de courts rameaux. Fleurs solitaires ou en racèmes axillaires de 2 à 5, ro~ge-orange ; calice cupuliforme avec 5 à 8 lobes valvaires, courts, triangulaires, persistants au sommet du frui• ; 5 à 8 pétales lancéolés insérés entre les lobes ; étamines nombreuses, filets incurv~>• dans le bout<m : ovaire soudé au t.Jbe du calice avec plusieurs loges en 2 ou 3 séries l'une au-des•c:cc
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PLANTES MÉDICL.
TOXIQUES
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Dans les grau'c" de la variété nana, de Californie, Heftmann a isol0 de l'œstrone [H51, HlOl]. La composition des écorces de racine de grenadier est connue dans son ensemble : 5 à 10 p. 100 d'eau, 15 p. 100 de matièr autres alcaloïdes étant pseudopelletiérine, méthylisopelletiéTine et cinq autres base'> AO, Al, A2, A3, A4. Pour'.Manske [l'Il il et A3 sm l· ablement des artefacts, mais Al, A2 et A4, donnant des picr" :pectivemen !es empiriques C1 H 11 0 2 N, C 10 H 19 0 2 N et· C1 H 1 0N. En 1967, Sharaf et coll. ont recherché sans succès la pelletiérine u;;,;. fP~ tienne. Au cours de~ leurs recherches ils ont " .:•lé du {!.-sistost~rol des fe~,.,c,, ~>'..<mes, tiges et écorces de racines ; friédéline des ; et ét:orces "''' racine ; D-mannit~l deS écorces de tige (1,9 p. 100) et de racines (r 100) ainsi que des extraits alcooliques des feuilles (1 p. 100) et graines (0,50 p. lu•.. , , acide bétulique dans'les feuilles; acide ursolique dans les feuilles et les fruits [S154]. Dans les écorces de tige Sakaï a trouvé •O: 0,50 de mannitol, 0,91 de Sorbitol et 0,05 de glycérol [S174].
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Pharmacologie.
Emplois. Le Grenadier n'est guère utilisé par les guéri"· <énégalais en raison vraisemblablement de sa rareté, car il est inconnu en dehw · Pn+rP<;, En médecine populaire, particulièrement chez les Wolof du r .. ,.v,~··· 1gion Saint-Louisienne les fruits et les fleurs sont considérés CŒ!lc•··: l•.· .q.:.es, l'écorce comme anthelmintique, mais il s'agit là, sans doute, u un app•; .. ,uropéen. Chimie. L'écorce du fruit et son suc, les lieurs, l'écorce de racine et tige ont été successivement inscrits à la pharmacopée française depuis 1818. Seule l'écorce de racine et tige avait été maintenue jusqu'en 1965, mais le dernier Codex l'a écartée. Les feuilles contiennent deux acides triterpéniques isomères en C80 H, 8 0 3 l'ursolique et le bétulique, ce dernier extrait en 1955 par Brieskorn et Keskin. Des fleurs, Karrer et Widmer [Kl] ont isolé un principe hétérosidique dénommé punicine, vraisemblablement identique à la pélargonine qui est un dérivé. anthocyanique se dédoublant par hydrolyse en pélargonidine et deux molécules de glucose. Le fruit est riche en tanins, gommes et principes extractifs [R9]. L'épicarpe renferme l'acide ursolique [Kl], le jus des fruits 8,2 à 19,7 p. 100 de sucre interverti, 4,8 à 10,6 p. 100 de glucose, 0,46 à 3,6 p. 100 d'acide citrique, 0,005 p. 100 d'acide borique et plus de 7 mg p. 100 de vitamine C [R9]. Dans l'huile des graines, Toyama et Tsuchiya [Kl] ont isolé l'acide punicique C,,H, 0 0 2 pour lequel Ahlers, Dennison et O'Neil [All], après en avoir étudié les spectres d'absorption dans l'ultraviolet et l'infrarouge, proposent une configuration cis-cis-trans.
1° ORGANES. L'intérêt des pharmacologistes s'est pendant longtemps presque ·~xcJ,;sivement porté sur les écorces et les alcaloïdes actifs. Le fruit était surtout conside:.: '1me alimentaire et, de même que les lieurs, était quelquefois prescrit comme astrinf>ent 'intestinal, jamais comme ténifuge. Toutefois depuis quelques années des expérimentations, souvent extrêmement intéressantes, ont été réalisées avec différentes parties· de la plante. Les tests biologiques pratiqués par Sharaf et coll. sur des extraits variés de l'espèce égyptienne (feuilles, graines, racines et écorces de tiges) révèlent des effets hypotenseurs, antispasmodiques et anthelmintiques. Lès mêmesauteurs ont trouvé que l'huile de graine possédait une activité œstrogéniqu!l (mais qu'elle était dépourvue d'activité androgénique): sur les souris ovariectomisées, la dose de 0,4 rn l ,~·orrespond à 0, ~ ,.g de l'hormone naturelle œstradiol et, sur les lapines impubères.' .:; ml correspondant à 10 1-'g d'œstradiol: Quan
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADIT\v:\'NELLE
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1950, Osborn 1943) et que l'épicarpe, comme le fruit entier, en provenance de Haïti ont de réelles propriétés microbiennes (d'après Bushnell 1950). Rossiki a montré que la poudre de différents organes est efficace dans les diarrhées et les entérocolites ; elle l'est encore, mais à un degré moindre, dans les cas chroniques [R9].
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PLA:-ITES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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1.- Clematis hirsuta Guill. et Perr. VuLGO.- Clématite hérissée. SYN.- Clematis djalonensis A. Chev. VERN. - Wo/. ndanau.
2° ALCALOIDES. L'écorce de la racine de grenadier doit son activité ténifuge à la pelletiérine qui selon les conceptions actuelles serait donc l'isopelletiérine, Elle paralyse les helminthes en général, mais elle est également active contre les ascaris et les ankylostomes. C'est un toxique violent avec lequel on a constaté des cas mortels à dose médicinàlè. Son action, compàrable à celle de la nicotine et de la couine, se manifeste par la paralysie du système nerveux, la mort pouvant survenir par !lrrêt respiratoire comme avec le curare. L'intoxication débute par des troubles digestifs avec nausées, puis céphalées, vertiges, troubles de la vue et dépression du système nerveux central. La méthylpelletiérine et la pseudo-pelletiérine n'ont pas de propriétés anthelminthiques·, mais la pseudo-pelletiérine possède des propriétés cardiovasculaires.
Arbuste sarmenteux à nombreux rameaux grêles, cassants, entremêlés, formant des buissons ou s'accrochant aux branches des arbres en atteignant 5 à 6 rn de hauteur. Feuilles opposées, composées de deux paires de folioles, ou trifoliolées, avec des pétiolules de lü à 20 mm pouvant se transformer en vrillei; folioles de 5 sur 4 cm. Lâches panicules terminales avec de nombreuses fleurs verdâtres. Sépales blancs ou blanc verdâtre ne dépassant pas 15 mm de longueur. Akènes terminés par un long filet soyeux argenté.
Usaaes.
Habitat.
On emploie l'écorce sous forme d'apozène et il est recommandé d'utiliser de l'écorce fralche quand cela est possible. Dans le cas contraire, il y a lieu de procéder à une macération préalable et de suivre les prescriptions du Codex 1908:
Cette plante qui a une grande extension en Afrique tropicale, existe, au Sénégal, depuis l'extrémité de la presqu'Ile du Cap-Vert jusqu'au Sénégal oriental, surtout à proximité des galeries forestières soudaniennes, les rebords des bowé et en Casamance.
Ecorce sèche de racine de Grenadier en poudre grossière ........ . Eau distillée ............................................. .
60 g 750 g
Faire macérer la poudre dans l'eau pendant 6 h, chau!Ier le tout au bain-marie jusqu'à réduction aux deux-tiers. Passer et filtrer. 1 Administrer cette préparation trois fois à une demi-heure d'intervalle et, 2 h après, prendre un purgatif (30 g d'huile de Ricin), la drogue paralysant le ténia mais ne l'éliminant pas. Les sulfates de pelletiérine et d'isopelletiérine sont associés au tanin dont le rôle est de retarder l'absorption des sulfates ·par la muqueuse gastrique (il se forme du tannate de pelletiérine moins toxique) et de permettre aux principes actifs d'atteindre l'intestin en conservant leur activité. La préparation du Codex est la suivante, à exécuter au moment de besoin : Sulfate de pelletiérine ............ . Sulfate d 'isopelletiérine ........... . Tanin ......................... . Eau ........................... .
0,30 g 0.30 g 0,50 g 100 g
Les doses de sulfate de pelletiérine sont, chez les adultes, de 30 à 40 cg maximum, chez les enfants, de 10 à 15 cg, mais il vaut mieux éviter cette prescription pour les enfants. Le tannate de pelletiérine peut être ordonné à la dose de 1,30 g chez les adultes et .0,40 g chez les enfants.
Caractères remarquables.
Emplois. La Clématite hérissée ne nous a été signalée que par les Wolof : tous les organes de la plante à saveur âcre, brülante, sont vésicants et ont la réputation d'être toxiques. Aussi ne sont-ils en)ployés qu'en usage externe. Les feuilles sont !utilisées dans le traitement des plaies et taches lépreuses comme topique ; la vésication provoquée par leur application permet ensuite de faire pénétrer dans l'économie les médicaments jugés aptes à traiter la lèpre, ce qui est, en fait, la mise en œuvre de la méthode iatraliptique. La pulpe de racine est plus précisément recommandée comme rubéfiant, et particulièrement en cataplasmes dans les a!Iections des voies respiratoires. Chimie. Au cours d'un « screening "pratiqué sur des plantes du Rwanda oriental, Angenot a obtenu des réactions positives pour la présence de saponosides et de tanins catéchiques (traces) dans les feuilles. Les mêmes organes ont donné des réactidns négatives pour les alcaloïdes et les quinones [A106].
80. 79. -
RENONCULACÉES
RHAMNACÉES
Famille des régions chaudes et tempérées, représentée au Sénégal par le genre Zizyphus avec cinq espèces dont les deux plus communes sont les Z. mauriliana et mucronata.
Famille commune dans les régions tempérées et froides mais représentée seulement au Sénégal par Clematis hirsuta. Avec ;~o genres et environ 1 200 espèces, les Renonculacées sont très importantes au point de vue matière médicale (Aconit, Adonis, Anémone, Hellébore, Hydrastis, etc). Nombre d'entre elles contiennent ct es principes toxiques (alcaloïdes, hétérosides). Quelques Clematis d'intérêt mineur ont été plus ou moins étudiés et en particulier une clématite de l'Europe centrale, G. vila/ba, utilisée en médecine populaire comme purgatif drastique ..
Les feuilles sont simples, alternes avec des épines remplaçant les stipules. Le limbe est trinervé à la base. Les fleurs sont en cymes ou fascicules axillaires ; présence d'un disque ; étamines épipétales. C'est surtout le genre Rhamnus qui intéresse la matière médicale avec la Bourdaine, Je Cascara, le r\erprun, etc. à principes anthracéniques purgatifs. Les fruits du véritable Jujubier (Zizyphus vulgaris Lam.) de la région méditerranéenne sont riches en sucre et en mucilage, à propriétés émollientes ; ils sont utilisés pour la préparation de pâtes pectorales. Ils figuraient au Codex français de 1895. 22
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PHARMACOVëh
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SÉNJ~GALAISE
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yphus mauritiana Lam. c.oo. --·Jujubier . ..(.- Zizyphus jujuba (L.) Lam., Zizyphus orlhacanlha DC. RN.-··-· Y\'(•i. dem, d;n·~~ sedern, sitlern; ser. giC, ngiC; nioill.
~gi~. !nf;i~; ·?e nged; mal. tôbvrü rnu~~Jna; barnb. n1on1oro, tù!HJr'J; nvJn:i.~ socé oorô ; sar. fa, bo ; peul, toue. dabi, dabé ; dio/a busédem (Berhaul), t •orô ; land. tôborô ; bas. âginginô.
Caractèr<>s remarquables.
Zizyphus mauritiana sc présente en buissons ou arbustes de 4 à 5 rn, rarement plus, à nombreuses branches très épineuses avec une épine droite et une courbe. Feuilles alternes, variables comme formes et dimensions ; souvent elliptiques, symétriques ou légèrement asymétriques à la base, entières ou très finement denticulées, très pubescentes, tomenteuses blanchâtres dessous ou presque glabres ; limbe de 4,5 cm sur 12 mm, obtus au sommet, cuné et trinervé à la base. Petites cymes axi!laires avec plusieurs fleurs crème. Drupes sphériques, jaune doré à maturité, de 5 mm de diamètre, avec un court pédoncule de 2 mm.
d'intoxication péritonéale a·vcc tachypnée, ataxie, convulsions tômes quelquefois suivis de mort. Cependant, l'injection intra pas d'effet [H17). De leur côt(' Feng et •.ull., B>ec des extraits de même origine .. tiun, out prd.tiqué aus~,; une Hu de pharmacod),•.•mür1·.œ. ,., le~ par ~·pie intrap~r1tna,.'-".pasmc est obtenu;. tc G,OU1 rr:! , \a variation àu débit >aHguin dt :.eure du rat est diminuée à la dose de 0,1 ml. Cet extrait produit aussi une bwS1><- de pression sanguine chez le chien avec une dose inférieure à 0,1 ml, mais n'affecte pas l'intestin isolé de cobaye, ni le muscle strié du crapaud [F2). Il apparaît par conséquent que la drogue est pharmacodynamiquement active, en particulier sur l'utérus de rate. Elle se montre aussi douée expérimentalement de propriétés anticancéreuses puisque l'extrait alcoolique de tiges entraîne chez les animaux traités une réduction pour les tumeurs transplantables du carcinome du poumon de Lewis de 42 p. 100 et pour les tumeurs du sarcome 180 de 53 p. 100 [A71).
2.- Zizyphus mucronata Willd. VuLGO.
Il est très commun dans tout le Sahel (Cayor, Baol, Djolof, Ferlo, etc.) et.encore fréquent à proximité des villages soudaniens où il peut former de véritables peuplements anthropozoogènes.
Emplois.
-Jujubier de la hyène.
Wol. dembuki, dem u buki, sidem buki, sédem buki ( = Jujubier de la hyène) ; ser. gic mon, ngic mon ; falor pigumu ; niom. ngic mon, ingic mon; mal. tôboro koma ; bamb. suruku ndomo (Berhaut) ; mand., socé sulu tôborô ; peul, loue. dabi gulbey, cfabiforu, cfabifauru ·( = Jujttbier de la hyène) ; bas. âginginô. Caractères remarquaJ)les.
Le jujubier est une espèce bien connue et employée courmhment en médecine populaire chez les Wolof-Sérer, l'écorce pour les maux de ventre, la racine pour les maladies vénériennes. ' Les prescriptions des guérisseurs sont plus nuancées et comprennent des associations médicamenteuses. La racine étant reconnue émétocathartique est mise en œuvre dans les traitements de la syphilis, de la blennoragie, des empoisonnements et des indigestions avec Borreria vertici/lata, Euphorbia balsamifera, Prosopis africana, Leptadenia hastata, Stereospermum kunlhianum, etc. Les écorces ont une bonne réputation d'anti-entéralgique tloux. On les associe quelquefois à celles de Lannea acida dans ce but. On les utilise aussi chez les enfants rachitiques, anorexiques, et atteints de kwashiorkor. en décoction avec les écorces de Sterculia setigera, d'Acacia macroslachya et A. albida. Chez les Peul-Toucouleur on retrouve les indications anti-entéralgiques. Ils utilisent en outre, en usage interne, la poudre d'écorce pour les hémorragies du post-partum, en usage externe, les feuilles pour les ulcères phagédéniques (lavage avec le macéré, suivi d'application de poudre). ·
Chimie. Les jujubes du Sénégal contiennent à l'état frais 25·p. 100 de glucides et 0,06 p. 100 de vitamine C, à l'état sec 75 p. 100 de glucides et 0,02 p. 100 de vitamine C avec un peu de niacine (2 mg p. 100 g), de thiamine et de riboflavine [T3). A partir des graines de la variété spinosus du Japon, Shibata et coll. ont isolé un saponoside dont l'hydrolyse fournit comme génine l'ébéline-lactone [S189). Signalons aussi qu'à partir des feuilles d'un Zizyphus dénommé Z. jujuba Mill., originaire, semble-t-il, de l'Ouzbékistan en Asie moyenne, les auteurs soviétiques Akhmedov et Khalmatov ont isolé et identifié de la rutine [A53). Ph> 'lacologie. "''~r et L"'r'~Hlr•i · üt E-xpérimenté un Pxtrait a
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Zizyphus mucronala se présente en buissons ou arbustes à nombreux rameaux glabres, brun rougeâtre foncé, enchevêtrés, parfois sarmenteux, avec des épines dsoites et d'autres recourbées. :feuilles alternes, glabres dessous ou glabrescentes, largement ovales, à base asymétrique subcordée, à sommet plus ou moins acuminé, à bords denticulés. Cymes axillaires avec de nombreuses fleurs verdâtres. Ürupes sphériques d'environ 1,5 cm de diamètre, rouge-brun foncé à maturité; pulpe amèn·. Habitat. Il existe depuis le fleuve Sénégal jusqu'en Casamance maritime ; il est fréquent autour des mares temporaires du Sahel, le long des vallées sèches soudaniennes et dans les éboulis des bowé.
Emplois.
Z. mucronata est une drogue médicinale très utilisée dans diverses régions du Sénégal, principalement pour les affections des voies urinaires. Fruits et graines constituent peut-être la drogue sénégalaise la plus spécifique du point de vue action thérapeutique. C'est en effet la seule drogue mentionnée comme anti-énurésique, et comme anti-énurésique seulement, par la majorité .des guérisseurs. Si on en croit leurs dires, le macéré de 48 h de fruits écrasés avec les graines, ou le simple macéré de graines, serait dans presque tous les cas souverain contre l'incontinence d'urine. Les racines seraient très diurétiques et sont prescrites avec succès, semble-t-il, pour les hématuries (d'origine bilharzienne généralement), les gonococcies, oliguries et dysuries. Elles nrn;s ont aussi t'té sian:,·· ,'s, mais avec moins d'assurance, comme anapr .,,, -,ue. !l(lL ,t ClS n'on néanmoins on trc·r Uwphiliticplé '·'"'·'
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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Caractères remarquables.
elon Watt ([W2) p. 884), l'écorce de l'espèce sud-africaine contient 12,2 à 15,7 00 de matières taniques. elon Haerdi [H18)l'espèce de Tanzanie donne des réactions positiv~s ooncernant résence d'alcaloïdes et de saponosides.
Arbuste ou arbre à flit et branches dressés, atteignant 25 rn de haut en Gambie ; écorce rugueuse, noirâtre ; cimes ovales ; grandes racines échasses de plusieurs mètres de longueur ; branches étalées au niveau des hautes marées. Feuilles alternes, oblongues elliptiques, cunées à la base, obtuses au sommet, avec un pétiole de 1 à 2 cm de long ; limbe de 12 sur 4,5 cm, glabre, brillant, vert foncé. Cymes axillaires ramifiées dichotomiquement de 5 à 7 cm de long, à nombreuses fleurs jaunâtres de 3 à 4 mm de long courtement pédicellées ; corolle à quatre sépales de 10 mm de long et 4 mm de large, verdâtres ; boutons ovoïdes arrondis au sommet. Longs fruits pendants, verdâtres, lenticellés, cylindriques presque droits, atténués à la base, de plus de 40 cm de long sur 2 cm de diamètre.
- Zizyphus spina-christi var. microphylla Hochst. ex A. Rich. SvN. - Zizyphus amphibia A. Chev. VERN. - Bamb. surgô tomono ; peul
tépodarola.
·actères remarquables.
Habitat .
.ette espèce se présente en buissons ou arbustes de 4 à 5 rn de haut, à nombreuses tifications grêles, entremêlées, formant des fourrés impénétrables ; branches brun geâtre ou blanchâtre ; deux épines stipulaires caractéristiques, l'une dressée, tre recourbée. "euilles glabres largement elliptiques, glauques, parfois presque circulaires, arron; aux deux extrémités n'ayant souvent que 1,5 cm de long et 1 cm de large, symérues ou presque, bords entiers ou à peine finement denticulés. :ourtes cymes axillaires avec plusieurs fleurs jaune pâle ; pédoncule de 2 à 3 mm ong. Drupes sphériques brun doré à maturité, de 9 mm de diamètre.
Il forme des peuplements purs le long des bolons et diverticules aquatiques en contact direct avec les marées dans les estuaires envasés, depuis la Guinée portugaise jusqu'à Saint-Louis. Il en existe quelques beaux spécimens dans une lagune séparée de la mer par le cordon littoral près de Kayar (nord de Dakar). Emplois. .La qualité médicinale du palétuvier rouge n'est reconnue que par les Niominka des iles. Les feuilles et les écorces, dont le caractère astringent ne fait aucun doute, sont recommandées pour les caries dentaires, sous forme de décoctés, en gargarismes. Les dents cariées sont ensuite raclées avec un frotte-dents (tige de citronnier, de Balanites ou autre) imprégné du liquide puis obturées avec une pâte de feuilles. Comme nous l'avons indiqué ci-dessus, l'écorce de Palétuvier est extrêmement riche en tanin catéchique (15 à 47 p. 100),
!Jitat.
1 forme des peuplements dans les vallées inondables ·du Sénégal, de la Gambie si que dans celles de letirs ammints et défluents. Il est ripicole le long du Niokolo ba, la Koulountou, le/Niéri-Ko, etc. Il occupe également les mares longuement ndées dans ces mêmes régions.
/
tplois.
:ette espèce ne nous a été signalée qu'au Sénégal oriental (région du Niokolo) où utilise en application la poudre des épines carbonisées pour le traitement des mores de serpent.
81. -
RHIZOPHORACÉES
~amille tropicale renfermant surtout des arbres de la forêt dense guinéenne et des ngroves littorales. )eux genres existent au Sénégal : Cassipourea, arbuste localisé dans les dépressions nides et au bord des rivières et Rhizophora. ,es seuls végétaux intéressants de cette famille sont les Rhizophora (Palétuviers) lt les écorces astringentes de couleur rouge, renferment de 15 à 45 p. 100 de tanin nature catéchique. Le suc desséché de certaines espèces fournit des kinos.
82. -
ROSACÉES
Famille très répandue dans les régions tempérées, peu représentée entre les tropiques. Deux genres existent au Sénégal : Chrysobalanus qui ne s'éloigne pas de la côte et Parinari avec trbis espèces arborées dont une guinéenne (P. exce/sa) et deux soudaniennes (P. curatellifolia et P. macrophylla). Par inari macrophylla occupe surtout les secteurs côtiers sablonneux. Il est vraisemblablement originaire du golfe de Guinée, mais il remonte jusqu'à Saint-Louis à la faveur de l'humidité du littoral. C'est une famille hétérogène qui a des graines sans endosperme. Les Rosacées fournissent à la matière médicale un certain nombre de drogues bien connues avec les genres Potentilla (rhizomes de Potentille), Quillaya (écorces de Panama), Prunus (écorces de Prunier de Virginie, feuilles de Laurier-cerise, graines d'Amandier doux et amer), Brayera (fleurs de Kousso), Cydonia (graines et fruits de Coing) Crataegus (fleurs et inflorescence d'Aubépine), Cerasus (queues de Cerise), Rosa (fleurs de Rose), etc. La chimie de ces drogues est connue : on trouve des tanins, des hétérosides cyanogénétiques ou non, des saponosides, des gommes, des mucilages, mais pas d'alcaloïdes.
L - Chrysobalanus orbicularis Sebum.
- Rhizophora racemosa G. F. W. Mey. VuLGO.- Palétuvier rou~e. VERN.- Wol. sanar, màgo, màgi ; ser., niom. màgli.
das; diola
fu sol (Berhaut),
VULGO.- Prune Icaque. SvN.- Chrysabolanus icaco Oliv. (de FTA). VERN.·- Wol. rad, vorac; ser. vanara; niom.
ibanara.
Caractères remarquables. Cl. Addenda, p. 804.
Arbuste à branches dressées, mais plus souvent buissons très ramifiés, denses, étalés sur le sol ; rameaux très lenticellés. Feuilles alternes d'environ 7 cm de long sur
.
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5 cm de large, orbiculaires ou ovales-orbiculaires, arrondies ou émarginées au sommet, courtement cunées ou arrondies à la base, glabres, épaisses, grasses au toucher ; pétiole court de 3 mm. Cymes axillaires denses de fleurs blanchf!S avec des bractées ovales couvertes de poils apprimés. Pétales glabres ; filets poilus. Drupes ovoïdes glabres, rougeâtre foncé à maturité, de 2,5 cm de long renfermant un noyau ovoïde côtelé. Habitat. Il est très commun dans les sables du littoral. Emplois. Cette espèce nous a été signalée deux fois seulement : dans la région de Niodior, aux tles du Saloum, où les Niominka reconnaissent des propriétés laxatives aux fruits et dans la région de Kébémer où les wolof reconnaissent au ·contraire aux fruits, aux feuilles et aux écorces des propriétés antidiarrhéiques.
5 Chimie. Le fruit tel que consommé à Dakar contient 13,7 p. 100 de glucides et 0,02 p. 100 de vitamine C ; l'amande est riche en glucides et lipides, respectivement 37 et 23 p. 100 [T3].
2.- Parinari curatellifolia Planch. ex Benth. 1
Mal., bamb., socé tâmba, tutu ; peul, toue. pula noir).
VERN. -
mp.patabaley ( = md-
Caractères remarquables: Petit arbre de 6 à 7 rn, à ffit rarement droit, bas-branchu ; rameaux contournés évasés ; cime claire ; écorce noirâtre, fissurée et découpée en petites écailles carrées. Feuilles alternes, oblongues elliptiques ; pétiole court de 5 mm avec deux glandes à la partie supérieure ; limbe coriace de 14 sur 6 cm avec une pubescence blanchâtre dessous et 17 à 20 paires de nervures latérales parallèles, très proéminentes à la face inférieure. Panicules terminales tomenteuses, argentées ; fleurs blanches ; calice à cinq dents aiguës, velues. Drupes subglobuleuses ou ovoïdes, de 3 cm de diamètre, brun orangé à maturité avec de nombreuses pustules claires ; pulpe épaisse à goût de pruneau lorsqu'elle est bien mûre. Habitat. Il vit en peuplements clairs dans les sables humides au sous-sol argileux de la région Kolda-V élingara. Emplois. * Le mâpatabaley est très peu utilisé en thérapeutique et seul l'usage de son écorce nous a été signalé en pays Fouladou sous forme de décocté contre les coryzas et les bronchopathies. Pharmacodynamie. Les extraits aqueux d'écorce de racine sont actifs sur les organismes Gram
• La pulpe du fruit est comestible et a un goi\t agréable.
+ [M130l
~~l(-....._ :i~~~M.Fw. 36. -- Parinari excelsa Sabine. - 1. Rameau réduit aux 2{:!. -· 2. lnflorescenc<• réduite aux 2/3. - 3. Fleur x 4. - 4. Coupe de la lieur x 4. - :i. Fruit réduit aux . 2/:l (D'après Busson).
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3.- Parinari excelsa Sabine VuLGO.- Prunier de Guinée. SY.N.- Parinari holstii Engl., Parinari elliotii Engl., Parinari tenuifolia A. Chev. VERN. - Wol. lay (Berhaul), mâpata ; ser. lo (Berhaut) ; mand., socé tâmba, tâmbakunda; peul màpata, mâpatadé; diola bu songay (Berhaut); diola Fogny, diola Tendouk buyel ; diola Diembéreng nina ; bain. hlaré ; bal. féfé, fé. Caractères remarquables. Grand arbre atteignant 25 rn, à fflt puissant, cylindrique un peu élargi à la base ; écorce rugueuse gris clair ; branches robustes formant une cime un peu étalée ; jeunes rameaux pubescents. Feuilles alternes, ovales elliptiques de 9 sur 4 cm, arrondies ou courtement cuné.es à la base, acuminées au sommet avec une vingtaine de nervures latérales parallèles, étalées, saillantes à la face inférieure ; limbe recouvert d'un tomentum blanchâtre avec deux glandes à la base ; pétiole de 8 à 12 mm. Fleurs pubescentes en courtes panicules axillaires subterminales à l'aisselle des feuilles ; pétales blancs. Drupes sphériques ou ovoïdes, d'environ 3 cm de long à épicarpe rugueux ; pulpe épaisse à saveur âpre pendant la maturation, légèrement sucrée ;): maturité. Habitat.
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Il est commun en Casamancé maritime et se trouve éparsément le long de la côte dans les sols frais, jusqu'aux environs de Dakar. · Emplois. Les indications thérapeutiques de P. excelsa sont assez nombreuses : le macéré de racines en usage interne est considéré comme anti-migraineux et anti-entéralgique, mais on le prescrit aussi pour combattre la stérilité féminine ; en usage externe il est considéré comme hémostatique et cicatrisant. Le décocté de racines, sous forme de boissons, bains, massages, fumigations est recommandé pour les courbatures, les douleurs fébriles et intercostales, les rhumatismes. Le décocté d'écorces est utilisé comme antidiarrhéique. Les vapeurs émises par le décocté aqueux bouillant de rameaux feuillés auraient des propriétés sédatives pour les gingivites, stomatites et douleurs dentaires.
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Chimie. Le fruit est comestible. D'après les analyses diététiques de Toury [T3), il contient en particulier pour 100 g: 37,9 g de glucides, 31 mg de vitamine Cet 145 mcg d'équivalent vitamine A. Selon les résultats du screening de Bouquet sur l'espèce congolaise, il existerait des flavonoïdes dans les écorces (traces), les racines (quantités notables) et des tanins, principalement dans les écorces. Ecorces et racines, par ailleurs, donnent des tests négatifs pour alcaloïdes, saponosides, quinones, glucosides cyanogénétiques [B210].
4.- Parinari macrophylla Sabine. VuLGO.- Pommier du Cayor. VERN.- Wol. néu, néo; ser. daf, idaf; mand. tâba; bamb. wo (Berhaut) ; peul, toue. naodé, neudi ; dio/a Fogny ba, baabu ; dio/a de Efok bue!; diola de Diembéreng nuhuntan; bain. kifokum; mandj. bunou.
FIG. 37. - Parinari macro phyl/a Planch. ex Ben th. - 1. Rameau réduit aux 2/3. 2. Détail des glandes à la base du limbe x 2. -- 3. Bouton x 4. - 4. Bouton s'entrouvrant x 4. - 5. Fleur x •1. - 6. Fruit réduit aux 2/3 (D'après Busson).
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Caractères remarquables. Buisson, ou arbre de 8 à 10 rn à fftt droit, cylindrique, peu élevé ; écorce rugueuse ; cime arrondie ; jeunes branches pubescentes. Feuilles alternes ovales, arrondies ou cordées à la base, arrondies ou obtuses au sommet, de 18 sur 10 cm, avec 15-20 paires de nervures latérales proéminentes dessous ; nervilles réticulées ; limbe densément tomenteux, pubes<;ent dessous. Courtes panicules terminales de fleurs blanches densément tomenteuses. Drupes subsphériques ou légèrement ovoïdes de 5 cm de diamètre, finement verruqueuses, brun doré à maturité ; pulpe épaisse, sucrée à maturité.
83. -
Habitat. Il est très commun dans les sables littoraux où, soumis aux vents, il reste souvent buissonnant. Il existe à rintérieur du pays dans les sables du Cayor et dans certaines vallées humides soudmüennes également sablonneuses. Emplois. La drogue ne jouit pas d'un grand crédit auprès des guérisseurs professionnels : en basse Casamance, les racines grossièrement pilées ou pulvérisées sont utilisées comme hémostatique, plus particulièrement, chez les Baïnouk et les Efok, pour les plaies de la circoncision ; dans le 'cayor, la poudre de racines séchées entre quelquefois dans des préparations antivenimeuses avec le fuf (Securidaca longepedunculata); dans le Sine, le décocté du fruit est considéré comme antidiarrhéique et les racines comme charme protecteur contre les mauvais sorts. Chez les Wolof, également, les racines sont chargées d'une grande puissance magique et mystique pour délivrer les individus tourmentés par les rab (esprits ancestraux) J les possédés du diim (mangeur d'âme). 1 i En médecine populaire P. macrophy/la est très employé comme anti-od!l'lltalgique. :Sous avons noté que chez un marchand de simples du marché Tilaine à Dakar, les écorces étaient très demandées pour les maux de dents et confirmation de cet usage nous a été donné au cours de nos différents déplacements au Sénégal dans toute la zone de dispersion de l'espèce. On pratique dans ce but des gargarismes avec le décocté d'écorces, ou encore avec le décocté de feuilles et la pulpe séchée du fruit. Chimie et pharmacologie.
P. macrophylla est, en fait, la seule Rosacée sénégalaise sur laquelle on possède quelques données d'ordre chimique. Dès 1898, Heckel [H14] indiquait que le noyau se composait de 85 à 96 p. 100 de coque et 14 à 15 p. 100 de graine, le noyau donnant 9,43 p. 100 et la graine seule 62,4 p. 100 d'huile jaunâtre siccative. Sosa confirmait plus tard [S23]la présence de cette huile siccative, ainsi que celles de sucre, de protéine et d'enzymes. Il signalait en outre que l'acide cyanhydrique n'existait pas dans les graines et que l'activité estérasique, nulle pour l'amande entière ou déshuillée, était par contre notable pour les poils endocarpiques. Par la suite le même auteur signalait dans l'amande la présence de deux phytostérols, les parinarium-stérols A et B de formule brute C, 8 H. 8 0 et dans les poils endocarpiques la présence de palmitate de céryle [S24]. Au Sénégal Toury [T3] a trouvé pour 100 g d'amandes 64,2 g de lipides, 17,6 g de protides, 12,7 g de glucides, 4 mg de vitamine C, 105 mcg d'équivalent vitamine A. L'huile de l'amande, dite huile de néou, a la composition centésimale suivante en acides gras : oléique 40, éléostéarique 31, linoléique 15, palmitique 12 et stéarique 2 [E7]. En 1945 nous avions vu chez un man·han
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RUBIACÉES
Très importante famille tropicale renfermant de nombreux arbres et arbustes. On y rencontre aussi quelques herbes, mais celles-ci sont mieux représentées daris les régions tempérées. Les Rubiacées sont aisément reconnaissables à .leurs feuilles opposées, simples. entières, stipulées, à leurs fleurs régulières aux anthères séparées et à l'ovaire infère, Elles sont présentes dans tout le Sénégal avec 30 genres, mais peu abondantes dans le Sahel (Borreria, Mz'tracarpus, Mitragyna). La plupart des gènres sont d'origine guinéenne ; dans le soudanien on rencontre surtout Borreria, Cahthium, Crossopteryx, Feretia, Gardenia, Macrosphyra, 0/denlandia, etc. La famille des Rubiacées occupe une place prépondérante dans la matière médicale avec des drogues fébrifuges et antimalariques (Quinquinas), émétiques et anti-amibiennes (Ipécas), diurétiques et stimulantes cardiaques (Caféier), sympatholytiques ( Yohimbe), etc. Ces drogues sont essentiellement caractérisées au point de vue chimique par la présence d'alcaloïdes pharmacologiquement actifs appartenant à quatre groupes principaux : - Quinoléine, avec quinine, cinchonine, quinidine, etc (Quinquinas). -- Isoquinoléine, avec émétine, céphéline, psychotrine, etc. (Ipécas). - Bases puriques, avec caféine (Caféiers). - Indoliques avec yohimbine, mitragynine (Yohimbe, Corynanthe! Mitragyna). Parmi les plantes citées deux d' entrjl elles au moins peuvent être considérées comme industrielles : les Caféiers et les QuiJ'quinas.
1.- Borreria chaetocephala (DC.) Hepper var. chaetocephala. SYN. - Spermacoce clwetocephala DC., Spermacoce hebecarpa (Hochst. ex A. Rich.) Oliv., Borreria stachydea Hutch. et Dalz. (de FWTA), Borreria ruelliae K. Sebum. (de FWTA). VERN. - Wol. ndatukan•,
également donné au M ilracarpus sc aber.
PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADITIO!(
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SvN. - Spermacoce radiata (DC.) Sieber ex Hiern VER:-!.- Wol. selkulewa (Berhaut), nakurar, ndictôbop, dictii bop ( = grosse tête) ; bamb. duractiri (Berhaul) ; dio/a karibun (Berhaut). Caractères remarquables. Herbe annuelle, dressée, ligneuse à la base, ramifiée ou non si elle est peu développée ; tiges densément poilues, quadrangulaires, souvent rougeâtres, pouvant atteindre plus de 50 cm de haut, mais restant naines et ne dépassant pas quelques centimètres dans les sols secs prédésertiques du Sahel. Feuilles linéaires, de 4 cm sur 5 mm, avec une nervure marginale épaississant Je bord de la face inférieure; stipules pubescentes à l'extérieur avec des appendices filiformes de 6 à 10 mm de long. Inflorescences en têtes compactes, terminales ou subterminales, entourées par les feuilles rayonnantes qui sont alors verticillées en apparence. Petites fleurs mauve pâle ou blanches.
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Sous-arbrisseau buissonnant vivace atteignant 1 rn de haut, lignifié à la base, glabre, dressé, avec de nombreuses ramifications ; tiges légèrement anguleuses ; fourreaux des stipules glabres ou scabres. Feuilles glabres oblancéolées, de 4 cm sur 7 mm. Inflorescences terminales et axillaires sphériques, compactes, de 10 à 15 mm de diamètre, avec généralement deux bractées feuillées de 1 cm de long à la base ; petites fleurs blanches. Habitat. C'est une plante très commune dans tous les lieux humides. Elle forme des peuplements étendus dans Je delta du Sénégal et dans sa vallée. Elle est banale près des rizières de la Casamance et dans toutes les dépressions des secteurs littoraux, notamment dans le Sine. ' Emplois. Cette petite rubiacéê est d'activité reconnue par Jes guérisseurs comme antilépreux, antifuronculeux, antiparalytique, diurétique, (bilharziose, blennorragie), abortif, et aussi, en usage vétérinaire, comme galactagogue. En Casamance, on emploie comme antilépreux Je décocté de plante entière avec d'autres espèces actives telle que Psorospermum senegalense. Dans Je Nguémar (préfecture de Matam) au village de Diané Baella, où exerce un guérisseur de lèpre célèbre dans la région, ce sont les feuilles et les inflorescences de B. verlicillata qui sont à la base des traitements pratiqués par voie interne et externe. En Casamance encore, on soigne couramment les panaris et les furoncles par application d'une pâte obtenue en pilant les feuilles au mortier avec de l'huile de toulon" _couna (extraite du Carapa procera). 1 " Les feuilles entrent avec ·natura mele/ et Adansonia digilala dans le 1traitement 1 externe, par onctions, de la maladie appelée èndu en peul-toucouleur et qui serait une forme de paralysie. · Les propriétés laxatives et surtout diurétiques de la drogue sont reconnues partout et on les accentue encore par addition d'autres espèces comme le Zizyphus mauriliana et l' Euphorbia balsamifera pour la blennorragie, Je Securinega virosa pour la bilharziose chez les Sérer du Sine. Il nous a été enfin signalé par les Wolof du Walo une composition abortive à base de racines de B. vcrticillala, d' Ipomoea repens et de terre de nid de mouches maçonnes.
Habitat. Plante très commune dans tout le Sénégal, surtout dans la région sahélienne et le nord de la région soudanienne où elle forme des peuplements purs dans les sols légers cultivés ou non. Emplois. Cette espèce, confondue avec B. stachydea, serait diurétique et est quelquefois utilisée dans le Cayor comme antigonococcique. 1
3. ~ Borreria stachydea (DC.) Hutch. et Dalz. var. stachydea SvN. - Spermacoce stachydea DC., Spermacoce leucaeda Hochst. ex Hiern, Borreria leucaeda (Hochst. ex Hiern) K. Schum. VERN. - Wol. dictô bop ( = grosse tête); ser. ndaragor, turkundul (Berhaut). Caractères remarquables. Herbe annuelle, dressée, parfois étalée, à tige robuste atteignant 50 à 60 cm de haut, quadrangulaire, à angles arrondis, entièrement pubescente. Feuilles scabres dessus, linéaires ou lancéolées, de 6 cm sur 10 mm ; feuilles du som-. met rapprochées, simulant un capitule terminal. ' Glomérules terminaux ou axillaires de 2 à 3 cm de diamètre, entoures de larges feuilles bractéales parfois réduites à une petite feuille ; lobes du calice de 4 mm de long. Capsules séparées les unes des autres par écartement du glomérule à maturité, longues de 4 à 5 mm, dressées, mélangées de bractées ; graines ovales de 4 à 5 mm de long.
Pharmaco~nosie
et chimie.
Dans un travail récent, Escalante et colL ont fait une étude pharmacognosique des racines de B. verticillata dont la poudre, dénommée en Argentine Faux-ipéca, est quelquefois employée comme substitution de celle de l'Ipéca officinal [E13). A cette occasion, ils ont donné les caractères de différenciation morphologiques, histologiques, chimiques des deux espèces et proposé en particulier la réaction de Snelling, technique de Wallis, pour différencier les alcaloïdes. Dans une thèse [010) et un article [011) consacrés à B. vetticillala, Orazi a fait J'historique de l'étude de la drogue. Il a trouvé dans les racines 0,10 p. 100 d'alcaloïdes et signalé parmi ceux-ci la présence d'émétine en notant J'absence de céphéline. Escalante et colL, dans les travaux cités ci-dessus et postérieurs à ceux d'Orazi, ont trouvé dans les mêmes organes de 0,05 â 0,26 p. 100 d'alcaloïdes totaux [E13). L'étude chromatographique qu'ils en font, comparativement avec celle des alcaloïdes de l'Ipéca, les conduit à la conclusion que B. verlicillata ne contient pas d'émétine, mais un autre alcaloïde, vraisemblablement la céphéline ou une autre base de RF très voisin. Dans un mémoire important datant de 1963, Moreira fait, de son côté, une revue bibliographique des données pharmacognosiques et chimiques sur cinq espèces de Borreria dont JJ. verlicil/ata chez lequel il a examiné en détail la constitution alcaloïdique des racines, tiges, feuilles et somnités fleuries. Seul D. L>erticillala renferme de J'émétine dans les racines. Parmi les dosages eiiectués par les auteurs, citons ceux qui ont été réalisés par la n1éthode gravimétrique de la pharmacopée française et qui ont abouti aux résultats s :vants comparativement avec les résultats obtenus sur les
Habitat. Espèce très commune sur le bas-côté des routes et pistes de toute la région soudanienne et dans les jachères, rare dans les formations climaciques. Emplois. Ce Borreria confondu avec le précédent est considéré également comme diurétique. ~
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Caractères remarquables.
2.- Borreria radiata DC.
4.
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
Borreria verticillata (L.) G. F. W. Mey. Svr>.- Spermacoce verlicillala L., Spermacoce globosa Schum. et Thonn. VERN.,..- Wol. siniur ,(d'après Dalziel), ndatukan u gor ( = ndatukan mâle), mola, sanêt ; ser. faduala (Berhaul), murax ; mal. gintrina, komusuro (d'après Dalziel) ; bamb. som som; peul, toue. sâmtardé; peul Firdou el Fouladou gudurdel ; dio/a karibun (Berhaul) ; dio/a Pogny asêpul éribum ; floup éyom ; mandj. kukêdân.
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TH.ADITIOr(
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racines d'Ipéca : Alcaloïdes totaux 0,13 p. 100 (2,12 p. 100 pour l'Ipéca), alcaloïdes non phénoliqù'es 0,12 p. 100 (1,27 p. 100 pour l'Ipéca) [M45]*. Cf. Addenda pour les recherches sur l'espèce sénégalaise, p. 801.
Arbuste ou petit arbre de 6-7 rn de haut, bas-branchu, mal conformé, à br,anches tortueuses et à cime irrégulière. Ecorce li~se, grisâtre, finement écailleuse, cassante ; rhytidome à tranche brune ; écorce brun orangé clair. Feuilles ovales, acuminées au sommet, arrondies à la base, de 9 sur 5 cm ; 6-7 paires de nervures latérales ascendantes vers les bords, très saillantes dessous ; stipules triangulaires plus ou moins persistantes ; pétiole de 1 cm de long. Elles jaunissent avant de tomber au début de la saison sèche. Corymbes terminaux très ·fleuris. Fleurs blanches, très parfumées, pubescentes, avec des petites bractées à la base des pédicelles ; tube de la corolle de 8 mm de long ; style longuement exsert terminé par un stigmate en forme de languette. . Capsules noirâtres à maturité, sphériques de 1 cm de diamètre, avec la cicatrice circulaire des sépales au sommet. Elles s'ouvrent en deux, en laissant échapper deux graines plates ailées.
En Argentine des propriétés émétiques ont été reconnues à la drogue par Moreira (l\145]. Les extraits aqueux et éthanoliques de racine de l'espèce brésilienne ont une action stimulante sur l'utérus de rate et sur le tonus du duodénum de lapin ; ·ils sont atoxiques pour les souris et les poissons, sans actionsur la pression sanguine et la respiration du chat, sans action sur le muscle strié du crapaud et l'intestin de cobaye [B200]. La recherche de l'activité insecticide des extraits de plante entière n'a pas donné de :résultats significatifs [H57].
5.- Cephaëlis peduncularis Salisb.
Habitat. Il est très commun dans toute la région soudanienne du Sénégal.
SYN. - Uragoga peduncularis (Salisb.) K. Schum., Uragoga thorbeckei K. Kra use V'ERK.- Dio/a kabugey, budilen (Berhaut); {loup bugilen; dio/a Séléki bububuay, bulibâ ; bain. kibod.
Emplois. C. (ebri(uga est une espèce appréciée des guérisseurs. Les Socé, tout en ne commettant pas de confusion de reconnaissance, lui donnent le même nom qu'au Nauclea lati(olia et lui reconnaissent aussi les mêmes emplois thérapeutiques : action calmante du décocté d'écorce et de feuilles dans tous les maux de poitrine. Pour les Manding le macéré d'écorces est anti-entéralgique ; pour les Casamançais ce serait un excellent diurétique antigonococcique et anti-orchitique et pour les Peul-Toucouleur un galactagogue. D'ailleurs ces derniers utilisent les é~rces soit seules, soit avec d'autres drogues, · mais toujours additionnées de sel, comme remède reconstituant pour le bétail amaigri et comme galactagogue pour les vaches. Dans le Sénégal oriental les Manding et les Bassari recommandent les écorces et les feuilles comme fortifiant. Les Manding du Ferlo font entrer les feuilles dans certains traitements des maladies mentales. Les effets secondaires de la médication par les préparations d'écorces detrone et de racines seraient diurétiques et, si la dose est forte, éméto-cathartiques.
Caractères remarquables. Arbrisseau pouvant atteindre 1,75 rn de haut, dressé, plus ou moins ramifié et à branches érigées. Feuilles glabres dessous, obovales, de 15 sur 7 cm, courtement acuminées:ilu sommet, longuementcunées à la base; 12 à 15 paires de nervures secondail'ès; grand~ stipules ovales, acuminées, ·minces, blanchâtres, souvent laciniées (bour~eon terminal). Fleurs blanches en capitules denses axillaires à l'extrémité d'un pédoncule de 5 à 10 mm ayant deux lignes de pubescence longitudinalement opposées ; lobes du calice pubescents. Baies noires à maturité contenant deux graines striées. Habitat.
Emplois. Cette espèce, qu'on rencontre en Casamance, semble surtout prescrite en usage interne pour les maux de ventre et les coliques, en usage externe pour le traitement des plaies et des caries dentaires.
6.- Crossopteryx febrifuga (Afzel. ex G. Don) Benth. SYN. - Ronde/elia (ebri(uga Afzel. ex G. Don, Crossopleryx kotschyana Fenz!., Ronde/elia a(ricana T. Winterb. VERN. - Ser. balimbub (Berhaut); mal. kêké (Merlier), balimba, balimbo ; bamb. kalakari, breka kesa (Merlier), balêbo, dâgaradâ ; mand. wala iro, balim buwo ;-socé korom kôdom; peul tékey, belenedé (Aubrévi/le) ; peul Fouladou laloy (singulier), laloji (pluriel) ; peul, toue. monirki, moniriki, monéréki ; bain. tsi kolô "'âto ; land. gaiames, inglé!lâ ; bas. akodonen.
• Rappelons que la pharmacopée française exige pour l'Ipéca officinal au minimum 2 p. lOO d'alcaloïdes totaux, dont 60 p. 100 au moins doivent être constitués par des alcaloïdes non phénoliques.
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Caractères remarquables.
Pharmacologie.
Il est commun en Casamance maritime dans les bosquets boisés et à la limite des rizières. Il suit le littoral jusqu'aux niay des environs de Dakar. Il existe également dans les galeries soudaniennes constamment humides.
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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Chimie. Les travaux anciens de Hesse (1879 à 1895) mentionnaient pour cette espèce l'absence de quinine, mais la présence de crossoptérine, substance alcaloïdique amorphe et amère, insoluble dans• l'eau, soluble dans l'alcool, l'éther, les acide!' dilués. Etudiant cette espèce sous Je nom de Crossoptery.r: kotschyana, Blaise, en 1932, caractérise dans les écorces un hétéroside amer, la ~-quinovine, un rouge phlobaphénique analogue au rouge cinchonique (du Quinquina), un phytostérol et un alcaloïde cristallisé, la crossoptine, de formule C10 H 13 0 2 N [B90]. Par la suite, H.aymond-Hamet met en doute l'authenticité des échantillons examinés par Blaise en tant que Crossoplcryx et estime qu'il s'agissait en réalité des écorces d'un 1\litragyna, la crossoptine de Blaise étant alors, en fait, la mitrinermine [R55]. Quoi qu'il en soit, selon Saxton [S96], la crossoptine (rhyncophilline), identique à la crossoptérine de Hesse, est encore inconnue. Les tests pratiqués par Haerdi,au Tanganyika sont positifs pour la présence d'alcaloïdes et de saponosides [H18]. Ceux de Persinos au ~igeria, avec les écorces, sont positifs pour les alcaloï
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADITIO{
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nombreuses bases sympatholytiques des Rubiacées, il ne semble guère modifier l'action hypertensive de l'adrénaline (B90]. Marwick a signalé en 1963 [M59] que les deux poisons utilisés pour les ordalies en Rhodésie. du Nord étaient l' Erythrophleum guineense et C. febri{uga ce qui laisse penser que cette dernière espèce est également toxique. L'écorce de la racine, testée par Spencer pour ses propriétés antipaludiques supposées 11 donné des résultats négatifs [S95].
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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Habitat.
Il est répandu dans tout le Sénégal, depuis la valléjl du Fleuve jusqu'en Casamance, mais épars et ne formant que rarement des taches. Il préfère les sols compacts à proximité des mares temporaires sahéliennes et les lieux où l'eau s'accumule en saison des pluies ; on le trouve également à la limite des bowé et dans les sols ferrugineux. . Emplois.
7.- Fadogia erythrophloea (K. Sebum. et K. Krause) Hutch. et Dalz. SYN. - Vangueria erythrophloea K. Schum. et K. Krause, Vangueria dalzielii Hutch., Fadogia djalonensis A. Chev. ex Robyns, Fadogia cinerascens Robyns, Fadogia leucophloea Hiern var. djalonensis ·Aubrév. VERN. - Bamb. konindé (Berhaut) ; land. gamôlset; bas. anin kôked, anen dékénen. Caractères remarquables.
Arbuste de :! à 4 rn, branchu dès la base, à rameaux contournés, recouverts d'une pubérulence rouge. Feuilles verticillées par trois, elliptiques, subsessiles, obtuses au sommet, cunées à la base, de 5 sur 3 cm. Grappes compactes axillaires de fleurs jaunâtres, très parfumèes, apparaissant en saison sèche lorsque la plante est défeuillée ; lobes du calice oblongs de 2,5 mm de long, corolle de 4,5 mm avec 5-6 lobes. Drupes de 1 cm de diamètre avec 1,2 ou 3 graines sphériques légèrement asymétriques, bilobées ou trilobées selon le nombre de graines, avec les vestiges des sépales au sommet. Habitat. f
F. apodanlhera est assez estimé dans le Djolof par les Peul-Toucouleur qui l'utilisent en médecine humaine pour les urétrites, les adénites, les maux de rein (décocté de racines en bains et boissons) et en médecine vétérinaire pour rendre les vaches prolifiques (poudre de feuilles dans l'alimentation). Dans les autres régions, à l'exception des zones guinéennes, oà il n'est pas répandu, on le considère comme un bon antientéralgique et on le rencontre comme composant dans des préparations antinauséeuses, antisyphilitiques et plus spécialement calmantes pour les agités mentaux. Dans le Cayor, les Wolof recherchent les Tapinanlhus parasitant de préférence les Feretia : ces spécimens auraient alors des propriétés béchiques et antispasmodiques particulièrement marquées.
9.- Gardenia erubescens Stapf et Hutch. SYN. - Gardenia triacantha var. parvilimbis F. N. Williams, Gardenia ternifolia Sebum. et Thonn. (de FWTA). VERN. - Wol. ndi buton bu digen, de buton dudigen ( = Gardenia femelle); mal., bamb. buré, mburé; mand. tâkâ muso ( = Gardenia femelle) ; " peul. boeli ; dio/a bulêg (Aubrévi/le).
Rare au Sénégal, il n'a été rencontré que dans la région des collines de Kédougou. Caractères remarquables. Emplois.
Dans le Sénégal oriental, chez les Tendanké et les Bassari, on reconnaît aux racines des propriétés antientéralgiques dans les cas de constipation avec douleurs intestinales brusques en coups de poignard (comme s'il s'agissait d'une crise d'appendicite). L'administration se fait sous forme d'aliment, la poudre de racine étant ajoutée à la viande qu'on fait cuire à l'accoutumée et qu'on absorbe aux repas.
8.- Feretia apodanthera Del. SYN. - Ferelia canthioides Hiern VERN.- Wol. nalafun, sâiar, sâier; ser. ieker (Berhaut), sekiir; mal. sungalani, dura sungalani, munuma (Aubréville); bamb. dara sunkalani (Ber haut); sar. durubadé ; peul, toue. tôbi, tôbida;' bas. atikayarâ. Caractères remarquables.
Arbrisseau de 2 à 3 rn de hauteur, très rameux, à branches grêles, tortueuses, dressées puis retombantes, entremêlées, pubescentes, rougeâtres ; écorce se détachant par lamelles sur les vieilles branches. Feuilles obovées ou uvées elliptiques de 5 sur 2,5 cm ; pétioles de 3 à 4 mm pubescents ; 3 à 5 paires de nervures latérales. Elles sont pubescentes dèssous surtout dans le jeune âge. Nombreuses fleurs blanches ou rosées, très parfumées, groupées à l'extrémité des pousses de l'année et apparaissant avant ou au début de la feuillaison ; pédicelles de 5 à 10 cm de long avec une ou deux bractées au sommet ; calice glabre à lobes linéaires ; corolle en tube de 1,5 à 2 cm de long avec cinq lobes étalés. Anthères exsertes, de près de 1 cm ; style bifide ; ovaire à deux loges contenant 2-3 ovules par loges. Baies sphériques pédonculées de 6 à 7 mm de diamètre avec les sépales persistants au sommet.
Arbuste de 1,50 rn à 2 rn, branchu presque dès la base, à rameaux contournés évasés ; écorce lisse, jaune pâle ; jeunes pousses pubescentes. Feuilles groupées à l'extrémité des rameaux, glabres, rarement pubescentes, abruptement et longuement cunées le long du pétiole à la base ; quatre paires de nervures latérales et nombreuses nervures tertiaires, réticulées sur les deux faces, apparaissant de couleur rougeâtre sur la face inférieure du limbe resté blanchâtre ; limbe de dimensions très variables, les feuilles des rejets pouvant atteindre 15 cm de long sur 10 cm de large. . Fleurs parfumées, blanches tournant au jaune, axillaires, solitaires, à calice densément tomenteux ; lobes filiformes ; tube d'environ 5 cm de long et généralement 6 lobes de 7 cm. Baies peu fibreuses, légèrement charnues, ellipsoïdes, de 5 à 8 cm de long, jaune pâle à maturité, souvent légèrement arquées. Habitat.
On ne le rencontre que dans les savanes arbustives ou arborées du Sénégal oriental, la haute et moyenne Casamance. Emplois.
Dans l'habitat de G. erubescens, des préparations d'écorces (usage interne) sont conseillées pour les troubles gastro-intestinaux des enfants et des préparations de racines ou de feuilles (usage interne et externe) pour la syphilis. Chimie. Différents tests phytochimiques pratiqués sur les feuilles et les écorces de tiges de l'espèce nigériane et concernant les alcaloïdes, les tanins, les saponosides se sont révélés positifs pour les tanins dans les feuilles, pour les saponosides dans les écorces de tige (P85].
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PHAH.MACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADITI(
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10.- Gardenia spp.
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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Caractères remarquables. Arbuste haut de 2-3 rn, bas-branchu, ressemblant au G. ternifolia; rameaux par verticilles de trois. Feuilles groupées à l'extrémité des rameaux, pubescentes, scabres sur les deux faces, obovales, brusquement et longuement cunées à la base ; limbe de 10 sur 5 cm, longeant le pétiole jusqu'à son point d'attache ; nervures latérales proéminentes sur les deux côtés, au nombre de 6 à 8 paires. Fleurs blanches tournant au jaune, très parfumées, solitaires, axillaires, sessiles ; calice à lobes oblongs linéaires, variable de formes ct de dimensions, de 3 à 10 mm de long, tube de la corolle glabrescent de 4 à 6 cm et lobes de 3 à 5 cm de long. Drupes fibreuses, lignifiées, ovoïdes, d'environ 7 cm de long· sur 5 cm de large, avec souvent 10 côtes.
A propos de tous les Gardenia signalés, il importe de mentionner qu'en raison des caractères voisins des espèces il y a souvent confusion au sujet des noms donnés par les guérisseurs. Mais comme d'une part il s'agit toujours de renseignements fournis au pied du végétal vivant, et que, d'autre part, chaque guérisseur, pour faire sa provision de drogues, choisit régulièrement dans la brousse le même lieu de récolte et généralement aussi, jusqu'à épuisement, un seul individu par espèce, le nom scientifique correspondant aux indications citées présente le maximum de garanties. Tenant compte de ces considérations nous avons noté comme noms vernaculaires pour chaque Gardenia ceux qui nous ont été le plus souvent signalés et paraissent s'identifier le mieux avec l'espèce. ·
Habitat.
11. - Gardenia ternifolia Sebum. et Thonn.
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.
Du fait de sa ressemblance avec le G. ternifolia, ses préférences édaphiques et sa répartition au Sénégal sont mal connues. Nous l'avons remarqué comme le G. ternifolia.dans les sols variés, argileux, sableux et ferrugineux de la région soudanienne.
Svx.- Gardenia medicinalis Vahl ex Schumach., Gardenia lhunbergia Hiern (de FTA), Gardenia jovis-lonanlis Hiern (de FWTA). VERx.- Wol. dibuton bugor (Berhaul), pos, mpos, bos, mbos; ser. mpos (Berhaul); mal., bamb. buré, mburé; mand., socé tâkaô, tâkâ kéo, tâkâ {éo ( = Gardenia mdle); sar. tollé ; peul, 'tvuc. bosé, bosey (singulier), boséjé (pluriel) ; dio/a Pogny bunab bunab, kaleg ; bain. kidagal ; land. madâga, ganâga ; bas. anâga, âmâga.
Emplois, (~.
Le Gardenia lriacanllw a souvent les mêmes indications que A. terni{olia en raison de la confusion fréquente des deux espèces. II nous a semblé néanmoins qu'il était plus souvent prescrit en association dans des médications ayant la réputation d'être très actives, en particulièr pour les affections abdominales, météorisme, dysenteries (avec Strychnos spinosa), les fièvres bilieuses hématuriques (avec Combretum glutinosum, Acanthospermum hispidum), les intoxications (avec Trichilia roka). Diverses préparations sont données aux f~mmes stériles ou sujettes aux avortements : elles sont â base de racines ou de rattieaux feuillés auxquels on ajoute parfois des parties entières de Tapinanthus parasitant des Combrelum. En pays sérer, la vapeur dégagée par le décocté bouillant de graines est recommandéè comme traitement d'entretien, d'hygiène et de bonne santé des femmes enceintes. Elles le pratiquent une fois par jour en s'accroupissant au-dessus de la calebasse contenant le liquide bouillant et en formant une chambre de vaporisation avec le pagne noué à la ceinture. En pays Wolof, les racines de débuton sont vendues sur les marchés ·comme cholagogue et diurétique. L'action émétique du décocté de racines est signalé à cette occasion et il est d'ailleurs recommandé de ne pas s'atifuenter tant que des vomissements n'ont pas eu lieu. On emploie les racines dans le Walo en médecine infantile comme antidiarrhéique et antirachitique, dans le Cayor comme antilépreux, dans la presqu'ile du Cap- Vert comme excitant génésique et en usage externe comme antirhumatismal. On trouve de-ci de-lâ des traitements médico-magiques et dans le Fouta Toro des traitements des maladies mentales avec l'intervPntion de G. lriacanlha. D'autre part, dans le Sine, un informateur compétent nous a assuré que la racine de G. triacantha ajoutait à la toxicité de celle de suna (Penniselum sp.) et que le mélange des deux poudres constituait un poison criminel.
CIU'Jlctères remarquables. Arbuste de 2 rn à 3 rn, parfois plus (exceptionnellement 5 à 6 rn, mais pas au Sénégal), J>ranchu presque dès la base, à rameaux très contournés et à écorce pâl~ lisse ; jeunes branches glabres, souvent lignifiées, devenant épineuses aux extrémités, Feuilles groupées à l'extrémité des rameaux, glabres, obovées souvent petites, mais pouvant atteindre sur les rejets 2D cm sur 8 cm ; 8 à 10 paires de nervures latérales blanchâtres, réticuléPs sur les deux faces. · Fleurs très parfumées, blanches, tournant au jaune; calice glabre, lobes très variables de formes ; corolle également variable, tube de 4 à 9 cm avec généralement 6 lobes de 2 à 4 cm de large. Fruits grisâtres persistant longtemps sur les arbres, plus ou moins lenticellés, très durs, fibreux lignifiés, multiformes, généralement ovoïdes ou subsphériques i\piculés ou largement tronqués au sommet ; dimensions également variables : en moyenne de 8 cm de long sur 7 cm de diamètre ; nombreuses graines à l'intérieur d'un mésocarpe fibreux de 2 cm d'épaisseur. Habitat. Il occupe toute la région soudanienne du Sénégal ; on le rencontre souvent dans les sols compacts, argileux mais aussi dans les sables paralittoraux (Cayor) et les carapaces ferrugineuses plus ou moins inondées en saison des pluies (Sénégal oriental). Emplois.
Gardenia lerni(olia, souvent confondu avec G. lriacantha, est employé, seul, pour traiter l'ascite (macéré de racines à effet purgatif), les caries dentaires (applications de boulettes chaudes d'écorces de racines pilées et gargarismes avec le macéré), les blessures (cataplasmes d'écorces) et en association avec d'autres espèces comme stimulant. La pâte obtenue en mélangeant les écorces de petites branches de G. lernifolia et Detarium micrucarpum est recommandée par les Peul comme antihémorroïdaire.
13.- Kohautia grand.iftora DC. SYN. - 0/den/andia grandiflora (DC.) Hiern VERN. ---, Wol. ndoxom ; ser. ndohum gor (Berhaut) ; mand., socé mâdin ; dio/a ésâguté éden (Berhaut) ; bain. arey.
kol-
Caractères remarquables,
12.- Gardenia triacantha DC.
Herbe annuelle, dressée, peu ramifiée, atteignant 0,60 rn de hauteur; tiges finement scabres. Feuilles linéaires d'enYiron 5 cm sur 2 mm. Corymbes terminaux de belles fleurs rouge vif ou roses. Calice à 5 lobes de 1 mm ; tube de la corolle de 10 à 15 mm terminé par 4 lobes étalés de 3 à 6 mm de large et 6 à 7 mm de long. Capsules sphériques, glabres de 3 mm de diamètre surmontées par les 4 lobes du calice qui sont dressés et persistants.
Svx.- Gardenia nigerica A. Chev., Gardenia thunbergia Hiern (de FTA), Gardenia lernifolia Hiern (de FWTA). VERS. Wol. débuton, ndibuton; srr. mbos; bamb. buré, bulé; mand., socé tâkaô; peul, toue. dinali, dinali ·dio/a FoqnlJ kaleg; bas. ânâga aiâ.
1
1_
692
PHARMACOPÉE SÉKÉGALAISE TRADITic(
ELLE
Habitat.
Il est banal dans les anciennes cultures d'arachides où il fleurit en saison sèche. Emplois. Le plante entière est utilisée en masticatoire et en gargarismes pour les gingivites et les stomatites en général. Chimie. (Voir Oldenlandia lancifolia, p. 705).
(
PLAKTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
693
Caractères remarquables.
Herbe annuelle de 10 à 50 cm de hauteur, à tiges ramifiées, évasées, rondes, blanchâtres ou jaunâtres, pubérulentes. Feuilles lancéolées de 5 cm ~ur 1 cm, glabres dessous, scabres ou lisses dessus. Glomérules compacts axillaires de fleurs blanches entourées de stipules ; lobes du calice inégaux : deux oblongs et deux plus petits subulés ; tube de la corolle dépassant un peu le calice. Habitat.
14.- Macrosphyra longistyla (DC.) Hiern SYN.- Randia longislyla DC. VERN.- Wol. tipon néditipon (Laffltle), dapi bahon (Sébire), ten téléman (Ber haut), lem u golo ( = miel de singe) ; ser. néban, yumkoy, sumakoy (Ber haut) ; niom. indubarkat, yu rn nakoy ( = miel de singe) ; mal., bamb. kalalé, kulalé (d'après Dalziel); mand. kukuri nanêgo ; bamb. kosafiné (Berhaut) ; soeé mâkalino, mâkalinô ; dio/a banététu (Berhaul) ; bain. banitfébi. Caractères remarquables.
Arbuste sarmenteux de 3-4 rn de hauteur à branches entremêlées, ou vaguement coudées et pubescentes au moins lorsqu'elles sont jeunes. · Feuilles opposées vers l'extrémité des rameaux, obovales, orbiculaires, velues sur les deux faces ; long pétiole canaliculé de 2 à 4 cm ; limbe mince, souple, de 14 cm sùr 9 cm avec 5 à 8 paires de nervures latérales ; stipules épaisses écailleuses, ovales lancéolées de 1,5 cm de long, caduques. 1 Cymes terminales ombelliformes de grandes/ fleurs blanches, très parfumées. Calice à 5 lobes étroits, pubescents ; tube de la corolle de 3 à 5 cm de long, très poilu à l'extérieur, avec 5 lobes ovales de 10 à 15 mm de long, ondulés et étalés; style dépassant la corolle de 4 à 5 cm. Drupes fibreuses jaune verdâtre à maturité, sphériques (4-5 cm de diamètre) avec les vestiges des sépales au sommet et renfermant de nombreuses graines plates.
C'est une des plantes les plus communes, se développant dans les cultures où elle fleurit et fructifie après l'enlèvement des récoltes. Elle est également présente dans les prairies estivales du Sahel et dans les lieux ensoleillés du Sénégal, le long des routes et pistes. Emplois. Le M. scaber ne semble pas être considéré comme un médicament de grande valeur. Les feuilles figurent dans le traitement externe antilépreux du village wolof de Chérif II et dans un traitement manding antilépreux (voie interne), pratiqué dans le Niani, avec en association les feuilles de Piliosligma thonningii*. Dans le 1'\iani également l'espèce est donnée quelquefois comme antisyphilitique et antidermatosique. Dans le Sine, les Sérer signalent en usage interne l'emploi dans les maux de ventre et en usage externe l'emploi dans les céphalées etles maux de dents.
16 G. -}es Mitragyna. 1
Les Milragyna ont donné lieu à des recherches souvent difficiles à interpréter en raison de la confusion régnant, non seulement dans les dénominations botaniques, mais aussi dans les dénominations des alcaloïdes isolés, comme on l'a déjà vu à propos de Crossopleryx. Taxonomie.
Habitat_
Il est surtout fréquent dans les dépressions humides des secteurs littoraux, depuis les niay des environs de Dakar jusqu'en Casamance. Il se rencontre assez isolément et, plus rarement, dans les vallées sèches et les galeries soudaniennes de l'intérieur. Emplois.
Les fruits mftrs qui provoquent à l'ouverture de violents éternuements renferment une pulpe noirâtre sucrée qui est consommée (d'où sans doute les noms wolof et sérer de lem y golo et yum nakoy). · A part de rares exceptions, l'espèce ne semble utilisée en thérapeutique que par les Diola et les Mandé. Les racines sont considérées comme diurétique; les rameaux feuillés, en usage interne, comme ocytocique, en usage externe, comme revigorant et antidermatosique ; les inflorescences, très parfumées, comme défatigant et calmant.
15.- Mitracarpus scaber Zucc. SYN. - Milracarpus ucrlicillalus (Schum. et Thonn.) Vatke, Slaurospermum uerlici/lalum Schum. et Thonn. VERN.- Wol. ridiitukan, ndatukan, gurguli; ser. ndara; mand. kotumbefono, nokoto (d'après Dalziel), kumtura, tubâdin turo, ndatukano; socé lotokano, lotokanô ; bamb. kuguruba (Berhaul) ; sar. suxuto ; bain. nokalo; mandj. koko.
Actuellement au point de vue taxonomique on considère qu'il existe seulement trois Milragyna en Afrique de l'Ouest : M. ciliala Aubr. et Pellegr., M. inermis O. Ktze et M. slipulosa O. Ktze. Le premier cité étant une espèce de forêt dense humide ne se rencontre pas au Sénégal. Chimie. Les bases des Milragyna sont généralement des bases de type indolique voisines les unes des autres, tant par leurs constitutions chimiques que par leurs propriétés pharmacodynamiques.· On lira avec intérêt à ce sujet les articles de Ongley (012] et de Saxton [S96] consacrés aux alcaloïdes des ll!ilragyna. Signalons aussi que Shellard et Adam ont publié une étude sur la détermination quantitative des alcaloïdes oxyindols des Milragyna [S105]. Les espèces .11. inermis et .H. slipulosa renferment, selon les recherches de divers auteurs, quatre bases en commun : Rhynchophylline ou Mitrinermine [R36, S193]. Isorhyncophylline [B92, B64, T68, S193]. Rotundlfoline [B92, T68, S193]. Isorotundifoline [B92, B64, T68, S193]. Il a été décelé en outre : - Dans JJ. inermis; rhyncociline [T68, S184, S193], ciliaphylline, spéciophylline, uncarine F, mitraciliatine [S184, S193] et spéciogynine [S193]. - Dans .'U. slipulosa : mitraphylline [D54, M60, R36, R59].
• cr.
p. 96.
694
PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADITIO(
(
:LLE
La structure de la mitrinermine (ou rhyncophylline) a été difficilement élucidée et a donné lieu à des controverses avant que soit établie sa formule C21 H 28 0,N 1 et que soit admise son identité avec la rhyncophylline, oxyindol tétracyclique analogue à la dihydrocorynanthéine [l\146, R56, B91, 012, S96]. La rotundifoline, de formule C 22H 28 0 0 N 2 , serait une méthoxymitraphylline, la mitraphylline, de formule C21 H 26 0 4 'K 2 , étant elle-même une base oxyindol tétracyclique voisine de la mitrinermine [B92, S96]. L'isorotundifoline (ou mitragynol) est une base phénolique isomère de la rotundifoline dont la structure n'est pas encore complètement élucidée (B92, B93, S96]. L'isorhyncophylline est aussi un stéréoisomère de la rhyncophyÜine et, comme la rhyncophylline, elle est analogue dans ses réactions aux oxyindols de structures connues dérivant de la yohimbine [S96]. Pharmacolo~ie
16.- Mitragyna inermis (Willd.) O. Ktze SYN.- Uncaria inermis \\ïlld., .Uilragyna africana (Willd.) Korth., Xauclea a{ricana Willd. . VERN. Wol. hos, xos ; ser. klaul, ngaul ; mal,: bamb. du,. du rn ; mand., socé dô, dumo, dumô, duô ; peul, loue. kooli, koili, koéli, koli ; dio/a gipey (Berhaut), puré ; bain. dô ; mandj. guinu, buinu ; land. gânoler ; bal. porné. '
des alcaloïdes.
Caractères remarquables. Arbuste ou petit arbre de 8 à 10 rn de hauteur, avec de nombreuses tiges dressées partant de la base ; écorce lisse, grisâtre à tranche brun clair, fonçant à la lumière. Feuilles elliptiques de 7 cm sur 4 cm, courtement pétiolées, rouges quand elles sont jeunes, avec 6-7 paires de nervures secondaires. Glomérules terminaux de 3,5 cm de diamètre. Fleurs blanches très parfumées, courtement pédonculées ; calice glabre accompagné de bractées ; corolle glabre à 5 lobes ; style terminé par un stigmate ovoïde. Infrutescences sphériques brun foncé, composées de nombreuses capsules s'ouvrant en deux valves et contenant de nombreuses petites graines. Les fruits persistent longtemps sur les ·arbres. Habitat.
Emplois.
Pourcentage des alcaloïdes présents dans les (eu il/es, les écorces de tiges et de racines de M. incrmis et M. stipulosa récoltées au Ghana
r:
(d'après Shellard et Sparpong [S193])
Mitragyna inermis : Isorhyncophylline ................ Rhynehophylline ................. Hotundifoline .................... Isorotundifolinc .................. Hhynchocilinc ··················· Ciliaphyllin~ ..................... Sp<·cwphyllmc ................. l 'nearhw F ...................... 1\litradliatinc .................. Spcdogynint.~ ..................... JHilragyna .~lipulosa : Jsorhynenphyllin<• ............ llhyncoph~·lline ................... Hotundiloline .... : . .............. Isorotundifolint• ................ Milraphyllinc• ....................
Ecorces de racines
Ecorces de tiges
13,8 6,4 9,4 0,4 2,6 1,0 2,1 0,3 0,05 0,01
1,5. 4,6 0,01 1,H 0,05 0,01 0,01 0.01 0,0 0,0
10,8 19,6 0,8 4,4 6,0 2,4 0,05 3,5 0,0 0,0
2,5 6,4 0,25 0.10 0,0
6,4 11,2 0,5 0,05 0,0
2,2 3,:i 5,8 1,8 0,0
~
1
1
Ii est commun dans les grandes vallées du ~ënégal, de la Gambie, Koulountou, Niokolo-Koba, Niéri Ko, Sine, Saloum, Casamance, etc. où il vit parfois en peuplements purs. Il existe aussi fréquemment autour des mares temporaires et dans les dépressions argileuses du Ferlo et autres rivières fossiles.
XXI
Feuilles
695
1 mg/kg produit un effet hypotenseur marqué et bref ; une dose de 3 mg/kg augmente et prolonge cet effet au-delà de 20 mn [S98]. En bref on peut considérer que d'une façon générale les alcaloïdes des Milragyna ont une action comparable à celle de la rhyncophylline.
La mitrinermine (ou rhyncophylline), et d'une façon générale les autres alcaloides des JHitragyna, provoque sur l'intestin une forte stimulation tandis qu'elle diminue l'excitabilité des muscles striés et montre une action dépressive sur le muscle isolé. Elle abaisse fortement la pression du cobaye avec une action ptolongée. D'autre part, elle tue les paramécies à des dilutions voisines de celles de la quinine (P87). C'est un hypotenseur extrêmement actif et cette action est d'autant plus intéressante qu'elle semble dépourvue des effets exercés par la yohimbine sur le sympathique. Pour Millat, la yohimbine parait seulement abaisser la pression artérielle comme conséquence de son pouvoir d'inversion de l'action de l'adrénaline sur les vaisseaux, alors que la mitrinermine n'abaisse cette. pression qu'en conséquence d'une action particulière. Ceci la rapproche beaucoup plus de la quinine qui, du moins aux doses faibles et moyennes, n'agit pas d'une façon marquée sur le système nerveux sympathique [M46]. Selon Raymoftd-Hamet, la mitraphylline possède les mêmes propriétés pharmacodynamiques,1inais elle est moins toxique sur le chien que la rhyncophylline [R36]. Selon Massion, son action serait comparable à celle de la mitragynine, mais plus faible, c'est-à"dire fébrifuge, hypotensive sans action sympathicolytique, anesthésique locale [M61]. L'isorotundifoline, étudiée particulièrement par Szreniawski, relâche spontanément les contractions et la motilité des muscles lisses isolés, exerce un effet dépresseur prolongé en présence d'adrénaline, sur la pression artérielle. Une dose inférieure à TABLEAU
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
• Il y a lieu de noter l'absence de mitraphylline dans les échantillons analysés de M. inermis. ".
Espèce très estimée des guérisseurs, mais diversement selon les. races, et è'est bien ici une illustration de l'importance du binôme ethnobotanique dans la pharmacopée africaine. En pays peul-toucouleur les écorces sont souvent prescrites pour les états gravido-puerpéraux, les maux de ventre, la dysenterie, la bilharziose. En usage externe, l'écorce de tronc ou de tige, débarrassée par grattage de l'épiderme et du suber, serait, après séchage et réduction en poudre, un cicatrisant des grandes plaies et un excellent vulnéraire. Différentes. préparations de feuilles trouvent leur emploi en bains et boissons dans les affections cachectisantes, les arthrites, les myalgies, les douleurs intercostales, les entéralgies, la syphilis, les ictères et les maladies mentales. Dans ces derniers cas le traitement complet est interne et externe : boissons, bains, lavages de la· tête et des yeux, fumigations. • En médecine vétérinaire les Peul recommandent le décocté d'écorces pour combattre les diarrhées et le macéré de fruits et de graines (avec Tapinanthus bangwensis) pour l'infécondité des vaches. On ne trouve guère d'indications bien nettes dans le Sénégal oriental où Al. incrmis semble être considéré comme une plante plus ou moins magique. Les Diola, Baia nt, l\Ianding de Casamam·e, de même que les Wolof du Cap- Vert, du Cayor, du Walo, du Fcrlo, de la Gambie, recherchent JU. inermis pour ses propriétés fclbrifuges, diaphorétiques et stimulantes, avec indications particulii>res pour les états adynamiques au cours des maladies infectieuses. Ch;•z les Diola, pour les douleurs générales et les états fébriles, on prescrit, en boisson, un man1 ré aqueux ou alcoolique de vin de palme et, pour obtenir un soulagement rapide dt' la fatigue, on soumet le patient à des inhalations et des bains de vap;•ur à base de feuilles. C• dtement déclencherait une sudation abondante. a lieu de signaler également en basse Casamance, un traitement baïnouk ,bles mentaux par le décocté de rameaux, écorces, racines, en bains et boissons,
696
PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADITIOl';(
~LE
(
Chez les Wolof le hos a une excellente réputation de fébrifuge, antiictérique, antisyphilitique ; souvent aussi il est conseillé aux femme~ durant la grossesse et au cours de l'accouchement. On trouve l'écorce dans· un traitement de l'épilepsie pratiqué par des guérisseurs du Walo. En pays sérer, dans le Sine-Saloum et les iles, les indications principales concernent les états asthéniques, les troubles de la grossesse et de l'accouchement. L'administration intert'le chez les femmes est toujours complétée par lavages et toilette intime (surtout après l'accouchement) avec le macéré d'écorces, rameaux feuillés et Ipomoea repens. En bref .M. inermis est une drogue importante considérée comme fébrifuge par les Wolof et les.Peul-Toucouleur, comme stimulant par les Casamançais et les Sérer, comme médicament spécifique des états gravido-puerpéraux par les Peul-Toucouleur, les Wolof, les Sérer et comme psychosomatique par le~ Peul-Toucouleur et les Baïnouk. Pharmacognosie, chimie et pharmacologie*. L'anatomie et la morphologie des feuilles et jeunes rameaux de M. inermis ont été décrites avec illustrations par Pillay en 1964 [P93], celles des fleurs par Schel!ard et Wade en 1969 [S183]. Ce sont Raymond Hamet et Millat [R36] qui ont les premiers isolé de l'écorce la mitrinermine ou rhyncophylline, et c'est Beckett (B92] qui 'a mis en éVidence dans les feuilles la rotundifoline. Schellard et Sarpong ont trouvé dans les échantillons de feuilles de la région voltaïque du Ghana : rotundifoline, isorotundifoline, rhynchophylline, isorhyncophylline, ciliaphylline, rhynchociline, spéciophylline, une petite quantité d'uncarine F, rnitraci!iatine et des traces d'un second alcaloïde indoliq'f. identifié à la spéciogynine. Ils ont également noté la présence d'un composé polaire donnant la réaction de. Dragendorff [S184, S193, S200]**. f Il a été d'autre part caractérisé dans l'écorce du f3 sistostérol et un hétéroside amer, la quinovine, qui se dédouble par hydrolyse en acide quinovique et quinovose [L42, B91, B98]. Les extraits totaux de la drogue sont fébrifuges et hypotenseurs, effets qu'on peut attribuer aux alcaloïdes, et plus particulièrement à la mitrinermine [P87, l\146].
697
Habitat. Il existe encore éparsement dans les sols marécageux de la Casamance maritime et les bas-fonds des galeries soudaniennes humides du Sénégal oriental. .Les beaux peuplements de cet arbre qui caractérisent la forêt marécageuse ont été exterminés pour défricher les sols favorables à la culture du riz. Emplois. Toutes les parties du végétal jouissent d'une bonne réputation de fébrifuge auprès des guérisseurs casamançais. Les rameaux feuillés entrent en outre dans certaines compositions antilépreuses. Pharmaco~nosie,
chimie et pharmacologie*.
.
Schellard et coll. ont fait en 1963 une étude sur l'anatomie des feuilles de 111. stipulosa et lvl. ciliata du Ghana en donnant également leurs caractères macroscopiques [S97]. 1\J. stipulosa contient les alcaloïdes suivants : mitraphylline, rhyncophyl!ine, isorotundifoline, isorhyncophylline et rotundifoline•. Beckett et coll. [B64] n'ont trouvé que des traces de mitraphylline, mais signalent avoir décelé deux spots d'alcaloïdes supplémentaires par chromatographie. Leur importante étude concerne la répartition des alcaloïdes dans la plante du Ghana. Au cours d'essais préliminaires ils ont dosé les alcaloïdes totaux dans les feuilles sèches (0,30 à 0,45 p. 100), dans les tiges et écorces de racine (environ 0,1 p. 100), dans les sommités fleuries (traces), dans les jeunes feuilles (environ 2 p. 100). Par ailleurs ils donnent le pourcentage des alcaloïdes dosés dans les différents organes (voir Tableau XXII). Spencer et co}!. ont testé les écorces de M. stipulosa pour leur activité antimalarique sans rés~ltats probants (S95]. TABLEAU
XXÜ
Distribution des alcaloïdes dans Mitragyna stipulosa (d'après Beckett et coll. [B64))
Organes
Rotundifoline p. 100
Rhyncophylline p. 100
Feuilles entières ............. . Nervure médiane ............ . Limbe ...................... . Feuilles très jeunes ........... . Fleurs ...................... . ~corce tige .................. . Ecorce racine ................ . Ecorces des nœuds des racines .. .
0,15 0,07 0,25 0,8 < 0,001 0,002 0 0,01
0,04 0,02 0,065 0,13 0,005 0,02 0 0,006
17.- Mitragyna stipulosa (DC.) O. Ktze -Tilleul d'Afrique. SYN.- Nauclea stipulosa DC., Nauclea stipulacea G. Don, macrophylla Hiern VERN.- Diola bulafet (Aubréville), bubun énab (Berhaut), mand. fafo ; mal., peul Foula bobo, popo (Aubréville).
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
Isorotundifoline
+
isorhyncophylline . p. 100
VULGO.
l'lfitragyna bubagala;
Caractères remarquables. Grand arbre de 10 à 20 rn à fût cylindrique droit ; écorce grise à tranche blanchâtre ; cimes denses à l'extrémité des troncs. Grandes feuilles largement elliptiques orbiculaires de 30 sur 25 cm, souples et ondulées sur les bords ; 10 à 12 paires de nervures ; pétiole de 2 à 5 cm ; stipules foliacées tomenteuses vers la base, presque orbiculaires, . pouvant atteindre 10 cm de long sur 7 cm de large et situées. autour du bourgeon. Glomérules terminaux de 2 cm à 2,5 cm de diamètre avec de nombreuses fleurs blanches. Calice glabre tronqué. Infrutescences sphériques de 1,5 cm de diamètre, le calice formant une cupule autour du fruit.
• Cf. Chimie et pharmac.ologlc des M ilragyna, p. 693. •• Voir Tableau XXI.
18 G.
~Les
0,3 0,16 0,4 1,12 0,005 .0,05 0 0,03
Morinda.
Ici aussi, et plus encore peut-être que pour les Mitragyna, les confusions botaniques et chimiques sont nombreuses. Caiment-Leblond remarque au sujet de la taxonomie que, d'après l'Index kewensi.~ on trouve en Afrique les espèces suivantes : M. chrysorrhiza DC., Afrique tropicale ; M. longiflora G. Don, Afrique tropicale; 1\1. /ucida Benth. = M. citrifolia L. ;
• Cf. Chimie et pharmacologie des Milragyra, p. 693 et Tableau XXI donnant le taux des différents alcaloïdes dans 1'1. inermis et 1t1. stipulosa.
1
698
M. M. M. M.
(
PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADITIC.NELLE
geminata DC. = M. citrifolia L. ; palmelorum DC., Afrique tropicale ; con{usa Hutch. (ex Rolland), Afrique tropicale occidentale; batesii Wernham, Cameroun.
699
Grandes feuilles largement elliptiques ou ovales, de 12 à 15 cm de long et 10 à 12 cm de large ; 6 à 8 paires de nervures latérales proéminentes à la face inférieure ; jeunes rameaux et dessous des feuilles généralement recouverts d'une fine pubescence. Un ou deux glomérules axillaires de fleurs blanches parfumées à l'extrémité de robustes pédoncules de 2 à 5 cm de long et jusqu'à 1 cm de large sous l'inflorescence. Infrutescences ellipsoïdes ou globuleuses vert foncé puis jaune à maturité, composées de plusieurs baies soudées, d'environ 25 mm de diamètre.
L' lnde.t: kewensis identifie donc les espèces M. geminata DC. et M. luc ida Ben th. au"M. citri(olia d'Asie. De même Oliver dans Flora of Tropical A{rica (FTA) ne considère ces deux espèces que comme des variétés de M. citrifolia [C12). L'édition 1963 du volume 2 d'Hutchinson et Dalziel (Hl] fait état pour l'Afrique de l'Ouest de quatre .1/orinda : .11. longi{lora G. Don, M. morindoides Milne Red., M. luc ida Beuth. et M. geminata DC. •. Le premier qui est une liane de la zone forestière guinéenne n'a pas été rencontré au· Sénégal ; 111. morindoides et 111. lucida y sont rares ; seul 111. geminata est assez fréquent. L'espèce asiatique JI. cilrifolia qui engloberait M. gen1inata et M. lucida a doriné lieu à de nombreuses études contradictoires dont l'analyse laconique du Lynn Index parue en 196a en donne une idée (!L43) 5) : Présence de morindine dans l'écorce (5 références). La morindine est l'acide rubérerythrique (2 références). - La morindine n'est pas l'acide rubérerythrique (2 références). La morindone est l'alizarine (1 référence). -- La morindone n'est pas l'alizarine (1 référence). - Absence de morindine, mais une émodine isomère dans le bois (1 référence). Eeorce analysée et constituants identifiés (1 référence). Monoéthoxyrubiadine et méthoxyalizarine (1 référence). Acides gras et esters du fruit (1 référence). Etude de l'huile volatile (1 référence).
Habitat. Originaire de la région guinéenne, il est assez fréquçnt en Casamance dans les boqueteaux forestiers et à la limite des rizières. Il longe aussi les secteurs littoraux jusqu'aux niay de la région dakaroise et se rencontre encore dans les sols humides du Çayor. Il n'est pas commun dans les galeries soudaniennes du Sénégal oriental. Emplois. Dans les régions sénégalaises de son aire de dispersion, sauf chez les Bassari et les Tendanké qui ne semblent pas lui accorder de valeur médicinale, le M. geminata est généralement très estimé pour l'action fébrifuge et anti-ictérique des racine&. Le déeocté de feuilles qui aurait des propriétés antiœdémateuses et antientéralgiques est souvent recommandé aux femmes venant d'accoucher, sans doute en raison de ses effets diurétiques et laxatifs. .. En basse Casamance il nous a été signalé un traitement antilépreux à base d'écorce · et de feuilles en association avec Vitex cuneata.
C'est Anderson qui, le premier, isola de 111. i:itri(olia en 1848 une substance cristallisée de nature anthraquinonique qu'il nomma morindine [A55). Karrer ([K1J p. 507) a retenu pour cette substance la formule C26 H 28 0 4 proposée par Paris en 1954 (P94) et qui correspond à celle d'un hétéroside dédoublable par hydrolyse en morindone et primevérose, l'aglycone morindone C 15 H 100 5 étant une trihydroxylméthyl anthraquinone sur_laquelle l'ose est fixé en 6. La morindine de Paris avait été isolée du M. persicae{olia; Ham. Briggs avait, de son côté, isolé en 1948 une " morindine » de Coprosma auslralis (famille des Rubiacées) pour laquelle il a proposé en 1963 une structure de rutoside-6 de la morindone [B94). Signalons enfin que JI. cilrifolia a fait aux USA en 1964 l'objet d'une thèse de Levand [L31] que nous n'avons pas consultée. Les propriétés hypotensives sédatives, anticongestives et antirhumatismales de ~M. citri{olia ont été signalées par divers auteurs. Mentionnons deux articles de Dang Van Ho parus dans la Presse Médicale en 1954 et en 1955 [D36, D56] préconisant l'extrait total de .1/. cilri(olia dans le traitement et la prévention de l'hypertension et de ses complications. L'extrait de racine est d'ailleurs spécialisé en France.
Pharmacognosie. f
Dans sa thèse souvent citée, Mm• Caiment-Leblond [C12] a fait des recherches particulières sur des échantillons de M. geminata provenant du Fouta Djalon (Guinée), recherches qui commencent par une étude des caractères morphologiques et histologiques des feuilles, tiges, racines, écorces de tronc et de racines. Chimie•. Les· différents essais ont été effectués sur du matériel sec constitué par feuilles, écorces de tige et écorces de racine. L'auteur a trouvé 8,3 p. 100 de cendres dans les feuilles et 6,6 p. 100 dans les écorces de racine. Les recherches concernant les flavonoïdes, saponosides, tanins, alcaloïdes sont négatives. . Par contre présence de quinones dans les écorces de tige et de racine. Les premières renferment en quinones totales 0,1 p. 100 avant hydrolyse et O,ta p. 100 après hydrolyse; les secondes respectivement 1,1ï et 1,22 p. 100. Par analyse chromatographique il apparait que ces quinones sont voisinf.'s, mais différentes de la morindine [C 12]*.
18.- Mor·inda geminata DC. SYN.- l~forinda cilri{olia (de FTA). VER~. -Mal. woro, wâda; bamb. mâgana (Aubréuille) ; mand. békili, wâda. sibo, batojôgo ( = grosse tête) ; socé bol ô kajibo ( = grosse tête) ; pl'lll wâda, ngarba ; diola wâda ; dio/a Pogny kadabel, bulokon ; diola Tendouk bulégin ; bain. kiloron ; bas. anaba.
Pharmacologie. Les essais pratiqués par Caiment-Lebond sur les souris par injection sous-eut a née de préparations d'écorces de tronc, à des doses représentant 10 gjkg Il(• llroguc, révèlent une absence totak
Caractères remarquables. J'(•lit arbre de X à !J rn, avec souvent plusieurs fûts partant d'une souche ; écorce grossièu•nwnt ct profondément fissurée ù tranche jaune ; jeunes rameaux quadrangulaires .
• cr.
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
• Cf. Généralités sur les lllnrinda, p. 69ï.
pagt•s suivanlcs, à chaque espèct• tr·aitée, les synonymes l't les confusions.
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRAD!!._ .'INELLE
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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Pharmacognosie et chimie.
19.- Morinda lucida Benth. SYN.- Morinda citrifolia A. Chev. (de FTA).. VERN.* - Mand. békili.
Deux échantillons de M. /ucida l'un de Côte-d'Ivoire, l'autre de Guinée ont été étudiés par ~Jme Caiment-Lebond parallèlement avec les échantillons de M. gemina/a et dans les mêmes conditions. Les feuilles de Côte-d' Ivoire donnent 3,:1 p. 100 de cendres, celles de Guinée 10 p. 100. Les écorces de tige de Côte-d'Ivoire en donnent 5,5 p. 100 et les écorces de racines de Guinée 6,6 p. 100. Les recherches de flavonoïdes, saponosides, tanin sont peu probantes sauf pour les feuilles de Côte-d'Ivoire qui donnent un indice mousse de 250. Les quinones totales trouvées dans les écorces ont les mêmes caractéristiques que celles de M. geminaia, mais les taux sont nettement plus faibles : 0,24 p. 100 avant et 0,3:1 p. 100 après hydrolyse [C12] .. Pharmacologie.
FIG. 38.- Morinda lucida Benth . ...1. A. Pousse fleurie. .,..... B. Corolle représentée ouverte. - C. et D. Anthères (D'après FWTA).
Les essais de toxicité pratiqués sur 11-1. lucida de Côte-d'Ivoire (feuilles, écorces de tige) et de Guinée (feuilles, écorces de tige, racine) montrent, dans les mê-mes conditions expérimentales que pour .M. geminaia, une absence de toxicité dans tous les cas [C12]. La Barre et Wirtheimer [L32] se sont livrés à une étude comparative des effets hypotenseurs chez le rat des extraits et dérivés de Rau vol fia vomitoria et de M. /ucida. Les extraits purifiés de 1\f. lucida présentent des effets hypotenseurs puissants, mais de plus courte durée que ceux de Rauvo/fia vomiioria. Ils sont légèrement tranquillisants et accusent d'intéressantes propriétés diurétiques. Leur absence de toxicité réelle rend possible l'application de doses répétées et parfois importantes dans les traitements d'attaque des manifestations hypertensives. D'après les auteurs le traitement thérapeutique par les extraits de Morinda doit être réparti" en deux prises diurnes de la dose adoptée et a l'avantage, sur toutes les/ autres subiitances alcaloïdiques connues, de présenter une parfaite tolérance [L32] / Guedél a constaté les améliorations apportées dans le traitement des ictères graves par l'utilisation en Côte-d' Ivoire de préparations à base d'écorces et feuilles de M. /ucida [G23].
Caractères remarquables. Arbust.e ou petit arbre atteignant 15 rn de hauteur et 40 cm de diamètre (25 rn de hauteur et 60 cm de diamètre dans les forêts de la Côte-d'Ivoire) à écorce gris cendré, écailleuse et à tranche grisâtre ; bois de teinte jaune vif. Feuilles oblongues elliptiques, courtement acuminées au sommet, cunéiformes à la base, glabres, sauf quelques poils à l'aisselle des nervures latérales dessous ; limbe de 14 cm sur 6 cm avec 6 à 9 paires de nervures latérales ; stipules larges, foliacées, suborbiculaires. Pédoncules florifères axillaires, généralement par trois, grêles, dépassant 3 cm de longueur, glabres ; fleurs blanches, parfumées à calices cupuliformes ; tube de la corolle de 2,5 cm de longueur et lobes de 4 mm environ. Les fruits forment une masse globuleuse charnue de 2 cm de diamètre, verdâtre ; ovaire à 4 loges contenant 1 ovule. On peut confondre cette espèce avec le .M. geminata m'ais les pédoncules de ce dernier sont robustes et aplatis et les fruits sont plus gros. Habitat. Le M. lucida se rencontre seulement en Casamance où il est rare. Emplois. On retrouve id les indications précédentes, ce qui est normal, les deux espèces étant généralement confondues. A signaler toutefois l'utilisation plus marquée, semble-t-il, du M. lucida comme fébrifuge t>t en outre comme cicatrisant des plaies.
• Se reporter aux noms donnés pour 111. geminata, les deux espères t'tant souvent confondues.
20.- Morinda morindoides (Bak.) Milne-Redhead SY:-;.- Gaerinera morindoides Bak., Morinda confusa Hutch., Morinda longi{lora A. CheY. (de FTA). VER=". -Dio/a Pogny bink, binnékabu ; dio/a Tendouk bulingé. Caractères remarquables. Arbuste sarmenteux grimpant pouvant atteindre 8 à 9 rn de haut, à rameaux vert foncé, cylindriques, grêles, entremêlés. Feuilles de 10 sur 6 cm, elliptiquPs, glabres, courtement pétiolées, avec 4 à 6 paires de nervures latérales. Fleurs sessiles grandes et nombreuses, groupée.s à l'extrémité d'un ptldoncuhsolitaire souvent terminal ; calice tronqué, sans lobes, de 4 mm de long ; tube de la corolle élancé, de 5,5 cm de long avec lobes de 2 cm ; style bifide apparaissant au niveau de la gorge. Baies jaunes à maturité, soudées, formant un fruit <'omposé de 7 à 15 parties, presque sphérique, avec une profonde dépression t'irt,ulnin• nu centre. Habitat. Il n'a été remarqué pour le Sénégal que dans les taillis de la Casamam'e maritime. Emplois. Les décoctés de racines et de feuilles sont utilisés en basse Casamance sous forme de bains médicinaux chez les adultes pour les courbatures fébriles, la fatigue générale et ehez les enfants rachitiques comme revigorant.
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADL .0NNELLE
Signalons deux études réalisées, sur l'espèce africaine affin,e M; longiflora G. Don, confondue même par A. Chevalier avec 111. morindoides. Dans les racines de l'espèce de Sierra Leone, Barrowcliff et Tutin ont signalé en 1907, outre résine, acides organiques, stérols, la présence d'anthraquinones dont l'alizarine "méthyl éther C 15 H 100, et la rubiadine-1-méthyléther C 16 H 120, ou hydroxy méthyl anthraquinone [B95]. Dans les racines de l'espèce ivoirienne Paris et Abiusso ont isolé en 1958 divers dérivés anthraquinoniques dont deux à l'état cristallisé. L'un est identique à la rubiadine-1-méthyléther. L'autre, de nature hétérosidique, pour lequel les auteurs ont proposé le nom de longifloroside, serait le primevéroside de l'anthraquinone [P95].
Nauclea latifolia Sm. VuLGo.- Pêcher africain. SYN. - Sarcocephalus esculentus Afzel. ex Sabine, Sarcocephalus russeggeri Kotschy ex Schweinf., Sarcocephalus sambucinus K. Schum., Nauclea esculenla (Afz!!l. ex Sabine) Merrill, Sarcocephalus sassandrae A. Chev. VERN.- Wol., ser. nâdok, nâdop; (alor goyam (Sébire); mal., bamb. bari; mal., mand. bati ; mal., mand., bal. batio ; mand. badu ; ·socé batio, korom-kôdom ; peul, toue. bauré, bakuré, bakuri, dundunké ; dio/a funïinduluk, fumunduluk, fumulunduk ; floup bundufay ; bain. duô ; land. gâoyokro, gamoyox ; mandj. budnu satê; bas. aprodo, apordo, apodo ; bal. féas.
Caractères remâ'rquables. f
Arbuste ~armenteux pouvant atteindre une b,auteur de 9 rn et un diamètre dè tronc de 30 cm ; branches flexibles, lianescentes, entremêlées, dressées puis retombantes ; écorce crevassée fibreuse à tranche rougeâtre. Grandes feuilles elliptiques ou suborbiculaires, pouvant atteindre sur les rejets plus de 20 cm de long sur 15 cm de large. Limbe brillant, gras au toucher dessus, vert foncé, glabre avec des touffes de poils à J'aisselle des nervures latérales dessous ; 6 à 8 paires de nervures latérales très proéminentes à la face inférieure ; nervure médiane recouverte d'un fin tomentum qui disparait chez les feuilles âgées. Gros glomérules terminaux de 3 à 4 cm de diamètre constitués par de petites fleurs blanches parfumées. Lobes du calice triangulaires de 0,5 à 1 mm de long, pubescents; corolle glabre à l'intérieur avec 4 lobès parfois finement ciliés ; 4 étamines ; style exsert. Nombreuses baies soudées formant un fruit compost! sphérique charnu, de 3 à 5 cm de diamètre, rouge à maturité, à chair rosée à l'intérieur. Habitat. Il est largement répandu au Sénégal depuis la vallée du Fle}.lve jusqu'en Casamance ; fréquent dans les sols humides, les boqueteaux de forêt.s, les galeries ; abondant en Casamance et dans le Sénégal oriental où il croit même sur les rebords des carapaces latéritiques. Emplois. Cette Hubiacée entre dans la catégorie des· grand~ m!!dicaments africains avec des indkations comparables dans toutes les régions. On lui reconnaît, au premier clwf, des propriétés fébrifuges, particulièrement marquées dans le décocté aqueux d'écorce de tronc. Son emploi est fréquent dans le paludisme, les états fébriles, soit seul, soit en association synergétique avec d'autres végétaux parmi lesquels on trouve souvent un autre fébrifuge de grande réputation, le Khaya sencgall·mis. Le décocté de feuilles et d'écorces régulariserait les fonctions intestinales ; il est prescrit comme antientéralgique (coliques) vermifuge, diurétique et, d"ailleurs, des petits paquets d'écorce sont vendus sur les marchés pour ces affections.
703
L'action sur les organes du bassin fait recommander feuilles et racines pour les aménorrhées, mais aussi pour la stérilité et il y a lieu de mentionner à ce propos qu'aux dires des informateurs les racines, à l'inverse des écorces de tronc, ne sont pas diurétiques. En usage externe J'écorce de tige est employée comme hémostatique, en particulier pour les plaies ·des circoncis, les feuilles en cataplasmes!iour les enflures. En dehors de ces indications reconnues par J'ensemble des guérisseurs on en trouve quelques autres comme antihémorroïdaire, antiherniaire, antihlennorragique, antisyphilitique et antilépreux.
Chimie.
21. -
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
1
Chimie. La chimie du N. lati(olia n'est guère encore hien avancée malgré la connaissance ancienne qu'on a de la drogue. • En 1883 Bochefontaine et coll. [B65] déclaraient avoir isolé des écorces, des racines et du bois un alcaloïde dénommé dundakine. L'existence d'une base dans.Ia drogue était bientôt contestée par Heckel et Schagdenhauffen [H11] qui n'obtenaient que deux principes colorants jaunes. Suit une longue période de stagnation au cours de laquelle les différentes recherches effectuées pour mettre en évidence un alcaloïde demeurèrent vaines. On estimait que la drogue contenait seulement un principe amer, de la résine et des tanins. En 1939 Raymond [R57] retrouve un alcaloïde et, en outre, une matière colorante fluorescente. Puis en 1963 Almeida Silva et coll. isolent des racines de J'espèce de Guinée portugaise un alcaloïde dont ils ont commencé l'étude. Les déterminaisons physiques et chimiques amènent à penser qu'il est de nature indolique. Outre l'alcaloïde, les mêmes auteurs ont isolé une qui none et de la 7-hydrocoumarine ou omhelliférone. Ils ont constaté aussi que les extraits lipidiques de la drogue étaient tr.ès riches en stéroïdes et ont séparé du [3 sist,Dstérol. Ils ont enfin reconnu la présence de tanins catéchiques [A7]. / Dans J'espèce nigériane Pate! et Rowson n'ont pu déceler des hétérosides (P15], tandis que Persinos et coll. ont obtenu des tests positifs pour la présence d'alcaloïdes, tanins, saponosides, mais négatifs pour les flavonoïdes [P100]. Dans J'espèce congolaise, Bouquet note pour les feuillè!;, écorces. racines, la présence plus ou moins douteuse d'alcaloïdes et celle, très nette, de saponosides, singulièrement dans les racines. Ces mêmes organes donnent des tests négatifs pour flavonoïdes, tanins, quinones, glucosides cyanogénétiques [B210]. Pharmacolo~ie.
En dehors des données anciennes de Corre, Bochefontaine, Heckel et Schlagdenhauffen [C6, B65, H11], Raymond Hamet a mentionné les propriétés pharmaco" dynamiques des extraits de feuilles et d'écorces de l'espèce nigériane. L'extrait. aqueux révèle un pouvoir hypothermisant réel. Chez le cobaye, l'injection intrapéritonéale d'une dose correspondant à 6 gjkg de drogue déclanche une baisse de température rectale de 2• persistant plusieurs heures. Les animaux soumis au traitement présentent de la torpeur, mais pas de catatonie [R37]. · Les extraits de racine sont dénués ·d'activité antibiotique [M130]. L'extrait aqueux de 'feuilles et celui d'écorces injectés au chien ne provoquent, même à forte dose, ni altération des réflexes sino-carotidiens, ni modification de l'excitabilité du pneumogastrique cardiaque, ni altération de la réaction tensive à l'adrénaline [H37]. Au cours de leurs essais cités ci-dessus, Pate! et Rowson ont obtenu des tests positifs pour l'action cardiotoxique et l'action cardiotonique [P15]. Les essais de Raymond sur le traitement du paludisme expérimental des oiseaux par des extraits d'écorce ont été négatifs, mais ont montré la toxicité de la drogue [H57]. Les extraits aqueux de feuilles de l'espèce synonyme N. esculenla Merr., révèlent t•xpérimentalemcnt des propriétés anticancéreuses vis-à-vis des tumeurs transplanlu san·o•ne 180 et du carcinome de poumon de Lewis. Dans le premier cas, "lions • ·~ tumeur ·onstatées chez les animaux traités sont de 4:i p. 100, dans ' eas 53 p. 1 [A71].
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~ANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADITIO( •.ŒLLE
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23.- Oldenlandia lancifolia (Schumach.) DC.
L'alcaloïde mis en évidence par Almeida a été étudié en 1964 par Correia da Silva et colL aux points de vue actions sur le duodénum et l'iléon isolés de cobaye : il montre un effet inhibiteur sur le tonus de la musculature lisse et anti-acétylcholinique [C73].
22.- Nauclea
pobe~uinii (Pobé~uin
ex
Pelle~r.)
SvN.- 'Hedyotis lanci(olia Schumach. VER:-<.- Wol. doxom, ndoxom. Caractères remarquables. Herbe annuelle, prostrée ou étalée sur 50 cm, débile, branchue près de la base, peu ramifiée. Feuilles étroitement lancéolées, de 4 cm sur 5 mm, à tiges quadrangulaires, presque glabres ou glabrescentes. Fleurs blanches axillaires généralement solitaires à l'extrémité d'un pédoncule de 10 à 15 mm. Petites capsules de 2 mm de diamètre à l'extrémité du pédoncule.
Petit
SvN.- Sarcocephalus pobeguini Pobéguin ex Pellegr., Mitragyna stipulosa O. Kuntze (de FWTA), Sarcocephalus diderrichii De Wild. (de FWTA). VERN. - Mal. kobadi ; peul Firdou et Fouladou dadabi. Caractères remarquables.
Habitat. Il est très commun dans les lieux humides où il s'installe après les cultures (Casamance, Sénégal oriental, Saloum, niay des environs de Dakar).
Arbre de 15 à 20 rn à füt droit et cylindrique, à cime ovoïde compacte à l'extrémité du tronc qui peut atteindre 10 à 12 rn; écorce lisse, à tranche jaunâtre. Grandes feuilles largement elliptiques, arrondies ou un peu acuminées au sommet, arrondies ou tronquées à la base, minces, souples, ondulées sur les bords, de 15 sur 10 cm; pétiole assez mince de 3 cm de long; limbe glabre dessous, sans touffes de poils à l'aisselle des nervures secondaires. Fleurs blanches en glomérules terminaux sphériques de 3 à 4 cm de diamètre. Nombreuses baies soudées formant un fruit composé charnu de 4 à 5 cm de diamètre, rouge à maturité.
Emplois. Les racines de cette espèce sont considérées comme purgatives. Chimie.
La chimie des Oldenlandia est peu connue. Des tests pratiqués sur la plante entière d'origine congolaise indiquent la présence des traces d'alcaloïdes et l'absence de flavonoïdes, saponosides, tanins, quinones, glucosides cyanogénétiques, stéroïdes, terpènes [B210]. On peut signaler que dâns d'autres espèces affines du genre Oldenlandia ont été mis en évidence : pour peux espèces indiennes des· composés anthraquinoniques dont l'acide rubérythrique donnant par hydrolyse alizarine et primeverose (chez O. umbellata L.) et deux alcaloïdes, la biflorine et la biflorone jaune (chez O. bi flora); pour une espèce chinoise (0. diffusa Roxb.), ~ sistostérol, ~ sistostérol-glucoside et acide p-coumarique [T9, F14].
Habitat.
Il existe dans les . galeries soudaniennes du Sénégal ori,ntal marécageuses en. permanence et· en Casamance maritime dans les boqueteaux isolés au milieu des rizières. f Emplois.
N. pobeguini est considéré comme fébrifuge, mais on lui reconnalt surtout une action sélective sur l:i. région abdominale. L'écorce est prescrite en poudre dans les entéralgies et, plus encore, en décocté comme ocytocique.
24.- Pavetta crassipes K. Sebum. SYN. - Pavella barleri Dawe, Pavella utilis Hua VERN. - Mal. bimbéréléfida (Aubréville) ; bamb. peul Fouladou burkâdé*.
Chimie et pharmacologie.
Xauclea pobeguinii Petit n'ayant pas à notre connaissance été étudié en tant que tel nous ne pouvons que noter les renseignements suivants : 1° Selon Etave tous les organes de Sarcocephalus pobeguini Hua (et non Pobéguin et Pellegr.) renferment une matière colorante rouge et un saponoside. Dans les racines, présence d'un alcaloïde (E21]. 2° Ongley [012] fait remarquer que, dans Flora of West tropical A(rica (FWTA)*, cette espèce est confondue avec Milragyna stipulosa dans laquelle Raymond-Hamet [R56] a mis en évidence dans l'écorce mitraphylline et rhynchophilline. 3° Selon Caiment-Leblond [C12] le bois de Sarcocephalus diderrichi de Wild. et Durand renfermerait des traces d'un alcaloïde qui n'a pu être obtenu à l'état cristallisé. Cet alcaloïde doué d'un pouvoir cardioinhibiteur marqué, serait responsable des intoxications relevées chez les ouvriers qui coupent le bois, intoxications qui se traduisent par des maux de tête, des nausées, de la pâleur. On a mème noté quelques cas mortels. 4° l{ing et Jurd en 1953 ont extrait du bois de Sarcocephalus diderrichi 3,5 p. 100 de bornésite ou mésoinositol-1-methyl éther C7 H 14 0 6 • Ils y ont en outre décelé ~ sistostérol et obtenu un alcool triterpéniquc à l'état cristallisé, le sarcocéphalol C 30 li,.O [K41].
• li s'agil de la première édilion, la deuxième n'ayant pas encore paru à cetle époque.
J
kumuba fura (Berhaut) ;
Caractères remarquables. Arbuste de 2 à 3 m de haut, ramifié près de la base, à branches robuste>, articulées ; écorce très pâle blanchâtre se desquamant par plaques, liégeuse. Feuilles de 20 cm sur 5 cm groupées à l'extrémité des rameaux, oblongues, lancéolées, sessiles, arrondies au sommet, longuement cunéiformes à la base, gbbres, épaisses; nervure médiane souvent arquée, avec 6 à 8 paires de nervures latér.•.Ies également arquées. · Corymbes terminaux, denses, glabres, de fleurs blanc verdâtre ; calice cupuliforme ou très courtement denticulé, de 2,5 mm de long ; tube de la corolle de 15 mm de long avec des lobes de 6 mm ; style longuement exsert, glabre. Baies. sphériques de · 1 cm de diamètre, noires à maturité. Habitat. Il existe éparsement dans les savanes boisées de la moyenne et haute Casunumce et dans le Sénégal oriental (Kédougou). Il n'est pas commun.
• Le nom ùc l.ntrkâ'dé est donné avec réserves. L'espl•cc, vue à la limite de la for(!.t Ju Guimnra ne prête pas à confusion, mais le nom vernaculaire n'a pas été recoupé. 23
PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADITil
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<ELLE
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Emplois.
P. crassipcs nous a été signalé une fois seulement par un guérisseur peul du Fouladon comme drogue à usage externe : application de la poudre de feuilles séchées sur les chancres syphilitiques. Chimie.
ANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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Panicules terminales ou axillaires, pauciflores, atteignant 10 cm de long, avec des pédoncules grêles de 3 à 5 cm. Corolle infundibuliforme avec un tube graduellement élargi de 3,5 mm de diamètre et autant de long ; dents du calice ciliées. Baies ovoïdes d'un cm de long, vert pâle pendant la maturation, devenant pourpre noirâtre à maturité. Habitat.
Les feuilles sont riches en glucides (61 p. 100 dans le produit sec) et en protides (15,5 p. 100). Les amino-acides prédominants sont l'acide aspartique, l'acide glutamique et la leucine [B9). Haerdi a obtenu des tests positifs poùr la présence d'alcaloïdes [H18).
Il est commun en Casamance maritime dans les boqueteaux près des rizières. Il suit le cours des galeries soudaniennes humides ; il existe encore dans les niay des environs· de Dakar. Emplois.
25.- Pavetta oblongifolia (Hiern) Bremek. SvN. - Pavetta baconia Hiern var. oblongi(olia Hiem, Pavetla schwein(urthii Bremek. var. oblongi(olia (Hiern) Aubrév., Pavetla nidita Hutch. et Dalz. (de FWTA). VERN. - Mand. kabéda, kabuda ; peul Foula Toro, toue. gabudawi, gabuda ; peul Firdou et Fouladou daCi ; dio/a Pogny kâtalait ; bain. sikoôkububuneg ; bal. batimindi.
Ce Pouchetia nous a été signalé en basse et moyenne Casamance. ' En basse Casamance, dans l!i région forestière de Bissine-Blaze, les Baïnouk utilisent les préparations de rameaux feuillés en boissons et en frictions pour les rhumatismes, les douleurs intercostales, les courbatures. Dans la région du Patim Kibo les Peul et Toucouleur utilisent Je décocté de feuilles comme antidysentérique.
27.- Psychotria psychotrioides (DC.) Roberty
(
Caractères remarquables. Arbuste de 2 à 3 rn, ramifié près de la base, à branches ascendantes et évasées. Feuilles oblancéolées, sessiles ou subsessiles, longues de 13 cm et larges de 4 cm dans le tiers supérieur ; sommet obtus ou légèrement arrondi; base longuement cunée ou un peu arrondie ; 7 à ,Il paires de nervures latérales. Stipules circulaires autour de la tige, apiculées au milieu ; limbe pubérulent dessous, surtout sur les nervures. Corymbes terminaux tlès fleuris sur les rameaux latéraux ; péd_icelles pubescents ; lobe du calice de 2 mm ; corolle à tube glabre de 4 à 5 mm avec 5 lobes lancéolés de 10 mm de long. Baies sphériques de 7 mm de diamètre, noires à maturité, avec les vestiges des sépales au sommet. Habitat. Il se rencontre éparsément en Casamance, dans Je Sénégal oriental et le Saloum.
SvN. - Grumilea psychotrioides DC., Uragoga tumbaensis De Wild. VERN. -Bain. kibod. Caractères remarquable·s. .
/
Arbuste de 3 à 4 m· de hauteur, branchu près de la base, à tiges dressées, cylin1 driques, vertes, glabres, robustes. Feuilles épaisses, brillantes, vert foncé, glabres, obtuses au sommet, de 15 sur 9 cm ; 7 à 9 paires de nervures latérales presque perpendiculaires à la nervure médiane, puis arquées avant le bord du limbe; nervures tertiaires peu marquées. Glomérules sessiles de 1 cm de diamètre avec des fleurs blanches parfumées de 6 à 7 mm de longueur. Baies ovoïdes de 1 cm de long sur 8 mm de diamètre, côtelées et rouges à maturité avec calice marcescent. Habitat.
Emplois.
Espèce guinéenne fréquente en Casamance et dans les lieux humides en. permanence, jusqu'aux niay des environs de Dakar et dans le Sénégal oriental.
P. oblongi(olia jouit d'une bonne réputation en Casamance comme béchique, expectorant, analgésique et antiodontalgique. On utilise Je décocté de racines, en boisson ou en bains de bouches. Chez les Peul-Toucouleur P. oblongi(olia est surtout prescrit par voie externe dans le traitement de la syphiVs !décocté de feuilles en lavages et feuilles finement pilées en poudrage), de la conjonctivite (fumigations oculaires de la vapeur de décocté bou!l";mt de feuilles), des rhumatismes et courbatures (application loco dolenti de cat j.ilasmes d'écorces triturées au mortier.). Par voie interne, il est recommandé en médecine infantile comme eupnéique et dans les maladies fébriles saisonnières atteignant les enfants aux cours des hivernages.
On prétend chez les Baïnouk de la région forestière de Bissine que les vapeurs des écorces mises à bouillir dans de l'eau constituent un traitement d'arrêt des maladies oculaires. Ce traitement pour être eflicace doit être institué dès les premiers symptômes et selon les modalités habituelles, c'est-à-dire en couvrant la tête du patient d'un long pagne qui englobe, en outre, Je récipient contenant la préparation fumante.
26.- Pouchetia africana A. Rich. ex DC.
28.- Rutidea parviftora DC.
VERN. -
Peul, loue.
kodadai ; dio/a
fu nunnuma (Berhaul) ; bain.
sikarat. ·
Caractères remarquables. Arbuste glabre de 3 à 4 m, à f(]t dressé, cylindrique, grêle et à branches vertes ascendantes, étalées. Feuilles de 7 sur 3,5 cm, oblongues elliptiques, obtuses ou cunées à la base, largement acuminées au sommet, avec 5 à 7 paires de nervures latérales pubescentes à la face inférieun~
Emplois.
SYN.- Rulidea kerslingii K. Krause, Tarenna pobeguinii Pobéguin VERN.- Dio/a fulégalan (Berhaul); bain. sigump kidikam. Caractères remarquables. Arbuste sarmenteux, à tiges grêles, nombreuses, s'enroulant autour des arbres et pouvant atteindre 12 à 15 m. Stipules divi~ées avec 3 à 5 appendices filiformes. Feuilles elliptiques, de 12 sur 6 cm, recouver• l'S de poils épars, denses sur les nervures dessous et formant une
PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE
708
(
TRADITI~ •.•\ELLE
touffe brunâtre à l'aisselle des 5-6 paires de nervures latérales ; nervures tertiaires déprimées dessus, proéminentes dessous, donnant ainsi un aspect gaufré à la feuille. Inflorescences terminales dichotomes de petites fleurs blanches parfumées ; bractéoles et bractées linéaires sous les ramifications d'environ 5 mm de long; calice de 2 à 3 mm ; corolle de 5 mm de long. Baies sphériques de 5 mm de diamètre, jaune orangé, lisses à maturité, mais se ridant en séchant. Habitat. Plante guinéenne c()mmune en Casamance dans les boqueteaux et les taillis secondaires. Elle suit les .gàleries forestières humides jusqu'au Sénégal oriental et se rencontre encore dans les iles du Saloum où elle devient rare. Emplois.
R. parviflora est seulement indiqué en Casamance pour les conjonctivites en instillations oculaires du suc de feuilles ou d'un soluté concentré de rameaux.
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
709
gou, et assez abondamment sous forme de rejets dans les jachères au sud d'Oussouye (Casamance maritime). Emplois. Dans le Cayor, les Wolof font entrer les racines d' Afraegle dans des apozèmes antisyphilitiques et dans des compositions médico-magiques pour le traitement des troubles mentaux avec les racines du tamarinier, racines et écorces de Dichroslachys glomerala, feuilles de pom (espèce non déterminée), nids d'oiseaux, etc. Les Diola de la région de Tendouk recommandent le macéré des racines d' Afraegle en association avec celles de Bridelia micrantha pour les bwnchites, le béribéri, les dysménorrhées. Dans le Fogny, on signale seulement un usage externe antifilarien : les feuilles, après avoir été séchées rapidement par un léger grillage au-dessu~ du feu, sont pilées et mêlées au sel de cuisine ; la poudre obtenue donnerait en applications locales de bons résultats contre le ver de Guinée. Chimie.
84. -
RUTACÉES
Famille principalement représentée dans les régions tropicales et tempérées chaudes, avec au S·énégal deux genres spontanés : Afraegle et Pagara. Les feuilles sont composées, parfois simples, mais rarement (Afraegle) et portent des glandes translucides. Les fleurs ont un disque à l'intérieur des étamines. Ovaire supère. Le fruit est une .baie parfois à épicarpe épais et dur (Arfaegle). Le groupe des Agrumes (oranges, citrons) est cultivé au Séné~al, mais sur une petite échelle. Les Rutacées sont caractérisées au point de vue anatomique par la présence de nombreuses poches sécrétrices dans les parenchymes de leurs organes aériens. La diversité de leurs constituants chimiques est grande. On y trouve des essences aromatiques (Citrus) ou toxiques (Ruia), des hétérosides flavoniques à propriétés vitaminiques P, (rutoside de la Rue, hespéridoside des Citrus et des Buchus), des alcaloïdes (pilocarpine des Jaborandis, cusparine de l'Angusture. fagaramines des Pagara).
1.- Afrae~le paniculata (Sebum. et Thonn.) Engl.
Les quelques études faites sur cette espèce datent de 1961. L'analyse diététique des graines sèches de l'espèce ivoirienne montre une teneur en lipides de 46 p. 100 et un insaponifiable de 0,6 p. 100. Les acides gras constitutifs sont par ordre d'importance les acides oléique (34 p. 100), stéarique, palmitique, linoléique, linolénique et palmitoléique (B9). Les feuilles de l'espèce ivoirienne, également, contiennent en p. 100 de matière sèche : cellulose 15,1 ; extrait éthéré 3,1; glucides 47,3; insoluble formique 31,9; protides 27,1; cendres 7,4. Les teneurs en éléments minéra1,1x, parmi lesquels prédomine Ca (2 p. 100) et en oli~-éléments, parmi lesquels prédominent Cu, Sr, Fe et Al, de même que les teneurs en.amino-acides ont été déterminées [B9). Le mucilage du fruit de llespèce ghanéenne donne à l'hydrolyse D-galactose, L-arabinose, L-rhamnose et acide D-glucuronique. L'hydrolyse partielle du même mucilage donne un acide aldobiouronique qui est le 6-0-~-D-glucuronosyl-D-galactose. Le pouvoir rotatoire + indique que cet acide a une jonction ~ glucuronosyl. On peut dire en conséquence que ce mucilage présente une certaine ressemblance avec les gommes d'Acacia (T24]. En 1961 Quartey signalait dans le fruit de l'espèce ghanéenne la présence de y sistostérol et d'une coumarine [Ql2]. En 1963 il isolait cette coumarine de l'épicarpe du fruit et l'identifiait par les spectres d'absorption en ultraviolet et en infrarouge à la xanthotoxine C 12 H 8 0, [Q13].
2. - Citrus aurantifolia
SYN.- Citrus paniculata Schum. et Thonn., Balsamocilrus paniculata (Schum. et Thonn.) Swingle, Aegle barteri Kook. f., Limonia warneckei Engl. VERN.- Wol. kunsay; mal. sama )umuru ( = Citron d'éléphant, Aubréville); diola Pogny bukobabu, butanda ; diola Tendouk kalêdé.
Swin~le
Citronnier, Lime, Limettier acide, Citron vert (le fruit) Citrus medica var. acida Brandis VERN.- Wol., ser., niom., peul, toue. lemon, limô; mand. limono; mal. nemuna; diola Pogny bulem muna ; bain. kitomi; bal. blèbéré télé. VuLGO.-
SYN. -
Caractères remarquables. Arbuste ou petit arbre de 5 à 6 rn, à fût mal conformé, à écorce lisse et bois dur; branches tortueuses, les jeunes étant gris verdâtre ; rameaux avec des épines axillaires droites, de 2,5 cm de long, solitaires, mais parfois par paires sur les rejets. Fl'uilles alternes généralement trifoliolées, rarement unifoliolées ; folioles obovales (lU oblancéolées, entières ou finement denticulées, avec de nombreuses cellules transluddes ; limbe de 11 sur 5,5 cm. Courtes cymt•s axillaires de 5 cm de long. Fleurs blanches à calice courtement lobé ; I'Orollt' ù 4-.l pétales de 1 cm de long, oblongs. Fruits sphériques, ligneux, très durs, de 8 à 10 cm de diamètre, vert p:ile à maturité, contenant de nombreuses graines plon!!ées dans un mucilage jaunâtre,. gluant. Habitat. Il est peu commun et très irrégulièrement réparti au Sénégal. Nous l'avons rencontré, toujours isolément, aux environs de DiollrlH•l, dans les îles du Saloum, \'ers Kédou-
Caractères remarquables. Arbuste ou petit arbre de 5-6 rn à fût court, droit, cylindrique, un peu noueux, parfois ramifié près tic la base ; cime en boule presque sphérique, ou branches plus ou moins étalées et tortueuses. Feuilles simples par avortement des deux folioles latérales, ovales, arrondies à la base, obtuses au sommet, dentées sur les bords, glabres avec des points translucides, d'environ 6 cm de long sur 4,5 cm de large; pétiole de 10 à 15 mm, plus ou moins ailé, articulé près du limbe. Petites cymes axillaires de fleurs blanches très parfumées de 12 à 15 mm de long et pédicelles de 5 ù 6 mm. Baies sphériques ou ovoïdes de 3 à 4 cm de diamètre, jaunes ù màturité. Habita• Il ,..
memment cultivé dans les villes et villages de tout le Sénégal. •!;;
( 710
Emplois. Le citronnier esl très utilisé en médecine populaire : le décocté de feuilles est donné en boisson dans les cas de rétention urinaire et dans les affections des voies respiratoires ; les écorces de racines .sont considérées comme particulièrement diurétiques et antiblennorragiques en association. sous forme de décocté, avec les rameaux feuillés et les graines. Le jus de citron constitue un aromatisant, un véhicule ou un solvant pour de nombreuses préparations composées fébrifuges, antidysentériques, etc. Après addition d'essence obtenue par expression du p(oricarpc, on l'utilise en boisson et en frictions comme revigorant, fébrifuge, sudorillque et même antivenimeux. On le recommande aussi pour les aphtes des enfants. Chimie et
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQCES
711
PHAR:\1ACOPÉE SÉ:\'ÉGALAISE TRADITIO(,,ŒLLE Calderwood ct Fish en 1966 [C57] ont recherché les bases tertiaires et quaternaires de cinq espèces de Fagara dont deux, F. /eprieurii et F. xanlho:ryloides, récoltées au :\'igeria pour lesquels nous avons consigné les résultats dans le Tableau XXIII*. Plus récemment encore, ils ont obtenu, par chromatographie en couche mince et électrophorèse sous haut voltage, une séparation rapide de douze bases quaternaires à partir de différentes espèces du genre Fagara : candicine, corynéine, tembétarine, magnoflorine, N-méthylisocorydine, N-méthylcorydine, Jaurifolinc, xanthoplanin!', palmatine, berbérine, chélérythrine, nitidine [C136]. TABLEAU
pharmacolo~ie.
Selon Watt Je jus de fruit de l'espèce antillaise contient 7 à 7,57 p. 100 d'acide citrique. L'huile essentielle, obtenue par distillation des feuilles fraîches vertes, est constituée par 20,5 p. 100 de terpènes, B,2 p. 100 d'alcools, 36 p. 100 d'aldéhydes, 2:i,8 p. 100 d'esters, 2 p. 100 d'acides, 2 p. 100 de citroptène ct du limonène [K91]. La composition de l'essence des Antilles a été étudiée en détail en 196:3 par Kovats qui a isolé et dosé 44 substances. Les principales étant le limonène (59,9 p. 100), le p-cymol (11,5), l'ct-terpinéol (5,8), avec le cinéol, le fenchol, le terpinénol, ete. Deux monoterpènes oxydes nouveaux (0,3 et 0,7 p. 100) sont aussi signalés. Au total l'essence est composée à 93,4 p. 100 de terpènes et terpénoïdes se répartissant eu monoterpènes (91,47 p. 100) ct sesquiterpènes (1,94 p. 100) [K44]. Kous n'avons pas en notre possession d'autres données sur la chimie du C. auranlifolia, mais on peut supposer' qu'elle est qualitativement comparable en plus d'un point avec le Citrus limonumtRisso qui constitue le Citronnier cultivé en Europe (particulièrement en Italie) et qui llgure à la pharmacopée française. D'ailleurs ces deux Citronniers sont souvent considérés comme deux variétés de l'espèce C. medica, le tropical étant la variété acida, le méditerranéen la variété limonum. 1\'ous pouvons en tout cas assurer que sa valeur antiscorbutique en fait un médicament précieux en zone saharienne. C'est ainsi que durant la deuxième guerre mondiale nous avons eu l'occasion de pratiquer dans la région de Bilma (Sahara nigérien) des traitements au long-cours préventifs et curatifs sur des militaires atteints de scorbut. Et cela de façon très satisfaisante, avec des citrons conservés dans des petites caissettes en bois, garnies de sable pour assurer leur conservation durant les transports (camion ct chameau) et durant le stockage. On peut estimer. nous semble-t-il que, comme la chimie, la pharmacologie du C. auranlifolia rejoint celle du C. limonum. Sa ms a étudié 1'action photodynamique de l'huile de C. aurantifolia et rapporte 11 cas de photodermitcs constatés sur des sujets ayant exposé ù la Jumii're des parties de kur corps en
3 G. ·--Les Fagara. L'intérêt suscité par l'étude chimique des Fagara présente plusieurs aspects : un aspect botanique, <'Il raison de la contribution apportée par la chimiotaxonomie ù la dassitication des espt•ccs du genre par suit<' du rattachement du gPnrè Zanllwphyllum (supprimé) au gPnrc Fagara (CL l'riec in [SI\6[ pp. -!29-4:-,2); un aspect chimique pur, <'n raison de la présence dans ce groupe de nombreux alcaloïdes tertiaires et quatalzicl [Ill]. ·nl 1:1 reprl·scnlants pour' \frique de l'Ouest ct h· H. l'. Berhaut :1 pour le ~ : V 'rJlrirurii, F. :ronfl•· · r/oidi'-' ct F. rubcscrns. Seuls h•s deux premit•rs Il< nar '. !,!'•·
XXIII
Importance relatilJe des alcaloïdes tertiaires et lfltalernaircs dans les écorces de Fa gara Jeprieurii et Fa~ara x a nt hoxyloïdes (d'après Caldenvood ct Fisch [C571)
I. -
Alcaloides terliairt's
F. leprieurii
F. xantlwx:yloldcs
Composés tiges
+ ++++
A ..............
AngoHnine ...... B .... ,
c
racines
......-
ligt·s
+
++ ++++ ++
1
+-+-+
+
++- - - - - ! - - · - --
·----
............
+
Skimmianinc ....
++++ ++ +-+++ ++++-
+-++
---------- -----
++++
Angolinc ·······
racines
-------
/]
·+
+ !· 1 i- !-+ ____ ] _____ _
E (prohalJlem<•nl fagaramide ··--
1
c
~
1
II. -
Q, ············· Q, (a)• ......... ---- - -
Oa• · · · · · · · · · ·
o. (b)• Q;;*
......
........
--------
o•. ' ...........
+ +++ +++ ++ 1-+,
-·
Alcaloïdes quaternaires
+ ++-+1-++---------·----
-·
+-'-
+
+-1-"-t-
,-j-
----------------
+-t+
Ou
··········
+-++
-,--j-
1-+
Q, ...... , ...... +++ t--1--f ++++ - - - - - - · ------------- - - - - - - - - - - - - - - - - - - .......... +-+ ++ ++ QIO - - - - - - - - ---------- - - - - - -
o,, ........ ' ...
---
-------
+ 1-
-------·
1 !-
-r-I-+ ++++ ++ +-1--·-------1-
• Alcaloïdes plll'noliqucs. (a) Prohahlenwn t 1· hyrlroxy -~,9, 1 0-trimélhoxy-NN-rli mN hy lapomorphinium chlorh.vrlralto, (Ir) l'rohahlt•nll'nl (+)·chlorhydrate rie temlJératinc.
dt•rnièrepp. 8t
1,
HlnPcs sur !:\ ehimit• de F. lcprit•urii ct F. xanfho.rnloldes, st• n·porlt·r <1.
_,J
712
PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADITI
(
ELLE
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
3.- Fa~ara leprieurii (Guill. et Perr.)
En~.
écorces de racine, de l'angoline avec un rendement de 0,3 p. 100. Cette angoline, étudiée par la spectrographie de masse, a comme formule brute C11 H 110 1 N et correspond (spectrographie UV et de RMN) à la structure de la 9-méthoxfchélérythrine ; mais selon les auteurs l'angoline est un artefact provenant de la chélérythrine [F31)•.
SvN. - Pagara angole.nsis Engl., Pagara polyacantha Engl., Pagara nitens (Hiern) Engl., Pagara attiensis Hutch. et Dalz., Zanthoxylum leprieurii Guill. et Perr., Zanthoxylum nitens (Hiem). VERN. - Bamb. sotokuru (Berhaut) ; dio/a Pogny hulin, kasan, karsandako; diola Tendouk busan, fosan ; dio/a Séléki birikit, bugit ; floup budoginam ; bain. sekra, sikra.
4. -
Petit arbre de 8 à 10 m, à fftt droit mais court, à cime ovoïde claire; écorce profondément striée, foncée ; branches avec de nombreuses épiaes crochues, élargies à la .
Feuilles alternes, composées, imparipennées ; rachis épineux dessous, long de 20 cm avec 5 à 8 paires de folioles ovales, oblongues, de 8 sur 4 cm, cunées à la base, longuement acuminées -au sommet, finement crénelées sur les bords et à nombreuses cellules translucides. Panicules axillaires ou terminales lâches, très fleuries, de petites fleurs blanches parfumées. Capsules sphériques de 5 à 6 mm, orangées à maturité, avec 4e nombreuses glandes dorées.
zanthoxyloides Lam.
Caractères remarquables.
Arbuste sarmenteux ou petit arbre glabre de 6 à 7 rn de haut, ramifié près de la base ; branèhes avec de nombreuses épines crochues, robustes. Tous les organes dégagent quand on les froisse une odeur très aromatique poivrée citronnée. Feuilles alternes, composées imparipennées ; rachis de 10 à 15 cm, épineux dessous, avec trois à cinq paires de folioles dont la nervure médiane est également souvent épineusf' à la face inférieure ; folioles ovales, elliptiques, plus ou moins cunées à la base, obtuses et courtement acuminées au sommet, entières ou très finement crénelées sur les bords ; nombreuses cellules translucides. Panicules lâches, axillaires ou terminales de petites fleurs blanches parfumées. Capsules sphériques de 5 à 6 mm de diamètre.
Habitat. Il existe surtout dans la forêt guinéenne de Casamance maritime, dans les rochers, ravins et galeries·du Sénégal oriental; aussi, dans les galeries humides du NiokoloKoba. 1
Emplois.
Fa~ara
SYN. - Pagara senegalensis (DC.) A. Chev., Zanthoxylum senegelense (DC.) A. Chev., Zanthoxylum polyganum Sebum. VERN. Wol. dnendigeku, dengidek, génidek, génégidek, noe, nden, horâpolé ala ; ser. noe; niom inol\, inok; mal., bamb., mand. wo; socé. samatino ; bamb. goro ngua (Berhaut) ; bal. mâcu ; peul barkeley, bulébarkelé ; diola Pogny busan ; diola Diembéreng nisédet.
Caractères remarquables.
~L
713
1
Habitat.
f
f
Très commun dans les taillis de la Casamance maritime, il suit les secteurs côtiers dans les sols frais, jusqu'aux environs de Dakar, près des niay.
Espèce signalée seulement en moyenne et basse Casamance, mais très estimée des guérisseurs. Les racines auraient une excellente activité diurétique et purgative, d'où leur emploi pour les gonococcies, les maux de ventre et surtout pour le déparasitage intestinal ; quelquefois aussi pour traiter la stérilité. En usage externe, P. leprieurii soulagerait efficacement les maux de reins, les douleurs articulaires et celles du bas-ventre, soit en massages avec la poudre de racines associée à celle de Securidaca longepedunculata, soit, tout simplement, en lotions ou en bains de vapeurs. Ces bains de vapeur sont également recommandés dans les cas de fluxion dentair!l.
--/ Emplois.
!'-
Pagara zanthoxyloides est considéré partout où il se trouve au Sénégal comme un parasiticide polyvalent interne et externe d'une activité indéniable. Aux tles du Saloum, par exemple, le réputation du végétal comme vermifuge est telle qu'on prétend que son action commence à se faire sentir dans les entrailles dès qu'on commence à attaquer à la machette les racines et les écorces; Cette croyance, bien établie, est certainement due pour une bonne part à l'agréable odeur qui se développe dans l'atmosphère environnante quand on écorce l'arbre. Les Wolof font grand usage des feuilles et racines pour les entérites, les dysenteries, les diarrhées profuses, les Yers intestinaux, les urétrites. En usage externe, les préparations de racines sont très utilisées pour les ulcères phagédéniques, le pian, les plaies suppurantes, les morsures de serpents. L'écorce de la racine, à saveur piquante, est nettement sialagogue et fréquemment prescrite comme anti-odontalgique. Les feuilles, également, sont recommandées pour stomatites, gingivites, caries. Les racines constituent des frotte-dents particulièrement appréciés. Les feuilles ainsi que les écorces de tiges et surtout de racines, après avoir été fractionnées et plus ou moins froissées, sont utilisées en aromathérapie contre les migrai_nes et les névralgies selon diverses modalités (applications sur la tête ou le front, répartition sur la couche du malade, etc.)~
Chimie. Lors de leurs premiers travaux qui remontent à 1955 Paris et Palmer [P76, P77, P78) isolaient des écorces de racine à l'état cristallisé la skimmianine ou [>-fagarine•, angoline C 22 H 110cN et angolinine. Ils caractérisaient également une quatrième base, non identifiée. Par la suite, Palmer signalait dans les écorces plusieurs alcaloïdes et la skimmianine. Etudiant en 1966 l'espècenigériane, Calderwood et Fish [C57) détectent par chromatographie dans les tiges, 5 bases tertiaires et 7 bases quaternaires, dans les racines, 4 bases tertiaires et 6 bases quaternaires (voir Tableau XXIII). Etudiant en 1966-1968 nos échantillons du Sénégal, Fonzes et Winternitz [F30) ont séparé des écorces de tronc un .alcaloïde de formule brute C,.H 100,N dont. la structure a été déterminée comme étant celle de l'hydroxy-1-diméthoxy-2,3-N-méthylacridone••. Par ailleurs, les mêmes auteurs, s'ils n'ont pu mettre en évidence dans les écorces de tronc que de faibles quantités d'angoline et d'angolinine, ont obtenu, à partir des
'~
Chimie.
Toutes les études concernant F. zanlhoxyloides ont été pratiquées sur des échantillons d'Afrique occidentale (Sénégal, Togo, Côte-d'Ivoire, Nigeria). Les feuilles renferment de l'essence, des traces d'alcaloïdes, un hétéroside flavonique de PF 186° qui pourrait être le rutoside [P78). ·
• La [>-fagarine ne r;oit pas être confondue avec l'a-fagarine isolée du Fagara coco. Non seulement ces deux bases sont chimiquement différentes, mais la [>-fagarine ne possède pas les propriétés antillbrillantes de l'a-fagarine. •• C'est le premier alcaloïde du groupe de l'acridone rencontré dans un Fagara.
• Cf. Addenda, p. 802. •• Nom le plus souvent employé.
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADITIOL'<ELLE
Les fruits livrent par distillation à la vapeur d'eau une huile essentielle composée principalement de méthyl-nonylcétone, de linalol, d'esters acétique et caprique, de sesquiterpènes et de deux coumarines : la xanthotoxine C 12 H 8 0, et le bergaptène C 12 H 80, [P78]. F. zanthoxy/oides fournit une gomme contenant galactose, arabinose et acide 4-0-méthylglucuronique et qui apparemment ressemble à la gomme de Myrrhe [B71]. L'examen chromatographique des produits d'une hydrolyse partielle de cette gomme révèle la présence d'un acide aldobiouronique qui est le 4-0(4-0-inethyl-ct-D-glueuronosyi)-D-galactose [T28]. Les écorces de raeine ont été étudiées dès 1887 par Giacosa et Marari qui isolèrent deux substances alcaloïdiques, la principale, amorphe, de formule brute C21 H 23 0,N, fut appelée par les auteurs artarine, du nom artar donné à la drogue. Quant à la seconde base, existant en très faible quantité, elle était ëaractérisée en particulier par sa couleur rouge sang [G50). Par la suite Paris et Moyse-Mignon rapprochent de l'artarine une substance alcaloïdique (du groupe de la berbérine) obtenue sous forme de chlorhydrate pur, pour laquelle ils proposent la formule C23 H 20 0 6 N ; ils pensent en outre avoir isolé la base rouge sang pour laquelle ils proposent la formule brute C 10 H 2 ,0,N et la dénomination fagaridine [P78). Pour Torto et coll., l'artariue. ou substance A 2 est un artefact qu'ils ont identifié par son spectre à la 9-oéthoxychélérythrine, tandis que la fagaridine est un mélange de bases du groupe de la benzophénanthridine [T73]. Successivement sont isolées, en 1911 la fagaramide CuH 17 0 1 N par Thomas et ·Thumen (T30), puis en 1947la skimmianine CuH 130,N (déjà découverte dans Skimmia japon ica) par Paris et Moyse-Mignon et qui est une diméthoxydictamnine [P78]. Ces derniers auteurs ont en outre contrôlé l'identité de 1~ skimmianine avec la (3-fagarine du fagara coco américain•. En 1963, Bowden et Ross isolent le principe piquant et anesthésique local des membranes muqueuses et l'identifil11!t au N~isobutyldécadieneamide C,.H 26 0N [B75]. En 1966 Calderwood et Fish [C57) signalent avoir séparé par chromatographie bidimensionnelle 7 alcaloïdes t~rtiaires: 4 dénommés A, B, C, E (ce dernier étant probablement la fagaramide), la skimmianine et deux autres non encore signalés dans F. zanthoxy/oides : angolinine et angoline (voir Tableau XXIII). De plus, s'attachant à la recherche des alcaloïdes quaternaires ils décèlent 8 alcaloïdes quaternaires dénommés 0 2 (probablement 1-hydroxy triméthoxy NN diméthylapomorphinium), Q 3 (alcaloïde phénolique), Q, (probablement ( + )-tembetarine), Q 0 , Q,, Q 10, Qw Q,., ces trois derniers étant phénoliques [C57]. D'après les travaux de Torto et coll. réalisés en 1966, l'un de ces alcaloïdes pourrait être la chélérythrine C 01 H 190 6 N découverte pour la première fois dans le Chelidonium majus [T29]. Plus récemment (1969), en confirmant la présence de skimmianine dans les écorces de racine du Ghana, les mêmes auteurs y ont isolé la dihydrochélérythrine et confirmé la présence de chélérythrine [T73j••. Outre les bases tertiaires et quaternaires, les écorces de racines renferment une substance non azotée dénommée fagarol qui fut séparée par Priess en 1909 avant d'être obtenue à l'état cristallisé par Thorns et Priess en 1911. La formule brute exacte C20 H 18 0 8 lui fut alors assignée. On sait maintenant que cette substance, la sésamine (ou pseudo cubébine), est un lignane différant de la cubébine du Poivre de cubèbe par deux H en moins [K1). Dans les écorces de tige, Paris et Moyse-Mignon ont trouvé une teneur en· eau de 10,50 p. 100 et en matières minérales de 7,50 p. 100, des traces de tanin, un saponoside, 0,02 à 0,04 p. 100 d'alcaloïdes, ainsi qu'une petite quantité de « fagarol » et de principe piquant [P78). De leur côté Calderwood et Fish ont signalé dans les tiges la présence de deux bases tertiaires (skimmianine et angoline) et les mêmes bases quaternaires que dans la racine, ,\ l'exception de la base Q 0 [C57). Pharmacologie. La xanthotoxine des fruits (ou ammoïdine de l' Ammi majus) est connue pour ses propriétés ichtyotoxiques déjà manifestées à la concentration de 1/100 000 et serait même plus active que la picrotoxine [P78]. • Cf. Note de bas de page, p. 710. •• Cf. Addenda, p. 802.
L'artarine irrite le système musculaire, coagule la myosine et provoque des mouvements spasmodiques comme la vératrine. Elle augmente l'énergie des battements du cœur, cet effet étant totalement indépendant du vague et des autres nerfs inhibiteurs du cœur (G50). La fagaramide de Thorns et Thumen serait douée de propriétés narcotiques, mais uniquement sur les animaux à sang froid [T30). H y a lieu de signaler également que la sésamine est connue pour son action synergétique avec les pyréthrines dont elle exalte les propriétés insecticides sans être elle-même un insecticide ... Les essais concernant la pharmacologie de la skimmianine ce sont soldés par des échecs en raison des quantités importantes d'acide chlorhydrique à mettre en œuvre pour la dissoudre (Cll). La N-isobutyl décadiene amide est un léger anesthésique local des muqueuses et donne la saveur piquante aux écorces de tige et surtout de rac'ine [B75]. Nous avons signalé en 1947 l'emploi de l'écorce comme poison de pêche en Côted'Ivoire. Bien que n'ayant pu mettre en évidence ni xanthotoxine ni fagaramide dans les écorces de racine, Paris et Moyse-Mignon ont constaté que celles-ci sont fortement ichtyotoxiques. Dès la concentration de 1/4000, elles produisent la perte de l'équilibre en quelques secondes de Ides melanotes. Les écorces de tige sont moins actives et les feuilles encore moins toxiques. L'essence est aussi fortement ichtyotoxique : l'action est nette à partir d'une concentration de 1/500000 et instantanée à 1/100000 [P78). Chez la souris, par voie sous-cutanée, à une dose correspondant à 10 g/kg, l'écorce de racine provoque la mort de 80 p. 100 des animaux. Chez le chien chloralosé, l'extrait d'écorce de racine provoque par voie intraveineuse une action dépressive sur le cœur. Sur l'intestin isolé, l'infusé à 10-, provoque une diminution de l'amplitude et surtout du tonus [P78). Les essais de t!)xicité sur la souris pour les alcaloïdes ont conduit aux résultats suivants : par voie sous-cutanée la dose tolérée est de 0,125 g/kg pour la fagaridine et de 0,05 g/kg pour la skimmianine et l'artarine (P78). /
85. -
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SALICACÉES
Famille comprenant 2 genres : Popu/us (Peupliers) et Sa/ix (Saules) et 180 espèces répandues surtout dans les régions froides et tempérées du globe, rares entre les tropiques, absentes de l'Australie et de l'Archipel Malais. Seul, le genre Sali x est représenté en Afrique de l'Ouest, avec 4 espèces dont 2 au Sénégal étroitement localisées sur les berges de quelques grandes rivières (Sénégal, Gambie et aflluents). Ce sont des arbustes à feuilles alternes, simples, caduques, stipulées. Fl.eurs dioïques ; inflorescences en chatons apparaissant avant les feuilles. Fruits capsulaires ; graines entourées de longs poils blancs soyeux. Les écorces de Sa/ix renferment généralement au moins un hétéroside, le salicoside, du tanin, des résines et sont utilisées comme tonique des voies digestives et sédatif.
1.- Salix coluteoides Mirb.
et 2.- Salix subserrata Willd. SvN. -- Sa/ix safsaf Fork. ex Trautv. VeLao. - Saule. VERN. - lVol, bamb. kélélé; mal., peul, toue. bord de l'eau), kéléli.
kélélé mayo ( = arbre du
Caractères remarquables. Espèces aflines. Ce sont des arbustes à nombreuses tiges dressées partant de Ja base, atteignant 3,50 rn ; rameaux glabres ou pubescents ; teinte générale vert grisâtre argenté.
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Feuilles alternes et de formes variables sur le même pied : ovales ou lancéolées, arrondies ou acuminées au sommet, cunées ou arrondies à la base ; court pétiole de 1 à 5 lllm ; limbe entier ou finement crénelé, glabre ou pubescent lorsqu'il est jeune, de dimensions très variables, allant de 3 cm sur 12 mm à 9 cm sur 18 mm sur la même branche. Chatons mâles axillaires de 2 à 2,5 cm de long avec des fleurs jaune verdâtre. Capsules s'ouvrant par le sommet, de 6 mm de long, avec un court pédicelle de 0,5 mm. Graines plumeuses. Habitat. Ils sont l.ocalisés le long des berges des grandes rivières (Sénégal, Gambie) et de leurs affluents. Emplois. Les Sa/ix sont utilisés uniquement par les bilédio Toucouleur soignant, par des pratiques médico~magiques, les maladies mentales. Ils utilisent aussi pour ces pratiques tonawi kéléli c'est-à-dire les Tapinanlhus parasitant le Sa/ix. Pour les Wolof les mêmes 1'apinanlhus (tobo kéléli) à propriétés laxatives donneraient de bons résultats dans les troubles intestinaux. Chimie et pharmacologie. Les Sa/ix africains n'ont guère été étudiés mais ce que l'on sait des espèces des diverses autres régions (S. alba L., S. nigra Maroch., S. purpurea L., S. scaraliniana Michx., S. triandra L., etc.) permet de supposer qu'ils renferment au moins du salicoside, des tanins et des matières résineuses. Le salicoside C 13 H 18 0, retiré de l'écorce des Salix est un hétéroside c;lédoublable en glucose et saligénol (ou àlcool salicylique C,H 8 0 1). Ce saligénol est u'\'antithermique et un anesthésique local responsable de l'action physiologique du slilicoside. Il y a lieu de signaler à ce propos que l'écorce de S. alba était très employée en médecine comme antipaludique avant l'introduction en thérapeutique des Quinquinas. Différents extraits d'écorce sont utilisés comme tonique des voies digestives, fébrifuge, analgésique et antirhumatismal. Les chatons de certaines espèces renferment des hormones œstrogènes et ont été prescrits comme antispasmodique dans les douleurs pelviennes, l'éréthisme génital, l'insomnie et l'angoisse.
86. - SALVADORACÉES Petite famille surtout tropicale qui renferme une seule espèce au Sénégal : Salvadora pers ica.
1. - Salvadora persica L. VuLGO.-
Arbre brosse à dents.
Wol. gao, ngao, googoo, mgav ; mal. hiroy ; loue. gudi. VEnN. -
hirigesé (Aubréville) ; peul
Caractères remarquables. Arbuste glabre de 4 à 5 rn, rarement plus, à füt branchu dès la base et mal conformé, parfois un peu sarmenteux, souvent buissonnant, à rameaux flexibles retombants, tortueux, blanc verdâtre. Feuilles opposées, épaisses, presque charnues, glabres, vert glauque, avec de très petites stipules ; elles sont ovales, arrondies aux deux extrémités parfois mucronées, de 5 sur 3,5 cm, avec un pétiole de 8 mm.
FIG. 39. - Sa/l'adora persica L. - 1. Rameau feuillé florifère réduit aux 2/3. Mode d'insertion des feuilles et de l'inflorescence x 2. - 3. Détail de l'inflorescence des jeunes fruits x 4. - 4. Calice x 6. - 5. Jeune fleur (calice ct un pétale enlevé) x -- 6. Pétait$ et étamines x 8. -- 7. Etamine, face externe x 8. - 8. Pistil x 8. Fruits réduits aux 2/:l. -- 10. Fruit x 2.- 11. Graine x 2 (ll'apri·s Busson).
2. et 6. 9.
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Panicules axillaires ou terminales de 5-8 cm de long, avec de nombreuses petites fleurs jaunâtres, glabres ; calice court à 4 lobes ; 4 pétales unis à la base et 4 étamines ; ovaire uniloculaire, uniovulé. Baies sphériques avec le vestige du style au sommet, de 6 mm de diamètre, rouges à maturité.
Il est très commun le long de toute la vallée du Sénégal dans les limons parfois atteints par les crues. Emplois.
87. -
Espèce médicinale jouissant d'une très bonne réputation et à laquelle on reconnaît surtout des propriétés diurétiques particulières. . Dans le Fouta Toro, les racines de S. persica, souvent associées aux feuilles de kinkéliba, sont prescrites pour la fièvre bilieuse hématurique, les rhumatismes, la blennorragie. Dans le Walo, pour l'accès pernicieux, on ne prélève que les écorces des arbres poussant près des rares mares permanentes. Ces écorces sont alors mises à macérer dans l'eau avec celles de Zizyphus mucronata, Capparis decidua et en outre, suivant l'état du malade, les rameaux feuillés de Jatropha chevalieri : la diurèse serait très marquée et l'effet purgatif se manifesterait en fonction de l'addition en quantité plus ou moins grande du Jalropha. L'activité de la drogue étant unanimement reconnue, il est normal de la trouver prescrite pour le diangara Cayor, la lèpre, mais on nous a également signalé dans le Cayor l'action des feuilles dans les bronchites, les toux quinteu_ses, les crises d'asthme. Le S. persica est également utilisé pour l'hygiène de la bouche et l'entretien des dents [G103]. Il se fait d'ailleurs au Sénégal une grande consommation de rameaux vendus sur les marchés en guise de s11tio (bâtonnets frotte-dents et masticatoires) au prix de 5 francs l'unité. /
SAPINDACÉES
Importante famille tropicale qui comprend une dizaine de genres au Sénégal. Ce sont des arbres ou arbustes à feuilles alternes, rarement opposées, composées trifoliolées ou pennées, rarement simples (Dodonaea). Fleurs de structure variable, a\'ec généralement un disque, des étamines hypogynes, souvent 8, filets libres, ovaire supère. Fruit en capsule, parfois ailé (Dodonaea). Certaines espèces sont très plastiques. Le Paullinia pinnala se rencontre aussi bien au bord du Sénégal que dans le sous-bois des forêts de la Casamance maritime. Au point de vue chimique, on trouve dans cette famille des drogues à saponines responsables de leur toxicité (Sapindus saponaria L., ou Savonnier, utilisé dans l'industrie) ; à bases puriques: caféine, théobromine (guarana fourni par Paullinia cupana et P. sorbilis, yocco fourni par P. scarlatina Radlk.); à saponines ichtyotoxiques (les timbos fournis par divers Serjania utilisés comme insecticides), à tanins (Marronnier d'Inde ou Aesculus hypocastanum L.) Les deux espèces figurant au droguier sont le guarana, excitant caféinique et le Marronnier d'Inde. Ce dernier inscrit à la pharmacopée française renferme, outre des tanins, des saponines, deux hétérosides aescyloside et fraxoside, princip~ intervenant fayorablement sur la circulation veineuse.
Chimie et pharmacologie.
• St•hm certains auteurs le S. persica serait l'arbre à moutarde de la bible (in [W2] et [F52]). u Dans la rt'!lion du Tchad, les souches sont traitées pour obtenir le • sel de babul • qui est très estimé et fait l'objd d'un marché local important. On pouvait voir ainsi, il y a quelques années en('Ore, t>n particulier sur la piste de N'Guimi à Bihna, des campements provisoires aux environs etes puits de Ml'timé et de I
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la silice contenue en fortes proportions dans la racine et les branches peut contribuer par son action mécanique à donner aux dents une blancheur éclatante ; la résine peut réaliser une protection et un revêtement pour l'émail dentaire ; les composés sulfurés, comme il en existe dans cette • plante-moutarde •, sont des agents bactéricides bien connus. Ils ajoutent même que la vitamine C généralement présente dans les plantes contenant des composés sulfurés organiques, pourrait apporter dans l'organisme un principe antiscorbutique agissant sur les œdèmes et les hémorragies des gencives [F52).
Habitat.
On sait peu de choses sur la chimie de cette espèce. Selon des travaux anciens, les feuilles renferment de la triméthylamine ; les écorces également, ainsi qu'une résine [W3). · Les graines sont riches en une huile (40 à 44 p. 100) à haut point de fusion (;{8°) ce qui a fait envisager son emploi en stéarinerie et comme graisse alimentaire. Elle est composée des glycérides des acides myristique (54 p. 100), palmitique (19 p. 100), laurique (19 p. 100), oléique (5 p. 100) [Jl, G26). Elle contient une petite quantité d'essence s'apparentant à l'huile de moutarde [W3]*. La calcination des souches fournit des cendres riches en sels de potassium qui sont utilisées dans l'alimentation. Le taux en matières minérales des écorces de racine atteindrait 27 p. 100**. Au cours d'essais préliminaires récents pratiqués sur l'espèce indienne, Farooqi et Srivastava ont noté dans les écorces de raaine la présence notable de sels, principalement des chlorures, et une quantité importante d'alcaloïdes, mais seulement des traces de tanins et de saponosides [F52]. Les feuilles ont donné des tests antibiotiques négatifs [04]. De même, les tests de pouvoir insecticide pratiqués sur les extraits de feuilles et de racines ont donné des résultats peu probants [H57]. L'universalité de l'emploi de S. persica comme frotte-dents dans les différentes régions de son aire de dispersion (Afrique, Arabie, Iran, Syrie, Indes) est en faveur d'une certaine activité dans le domaine dentaire. Farooqi et Srivastava rejoignent cette opinion et vont même plus loin en émettant quelques hypothèses à ce sujet: la triméthylamine peut avoir une action stimulante sur les gencives et les chlorures peuvent agir comme dentifrice pour mobiliser le tartre et autres dépôts dentaires ;
PLANTES MÉDICIJ\'ALES ET TOXIQUES
1. - Allophylus africanus P. Bea uv. /
Schmidelia a{ricana (P. Beauv.) FC. lVol. gernay (Ber haut); sei'. sadkan (Ber haut) ; mand., socé gond gonio, kôkômaulô ; dio/a busigili ; {loup basigili ; bain. banotoren, tu guyuféré ; bas. amakétan. SYN. -
\'ERN.-
Caractères remarquables. Arbuste de 2 à 3 rn, rameux presque dès la base, à branches contournées et plutôt dressées. Feuilles alternes, trifoliolées, à long pétiole de 4 cm pubescent à la partie supérieure ou sur toute la surface ; folioles subsessiles, obovales, cunées à la base, courtement acuminées au sommet, plus ou moins dentées sur les bords, généralement avec des touffes de poils à l'aisselle des nervures latérales dessous ; limbe glabre ou glabrescent à la face inférieure, d'environ 8 cm de long sur 4 cm de large. Inflorescences en grappes axillaires, rarement ramifiées, avec de petites fleurs blanches courte ment pédicellées. Baies sphériques solitaires ou par paires, de 6 mm de diamètre, rougeâtres ou orange à maturité. Habitat. Il est commun en Casamance maritime dans les boqueteaux près des rizières. Il existe également dans les galeries soudaniennes plus ou moins sèches, les ravins, les rebords de bowé ct près des niay aux environs de Dakar. Emplois. Les fruits considérés comme comestibles sont consommés par les enfants ; mais d'après notre meilleur informateur baïnouk, l'absorption de poudre de racine dans l'eau ou du vin de palme pourrait provoquer des crises démentielles.
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Quoi qu'il en soit, de la Casamance au Saloum, ce sont toujours les feuilles qui sont utilisées en thérapeutique. On leur reconnalt une action efficace dans les céphalées persistantes en prises nasales et aussi dans les conjonctivites et autres maladies oculaires en lavages ou en instillations du macéré. Il nous a été signalé à plusieurs reprises l'amélioration de la vue par la consommation des jeunes pousses et par bains d'yeux avec leur suc d'expression. Enfin chez les Socé les ablutions avec l'eau de trempage des feuilles aurait, avec accompagnement de prières, de grandes vertus bénéfiques. Chimie. Des tests pratiqués sur les écorces de l'espèce congolaise indiquent, selon Bouquet, la présence de flavonoïdes et l'absence d'alcaloïdes, saponosides, tanins, quinones, glucosides cyanogénétiques, stéroïdes, tc:rpènes {E210].
2.- Aphania
sene~alensis
(
.ELLE
(Juss. ex Poir.) Radlk.
VULGO.- Cerisier du Cayor. SYN. - Sapindus senegalensis Juss. ex Poir., Aphania silvalica A. Chev. ex Hutch. et Dalz. VERN.- Wol. kévor, xévor; ser., niom. mbuc, mbuj, mbaj; niom. ibuj; none kobus ; fa/or sis ; mand. kurdêden, kulugengeno ; toue. kélibudâgéri (Merlier) ; diola bulao (Sébire) ; diola Séléki bue~; bain. kumen rofokor. Caractères remarquables. Arbuste ou petit arbre, atteignant 8 à 10 rn, à ffit court, droit très branchu, à:éime
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Chimie et pharmacolo~ie. Le fruit frais du Sénégal a la composition suivante pour 100 g: eau 70,9 g, protéines 1,6 g,lipides 0,03 g, glucides totaux 26,5 g, calcium 22 mg, phosphore 96 mg, fer 3 mg, vitamine C 69 mg, thiamine 0,02 mg, équivalent vitamine A 160 mg (T3]. En dehors de cette analyse diététique récente nous ne disposons comme éléments bibliographiques que du rapport de Tep paz rédigé en 1909 {T15] pour répondre à Ja question. de savoir si, au Sénégal, en raison des intoxications provoquées surtout chez les animaux par les fruits de A. senegalensis, il y avait lieu de procéder à la destruction pure et simple de l'espèce. A la suite des expériences faites sur les animaux l'auteur conclut que : - «Les fruits sont toxiques à l'exclusion des autres parties comestibles de l'arbre (feuilles, jeunes branches). - • La partie toxique du fruit èst l'amande. La pulpe, la toque et l'épisperme de l'amande ne jouent aucun rôle dans les intoxications. « La quantité d'amande pour tuer un animal est de 100 g. • - • Le principe toxique n'est pas l'acide cyanhydrique comme l'ont soupçonné les botanistes. - • Le principe toxique est très probablement un alcaloïde qui se combine à chaud seulement avec l'acide sulfurique pour former un sel soluble dans l'eau. Cet alcaloïde existe en quantité relativement considérable puisqu'il suffit de 100 g de fruits frais pour tuer un animal par la voie digestive ct de l'extrait 50 à 60 g par la voie sous-cutanée ou intra-péritonéale ,•. Plouvier en 1964 a isolé de A. senegalensis le québrachitol ou méthyl-24-inositol avec un rendement de 1,50 p. 100 pour les feuilles et 0, 7 p. 100 pour les rameaux {P164) L'étude de l'amande (et des autres organes) d'A. senegalensis mérite évidemment d'être reprise sur d'autres bases afin d'atteindre au moins à la connaissance du principe toxique.
dens~'serrée, ovoïde (Cayor) ou ample et étalée (Casamance); écorce grisâtre, fqncée,
rugueuse écailleuse ; jeunes rameaux à pubescence ferrugineuse ou grisâtre. Feuilles alternes, facilement identifiables à leurs deux paires de folioles opposées, la paire basale étant insérée près du rameau ; folioles elliptiques ; pétiole de 1 cm et pétiolule renflé de 5 mm ; limbe d'environ 15 cm de long sur 5 cm de large, la paire basale étant plus petite. Panicules terminales lâches ou condensées, à pédoncules tomenteux ; boutons sphériques, verts, glabres, courtement pédicellés et articulés près du rachis ; petites fleurs verdâtres à sépales ciliés. Drupes pendantes, rouges à maturité, solitaires ou par paires, ovoïdes, de 15 à 20 mm de diamètre. Pulpe acide et sucrée lorsqu'elle est müre, très astringente pendant la maturation.
3. - Dodonaea viscosa J acq. SYN. - Ptelea viscosa L. VERN. - Wol. reucu ; ser.
nara (Trochain), nara ngéhen (Berhaul).
Caractères remarquables.
Il est très commun dans le Cayor, plus disséminé dans le Sine, les !les du Saloum et la Casamance maritime. On le rencontre aussi, mais plus rarement, dans les galeries sou daniennes, les ravins et éboulis du Sénégal oriental, Ies rebords de carapaces ferrugineuses.
Arbuste de 3 à 4 rn de hauteur à nombreuses branches dressées, anguleuses. Feuilles persistantes, collantes, visqueuses parfois couvertes de sel lorsque la jllante croit sur le littoral ; elles sont simples, subscssi!es, oblancéolées, longuement cunéiformes à la base, obtuses et apiculées au sommet, de 10 sur 2,5 cm, membraneuses, glabres avec de nombreuses nervures latérales étalées. Petits racèmes ou panicules terminaux de fleurs verdâtres, unisexuées ou polygames ; pétales absents ; 5 à 8 étamines. Fruits suborbiculaires de 3 cm de diamètre gonflés d'air, émarginés au sommet, généralement avec 2 ou 3 ailes membraneuses et réticulées.
Emplois.
Habitat.
Habitat.
La grande toxicité des graines d' Aphania est unanimement signalée. On déplore les morts d'enfants et d'animaux après leur consommation et on les juge d'autant plus dangereuses que le fruit qui les contient (la cerise du Cayor) est comestible et a même une saveur très agréable, malgré une légère astringence. Les feuilles sont aussi quelquefois signalées comme dangereuses. Les Wolof et les Lé bou reconnaissent aux feuilles des propriétés vulnéraires ( décocté de feuilles en bains et aussi en boisson après contusions, chutes, accidents divers) ; les Sérer et Niominka prescrivent le décocté d'écorces de tronc, de rameaux feuillés et de pain de singe (pulpe du fruit de baobab) en boisson dans les cas de bronchite ct de broncho-prH'umonics. En Casamance, Je mucéré d'écorce administré en boissons ct en bains est considéré comme préventif cl curatif des morsures de serpent et est également prescrit comme préventif antimigraincux, tandis que le macéré de feuilles pilées est donné aux enfants comme vermifuge.
Il est irrégulièrement répandu sur le littoral du Sénégal dans les sols sablonneux , où il forme des peuplements épars ainsi qu'autour des lagunes des environs de Dakar. Emplois. Espèce signalée par quelques rares guérisseurs wolof qui cmploil'nl )(•s f(•uillcs, en usage interne comme vermifuge, en usage externe comme antidcrmatosiqtH'. Chimie. Bien que généralement considérée comme inofTcnsiYc, elle {'sl utilis(o(• dans
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
es saponosides (Pammel, Greshoff, Githens et autres auteurs). Paritar et Dutt ont olé des graines un aglycone, la dodogénine C 23 H 36 0 8 qui appartient au groupe des 1pogénines stéroidiques (in [R35]). Des feuilles, Rao a isolé fj sistostérol, stigmastérol .'isorhamnétine [R35]. Selon Watt [W2), les feuilles.contiendraient, outre les stérols, ~ alcaloïde, un glucoside, des résines, des flavonoïdes, des matières tanniques et le ·incipe actif serait un acide résinique. Les extraits éthérés des feuilles sèches fourssent une substance cristalline donnant l'hentriacontane C31 H 64 et l'acide hautriaïque C 20 H 28 0 4 • Enfin, d'après Burst [H:i2)la plante serait faiblement cyanogéné-
Chimie. Signalons pour mémoire, car l'identité botanique n'est pas certaine, que le P. pinna/a d'Amérique du Sud entre dans la catégorie des poisons de pêche appelés " timbos "· Il doit en grande partie cette propriété à une substance amère, la timboïne C.,H 26 0 8 , voisine de la roténone et à un principe huileux, le timbol, substances isolées toutes deux de l'espèce brésilienne. Il contiendrait en outre un alcaloïde l'ichtyonine, une résine et un pigment brun rouge [K8, W2]. Pour cc qui concerne l'espèce africaine, Busson. a analysé les arilles des graines de Côte-d' Ivoire et trouve dans le produit sec p. 100: extrait éthéré 3,5 ; glucides 86,7 ; insoluble formique 26,7; protides 4,9. Il a également analysé pour l'arille et pour la graine les lipides et les amino-addes [B9). • Dans les échantillons de l'espèce ivoirienne, Paris n'a pas trGuvé d'alcaloïdes, mais un saponoside [K4). Selon Boiteau, les feuilles et rameaux de l'espèce malgache contiennent un saponoside abondant dont l'aglycone est triterpénique [B126). Dans les feuilles et les écorces de l'espèce malgache, provenant du jardin botanique de Tananarive, Plouvier a isolé le québrachitol [1'51). Bowden a extrait des feuilles de l'espèce ouest-africaine un tanin condensé (flavotanin) [B37).
JUe.
tarmacologie.
Les tests pratiqués par Spencer sur les feuilles pour rechercher les propriétés antiludiques se sont révélés négatifs [S95). Sukkawala a pratiqué une étude pharmacoosique de D. viscosa [S30) et a montré avec Desai [S31] que les extraits aqueux et ~ooliques étaient actifs chez le lapin sur le cœur isolé, la pression sanguine de la rotide et l'intestin ; chez le cobave sur la corne de l'utérus. Ces deux mêmes extraits ;èlent une activité anthelminthique tandis que l'extrait alcoolique, seul, présente e certaine activité antibactérienne. Les extraits de tiges et de feuilles de la variété angusli{olia présentent des propriétés :ecticides [H57).
Pharmacologie. Indiquons également, pour mémoire, que la timboïne de l'espèce brésilienne est un poison nerveux paralysant. Le saponoside isolé par Paris de l'espèce ivoirienne est assez toxique pour les paramécies puisque l'infusé au 1/500 les tue eh l h [K4]. Le saponoside mis en évidence dans l'espèce malgache est responsable, selon Boiteau, de nombreuses intoxications .mortelles dues à l'absorption de la drogue comme;abortif [B126]. 1 Broa,dbent* a constaté que le tanin isolé de P. pinnala et l'acide tannique présentent une activité cardiotonique sur le cœur isolé de grenouille. En l'absencè' de calcium dans le liquide de perfusion, ces tanins ne manifestent pas d'action cardiotonique. Le tanin est antagoniste de l'ouabaïne. II empêche cette dernière d'atteindre ses récepteurs et il agit en formant un complexe calcium-tanin à la surface du cœur. Sur le cœur de mammifère, le tanin augmente le tonus diastolique et le flux coronaire [B36].
- Paullinia pinnata L. VERN.- Wo/. saer (Berhaul}, képu néy; ser. kabandombo (Berhaul); mand. jâba lulo ( = cinq {willes}* ; bamb. firadura (Berhaul) ; dio/a · dâbalulu (Berhaul}, fungo, kokot fungo ; {loûp ulébélum, budatu ; bain. klakofeko ; mandj. benempal.
ractères remarquables.
'!ante vivace subligneuse, volubile ou sarmenteuse ; tiges souples, traînantes recouvrant les arbustes et les arbres, glabres qu glabrescentes, subailées. Feuilles !rn es caractéristiques*. . lacèmes axillaires très longuement pédonculés avec une ou deux vrilles sous les rs de la base ; petites fleurs blanches par fascicules. Capsules ligneuses, ovoïdes, >bées et anguleuses, courtement apiculées au sommet, d'environ 3 cm de long, ges à maturité.
litat.
n le rencontre dans toutes les régions du Sénégal, depuis les rives du Fleuve
Ju'en Casamance maritime où il est très commun dans les boqueteaux, taillis >rmations diverses. Dans le Sahel il est localisé autour des grandes mares et dans lieux longuement humides.
[)lois.
es feuilles de P. pinnata sont surtout estimées en Casamance où le macéré aqueux ·ameaux feuillés est recommandé comme fébrifuge, revigorant, antidiarrhéique rrhées profuses, coliques intestinales) et dans toutes les maladies infectieuses ës à invasion brutale. ·1 prend aussi des bains avec l'eau de trempage des feuilles comme tonique et (orant. mr certains guérisseurs les graines seraient vermifuges, mais doivent être prises précautions en raison de l'action secondaire violente de la drogue.
cs feuilles très caractéristiques du P. pinna/a sont des feuilles composées imparipcnné<•s 1 folioles obovales avec un rachis ailé séparant les deux paires d<• folioles latérales opposées.
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~
88. -
SAPOTACÉES
Syn.- ACHRADACÉES Famille tropicale et subtropicale représentée au Sénégal par cinq genres: .Mimusops, Malacanlha, Bulyrospcrmum, Pachyslela, 1Hanilkara. Ce sont des arbres, souvent avec du latex. Feuilles alternes, entières, généralement sans stipules. Fleurs hermaphrodites, régulières ; calice ct corolle avec 4 ou 8 lobes ; étamines en 1-2 séries, avec ou sans stamino
• L'étude de Rowden signalée pr(•cédrmment [B:l7] est un app<•ndice il celle de Broadbcnt [B36].
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TR-\DITIO(
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une teneur élevée en indigestible glucidique (40 p. 100). D'après Busson, il se compose de cellulose (8-12 p. 100), extrait éthéré (3-20 p. 100), glucides totaux (48-50 p. 100), protides (8-15 p. 100), matières minérales (5-6 p. 100). Karrer [K1] signale dans les feuilles jusqu'à 1,35 p. 100 de d-quercitol qui est un eyclohexanepentol de formule C,H.,O,. Les graines, le péricarpe des fruits et les autres parties de la plante renferment un saponoside dont la génine est l'acide bassique (in (B126]).
1.- Butyrospermum paradoxum subsp. parkii (G. Don) Hepper VULGO. -
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
Karité (du nom wolof), Arbre à beurre.
Sv!\. - Bassia parkii G. Don ; Butyrospermum parkii (G. Don) Kotschy VER:-.. - Wol. karité; mal., bamb. sé, si, sii; peul karé, karé, karey (singulier), karédé (pluriel), kolo ; land. giwol ; bas. apêgé. Caractères remarquables.
Pharmacologie.
Petit arbre trapu atteignant 9 à 10 rn de haut, à fût court de 2 à 3 rn ; cime branchue ramifiée, largement subsphérique, à feuillage épais et vert sombre en saison des pluies, défeuillé en saison sèche ; écorce épaisse foncée, profondément crevassée en plaques écailleuses rectangulaires, même sur les brancqes, et contenant un peu de latex, comme les feuilles.· Feuilles groupées à l'extrémité des rameaux, oblongues, allongées à bords parallèles, ondulées, coriaces, luisantes; à sommet arrondi ; pétiole de 7 cm ; limbe de 20 sur 5 cm avec 20 à 30 paires de nervures latérales partant presque à angle droit. Ombelles compactes à l'extrémité des rameaux de 30 à 40 fleurs blanc crème, très parfumées, portées par des pédicelles de 20 à 25 mm. Fleurs en général sur le type 8 ; ovaire pubescent, style exsert. Drupes ovoïdes de 4 à 5 cm de long et 4 cm de diamètre, contenant une ou rarement deux graines ; style et calice persistants au sommet et à la base. Graines ovoïdes de 3,5 cm de long et 2,5 cm de diamètre, brunâtres avec une cicatrice elliptique couvrant le tiers de la largeur de la graine et toute sa hauteur. Coque mince de 1 mm, coriace ; amande blanchâtre, huileuse.
Les extraits aqueux d'écorce de tige de l'espèce nigériane ont été testé par Malcolm et coll. en 1969 avec des résultats positifs pour leur action antibiotique vis-à-vis de Sarcina lulea, Slaphylococcus aurcus, Mycobaclerium phlei (M130]. Le karité mérite de retenir l'attention pour son beurre particulièrement riche en alcools triterpéniques et d'une haute activité physiolÔgique. Durant la dernière guerre mondiale nous avons employé au Niger d'une façon satisfaisante le beurre de karité comme excipient pour pommade, Le beurre de karité de fabrication locale était, tel quel, impropre à l'utilisation en raison de son acidité élevée (6 à 12 p. 100 exprimé en acide oléique) et à son odeur désagréable. Après différents essais, furent adoptées des techniques de neutralisation par l'alcool qui ramenait l'acidité à 2 p. 100 et de désodorisation par entraînement à la vapeur d'eau des principes volatiles. Le produit ainsi traité était ensuite additionné de 8 à 10 p. 100 d'huile d'arachide pour l'amollir légèrement et donnait alors des pommades de bonne préparation et inodores [K111]. Mitai et Dove poursuivant le même but ont entrepris au Ghana, depuis 1971, . diverses études et leur première publication fait état des propriétés physicochimiques. Ils ont constaté en particulier que si l'on chauffe à 38°,5 C le beurre de karité, de point de fusion normal 37°,8 C, il acquiert une forme métastable qui. met quatre jüurs pour reprendre sa forme stable. Pap ailleurs le point de fusion peut être abaissé soit par la cire d'abeilles, soit par uni)' paramne dure. Les mêmes auteurs signalent d'autre part que le pyrogallate à 0,1 p. 100 se comporte vis-à-vis du beurre de karité comme un bon antioxydant (M136J.
Habitat. Il n'existe 9ue dans l'est du Sénégal, à partir de Tambacounda où il est encore rare. Il est plus commun dans la région de Kédougou où il vit très isolément. Egalement très ép'.trs en haute Casamance. Emplois.
Bibliographie à consulter : Ouvrage ancien de Vuillet (\'21], bibliographie mentionnée dans les ouvrages de Busson [B9] et Boiteau [B126] ainsi que dans l'article de Mitai (l\1136].
La" matière grasse des graines, ou beurre de karité, est couramment vendue sur les marchés du Sénégal en plaques ou en boules. Du point de vue thérapeutique elles servent, après fusion par léger chauffage, à pratiquer des onctions corporelles pour les foulures, entorses, courbatures, rhumatismes, etc. Ce produit est d'ailleurs importé. Dans son aire de dispersion sénégalaise très réduite, le beurre a les mêmes usages médicinaux ; les feuilles frottées sur la tête seraient antimigraineuses. Chez les Tandanké du Sénégal oriental un usage curieux consiste à donner en boisson le décocté d'écorces aux bébés de deux ans qui au moment du sevrage refusent encore toute nourriture autre que le lait maternel. La méthode africaine de préparation du beurre de karité• consiste à débarasser les fruits de leur pulpe par fermentation puis lavage et séchage. L'amande est ensuite réduite en pàte par pilonnage et la masse obtenue est jetée dans l'eau bouillante. Au refroidissement la graisse surnage ; on la recueille et on la façonne en boules.
2.- Malacantha alnifolia (Bak.) Pierre SYN. - Chrysophyllum ? alni{olium Bak. ; Pouleria alni{olia (Bak.) Roberty; Malacanlha heudcloliana Pierre; 111alacanlha warneckeana Engl. ; Malacanlha oblusa C. H. Wright; Malacanlha aculifolia A. Chev. VERN. - Ser. nahait, ndaf nik (Berhaul) ; dio/a kafllem, kabâ, galâg (Berhaul) ; dio/a Pogny busé ; dio/a Diembércng nuork; bain. tuulun ; mandj. busom. Caractères remarquables.
Chimie. Cette matière grasse qui est un mélange de lipides et de latex a fait l'objet de nombreux travaux chimiques résumés par Busson [B9]. Les acides gras sont constitués par les acides palmitique (6 p. 100) stéarique (40 p. 100), oléique (50 p. 100) et linoléique (4 p. 100). L'étude de l'insaponifiable (3 à 15 p. 100) dans le beurre a Hé très poussée afin de mettre au pùint des procédés industriels de préparation de heurn• débarrassé du latex; il est composé de trois groupes de corps : des alcools tritcrpéniques (~-amyrine, basséol, butyrospermol, lupcol, parkéol), des stérols (karistérols .\ et B) ct des carbures d'hydrogène (karistènes A, B, C et D). On a tenté d'utiliser le tourteau dans l'alimentation, mais il est caractérisé par
1
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• Dans lt:s vit~ux traités de matit·rc m(·diculc le beurre de karité est cl(·sign(· sous le nom dl· bcurn· de <:alam. cr. nole p. 61.
1
Arbuste ou petit arbre bram·hu presque dès la base, à cime très feuillue, à écorce écailleuse brunùtre ; latex blanc. Grandes feuilles de 20 sur 9 cm, tomenteuses (poils en T) ou parfois presque glabres, obovales, elliptiques, avec une quinzaine de paires de nervures secondaires très proéminentes dessous ; limbe avec des points translucidl'S, mince, cassant lorsqu'il est sec, jaune rougeàlre avant de tomber au début de la saison sèche; court pétiole de 8 à 10 mm. Glomérules axillain•s sessiles de petites fleurs jaunâtres larges de 6 à 8 mm. Fruit ovoïdes n•sscmhlant à des olives, avec une ou deux graines. Habitat. Il est assez fréquent en moyenne Casamance à proximitt> dt•s galeries t•L au S(·négal oriental dâns lt•s ravins ombragés ou les rebords des bowé. Il existe l-galemenl sur le littoral rodH,UX de la presqu'Ile, du Cap-V('rl à Dakar. Il n'est jamais très abondant.
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADIT(
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NELLE
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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Emplois. On les rencontre souvent dans les lieux plus ou moins marécageux : Torenia, Sopubia, 1Yficrargeria, Limnophila, Dopalrium, Bacopa, Aleclra, etc. Les Striga sont souvent des plantes parasites dont une espèce, S. hermonlhcca, est très nuisible aux mils et sorghos. On trouve chez les Scrophulariacées un certain nombre de plant!'s actives contenant surtout des glucosides, et peu d'essence. Les unes ont une action cardiaque, d'autres une action purgative et d'autres enlin une action émolliente. En matière médicale une drogue domine toutes les autres; c'est la Digitale, utilisée en nature, en préparations galéniques ct qui fournit la digitaline, hétéroside cardiotonique. Une autre drogue mineure, le Bouillon blanc à propriétés émollientes livré par les Verbaswm, est, comme là Digitale, inscrite à la pharmacopée française.
Jtf. alni{o/ia ne nous a été signalé que chez les Baïnouk de basse Casamance pour une utilisation assez étonnante : lorsqu'à la suite de blessures par plombs de chasse ou par morceaux de fonte introduits dans les vieux fusils de traite, les plombs ou morceaux de fonte restent dans les chairs, on applique immédiatement les feuilles pilées chaudes sur les plaies : l'extraction des projectiles serait grandement facilitée et les séquelles de la blessure moins graves grâce à cette fomentation tire-balles.
3.- Manilkara multinervis (Bak.) Dubard SYN.- Jtfimusops mullinervis Bak. ; Jtfimusops dcnsiflora Bak. ; Mimusops cheva/ieri Pierre; JUimusops atacorensis A. Chev. ; .Vlimusops djalonensis A. Chev.; Mani/kara maclaudii Pierre ex Lecomte; .Himusops kummel Bruce ex A. DC. ; Jtfimusops poissonii Pierre ex Dubard. VERX. 11lal. sisina, kisa, kusi; mal., bamb. kugé, kusé; manil., bain. kuko.
1.- Bacopa decumbens (Fernald) F. N. Williàms SYN. - Herpestis decumbens Fernald, 1Yfoniùa decumbens (Fcrnald) Skan, Bacopa erecla 1 Iutch. et Dàlz.
Caractères remarquables.
Caractères remarquables.
Arbre branchu dès la base pouvant atteindre 15 rn de haut dans les galeries, mais plus souvent arbuste de 4 à 5 rn dans les lieux rocailleux ; latex. Feuilles simples, alternes, de 10 sur 5 cm ; limbe oblong, arrondi ou courtement acuminé au sommet, cuné à la base, grisâtre, argenté, finement soyeux dessous quand il est jeune ; très nombreuses paires de fines nervures latérales peu marquées ; pétiole de. 3 cm. Fascicules de fleurs à l'extrémité des pédicelles de 1 cm de long, pubérulents; lobes du calice de 3 à 4 mm, courtement tomenteux à l'extérieur; lobes de la corolle glabres. Baies ovoïdes de 2,5 cm de diamètre conte'nant plusieurs graines brillantes de 1 cm de long. ·
Herbe annuelle dressée de 0,30 à 1,25 m de haut avec des tiges molles, plus ou moins spongieuses à la base. Feuilles oblancéolées longuement cunées à la base, glabres, sessiles, dentées, de 4 cm sur 5 mm. Inflorescences dressées, très variables : courts racèmes axillaires de 1 à 2 cm de long avec 2-3 fleurs blanches, ou hampe florifère pouvant atteindre 25 cm avec des racèmes d'épis comp'acts de 5 cm; ceux-ci sont dressés à l'extrémité de pédoncules de 2,5 cm, avec des bractées ovales acuminées de 1 sur 0,5 cm. Capsules coniques aiguës, d'environ 5 mm de long. Habitat.
Habitat.
Herbe commune dans les rizières, fructifiant après le retrait des eaux et les récoltes.
Il est éparsément présent dans les galeries soudaniennes du Sénégal oriental et de la Casamance. On le rencontre aussi parfois à la limite des bowé et dans les ravins ombragés et frais.
Emplois, Espèce signalée comme n'étant pas consommée par le bétail ct pouvant, pour cette raison, être dangereuse.
Emplois D'après des informateurs casamançais sérieux, les feuilles, les racines et les écorces de tronc auraient des propriétés de vaso-constricteur et de décongestif veineux par voie interne et externe dans les cas de congestions veineusçs passives, de veines gonflées et douloureuses, de varices, etc. On reconnait également aux différentes préparations prises en boisson une action générale tranquilisante et une action favorable sur le cœur. Le décocté d'écorces en bains et boissons est considéré comme fébrifuge par les Manding et les Balant.
Chimie. Il n'y a pas eu de recherches cfiectuécs sur cette espèce, mais, par contre, une espèce affine des Indes Bacvpq. monnicra L. (syn.- Herpeslis mvnniera N. B. et K.) a été étudiée en raison de son grand emploi dans la médecine ayurvédique. Basu et Pabrai en ont isolé une petite quantité d'alcaloïdes dont l'un fut dénommé brahminc. Sastry, Dhalla et Malhotra ont isolé un glucoside-saponine pour lequel le nom de hersaponine a été proposé [A22, :\122]. En HJ65 Chatterjee et coll. donnent la constitution du bacoside A [C22].
Chimie. Pharmacologie.
Le latex contient 60 p. 100 de résine et 29 p. 100 de gutta percha [D4].
89. -
SCROPHULARIACÉES
Famille très largement répartie dans le monde avec près de 20 genres au Sénégal. Ce sont des herbes ù feuilles alternes, opposées ou verticillées, sans stipules. Fleurs hermaphrodites, très souvent irrégulières ; lobes du calice imbriqués ; filets libres ; ovaire supère généralement biloculaire ; style terminal ; ovules nombreux. Le fruit est une capsule ou une baie. Nombreuses graines.
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On a reconnu que la !Jrahmine élève la pression sanguine aux doses thérapeutiques et l'abaisse aux fortes doses. L'extrait alcoolique de la plante produit un effet tranquillisant sur les rats ct les chiens ; il agit comme relachant sur la musculature lisse, mais aussi comme antispasmodique. L'action hypotensive est en faveur d'un e!Tet direet sur la musculature cardio-vasculaire [A22]. L'hersaponine a une action cardiotonique sur la grenouille, sédative sur le rat et le cobaye, spasmodique sur certains museles lisses. Récemment Malhotra et coll. ont réalisé une très intéressante étude sur son action ncuro pharmacologique qui permet de conclure que les actions de l'hersaponine sur le système nerveux central sont analogues à celles des tranquillisants type réserpine et chlorproruazine [M22]. Prakash ct Sirsi ont comparé les effets du Bacopa monnicra et la chlorpromazine sur l'éducation de la motricité du rat ct ont trouvé que ni l'un ni l'autre ne modilient la courbe d'apprentissage d'un réflexe moteur chez le rat [P45].
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADITIONNELLE
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2.- Scoparia dulcis L. Balai doux. Wol. matmat (Ber haut), bélévelgel*, belvélingel'i; ser. sopit, soret (Berhaut) ; mand. nôbo koyo ; socé timh1 timin ; sar. liwù liwoné ; peul, toue. belwégel, belbclgel, belbègel; dio/a ébàbou (Berhaul); bain. sinas sinas ; bal. bruturut. VULGO. VERN. -
Caractères remarquables.
Herbe vivace, dressée, lignifiée à la base, ramifiée, à branches étalées, côtelées, glabres, pouvant atteindre 1 rn de haut. Feuilles de 4 sur 1,5 cm, opposées ou verticillées, oblancéolées, crénelées à la partie supérieure, glabres avec une ponctuation aréolée à la face inférieure. Inflorescences uni ou biflores situées le long de l'axe terminant les tiges ; pédicelles de 6 mm, glabres ; fleurs blanches ou bleutées ; calice de 2-3 mm de long; corolle de même longueur à 4 pétales densément poilus à l'intérieur. Capsules sphériques de 4 mm de diamètre. Habitat.
Herbe commune à proximité des rizières dans les lieux humides presque en permanence et les dépressions temporairement inondées en saison des pluies. Elle résiste à unè ce.rtaine salinité du sol. Emplois.
Cette herbe est quelquefois vendue sur les 'Parchés et recommandée alors pour la dysurie, les diarrhées et les coliques des enfants sous forme de décocté mélangé au sanglé. Pour un certain nombre d'informateurs de la région du fleuve Sénégal, ce serait une véritable panacée permettant de traiter toutes les affections, sauf les envenimations. D'ailleurs, pour les Sôcé, c'est un excellent fétiche de voyage, utilisé pour les ablutions lorsqu'on est éloigné de son village, afin d'éYiter les mauvais sorts et les maladies contagieuses. Chez les Sarakolé S. dulcis est recommandé aux femmes stériles. \ La suspension de plante entière, pilée avec de l'eau, est utilisée par les Peul pour les aphtes, le muguet, la langue râpeuse (avitaminose B) en gargarismes. Les enfants supportent sans trop récriminer cette médication qui laisse d'abord dans la bouche un goût âcre, puis finalement sucré. En usage externe la même préparation sert aux laYages corporels comme défatigant, tandis que les racines, en moyenne Casamance, sont considérées comme antipsoriques.
En 1948 Nath décrit le mode d'obtention de la fraction contenant le principe actif à partir des feuilles et tiges de la plante fralche [N11]. En 1950 Budde et Shriner discütent ces travaux. Ils n'ont obtenu aucune fraction à effet insulinique et contestent par conséquent les résultats de Nath. Ils déclarent toutefois que l'échec pour trouver des composés définis hypoglycémiants peul ètre attribué à trois causes ; 1° l'amelline de Na th peut provenir d'une autre variété de S. du/cis ; 2° l' amelline, si elle existe, serait présente dans la plante fralchc ct non dans la plante sèche ; 3° la chute de la glycémie chez les patients traités peut être due à d'autres facteurs tels que diète non prouvée. Toutefois Budde et Shriner ajoutent en addendum qu'après la rédaction de leur note, Nath a pris un brevet indien, établissant que la plante fralche donnait, après extraction par différents solvants et évaporation, un résidu contenant le principe actif [B29]. Barros et coll. ont constaté, avec les racines de l'espèce brésilienne, que par Yoie intrapéritonéale les extraits aqueux étaient assez toxiques pour les souris· alors que les extraits éthanoliques étaient atoxiques. Par ailleurs, les deux types d'extraits se sont révélés atoxiques pour les poissons, inactifs sur le muscle strié du crapaud et sur l'intestin isolé de cobaye ; par contre, ils sont inhibiteurs cardiorespiratoires chez le chat, inhibiteurs du tonus et de la motilité du duodénum de lapin, stimulants du cœur de crapaud et légèrement stimulants de l'utérus de rate [B200]. Abbott et coll. ont obtenu expérimentalement des résultats au point de vue action anticancéreuse avec les extraits aqueux de racines, tiges, feuilles et fruits. Chez les souris traitées par ces extraits, les tumeurs transplantables du sarcome 180 régressent de 55 p. 100 en poids [A71]. En tout état de cause, l'espèce sénégalaise à laquelle les guérisseurs reconnaissent une grande valeur thérapeutique mériterait, elle aussi, d'être étudiée.
3.- Stri~a hermontheca (Del;) Benth. /
ISY:s.- Striga senegalensis Benlh., JJuchnera hermonlheca Del. f VERN.- Wo/. ndohum; ser. ndolnun, néaud; mand. silo (d'après Da/ziel); bamb. ségé (d'après Dalziel).
Caractères remarquables.
Herbe normalement semi parasite, surtout sur les racines des mils et sorghos ; tiges simples ou ramifiées, un peu scabres, dressées, atteignant 60 cm de hauteur. Feuilles scabres, linéaires ou elliptiques de 6 cm sur 5 mm. Fleurs en grappes dressées rose vif ou rouge avec un calice à 4 à 5 côtes ; bractées ciliées sur les bords de 1 cm de longueur et 2 à :i mm de largeur.
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.
Habitat.
Espèce malheureusement très répandue au Sénégal où elle envahit les cultun•s, de préférence dans les sols appauvris ct légers.
Chimie et pharmacologie.
Emplois.
Selon Wehmer la plante contient des traces d'akaloï
Cette mauvaise herbe est peu signalée. Elle est quelquefois utilisée en médecine populaire pour le traitement externe des dermatoses en applications local!•s ct en frictions.
• Les marchands de simples de Saint-Louis et Dakar vendent S. dulcis sous 1<• nom de bélévclgPl, nom également employé par les guérisseurs wolof du Dimar et du Toro, mais il est possible que ce nom soit dérivé du toucouleur. Sébirc parle d'une plante appt'lée en wolof yorohlam qui pourrait Hre le Scoparia dulcis.
90. -
SIMARUBACÉES
Famille principalement tropicale. Depuis que le genre iJa/aniles a dt"· plaet"• dans la famille des Zygophyllacées, les Simarubacées n'ont plus qu'un n•prt'st•ntant au S(•négal ; l' Hamwa undulata. · A propos des Simarubacées, Perrot note que cette famille sans contenir dt• nu'di·
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE
TR~~lTIONNELLE
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cament de premier ordre mérite de retenir l'attention par beaucoup d'espèces qui sont utilisées en médecine indigène, dont quelques-unes ont même été introduites dans la pharmacopée de nombreux pays [P8]. Parmi celles-ci le Quassia de la Jamaïque (Picroena exce/sa Lindl.) figure au Codex français 1965, le Quassia de la Guyane ou de Surinam (Quassia amara L.) à la pharmacopée belge, etc. De la plupart des Simarubacées on a extrait des principes amers intéressants (quassine, picrasmines, kosamine, ailantine, samadérine, kirondrine, etc.) et des hétérosidcs encore plus ou moins définis ce qui ne permet pas une véritable étude pharmacologique.
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
Chimie et
731
pharmacolo~ie.
D'après Dalziel [D4], un alcaloïde aurait été isolé de l'écorce en 1911 par Lenz et Kaetel (Die chemische Beschaflenheit der Rinde von H. undulata Planch. Notizbl 5, 1911' 236-237). Ont été, testés sans résultats probants, les extraits de racines pour leur action antimalarique [S95] ; ceux de racine et de fruits pour leur action insecticide [H57].
91. -
1.- Hannoa undulata (Guill. et Perr.) Planch. Simaba ? undulata Guill. et Perr. VERN. Wol. héo, kéo; ser. ngot, hot (Berhaut), sâbargi; mal. dafulaté, dafuléké, déféléké (Aubréville); mand. herlu (Aubrévil/e), kéyo, kéko; peul, toue. kéku, kékuy (singulier), kékudé (pluriel) ; dio/a budâk (Berhaul), kukufutab ; dio/a Fogny buyen kênkéren, buyèii kenkérin ; bain. bâok, banok.
SMILACACÉES
SvN. -
Caractères remarquables.
Petit arbre de 8 à 10 rn de haut, à fCit souvent penché, peu élevé, de 2 à 3 rn ; écorce liégeuse, noircie par les feux de brousse, très profondément, grossièrement, irrégulièrement et longitudinalement striée. Feuilles alternes. composées imparipen.nées avec 3 à 5 paires de folioles opposées, glabres ; folioles oblongues, elliptiques ou obovées, arrondies au sommet, de 6 cm sur 3 cm, long'tement pétiolulées (3 cm). Grandes panicules dressées, lâches atteignant 30 cm, plus longues que les feuilles, apparaissant d 1octobre à novembre. Petites fleurs jaunâtres, parfumées, finement pubescentes; calice s'ouvrant en 2 ou 3 segments. Drupes ovoïdes de 2 cm de long sur 1 cm de diamètre, lisses, brillantes, vert violacé, puis noirâtres à maturité contenant une graine oléagineuse. Habitat.
Il est assez régulièrement réparti dans toutes les savanes soudaniennes ; surtout abondant dans le Saloum, le Niani, la moyenne et haute Casamance et le Sénégal oriental. Il vit plutôt isolément. Emplois.
Les écorces de tronc et de racines sont fréquemment signalées comme émétocathartiques. Ces propriétés justifient les emplois, d'abord comme contrepoison thérapeutique (intoxications) et magique (envoûtements et manœuvres de sorcellerie), puis comme purgatif banal pour la constipation et purgatif de dérivation pour la lèpre ou des maladies à étiologie et à manifestations symptomatiques déroutantes pour le guérisseur. Les préparations de racine, en particulier, ont la réputation d'être des médications fatigantes, mais efficaces. Un guérisseur fouladou localisant bien les douleurs de l'appendicite au point de Mac Burney nous a si!l,nalé l'usage qu'il faisait. dans ce cas-là, du décocté d'écorces. Dans le Fogny et en basse Casamance, la racine, après dessiccation par léger grillage, est réduite en une poudre très fine qu'on répend sur les paupières et la cornée pour le traitement de la conjonctivite, de la mauvaise vue et celui de la cécité prise au début. En pays baïnouk il nous a été signalé l'emploi en bains et boissons
r.
Les représentants de cette famille figuraient anciennement dans celle des Liliacées, sous-famille des Asparagoïdées, tribu des Smilacées. Par son genre Smilax elle est largement distribuée dans le monde, mais elle n'est représentée en Afrique de l'Ouest et au Sénégal que par une seule espèce Smilax kraussiana. Le genre Smilax comprend environ 200 espèces désignées sous le nom vraiment générique de Salsepareilles. Celles qui intéressent la matière médicale (Smilax medica Chamisso et Schlechtendal, S. oflicinalis H. Bn., S. aristochiae{olia Miller, S. ornata Hook. f.), sont localisées dans les régions montagneuses et forestières d'Amérique tropicale depuis le sud du Mexique jusqu'au Brésil. Les racines sont riches en saponosides stéroïdiques et après avoir été utilisées comme antisyphilitique, elles sont maintenant recommandées surtout comme dépuratif, diurétique et sudorifique. Toutefois il y a lieu de noter qu'une expérimentation clinique intéressante a été réalisée à Casablanca en 1955 sur le traitement de la lèpre par deux Salsepareilles marocaines : S. ornala et S. jupicanga [J2]. 1
1. -
Smilax kraussiana Meissn. VERN.-
Mal.
kâ karinà (Pobéguin); mand. narara* ; dio/a Fogny
kagom-
numa. Caractères remarquables.
Plante vivace, glabre, volubile, grimpante pouvant atteindre 5 à 6 rn ; tiges grêles, ' vertes, garnies, d'épines courtes et trapues et de deux vrilles simples à la base du pétiole. Feuilles de 12 sur 7 cm, alternes, largement ovales, arrondies aux deux extrémités mais courtement acuminées au sommet ; a à 5 nervures partant de la base, ascendantes et se rejoignant au sommet ; pétiole de 1 à 1,5 cm environ. Fleurs dioïques en ombelles axillaires très fleuries, longuement pédonculées ; fleurs jaune verdâtre, à l'extrémité d'un pédicelle grèle de 6 mm de long. Baies globuleuses de 8 à n mm de diamètre, glabres, lisses. vertes, puis jam~es à maturité. Habitat.
Espèce répandue dans lrr plus grande partie du Sénégal; surtout abondante en Casamance et dans le Sénégal oriental. Elle est ubiquiste et se trouve dans des sols très différents et des formations varié<'S (savanes boisées. forèts sèches, cultures, jachères, pourtour des mares sahéliennes, etc.). Emplois.
Ce Smilax signalé en Casamanec n'est employé que par quelques guérisseurs : le tubercule aurait des propriétés laxatives et diurétiques avec une action particulii're
• Nom également donné à 1, Asparagus a{ricanus.
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sur les organes du bassin ; d'où son utilisation comme excitant génésique, mais aussi comme antiblennorragique. Chimie.
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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Habitat.
Originaire de l'Amérique tropicale, il est cultivé dans tous les villages et dans les niay du Cap-Yert.
S. kraussiana n'a fait l'objet que d'études fragmentaires et incomplètes. Des travaux anciens signalent que les racines et les rhizomes contiendraient un saponoside et de l'amidon, mais pas d'alcaloïde ni de tanin (in [W2] p. 716). Paris a effectué des essais préliminaires sur un échantillon de tiges provenant de Pointe Noire (Afrique équatoriale). II n'a pu rnettre en évidence des traces de saponoside (indice mousse inférieur à 100), mais ces recherches ont été réalisées sur des échantillons frais [ï.12]. secs et demanderaient par conséquent à être reprises sur du matériel
Avec les tiges feuillées de l'espèce congolaise, Bouquet a obtenu un indice mousse de 125, en faveur de la présence de saponosides. Les autres tests pratiqués sur les tiges feuillées et les racines (alcaloïdes, llavonoïdes, tanins, quinones, glucosides cyanogénétiques, stéroïdes, terpènes) sont négatifs [E210J.
92. -
SOLANACÉES
Famille largement répartie dans le monde mais qui ne semble pas avoir de représentants- vraiment originaires du Sénégal où l'on compte néanmoins sept genres : Capsicum, Datura, Nicoliana, Physalis, Schwenckia, Solanum. Ce sont des herbes ou sous-arbrisseaux à feuilles altcrpes, simples, sans stipules, à fleurs hermaphrodites, régulières. Calice persistant à 4-6-lobes ; corolle gamopétale; ovaire à -2 loges; style terminal; ovules nombreux. I!es fruits sont des capsules (Datura, Nicoliana, Schwenckia) ou des baies (Capsicum, Physalis, Solanum). Les Solanacées sont importantes par la nature de leurs composants chimiques. On y trouve des alcaloïdes dérivés du noyau tropane, dits alcaloïdes mydriatiques (hyoscyamine et scopolamine dans Jusquiame, Datura, avec en outre atropine dans Belladone) et dérivés de la pyridine (nicotine des Sicoliana), des bases volatiles (pyrroline et methyl pyrrolidine de la Belladone), des glucoalcaloïdes et des saponosides (solanine des Solanum), des corps phénoliques (capsaïcine des Piments). Nombre d'entre elles sont riches en amidon (Pomme de terre) et entrent dans la catégorie des plantes alimentaires.
l . - Capsicum annuum L *. VuLGo.-- Piment••, Piment doux, Piment des Jardins, Gros piment, Poivron. VERN.-
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Wol., ser.
kani tubab (=piment de l'homme blanc).
Caractères remarquables.
Plante annuelle ou bisannuelle suffrutescente, pouvant atteindre plus d'un mètre de hauteur, ligneuse à la base, à branches anguleuses, glabres. Feuilles ovales ou largement lancéolées d'environ 6 cm de long sur 3,5 cm de large, entieres, acuminées au sommet, en l'oin court à la base, glabres ou glabrescentes. Grappes axillaires de quelques fleurs blanc verdâtre. Baies- oblongues très polymorphes, rouges à maturité, de 2 cm jusqu'à 18 cm; elles sont généralement isolées à raison d'une par infrutescence.
Emplois.
Les feuilles elu C. annuum sont utilisées en médecine populaire par les \Volof et Lébou en cataplasmes sur les abcès et furoncles. Le fruit est recommandé par quelques guérisseurs comme antihémorroïdaire, mais surtout, il fait l'objet d'une grande consommation en qualité de_ condiment. Chimie.
L'analyse à Dakar a donné pour les fruits rouges et les fruits verts les compositions respectives pour 100 : eau 87,7 et 8H,6 ; protéines 2,2 et 1,8 ; lipides 0,25 et 0,3; glucides totaux \!,1 l't 7,7; cellulose 2,4 et 2,15; cendres 0,8 et 0,65. En mg p. 100 g les teneurs sont pour Ca 2(1 et 25, P 57 et Hl, Fe2,7 et 2,8, vitamine C 125 et 120, thiamine 0,10 et 0,08, ribollavine 0,17 et 0,08, niacine 2,ao et 1,6. En équivalent vitamine A il a étè trouvé en mcg p. 1 OOg : 1 380 pour le poivron rouge et 85 pour le poivron vert [T3]. Les fruits sont donc relativement riches en vitamines. Ces fruits renferment des caroténoïdes en assez grande quantité. Ce sont capsanthine C, 0 H,;o,, capsorubine C,.H 5 ,0,, zéaxanthine et lutéine C, 0 H 0 , cryptoxan56 2 thine C, 0 H 58 0, traces d'"' et ~carotène. On a signalé encore néo ~carotène, ~carotène époxyde, citroxanthine, antéraxanthine, violaxanthine, xanthophylle-époxyde, nombre d'entre eux se trouvant à la fois dans les fruits et les feuilles [K1]. Combinés à des acides gras (palmitique, carnaubique, myristique et principalement oléique), les pigments forment la cire colorée qui revêt le fruit. Il y a environ par kg de péricarpe mûr 1',3 g de capsanthine, O,ti de zeaxanthine et lutéine (in [G4 J). Deux autres pr~ncipes colorants llavonoïdes-ont été isolés, l'un étant un apioside, l'autre un monoglucoside de la lutéoline [H64]. Le principe rubéllant du fruit est la capsaïdne ou vanilylamide de I'acide-8 nonène-6 carboxylique C,.H 27 0 3 .:\f. D'après J\fn•e Bézanger-Beauquesne on a distingué pendant longtemps. d'une part, le principe rubéfiant, substance huileuse mal définie que l'on aprwlait " capsidne " et, d'autre part, le principe responsable de la saveur brûlante. cristallisé, bien déllni, la c.apsaïcine. Puis on s'est aperçu que la t·apsaïcine n'était autre chose que de la capsicine pure [G4]. La teneur est variable selon les piments, de 0,015 à 0,22 p. 100 et quelquefois plus dans certaines variétés. Les graines donnent 15 à 32 p. 100 d'huile (où domine la trioléine), un mucilage. ()p. 100 de pentosane et de la lécithine. Les feuilles sont assez pauvres en vitamine C: 75 mg p. 100 (in [G4J); ellt•s renferment, ainsi que les tiges, de l'acide chlorogénique [P166]. Ka la a trouvé dans les racines fraîches 0.8 mg p. 100 g de scopolétine, dans les pousses fraîches scopolétine et esculétine (0,04 mg p. 100 g exprimé en scopolétine) [K35]. La solanine n'a pas été dt'l'elée par l'erez-:\Icdina dans l'espèl'e colombienne [P88J. Sa présence est admise avec réserve par :\Ianske [Ml] ; mais Broda en 1!166 a trouvé 1,8 à 2,1 p. 100 de glycoalcaloïdes exprimés en solanine [1383]. Gal a obtenu récemment à partir des extraits de paprika une substance dénommée capsicidine, pharmacologiquement active, qui est un mélange de trois saponosides stéroïdiques (dont l'un aurait la structure de la diosgénine) avec glucose et galactoscxylose [G111, G112, G113, G114]. Pharmacologie. 1. ---
• Cne bibliographie exhaustive thématique du !(cnre Capsicum a été réunie par Ferrari et Aillaud un numéro spécial du Journal de lJolanique appliquée et ,\gricullure tropicale, paru en 1!172 en {F76). •• Sous le nom de Pinwnts on distingue commercialement trois sortes de produits: les Poivrons, les Paprikas et les Chillies. Les poivrons et les paprikas proYit•n•wnt m général de l'espèce Capsicum annuum, }{•s chillies de l'espèce Capsicum frutescens.
LEs PHI;>.;cll•Es ACTIFS.
1o Capsaïcinc.
C'est à la rapsaïcine que le piment doit sa saveur brùlante. Selon Sollmann elle produit encore une brûlure persistante de la langue à la dilution de 1/100000 (in [S51]). Toh et coll. [T:{4j ont montré que l'injection intraveineuse de capsaïeine chez le l'hat chloralosé provoque de l'apnée qui par refroidissement du vague à !1-10° est fortement réduit<• et disparaît complèh•merlt il 2-3°. La capsaïcine agirait dans •·es
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRAUITIONNELLE
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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conditions sur les récepteurs périphériques pulmonaires. De plus on constate une baisse de la pression sanguine et de la fréquence cardiaque qui ne se produit plus si on sectionne le vague. Si on l'injecte au niveau du sinus carotidien, la pression artérielle et l'apnée diminuent également, effet notablement réduit par section du nerf du sinus. Cette action peut être interprétée comme découlant d'une sensibilisation de la zone réflexogène vasosensible du sinus carotidien. L'expérimentation sur l'iléon isolé de cobaye montre qu'elle augmente le tonus et la fréquence des contractions. Sur l'utérus de rate, on ne constate pas d'activité (T34]. Green et coll. ont étudié l'action de la capsaiciné sur la cornée du chat (G52]. De leur côté, Jancso et coll., ont montré ses actions sur les récepteurs thermiques de l'hypothalamus : l'injection au rat et au cobaye entraîne en premier lieu une hypothermie et, à doses plus élevées, une désensibilisation des thermorécepteurs centraux [J42]. lis ont montré aussi qu'elle inhibe les signes d'inflammation induites avec les irritants par stimulation antidromique des nerfs sensoriels et stimulation orthodromique des nerfs terminaux sensitifs de la douleur (J21]. On peut dire en résumé, avec Molnar, que la capsaïcine agit comme un poison irritant des récepteurs participant aux réflexes circulatoires et respiratoires. Elle accroit le péristaltisme intestinal, stimule à petites doses la production d'acide gastrique et l'inhibe à fortes doses [M54].
2.- Capsicum frutescens L*.
2• Capscicidine. La capsicidine de Gal présente une activité antibiotique manifeste sur certains microorganismes, levures, bactéries et particulièrement le Saccharomyces cerevisiae. Elle est inactivée par le cholestérol et la chaleur· [GllO, G111, G112, G113].
Le petit piment est d'usage courant comme stimulant laxatif et condiment. On le recommande aussi comme antihémorroïdaire, et, avec les feuilles de Cochlospermum tinctorium, comme anti-ictérique et anti-œdémateux. Dans le Cayor on ajoute quelquefois des piments aux préparations fébrifuges.
3• Solanine. La solanine, dont la /présence est controversée, possède des propriétés cystostatiques. C'est un poisont!'nitotique, inhibiteur de la montée d'oxygène dans les cellules d'ascite des tumeurs. Elle inhibe aussi in vitro la choiinestérase du plasma humain (in tMtJ 10, p. 126): II. -
LE
PIMENT.
Deschiens et Poirier [D47] ont montré que l'extrait aqueux de C. annuum injecté par voie intramusculaire provoque la mort des animaux d'expérience et, qu'aux doses subléthales, la formule sanguine présente une éosinophilie marquée. Par contre, l'administration orale ne produit aucun effet toxique. Selon Sollmann [S51], la toxicité du piment est faible : l'administration gastrique de 28 ml de l'oléorésine à de jeunes lapins à jeun cause de la diarrhée et une perte de poids, phénomènes suivis d'un rdour complet à -la normale; mais 56 ml sont mortels. Selon les expérimentations de Abbott et coll., l'oléorésine exerce chez la souris une légère activité anticancéreuse vis-à-\'is des tumeurs transplantables de l'adénocarcinome 755 [A71]. Le fruit figurait au Codex français de 1X84. Au point de vue externe la drogue est rubéfiante, mais non vésicante, et sternutatoire quand elle est pulvérisée. On l'utilise comme rubéfiant et révulsif dans les douleurs rhumatismales, les néYralgies, lt> lumbago, etc., en badigeonnages du cou contre l'angine, l'aphonie, l'enrouement des chanteurs. La capsaïcine commerciale obtenue par extraction à l'alcool ou l'éther est un mélange plus ou moins huileux servant à la préparation des ouates tlwrmogènes. L'huile de graines a été recommandée par Cscdo ct coll. [C62] pour la préparation de savons médicinaux, d'alcool de savon et de baume opodCldorh pour le traih•nwnt des rhumatismes et des arthrites. Par voie interne, le piment est à faible dose un excellent eupeptique augmentant la sécrétion gastrique ce qui, outre sa teneur l'Il vitamines et caroténoïdes, justifie pleinement son emploi condimentaire. Il a une action spécifique contre les hémorragies enflammées en décongestionnant les tissus ct l'Il calmant la douleur. II possède aussi une action reconnue sur le système nerYeux. Selon Mme Bézanger-Heauquesnc qui donne plusieurs formules de préparations galéniques (in [G4 J), son emploi, sous forme de teinture dans le delirium tremens, restitue Il' sommdl l't détermine unl' sudation et des urines abondantes tout en exl•rçant sur le cœur une al·tion favorahll'.
VuLGO.-
Piment**, Piment de Cayenne, Piment enragé, Petit piment,
PiUpili. VERN. Wol. kani buseu ( = petit piment); ser. malgaté; mal., bamb. furtu, forôtu ; toue. gamako ; dio/a Pogny ebaba kani.
Caractères remarquables·. Sous-arbrisseau vivace, ligneux, pouvant atteindre 1,25 m de haut, très branchu; tiges anguleuses, glabrescentes. Feuilles comme cellejt du Capsicum annuum. Fleurs blanches, blanc jaunâtre ou jaune pâle. Fruits similaires à ceux du Capsicum annuum, mais ne dépassant pas 4 cm et généralement groupés par deux ou trois à l'aisselle des feuilles. Habitat. Originaire de l'Amérique tropicale, il est aussi communément cultivé dans les villages. Emplois.
Chimie.
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Les fniits de C. {rutescens cultivés dans la région dakaroise ont la composition suivante, les chiffres donnés étant respectivement en g p. 100 ceux de petits piments (2 cm) frais, petits piments (2 cm) secs et piments frais de 4 cm : eau 72; 10,3; 77,6- protéines 4,4; 12,2; 3,3 --lipides 2,5; 10,7; 0.6 -·-glucides totaux 19,7; 62,2 ; 18,3 - cellulose 4,5 ; 22,3 ; 5,8 - cendres 1,4 ; 4, 7 ; 1,2. En mg p. 100 g: Ca 72 ; 197 ; 36- P 105; 327; 100- Fe 2,5; 18 ; 3 - vitamine C 73; 8; 150 -·-thiamine 0,3; 0,34; 0,17- riboflavine 0,06; 0,76; 0,35; niacine 1,9; 6,1; 3. En mg équivalents vitamine A 4 640; 7 060; 2 500 p. 100 g [T3]. Arthur avec l'espèce cultivée à Bornéo a obtenu des tests positifs pour la présence d'alcaloïdes [A13]. · Rangoonwala et Friedrich ont isolé deux glycosides flavoniques (qui se trouvent aussi dans les feuilles et les fleurs). L'un a été identifié à lutéoline-7-monoglucoside; l'autre fournit par hydrolyse glucose, apiose et apigénine [R64J. Pour le reste, la chimie de C. frustescens est qualitatiYement analogue à celle de C. annuum: on y a trouvé également les pigments caroténoïdes précédemment signalés, la capsaïcine, l'huile de graine, la cire, etc.***. Pharmacologie. Le C. frutescens, plus riche en capsaïcine que le C. annuum a une saveur brülante, mais sa pharmacologie se confond aussi avec celle de C. annuum puisqu'on y retrouve les mêmes principes actifs••••. Toutefois des expérimentations pharmacodynamiques (sur des extraits aqueux de tiges et feuilles del'espèce cultivée à la Jamaïque) par Feng et coll. d'une part, Hooper et coll. d'autre part ont été pratiquées en 1964- Hl65. Les extraits dont lm! correspond à 1 g d'organes frais ne sont pas toxiques pour les souris, mais provoquent une baisse de la pression sanguine l'hez le chien. Pas d'action sur l'intestin isolé de cobaye, ni sur le muscle strié du crapaud. On constate par contre • On réunit souvt•nt au Capsirum (rutescens le C. fastigialum Blume rt k C. minimum Mill., ou Hoxb. •• Cf. note bas de page, p. 732. • •• Cf. supra C. annuum p. 733. •••• Cf. C'apsicum annuum, pp. 73:J- 734.
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Bibliographie complémentaire à consulter sur les Piments : Guerillo-Vinet et Guyot (G51), Maistre (M53), Bois [B84), Leroy [L35).
3 G.- Les Datura. •
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Avec quelques représentants des genres Atropa, Hyoscyamus, Scopolia, Duboisia, Solandra et Mandragora L. *, les Datura entrent dans la catégorie importante des Solanacées pal'asympathicolytiques, encore appelées Solanacées mydriatiques, en raison d'une de leurs actions se manifestant par l'apparition de la dilatation pupillaire. Ces Solanacées sont, u1 effet, caractérisées par la présence dans divers organes d'une série d'alcaloïdes de constitutions complexes, se rattachant au groupe chimique du teopane C 18H 16 N et dotés de propriétés parasympathicolytiques. Actuellement, on ne connait à l'état naturel que trois corps ayant ces propriétés et utilisés en thérapeutique : Ce sont les alcaloïdes atropine, scopolamine et hyoscyamine**, tous trois extraits uniquement dt•s plantes signalées ci-dessus. Ils agissent en bloquant le système nerveux parasympathique (ou Yague) ce qui équivaut à la section de l'innervation du parasympathique (d'où la désinence lytique). !..es alcaloïdes se fixent sur les organes récepteurs post-ganglionnaires et interdisent l'accès de l'acétylcholine qui est libérée par les fibres cholinergiques (d'où aussi le nom d'anticholinergique e11core donné à ces bases). Les l'flets de ce blocage se traduisent alors par une tachycardie, une diminution du tonus des muscles lisses principalement du tube digestif ; les sécrétions gastriques, salivaires, sudoralt's sont également diminuées tandis qu'au niveau de l'œil se manifeste la mydriase. On ne rencontre au Sénégal qu'un seul genre appartenant au groupe des " Solana• Citons pour mémoire la Belladone oflicinalc• (Airopa bel/aduna L.). la Jusquiame ollicinalc (Hyo.
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TR(ùiTIONNELLE
une baisse significative du débit sanguin de la patte postérieure du rat à la dose de 0,001 ml et une stimulation de l'utérus de rate à la dose de O,f ml [F2]. Avec des extraits de même concentration, la toxicité aiguë par Yoie intrapéritonéale a été calculée chez les souris : à la dose de 10 mgjkg on constate dépression et ataxie, avec retour à la normale dans les 24 h. Sur l'intestin isolé de cobaye plongé dans des solutions à 13 ml d'extrait par litre, l'effet se traduit par une réduction d 50 p. et 30 p. 100 des effets de l'acétylcholine et de l'histamine. Sur le duodénum de lapin à la concentration de 17 ml par litre, on constate une légère baisse du tonus. Sur le cœur isolé de lapin, la dose de 0,05 ml provoque une baisse de l'amplitude suivie d'un retour à la normale. Enfin, chez la ~uris, les effets sur le temps de sommeil barbiturique sont significatifs, passant de 100 chez les animaux de contrôle à 160 chez les animaux traités à la dose de 10 mgjkg d'extrait [H17]. C. frutescens constitue surtout un condiment très.apprécié, particulièrement dans les régions tropicales. De même que le C. annuum, il est employé en thérapeutique pour exciter l'appétit et stimuler la digestion. On l'utilise en pharmacie sous forme de teinture, à faible dose (10-30 gouttes) pour ses propriétés stomachiques, carminatives et même antihémorroidaires. En fait, ses applications sont principalement à usage externe comme révulsif, sous forme d'ouates imprégnées de teinture ou'd'extrait (« capsicine »),parfois de pommade ou d'emplâtres. On l'administre ainsi contre les rhumatismes, le lumbago, les affections pulmonaires, les névralgies. Il est également utilisé comme topique contre les engelures, stimulant du cuir chevelu, etc. Le codex britannique mèntionne la prescription à petite dose d'une "oléo:résine • révulsive à 8 p. 100 de capsaïcine (P29]. Il est difficile d'apprécier les quantités produites dont une grosse part est souvent consommée sur· les lieux mêmes de production. De plus, on ne possède pas de documents permettant d'apprécier l'importance des échanges commerciaux. Toutefois, Maistre signale que l'Inde exporte chaque année 13 000 t de pimel}t dont.90 p. 100 sur Ceylan. Ajoutons que, selon Bois le Sénégal aurait exporté 9 t dé petits piments secs en 1914. f
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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cées mydriatiques "· C'est le genre Datura représenté par trois espèces : D. innoxia, D. melel, D. stramonium. D. mele! est l'espèce prédominante, les autres étant même peu courantes, et nous devons à la vérité de reconnaître que c'est la seule à nous avoir été signalée pour ses propriétés médicinales et toxiques. Les deux alcaloïdes principaux des Datura sont la scopola::nine ou hyoscine C17 H 21 0 4 N et l'hyoscyamine C 17 H 23 0 3 ~. On trouve aussi, généralement, à l'état de traces, l'atropine ou d-1-hyoscyamine provenant sans doute de la transformation de l'hyoscyamine au cours de l'extraction), la pseudohyoscyamine ou nor-hyoscyamine C 16 H 21 0 3 N, la d-1-norhyoscyamine. Bien que D. innoxia et D. slramonium soient rares au Sénégal, et non utilisés en médecine traditionnelle eil raison vraisemblablement de leur rareté, nous donnerons néanmoins quelques renseignements à leur sujet en les situant au point de vue chimique par rapport à D. metel, d'autant plus que les confusions ont été nombreuses, particulièrement entre D. innoxia et D. metel. • Une revue de différents travaux réalisés depuis 1959 sur les Datura a été publiée en 1970 par Karnick et Saxena [K93). Sont principalement traitées les questions suivantes : morphologie, germination des graines, culture, engrais, maladies, virus, herbicides, génétique, anatomie, pharmacognosie, culture des tissus, physiologie, pharmacologie, .toxicité, biosynthèse et phytochimie.
3.- Datura innoxia Mill. Caractères remarquables.
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Sous-arbrisseau érigé, ramifié, atteignant 1,25 rn
( 738
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADITIONNELLE
externe~.
II existe pourtant une autre classe d'individus qui l'utilisent par voie interne ; ils appartiennent à la catégorie des daberkat wolof, des daderam. des biledé toucouleur qui pourraient être qualifiés d'exorcistes, faute de hleillcur terme à notre disposition et faute aussi d'une étude poussée dans ce domaine. Quoi qu'il en soit, notre propos est ici, seulement, de signaler que l'épreuve de Datura est pratiquée aü Sénégal et nous en avons eu des preuves ù Dakar mèrne en la personne de malades hospitalisés à la clinique neurologique pour bouffées délirantes consécutives à des séances d'exorcismes. C'est alors .qu'apparatt en lumière la signification du terme wolof yédul ngon («il n'atteindra pas la soirée ») qui fait peser sur le patient et son entourage une inquiétude certaine mise à profit par le praticien•.
4. - Datura metel L.
Pharmacognosie et chimie.
=
Caractères remarquables.
Plante généralement annuelle, suffrutescente, lignifiée à la base, atteignant 1 m de hauteur à tiges glabres, épaisses mais cassantes. Feuilles pubescentes, elliptiques, largement ovales ou triangulaires, subentières ou aYec quelques lobes peu profonds ; limbe de 20 sur 14 cm. Grandes fleurs blanches dressées à calice tubulaire de 6 cm de longueur et 15 cm de diamètre. Corolle simple ou double. atteignant 20 cm, avec 5 ou 6 lobes longuement acuminés. Capsules pendantes, irrégulièrement déhiscentes, plus ou moins verruqueuses, avec l'extrémité des protubérances émoussées. Habitat.
C'est une espèce rudérale qui croit spontanément dans les sols organiques autour des villages et des agglomérations importantes comme Dakar.
7.39
on pratique pour les céphalées rebelles des onctions sur le front et la tête avec une pâte grossière à base d'écorces et de feuilles. II nous a été signalé par les Lébou du Cap-Vert l'utilisation anti-asthmatique des feuilles mélangées à celles du tabac et fumées dans la pipe ce qui laisserait penser qu'il y a eu dans ce cas un apport européen ; mais la même indication nous a été donnée par des Toucouleur du Dimar où l'apport européen peut être mis en doute. Par ailleurs, dans le Ferlo, un traitement manding médico-magique du seytanéto (forme de psychose) fait appel à des fumigations du mélange feuilles de Datura, crottes de chien et touffes de cheveux. En résumé pour le populaire et les guérisseurs les usages du Datura sont uniquement
Cucu et Paum ont trouvé dans les feuilles sèches de Roumanie, sur des échantillons récoltés à des époques différentes de juillet à septembre, 74 à 80 p. 100 de scopolamine pour 12 à 14 p. 100 de hyoscyamine [C130). Par contre, dans les graines, Pelt et coll. ont trouvé un rapport inversé: 30 p. 100 de scopolamine pour 50 p. 100 de hyoscyamine/atropine, 5 p. 100 d'apoatropine, 10 p. 100 de noratropine, 5 p. 100 d'apoatropine, présence de norscopolamine et d'aposcopolamine [P150), Les racines ont fait l'objet d'investigations très poussées de Evans et coll. dans des conditions de culture variées. C'est ainsi qu'ils ont trouvé pour 100 g de plante : 0,07 g d'atropinefmétéloïdine, 0,05 g de tropinefpseudotropine ; 0,04 g de 7-hydroxy 3,6-ditigloyloxytropane; moins de 0,01 g de 3 ex, 6-~-ditigloyloxytropane [E27, E28). Dans trois autres échantillons de racine, ils ont trouvé 0,24, 0,30 et 0,37 p. 100 de scopolamine avec hyoscyamine et météloïdine. Ils çmt même signalé, par ailleurs, la présence de cuscohydrigne ainsi que d'autres bases non caractérisées [E23, E24). Kala a trouvé dans les différents organes de la plante scopolétine et esculétine. Les racines contiennent en outre esculine. Les parties les plus riches en scopolétine et esculétine sont les feuilles dans lesquelles l'auteur a dosé 0,8 mg p. 100 g, exprimés en scopolétine, dans les échantillons frais [K:~5].
SYN. -Datura fastuosa L., Datura alba Nees, Datura {astuosa var. alba (Nees) C. B. CI. VERN.- Wol. hompay bu gor (hompay mâle), hom hom bu gor (Sébire), négungun, négunugon, yêndylgon, yédul ngon ( il n'atteindra pas la ,soirée) ; wol. du Walo négunugon, fuyufaya, fufay; wol. du Cayor katidâdabé; wo/. du Ferlo kitikain, kidikain ; ser. dohar, dokar; niom. indo kar, indohar, ndoarobin ; rtÎ.and, socé kubédaro ; bamb. satiné (Berhaut) ; peul lofosé ; toue. laolaor&; katidàtadé ; peul, toue. yu budé, yiyabudé ( = celui qui ne voit pas l'enflure), tima budi ( = sur l'enflure).
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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Une récente étude pharmacognosique de Datura mele/ a été réalisée aux Indes par Shah et Khanna [S84). Les graines renferment 14 p. 100 de protéines et 18-19 p. 100 d'huile [E22, E37]. Les constantes et la composition de cette huile fixe ont été données par Grindley [G115). 1 L'intérêt de la drogue réside dans sa teneur en alcaloïdes dériYés du tropane. Ce sont d'aborrl la scopolamine ou hyoscine C 17 H 21 N0 4 qui est I'alcalbïde principal avec l'hyoscyamine C17 H 23 N0 3 , puis l'atropine ou d-1-hyoscyamine, la pseudohyoscyamine ou norhyoscyamine C 16 H 21 N0 3 , la d-1-nor-hyoscyamine. la tropine et la pseudotropine le ditigloyloxytropane et I'hydroxyditigloyoxytropane [E23, S8:l]. La teneur moyenne en alcaloïdes totaux dans les organes, d'après différentes analyses effectuées est résumée dans le Tableau XXI\'. TABLEAU
XXIV
Teneur p. 100 m a/ca/oïdrs des différents organes du Datura met el e:rprimés rn hyosrwmrine p. 100
Organes secs
1
Feuilles ............• (;raines. . . . . . . . . . . . . . . . Hacines . . . . . . . . . . . . . . . Fruits ................ Fleurs . . . . . . . . . . . . . . . . Parties a(·ricnnes........
Shah O. tiR 0.191 0,612 0,086
JSH21"
1
1
1SI 021"
JS8:ll" JS1112Jrl 0.!1:!9 JSK2Je o,:J77 ISX21'
1
~l<'nry
IH201
0.2·0,!\ 0,2·0,;; 0,1-0,2 0,12
Kosava
II.;:Hq
O,tl\1 0, t'".'
ll.:!ïo
Karniek JK:!61 O.ti·O.:,;, O. t :l·O, t 7
o,:!2·fl,7i O,OXO·II,OX\1 0,\lii·II.HX o,;w.o,.t 1
Emplois.
La toxicité du Datura est bien connue et en médecine populaire il est utilisé seulement comme médicament ù usage externe. Les noms peul-toucoul!'ur de yiyabudi et timabudi font bien entendre l'emploi gém'ral au Sénégal pour les enflures de toutes sortes. On utilise, soit le macéré de feuilles, soit une pâte de feuilles avec le haricot niébé, soit des préparations plus complexes pour les cas de membres enflés, inertes, paralyst's. La maladie dite "cndu " en toucouleur, qui st•mblc corrt•spon
a. ctont fraction hyoscyaminc + atropim• 0,2211; scopolamirw 0,1X1 ; fr·artion ù haut !IF 0,1117. b. dont scopolamine 0,125; hyoscyamine O,Ufi!J ; fraction ù haut HF 0.07. c. (t.uux ealculé en hyoscyamint') dont hyoscyamine -l- atropine 0,2()~ ; seopolamim• 0,17:!; ditiglo~·JoXylropanc 0,121 : tropitw <'l psl'udotropine O.O:!!l. d. dont scupoJamin<' 0,0 1S: fraction hyoseyaiiiÎIH' o.o~:{ fraction ;) haut HF 0,01 7. e. dont scopolamhw O.!l!"")l ; fraelion hyoscyaminP 0.:~20 fraction ù haut HF O,OHH. f. dont scopolamirw II,IX:!: fraction hyoscyamim• 0.155 fraction :1 haut HF 0.0:!\l.
Les chiffres
~5-7H,
la t<•t·hniquc d'exorcisme t•mployét•.
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740
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TR(uiTIONNELLE
que les teneurs en alcaloïdes des graines étaient de 0,15 p. 100 chez les spécimens haploïdes, 0,35 chez les diploïdes et 0,42 chez les tétraploïdes. Ils ont trouvé d'autre part que le totum alcaloïdique p. 100 croissait de façon régulière en altitude du niveau de la mer à 2 166 rn pour les racines (0,27 à 0,89), les tiges (0,19 à 0,46), les feuilles (0,25 à 0,58), les fleurs (0,69 à 0,99), les fruits (0,060 à 0,097) les graines (0,09 à 0,19). En raison de l'importance des alcaloïdes constitutifs, principalement scopolamine et hyoscyamine, de nombreux travaux ont été réalisés pour en connaltre les taux respectifs et les variations en fonction de la taille, de la croissance, des conditions de floraison, etc. Prasad a montré que le rendement en feuilles et en alcaloïdes varie avec les traitements de taille et d'exfloration appliqués. La taille lourde a un efiet inverse sur la hauteur du tronc, le nombre de feuilles, Je poids sec et le pourcentage d'alcaloïdes. L'exfloration précoce a un efiet favorable et augmente le totum alcaloïdique de 0,225 p. 100 à 4 mois et demi à 0,385 p. 100 à 5 mois et deini. Dans le même temps la plante témoin passe de 0,225 p. 100 à 0,2026 p. 100. D'autre part, avec addition de 600 g de sulfate d'ammonium par lot de 12 plantes, le totum alcaloïde atteint 0,4025 p. 100 à 4 mois et demi et 0,3850 à 5 mois et demi [P90]. Jentzch a trouvé que l'hyoscyamine représente environ un tiers des !!lcaloïdes totaux au commencement de la floraison. Mais cette base décroît par la suite et ne se trouve plus qu'à l'état de traces au moment de la floraison, alors que dans D. slramonium• la proportion de scopolamine par rapport à l'hyoscyamine est de 3 p. 1 avant la floraison, qu'à la floraison cette proportion est inversée et que par la suite l'hyoscyamine est toujours prédominante [J22). Paris et Cosson ont étudié la teneur en alcaloïdes des organes ou des feuilles jeunes de D. mele/ cultivé en 9 h d'éclairement, suivant Je stade de développement. Ils constatent au stade juvénil!l la présence de plusieurs bases. Outre scopolamine et hyoscyamine, on trouve chez les très jeunes plantules trois autres alcaloïdes : J'un représentant 82 mg p. 100 g du matériel sec, les deux autres à l'état de traces. De plus, aux différents stades de l'ontogenèse on trouve des traces d'un autre alcaloldc [P89]. Les mêmes auteurs ont vérifié d'autre part que D. mele/ présente une/augmentation du contenu alcaloidique au moment de la floraison. Pour les plantes relativement âgées (7-8 mois) le rapport scopolamine-hyoscyamine est plus élevé chez celles qui sont maintenues en journées courtes [P89]. Dans les feuilles fralches en période de pleine floraison Romcicke a trouvé 0,04 p. 100 d'alcaloïdes totaux dont 0,0:-1 p. 100 de scopolamine et 0,01 p. 100 d'hyoscyaminc ce qui donne bien un rapport de 3 à 1 [R14]. Les teneurs respectives en scopolamine et hyoscyamine sont également fonction des variétés. C'est ainsi que D. mele/ var. fasluosa est plus riche en alcaloïdes totaux et contient plus d'hyoscyamine mais moins de scopolamine que D. mele/ [S82, S83]. La biosynthèse des alcaloïdes a été étudiée sur des cultures de raeine par Liebisch et coll. Ils ont trouvé que, à cüté de l'ornithine son produit de dégradation, la putrescine est un précurseur [L37]. Rappelons à ce propos que Hobinson a pu synthétiser la tropinone à partir de la succindialdéhyde et que Cromwell a proposé le schéma suivant pour expliquer la formation de succindialdéhydc : Syntlièse direclt• j. arginint~ ~
Scission des protéines
11
onlithine
----+
putrcscine
-~
succindialdèhyde
Des recherches du même ordre, par cultures de tissus sont actuellement menées en France par Nctien et coll. [N:iO, N:H]. Pharmacolo~le.
J. --
0HGANES.
I.a pharmacologil' du D. ml'ld est confondue avec celle du D. slramonium dont les fenillt•s sont inscrites ù la pharmacopée françaisf.'. Cette similitude d'action s'explique par h• fait que. ces dt•ux /)alura ont pratiqtl('lllCnt le même taux d'alcaloïdes totaux, IJUI' t•t•ux-ci sont ll'S mêmes dans les dl'UX espèces. Seul le rapport scopolamine-hyost•yaminl' l'Sl dill'<·rl'nt (t'Il gros, :l/1 dans /). mdd, 1/2 dans D. slramunium) mais ces
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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741
bases ont les mêmes propriétés physiologiques étant toutes deux parasympathicolytiques comme l'atropine de la Belladone. Le D. mele/ est très toxique. La symptomatologie de l'empoisonnement aigu est comparable à celle de la Belladone, mais l'action est plus intense. On manque de données précises sur l'intoxication qui se traduit par du délire avec vertige, ivresse, hallucinations et visions. La mydriase est très importante et pourrait même dans certains cas entralner des cécités plus ou moins durables. On peut penser, par ailleurs, à des réactions individuelles à l'intoxication, liées à des phénomènes d'idiosyncrasie. Il est probable que, comme pour la Belladone, la sensibilité est variable selon les espèces animales puisqu'aussi bien on conn ait des cas de résistances animales particulières à la scopolal)1ine et à l'hyoscyamine. De plus, on ne signale pas de cas d'intoxications spontanées chez les animaux, l'odeur vireuse étant sutlisammcnt désagréable pour les écarter de la plante. Dhar et coll. ont trouvé que par voie intrapéritonéale.chez les souris, la dose maximum tolérée était de 100 mgjkg pour les extraits de plante entière et 1 000 mgjkg pour les extraits de fruit [D8ü]. Ces extraits donnent tous deux des tests positifs concernant l'aetion sur la pression sanguine de la souris et sur l'iléon isolé de cobaye. Les extraits df.' plante entière donnent en outre des tests positifs d'action anthelmintique (D86]. Les extraits de graines de D. mele/ de France ne révèlent pas de pouvoir anticancéreux [A71]. Il. -ALCALOÏDES. 1 o Hyoscyamine. L'hyoscyamine a les mêmes actions pharmacologiques que l'atropine qui est le type des parasympathicolytiques. Sa toxicité est du même ordre, mais elle est deux fois plus active, en particulier au point de vue actions périphériques sur l'iris, le vague cardiaque, les glandes. Aussi présel}te-t-elle des avantages en administration externe, en ophtalmologie par exempl!', qu;md on désire un efiet périphérique. Elle inhibe les structures innerv~es par les fibrPs parasympathiques post -ganglionnaires et, par conséquent, combat ll•s spasmes des muscles lisses (action mitispasmodique), diminue les sécrétions des glandes exocrines (salivaires, respiratoires, sudoripares, etc.) et accélère Je cœur par action vagolytique. Elle dilate la pupille (action mydriatique) et paralyse lf.'s muscles de l'accommodation. Elle stimule les centres cérébraux supérieurs (d'où agitation, hallucinations, délire) et bulbaires (fièvre, par stimulation du centre thermorégulateur). Elle possède une action antiparkinsonienne en déprimant les noyaux gris du système pallidal [F67]. Elle peut être prescrite sous forme de sulfate à la dose de 0,25 à 0,50 mg par 24 h, voie orale ou voie sous-cutanée, (deux fois moins que l'atropine) c'omme antispasmodique, antinauséeux et antiémétique, dans la maladie de Parkinson, en ophtalmologie comme mydriatique. On J'utilisl' pourtant assez rarement et on lui préfère l'atropine. 2° Scopolamine. La scopolamine agit également comme parasympathicolytique et sédatif : Elle déprime le système nerveux central en provoquant d'abord de la somnoll'IH'l', un sommeil sans rêve, puis, à hautes closes, une inhibition de la respiration ct dl'S contractures. Elle exerce une action parasympathicolytique et antispasmodique périphérique. Elle est indiquée comme sédatif ct hypnotique dans l'agitation psyeho-motrice et le delirium tremens; comme médication préanesthésique, associée ù la morphine pour diminuer les sécrétions salivaires, bronchiques et les réactions vagall'S lors dt• J'imluction. de l'anesthésie ; comme antiparkinsonien ct comme médkanH•nt du mal dt•s transports. On la prescrit par voie buccale on sous-cutanée aux dosl'S dt• o,:, ù 1 mg ainsi qu'en collyres en solution à 2-5 p. 100 fFüï]. Il y a lieu de signaler que la scopolamine Sl' dill'én·ncil' nl'llt•nH·nt dt•l'alropint•l't de l'hyoscyamine du point de vue pharmacod~·rwmiqtll' par son al'l ion snr h•s t'l'nlr't'N nerveux de l'homme. Alors que l'atropine t•sl 1111 t•xt·itant t•t•nlral, la Sl'opolamlrll' t•st un sédatif des zont•s Sl'nsitives el molriet•s dt• l'fl'ol'l't'. Ch<•z I'hornnll' 1 rnf.( dt• SI'Olll>· lamine pitr voit• sous-cutané<• provoqut• dt•s 1rouhks dt• lu lot•ontol inn, d<• l't'•lot•ut lon ct dl' la sensibilité, l'obnubilation tks fotl'llllt'·s lntt•lh·l'lnt•llt•s,l'l la pt•rlt• th• volonlt'•. Aussi, en l'l' qui <'Oill'l'rlll' l't•mploi tin /)a/1/rtr ml'/1'! 1111 t·ont·s dt•s st'•ntH'l'S tl't•xorTisnH'~ par )t•s diahl'l'k:tl l't h•s hilt'•dit'• s(•nt•f.(alais, on Ill' Jll'lll ntllllllll<'l' dt• ruin• 1111 l'lll'(ll'nl'ill'-
,C'i~UL~~~~-~ ...,... (). ....T.....,...."YI._..,II~-------·,.,~ 4--'""""'"~l<;oi'<.,,,-~'V-•ib.:C<·~--~fl,.u;IC)~~·II!1MM'""'""""'~"-"'-'"~--_y..,~f."'.·-...rl.-"'o~~"'-~""""="o""'....,"..._"'~!o.:è~lo
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADITIONNELLE
ment avec l'emploi de la scopolamine, en guise de « sérum de vérité "• au cours des interrogatoires très spéciaux pratiqués en d'autres pays et en d'autres circonstances pour fàire avouer les accusés et « laver les cerveaux "· En tout état de cause, le D. mele/ présente un très grand intérêt parce qu'il est par excellence la source industrielle d<' scopolamine et, à un degré moindre, d'hyoscyamine.
5.- Datura stramonium L. VuLGo.- Stramoine.
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
743
Feuilles de formes et de dimensions variables, oblongues elliptiques ou largement ovales, arrondies ou obtusérnent acuminées au sommet et à la base ; les feuilles du sommet sont très petites mais celles de la base atteignent 10 sur 7 cm avec un pétiole de 4 cm. Cymes terminales de fleurs jaunes ou jaune verdâtre, villeuses à l'extérieur. Corolle ne dépassant pas 2 cm de long et 6 à ï mm de diamètre, à lobes arrondis ou obtusément acuminés ; calice d'environ 1 cm de long à lobes triangulaires acuminés. Capsules globuleuses d<• 12 mm de diamètre, sans apicule tl·rminal. Habitat. Il est parfois cultivé dans la région du Fleuve, le Sine Saloum et le Sénégal oriental.
Caractères remarquables. Plante pubescente, érigée, ramifiée, glabre, pouvaflt dépasser 1 m de hauteur, à tiges vertes, lisses, lignifiées à la base, un peu étalées. Feuilles ovalès à bords sinués ou anguleux ou même à dents tronquées, atteignant 25 sur 10 cm. Fleurs axillaires, isolées à la bifurcation des rameaux sur de courts pédicelles ; calice verdâtre de 3 à 4,5 cm de longueur ; corolle blanche campanulée de 7 à 8 cm de longueur aYec 5 à 6 lobes acuminés. Capsules s'ouyrant en 4 valves, dressées, densément épineuses ; épines robustes de longueur inégale. Le Datura lalula L. diffère du D. slramonium par ses tiges pourpres, ses fleurs violet pourpre ou laYande et les épines des capsules qui sont presque égales. Pour certains auteurs, ces différences ne sont pas suffisantes pour séparer leD. lalula du D. slramonium. Habitat. Il est probablement ongmaire du Moyen-Orient (entre l'Afrique du Nord et les Indes). II est cosmopolite, croit dans le~ pays tropicaux et tempérés. Il est moins tropical que D. innoxia. Chimie et pharmacologie. La question du D. slramonium est traitée dans tous les ouvrages de Matière médicale et de Pharmacologie. La drogue est inscrite à la Pharmacopée française et doit figurer dans la pharmacopée européenne actuellement en cours de rédaction. Paris résume comme suit la chimie et la pharmacologie du D. slramonium. «Composition chimique : Feuilles : 8 p. 100 eau, 15-20 p. 100 matières minérales, traces de scopolétol, 0,20-0,40 p. 100 d'alcaloïdes surtout hyoscyamine, atropine, scopolamine*, ditigloyldihydroxytropanc. «Graines: 8 p. 100 d'eau, 3 p. 100 de matières minérales, 20 p. 100
6.- Nicotiana rustica L. \it.;u;o.- Tabac, Tabac femelle, Petit tabac. VEn!\:. - Tous dialectes taba; wol. tarnaka; ser. taha s.aba ; diolu Fogny esumbay ; bas. sira.
(
tàkoro; mand., bamb.
Caractères remarquables. H<•rbc annndlc dressée, ligneuse à la base, un pen ramifit'c Ycrs le sommet, d'environ 1 m à 1 ,2:> m de haut.
* ~ous avons sip;nalé supra que Homcike avait trouvé pour les feuilles fraklws de /). mele[ récolté-es en période de pleine floraison un rapport scopolaminc/hyoscyamin<: égal ù :·t Opt'rant dans les n1èmcs conditions t•xpérinu.•ntalcs avt•c quatre lots différents de fruilles de D. strmnonium il a trouvé des rapports scopolamint•/hyoscyaminc allant de O,;-l:l ü 0,06 [Hl-1}.
Emplois, chimie, pharmacologie (Yoir ci-dessous à 1\~icoliana labai"um).
7. -- Nicotiana tabacum L. \'uuw.- Tabac, Grand tabac, Tabac mâle. ' YEHN. -- Wol. el lous dialectes taba saba; dio/a Fogny
esumbay.
Caractères remarquables. Forte plante annuelle dressée, lignifiée à la base, avec une tige robuste pouvant atteindre 2 rn de hauteur. Feuilles simples alternes, sessiles, velues et visqueuses, ovales ou lancéolées, courtement acuminées au sommet, décurrentes à la base, avec 7 à 8 paires de nervures latérales.proérninentes à la face inférieure. Grandes cymes terminales de fleurs rougeâtres, blanches, roses, parfojs crème; 1 infundibuliformes, avec un long tube glanduleux visqueux à l'extérieur; corolle de 4 cm de longueur; calice de 1,5 cm à lobes longuement acuminés. Les flenrs ont un pédicelle glanduleux pubescent tle 1,5 cm. Capsules ovoïdes de 2 cm
S. ruslica et N. labacum sont les deux espèces industrielles les plus cultivées en Europe. Ce ne sont pas, à proprement parler, des espèces médicinales de la pharmacopée sénégalaise. Cependant les feuilles fraiches de N. ruslica font partie depuis longtemps du droguier sénégalais aYCC emploi pour le traitement des plaies. Elles entrent aussi, en association avec
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Chimie. Le tabac compte parmi les plantes les plus étudiées et ceci se conçoit, en raison de sqn importance industrielle, puisqu'on peut fixer à environ 4 millions de ~nnes la production mondiale annuelle. . Comme pour la Datura la question du tabac est traitée dans des ouvragés classiques d'agronomie, de matière médicale, ou dans des revues et ouvrages spécialisés qui peuvent être facilement consultés. Citons en langue française des ouvrages généraux : Perrot ([P8] pp. 1888-1909), Garnier ([G4) pp. 1086-1093), Denoel ([013) pp. !123-928), et les ouvrages particuliers de Provost [P11), Zivy [Z5), Gisquet [G16). En langue anglaise le récent compte rendu des colloques internationaux du centre Wenner-Gren à Stokholm [V33j et l'étude de Watt ([W2] pp. \162-988). FEUILLES.
Nous empruntons à Mme Bézanger"Beauquesne sa revue sur la chimie des feuilles, à l'exception des alcaloïdes. " Séchage et fermentation provoquent dans la feuille de Tabac l'apparition d'acides organiques formés aux dépens de l'amidon. Ces acides, fort nombreux déjà dans la plante fralche, comportent surtout de l'acide !-malique (85 p. 100 de la totalité dans l'organe frais), à cOté des acides citrique, fumarique, oxalique, succinique, acétique, butyrique, lactique, gallique, caféique, quiniquc, chlorogéniquc, et un acide spécial, l'acide nicotinique ou O<-pyridine-carbonique. • On trouve également de l'asparagine, de la bétaïnt·, de l'iso-amylamine, une pectine analogue à celle de Lin, un tanin, du lévulose, une gomme, de la cellulose, du carotène (0,18 p. 100 des feuilles sèches); des substances résineuses, un mélange de para flines ; présence d'hentriacontane et d'heptacosane ), une essence où l'on a caractérisé un carbure, les acides isobutylacétique et isovalérianique. • On a pu retirer des feuilles sèches de N. labacum (200 kg) une essence concrète (850 g) contenant 15 p. 100 de principe odorant. Privée de sa fraction nicotinique, l'essence absolue qui en provient possède une odeur menthéc. On y trouve des dérivés carbonylés dont une cétone, du bornéo!, beaucoup de linalol ct, après saponi fîcation, des phénols et de l'acide acétique. " Dans les feuilles sèches on a décelé des hétérosid(•s llavoniques : rutoside, surtout dans .Y. rus/ica• ...
• Selon Krewson 0,1 à O,ï p. lOU dans N. ruslica, 0,008 il 0,61 p. 100 dans N. tabacum [Kti IJ.
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRA(.riONNELLE
Ce mode de préparation apporte une preuve supplémentaire de l'espnt d'observation et du savoir empirique de l'Africain. Dans la feuille en effet la nicotine est, en quelque sorte, emprisonnée car elle s'y trouve fortement combinée aux acides malique et citrique sous forme de sels : malate et citrate. L'intervention des cendres alcalines qui réagissent sur ces sels, libère alors la base nicotine de ses combinaisons ; et ceci n'est pas sans rappeler le procédé analogue employé par les Incas du Pérou pour libérer la cocaïne des feuilles de Coca afin de pouvoir s'en servir, également, comme masticatoire actif. Les feuilles de N. labacum sous forme de manoques importées par contrebande (type black fat du Kentucky) sont fumées dans la pipe et on leur ajoute quelquefois des espèces médicinales pour combattre les névralgies (Cayor, région du Fleuve Casamance). Kous n'avons par recueilli au cours de nos prospeçtions des renseignements particuliers sur N. labacum qui depuis peu de temps est de nouveau cultivé en Casamance, mais cette fois semi-clandestinement et à une échelle artisanale réduite. Nous le signalons néanmoins car nous avons été alerté en octobre Hl68 par les services gouvernementaux sénégalais qui nous avaient adressé un échantillon de plante pour expertise avec la note suivante « plante verte dont les feuilles sont présentées et vendues sous l'appellation de taba-saba. Vous voudrez bien procéder d'urgence à des recherches de laboratoire en vue de déterminer la nature, la teneur en principes, les caractéristiques. Il serait également souhaitable que les recherches puissent permettre de tolérer ou d'interdire la vente d'une telle plante "· Il s'agissait bien en l'espèce du N. labacum.
1°
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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« La plante fralche « Les cendres (13-21
contient des diastases vanees. p. 100 de la feuille sèche) sont riches en K et en Ca (phosphates, nitrates, sels d'acides organiques). La fermentation réduit les nitrates avec perle de NH 3 [B184). , (fin citation) Kala a dosé dans les feuilles fralches de N. rustica 0,02 à 0,06 mg p. 100 g de scopolétine avec des traces d'esculétine [K35]•. C'est la feuille qui est l'organe le plus riche en alcaloïdes. L'alcaloïde principal est la nicotine (2 à 8 p. 100) 'ou pyridyl-méthyl-pyrrolidine C 10 H 14 N 2 qui présente les caractères particuliers d'être liquide (forme huileuse), volatile et non oxygénée. A côté de la nicotine sc rencontrent d'autres bases qui lui sont chimiquement plus ou moins rattachées : la nornicotine C9 li 12 K, ou pyridil-pyrrolidine, liquide visqueux entraînable par la vapeur d'eau; la nicotelline C 16 H 11N 3 , dipyridyl-pyridine, cristallisée; l'isonicotéine C 10 H 12 N 2 , dipyridyl, liquide; nicotyrinc C 10 H 10N 2 , méthylpyrrol-yl-pyridine, liquide; nicotoïne C 8 H 11 K, liquide et d'autres encore**. On trouve aussi les bases simples pyridine ct pyrrolidine combinées aux acides malique et citrique. Signalons encore que le tabac vert est riche en glucides : 35 à 40 p. 100 du poids sec.
2°
FLEUR.
On a isolé de la corolle un pigment anthocyanique (0,48 g pour 1 kg d'échantillon frais, exprimé en picrate) et un glucoside llavonique (0,12 p. 100) [B184]. Le principe odorant (8,8 p. 100 de l'essence concrète) est un liquide épais à odeur de Café et de Girolle où l'on a identifié l'eugénol, les acides caprylique libre, formique et acétique combinés (in (13184)). 3°
GRAINES.
La composition des graines est la suivan}e: cau 3,6 à 4,2 p. 100, protéines brutes 25, cellulose 19, matières extractives non azotées 10 ct cendres 4. Absence d'amidon. Présence de vitamines A, l3 ct E. f L'huile (30-42 p. 100) est formée principalement des glycérides des acides palmitique (:{2 p. 100), oléique (24,5), linoléique (15). awc 3 p. 100 d'insaponillable (in [B184]). Selon ditiérents auteurs la nicotine n'existe pas dans fa graine, mais apparait dès la germination. 4°
HÉI'ARTITIOX DE LA NICOTINE DAXS LES 01\GANES.
La teneur en alcaloïdes varie selon différents facteurs intrinsèques et extrinsèques, la teneur maximum étant atteinte à la période de maturation. La nicotine représente à elle seule plus de 99 p. 100 des alcaloïdes totaux. Selon \Vatt [W2[ la totalité de la nicotine est répartie dans les organes à raison de 64 p. 100 dans les feuilles, 18 p. 100 dans les tiges, 13 p. 100 dans les racines et 5 p. 100 dans les fleurs. Pharmacologie•••. 1°
FEUILLES.
Les Nicotiana sont toxiques. Certains animaux y sont particulièrement sensibles : les animaux à sang froid, insectes, grenouilles, chiens, chats, porcs. Mais il y a aussi des cas de résistancC's particulières. C'est ainsi que les ruminants, à l'exception des bœufs. peuvent brouter impunément les feuilles de Tabac. Il faut noter que la chair des animaux morts empoisonnés ne doit pas être consommée, car la nicotine tout en étant volatile ne l'est qu'à haute température. On a signalé des cas d'intoxication humaine. ù la suite de traitements par des lotions parasitieidcs avec dC's d(·coctions de feuilles ou des préparations de jus de Tabac. * l.(•s racitH'S sont beaucoup plus riches : jusqu'à 1,0~ mg p. 100 g d'échantillon frais [1\.:l[ll. *"' L'anahasine qui est souvl•tü citée se rencontre dans le .l\ïcotinna ghwca. Eneon~ appC'lée néoniroline, c'est un isomère de la nkotinc. ••• Nous ne traitons ici fJLil' la pharmacologie de la plante et de la nicotine, non rl'Hes dt's tabacs ù funwr, à prisl·r l'l ù chiquer.
J.
746
PHArniACOPÉE SÉNÉGALAISE
TR~- iTIONNELLE
L'empoisonnement aigu se traduit par de la pâleur, des sueurs froides, vertiges et tremblements. Le pouls devient lent et irrégulier avec dyspnée et apparition d'un syndrome cholériforme. Dans les cas graves il peut y avoir paralysie et mort par syncope. Watermann a signalé en 1938 qu'un enfant avait été tué en 2 h par lavement avec 2 g de feuilles, une femme en un quart d'heure par un lavement de 32 g, la dose létale étant 320 à 640 mg (in [P20] p. 1790). Le Tabac a connu autrefois une grande vogue comme panacée. On utilisait encore assez récemment l'infusion de feuilles à 1 p. 100 en lotions parasiticidcs et même comme vermifuge (Ascaris) et parasiticidc interne. Selon Brissemoret, cité dans tous les ouvrages classiques, les préparations de feuilles peuvent encore être indiquées en dernier ressort pour le tétanos et certaines constipations en raison de leurs efiets dépressifs .sur le système nerveux et sur la contracture des fibres lisses de l'intestin. La dose maximum de poudre de feuilles est 0,50 g par jour (doses de 0,15 g), celle d'extrait hydro-alcoolique 0,03 à 0,15 g. Planchon signale son utilisation, avec beaucoup de prudence, en lavements (pour adultes 5 g de feuilles pour 250 d'eau) dans les hernies étranglées, l'invagination intestinale, etc. (in [1'20]). Des préparations de feuilles de Tabac étaient au si(•clc dernier inscrites à la pharmacopée française : cigarettes et poudre de feuilles (Codex 1884), teinture éthérée (Codex 1887). Le jus de Tabac provenant de la macération des feuilles est employé sous forme diluée en médecine vétérinaire comme parasiticide externe des animaux et en agriculture pour la destruction des insectes parasites des plantes cultivées. 2° NICOTINE. Le Tabac doit sa toxicité à la nicotine. L'intoxication aiguë (criminelle ou accidentelle) par la nicotine est foudroyante. Il suflirllit de 60 mg I}OUr provoquer la mort (Hazard). Une à deux gouttes sur la langue ou~sur l'œil d'un chien provoque la mort immédiate. i La nicotine possède une double action excitante et paralysante. La première se traduit à la fois par de l'hypertension et de la tachycardie (efiets excito-ganglionnaires et médullo-surrénaux) et par de la polypnée (action rétlexe au niveau des chimio-récepteurs). La seconde sc traduit par la paralysie des cellules nerveuses au niveau ganglionnaire et par une paralysie respiratoire due à un blocage de l'influx au n-iveau des jonctions neuromusculaires du diaphragme et des intercostaux. Cette double action fait que la nicotine n'est pas utilisée en thérapeutique où on préfère recourir à des médicaments qui sont d'emblée ganglioplégiques, sans passer par la phase pr~lable d'excitation.
8.
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Schwenckia americana L. SvN. ~- Scilwcnckia guinecnsïs Schurn. et Thonn.., Scilwenckia ilirta C. II. Wright VrmN. -- Bamh. ntimi ntirni ; bain. timi tirni.
Caractères remarquables. Hcrbt• peu ramifiée, ù tiges très grèlcs, glabres ou glabrescentes, atteignant 75 cm de haut. Feuilles elliptiques ou ovales de 4 sur 2,fi cm, arrondies ou largement acuminées au sommet, entières, celles de la base pétiolées, celles du sommet sessiles. Lîcht•s panicules terminales de petites lieurs verdâtres courtement pédicellécs. Calict• ù ;, dtmls triangulaires ; lube de la corolle de 8 mm de long ù lobes peu échancr(•s, laq.(l'ment triangulaires, an·c des appendices intermédiain•s. Capsules subglohult·uscs de 4 mm de diamètre, sc séparant en deux valves entourées par les lobes persistants dn ca lie<'. Habitat. C'est une herbe qui est surtout commune en Casamance et
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
7-!7
Emplois. Chez les Baïnouk de basse Casamance, de mêm<• que le Raphioslylis constitue le laxatif de choix pour les enfants de trois mois, de même S. americana est considéré comme le laxatif par excellence des nouveau-nés de quelques jours (décocté de racines). Chimie. Un screening de Bouquet sur la plante entière du Congo-Brazzavllle indique la présence de saponosides et de traces d'alcaloïdes, l'absence de llavonoïdes, tanins, quinones, glucosides cyanogénétiques, stéroïdes, terpènes [B210]. A notre connaissance deux études seulement ont été réalisées sur S. americana de l'Ouest africain. , La première a été faite en 1940 par Rabaté sur des échantillons de plante entière provenant de l'Afrique occidentale*. L'auteur y a décelé des traces d'alcaloïdes ct isolé un hétéroside nouveau (0,34 p. 100 dans la plante sèche) dénommé schwcnkioside, de formule C 34 H 36 0 16 , 3 H,o·. Son hydrolyse fournit deux molécules de glucose et l'aglycone phénolique dénommé schwenkiol de formule C 22 H 20 0 8 [F\47]. La deuxième étude est celle de Pa tel et Rowson, faite en 1964 sur l'espèce nigériane. Les résultats phytochimiques des auteurs font état d'une réaction de Kedde négative et d'une coloration brune obtenue par la réaction de Keller-Kiliani pour les feuilles, racines et tiges. Les mêmes organes donnent une réaction faiblement positive pour les alcaloïdes. Les auteurs ont isolé une sapogénine stéroïdique, probablement la samogénine••, qui d'après eux, est le principal constituant de la plante, mais ont échoué dans l'isolement du schwcnkioside ou de son algycone schwenkiol par la méthode de Habaté [P15]. Pharmacologie. ])es ex'traits de feuilles, racines et tiges de l'espèce nigériane expérimentés pal· Pate! et Rowson sur le cœur de crapaud présentent la particularité de manifester une action cardiotoxique suivie d'une action cardiotonique. Cette dernière est très marquée et de longue durée, sauf pour les extraits de tige chez lesquels l'action est faible. Tout<•s les parties de la plante hémolysent rapidement les hématies, action attribuée à la saponine [1'15].
9.- Solanum aethiopicum L. VvLuo. -Tomate amère, Aubergine indigène. ll'ol. daxatu.
VEn~. -
Caractères remarquables. Petit sous-arbrisseau ne dépassant pas 60 cm de hauteur, ligneux ù la base, ramifié, glabre, ù rameaux lisses. Feuilles glabres, généralement largement ondulées sur les bords; limbe mince, pouvant atteindre 15 cm de longueur sur 10 cm de largeur avec un pétiole grêle de 4 à 5 cm. Fascicules axillaires plus ou moins pédonculés ou non ; pédicelles de 5 mm de longueur ; fleurs blanches ou mauve pâle de 15 mm de diamètre. Fruits sphériques, rouge brillant, de 2,5 à 3 cm de diamètre. Habitat. Cette plante est cultivée au Sénégaf pour ses fruits comestibles utilisés pour la confection des sauc<•s. Elle est largement répandue en Afrique tropicale.
• D'apri.•s les noms vernaculaires mentionnés ces {tchanlillons provenaiPIÜ soit du :\lali, ~oit du Dahomey, soit •le' Côte-d'Ivoire. •• La san\ogénint· est Un<' sapogéninc stéroïdiquc dont la formule de constitution C! 711HU.a rt la configuration ont i•ti• donnees par Marker et coll. (in [Kl], p. 871).
748
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PHAR:'IIACOPÉE SÉNÉGALAISE TRA(. !'10.:-
PLANTES MÉDICI!'\ALES ET TOXIQUES
74!)
Emplois.
Les fruits de cette espèce sont très estimés comme condiment et sont vendus couramment sur les marchés sénégalais. Les feuilles sont également consommées en guise d'épinards. Il ne nous a pas été signalé d'usage médical. Chimie.
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Cette espèce n'a guère été étudiée si ce n'est au point de vue diététique. Pour l'espèce cultivée aux environs de Dakar les fruits sont pauvres en glucides, protides et lipides, respectivement 7,2; 1,6 et 0,1 p. 100. Par contre on y trouve p: 100 g: 47 mg de P, 28 mg de Ca, 1,5 mg de Fe, 9 mg de vitamine C, O,Oï mg de thiamine, 0,06 de riboflavine, 0,6 mg de niacine et 176 mcg d'équivalent vitamine A [T3]. Les feuilles sèches de l'espèce voltaïque ont été analysées par Busson qui. y a trouvé 42,1 p. 100 de glucides, :'17,5 p. 100 d'insoluble formique, 20,1 p. lOO de protides. Il donne également les teneurs en éléments minéraux et amino-acides {B!J]. Les feuilles renferment en outre de l'acide chlorogénique [1'166].
1
10. - Solanum incanum L.
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Wol. garab u nag (Ber/raul), daxatu, daxatu dan, kulun, biitudan• œil de serpent) ; ser. dahatu fa ngol, ngid fa ngol (Ber/raul) ; mal., bamb. goyo, ngoyo ; mand. turuma daxato ( = tomate de la lryène) ; peul, toue. itéréngari, gitéragi, giténay (œil de bœuf); dio/a fâmbora (Ber/raul); dio/a Tendouk kudakaro, enum dubo (=Aubergine du loup). · VERN. -
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Caractères remarquables,
Sous-arbrisseau épineux, pouvant dépasser 1; rn de hauteur, ligneux à la base et couvert d'uàe pubescence étoilée blanchâtre. Feuilles larges de 5 à 10 cm et longues de X à 15 cm, à bords généralement dentés ou lobés, à base cunéiforme ; épines sur les nervures médiane et latérales ; limbe inférieur plus ou moins pubescent avec des poils étoilés ras. Calice épineux ou non, à 5 dents ; corolle de :l cm de diamètre ; étamines ù anthères jaunes. Baies sphériques de 3 à 4 cm de diamètre, jaunes à maturité. Habitat.
Il se rencontre éparsément à travers le Sénégal dans les stations les plus rlive,·scs, souvent à proximité des villages ou des hameaux de t·ultures. Emplois.
FIG. 40. - Solamm1 aelhiopicum L. ·-- 1. Feuilles et inflorescences réduites aux 2/3. - 2. Fleur x 2. - 3. Calice x 4. - 4. Coupe de la fleur x 4. - 5. Fruits réduits aux '2/3. - 6. Graines x 6, face et pro Ill (D'après Busson).
Les fruits et les graines de S. incamim (dont toutes les parties aériemws sont considérées connue toxiques pour les moutons) servent surtout en traitements externes : plaies, manifestations inllammatoires (graines pilées ou pâtes de graines préalablement grillées), oreillons (fruits et graines écrasés, en massage), céphalées (onctions sur le front et autour des yeux avec une pâte de fruits), On traite encore les maladies oculaires par des lavages avec le macéré de feuilles ; les céphalées, les névralgies dentaires, les dents cariées avec le macéré de feuilles de Solanum et Pi/iostigma rcliculalum. Un compléml'Jlt de traitement recommandé consiste ù incorporer au tabac la poudre de tiges séchées de .Solanum. Sous le nom secret de débodaho (petite f<'ll1HH') une guérisseuse toucouleur du Goye, spécialisée en pédiatrie emploie fl'uilles, Heurs et fruits du S. incanum, avec Abulilon pannoswn ct Lepladenia lwslala dans les constipations et diarrhées vertes des nourrissons. Pour certains guériSS('Urs cette espèce aurait des propriétés diurétiques ct cholagogues.
* Bütwian, ,
nom donné (·gale ment ù l'A brus precalorius.
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRAD{. ,QNNELLE
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PLAl'\TES .MÉDICINALES ET TOXIQUES
751
Chimie.
Habitat.
Jusqu'à ces dernières années, on supposait, mais sans certitude, que S. incanum contenait de la solanine, glucoalcaloïde à !;tructure stéroïdique rencontré chez diverses Solanacées (Pomme de terre, Tomate, Douce-amère). En 1967, Amjad Ali et coll., à partir des fruits de l'espèce pakistanaise, ont isolé et caractérisé le glucoalcaloïde solasonine (ou s-solanine) ainsi que son génol, la solasodine (ou s-solanidine) (A52]. La solasonine donne par hydrolyse les sucres rhamnose, galactose, glucose et le génol solasodine. Celui-ci, composé stéroïdique de formule C27 H.,0 2 :-i, peut conduire à l'obtention de prégnénolone par transformation en 5-16-pregnadiène-3-~ ol-20 one et réduction de ce corps. Politis a trouvé dans les feuilles de l'acide chlorogénique (P166].
Elle est très cultivée autour des villages du Sénégal surtout par les maraichers, dans la région dakaroise où elle occupe un certain nombre d'hectares en sols humides et humifères.
Pharmacolo~ie.
Le fruit de S. incanum est amer et non comestible. II est considéré comme étant plus ou moins toxique dans les différentes régions tropicales. Selon Stcyn, cité par Watt ([W2] p. 993), le fruit mùr peut être consommé par les chèvres, les moutons et les lapins sans dommage, mais les fruits immatures sont toxiques pour les lapins. A l'autopsie on constate après la mort des animaux des gastrites catarrhales aiguës, des hémorragies des muqueuses gastriques, de l'emphysème pulmonaire et une dilatation marquée des deux ventricules. Selon Chopra [Cll], S. ipcanum provoque des intoxications, dont certaines mortelles, chez l'homme et l'animal. La symptomatologie est celle des irritants gastrointestinaux avec occasionnellement une action du type atropinique. Le fruit, ·en cataplasme ou· en injection, serait efficace contre les tumeurs externes· bénignes. On a d'autre part signalé des résultats satisfaisants dans les traitements suivants : un épithélioma sur le dos d'un cheval de race ayec applications locales; un carcinome sur le jarret d'une mule par injection d'une solution aqueuse ; une demi-douzaine de mélanomes chez un cheval traité dt· la mêtne façon (in [W2] p. 993). D'après Denoel la solanine• est un produit assez toxique, analgésique dans les migraines, les gastralgies, les douleurs fulgurantes du tabès ; séd{ltif nerveux dans la paralysie agi tante et contre les prurits chroniques de certaines dermatoses. Les doses sont de 0,05 à 0,10 g prr O.'(. En injection hypodermique 0,02 à 0,04 g par jour en doses fractionnées et graduées ([D13] p. 899). Elle a également une action antibiotique. La solasodinc est un antagoniste de la tachycardie provoquée par l'adrénaline avec une action similaire à celle de la vératramine ([S51] p. 669).
11.- Solanum lycopersicum L. var cerasiforme (Donal) A. Vors. VULGO. - Tomate cerise. SYN. -- Lycopersicum cerasi(ormc Dunal VERN. - Wol. tamaté; ser. meté, mêté; mand. Pogny bufimban (singulier), kuflmbanaku (p/urid).
mêtêgo;
diola
Caractères remarquables. Herbe annuelle fortement parfumée atteignant 1,25 rn à 1,50 rn de hauteur dans les lieux fertiles, ramifiée dès la base, à branches nombreuses évasées, \"('rtes, avec de longs poils étalés l>lanchàtres. Feuilles pubescentes sur les deux faces, simples, profondément deux fois divisées pennées, avec de petits limbes plus ou moins pétiolulés sur la nervure médiane ct les n<'rvures latérales qui ont l'apparence d'un rachis et de pinnules. Corymbes axillaires de lieurs jaunes de 15 à 20 mm de diamètre à l"extrémité de pédicelles articulés de 10 à 15 mm. Corolle à 5 pétales triangulaires, étalés, longs de 1 cm. Baies sphériques, généralement ·rouges à maturité, parfois jaunes, de 15 mm de diamètre avec les 5 sépales lancéolés acuminés, étalés, persistants ù la base. • Pour la S<>lanine, voir supra, p. 734.
Emplois. La tomate cerise est un excellent élément condimentairc des sauces sénégalaises. Les feuilles sont en médecine populaire d'usage courant, interne comme diurétiquL', externe comme vulnéraire et antiinllammatoire. Chimie. Il est intéressant de mettre en parallèle les résultats d'analyses diététiques obtenus à·,nakar par Toury pour les fruits des e.spèees locales S. lycopersicwn (Tomate) et:)>. lycopcrsicum var. cerasifurmc (Tomate cerise). Les taux sont respeetivement pour la Tomate ct la Tomate cerise les suivants p. 1{)0 : eau 9:~,.1 ct \l3,2 ; protéines 0, 7 et 1 ; lipides 0,2 et 0.1 ; glucides 5,2 et 5; cellulose 1 et 0,40; cendres 0,5 et 0,7. Les teneurs en mg p. 100 g sont : Calcium 15 et 34 ; Phosphore 23 et 60 ; Fer 2 et 1,9; Vitamine C 10 et 31 ; Thiamine 0,08 et 0,05; H.iboflavine 0,04 et 0,04 ; Niacine 0,5 et 0,7. L'équivalent vitamine A est de 180 et 520 mcg p. 100 g. Les autres études mentionnées ci-dessous concernent l'espèce proprement dite et non la variété. D'après Mme Bézanger-Beauquesnc ([G4] p. 1098), les acides organiques malique, citrique, tartrique, succinique n'existent à l'état libre qu'avant la maturité. Il n'y aurait pas d'acide oxalique, mais cette question est discutée. Le fruit frais renferme 0,8:~ p. 100 de pectine. Les sucres sont Cjmstitués par du saccharose (1,7 p. 100), du glucose (1 p. 100) et du lén!lose (1 1{. 100). · Les fruits rouge'S renferment un pigment caroténoïd<>, le lycopène C 40 H 56 • Les fruits n•rts en sont dépourvus mais n•nfermcnt ans les feuilles d<· tomate, Charaux a trouvé en 1\110 de l'acide chlorogéniquc (in 11'166]) ct on y a signalé. selon Uézangcr-Beauquesne, la présence d'un glucoalcaloïde, la démissim• (in [G·IJ p. 10!l8). Dans la variété crrasiforme proprement dite Pinar a isolé en !!);,() la tomatine. glucoalca1oïdl• se scindant par hydrolyse en un aglyconc azot~ sll·roïdique, la tomatidine C27 11.,0,:-< d ·1 molécules d'OSl'S : 2 glucost•s. 1 galaetos<· et 1 xylosc (in IS1 S2)). Deux sapogéninl'S stéroïdiques ont d'autre part été dé·celées dans la tomatl', la né•otigogéninc par Sandt·r en HHil et la tigogéninc par Faycz et coll. l'li l!JG7 (in JS182]). Selon Bézang<•r-Beauquesne, la réaction des saponosides serait surtout marqtlé·e pour I"écoree de la ral"inl', faible ou nulle dans les autres organes ([G·1] p. 10\l8).
Pharmacologie. C'est à tort, d'apri·s (;~wthil'r. qu'on a pu parfois proscrire la Tomate chez les goutteux L't rhumatisants puisqu'elle Ill' contient pas d'oxalates. A!!"alinisant le sang par le jeu de ses sels acides, elle convient, au contraire. fort bien au régime de ces malades. Toutefois sa digestibilité est assez pénihll' L't on prut lui n•connail re avant maturité compli•te une toxicité analogll(' ù celle dl•s pommes de terre vertes. Youlant vérifier certaines assertions inquiétantes relatives ù la· produelion de sarcomes chez les rats par injection de jus de tomate, quelques auteurs ont conslalé. dans c<•s conditions. la seule formation de petits nodules sans camctères néoplasiques, traduisant des troubles graves du métabolisme calcique.
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADIT{ .NELLE
Les feuilles ont été préconisées en phytopharmacie comme parasiticide, sous forme de teinture alcoolique étendue d'eau au moment de la pulvérisation. L'efficacité serait due aux gluco-alcaloïdes. La tomatine, à la fois bactériostatique et antifongique serait également insecticide et agirait, entre autres, sur les larves de Doryphore (in [G4) p. 1099, 22 références). Comme la solanine*, la toma tine possède des propriétés antihistaminiques. Tomatine et démissine sont inhibitrices de la cholinestérase du plasma sanguin et possèdent encore nombre de propriétés qui ont fait l'objet d'investigations récentes. Les différentes activités biologiques des alcaloïdes stéroïdes des Solanacées ont été élucidées en détail ces dernières années par Martin-Smith et coll. ct sont résumées dans la monographie de Schreiber consacrée aux alcaloïdes du groupe So/anum [S90].
Emplois.
Les C. cordi{o(ia sont par excellence les "arbres à palabres " et certains d'entre eux sont vénérés tout particulièrement, tels les cinq tabo sacrés du chef de village de .1\Iakakoulibenta•. • En dehors des utilisations médico-magiques l'espèce est peu signalée et n'est vraiment considérée comme médicinale qu'en Casamance où on recommande en macéré l'écorce, soit seule dans les bronchites et les affections pulmonaires, soit associée avec Parkia biglobosa et Khaya senegalensis pour les blennorragies. Le macéré de feuilles serait antilépreux ; celui de tiges non feuillées serait ocytocique et ecboiique en association avec le Khaya senegalensis. En usage externe l'écorce de tronc sert ù préparer des emplâtres pour le traitement des abcès et des ulcères phagédéniques. En dehors de la Casamance nous n'avons obtenu qu'une seule indication thérapeutique, chez les Sérer du Sine, comme béchique en médecine infantile (décocté de feuilles). Chimie.
11
Les fruits du Sénégal ont une teneur insignifiante en protides et lipides, mais 24 p. 100 de glucides. Ils sont d'autre part assez riches en vitamines : 10 mg p. 100 g en vitamine C, 0,40 mg p. 100 g en niacine et 230 mcg en équivalent vitamine A [T3). Selon Githens [G11] qui classe C. cordi{olia dans les drogues dy valeur douteuse, les graines de l'espèce o,uest-africaine contiendraient de la caféine/
2.- Cola nitida (Vent.) Schott et Endl. VuLGo.- Kolatier. SYN. - Stercu/ia nilida Vent., Cola vera K. Schum., Cola acuminata Engl., Cola acuminata var. lati{olia K. Schum. VERN.- Wol. guru, nguru, guro (graine ou noix); mal. uro, guro; mand. kuruo, kurukuo; peul, toue. goro; diola Pogny bugurabu (l'arbre), kaguru (la noix) ; bain. bukuru.
1.- Cola cordifolia (Cav.) R. Br. SvN. - Sterculia cordi{olia Cav., Cola curdi{o/ia var. pu/Jau/a A. Chev. VERN. - Wo/. ntaba, taba; ser. mbàb; mal., bamb., mand. tuba, ntaba; mand., socé tabo, mbué ; peul, toue. tabai ; dio/a Fogny bubem, bubâb, butulud ; dio/a Sé/éki bubüm ; dio/a Pte bubemb ; {loup bugitin ; bain. abôbu (Aubrévi/le); mandj. bopok (.1ubrévillc) bubâb; mank. bamé (Arzbrévil/e) ; kon. diimp, diimbo.
Caractères remarquables.
Petit arbre de 4 à 5 mau Sénégal (de 10 !115 rn en Côte-d' Ivoire, Ghana), ù fût droit, très branchu à partir de 2 m, à cime en boulc ; écorce rugueuse foncée. Feuilles alternes, ovales, lancéolées, cunées à la base, acuminées au sommet avec un pétiole de 5 cm ; limbe d'environ 17 cm de long sur 8 cm de large, avec deux nervures basales peu marquées près du bord et six paires de nervures latérales. Fleurs màles ou femelles jaune verdâtre ou crème de 3,5 cm de diamètre avec des stries rougeâtres ù l'intérieur. Fruits complets à cinq carpelles, d'environ 16 cm de long sur 6 cm de diamètre, très réticulés, longuement apicull>s au sommet et contenant 4-5 graines, improprement appelées " noix "·
Caractères remarquables.
Grand arbre de 15 à 25 rn, à fût court, trapu, élargi à lu hast•, profondément cannelé; cime dense ovoïde, avec les jeunes branches couvertes d'un tomentum grisâtr<'. Feuilles alternes, ovales, à peine trilobées ou avec cinq à sept lobes ; pétioles de plus de 10 cm ; limbe cl(' 22 sur 20 cm, profondément cordé à la base, courtement tomenteux dessous lorsqu'il <•st jeune, glabrescent quand il est adulte ; sept nervures à la base et six paires latérales. Inflorescences en racèmcs axillaires ramifiés, plus ou moins fasciculés apparaissant pendant la saison sèche. Fleurs jaunâtres de 8 mm de long et autant de diamètre au sommet, très courtement pédicellécs. Fruits complets à cinq carpelles arqués, lisses, glabres, rouges à matnrité, grossièrement acuminés au sommet, atteignant 20 cm pour la courbe extérieure avec 4-5 cm de diamètre et renfermant 4-5 graines.
753
Il est disséminé isolément dans les forêts sèches, denses de la moyenne Casamance et plus abondamment à proximité des galeries. Il est encore commun dans le Saloum, le Sine et toute la partie sud de la voie ferrée Dakar-Ki dira. Il se raréfie au nord, mais existe encore dans le Cayor.
STERCULIAC~ES
Importante famille tropicale représentée au Sénégal par sept genres : Cola, Dombeya, Hermannia, Melhania, 1lfe/ochia, Stercu/ia, Waltheria. Ce sont des arbres ou des herbes à feuilles alternes, simples ou digiti-composées stipulées et très souvent garnies de poils étoilés. Fleurs hermaphrodites ou unisexuées, régulières, à sépales valvaires. Etamines très souvent réunies en colonne. Ovaire supère. Fruits très variés. Hermannia et Melhania sont des herbes sahéliennes, Wu/theria est présent communément dans tout le Sénégal. · Au point de vue anatomique les Sterculiacées présentent des c·anaux à gomme et à mucilage ; au point de vue chimique elles sont surtout caractérisées par la présence d'alcaloïdes puriques telles que ttaféine, théobromine. théophylline (kolatier, cacaoyer) et de gommes (Slerculia). Le beurre de cacao est inscrit à la pharmacopée française depuis la première édition de 1818, la théobromine (extraite du cacaoyer) depuis 1908, la noix de kola depuis 1895 et la gomme de Slerculia y a été introduite en 1965.
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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Habitat.
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Habitat.
Oule trouve cultivé de-ci, de-hi dans les villages de la Casamance maritime jusqu'à Sédhiou.
'· Emplois.
Les Diola ct les Mantling de la Casamance, dans les zones de culture des kolatiers, n'utilisent en médeeine traditionnelle que le péricarpe, c'est-à-dire le fruit ct non la "~..
• Cf. p. 734. • Cf. p. 66.
754
(
PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADITIJ .. <ELLE
noix. Le fruit, pilé et mis en suspension dans l'eau, est donné en boisson aux femmes pour "l'accouchement sans douleur •, quand le travail traîne trop en longueur. Les petites racines de Kolatier constituent des sotio (frotte dents) très appréciés vendus sur tous les marchés. Par ailleurs l'usage des noix fralches comme masticatoire est général*. On leur accorde des propriétés toniques, stimulantes, hypnofuges et même aphrodisiaques. Elles entrent rarement en association avec d'autres drogues dans les préparations médicinales. Par contre certains usagers alternent la mastication des noix de kola et de petit kola ( Garcinia kola**) afin de limiter les effets caféiniques des premières tout en satisfaisant leur passion masticatoire; souvent aussi afin d'exalter, pensentils, les propriétés aphrodisiaques des kolas vrais. D'autres alternent la manducation des noix de kola avec celle de fragments rhizomateux de Gingembre ou aYec l'absorption de nox u dinjar (stricto sensu : eau de gingembre***) couramment vendu sur les marchés. · ~néralités
755
Le célèbre explorateur René Caillé, premier Européen ayant pu pénétrer dans la cité interdite de Tombouctou, donne en 1830 des renseignements détaillés sur les kolas qui faisaient déjà, à l'époque, l'objet d'un vaste trafic entre le Sud ivoirien et le Nord sou danien. Le transport et le commerce étaient entre les mains des colporteurs diou la (véritables commis-Yoyageurs de l'Afrique noire) qui organisaient des caravanes entières de kolas et les vendaient un prix exorbitant, jusqu'à 2 francs pièce aux endroits éloignés des lieux de récolte. Caillé décrit en détail l'aspect, la couleur, les propriétés reconnues, les modes d'emballages et de conservation des noix fraiches car les noix sèches ne sont pas utilisées, étant considérées comme inactives. Il signale que le même arbre peut donner des graines rouges ou blanches qui se séparent facilement sans se casser ni changer de couleur. "Mais si l'on brise l'une des deux moitiés et qu'on la laisse un instant à l'air on s'aperçoit que la pulpe, de rose ou blanche qu'elle était, de.vient couleur de rouille, [P8). Plus tard dans la relation de son exploration Du Niger au golfe de Guinée par le pays de Kong elle J!ossi (1887-1889), llinger qui avait ainsi traversé la zone d'habitat des kolatiers donne des détails de première main sur les diverses variétés et sur les utilisations des noix. Heckel après avoir publié en 1883 une première lt1onographie des kolas faisait paraître en 1893 avec la collaboration de Schlagdenhauffen une étude analytique sur la drogue [H5]. A ce titre ils peuvent être considérés comme les vulgarisateurs du kola e~ France (où sa consommation annuelle atteint une vingtaine de tonnes) et dans le monde.
sur les kolas.
Le terme " noix de kola , est doublement impropre car il désigne d'une part les graines priYées de téguments, autrement dit les cotylédons, et concerne d'autre part un nombre très limité d'espèces du genre Cola. D'aprés Hutchinson et Dalziel (Hl] le genre Cola comprend pour l'Afrique de l'Ouest 42 espèces. Seules trois d'entre elles possèdent des graines à bases puriques et peuyent de ce fait être considérées comme médicinales••••. Cc sont C. llerlicillala Beau\'., C. acuminala Schott ct Engl. et C. nilida. Les amandes de C. vcrlicilla ct C. acuminata se partagent en cotylédons fragmentés en 4 ou 6 morceaux irréguliers et constituent les kolas dits " quart ». Le Cola nilida, qui est l'espèce offlcinale recommandée par la pharmacopée française, est l'espèce la plus cultivée et la plus riche en caféine. Ses amandes se divisent en deux cotylédons nettement marqués de forme plan convexe et constituent les kolas dits • demi "· 1 / Le C. nilida comprend plusiet~rs variétés (ou sous espèces) diversemen~·colorées: rubra (grosses noix rouges), alba (noix tou{es blanches), mi xia (grosses noix blanches, rouges ou panachées), pal/ida (noix plus petites et roses). Historique de la
PLANTES ~IÉDICINALES ET TOXIQUES
Chinùe.
1°
HISTORIQUE DES RECHERCHES.
Heckel et Schlagdenhauffcn dès 1B83-18!l:l signalaient dans la noix sèche la présence de 1,5 à 2,5 p. 100 de caféine [H5t. !\éanmoins pendant de nombreuses années les chercheurs n'arrivèrent pas ù se mettre d'accord sur le taux de caféine ni sur la forme et la combinaison complexe sous laquelle cette base existait dans la drogue. Les résultats contradictoires obtenus et les diverses hypothèses émises tenaient au fait que les analyses étaient réalisées sur des noix sèches, c'est-ù-dire un matériel dans lequel les actions enzymatiques s'effectuaient avec des intensités différentes pendant la période de dessiccation. Essayant d'identifier un composé tanique les uns obtenaient une matière rouge puissamment colorante qualifiée "rouge de kola" (Heckel), d'autres obtenaient une substance voisine, la "kolanine " (Knebel) considérée comme un glucoside caféique; d'autres encore prétendaient que cette kolanine ne renfermait pas de glucose, ne préexistait pas dans la drogue fralchc et résultait vraisemblablement d'un composé complexe, la kolanine vraie ou "rouge kolanique soluble, (Caries). Une orientation nouvelle des recherches sc fait jour peu ù peu entre 190!) et 1911 à la suite, en particulier, des beaux travaux de Goris qui met au point la stabilisation des graines dans la vapeur d'alcool ou dans la vapeur d'cau sous pression. Les graines ainsi traitées, puis séchées et pulvérisées, constituent en effet ml matériel d'étude stable dans lequel les actions enzymatiques de libération de la caféine ne peuvent plus se réaliser. L'aboutissement de ees travaux est alors l'isolemt•nt par Goris de la noix fralche de deux corps cristallins : la « kolatiJH'-caféine , pouvant se dédoubl!'r en caféine ct en un tanin catéchiquc, ct la "kolatt'inc " se rattachant au groupe catéehique. Avec ses découvertes on entrait définitivem!'IIt dans la phast• moderne des n•cherches.
dro~ue.
La noix de kola connue depuis fort longtemps dans le continent noir paraît avoir été ignorée du monde ancien civilisé car on n'en trouve pas mention dans les (·crits latins et arabes. En 1556 Léon l'Africain signale sous le nom de goro une graine dont il ignore la proYenance ct qui semble bien être le kola si on s'en refèrc aux noms wolof, bambara, peul donnés ci-dessus. Mais en fait, les premiers renseignements sur l'arbre productt•ur sont consignés en 159:{ dans les Relations de ~>oyage de Edouard Lopez. Sous le nom de kola rauteur y décrit une graine à plus de deux cotylédons. En 1605 Clusius fait état de graines à deux cotylédons reçues du médecin hollandais Rœlsius ct. depuis lors, les kolas sont mentionnés dans diwrs ouvrages. • Pour autant les arbres producteurs ne seront connus qu'un siècle ct demi plus tard. Yentenat donne la première deseription de la plante à partir d't'chanlillons en proYenance dt•s Antilles, où les !\oirs emmenés en esclavage avaient emporté la graine, !'t la dénomme Sterculia ni/ida. Peu de temps après Palisol de Beauvois, au t'ours d'un voyage en Afrique noire en 1 ïX7, rapporte des échantillons d'Oware et du Bénin et dénomme l'espèce Slerculia ac11minata•••••. • La eonsommation des noix dt· kola au St'•négàl est énorlllc pour une population totalt· de ~~XOOHotl pt..·rsomws, enfants eompris. Le. importations annttl'lles sont dt.• l'ordre dt· 15 à 1 ïOOO l rt•pr(";,.ent.ant une vah•ur ft'(•nviron 1 milliard de francs CFA. soit 20 111illions de francs frans·ais, h•s somnlt's rl(:pensécs par l<•s Sl•négalais puur l'achat au iredion de la Statistique nous a aimahh•ment l'ommuniqu(~ le:-. tonnagt•s importés ct·s dernii·n•s :.mn(·('s : 1 ïH2:i pnur I!Hîî. 11Hï8 vour 1 ~ltiX, 1H:no pour 1!Hi~). L-> 1H:i pour 1!lïO. ... cr. (;arrinia kola. p. ;{:19. ••• CL Zinuilwr olficinah·. p. i.S!L •••• l 'tu• autre l:'sp(·<.'t' existe t•n Afriqtw équatoriale : ·e't•sl le Cola b11llayi Cornu donl 1<·~ noix du t~lH' ., quart~> contit•nnt•tli de O.X à 1 p. 100 dt• caféirw. Cetlt• t•spl·n· est spontanée dans la fon1 t gahonnaisc et congolaise. ••••* C('s deux noms d'esp(·n•s différentes furent adopl($ définitivement en 1832 à la suite d'une révision botanique par Schott ct Endliclwr.
2°
ETAT ACTUEL DE ;-;os CO:'\:'\AISSA:'\CES.
Les principaux composants actifs de la noix de kola sont lt's alcaloïdes dérivés de la purine et les tannoïdes. A côté de ceux-ci, on trouve en out re des produits divers ne concourant pas à l'action de la drogue .
• C'est tout naturclJcmt•nt la constitution de la noix qui a n·quis l'attention dl~s dwrcheurs. Toutefois Dekkcr a signal(· la prrscncp dans les feuilles de 0,05 p. 100 de caféine ct 0,10 p. 100 de théobromine (in [PSI) .
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PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
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Feuilles alternes, presque circulaires, légèrement pentalobées, irrégulièrement et doublement dentées, de 14 cm de long et presque autant de large, avec un pétiole glabre de 7 cm ; 5 nervures basales et 5 ù 6 paires latérales ; limbe acuminé au sommet, cordé à la base, les deux parties du limbe se recouvrant ; nombreux poils étoilés à la face inférieure qui devient rugueuse à l'état adulte. Fleurs blanches, de 2,5 cm de diamètre, en fascicules de cymes lâches apparaissant en saison sèche pendant la défeuillaison à la base des feuilles ; calice finement tomenteux. mais branches de l'inflorescence glabres ; sépales triangulaires ; pétales lobés. Capsule à déhiscence loculicide entourée de la corolle marcescente.
La plus importante est la caféine (triméthylxanthine, ou triméthyl dioxypurine), acconipagnée de faibles quantités ou traces de théobromine son homologue inf(·rieur (diméthylxanthine), de théophylline (isomère de la théobromine) et de xanthine. Les teneurs en caféine varient de 1 ,5 à 2,5 p. 100. Dans la noix fraiche, variété mi xia de Guinée, Busson a trouvé 1,10 p. 100*. :\lichl et Haberler ont dosé 1,93 p. 100 de caféine, 0,17 p. 100 de théobromine, 0,00:{ 3 p. 100 d'adénine et moins de 0,001 p. 100 d'hypoxanthine. (M89]. B) Tannoïdes.
Ils existent dans la proportion de 5 à 10 p. 100. Freudenberg et Oehler ont isolé en 1!l:{O le d-catéchol et le 1-épicatéchol correspondant à la« kolatine »et à la" kolatéine >> de Goris. Ces catéchols s'oxydent et se polymérisent au cours de' la conservation en donnant naissance au" rouge de kola n qui est un phlobaphène insoluble dans l'eau.
Habitat. II est épars dans les sous-bois des savanes arborées soudaniennes, souvent par imlividus isolés ou en petits groupes jamais très étendus. •
Emplois.
C) A.ulres composants. La noix sèche renferme en outre les constituants suivants : 3 p. 100 de tanin ; 40-4:~ p. 100 d'amidon ; 3 p. 100 de sucres (glucose, lévulose et sucres non réducteurs); 3 p. 10ù de cendres dans lesquelles prédominent K (55 p. 100 exprimé en K 2 0), P ( 14,6 p. 100 en P 2 0,), l\lg ( 8,5 p. 100 en 1\lgO) avec de petites quantités de Fe, Si, Ca ; 10 à 12 p. 100 d'eau (57 p. 100 dans la noix fraîche). On y trouve encore 2 p. 100 de lipides, de la choline, de la bétaïne, des matières gommeuses, lipase et oxydase.
Le Dombeya est considéré comme dangereux pour les animaux chez les Peul ; il reçoit d'ailleurs peu d'applications thérapeutiques. Dans le Sénégal oriental le soluté obtenu après une macération des racines pendant deux-trois jours, suivie d'une décoction, est réputé fébrifuge. Un Peui-Fouladou de Casamance nous a aussi signalé ses propriétés antivenimeuses par voie interne pour le traitement des morsures de serpent (décocté d'écorces en boisson).
Pharmacologie.
Chimie.
Les feuilles sont dépourvues d'activité antibiotique [M130]. · La noix de kola est un stimulant du svstème nerveux: elle détermine une excitation passagère au début de son action, aug11;ente la tension artérielle et la force des battements du cœur. · Ces propriétés sont dues à la caféirle dont l'action, ici, est modifiée par la présence de catéchols qui la rendent moins brutale et plus prolongée que celle de l'alcaloïde pur. De ce fait, l'action est surtout marquée pour la drogue fraiche ou stabilisée. D'ailleurs, l'opinion des Africains qui n'estiment que la noix fraiche rejoint cette constatation scientifique. D'autre part les catéchols possèdent en propre d'intéressantes propriétés vitaminiques P, caractérisées à la fois par une augmentation de la résistance et une diminution de la perméabilité des capillaires. On peut conclure avec Paris que, à dose modérée, le kola est un médicament précieux pour les intellectuels et les sportifs. A dose élevée, il peut présenter des dangers, car c'est un pseudo aliment d'épargne qui ne fait que masquer la fatigue et peut d'autre part provoquer de la surexcitation suivie
II a été signalé en 1962 par Nair (de Pondichéry) dans les lieurs d'une espèce indienne de Dombeya, leD. calan/ha la présence de flavonoïdes : kaempférol, isoquercitrine et pigment glucosidique du kaempférol [N9]. 1 Les écorces de tige de D. quinquesela ont des propriétés insecticides 11H57].
3.- Dombeya quinqueseta var. senegalensis (Planch.) Keay SYN. --·- Dombeya senrgalensis Planch .. Dombcua mu/li flora 1\fast. (de FTA), Dombeua mulliflora var. srnegalensis (Planch.) Aubrév., Dombrya alacorcnsis A. Chev. YER~.- 1l
4. - Sterculia setigera Del.
J
Yt:LGO. -- Mbep, Gommier mbep (du nom wolof), Platane du Sénégal. Svx. - Slerculia lomentosa Guill. et Perr., Sterculia cinerea A. Hich. YERN. - Wol., scr. bep, mebp, mbip; scr. bob; mal., bamb. kôgurani, koko, korofoko (Aubréville) ; mal., bamb., mand., socé kôgosito, kunkunsito ; peul, loue. boboré, bobéri, bobori ; land. gikof ; bas. akuf. Caractères remarquables. Arbre de 12 à 15 rn, à fût cylindrique de 2-3 m de haut, élargi à la base, trapu, parfois branchu ; cime ovoïde ou arronrlie; écorce lisse, mince, grisâtre, se détachant par grandes plaques irrégulières laissant apparaître une jeune écorce jaune clair comme celle du platane; grosses branches tortueuscs avec des toufit•s de feuilles ù l'extrémité. Feuilles alternes, digitilobées avec :3 ou 5 lobes triangulaires à pointes acuminées et à base cordée, de 26 cm de long et autant de large, avec les deux faces densément couvertes de poils étoilés ; nervures et ncrvilles proéminentes dessous ; pétiole de 8 cm. Fascicules ck racc'•mes terminaux. Calice de 1 cm de long à 5 lobes lancéolés, densément tomenteux ù l'extérieur, vert clair avec des stries rougeâtres ; pas de pétales. Fruits complets à 5 carpelles formés de follicules veloutés beige-brunâtre, apiculés, de 9 cm de long sur 5 cm cie cliamHre; ils s'ouvrent longitudinalement ct ventralement en laissant apparaître des graines de 1 cm de long, ovoïdes, grisâtres ou noiri\tres, entourées ù la base par un arille jaune ; l'intérieur du follicule est garmi de poils bruns raides, piquants. · Habitat. II est très répandu de chaque côté de la voie ferrée de Kaolak ù Kidira dans les savanes boisées où il forme des peuplements très clairsemés. Il est abondant au sud de Bakel, plus épars ailleurs, depuis le Sahel, Cayor, Djolof, nord Ferlo, jusqu'en Casamance maritime, ù l'exception des forêts guinéennes.
758
(
- É ( PHARMACOPEE SEN GALAISE TRADITIONNELLE
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES Emplois. Le S. setigera est bien connu dans tout le Sénégal et au-delà sous les trois noms de mbep, kôgosito et bobori. Les écorces, et à un degré moindre les racines et la gomme exsudée du tronc, font vraiment partie du droguier sénégalais et sont de prescription fréquente. Comme toutes les Sterculiacées, S. seligera renferme une gomme dotée au contact de l'eau d'un pouvoir de gonflement considérable, d'où l'utilisation courante comme émollient et laxatif. En réalité, la gomme est rarement indiquée comme médicament. C'est en elfet l'écorce qui jouit d'une grande réputation de drogue, émolli~nte, calmante, diurétique, employée sous des formes et en associations diverses pour le traitement de la toux, des états fébriles, des broncho et pneumopathies, des entéropathies, des oliguries et dysuries. En pays wolof la gomme mbep est vendue sur les marchés comme fébrifuge. Un traitement de choix des coryzas et bronchites préconisé par les guérisseurs du Walo comprend une poudre d'écorce de mbep, racines de kinkéliba et de Lep/ade nia haslala en prises nasales et en boisson après dilution dans l'eau. Pour les états fébriles l'utilisation du macéré d'écorce, seul ou en association avec d'autres drogues ( Wallheria indica, Acacia albida et raddiana, etc.), est courante. Un diurétique puissant, en faveur chez les ~fan ding, est constitué par la poudre de racine de Stereospermum kunthianum pilée avec la gomme. Une poudre analogue, mais avec Cassia sieberiana au lieu de Stereospermum, est également très recommandée comme purgatif. Pour les Wolof, la meilleure préparation diurétique serait constituée par le macéré de 12 h d'écorces de racines de mbep et du kapokier à fleurs rouges. Ils considèrent aussi comme galactagogue une poudre d'écorces de racines de mbep et de baobab pilées avec du mil. Pour eux également, S. setigera ne serait pas digne de figurer au droguier s'il n'entrait pas dans des préparations antisyphilitiques et antilépreuses. Les BassafÏ utilisent couramment S. seligera comme antilépreux : après récolte, les écorces sont séchées, carbonisées et réduites en cendres, puis on ajoute alors douce- 1 ment au mortier de l'huile d'inem (Raphia sudanica) jusqu'à consistance d'extrait fluide (consistance reconnue au fait que la préparation ne peut être prélevée à la main, mais à la cuiller). Le malade doit prendre cet extrait per os deux ou trois fois par jour, en principe jusqu'à guérison. S. seligera, en raison de ses propriétés béçhiques et émollientes est très souvent recommandé t>n médecine infantile pour les maladies du premier âge, particulièrement la coqueluche (macéré d'écorce donné au moment des quintes de toux) et le rachitisme. Un traitement sérer du rachitisme et de l'anorexie. chez les enfants consiste à faire absorber le décocté d'écorces de S. setigera, Zizyphus mauriliana, Acacia macrostachya et A. albida.
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2-0-( <X- D-acide galactopyranosyluronique)-L-rhamnose ; 4-0-([3- D-acide galactopyranosyluronique )-D-galactose ; 3-0-([3-U-acide glucopyranosyluronique)-D-acide galacturonique ; 0-([3-D-acide glucopyranosyluronique ). Pharmacologie et usages. La gomme mbep est utilisée dans les gastro-entérites et les constipations. Elle présente l'avftntage d'être très résistante aux fermentations et d'absorber en gonflant plus de 250 fois sun volume d'cau tout en restant sous la forme gelée. Augmentant le volume du contenu intestinal ct s'opposant ù sa dessiccatitm excessive, elle agit comme laxatif mécanique. Ces propriétés ont été reconnues par son inscription à la pharmacopée française en 1965 sous la désignation "Gomme de Sterculia : gomme fournie par le S. urens Roxb., S. tomenlosa Gu ill. et Perr. • et d'autres espèces de Sterculiacées "· On utilise aussi la gomme de Sterculia comme émulsionnant succédané de la gomme adragante pour des préparations pharmaceutiques. On l'emploie pour la préparation de produits alimentaires, de cosmétiques, dans l'industrie textile pour la préparation des apprêts, dans l'industrie du bâtiment pour les matériaux de construction, etc. Au premier rang des consommateurs sc situe les USA où selon Claus (C45], l'importation annuelle était en 1957 de 7 000 000 pounds, soit environ 3 175 t.
5.- Sterculia tragacantha Lindl. Gommier tragacanthe, Adra~ante africain. .l!al., bamb. forko; bain. iukud.
VuLGO.-
VERN. --
Caractères remarquables. f
Arbre de 15 rn, à fut droit, cylindrique, éleyé de 8 à 10 rn ; écorce rugueuse, plutôt claire, grisâtre, exsudant de la gomme ; cime ovoïde. Feuilles alternes, de 14 sur 8 cm, tomenteuses, avec des poils étoilés dessous; long pétiole de 5 cm. Hacèmes axillaires couverts de poils étoilés avec des fleurs rougeâtres apparaissant en saison sèche. Follicules tomenteux, vert jaunâtre tournant au rouge puis au brun à maturité, de 7 cm de long sur 4 cm de diamètre, courtement apiculés. s'entr'ouwant longitudinalement en laissant apparaître des graines grisâtres ovoïdes de 1 cm de long, sans arille ; l'!Hiocarpe ga mi intérieurement de poils raides. Habitat.
Chimie. On peut déclarer à propos de la chimie de S. setigera que celle-ci est uniquement orientée sur la gomme. Cette gomme, d'une importance de plus en plus grande, a été étudiée à la fin du siècle dernier par Heckel [fU:-!] et a fait depuis cette époque l'objet de multiples publications. On trouvera des indications à ce sujet dans la thèse de Mlle Beauquesne [B180j. Elle donne avt>c l'eau une gelée plus épaisse encore que celle de la gomme adragante Selon ~f 11 • Beauquesne, elle contient p. 100: eau 17-18, matières minérales 7-12, tanin 2, acide acétique 15-17, acide galacturonique 43, galactose 14, rhamnose 15. Sa richesse uronique est considérable (42.8 p. 100 d'acides uroniques) et sa résistance à l'hydrolyse est très grande (B180, B85, Bn]. Cette stabilité exceptionnelle aux acides entraine lors des opérations d'hydrolyse la dégradation des sucres. I lirst et coll. ont obtenu par hydrolyse partielle de la gomme un mélange de. sucres et de matières contenant des acides uroniqtws dégradés. Dans les cinq fractions sucrées ils ont décelé L-rhamnose, D-galactose et D-tagatose avec une cétone et un aldose non identifiés [H102]. Aspinall et coll. [A84J ont mis en évidence la nature des olisaccharides acides comprenant :
Il est épars dans les forèts guinéennes de la Casamance maritime. Il suit les galeries humides et les ravins jusque dans la n'gion de Kédougou et du Niokolo Koba.
Emplois. Espèce signalée seulement en basse Casamance pour !t•s mèmes usages que le S. sctigera, plus spécialt'mcnt comme h(·ehique ct laxatif. Pharrnacogn,,sie et chimie. L'étude pharmacognosique de l'espèce de San Tomé a été faite par :-\ogueira l'rista et coll. [N5]. L'écore~; laisse exsuder une gomme analogue ù la gomme adragante ou "gum tragaeanth "des Anglais•• et qui peut servir aux mêmes usages. Selon des analyses de l'Imperial Institutc, le bois, l'écorce et ù un moindre degré les feuilles renferment une proportion appréciahlt• de sels de potassium soluhl(•s dans J'cau qui Jwut supporter la comparaison aw•e les plantes les plus réputées. S. tragacanlha
* ~om synonym{· de S. setigera DeL Cf. supra. •• La véritahl<· gomme arlragantr, eomm<'reiuiC' rt oflkinale. <•st fournit• par Astragalu.Y, gummi{er T.abill. t't d'autn•s Jlslragalus de la famille des Fahad,es (Syn. Papilionacées).
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE THADl JNNELLE
peut de cc fait être utilisé comme source de sel de potasse ou pour l'extraction du carbonate de potassium, le résidu insoluble pouvant de plus servir d'engrais pour les sols pauvres en calcium et en phosphates (in [D4] p. 110). Les écorces ne contiennent pas d'allantoïnc [N2] ni d'alcaloïdes, mais une quantité appréciable de tanins catéchiques et de catéchines qui donnent à la drogue ses propriétés tinctoriales. Elles renferment en outre des stéroïdes, et des traces de llavones ressemblant à la rutine ou à des llanovoïdes analogues. Les cendres sont particulièrement riches en sels de potassium [N5]*. Pharmacologie. Nogueira Prista et coll. ont constaté pour l'espèce de l'Angola que le décocté aqueux d'écorces à 10 p. 100 exerçait une certaine activité inhibitrice sur les cultures de Cocci et bacilles Gram +et Gram-, la plus forte inhibition' se produisant avec Salmonella typhosa et Pseudomonas aeruginosa, puis à un moindre degré avec Escherichia coli et Bacil/us subtilis. En conclusion les auteurs estiment que les tanins catéchiques et les catéchines peuvent donner aux écorces des propriétés toniques et expliquer aussi son emploi local comme vermifuge [N5].
6.- Waltheria indica L. SYN.- Waltheria americana L. Wol. rn burey (Berhaul), mahun kével, matum kéwel ( = ramure des cerfs) ; IVOI. du Baol, du Fer/o el du Cayor taxas, taras; wol .. du Cayor padet ; ser. tay (Ber haut), sa né sa né ; niom. ingégésan ; bamb. kâkané féma ; mand. kafafé, fétoféto ; socé riananisusarêri, nananésusaraô ; peul, loue. kafafé, kafaki ; diola Pogny funémafu, ..fulutafu, fulutafutumpii, fulutafu néné ( = fululafu mtlle) ; floup asum ka tito ; kan. paria. VERN. -
Caractères remarquables. Plante ligneuse à souche vivace ou annuelle, à tige dressée atteignant 1,80 rn, très courtement et densément pubescente avec des poils étoilés. Feuilles alternes de formes et de dimensions variables, densément pubescentes, courtement pétiolées; dimensions ·jusqu'à 17 sur 9 cm, mais souvent moins (6 sur 3 cm) ; pétiole de 1 cm ; limbe avec 3 ou 5 nervures basales et 4-5 paires de nervures latérales saillantes à la face inférieure. Cymes compactes axillaires très fermes. Fleurs à pétales jaunes touchant à l'orange et au brun après l'anthèse ; bractées ct calice villeux avec de longs poils simples. Habitat. Espèce banale dans tout le Sénégal depuis la vall~e du Fleuve jusqu'à la Guï'née portugaise. On trouve différentes formes écologiques suivant les lieux de végétation. Emplois.
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Chimie. Selon Watt [W2], la plante a donné des tests positifs pour la présence de flavonoïdes de stérols et de tanins. Selon Dalziel [D4], Thoms en 1909, analysant la poudre, y trouve du mucilage, du tanin, du sucre, mais pas d'alcaloïde. Loustalot et Pagan en 1947 [L16, L27] sont les premiers ù signaler pour les feuilles et les écorces de racine des tests positifs concernant l'existence d'alcaloïdes qui ont été isolés en 1!Hi3 par Païs, Mainil et Goutarel [P42]. De la plante entière de Côted' Ivoire, ces auteurs ont retiré trois alcaloïdes cristallisés, dénommés adouétines x, y et z, avec les rendements suivants sur 60 kg de plante traitée: adouétine x 0,3 g, adouétine y 0,4 g et adouétine z 9 g. Les formules brutes données sont respectivement C2 ,H 44 0,N,, C,,H 42 0,N, et C,,H, 0 0,N,. Ce sont des alcaloïdes d'un type particulier, qualifiés par Goutarel de peptides basiques, car sur les quatre atomes d'azote contenus dans ces molécules, un seul est basique, les autres étatJt engagés dans des liaisons de type peptidique. Pharmacologie. 1° 0RGAKES.
L'extrait aqueux de la plante entière (sans les racines) présente expérimentalement une certaine activité anticancéreuse: on constate chez les souris traitées une réduction de 42 p. 100 des tumeurs transplantables du sarcome 180 [A 71]. 2° ADOUÉTIKES.
L'étude pharmacodynamique a été réalisée sur l'amidosulfonate d'adouétine z par Blanpin, Païs et Quevauviller (B21]. Au point de vue toxicité, la dose maximale tolérée par injection intraveineuse chez la souris est de 25 mgfkg, la dose minimale, toujours mortelle, 75 mg/kg et la DL50 52,5 mg/kg. L'étn~e des actions sur le système nerveux central, sur le système cardio-vasculaite, sur la respiration, sur le système nerveux autonome et sur les fibres lisses intestirutles permet de constater que l'adouétine se comporte d'abord comme un sédatif des centres supérieurs et un stimulant médullaire. On constate en outre une action hypertensive chez le chien, une cardio-modération et une action sur la fibre lisse intestinale.
SYNANTHÉRÉES (Voir ASTERACÉES)
94. - TAMARICACÉES Petite famille des régions tempérées, surtout localisée près de la mer ou dans lt•s dépressions humides des régions subdt'sertiques. .\u Sénégal elle n'est représentée que par Tarnari.r srnegalensis.
Le plus grand nombre de recoupements convergents concernant W. indica, met en évidence les propriétés vulnéraires de la poudre de racine, utilisée de ce fait pour toutes les blessures et aussi les plaies (ulcères phagédéniques, pian, éruptions de la ros(oolt•, l'tc.). (ln sc sert aussi assez fréquemment, par voie interne, des préparations simples ou t'olllposl·t·s tic racines comme anti-entéralgique, antidysentérique, fébrifuge, anti1111-lror-raf.(ique, diurétique et quelquefois (dans le Cayor) comme anti-épileptique. I.e sut· d't•xpn·ssion dt•s feuilles est en outre recommandé pour les ophtalmies. I.t•s lilo(t•s sont vendut•s sur les marchés en qualité de frotte-dents et les racines, au prix fort, t'olllnu• drof.(tw t•t grigris bénéfiques.
Caractères remarquubles .
• l>'upri·'i Botufut•t l«·s ft'OITt·~ t'l lt•s r·ac·iiH·.., dl' l'<'spiTt' t•ongoJuise ne contiendrait•nt pus cie tnnhlfl, dt• stt-r·otdt•s, tlt• llnvolwi'dt•s, 111 cl'ukalol'dt•s, snponosidt·s, quhwtu·s, glu('osides, cyarwgént'tiq ows, lt·rpl>n•·• Ill~ 101.
.\rhuslt• dt• :! ù :1 111, il nonJhrt'IJS<'s hran!'ht·s gn'it's lri·s r:unifil-l's ct extr(·mités rl'lomhanlt•s parlant dt• la hast•, clt• ll'inll' gÎ'nt'mi<' \'1'1'1 glanquc très piilt•. h•uilh•s ultt•mt·s n'•duilt•s :'o dt•s (•!'aillt•s d't•nviron 1 ù:! 111111 dt• long, glabres, ovales, lrianf.(u!ain·s, at·un•i•u'•·s, avt•t· clt•s points gl:mcluh·ux. Panicules d'épis de petites
1.- Tamarix senegalensis DC. Svx. - Tamarix gallica L. (de FTA). Vt·wo. - Tamarix du Séné~tul. VERN. -- Wo/. ngl'j, bundu, mhundu ; ""'· niom. iburdu, ibundu ; flt'lll Jahi.
hurdo,
hardu,
mhurndu ;
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fleurs blanches ou rosées avec des bractées plus petites que les fleurs. Etamines libres ou soudées près de la base, à anthères extrorses. Graines avec une ligne de poils blancs au sommet. Le T. senegalensis est souvent pris en synonymie avec T. ga/lica (Oliver, Trochain) : c'est dire que si on en fait deux espèces différentes elles ont entre elles de très grandes affinités. Habitat.
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Elles sont officinales en France et prescrites comme antispasmodique ; elle doivent leurs propriétés à une essence à farnésol (alcool sesquiterpénique) ct à un mucilage abondant. · Quelque.s Grcwia sont utilisées en médecine populaire indienne.
1.- Corchorus olitorius L. Jute (la lîbrc), Corète potagère (les feuilles). Wol. mbali, krenkrcn ; ser. bot a nay (Bcrharll), kud, akud.
Vt;LGO.-
Il est très répandu dans l'estuaire du Sénégal où il forme des peuplements clairs
dans les sols salés ; également commun dans les diverticules saumâtres du Sine, du Saloum, de la Gambie, de la Casamance. Emplois. Le macéré de fruits est signalé comme un bon médicament pour les rhinites et le décocté de rameaux feuillés pour les conjonctivites, (en lavages et en instillations). Clwz les Socé et les Sérer le Tamarix est considéré comme une plante fétiche. Chimie. Le T. gallica est une vieille drogue qui fut inscrite au Codex franç~tis de 11HII. Les jeunes rameaux et les feuilles de T. gal/ica renferment 8,4 p. 100 d'un mélange de tanins ellagiques et galliques et une matière colorante jatme de formule C 19 Il 12 0 6 ; cette substance qui serait un éther méthylique du quercétol, sc distingue du rhamnétol et de l'isorhanmétol par sa solubilité dans l'alcool [G4]. En 196~, les travaux de Israili e( coll. [!:{] ont coitfirmé la présenee dans les racines de l'éther diméthylé de l'acide ellagique qu'ils ont isolé d'un extrait alcoolique.
VERN.-
Caractères remarquables. Plante annuelle, dressée, lignifiée vers la partie inférieure ; taille très variable, pouvant atteindre 3 m de hauteur dans les lieux humides et très fertiles, Tige unique mais ramifiée vers le sommet. Feuilles alternes ; limbe ovale lancéolé ou lancéolé, denté, atteignant 15 à 18 sur 7 cm ; les deux dents de la base sc prolongent en deux longs filaments ; long pétiole avec des stipules aciculées. Fleurs jaunes, solitaires ou par paires, aux aisselles des feuilles. Capsules dressées, cylindriques, de 6 cm de longueur s'ouvrant en 5 valves; elles sont munies d'un hec entier de 5 à 7 mm à l'extrémité. Habitat. Cette plante fournit un des meilleurs jutes des Indes. Elle est spontanée au Sénégal dans les sols humides et surtout près des rizières, le long des galeries et dans les niay· des environs de Dakar.
PharmacolqiVe.
Emplois.
Abbott ct coll. ont obtenu sur les souris traitées avec les extraits alcooliques d'inflorescences de 1". gal/ica des régressions de 42 p. 100 des tumeurs transplantables de sarcome 1RO [A71]. L'écorce tonique, diurétique, sudori fi que, apéritive, astringente était autrefois employée aux mêmes usages que la Saule, la Benoite, la Tormentille, soit sous forme de poudre d'écorce dans du vin, soit sous forme de décocté d'écorce aqueux ou vineux [(;.tj.
Les feuilles de C. olilorius qui sont mucilagineust•s, sont principalement en1ployécs à des fins culinaires. Comme celles de Baobab, on les ajoute au couscous. On leur reconnaît en médecine populaire par voie inteme une action anti-entl'ralgique ct en application externe une action émolliente. La plante est considérét• par les Peul commt· dangereuse ct rnèrnc toxique pour le bétail. Chimie.
TÉRÉBINTHACÉES (Voir ANACARDIACÉES)
95.- TILIACÉES Famille largement répartie dans le monde et bien représentée dans les régions tropicales. Elle comprend quatre genres au Sénégal : Cllristiana, Grewia, Corcllorus, Trium{rtla. · Cc sont des arbres ou des la·rbes lignifiées, souvent revêtues de poils étoilés. Les feuilles sont généralement àlternes, simples, avec ou sans stipules. Fleurs hermaphrodites, régulières, à sépales valvaires. Etamines souvent réunies en faisceaux. Ovaire supère, ovules axillaires. Fruits variés. Le genre Grewia a neuf espèces au Sénégal*. Les Tiliacées ne fournissent qu'une seule drogue à la matière médicale : les inflorescences de Tilleul et leurs bractées (Tilia corda/a :\lie! ct Tilia platyph!Jllos Scop). • Lt•s ditH·r('ntes t•sp(·c(•s dt• Grewia sont so~vent conrondue~ en parliculit•r G. bicolor l'l G. mollis : aus!-.i nous notons pour chaque {'spi·ct.• les noms Yt.·rnaculaires paraissant les plus typiqut·s parcl' que plu~ souvt·nt ft'l'Oupés.
L'intérèt des écorc!'S de C. o/i/orius qui fournissent des fibn•s textiles connues sous le nom de jute, servant à la confection des tissus grossiers et th's sacs, est indéniable et reconnu depuis fort longtemps aux Indes ; de même est reconnu lïntérêt alimentaire des feuilles, consommées surtout t'Il Egypte ct en Syrie où elles sont communément employées comme potagères. l\lais, dt• plus, on s'est aper~·u ù partir de 1!1f>0 que !Ps graines dl• ce végétal présentaient aussi un intérêt chimique ct pharmacologique en raison de la présence d'hétérosidt•s à action cardiotonique. Toury a analysé les feuilles fraicltPs du Sénégal et y a trouvé p. 100 g: eau 77,5 g, protéines 5,1 g, lipides 0,30 g, glucides 14,(i g, cellulose 2,30 g, matières minérales 2,50 g. caleium :iSO mg. phosphore 133 mg, fer 8 mg, vitamme C 100 mg, riboflavine 0,5:i mg, niacine :n mg, équivalent Yitamine A :i 040 mg [T:l]. Busson a donnt- également l'analyse d'échantillons de feuilles de Côtc-
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Ces mêmes auteurs. en Ul50, avaient obtenu à partir des graines de l'espèce indienne des quantités notables de strophanthidine ct, à cette occasion, avaient identifié la corchorine de Sen à la strophanthidine [S103]*. Khalique et Ahmet! isolent en 1954 un autre principe amer glycosidique, la corchsularine dont le sucre. le corchsularose est le 2-désoxy<{-0-méthylpentosc [K45]. Puis Chakrabarti et Sen, toujours en 1954, dénomment provisoirement corchogénine une génine extraite également des graines indiennes, de formule C 23 H 32 0 6 , mais diiiérente, ù leur avis, de la corchorine ainsi que de la strophanthidine [ C61]. A la même époque Frèrejacque et Durgeat étudiant les espèces égyptiennes et pakistanaises retirent des graines deux principes différents de ceux isolés jusque-là et appelés corchorosides A .et B de formule C22 H 44 0,. L'hydrolyse du corchoroside A conduit à un désose et à une génine ideritiflée à la strophanthidine. La remarquable facilité d'hydrolyse du corchoroside A permet, selon les auteurs, d'expliquer qu'on ait pu obtenir directement de la strophanthidil'le dans l'extraction des graines de Jute [F38]. Plus tard, Sen, comparant différentes constantes physiques des génines signalées, admet que corchorine, corchogénine et corchsularinc peuvent être identifiées à la strophanthidine [SlOll] comme cela est maintenant déflnitivement admis. A partir de 1!lfi!l ce sont les chercheurs soviétiques qui prennent la relève. Cherno baï et Kolesnikov isolent des graines un ferment ct deux glycosides dont un nouveau, l'olitorine C22 H.,0 4 , donnant par l'hydrolyse bovinose et olitorigénine C 23 H 34 0 6 , cette génine difTérant de la strophanthidine par un groupement alcoolique en C 10 [Cti9]. De leur côté, Abubakirov et coll., mettent en évidence un nouvel hétéroside stéroïdique C35 H.,0 14 dénommé olitoroside [A56, A7!lj. Depuis sa découverte l'olitoroside a fait l'objet de recherches poussées, les dernières en date (1968, Hl69) étant celles de L'maYu et coll. qui ont établi sa structure de strophanthidine-~-D boivino-pyrannoside.:~-~- D-glueopnannoside [ U14 [. Zurkowska:en l!J(\ti [Z6l et Seh~Jersahl en 19(i\l [S1XO] ont signalé dans les graines la présence
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ConcHOG(,1':I"E
DE
CHAKRABARTI.
Cet agluconc C,II,O,. maintenant identifié à la strophanlhidine, est signalé par Chakrabarti comme (>tant extrèmement amer ct doué d'une action cardiaque digitalique typique. Celle-ei est encore perceptible à la concentration ;, :< 10 ·• et elle est pratiquenwnt identique ù ct•lk de l'ouabaïne. Les auteurs ajoutent que chez les chats, elle est plus aetiw que les génin('S isomères corchotoxine ct strophanthidim• ùu S. kombc [Œlj. 2° Conr.HonosiDE . Selon Chen les doses létales sont pour le corchoroside A 0,076 8 mg/kg ct pour le corchoroside B 0,141 3 mgfkg, doses nettement inférieures à celles trouvées par le même aut('ur sur les échantillons authentiques de corchorine et de corchotoxine, ce qui range le corchoroside .A parmi les poisons digitaliques les plus actifs [F38]. Kitacva en CHSS a particulièrement étudié l'action du corchorosidc dans la
Fw. 41.- Corclwms o/ilorius L. --· 1. Hameau réduit aux 2;:!. -- 2. Base du limbe et nervation. - 3. 1-lc•ur épanouie x 2. - 4. Sépale x 4. -- 5. l'étale x 4. - 6. Pistil x 4. - 7. Jeune feuille ct jeune fruit x 2. · ·- 8. Coupe du fruit réduit aux 2;:<. 9. Graine x 12.- (:l. Herbier Muséum no 19.U\JO) (ll'apres Busson). t•t
• S(.>O avait {'Il efTt•t isolé anté'ricurenwnt de Corclwrus capsularis un prindpe cristallisé, amer toxiqu(', qu'il avait cténommè rorrhorint>. La strophanthiditlt' C:! 3 11 13 ~0 6 • t•st une g(i.ninc stèroïdiqut•. C'est Jag(•nine du Kstrophanthoside
(cL p. 188). •• Vf'nkata Hao a signalé-la prést.·nct' d'un autre hétérosid(• polaire. triosidt• de la strophantidirw, dt' mf·me structure que l'hélèroside polairP de Corclwrus capsulari.o; [V·12I.
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myocardite expérimentale et la myocardiosclérose du lapin. A la dose de 0,050,1 KED(kg il n'agit pas sur les vaisseaux du lapin sain, mais chez le lapin atteint de myocardite expérimentale, il exerce une faible action cardiotonique croissant avec la dose [K86]. Poursuivant ces recherches, l'auteur conclut à une action bénéfique sous de nombreux rapports dans les cas de myocardite expérimentale et de myocardiosclérose chez Je lapin aux doses de 0,2 U(kg [K87]. Il constate que l'injection à la dose de 0,1 U chat/kg* à des lapins sains et atteints de myocardite expérimentale ne modifie pas les temps de thromboplastine et d'héparine. Ceux-ci ne sont allongés transitoirement que lors de l'injection de 0,2 U(kg [K88]. · Comparant chez le chien l'action du corchoroside et de la convallatoxine dans l'insuffisance coronarienne aiguë, Provotorova trouve que chez l'animal normal, l'effet cardiotonique se manifeste avec 0,1 Ufkg de corchoroside et 0,2 U/kg de convallatoxine. Dans l'insuffisance coronarienne aiguë, la sensibilité envers ces deux sübstances augmente de 11/2,2 fois. Le corchoroside exerce une action thérapeutique pour 0,05 Ufkg et son action globale et sédative est supérieure à celle de la convallatoxine [P16]. Des données comp11ratives sur les différences d'action de corchoroside et strophanthine sont, d'autre part, fournies par Budkevich, concernant les modifications des gaz du sang (oxygène, gaz carbonique) lors de l'injection intraveineuse de ces substances chez 30 sujets [B38]. Azizova a reconnu au corchoroside une action cardiotoniq'ue puissante, surtout dans le cas de ligature des artères coronaires et a obtenu des effets curatifs en expérimentation clinique dans les cas d'infarctus sur fond d'athérosclérose [A42]. Chez les malades atteints d'insuffisance circulatoire chronique, Belostochnaja a constaté que le traitement par le corchoroside entraînait un net ralentissement du rythme, transformation de la forme tachysystolique de la fibrillation auriculaire en forme normo on bradysystolique, avec diminution. considérable ou disparition complète du déficit du PJ>Uls. On ne remarque pas d'effet esssentiel sur la tachycardie sinusale chez les malades à insuffisance cardio-pulmonaire. En conclusion : influence favorable sur l'insuffisance cardiaque chronique, amélioration de l'Hat clinique, accroissement de l'amplitude de l'onde T à J'électrocardiogramme [B40]. 3°
0LITOROSIDE.
L'olitoroside, comme le corchoroside, est particulièrement étudié par les aut<•urs soviétiques. Azizova lui reconnalt les mêmes propriétés que ie corchoroside comme cardiotonique puissant et un effet curatif rlans l'infarctus sur fond d'athérosclérose [A42). Turova montre que J'olitoroside exNcc une action systolique et diastolique sur le cœur, très voisine de K-strophanthim·. Il possèile des propriétés sédatives. L'auteur indique par ailleurs (en Hl61) que son emploi clinique est autoris(> [T4fij. L'action sur le débit coronaire a été étudiée expérimentalement par Lakoza. L'injection intraveineuse chez lt• chat de 0,01 mg/kg entralne une nette élévation du flux coronaire,. accompagnét• d'une certaine augment at ion de la. consommation {l'oxygène par le myocarde. Dans les mèmes conditions, le diginalidc C (ou lanatoside C du Digita/is lana/a). à la dose dt• 0,05 mg/kg réduit le Mbit coronaire sans modifier l'absorption d'oxygèrw par le muscle cardiaque [L!l·l[. L'administration combinét• olitoroside-aminophylline pot('ntialise l'action r(>eiproque des deux substances sur le débit coronaire et augmt•nte la consommation de l'oxygène. L'olitoroside s'oppose comme antagoniste à l'action chronotropc positive de l'aminophyllinc [UJ3]. Kitaeva, comme il l'avait fait pour le corchoroside, étudie l'action de l'olitoroside dans la myocardite expérimentale. Chl'Z les lapins la sensihilitt' Yis-ù-vis de l'olitoroside augmente pendant la phast• aiguë. L'administration de l'hétéroside pendant les 10 premiers jours adoucit ks manifestations de la myocardite Pl ses développements sclérotiques ultérieurs. La rlosl' thérapeutique est de 0,2 U chat/kg, soit 28 flgfkg [K26].
* Soit 1·1
~g/kg.
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LLE
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2 G. --Les Grewia. Chimie. Les recherche,s chimiques sur les Grewia en sont seulement à leurs débuts. Le premier, Paris, fen 1956, obtenait, à partir des écorces de G. elyseoi de l'Angola, une poudre cristallis~e dénommée gréwiine stimulante de l'utérus et de l'intestin isolé l P40] Les résultats ob\enus l'incitèrent à poursuivre avec Th(·allet [P41, T8] des recherches sur 10 Grewia ~fricains dont G. bicolor, G. carpini(olia et G. lasiodiscus• qui sont les espèces utili~ées dans la pharmacopée sénégalaise. Les études ont été réalisées sur les écorces dans lesquelles on a trouvé respectivement pour G. l>ic::o/or, G. carpini(olia et G. lasiodiscus une teneur en eau de !l,40 p. 100, 8, 70 p. 100, 7,45 p. 100 et un taux de cendres de 10,8;') p. 100, 11,25 p. 100 et 10, fiO p. 100. Toutes les éCC)rces t~ontienncnt du mucilage, des tanins c~ftéchiques (en quantités sensiblement ég~les, traces de tanins galliques chez G. carpini(olia), pas de dérivés quinoni~ue~, pas de saponosides, pas d'alcaloïdes. La rel'ltt•rche des flavonoïdes par la réactron a la ~yanidine donne une réaetion positive avec G. bicolor, négative avec G. carpini(olia el G. /asiodiscus. Toutes les écorces renferment des substances aminées, entre autres, ~Cl de aspartique et probablement proline. En fin la recherche de substances type histamine est négative. Pharmacologie.
·1
Les études P harmaeologiques sur les Grewia ont été également entreprises en priorité par Pa. ris et Théallet ••. Les trois esp~ces sénégalaises signalées ici ne possèdent pas de toxicité notable. pour les souris ~ar voie sous cutanée : les doses correspondant à 10 ct 20 g d'écorce par kilo d'ani!T)al ne provoquent la mort d'aucun sujet, même après sept jours d'observation.. ; . Les essais ph~trmacodynamiques montrent sur l'iléon de t;ilbayc une action dépresSIVe plus ou ~o~ 11 s marquét•, mais sur le duodénum de rat et de lapin une contraction. D~ns ce d<'rme .. t·as, la contraction est partiellement inhibée hors de l'addition au bam de sulfate d'atropine : l'Ile peut être complètenwnt inhibée par addition de papavérine, ce ~ui permet de supposer que l'action des Grewia est surtout d'origine musculaire. L'activité oc:vtocique bien que rwttement infériP.ure ù cellt• de (;, eluseoi, G. cissoides et G. cy~zopeta/a est encore marquée chez G. bicolor et G. carpini(o/ia, mais faible chez G. lasiodiscus. Les auteurs indiquent que le principe ocytodquc appartient au grouptc; des aminophénols [P41, T8].
2.- Grewia bicolor Juss. Grewia salvi{olia Heyne ex Hoth. Wol. kel, kiili; ser. ngel; mal .• bamb. nogo nogo (/ll'rlwul), nona, nqro; sar. sàbé ; Jll!JJ/, loue. kdi balhd, kt•libal(>y(• (oc kdi noir), kcli.
Sn;. -
VER~.--_
Caractères
re~arquables.
Petit arbre de 7 ù 8 m, mais plus souvent arbuste de 3 ù 4 m, à nombreux rejets partant de la Hwehe. Feuilles de 4() sur 20 mm, altt·rncs, largement lancéolées, très finement denlieulées, arrondies et trincrvt'es à la hase, largement acuminét•s au sommet, glauques, très pàles ou blancl 1t•s, feutrt'l'S :'t la face inférieure, glabre~ dessus. Cymes axillain·s dt' Heurs jaunes avec dl's st'·pales deS mm de long ct un calice lobé.
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. * Lt.•s 7 autres.":-.pi•t't'" ont 1'·tt'· i·tudil•t•s sont G. fJarlf'ri Burret. (i. ris.•wides lluh'h. Pt Dalz .• (,, duclopdala \\'''~l'il t•l 't'\ rit "'<'h (;. t'IIJ.'H'OÎ Cavaeo l'l SimlJt•s, (/. malacocarfHl :\last., G. flt>llli.<>la Fres. t•t U. 11illosr1 \\ïlld. · ' · •• ~·:n l~);)H. S
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRAD(_ .ONNELLE
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4.- Grewia flavescens Juss.
Il est commun dans le Sahel, notamment autour des mares temporaires et dans la vallée du Sénégal. Il se rencontre encore éparsément en Casamance et le long de la côte dans les sols sablonneux. Au centre du Sénégal il est disséminé dans les forêts sèches et savanes boisées, mais n'est jamais abondant.
SvN. - Vinticena flavescens (Juss.) Burret, Gnwia pi/osa (de FTA), Grewia guazumi{o/ia A. Chev. VERN.- Wol. horom sap, xorom sap; ser. ~bdalé, ngel boli (Berhaut); bamb. da nguOé (Berhaut). '
Emplois.
G. bicolor est surtout utilisé par les Wolof et les Sérer comme anti-entéralgique, vermifuge et diurétique ; également comme antisyphilitique. Ces indications, prinCipalement i' action anti-entéralgique, sont également reconnues par les Peul-Toucouleur en médecine humaine et vétérinaire. De plus, lorsque les vaches mettent bas difficilement, ils leur font absorber une préparation à base d'écorces de G. bicolor, G. lasiodiscus et racines de Securidaca longepedunculata. Il y a lieu de signaler en outre que pour les Wolof, Sérer, Toucouleur le macéré ou le décocté très concentré d'écorce aurait des propriétés à la fois plus ou moins inébriantes et tranquillisantes, puisque capable de procurer un sommeil satisfaisant aux personnes nerveuses et agitées .. Mais, par ailleurs, nous avons constaté que les écorces entraient quelquefois dans des remèdes contre la fatigue*. Chhnie et pharmacologie. Questions traitées supra aux généralités sur les Grewia.
3.- Grewia carpinifolia Juss. SvN. - Viilticena carpini(olia (Juss.) Burret VERN. - Mal., bamb. nonâdo.
Caractères remarquables. Arbuste sarmenteux à nombreux. rameaux enchevêtrés, retombants, atteignant 3 à 4 rn de long, quadrangulaires et profondément caillJ.elés, écailleux; scabres (poils
. étoilés). Feuilles oblongues elliptiques de 7 sur 4,5 cm, scabrd sur les deux faces, largement acuminées au sommet, courtement cu nées à la base ou errondies ; nervures tertiaires parallèles peu serrées ; court pétiole de 4 mm. , Inflorescences axillaires de fleurs jaune à ovaire non; rétréci à la base ; boutons allongés, scabres; dos des anthères pubescent. Drupes de 12 mm de diamètre généralement quadrilobées peu profondément ou bilobées, ~artois à une seule graine par avortement, à pubescence scabre, brunâtre à maturité. Habitat. II est régulièrement réparti au Sénégal. On le renconl!l'e depuis la vallée du Fleuve, (généralement dans les sols compacts, autour des pointa d'eau temporaires) jusqu'en Casamance. II est assez commun sur le versant occidental du plateau de Thiès et dans les sols argileux de la Petite Côte (M'Bour). On le trouve parfois à la lisière des carapaces ferrugineuses. · 1
Emplois. Caractères remarquables. Arbuste sarmenteux à nombreuses branches entremêlées, retombantes, lenticellées. Feuilles ovales oblongues, trinervées, légèrement pubescentes dessous, avec des poils étoilés ; limbe de 9 sur 3,5 cm, denticulé sur les bords. Inflorescences axillaires, boutons pubescents, allongés, légèrement rétrécis audessus de la base qui est plus large. Fleurs parfumées ; sépales jaune verdâtre ; pétales jaune d'or. Drupes de 1 cm de diamètre, sphériques ou à peine bilobées, à pubescence scabre, jaunes à maturité. Habitat. Il est rare au Sénégal. Se rencontre en Casamance maritime.
Les guérisseurs bambara qui nous ont signalé G. carpinifolia d'une façon précise, utilisent le produit d'expression des racines 'et des feuilles fralches en lavages et instillations oculaires chez les personnes atteintes de troubles de la vue. Ils utilisent aussi le décocté comme béchique et expectorant. Le décocté d'écorce est signalé par les Peul-Toucouleur comme anti-entéralgique. Chimie et pharmacologie. Signalons pour G. carpini{olia une particularité par rapport à G. bicolot et G. lasiodiscus. Lors de la chromatographie pour la recherche des amino-acides, les préparations de G. bicolor et de G. lasiodiscus présentent seulement deux tâches tandis que celles de G. carpini{olia en présentent quatre, identiques à celles des préparations de G. elyseoi [T8]. l'our les autres caractères chimiques et pharmacologiques il y a lieu de se reporter supra aux généralités sur les Grewia (Cf. p. 767). p.
5.- Grewia lasiodiscus K. Sebum. SYN. - Vinticena lasiodiscus (K. Schum.) Burret, Grewia kerstingii Burret, Vinticena kerslingii (Burret) Burret VER:'\. -- Peul, toue. keli danéwi, keli daneyé ( = J.;eli blanc), keli ; bas. akinéu. Caractères remarquables.
Emplois.
• cr.
Ce Grewia a les mêmes utilisations que le G. bico/or. ll est surtout considéré comme antidiarrhéique et aussi comme aphrodisiaque léger (macéré d'écorces de racines en bains et boissons).
to3.
Arbuste très branchu, atteignant 5 à 6 rn de haut, ramifié près de la base, mais formant plus souvent des buissons aux rameaux cylindriques enchevêtrés. Feuilles de 6 sur 3,5 cm, ovales, oblongues, elliptiques, arrondies ou presque cordées à la base, finement denticulées sur les bords, mollement duveteuses à la face inférieure ; nervures tertiaires parallèles très serrées. Cymes axillaires avec des pédoncules de 3 à 4 mm de long et des pédicelles de 5 mm. Fleurs jaunt•s ; sépales de 8 à 10 mm de long ; dos des anthères glabre; ovaire rétréci à la base, courtement stipité. Drupes entières, globuleuses, de 10 à 12 m111 de diamètre, un peu scabres, courtemént stipitées. . Habitat. II n'a été rencontré très éparsémcnt que dans le Sénégal oriental et en Casamanc<•.
Emplois.
G. la.~iodiscus est surtout considéré comme anticnt~ralgique. 2!'")
770
PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE
TRAD~
JNNELLE
(
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
771
Chimie et pharmacologie.
La chimie et la pharmacologie de G. lasiodiscus sont traitées supra aux généralités sur les Grewia (cf. p. 767).
6.- Grewia mollis Juss. Mal., bamb. sâbé.
VERN. -
dou
nogo nogo, moronoroté (Aùbréville) ; peul Fou/a-
Caractères remarquables.
Arbuste ou petit arbre de 5-6 m, bas-branchu, ressemblant parfois à certains G. bicolor.
Feuilles vert pâle dessous, oblongues lancéolées, ou elliptiques, largement acuminées ou sommet, nettement dentées, plus profondément et plus largement que celles du G. bicolor ; limbe de 7 cm de long sur 3,5 cm de large, avec des poils étoilés épars dessus et des poils denses continus dessous. Cymes axillaires de fleurs jaunes avec des sépales de près d'un cm de long. Drupes globuleuses, apiculées, tomenteuses. d'environ 7 mm de diamètre.
96.- TYPHACÉES Famille largement répartie dans le monde. Les plantes sont aquatiques et ne s'éloignent pas des rives des lacs, étangs, marcs permanentes et berges marécageuses des fleuves. Au Sénégal deux Typha existent : T. australis qui est tropical et T. elephanlina qui est subtropical et tempéré chaud.
1.- Typha australis Sebum. et Thonn. VuLGO. -
Sn;;. VERN. -
Roseau. Typha anguslifo/ia A. Chev. , Wol. sàko, balax; sa. ct, yet, dad (!Jcrhaut); dio/a
bendem
(Berhaut). Caractères remarquables.
Habitat. Il existe dans l'est du Sénégal et en Casamance, à partir de Kaflrine, dans les savanes boisées. Il n'est pas abondant.
Emplois. G. mollis couramment/ confondu avec G. bicolor et voisinant souvent avec lui comme habitat, reçoit I.ès mêmes indications thérapeutiques.
Herbe vivace, robuste, à gros rhizomes traçants, blanchâtres intérieurement. Elle atteint 4 rn. Feuilles dressées, distiques, linéaires, aplaties, rubanées, de 1 â 2 cm de large et pouvant· dépasser 2 à 3 m ·de long, obtuses au sommet, épaisses au centre, minces sur les bords. Hampe florale ligneuse, portant à l'extrémité un épi compact cylindrique, arrondi aux deux extrémités, roux, de 15 à 20 cm de l~1g sur 2 cm de diamètre. Très nombreuses fleurs, les femelles sur la moitié inférieure, les mâles sur la moitié supérieure de l'inflorescence ; les fleurs màl!'S ont les segments du périanthe filiformes, les femt'lles ont des bractéoles.
Chimie.
Selon des tests pratiqués par Persinos et coll. sur l'espèce nigériane, les écorces de tige et de racine renferment des tanins ; les feuilles donn~nt en outre une réaction de Mayer positive [P85J.
Habitat
Il forme des peuplements le long des rives saumùtres des secteurs cùtiers du Sénégal. Il est envahissant et se développe également très bien en eau douce (lac de Guiers). Très abondant le long de la Casamance à Sédhiou, à l'embouchure du Sénégal, autour des lagunes de la presqu'Ile du Cap-Vert, dans les îles du Saloum, etc.
7.- Triumfetta heudelotii Planch. ex Mast. VERN.-
Peul Firdou
kàkani.
Caractères remarquable.
Sous-arbrisseau vivace de 1,50 rn, dressé, un peu ramifié, ligneux, entièrement pubescent, vert grisâtre. Feuilles ovales, subcordées à la base ou cordées, de 8 sur 5 cm, peu profondément trilobées, dentées sur les bords ; poils étoilés sur les deux faces ; pétiole de 2 à 4 cm de long ; deux stipules filiformes de 4 mm environ. Courts corymbes axillaires de fleurs jaune verdâtre. Sépales de 7 mm de long avec un appendice de 0,5 mm; 8 à 10 étamines. Fruits sphériques de 1 cm à 1,5 cm de diamètre à épines non cro<"hues, robustes, élargies à la base et terminées en pointe
Emplois.
Ce roseau fait partie des espèces qui ne sont pas consornnu.'cs par le bétail. Après préparation spéciale, en période de disette, les Wolof consomment néanmoins le rhizome et l'inflorescence. Pharmacologie: Il y a lieu de signaler it titre indicatif que chez les souris traiti-es ave!' d!'s extraits aqueux de racines d'un Typha de l'Ohio, 1'. angllslifo/ia, Abhotl el coll. ont constaté chez l'animal des réductions notables des tumeurs transplantabl!•s de sarcomt• IXO : 47 p. 100 et 61 p. 100. Avec les extraits alcooliques les réductions observées sont 26 p. 100 pour Je sareome 180 et 4·1 p. 100 pour l'aMnoeardnomt· 755 [A71].
d'ai~tiÎllt•.
Habitat.
Il existe surtout en Casamance, à proximité des bas-fonds, des rizières et dans les galeries soudanienm·s t•nsoleillées, défrichées. Emplois.
Le décocté des difTérents organes t•st considéré dans le Patim Kibn comme antitussif.
97. -
ULMACÉES
Famille dt•s régions tempérées et tropicales des tkux h(·misphères représentée au Sénégal par deux ~enrcs : Cr/lis ct Trmw. Les feuilles sont alternes, simples, asymétriques it la base avec des stipules caduqu<'S. L'ovaire a une ou dt•ux loges :n·ec un ovule. Le fruit est une drupe.
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772
PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRAD(
JNI"ELLE
Les genres les plus communs et les plus connus sont les genres V/mus (Ormeaux) et Ce/lis (Micocouliers). On a préconisé en thérapeutique les écorces d'orme (V/mus campeslris L., V. (ulva Micheaux) riches en tanins et en mucilage, comme astringent, léniUf émollient; V. (ulva figure à la pharmacopée américaine et U. procera à la pharmacopée homéopathique allemande. Les racines du Micocoulier de la région méditerranéenne (Celtis auslralis L.) étaient autrefois utilisées en médecine populaire contre l'épilepsie.
1. - Celtis integrifolia Lam. -Micocoulier africain, Mboul (wolof, forestier). Wol. mbul; ser., none, niom. ngam, ngan, ngâ, ngàd; nium. ingan ; mal., bamb. kamana ; sar. gava, iéré ; peul bulcy ; loue. gâki; dio/a butohol (Berhaut) ; dio/a Fogny busingilit. VuLGO.
VERN,-
Bel arbre de 15 à 20 rn de haut, à fût robuste, court et bas branchu ; écorce lisse, gris bleuté, se détachant en larges écailles minces et cassantes. Frondaison large, arrondie, à branches principales très fortes. Feuilles largement ovales, entières mais parfois dentées sur les rejets, arrondies et asymétriques à la base, nettement acuminées au sommet, tri ou pentanervées ; limbe de environ 7 sur 4 cm, scabre sur les deux faces mais garni de touffes de poils à l'aisselle des nervures second41ires dessous. Panicules verdâtres axillaires, pubescentes, d'environ 3 cm de long sur les rameaux de l'année. Ovaire pubescent; style fourchu. Drupes de 1,3 cm de diamètre contenant un noyau blanc très scléreux.
773
Feuilles distiques, ovales, trinervées à la base, dentées, acuminées au sommet, arrondies ou subcordées à la base (qui est légèrement asymétrique), pubescentes, parfois scabres ; dimensions très variables allant de 4 à 12 sùr 2 à 5 cm. Glomérules axillaires de fleurs polygames, jaune verdâtre à l'extrémité de pédicelles de 4 mm. Drupes sphériques, glabres, noires à maturité, de 2 à 3 mm de diamètre. Habitat. Originaire de la région guinéenne, il est surtout abondant en Casamance maritime dans les forêts secondaires et à proximité des. rizières. Il suit les secteurs paralittoraux toujours dans les stations humides, jusqu'au Nord de Dakar. Il est aussi assez commun :'! proximité des rivières et vallées du Sénégal soudanien et forme encore des peuplements purs sur les versants humides des vallées encaissées du Sénégal oriental (Niokolo-Koba).
Malgré sa répartition pratiquement limitée à la zone guinéenne T. guineensls est connu et recherché par les guérisseurs baïnouk et peul-firdou qui attribuent aux feuilles des propriétés essentieltement diurétiques, aux rameaux feuillés des propriétés décongestives, vermifuges et antivenimeuses. L'administration des préparations est suivie de près par les praticiens, car elles sont violemment émétiques dès qu'on dépasse les doses thérapeutiques. Pour les Peul-Firdou le contact prolongé des feuilles provoquerait des dermatoses et leur consommation exagérée serait, dans certains cas, toxique p·our le petit bétail. 1
Chimie et
Habitat. C'est une espèce sahéio-soudanienne très éparsément répandue au Sénégal depuis la vallée du Fleuve jusqu'aux galeries soudaniennes. Il est assez constant auprès des mares temporaires et plus commun dans la région de Thiès, le Baol, Je Cayor et Je Sine Saloum. Il est toujours ébranché car les feuilles constituent un aliment apprécié du bétail. Emplois. Les Peul-Toucouleur du Toro et du Djolof emploient la racine dans un traitement des maladies mentales et la poudre de feuilles en simple application externe, où per os, après dilution dans l'eau, pour le traitement des œdèmes, des plaies, des abcès. Dans le Walo, le Cayor, le Sine, Wolof et Sérer préconisent la poudre de racine par voie interne pour les rhumatismes, les paralysies, la stérilité et J'asthénie, le décocté de feuilles en association, surtout avec. divers Tapinanlhus, pour les œdèmes et avec Strychrws spinosa pour les abcès. Chimie. L'huile des graines du Soudan qui renferme de fortes quantités de carotène, est composée principalement des glycérides des acides stéarique et linoléique [G132}.
2.- Trema guineensis (Sebum. et Thonn.) Ficalho Cellis guinrcnsis Sebum. et Thonn. Bamb. alakra bagbcna (d'après Dal=iel); peul peul Firdou unono ; bain. kimen.
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
Emplois.
Caractères remarquables.
SYx. -
VERN.-
(
{éuki (Aubrér>illc);
Caractères remarquables. Arbuste de 4 à 5 rn de haut, plus rarement petit arbre pouvant atteindre 7 à 8 rn en Casamance, à fût droit, cylindrique, à rameaux étalés, pubescents ou tomenteux.
pharmacolo~ie. 1'
Les graines contiennent 28,8 p. 100 d'une huile fixe gris noirâtre (acides palmitique et linoléique prédominants) et les écorces, comme Je bois et les racines, du tanin [W2, 1'85, G132J. Bate-Smith a signalé dans la plante la présence de cyanidine [B102]. Différents lots d'écorces et de feuilles faisant partie de nos récoltes de Côte-d'Ivoire ont été examinés par Paris. Ces recherches confirment l'absence d'alcaloïdes dans les diiiérents organes étudiés qui ne renferment ni saponine, ni prindpe amer. Aucun principe cyanogénétique n'a pu être mis en évidence. La plante, ct surtout les écorces de racines, possèdent cependant u1,1e certaine toxicité. Un premier lot récolté s'était montré très toxique pour la souris par voie souscutanée (dose 100 p. 100 mortelle : 2,50 g d'écorces de racine par kg d'animal), la mort ne survenant qu'au bout de plusieurs heures ou même de quelques jours. Le principe toxique, qui n'a pu êtn• identifié, n'est pas extrait par J'éther de pétrole, le benzène, l'éther et Je chloroforme. II passe dans les extraits acétoniquc et alcoolique. L'injection par voie intraveineuse chez Je chien d'un extrait de racines de Trema provoque, d'autre part, une hypotension progressive et durable. D'autres lots de drogue reçus ultérieurement se sont montrés moins toxiques : à la dose de 10 g de plante par kg d'animal et par voie sous-cutanée, les feuiJies sont parfaitement tolérées chez la souris. Les écorces ne provoquent la mort qu'après 48 h, certains décès ne survenant que Je quatrième jour. A noter que la toxicité s'affaiblit considérablenll'nt au cours de la conservation et que le premier lot examiné en 1\l5li. soit 10 ans après sa récolte, ne possédait plus qu'une toxicité très faible. Il se pourrait que celle-êi soit duc à un hétéroside cyanogénétique, mais d'autn•s expérienc<•s seraient à faire avec des plantes fratches et à différents moments de la Yégétation [C12, K4]. Abbott ct coll. ont soumis à
..
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( 774
(
PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADITlUNNELLE
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
775
Caractères remarquables.
98. -
VERBÉNACÉES
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Famille bien répartie dans toutes les zones chaudes du globe, et représentée au Sénégal par huit genres : Stachytarpheta, Lantana, Phyla, Lippia, Premna, Clerodendron, Vitex. D'autres genres ont été introduits dans un but forestief ( Gmelina, Teetana) ou ornemental (Duranta, Pelrea). :. Les Verbénacées sont des arbres ou des herbes, souvent à tiges quadrangulaires. Les feuilles sont généralement opposées, simples, rarement composées ( Vitex et un C/erodendrum). Fleurs hermaphrodites, irrégulières ; calice persistant ; cor&lle gamopétale ; ovaire supère. Les fruits sont des drupes ou des baies. : Les feuilles d'un certain nombre de Yerbénacées renferment des huiles essentielles (Lippia, Lantana). On a décelé dans quelques espèces des principea hétérosidiques ( Verbena) et alcaloïdiques ( \ïtex). Seules figurent à la pharmacopée française le~ feuilles sèches de verveine odorante, Lippia citriodorata H. B. et K. ·~
1.- Clerodendrum acerbianum (Vis.) Benth. et Hook. SYN.- Volkameria acerbiana Vis. VERN.- Mand. tunto tâkâ, tundo tâkaô.
i i
~
i
~
Caractères remarquables.
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Arbuste sarmenteux, à branche( courbées, entremêlées, brun clair~· revêtues d'une pubescence blanchâtre lorsqu'elllfs sont jeunos. · t . · Feuilles opposées, largement ovales, courtement pétiolées, reeôuvertes sttr les deux faces d'un tomentum blanchâtre ou grisâtre de poils plus ou Jnoins ondulés ; limbe de 4 sur 2 à 3 cm. ~ Inflorescences en corymbes axillaires ou terminaux, compacts pédonculés presque 'hémisphériques. Fleurs blanches atteignant, dans leurs plus grandes dimensions, une largeur de 15 mm ; lobes du calice lancéolés presque filiformes, pubeScents, de 8 mm de long ; tube de la corolle d'environ 15 mm de long, courbé vers la moitié avec 5 lobes arrondis au sommet. Baies sphériques, à peine quadrilobées, de 6 mm de diamètre, pubescentes. .;
Arbuste grimpant à tiges pubescentes, souvent creuse• et remplies de moelle entre les nœuds. Feuilles poilues dessous, ovales, acuminées au iommet, arrondies à la base, de 12 sur 7 cm ; long pétiole de 2 à 4 cm, coudé vers la baae . Capitules avec de nombreuses fleurs blanches presque séssiles entourées de plusieurs bractées lancéolées ; calice poilu de 25 mm de longueur sur 8 mm de largeur ; tube de la corolle grêle de 6 à 7 cm de longueur· sur 2 à 3 mm de ~amètre, garni de poils glanduleux à l'extérieur, avec 5 lobes ovales de 15 mm de longueur. Baies de 1 cm de diamètre, verdâtres puis noirâtres à maturité, légèrement quadrilobées, glabres, brillantes, entourées et dépassées par les lobes persistants du calice. Habitat.
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i
Il est commun en Casamance, dans les galeries soudanJennes et les lieux humides ombragés jusqu'aux niay de Dakar, de même que dans les vallées et dépressions boisées.
Emplois.
j (
C. capitatum est signalé par les Wolof du Cayor dans 1~ traitements de la stérilité avec Zizyphus mucronata et walaxur (espèce qui n'a puftre repérée sur le terrain) ainsi que dans les traitements du diangara Cayor err assliation avec de nombreuses autres drogues. Les feuilles soils le nom de kumabalodâho entrent dans· a composition d'un poison de flèche des Manding et Socé du Niombato. r Chimie.
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f
Des extraits de l'espèce du Tanganyika ont donné à Haérdi [H18] au cours d'essais préliminaires des réactions positives pour la présence d'alealoïde et de saponoside. l_
3.-- Lantana camara L. SYN. - Lantana anlidota/is Thonning \"ER!>.- Wo/. duté gâbi•, nur, nulé. Caractères remarquables.
Habitat. Il se rencontre surtout dans les limons des grandes vallées du Sénégal oriental atteints par les crues (Gambie, Koulountou, Nïéri-Ko, Niokolo-Koba et leurs aflluents).
Emplois.
C. acerbianum est d'activité reconnue chez les Manding du Niani contre les coliques et les parasites intestinaux sous forme de macéré de racine pris en boisson. Le ma!'éré de feuilles, en raison de ses propriétés émétiques, serait un bon contrepoison.
2.- Clerodendrum capitatum (Willd.) Sebum. et Thonn. var. capitatum. SYN. - Volkamrria capilala Willd., Clcrotlcndrum ohancnse Wernham, Clerodrmlrum la/ho/ii Wt•rnham. Clt•rodmtlmm rapitatum var. lalbolii (\\'Prnham) B. Thomas, Clrr01il'l1tlrum capilalum var. con!J{obiltum Il. Thomas, C/erodendrum (rutœ/orum S. l\loore VERN. - Wo/. purtul ; srr. hihok (llerlwut) ; bamb. koloko wuma (Berhaut) ; mand., socé_k~!~~~~o ; dio/a étitimol (Jiahaul).
Arbuste dressé ou étalé dépassant 2 rn de haut avec de nombreux rameaux anguleux partant de la base et garnis de petites protubérances épineuses recourbées. Feuilles aromatiques, opposées, ovales, triangulaires .u sommet, brusquement tronquées à la base, régulièrement dentées sur les bords et légèrement en coin, au point d'attache sur le pétiole ; 5 à 6 paires de nervures latérales ; limbe de 7 sur 5,5 cm ; pétiole épineux de 2 cm, poilu sur les deux faces qui sont plutôt scabres. Corymbes axillaires compacts de 3 cm de diamètre à I'e~xmité de longs pédoncules quadrangulaires, atteignant 4 à 5 cm. Nombreuses fleurs riant du jaune au mauve après l'anthèse, mais il existe de nombreuses variétés blan es, jaune clair ou orange vif ; calice tronqué avec à sa hase 2 bractées Jancéolées lin es, de longueurs inégales. Baies sphériques de 7 à 8 mm de diamètre, noir-violiner,.à maturité, groupées en glomérules de 2,5 cm de diamètre. ' Habitat. Originaire d'Amérique tropicale il est souvent cultivé dans ks jardins url>ains
• Déformation fauss(• du terme {(thé de Gambie», le vrai thé dt• Gambie l'tant lt• J.ippia clu·ua/iui.
( PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADl_ JNNELLE
776 Emplois.
La plante n'est pas considérée comme toxique. Les feuilles sont couramment utilisées par les Wolof en qualité de boissons théiformes à propriétés béchiques. Les enfants également consomment les fruits à goût sucré sans que des troubles soient secondairement signalés. Les préparations aqueuses d'inflorescences sont prescrites par certains guérisseurs wolof et lébou aux asthmatiques; car elles auraient une action calmante dans les crises de dyspnée et de suffocation. Chimie*.
Au Japon, en Australie, en Afrique de l'Est, différents auteurs signalent la présence d'une huile essentielle dans les différents organes de L. .camara, principalement dans les fleurs fraiches où, selon les analyses de Kandu, on en trouve 0,2 p. 100, alors que les fleurs sèches et les feuilles fraîches en contiennent 0,07 p. 100 (K94]. Wehmer a signalé dans les feuilles une teneur plus importante en essence (0,22 p. 100) qu'il nomme •lantimol • [W3). Selon Watt, l'espèce Est-africaine renfermerait 0,053 p. 100 d'essence contenant plusieurs terpènes parmi lesquels prédomine le citral (in [W2) p. 1050). Au Japon, en 1934, Kufuku et coll. ont obtenu, par distillation à la vapeur de la plante entière, une huile essentielle jaunâtre, aromatique riche en sesquiterpènes dont 43 p. 100 sont du type caryophyllène et 21 p. 100 du type cadinène. Ils ont trouvé dans cette essence 14 p. 100 d'.x-pinène, 10 p. 100 de y-terpinène, 6 p. 100 de p-cymène, 2 p. 100 d'un aldéhyde et 4 p. 100 d'un alcool terpénique avec un alcool sesquiterpénique [K95). Par la suite,_Ies mêmes auteurs ont isolé de l'huile essentielle des feuilles, le camérène comme substance du type caryophyllène et l'isocamérène avec le micranène comme substances du type cadinène (K96). ; Louw, en Australie, a isolé des feuilles sèches avec un rendement de 0,31 à 0,68 p. 100 un composé dénommé d'abord lantanine••, puis ensuite Jantadëne poyr éviter les 1confusions avec Je lantanin. En fait, au cours de travaux ultérieurs, Louw met en évidence par hydrolyse des saponines deux Jantadènes, Je lantadène A (0,31 à 0,68 p. 100 correspondant à la lantanine) et le lantadène B (0,2 p. 100). Ce sont deux acides triterpéniques pentacycliques isomères, de formule C36 H,0 6 et de structure maintenant connue, le lantadène A étant l'acide rehmanique isolé du Lippia rehmanii par Barton et coll. [L33, L34, B81, B82). Dans l'espèce de Sierra Leone; Taylor-Smith a également mis en évidence un acide pentacyclique triterpénique [T26 ). Les écorces de racine contiennent du tanin, Je • lantanin "· Celles de tiges également, avec en outre une substance caoutchouteuse et un peu de résine (in [W2) p. 1050). Les feuilles ct tiges de l'espèce de l'Arizona ont été testées par Wall sans résultat pour la recherche des saponosides, f!avonosides et alcaloïdes [W21). Watt signale aussi la négativité des recherches de HCN dans la plante entière. A côté du carotène, les fleurs renferment comme matière colorante une anthoxyanine donnant le chlorhydrate de camérine de couleur rouge pourpre, de PF 195° [L99). Pharmacologie •. La toxicité du Lania11a camara pour le bétail est généralement reconnue en Australie. Toutefois en 1920 Francis (d'après Watt) et en 1956 Gardner (G57] assurent que le bétail consomme la plante sur des étendues considérables sans effet nocif. Webb signale que le L. camara est réputé toxique pour le bétail et que des enfants ont été malades après la consommation des fruits. Les effets se traduisent chez les animaux par le " naseau rose " avec inflammation des muqueuses, œdèmes du museau, des oreilles, des paupières, etc. Des expériences alimentaires ont montré que la plante provoquait de la photosensibilisation et des troubles gastro-intestinaux [W4). Chez des animaux pesant environ 180 kg, Sanders a constaté en Floride des symptômes d'empoisonnement chronique (photosensibilisation, troubles gastro-intestinaux lors d'une alimentation expérimentale avec 350 à 450 gparjour, durant 5 semaines, de feuilles à maturité, grillées et séchées [S80). • Cf. Addenda, p. 803. •• Lantanin en anglais.
PLANTES MÉDICI~ALES ET TOXIQUES
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Chopra signale qu'aux Indes des rapports du Gouvernement du Pendjab et d'Assam attribuent une action toxique au L. camara [Cll). Watt ([W2] pp. 1049-1950) fait état d'une copieuse bibliographie antérieure à 1960 de laquelle ressort l'action ictérogène de la plante. Depuis cette date, les travaux de Agarwala et surtout ceux de Seawright ont montré la toxicité et la nature de cette toxicité pour l'espèce indienne. Agarwala et coll. ont .constaté que l'administration de feuilles, fruits et fleurs provoquait la mort des animaux, les moutons étant particulièrement sensibles. Au cours de la dernière semaine de vie, la bilirubine sérique et l'index sérique sont nettement augmentés et constituent un indice de la sévérité de l'affection [A44]. Dans les régions côtières d'Australie, Seawright, lors d'intoxications aiguës de moutons se terminant parfois par des morts, a noté des troubles ictériques, de la photosensibilisation, de la .constipation, des troubles rénaux ; les formes chroniques étaient caractérisées par une déshydratation et une néphrotoxfcose terminale [S63). Par administration de feuilles au mouton, il a aussi provoqué des intoxications expérimentales se traduisant par photosensibilisation, ictères avec lésions du foie et des reins, œdème pulmonaire, et parfois myocardite [S77). Au microscope électronique il a en outre suivi les modifications des hépatocytes chez les moutons [S79). Avec des échantillons, récoltés également en Australie, Gopinath et Ford ont constaté chez le mouton que l'administration orale de 10 g de poudre de feuilles par kg d'animal en une dose unique ou répartie sur 48 h, produisait jaunisse et photosensibilisation. L'étude histologique et histoehimique du foie montre: œdème et vacuolisation de cellules périportales, réduction de l'activité de I'estérase non spécifique, du sorbitol, des déshydrogénases succinique et glutamique ; on constate aussi une augmentation du nombre des canaux biliaires et de la quantité de tissu conjonctif dans les régions portales [G119]. La toxicité sur le cobaye étudiée par Seawright avec des extraits de feuilles est caractérisée par une paralysie des myscles du tube digestif, des nécroses péri portales, une hyperplasie des canalicules dans le foie ainsi que des lésions des poumons, du cœur, du rein et de la vésicule com~rables à celles trouvées chez les moutons intoxiqués JS78]. En Floride, Wolfson et coll., durant la période de 1961-1962, ont eu à donner des soins à 16 enfants ayant ingéré des fruits verts deL. camara. Quatre d'entre eux montrèrent des signes et des symptômes d'empoisonnement aigu et l'un d'eux, chez lequel on n'avait pas pratiqué le lavage gastrique dans les 5 h, mourut rapidement. Les symptômes présentés par ces quatre enfants étaient du type de l'intoxication par les alcaloïdes de la Belladone (WlS]. En bref, les symptômes de l'intoxication chez les animaux correspondent au "geeldikkop »provoqué par le Trilulus terrestris* et chez les hommez au type atropinique. Comme pour le Tribu/us terrestris nous avons vraisemblament affaire à des ·races écologiques de L. camara renfermant soit des principes chimiques différents, soit plutôt les mêmes principes nocifs, mais avec des teneurs allant des traces aux quantités toxiques. . Faut-il incriminer en l'occurrence les lantadènes** en particulier le lantadène A ou acide rehmannique se trouvant dans la plante à des taux variables ? On peut le penser à la lumière des travaux de Heikel et coll. qui ont montré ·que l'acide rehmannique était un triterpénoïde ictérogène agissant sur la perméabilité de la cellule hépatique en bloquant l'excrétion biliaire des pigments (bilirubine en phylloérythrine notamment) et en entratnant ainsi un ictère et une photosensibilisation anormale de l'animal JH103). Une· étude pharmacodynamique de l'espèce jamaïcaine a été pratiquée par Hooper et Léonard [H17) avec un extrait de feuilles et tiges dont 1 ml correspondait à l g d'organes frais. • Au point de vue toxicité aiguë l'administration intrapéritonéale de 10 ml/kg aux souris ~ovoque baisse de pression sanguine et tachypnée. ·Après 24 h, elles accusent
• Cf. Tribu/us lerreslris, pp. 797·798. •• Les lantadènes de formule C35 H 32 0, ont une structure analogue à l'ictérogénine C.,H32 0 1 du Lippia rehmannii dont ils ne diffèrent que par un 0 en moins. Selon Louw, l"adminl,tration orale de 2gde iantanine (ou lantadène A) provoque chez le mouton des effets photosensibilisants et ictériques comparables à ceux observés lors de la consommation de la plante par l'animal [L33J.
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légèrement une baisse de pression sanguine ; après 48 h, deux animaux sur cinq meurent tandis que les autres récupèrent leur état normal. Par injection intraveineuse de 5 ml/kJ on constate baisse de pression sanguine, hypopnée, tremblements de tête et convulsions. Après 24 h retour à la normale. Sur le cœur isolé de lapin à la concentration de 0,1 ml, il se produit une rapide diminution de l'amplitude, suivie d'une reprise normale [H17). · Sur la pression sanguine du chat à la dose de 0,1 mljkg (injection dans la veine fémorale) l'effet se traduit par une baisse passagère de 20 p. 100. Enfin, sur le temps de sommeil barbiturique de la souris, à la dose de 10 mg/kg par voie intrapéritonéale, l'effet est de 171 (taux chez les animaux de contrôle 100) indiquant ainsi un allongement de sommeil significatif (H17). Pour les préparations de racine de l'espèce brésilienne, Barros et coll. ont trouvé que l'extrait aqueux abaisse la pression sanguine du chat et stimule sa respiration ; l'extrait éthanolique est sans action cardiorespiratoire sur le chat. Les deux extraits aqueux et éthanolique présentent, pour la souris, un certain degré de toxicité (l'extrait aqueux étant plus toxique), mais pas pour le poisson ; ils stimulent le cœur de crapaud et le tonus du duodenum de lapin ; ils sont sans doute actifs sur l'utérus de rate [B200]. Les tests d'activité antibiotique sont positifs pour les extraits aqueux de feuilles, racines et tiges vis-à-vis des bacilles Gram + [N29] ; ceux qui concernent l'action "anticancéreuse des feuilles (A71) et l'action antimalarique des fleurs et rameaux (S95) sont peu marquants.
4.- Lippia chevalieri Moldenke et /
5.- Lippia multiftora Moldenl)e VULGO. Thé de Gambie. SYN.- Lippia adoensis Hochst. (de FTA et F\VTA). VERN.- Wol. nbormbor, mbalat, duté; ser. mbalat; bamb. ganéla (Berhaut); mand., socé, bal. brégé; peul Firdou wusum koloma; diola busâg (Berhaut) ; land. gâgoremp.
Caractères remarquables. Herbes aromatiques, ligneuses, dressées (2,50 met plus), anguleuses et pubescentes, ramifiées aux inflorescences. Elles sont vivaces par leurs souches. Feuilles verticillées par 4 ou par 3, rarement par 2, oblongues ou elliptiques, à base longuement cunée, à sommet acuminé, à bords finements dentés, à pubescence blanchâtre dessous ; 7 à 8 paires de nervures latérales. Epis terminaux ombelliformes globuleux ou cylindriques, longs de 5 à 20 mm, larges de 4 à 8 mm, disposés à l'extrémité d'un pédoncule plus ou moins long ; petites fleurs blanches ; bractées obtuses et courtement cuspidées. Habitat. Espèces très communes dans les savanes boisées soudaniennes, notamment dans le Saloum, le Niani, Tambacounda, Kédougou, la haute et moyenne Casamance. Nous groupons ici les deux espèces Lippia multiflora et Lippia chevalieri dont les caractères de différenciation ne sont pas très nets. Peut-Hre ne s'agit-il que de jordanons? Emplois. Ces Lippia sont très utilisés par le populaire en boisson théiforme comme antigrippal, béchique et stimulant, mais ce n'est pas affaire de guérisseurs. Par contre, ils sont recommandés par les guérisseurs peul firdou comme médicaments à la fois revigorants et calmants dans les affections sourdes et tenaces de l'abdomen pour lesquelles ils prescrivent, alors, le macéré de poudre de racines.
FIG. -12. --- Lippia multiflora Moldcnke- A. Feuille x 1/2. -B. Inflorescence x 2/:l. --- C. Bractées florales x 10. -- D. Fleur x 12.- E. Partie de la corolle montrant l'inst•rtion des étamines x 12. - F. Etamine x 100. - G. Style x 12.- H. Fruit x 20. - l. Graines x 20 (ll'après F\\TA).
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Chimie. Toutes les études réalisées jusqu'à présent ont été faites sous la dénomination d'espèce Lippia adoensis : elles concernent uniquement l'essence et ses composants. La première due à Rovesti en 1928, indiquait pour des échantillons de plantes sèches en provenance d'Erythrée la présence de 0,753 p. 100 d'essence contenant 7,2 p.100 de carvone, 5 p. 100 de d-limonène, 2,4 p. 100 dephellandrène et 3,4 p. 100 de terpène [R63]. L'intérêt de l'espèce Ouest-africaine et plus précisément sénégalaise, en raison de la teneur de son essence en camphre gauche, est signalée en 1938 par Rabaté qui obtint les rendements suivants sur trois échantillons secs de Casamance : -
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Pharmacologie. 10 LA DROGUE.
Le Lippia n'a pas été étudié pharmacologiquement, mais on peut penser qu'il agit d'une façon analogue au Romarin dont les teneurs en essence et en constituants sont comparables. Les sommités fleuries et les feuilles du romarin ont des propriétés cholérétlques, stimulantes diurétiques, emménagogues et sont employées en infusions (2 à 5 p. 100) dans l'insuffisance hépatique, les cholécystites chroniques, les ictères, les ascites avec gros foie, les troubles secondaires des hépato-biliaires ; on utilise aussi l'alcoolat en frictions pour les rhumatismes et l'alopécie (cf. à ce sujet les ouvrages de phytothérapie et de Matière médicale classiques). 20
Mand.
bilâkurufida (d'après Dalziet); bain.
kimol.
Caractères remarquables.
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Arbuste ou pet,it arbre de 5 à 6 rn, branchu presque dès la base, à rameaux dressés ou un peu étalés, densément pubescents ; écorce très pâle. Feuilles opposées, très poilues avec des glandes dorées à la face inférieure ; limbe obovale de 20 cm de long sur 10 cm de large dans le tiers supérieur, courtement acuminé au sommet, longuement cuné à la base; 8 à 10 paires de nervures latérales et nombreuses nervures tertiaires parallèles hispides, proéminentes dessous. Corymbes terminaux très fleuris de 5 à 7 cm de diamètre. Fleurs jaune verdâtre ou blanchâtres à calice pubescent. Baies ovoïdes de 8 à 10 mm de long, entourées à la base par le calice persistant, vertes, jaunes puis noires à complète maturité. Habitat. f
Plante gumeenne assez commune en Casamance maritime dans les recrCls secondaires et à la lisière des boqueteaux. Ell<' suit les galeries soudaniennes et les lieux humides jusqu'aux niay de Dakar et dans le Sénégal oriental. Emplois. Espèce utilisée par les Baïnouk en médecine populaire, sous forme de macéré de feuilles, en lavages corporels pour les dermatoses et en gargarismes pour les affections buccales.
7. - Vitex doniana Sweet L'ESSENCE.
L'essence peut absolument être considérée, ainsi que l'ont noté Palfray et coll., comme un succédané de l'essence de romarin aussi bien en parfumerie qu'en pharmacologie [P79). Cette derni~re est stimulante et emménagogue aux doses de 2 à 5 gouttes, et convulsivante. Elle est douée d'une action cholérétique qui se traduit par un volume de la sécrétion biliaire doublé. En usage externe l'essence de romarin entre dans les lotions capillaires, les eaux de Colo~nc. le vinaigre aromatique, l'huile de jusquiame composée (Beaume tranquille), etc. 3•
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les jachères, pousse aussi dans les sous-bois et pourrait aisément ètre multiplié si on voulait s'intéresser à sa production. D'autant plus que la période de récolte favorable, quand les sommités fleuries sont à maturité, se situerait de janvier à fin mars, c'est-ùdire en morte-saison agricole. Le Lippia constitue donc hien une plante intéressante pour l'Afrique Ouest-africaine, car si nous avons parlé uniquement du Sénégal, nous devons ajouter qu'elle est également abondamment répandue dans les autres territoires particulièrement en Guinée et au Mali [L8). Toutefois la concurrence du camphre synthétique limite les perspectives d'une production basée sur l'extraction industrielle du camphre de Lippia.
VERN. -
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6.- Premna hispida Benth.
Pour les fleurs : 14 à 15 p. 1 000 d'essence et 4,8 à 5,8 p. 1 000 de !-camphre. Pour les feuilles: 3,3 à 3,7 p. 1 000 d'essence et O.à 0,2 p. 1 000 de !-camphre [R2].
L'essence de Casamance (village de Cissécondé près de Ziguinchor) comprend comme principaux constituants, outre le !-camphre, 1-oc-pinène, 1-camphène, cinéol, !-bornéo! (libre et estérifié), limonène, acide acétique (estérifié), sesquiterpènes azulénogènes [P79). Elle présente ainsi une remarquable analogie avec J'essence de romarin comme composition et même comme odeur, la seule différence résidant dans le pouvoir rotatoire qui est gauche. D est intéressant de noter les résultats des essais pratiqués sur place en 1940 par Laffite et Rabaté sur les lieurs traitées à Bignona, l'essence étant obtenue par entralnement à la vapeur d'eau. Ces résultats sont en effet supérieurs à ceux précédemment signalés, les échantillons les plus riches étant ceux de Yatacounda et de Bambari : 20 à 21 p. 1 000 d'essence et 4,2 à 7,1 p. 1 000 de !-camphre avec pouvoir rotatoire de -42à-46 [L9]. . Les feuîlles de Rufisque donnent dans les mêmes conditions 7,2 p. 1000 d'essence qui abandonne 3,5 p. 1000 de camphre [L9].
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\'uLGo. --Prune noire. SYN. - \'ilex umbrosa G. Don ex Sabine, Vilrx cunrala Schum. et Thonn., Vi/ex cienkowskii Kotschy et Peyr. VERN. -~ Wol. lêg, lüg, hül; ser. dioh (d'après Da/: ici), ngab ; mal. kosoha, sokoro, kutundimô (Aubrévi/le), kudu, kodo, kodomha ; mal., bamb. koro, koroba, korofin, koto; mand. kutubulo, simhôn, sèbôn ; dio/a budink (lierhaut) ; dio/a Fogny kukek; bain. tihan, kiti.-Hl!11 ; bas. aluf.(analnr. Caractères remarquables.
CA,!I'HHE ET IJORNJ,OL.
L'essence de Lippia apparait comme étant la meilleure source végétale du camphre et du bornéo! gauches dont on connaît les propriétés et les usages. Notons à ce propos qu'actuellement le Japon possède le monopole de la production du camphre végétal qui est fourni par le Camphora officinarum, arbuste qu'il faut d'abord laisser croltrc pendant plusieurs années et abattre quand le moment est venu de l'exploiter. A l'opposé, le Lippia est non pas un arbre, mais une plante herbacée abondante dont le cycle végétatif est annuel. Il rejette facilement, s'installe spontanément dans
Arbre de 10 ù 15 111 rupes ovoïdes pouvant atteindre :3 cm de Ion~ueur sur 2,!"> cm de diamètre, Ié~ère ment aplaties aùx deux extrémités avec le calice entourant le tit•rs inférieur pendant la maturation mais se desséchant à maturité. Elles sont vert foncé piquetées de vcrl clair, puis jaunes et ensuite noires à maturité complète. Elles contiennent un noyau très dur renfermant 1 à 4 graines. ~ranuleusc
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Habitat. Il est commun dans les sols frais de la Casamance maritime dans les boqueteaux et à proximité des rizières. Il suit les galeries soudaniennes et les sols humides jusqu'au Nord de Dakar. Il peut résister à une certaine sécheresse du sol sous les climats relativement pluvieux.(Kédougou), mais il s'échappe alors sur les versants des collines et vers les ravins ombragés dans les forêts sèches. Son habitat préféré reste cependant les vallées humides où il se développe normalement.
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Dans les autres régions de son habitat, on trouve l'emploi externe des pansements d'écorce pilée comme vulnéraire et du décocté de rameaux feuillés, en fumigations, pour les courbatures, ou en douches sur la tête, pour les céphalées.
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Chimie. Selon un screening de Bouquet, l'espèce congolaise pourrait renfermer des stéroïdes ou terpènes (surtout les feuilles), des saponosides (écorces et racines), des tanins (feuilles et écorces) [B210).
Emplois. Le Vitex doniana, dont les racines et les écorces figurent au dt'oguier des marchands de simples, est fortement conseillé comme anti-asthénique par les Wolof et les Sérer. Les parties actives seraient les écorces et les feuilles en déco~té sucré qui est donné non seulement dans les états adynamiques, mais aussi dans les affections des voies respiratoires. Le décocté de tiges feuillées, de couleur noirâtre, est très estimé des Baïnouk, en usage externe, contre la variole et les éruptions cutanées en général. Les racines sont recon~mandées par les Manding pour les douleurs abdominales, les maux de ventre (avec Heeria insignis, Cordyla pinnala) et par les Diola pour la lèpre.
99.- VITACÉES Syn. - AMPELIDACÉES Famille des régions tropicales et tempérées, représentée au Sénégal par deux genres:
Chimie.
Cissus, avec une douzaine d'espèces, et Ampelocissus, avec deux espèces. Ce sont des plantes grimpantes ou des herbes dressées s'élevant d'une souche vivace. Les feuilles sont alternes, rarement opjWsées, simples ou composées, avec des stipules. Petites fleurs régulières hermaphrodites ou unisexuées. Les fruits sont des baies. Les Cissus sont nombreux dans les savanes soudaniennes, surtout dans le Sénégal oriental. Beaucoup apparaissent au début de la saison des pluies et disparaissent en saison/Sèche. Cissus populnea, Cissus quadrangularis et Cissus aralioides remon)ent dans re Sahel, jusqu'au Fleuve. La vigne ( Vitis uinifera) est parfois cultivée dans quelques jardins de Dakar et de Saint-Louis. La vigne est d'ailleurs la seule Vitacée utilisée.
Le fruit connu sous le nom de prune noire est comestible, mais contient peu de glucides (24 p. 100) ainsi que des quantités insignifiantes de protéines (0,8 p. 100) et ·de lipides (0,1 p. lOO). Il est assez riche en phosphore ( 47 mg p. 100 g) et pauvre en vitamines : 6 mg p. 100 g de vitamine C et 0,02 mg p. 100 g de thiamine [T3).
8.- Vi tex madiensis Oliv. SYN. - Vitex camporum Büttn., Vitex barba/a Planch. ex Bak., Vitex pobeguini Aubrév. VERN. - Wol. dobolé ; wol. du Cayor lut\ (Merlier) ; ser. ngab (Berhaul), mâb (Merlier) ; mal. dâkélékélé; mand., socé Nmboô, kutuni, kutufinhô, kutufingo, kutufingo ; bamb. koro, kuo (Berhaut) ; peul Fouladou humé ; diola Pogny budêg kébôké.
1. - Cissus populnea Guill. et Perr. SvN. - Vitis pal/ida Bak. VERN.- Ser. dôrn, mbogoy (Bcrhaut); bamb. garo, ngaro (A. Chev.); mand., socé kurnbaô ; peul, toue. bakaüi ; dio/a '.bu mumuno (Berhaut).
Caractères remarquables. Arbuste de 3 à 4 rn, à branches dressées, plus ou moins tortueuses; écorce très claire, finement fissurée ; jeunes rameaux densément pubescents, grisâtres. Feuilles à 3 ou 5 folioles digitées, entières ou crénelées sur les bords ; foliole médiane (15 sur 6 cm avec 10-13 paires de nervures latérales) plus grande que les latérales, elles-mêmes plus grandes que les basales (5 sur 3 cm avec 5-6 paires de nervures latérales). Cymes axillaires longuement pédonculées, pubescentes, composées de fleurs bleu pourpre tachetées de jaune. Calice pubescent ; ovaire glabre ou avec seulement quelques poils vers le sommet. Drupes de 3 cm de long sur 2,5 cm de diamètre, légèrement déprimées au sommet, avec le calice entourant la base. Elles sont glabres, noires à maturité et renferment 1 à 4 graines à l'intérieur d'un noyau scléreux ; pulpe épaisse.
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Caractères remarquables.
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Forte liane ligneuse, atteignant 8 à 10 rn, vivace par sa souche. Feuilles glabres, cordiformes, entières, jusqu'à 10 sur 8 cm, à sommet nettement pointu, avec cinq ner••ures partant de la base. Inllorcsccnecs axillaires de fleurs crème verdâtre. Grappes de baies ovoïdes de 2 cm de long environ, presque noires à maturité. Habitat.
Habitat.
Ce Cissus se rencontre dans toutes les régions du Sén(·gal, mais très sporadiquement. Il t>xiste dans la vallée du Fleuve, autour des rnan·s et boisements salu'li(•ns, dans les savant>s soudanit>nnes et les boisements préguint'(•ns de la Casama!ll'('·
Il est commun dans les savanes boisées et forêts sèches de la haute et moyenne Casamance, le Saloum et le Sénégal oriental.
Emplois.
Emplois. Les utilisations du V. madicnsis sont mineures par rapport à celles du V. doniana. .En usage Interne on trouve en basse Casamance quelques indications sous forme alimentaire contre les douleurs abdominales et les coliques (riz cuit avec le décocté de racines).
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Dans le Bounclou, les Peul et Toucouleur (•mploicnt les pr(•parutions mli!'ÎIII!(incus!'S de racin(•s comme anthelminthique, tandis qlll' h•s Soeé du Saloum trnit(•nt les uk1\rps des jambes par applieations loco dolcnti d'empl:îtres d'(·1·on·(·s de ra!'ÎIH'S pilé1•s !'1 pul· vérisécs . C. populnea n'a guère été étudié et il y a lit•u simplement de uoter la prl-s!'IH'!' d1• mucilage dans l(•s tig(•s et ks racines.
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2.- Cissus quadrangularis L. VuLGO. - Vi!1ne de Bakel. SvN.- Vitis quadrangularis (L.) Wall. ex Wight et Arn. VERN. - Wol. tiéb golo (Sébire), képunay, tépm1ay ( = ceinturr de l'éléphant), ser. mbuidal (Trochain); barn b. wuludoloko (d'après Dalziel) ; sarak. kaporé sitadé; peul, toue. induno, innu, âdméo; dio/a siral (Sébire). Caractères remarquables. Plante glabre, lianescente, vivace, atteignant 8 ou 10 m de hauteur, mais plus souvent rampante, si elle n'a pas de support, ou recouvrant entièrement les arbustes d'un enchevêtrement impénétrable de tiges charnues, qpadrangulaires, verdâtres, défeuillées en saison sèche. Les feuilles sont cordiformes, presqu'aussi longues que larges d'environ 5 à 10 cm, à limbe denté sur les bords. Fleurs en petites cymes verdâtres. Baies glabres, rouges à maturité, subglobuleuses, d'environ 12 mm de diamètre. Habitat.
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C'est une espèce surtout sahélienne qui prospère à proximité de petites dépressions argileuses. Elle est commune dans le Djolof et le Ferlo. Elle est plus rare dans les savanes soudaniennes. On la rencontre assez abondamment dans l'!le aux serpents (baie de Dakar). Emplois. Cette espèce est généralement considérée au Sénégal comme dangereuse, sinon toxique, et seS rares applications thérapeutiques sont externes. Il nous a été signalé, chez les Sar~olé de Bakel, l'emploi du décocté de tiges et feuilles en lavages et frictions dans les douleurs fébriles et le paludisme.
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Chimie.
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L'espèce indienne, utilisée dans la médecine ayurvédique, a donné lieu à des recherches récentes. Madam et :\ayar ont consacré aux tiges en 1949 une étude pharmacognosique de laquelle on peut retenir la présence dans le parenchyme cortical de raphides d'oxalate de calcium localisés dans les cellules à mucilage remarquablement grandes. L'examen de la poudre montre aussi la présence de ces éléments soit à l'intérieur des cellules parenchymateuses, soit libres (l\152). Antérieurement, Bhaskara Rama Murty et Seshadri avaient donné des résultats analytiques concernant les tiges et les feuilles : à côté des gommes et pectines, présence d'une cire jaune, d'acide tartrique et de sel de potassium ; présence également de cristaux d'oxalate de calcium; fort pourcentage de cendres, composées de carbonates de Mg, Ca et de métaux alcalins ; teneur en carotène moyenne, mais teneur en vitamine C remarquable, de 267 1'-g p. 100 g de tiges et feuilles (BSO). Udapa et Prasad ont trouvé des teneurs encore plus fortes en vitamines : 277 unités de carotène A p. 100 g et surtout 479 fl.g de vitamine C pour 100 g, avec en outre une substance stéroïdique et du calcium [U7). En 1964 Sen isole un principe stéroïdique qui est un 3-cétostéroïde insaturé en 4-5, 6-7 et possédant au moins 3 groupes chromophores, C=O, C=C avec une double liaison exocyclique et une chaine conjuguée [S64). En 1966Je même auteur sépare par chromatographie du principe stéroïdique brut deux constituants distincts dont l'analyse microchimique permet de leur donner comme formules brutes C27 H 45 0 ct C23 H 41 0. De leur côté, Das et Sanyal ont décelé la présence de résines et de stérol, mais ni alcaloïdes ni bases [D37).
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plantes, mais que par lui-même C. quadrangularis était inoffensif pour Je poisson [P7]. Pour Bhaskara Rama Murty et Seshadri, la présence des cristaux d'oxalate de calcium peut expliquer l'action irritante sur la peau des tiges fralchement coupées [B80). Das et Sanyal ont étudié la fraction dans laquelle ils avaient décelé résines et stérols et qui est la fraction soluble dans l'eau d'un extrait alcoolique de plante entière. Cette préparation montre une action comparable ù l'acétylcholine sur l'intestin isolé de lapin et du rat albinos, l'utérus de rate, in situ sur le muscle trachéal et intestinal du chien' Les réponses sur la pression sanguine du chien sont à certains égards analogues aux actions museariniques et nicotiniques de l'acétylcholine. En particulier, l'atropine ne peut pas bloquer complètement l'action cardio-dépressive
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XYRIDACÉES
Famille des régions chaudes dont les plantes croissent dans genre Xyris existe au Sénégal avec quatre espèces.
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marécages. Seul le
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1.- Xyris anceps Lam. VEn~.
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làting (!Jerhaul).
Caractères remarqua bles. Plante annuelle en toufit>s dressées, glabres, hautes de 10 à 60 cm. Feuilles plus ou moins distiques parlant toutes de la base ; limbe lim'airc, plat, obtusément acuminé,
Pharmacologie. Cissus quadrangu/aris est utilisé quelquefois en Afrique noire comme poison de pêche [KSI, mais il est presque toujours mélangé à d'autres plantes d'une toxicité certaine vis-à-vis des animaux à sang froid, comme Tephrosia vogelii et Balanites aegyptiaca. Perrot a expérimentalement montré qu'il renforçait l'activité de ces
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vert pâle, atteignant 20 cm sur 3 à 4 mm. Inflorescences en :l-4 glomérules par plante à l'extrémité de pédoncules aplatis vers le sommet, parfois un peu ailés ; glomérules sphériques ou légèremt•nt ovoïdes, d'environ 6 mm de long; bractées suborbiculaires à bords membraneux, carénées et épaissies vers le sommet. Fleurs jaunes à sépales hyalins. Capsules de 4,5 mm de long avec une valve plus large que les deux autres ; graines striées.
Plantes rhizomateuses à tige dressée, atteignant 1 rn à 1,50 rn de haut. Feuilles (20 à 30 sur 7 à 10 cm), distiques, engainantes, arrondies à la base, sessiles ou très courtement faussement pétiolées, acuminées au sommet, pubescentes ou non dessous. Belle fleur en épis situés sur un pédoncule sortant de terre, soit au niveau, soit à 10 à 20 cm du sol ; elles sont blanches à gorge jaune ou mauve. Fruits rouges, glabres ou pubescents, lisses ou rainurés. Il y a plusieurs espèces au Sénégal, notamment en Casamance dans les sous-bois, les sa,·anes boisées, les galeries. Elles n'ont pu être identifiées, les specimens étant stériles. Berhaut [B43) signale au Sénégal :
Il existe dans toutes les rizières et lieux inondables ou marécageux du Sénégal. Espèce signalée comme n'étant pas consommée par le bétail. Le rhizome serait éméto-cathartique.
A. elliolii Bak. ; (\·ern. - Diola bumay). A. sceplrum (01.) K. Schum. A. wspidalum K. Schum. A. lalifolium (Afz.) K. Sebum.
Chimie. A notre connaissance X. anceps n'a donné lieu qu'à une étude d'Augier sur les glucides [A58). L'auteur a fixé séparément trois parties du végétal:
Emplois.
A : bases des tiges et des feuilles. B : sommets des feuilles. C : sommités fleuries.
Les Aframomum sont réputés comme purgatif et ténicide. En pays lloup les racines, généralement sous forme de décocté, toujours additionné de sel, sont prescrites comme purgatif proprement dit et comme purgatif de dérivation, en particulier dans les œdèmes par carence. Dans ce dernier cas on recommande en outre des bains avec le décocté. Chez les Peul on reconnalt aux Aframomum des propriétés vermifuges: on prend des racines qui sont légèrement brûlées avant d'être coupées puis pilées et qui sont ensuite mises à macérer dans l'eau. Le filtrat, additionné.de sel, est donné en boisson. Les 1\tanding recommandent particulièrement aux femmes gravides et venant d'accoucher des lavages avec une eau dans laquelle les feuilles ont été préalablement malaxées. Ils ass1Jrent, d'autre part, que l'action de la fumée dégagée par la combustion lente des rhizomes est remarquable pour les douleurs herniaires. Les Baïnouk utilisent beaucoup plus la partie inférieure des tiges, prélevées au niveau du collet, pour des préparations qui sont considérées comme excellentes dans le traitement des rhumatismes et d{•s affections pulmonaires.
Les pouvoirs rotatoires des extraits alcooliques sont nettement différents avant et après hydrolyse, respectivement- 8 e t - 5 pour A, ~ 10 e t - 5 pour B, + 8 et 0 pour C. Les sucres réducteurs, préformés et apparus par hydrolyse, sont en pourcentages d'orgànes frais, respectivement 0,25 et 0,05. pour A ; 0,18 et 0,04 pour B ; 0,55 et 0,06 pour C. Enfin l'auteur a constaté la présence d'amidon seulerryent dans les organes A etC.
101. -
787
Caractères remarquables.
Habitat et emplois.
-
PLA:'\TES MÉDICINALES ET TOXIQUES
/
ZINGIBÉRACÉES
Chimie. Famille tropicale et subtropicale représentée au Sénégal par les genres A{ramomum, Coslus, et 1\.aemp(eria. Ce sont des herbes vivaces, rhizomateuses avec des tiges feuillées et des hampes florales souvent séparées. Les feuilles sont distiques, engainantes, avec de nombreuses nervures parallèles. Fleurs solitaires, irrégulières, avec ti pétales en deux verticilles délicatement colorés ; une étamine et des staminodes pétaloïdes ; ovaire infère multiovulé. Les Zingibérat·ées fournissent au droguier un certain nombre d'espèces parmi lesquelles il en est d'ollicinales comme le Curcuma et le Gingembre. Les rhizomes tubéreux sont riches en amidon et en essence aromatique et contiennent parfois des matières colorantes (Curwma). Les graines, plus fournies en cellules oléo-résineuses que les tubercules, sont aussi aromatiques et particulièrement riches en essence (terpènes, cinéol, phellandrène, turméronc) et en résine. Divers organes de Zingibéracées à saveur piquante et brùlante sont très utilisés pour cette raison comme stimulant et condiment: curcuma long (Curcuma lunga L.), gingembre (Zingiber officinale Roscœ), cardamone (li/el/aria cardamomum \Yhit. et :'liat.), maniguette (A.{ramumum melegudla K. Schum.). II y a lieu de signaler également qu'un féculent connu sous le nom d'Arrow-Hoot des Indes est retiré des rhizomes de divers curcumas.
1.- Aframomum spp.
Nombre d'A framomum donnent par distillation à la vapeur d'eau des huiles essentielles dans lesquelles on a caractérisé principalement caryophyllène, kayènc, ~-pinène mais aussi cinéol, géraniol, acétate de géranyle ct terpinéol. L' A{ramomum africain le plus réputé est l'A framomum mclegucla K. Sebum. croissant sur la zone littorale depuis la Guinée jusqu'au Congo. Les graines, connues sous le nom de maniguette, sont emplo~·ées local{•mer!l ct ont (•té :mcienncment exportées comme épke. On en retire 0,30 p. 100 d'un{• cssenee jaunàln· à odeur agréaùle, aromatique ainsi qu'un prindpe amer très àcre le paradol (la maniguette étant éga]('rncnt appelée graine de Paradis) voisin du gingérol*.
2. - Cos tus afer Ker. SY:-.. -- Coslus bingcroillrnsis A. Chev., Cos/us in.wlaris A. Chev., Coslus lucanusianus A. Che\·., Cos/us luh•us A. Chev., Cos/us lilloralis K. Sehum., Coslus dubius K. Sehurn., Cos/us oblilterans K. Sehum., Cos/us anunwcalux K. Schurn. \'EtDL - - Jla/. hint kuruhafira (Po/Jéguin); mand., bal. helt'gModt. ; pmi timbiyàba ; diola yumay karèg (Jirrluwl) ; dio/a For/11!1 lw may, bunwy ; buin. gugali, tigugal.
' J
\'1mx. -A/and. belèkodo, bclenkufo; mand., bal. helingùfo, balakunfo ; prul Firduu et Fouladou kufayi, bufadii ; {loup eumay, eumay é kohol ( ~ A.framomum des singes); bain. kéamumdol, tira môdol; bal. mfirin.
"' Une intèressanh• (:ln dt: historique sur la manigudtt.·
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PI-IAH.l\IACOPÉE SÉNÉGALAISE THADIT(
788
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'ELLE
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
789
Caractères remarquables.
Emplois.
Plante pouvant atteindre 2 rn, vivace, glabre, à tiges cylindriques vertes, fermes, mais gorgées d'eau. Feuilles ovales elliptiques de 15 à 20 cm sur 4 à 7 cm, distiques, engainantes, espacées le long de la tige ; limbe courtement pétiolé (2-5 mm), à base arrondie, à sommet en longue pointe acuminée, glabres ou finement pubescentes dessous avec de nombreuses nervures latérales. Gros glomérule terminal de 6 à 8 cm de long sur 4 à 5 cm de large, verdâtre, avec des bractées oYales orbiculaires de 20 à 25 cm laissant apparaître chaque jour 1 ou 2 ·neurs blanc rusé, de 2,5 à 3 cm de long.
C'est une espèce très recommandée, de la Casamance jusqu'à la Gambie, par les Manding, les Socé et les Peul. On lui reconnalt certes des propriétés purgatives, mais telles, qu'elles auraient une action très favorable sur des états morbides graves que, faute d'interprète compétent, nous n'avons pu malheureusement définir. Il s'agit de maladies caractérisées par un " ventre pourri " et il faut entendre par là, nous semblet-il, non seulement les douleurs intestinales et abdominales, mais les parasitoses, les bilharzioses anales, bref les affections, et elles sont nombreuses, qui d'après les Africains ont leur siège d'élection dans le ventre. Les traitements consistent à donner en boisson avec ou sans selle macéré de racines qui, preuve de son action, provoque rapidement des manifestations diarrhéiques.
Habitat. Existe surtout en Casamance dans les lieux humides, plus ou moins inondés et dans les grandes galeries spongieuses en permanence (Niombato-Kaolack, KoulountouSénégal oriental).
4. -
Zin~iber VuLGO. VERN. -
Emplois.
Plante rhizomateuse portant deux sortes de tiges aenennes dressées ; les unes stériles, de 1 rn à 1,50 rn de hauteur avec des feuilles linéaires-lancéolées, engainantes, de 20 sur 2 cm ; les autres, fertiles, ne dépassant pas 20 cm de hauteur et portant des sortes de bractées engainantes, sont terminées par un épi ovoïde' avec des fleurs jauneverdâtre. Fruits inconnus..
Chimie et pharmacologie.
Habitat.
Le pourcentage de liquide qu'on peut exprin1er de la tige fraîche est considérable. Odutola et Ekong l'ont/estimé à 69,7 p. lOO dans l'espèce nigériane. Ces a~1tcurs y ont déterminé la présence d'oxalate (0,4 p. lOO du jus), de composé·s furanoùles et d'une petite quantité de matières protéiques. A la concentration trouvée, l'acide oxalique est atoxique mais peut a\·oir une action sur le système nerveux central justifiant son emploi indigène an Nigeria comme antitussif [Oll]. On connaît également les propriétés hémostatiques et antiseptiques de l'acide oxalique pouvant justilier de la mèmc façon son emploi comme topique dans la pharmacopée sénégalaise.
3.- Kaempferia aethiopica Benth. Ser.
('~
Gingembre. dinjar, dinjer, jinjer.
Wol.
Caractères remarquables.
Les racines du Cos/us sont couramment utilisées en médecine populaire casamançaise contre la constipation. En usage externe, on traite les ulcères phagédéniques et les abcès par application locale d'une pâte grossière de racines ; la tige cassée en petits morceaux et froissée entre les mains donnerait de bons résultats comme abstergent et cicatrisant si elle est appliquée rapidement sur les plaies et blessures. On signale que la sève donne sur les plaies une vive sensation de brûlure.
VERN.-
officinale Roscoe
nded (Berl!aut); mand., bamb., socé
hclim kufo, bélem kufo.
Caractères remarquables. Plante de :10 à :~5 cm di' haut. viYace par si'S tuh<·rcules fasdcul(·s. oblongs fusiformes, odorants, d'environ ,-,cm de long. Tige feuillée dressée, avec feuilles basales très réduites d feuilles supérieures ohlancéolées, acuÏninées au sommet, cunécs ù la hase. de :m sur (i cm; nombreuses nervures parallèles ascendantes; ligule à bec très déYCloppé, atteignant 2 à 4 cm de long, striée nervurée, soudée à la base du li mlle; faux pétiole descendant jusqu'au sol, à gaine OUV<'rtc. Fleurs mauves apparaissant au niveau du sol avant le développement de la tige feuillée, au début
1
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Le gingemllre qui est probablement originaire des Indes· i't de la :\Ialaisic est un peu cultivé an Sénégal. On le plante dans les lieux humides 'et humifères (Casamance) à proximité des cases. Emplois. Le rhizome de Gingembre est considéré comme anti-odontalgique, stimulant et aphrodisiaque•. On en mâche fréquemment après consommation des noix de kola. C'est aussi un condiment très apprécié pour le couscous. Une préparation connue sous le nom de nox u dinJer (cau de gingembre) est couramment débitée sur les marchés en bouteilles de quarts Perrier au prix de 5 francs CFA. Elle est réalisée en exprimant dans un chillon avec de l'eau la poudre de rhizomi' et en ajoutant quantité sulllsante de sucre pour olltenir un sirop. On reconnait à CPt te boisson des propriétés rafraichissantes, euphorisantes, stimulantes ct aussi aphrodisiaques. Les mâcheurs de kola en boivent volontiers, mais elit> est servie aussi <'n abondance au cours des fêtes familiales. Chimie. Le gingembre est une drogue bkn connue qui était encore inscrite à la pharmacopée française en 194!! et flgme toujours dans plusii'urs pharmacopées. i'll Grande-Bretagne par exempk. Le rhizome rcnf<'rme 5 illO p. lOO d'i'au, 5 à 6 p. 100 de matières minéraks, 50 à 60 p. lOO d'amidon. Les prindpes actifs sont contenus dans mw huile essentielle et une résin<'.
L'huile essentielle (0,25 à 3 p. 100) est composée de dérivés terpéniqui's: phcllandrènc, zingihérène, cinéol, eitral, hornéol. La résine (5 à 8 p. 100) renferme des principes piquants phénoliques <•t cétoniques ; zingéronc (hydroxy-méthoxy-phényléthyl-méthyl cétone) qui proviendrait de la
Habitat. Il est répandu dans les savanes boisées et les fon•ts sèches du Saloum, de la Casamance et du Sénégal oriental. On le remarque surtout en juillet, au moment de la floraison, lorsque les graminées ne sont pas encore très développées dans les sous-bois.
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*On rrlalc à cc sujet qu'anciennement les femmes wolof, peul et toucouleur confectionnaif'nt. avec ces rhizomes, des ceintures <]tt't'llt•s portaient à n1êmc Ju peau, autour de la taille. pour excitt•r le st•ns génésique des hommes.
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I'IIAHMACOl'I~E SI~NI~GALAISE THAD(
~!\"ELLE
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I'I.A:-.:TI·:S l\II::IJ!t:I~AI.ES ET TOXIQUES
décomposition, lurs dt• la distillation, du ~-:ingérol, constituant principal; un autre composé non saturé, lt· shogaol, en dériverait également par déshydratation (1 P2U] 2, p. X2). Pharmacolo~le.
Doit a constaté que de fortes doses de gingérone provoquent chez le chien par voie sous-cutanée une paralysie motrice d'origine centrale, chez le lapin par voie orale dans l'alimentation, un relâchement de l'intestin et un affaiblissement des mouvements péristaltiques. L'injcetion intraveineuse produit chez le lapin une paralysie d'origine centrale, quelquefois accompagnée d'une chute de pression sanguine [D43). Planchon, dans son ouvrage de matière médicale, signale que par ingestion gastrique la drogue est peu nocive chez le lapin et provoque des vomissements chez le chien. Chez ces mêmes animaux, elle détermine par voie intrayeineuse : accélération de la respiration avec diminution de l'amplitude, accélération du pouls, élévation de la pression artérielle (H. M. Emig, 1930), phénomènes dus probablement à l'essence ([P20) p. 388). Le gingembre est surtout un condiment. Il est de plus stimulant, stomachique aromatique et carminatif sous forme de poudre, teinture, extrait lluide, alcoolat (alcoolat de Fioraventi en France). C'est aussi un rubéfiant externe et un irritant des muqueuses. ·•
Bibliographie complémentaire à consulter : Guérillot-Vinet et Guyot [G51]. Maistre [M53).
102. -
ZYGOPHYLLACÉE~
Famille tropicale et subtropicale, principalement des régions sèches. Elle est représentée au Sénégal par les genres Tribu/us, Zygophyllum, Fagonia, Silraria, Balanites*. Ce sont, toutes, des plantes sahéliennes et, seul, Balanites pénètre profondém«.>nt en région sou danienne ; . Zygophyllum occupe les sols salés littoraux ; Fagonia les sols subdésertiques de l'intérieur ; Nilraria est localisé sur les rives dans le delta du Fleuve ; Tribu/us est une mauvaise herbe banale du Sahel. Les Zygophyllacées renferment souvent des résines (Gaïac), quelquefois d«.>s composés polyphénoliques rattachés aux lignan es (Larrea), des alcaloïdes (Harmel, Tribu/us), des saponosides (Balanites).
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1 . -- Balanites aegyptiaca (L.) DeL VuLGO.- Myrobalan d'Egypte, Dattier du désert. Sn;.- Ximenia aegypliaca L., Agialida senegalensis Yan Tiegh., A gia/ida barteri Van Tiegh., Agialida tombouctensis Van Tiegh., Balanites zi=yphoides Mildbr. et Schlechtet VER:-<". - Wol. sump; ser. mode!; mal., bamb., sar. séréné, ségéné, ségiré; mand., socé sumpo ; peul golétéki, tani ; peul, toue. mutoki, murtoki, mutéki, murotoki. Caractères remarquables. Arbuste ou petit arbre de 8 à !l rn, à ft'tt droit ; extrémités des branches légèrement retombantes ; écorce foncée, profondément striée ; rameaux à longues épines robustes, droites, atteignant 8 cm de long.
• Le genre Balanites a été nouvcllen"'nt classé dans les Zygophyllacées; il figurait auparavant aux Simarouhacées.
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FIG. 4:l. - J!a/anilfS aegypliaca (L.) Del. - 1. Rameau réduit aux 2/3. - 2. Fleur x 2. --- :1 et-!. Sépale, face cxt. ct int. x 4. -- 5. Pétale x 4. - 6. Etamine x 6. ···- 7. Pistil x 6. - 8. Epines ct jeune fruit réduits aux 2/3. - 9. Fruit réduit aux 2/3 (IJ'apri·• nusson).
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l'IIAHMACOI'I~E SÉNÉGALAISE THADI-r{
Feuilles alternes, avec deux folioles subsessiles, obovales, orbiculaires, rhomboides, de 3 sur 2,5 cm pubescentes dessous puis devenant glabres, vert mat grisâtre ; pétiole de 1 cm. Fascicules ou petits racèmes supra-axillaires portant des fleurs jaune verdâtre à l'extrémité de pédicelles de 1 cm. Pétales glabres de 5 mm de long, ovaire pubescent. Drupes sphériques ou ovoïdes de 3 à 4 cm de long, légèrement anguleuses, arrondies à chaque extrémité, tomenteuses, verdâtres mat pendant la maturation, jaunes à maturité. Habitat. Il est très abondant dans tout le Sahel du Sénégal: vallée du Fleuve, Djolof, Cayor, Ferlo. Il pénètre profondément dans la région soudaniennè jusqu'en Casamance maritime où il reste alors hors des sols inondables. Emplois. Tous les organes de cet épineux, considéré à la fois comme magique et utile, figurent en bonne place dans la pharmacopée sénégalaise. · Le macéré de racines et d'écorces à action purgative est un calmant très renommé pour les coliques. Cette action est aussi reconnue en médecine vétérinaire chez les Sérer et les Peul qui recommandent, pour les coliques des chevaux,. une suspension dans l'eau des écorces pilées avec les graines. Les Sarakolé traitent les maux de ventre avec le macéré d'écorces de B. aegyptiaea, Securinega virosa et Seo paria dulcis. Le même traitement est appliqué pour combattre la stérilité, mais il est alors précédé pendant trois jours de l'absorption d'une solution de Balanites seul. D'autres traitements de la stérilité, chez les Man ding par exemple, font également appel à B. aegypJiaca associé à Zizyphus mauritiana et autres espèces bénéfiques. f • En association encore avec Maytenus senegalensis, Bauhinia ru(escens, Cocculus pendu/us, Enlada a(ricana, Sclerocarya birrea, etc. le décocté d'écorce de racinrest prescrit dans les ictères, la fièvre jaune, la syphilis. Les écorces de racine entrent aussi dans des traitements toucouleur réputés des maladies mentales et de l'épilepsie. Le simple décocté d'écorces est vermifuge, mais on l'additionne souvent des écorces de Cordyla pinnata et des racines de Lepladenia hastata. Les wolof font entrer les extrémités des feuilles et les foliolules dans des compositions stimulante;;•. Ils attribuent aussi aux racines des propri.étés antivenimeuses ; ils emploient contre les morsures de serpent la poudre malaxée avec de la salive ou des préparations plus élaborées. C'est ainsi, par exemple, qu'un guérisseur du Guet (dans le Cayor, à la limite du Baol) rencontré et questionné à l'improviste en présence d'un grand chef religieux nous montra, soigneusement attaché sous son pagne, un bel étui en cuir ouvragé renfermant une importante provision de poudre antivenimeuse. Il nous indiqua ensuite sa recette de préparation qui était la suivante : prendre un cœur de chèvre, y planter à la périphérie quatre vingt dix • dek sump » (épines de soump) et laisser reposer jusqu'à dessiccation complète; "prendre par ailleurs les écorces de racines de Secudiraca longepedunculala, Parinari macrophylla, Sclerocarya birrea et, après dessiccation, piler finement tous les ingrédients pour obtenir la poudre antivenimeuse. Celle-ci qui est très sternutatoire est diluée dans l'eau au moment du besoin. A propos des dek sump, ajoutons que le traitement antilépreux de Rom'Nam comprend également des épines, de Balanites au nombre de cent••. En usage externe, les fruits et l'huile, riches en saponosides, donnent une embrocation antirhumatismale, tandis que les feuilles, aux dires du chef de village centenaire de Thille Boubacar (préfecture de Dagana), seraient le meilleur médicament contre le • fet • des Wolof, ou « dianou » des Peul, maladie qui, d'après notre interprète, préposé du Service des Eaux et Forêts, serait le charbon. · Les tiges après sectionnement des épines constituent des frotte-dents très estimés vendus sur tous les marchés sénégalais.
• Cf. p. 103. •• Cf. pp. 94-95.
(
fNELLE
PLANTES Ml~I>ICINALES ET TOXIQUES
7\J:l
Chimie. Le B. aegyptiaca a d'abord été étudié au point de vue alimentaire et son fruit a fait l'objet de nombreuses analyses diététiques mettant en évidence sa richesse en glucides (50 p. 100 et plus) et justifiant son nom de datte du désert [C60, B9, T3, G45). Les ch.iffres de Toury concernant l'espèce sénégalaise sont éloquents à cet égard. Dans les fruits: 69,9 p. 100 de glucides totaux, mais peu de protéines (4,9) et de lipides (0,1), avec vitamine C (46 mg p. 100 g), thiamine (0,27 mg p. 100 g), niacine (1,7 p. 100 g) et riboflavine (0,07 mg p. 100 g) ; dans les graines : 20,6 p. 100 de glucides totaux, 45 p. 100 de lipides, 27 p. 100 de protides, avec un peu de thiamine, niacine et riboflavine, mais pas de vitamine C [T3]. La teneur de l'amande en lipides est remarquable et elle est couramment consommée malgré la présence d'un principe amer, la balanitine. Les tourteaux déshuilés sont riches en protides [D41, B9) qui ont été séparés en deux fractions, balan!ne et aegyptine, étudiées en particulier par Tayeau et coll. [T25, T27, T32). La graine a été étudiée par Earle et Quentin Jones (E22). Chantegrel et coll. [C60) ont obtenu à partir des amandes desséchées et avec un rendement de 48 p. 100 une huile (colorée en jaune par l' <X-carotène) qui a fait l'objet de leurs investigations. L'utilisation de l'écorce du B. argyptiaca comme poison de pêche était courante en Afrique [K30], mais la roténone y a été recherchée sans résultats par Gaudin et Vacherat [G31]. En fait l'action ichtyotoxique est due à la présence d'un saponoside. En 1939 Kon et coll. [K20) isolent des graines avec un rendement de 6,7 p. 100 un nouveau saponoside, tétraglycoside d'un génol dénommé par les auteurs nitogénine et qui futplus tard rapporté à la diosgénine C21 H, 1 0 8 de structure stéroidique. Par la suite, la diosgénine étant envisagée comme source de corticostéroïdes dans les synthèses multistades, de nombreux travaux ont mentionné sa teneur dans la drogue. En 1943 et en 1947 Marker fait état d'une teneur en diosgénine de 0,5 p. 100 et en cryptogéuine de 0,1 pour la plante sèche originaire du Sud du1 Mexique (M47) ; en 1955 Sannié signale, de même, une teneur en diosgénine de 0,5;p. 100 dans la plante sèche d'origine africaine [S73f et il y en aurait jusqu'à 1 p. :too dans l'amande du Soudan (Trop. Sei. G. B., 1961, 3, p. 132). Les feuilles et autres organes contiennent au1si des saponosides. Hardman et coll., au cours de recherches pratiquées en 1970 sur. l'espèce de Tanzanie, ont extrait de différents organes traités à J'état frais des quantités importantes de sapogénines stéroïdiques: 1 p. 100 dans les racines, 0,7 p. 100 dans les écorces de tiges et 1,2 p. 100 dans les fruits mtlrs. , Les analyses physico-chimiques montrent qu'il s'agit d'un mélange de deux sapogénines isomères : la diosgénine, 25 <X-épimère, représentant 1/3 du totum et la yamogénine, 25 ~-épimère qui est la sapogénine majeure représentant les 2/3 du totum (Hlll, S212). En 1971, Hardman et Sofowora, avec l'épicarpe et le mésocarpe de fruit mOr de l'espèce nigériane, obtiennent par hydrolyse acide un rendement en sapogénines . (diosgénine + yamogénine) de 0,98 p. 100, exprimé en poids sec. Ils ont réussi, de plus, à améliorer le rendement jusqu'à 1,56 p. 100 en pratiquant, avant l'hydrolyse, une incubation enzymatique de 3 à 5 jours du matériel. Les pourcentages d'augmentation de rendement en fonction des systèmes enzymatiques mis en œuvre sont les suivants : endogène 44 p. 100, endogène avec cellulase 55, pectinasef cellulase (1/1) 59, cellulase 59, pectinasé-47, émulsine 40, takadiastase 35 [H119)*. Les mêmes auteurs ont aussi étudié, à !'occasion de ces travaux, la biosynthèse de la diosgénine dans les graines en voie de germination [H120).
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Pharmacolo~ie.
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ORGANES.
L'action toxique de la drogue a été étudiée expérimentalement par Gaudin et Vacherat sur le Carassus auranlius et le cobaye : avec un digesté à 2 p. 100, les poissons meurent en trois.heures et demie, mais sont déjà engourdis au bout d'une demi-heure • Ils ont d'autre part proposé un procédé d'extraction industriel donnant, à partir des fruits mt1rs, avec un rendement de 0,39 p. 100 (poids sec), une sapogénine cristallisée commerciale [H123]. .
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794
PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE
THADITI~.-INELLE
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Emplois. Le Gaïac n'est guère utilisé dans la pharmacopée ni même en médecine populaire. Pourtant le décocté de tiges et d'écorces nous a été signalé une fois comme bon diurétique par un cultivateur des environs de Dakar.
et viennent flotter à la surface. A une concentration de 1 p. 100, après 12 h, sur cinq poissons en expérience, trois sont morts, deux restent vivants dont un sur le flanc. Par contre sur le cobaye et à la dose de 5 g par kilo d'animal, la plante n'est pas toxique [G31]. Il s'agit donc bien là d'une action ichtyotoxique justifiant son utilisation africaine comme anthelmintique. Archibald, de son côté, a constaté que les fruits, amandes, écorces, racines, branches étaient mortels pour les mollusques, miracidies, cercaires, poissons et tétards. Une émulsion aqueuse de 35 fruits mO.rs (pesant chacun 5-6 g) dans.20 1 d'eau, constitue au bout de 36 h, quand la pulpe s'est séparée du fruit, une prépaçation (et donc une dose) suffisante pour détruire en 12 h, dans 1 rn• d'eau, des mollusques, planorbes, bullins, hôtes in~ermédiaires progageant la bilharziose. ,Aussi a-t-il recommandé la plantation de Balanites le long des rivières infestées pour-éviter la propagation de la bilharziose [A4 7]. Les écorces, les tiges, les racines, les fruits et les graines ont été testés au point de vue pouvoir insecticide par Heal et Rogers avec des résultats intéressants [H57]. Spencer et coll. ont constaté une légère action antipaludique des extraits chloroformiques de racines dans la malaria expérimentale des oiseaux [S95].
Chimie. On distinguait autrefois classiquement le bois, l'écorce, la résine et l'essence. Le bois est riche en saponosides (gaïacosaponine donnant par hydrolyse l'acide oléanolique) et en résine, avec en outre gomme et essence. La résine (20 à 25 p. 100) exsude lorsqu'on expose à la chaleur des huches perforées mais on peut l'obtenir aussi par ébullition des copeaux de bois dans l'eau salée ou par extraction à l'alcool. EUe fournit par distillation sèche le gaïacol C7H 8 0,. Sa composition est complexe et mal connue ; elle est surtout ~onstituée par des résinols : 70 p. 100 d'acide gaïaconique, et des lignanes dont le principal est l'acide gaïarétique C,0 H,.o, (environ 10 p. 100). La teinture de résine de Gaïac, inscrite à la pharmacopée française, est un anti-oxydant utilisé comme réactif de choix pour la recherche des oxydases ([P29] 2, p ..292). Par distillation à la vapeur d'eau du bois de gaïac, on obtient une huile essentielle (5 à 7 p. 100) de composition mal connue, particulièrement en ce qui concerne les principes odoriférants. On a indiqué la présence de gaïol et de bulnésol. Ce sont tous deux des alcools sesquiterpéniques bicycliques isomères de formule C,.H,,O. Les proportions d'alcools dans l'huile sont importantes. Exprimées en gaïol, on en a signalé 42 à 72 p. 100 et même 62 à 82 p. 100 dans des bois du Paraguay et du Brésil ([B14]1, p. 709).
2° SAPONOSIDE. Kon et coll. ont montré que le saponoside qu'ils avaient extrait du Balanites est un agent hémolytique actif. La toxicité pour les têtards est comparable à celle de la digitonine, mais la mort survient moins rapidement. Les concentrations à 10-• de sapo- • noside provoquent la mort en 4 h et demi (en 2 h avec la digitonine). Pour une concentration de 10-•, le temps est d'environ 135 minutes (17 minutes pour la tigogénine). A une concentration de!o-• les têtards survivent plus de 24 h [K20]. L'action digitalique a été vérifiée par les mêmes auteurs. Chez la grenouille par voie 1 sous-cutanée une dose de 1 mg ne produit pas d'effet apparent; le saponoside à la :· dilution de 10-• arrête le cœur isolé, ce qui correspond pour les deux cas à ~0 et 200 fois 1 la concentration des différents hétérosides digitaliques produisant les m~mes actions. On peut donc conclure à des propriétés digitaliques, mais si faibles qu'elles sont négligeables [K20]. Toutefois, un cas d'intoxication non mortel chez des enfants, mais avec troubles cardiaques, nous a été signalé à Dakar en 1967 par notre collègue le professeur Dan. Rappelons, pour terminer, que les sapogénines stéroïdiques, et en particulier la diosgénine, servent de matière première pour la production industrielle, par synthèse multistades, des différents corticostéroïdes, au premier rang desquels se situent les hormones sexuelles dont la demande est considérable. En ce qui concerne la diosgénine les besoins pour l'industrie des stéroïdes seraient, selon les estimations de Hardman, de l'ordre de 1 000 t pour 1973.
Pharmacolo~ie.
Le bois de gaïac, présent~·· sous forme de copeaux, jouissait anciennement d'une bonne réputation d'antigoutteux, d'antisyphilitique et était inscrit à la pharmacopée française de 1884. Les préparations en infusions et en teintures sont diaphorétiques et . diurétiques en provoquant une augmentation de l'élimination des chlorures et de 1' acide urique. Dodel et coll. se sont livrés à l'étude pharmacodynamique de la saponine du gaïac et ont constaté sa toxicité chez le lapin qui meurt en 24 h après une injection intrapéritonéale de 60 mg. L'action sur la grenouille révèle une inhibition du muscle strié des gastrocnémiens. mais moins accusée qu'avec la saponine de la saponaire. Sur le cœur d'Helix promatia elle n'agit qu'à une concentration de 10/10000 et produit une chute de tonus. Sur l'intestin isolé de lapin, les effets sont inconstants ; néanmoins, l'action habituelle à partir de la dilution 1.5/10000 est une chute de tonus, non modifiée d'ailleurs par l'addition successive de concentrations beaucoup plus fortes de saponine pouvant aller jusqu'à 1/2000 [D·l5]. Marceron et coll. ont expérimenté avec sucei.•s la saponine du gaïac dans certaines formes d'arthritisme par voie orale, intramusculaire et intraveineuse [l\148]. · Les préparations de gaïac doivent être administrées per os avec précautions car elles sont irritantes pour la muqueuse gastrique. Par voie externe on peut les utiliser comme révulsif ([B14] 1, 710).
2.- Guaiacum officinale L. VuLGO.
195
PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES
-Gaïac.
Caractères remarquables. Arbuste ou petit arbre glabre, bas-branchu à nombreuses branches jaunâtres dressées, un peu évasées, légèrement renflées aux nœuds. Feuilles persistantes, opposées, pétiolées, paripennées avec généralement 3 paires de folioles arrondies au sommet, cunéiformes ou arrondies à la base qui est légèrement asymétrique ; limbe de 4 cm sur 2,5 cm ; pétiole canaliculé un peu ailé. Fascicules de fleurs bleues de 2 à 2,5 cm de diamètre à l'extrémité d'un pédoncule de 2 cm; calice à 5 pétales suborbiculaires mucronés au sommet; androcée à 8-10 étamines libres; ovaire légèrement bilobé avec 2 styles s'enroulant en hélice. Capsules orangées à maturité, aplaties, presque circulaires, de 15 mm de longueur sur autant de largeur et 9 mm d'épaisseur, bilobées, s'ouvrant en laissant s'échapper deux graines entourées d'une pulpe rouge vif, brillanté.
3.- Tribulus terrestris L. Croix de Malte. Wol. séber buki, hom hom bugor (Bcrhaut), dag, dag u tubab ; ser. nob (d'après Dalziel), bondob (Berhaut); bamb. musso koroniùi (Berhaut); peul tupé.
VuLGO. VER~. -
Caractères remarquables. Plante annuelle d'environ 30 cm de hauteur, hirsute, à tiges diffuses étalées sur le sol puis redressées aux extrémités. Feuilles opposées, composées pennées, de 2,5 cm de longueur avec 5 à 7 paires de folioles oblongues, elliptiques plus ou moins asymétri ques de 8 mm de longueur en moyenne ; pétiol~ de 8 mm.
Habitat. Originaire d'Amérique tropicale, il est planté dans les jardins de Dakar et des enYirons comme espèce ornementale. Sa croissance est lente.
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796
PIIAHMACOPI~E SI~NJ~GAI.A !SI·:
THAIH'rr(
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/ELLE
PLANTES Mf·:J>ICII\i,\J.ES ET TOXIQUES
7()7
Fleurs jaunes, solitain~s, uxilluirt•s, dt• li ù 1-: 111111 de tlia111t'-l re, p<'nlamcn·s aV l'(' 1Oétamines; pédicelles et sépales poilus. Fruits à;, t'UfJH'IIt•s luht•n·ult•s avt•e 2 épi11es rigides divergentes, légèrement arquées. Habitat.
C't>st une espèce surtout sahélienne, très abondante dans les s<>ls légers tlu Cayor, du Bau! ct du Djolof. Emplois. Les préparations à base de divers organes de 1'. terrestris, et plus particulièrement de fruits, sont cons,idérées par les guérisseurs comme étant dotées d'excellentes propriétés diurétiques, stimulantes, aphrodisiaques, mais doivent être prescrites avec précautions. Aussi utilise-t-on généralement la plante en, usage externe pour les douleurs intercostales et les rhumatismes (fruits et feuilles en frictions). Chimie. Les feuilles sèches de l'espèce ivoirienne renferment en g p. 100 g: 22,9 de cellulose, .2 d'extrait éthéré, 29,4 de glucides, 45,6 d'insoluble formique, 19,1 de protides, 2,6 de matières minérales. ~es teneurs en amino-acides ont été également précisées [B9]. Chopra a décelé dans les fruits de l'espèce indienne des traces d'alcaloïde (0,001 p. 100), une huile fixe (3,5 p. 100) principalement formée par des acides insaturés, une. huile essentielle en très petite quantité, des résines et des nitrates en assez forte proportion (C11]. De son côté Ghatak a signalé la présence dans le fruit sec de 5 p. 100 d'une huile semi-siccative dans laquelle se séparent au repos l'acide béhénique, une peroxydase, une diastase. des traces d'hétérosides, de protéines, de résine et une forte .proportion de matières inorganiques. L'huile est formée par les glycérides des acides 1 :linoléique (57 p. 100), oléique, palmitique et stéarique (G47]. t Enslin et Wells ont isolé de l'espèce sud-africaine 0,5 à 2 g p. lOO g (exprimés en poids sec) de saponines brutes à partir desquelles ils ont séparé la diosgénine et la ruscogénine [E17]. De Kock a isolé en outre la gitagénine et une diosgénine déhydratée (K31]. Dans l't>spè<'e de Géorgie (UHSS), Kachukkasvili a obtl'nula diosgénine avec un rendement d'environ 0,2 p. 100 [K19]. D'autres saponosides stéroïdiques ont encore été isolés et identifiés. Ce sont : la tigogénine (W25]la désoxydiosgénine (dans l'espèce bulgare) à côté de la diosgénine (T69], la chlorogénine (dans les parties aériennes de l'espèce roumaine) à côté dë la diosgénine et de la gitogénine [G99]. . Borkowski et coll. ont extrait des parties aériennes un complexe alcaloïdique (0,67 p. 100 g) formé de cinq substances non identifiées. Ils y ont en outre décelé. de l'harmanc. Dans les graines ils ont identifié de l'harmitw [B181]. Pharmacolo~ie.
.\l..'l;.,.';!~
FIG. 44. - Tribu/us terres/ris L. - 1. Aspect général, réduit aux 213. - 2 ct 3. Folioles, faces inf. et su p. x 6. - 4. Fleur x 8. - 5. Pistil x 8. --- 6. Poil du pistil x 8. - 7. Fruit, face supérieure x 2. - 8 et 9. Deux parties d'un fruit. -(D'après Busson).
En Afrique du Sud, 1'. terrrstris a été rendu, puis reconnu responsable d'accidents survenant chez les moutons. Ceux-ci, après consommation de la plante, se trouvent dans un état particulier appelé " geeldikkop " en afrikander, c'est-à-dire « grosse tète jaune "• caractérisé, au principal, par un œdème et un gonflement de la tête avec photosensibilisation. Les animaux atteints de ceUe maladie sont déprimés, les oreilles sont pendantes et les muqueuses du museau deviennent noirâtres, sèches, fendillées. Si l'animal reste exposé au soleil la peau présente des lésions tandis que le blanc de l'œil devient de plus en plus jaune. L'animal refuse de s'alimenter et la mort peut survenir en quelques jours dans les cas les plus sévères. A l'autopsie on constate toujours une hypertrophie du foie et un ictère. Il ne s'agit pas pour autant d'un ictère infectieux, la maladie ne pouvant pas être propagée par inoculation aux animaux sains (W:{, B126]*. De nombreuses études réalisées à ce sujet en Afrique du Sud par Quin, Himington, Henrici, etc., sont relatées par \Vatt ([W2] pp. 1067-1075). Le geeldikkop est provoqué par l'accumulation dans le sang périphérique circulant
• Cf. supra, Lanf ana camara, pp.
'776~ 777.
798
PHARMACOPÉE
SÉNÉGALAIS~.
d'un pigment fluore~eent, la phylloérythrine, produit à partir de la chlorophylle au cours de la digestion bactérienne dans la panse du mouton. Expérimentalement, l'injection intraveineuse au mouton de 40 mg de phylloérythrine provoque la photosensibilisation avec comme terme. final gonflement de la tête et des oreilles. Des effets identiques sont constatés avec la phylloérythrine isolée de la bile et avec celle obtenue par voie chimique à partir de la chlorophylle. Par ailleurs les animaux privés de nourriture chlorophyllienne ne deviennent pas photosensibles ; leur bile, leur sérum et leurs fèces ne renferment pas de phylloérythrine. Comme ce pigment n'existe pas dans la plante il se formerait, selon certains auteurs, par dégradation de la chlorophylle (suppression de Mg, détachement du phytol, du méthanol, du groupe carboxyle) sous l'action de symbiotes. Tapson, en 1956, a montré que si on introduit dans la nourriture du mouton les saponosides du Tribu lus dégradés enzymatiquement, seuls les saponosides ayant un groupe ester produisent des troubles hépatiques. Cette question n'est pas encore réglée. La reproduction expérimentale de l'affection, selon les régions, les conditions climatiques et différents autres facteurs ne peut pas toujours être réalisée, même avec des échantHlons importés des lieux ou sévit le geeldikkop. Au Kenya et au Transvaal, la plante n'est pas toxique et il semble par conséquent que l'affection soit limitée à l'Afrique du Sud (W2]. · Un autre type d'intoxication peut suivre l'ingestion des jus frais et des extraits aqueux de la plante sèche. II s'agit d'une asphyxie aiguë provoquée par une méthéc globinémie intense, indépendante du geeldikkop puisqu'elle se manifeste sans ictère, ni photosensibilisation. On estime que les nitrates ingérés, particulièrement abondants dans le végétal, seraient réduits par les enzymes en nitrites, lesquels transformant rapidement l'hémoglobine en méthémoglobine, provoqueraient l'asphyxie de l'animal atteint [W2]. Webb signale que dans la Nouvelle-Galles du Sud la plante a été tenue pour responsable de cas mortels d'intoxication de bétail avec les symptômes de l'empoisonnement par HCN, mais llCN n'a pas été décelé [W4J. Les sapogéni,les extraites du T. terrestris produisent un effet de paralysie sur le duodénum isolé de lapin ; la ruscogénine en particulier est active à la faible concentration de 1/23 000. A partir de la saponine brute de T. terreslris, on péut obtenir 1 p. 100 d'une saponine pure blanche soluble dans l'eau et inactive sur l'intestin de lapin, même à la concentration de 1/500. Or l'élatérase, enzyme extrait de certaines Cucurbitacées• peut hydrolyser cette saponine purifiée en donnant un produit également blanc capable de paralyser le duodénum isolé de lapin ([W2] p. 1075). Des recherches dans cette voie, comme celles de Rapson citées ci-dessus, pourront peut-être élucider le problème du « geeldikkop "· Les propriétés diurétiques de la drogue sont reconnues et attribuées à la forte proportion de nitrates dans les différents organes et aussi d'après Chopra [Cll] à l'huile essentielle des graines. Kamari et Iyer attribuent cet effet à la forte teneur en chlorure de potassium. Leur expérimentation a porté sur des rats albinos chez lesquels ont été calculées l'excrétion urinaire et l'action diurétique. La diurèse est nette avec les extraits alcooliques. Elle l'est aussi avec les décoctés et extraits aqueux de cendres qui tous deux en solution isotonique ont une action diurétique comparable à celle du clùorure de potassium [K32]. Singh et Sisodia ont étudié chez les chiens l'effet des extraits de fruits sur les clearances rénales des chlorures et de la créatinine. L'extrait aqueux donne des résultats non significatifs, mais l'extrait éthéré administré par voie intraveineuse aux chiens anesthésiés détermine un effet diurétique caractérisé par une augmentation de la filtration glomérulaire sans inhibition de la réabsorption tubulaire des chlorures [S206]. Les extraits de plante entière et de graines agissent sur l'iléon de cobaye. Chez la souris ils agissent sur la pression sanguine et la dose maximum tolérée chez cet animal par voie intrapéritonéale est de 100 mg/kg [D86].
• Cf. Généralités sur les Cucurbitacées, p. :lï2.
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RADITIONNELLE
1 f
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f
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c
A Albizia lebbeck Khaya senegalensis Sterculia tragacantha Allium sativum Cyperus esculentus Terminalia catappa Amaranthus spinosus Anacardium occidentale Anno na senegalensis Chenopodium ambrosioides Araehis hypogaea Butyrospermum paradoxum Daniellia ogea Parkia biglobosa Parkia biglobosa Artocarpus communis Pentaclethra macrophylla CaliJtropis procera Adansonia digitata Salvadora pers ica Anthocleista nobilis; Anthocleista procera Erythrina senegalensis Oncoba spiiwsa ArgemOne mexicana Asparagus pauli-guilelmi ; Asparagus africanus Asparagus africanus Solanum aethiopicum Persea americana
!~~:::: : ~~~~e. : : : : : : /: : : : : : : : : : : : : : : : :
Arbre à semelles ..................... . Arbre à soie du Sénégal ............... . Arbre àux calebasses .................. . Arbre brosse à dents ................... . Arbre chou ........................... . Arbre corail ......................... . Arbre tabatière ...... _............... . Argemone mexicaine .................. . Asparagus .......................... .. Asperge d'Afrique ............... , ..... . Aubergine indigène .................... . Avocatier ........................... .
885
Cacahuète ........................... . A rachis hypogaea Cachimantier ........................ . Annona muricata ~· Annona reticulata Café nègre .............. _............ . Cassia occidentalis Caïlcédrat ........................... . Khaya senegalensis Cajou à pommes ..................... . Anacardium occidentale Cajou ou noix de cajou ................ . Anacardium occidentale Calebasse . . . . . . . . . . . . . . . ........... . Lagenaria siceraria Câprier d'Afrique ..... : ............... . Cap paris tomentosa Caroubier africain .................... . Parkia biglobosa Casse fétide .......................... . Cassia tora Centaurée du Sénégal ................. . Centaurea senegalensis Cerisier du Cayor ................. , ... . Aphania senegalensis Chanvre d'Atrique .................... . Sansevieria senegambica Chanvre indien ....................... . Cannabis saliva var. indica Chillie ...................... _........ . Capsicum frutescens Citron de mer ........................ . X imenia americana Citron. vert .......................... . Citrus aurantifolia Citronnelle .......................... . Cymbopogon citratus Citronnier ................... , ....... . Citrus aurantifolia Citrouille ............................ . Cucurbita pepo Clématite hérissée .................... . Clematis hirsuta Cocotier ... _......................... . Cocos nucifera Cœurdebœuf ...................... .. Anno na reticulata Colatier ............................. . Cola nitida Coloquinte .......................... . Colocynthis vulgaris Concombre africain ................... . Momordica charantia Copalier, Copalier d'Afrique Occidentale, Copalier de Guinée ................... . Guibourtia copallifera Corète potagère ...................... . Corchorus olitorius Corossolier épineux .................... . Annona muriyata Coros5olier sauvage .................... . Annona reticulata Cotonnier ........................... . Gossypium sjlp. Cougourde ........................... . Lagenaria siceraria Courge .............................. . Cucurbita maxima ; Lagenaria siceraria Courge citrouille ..................... . Cucurbita pepo Courge potiron .......... , ............ . Cucurbita maxima Courge torchon ...................... . Luffa aegyptiaca Cram-Cram .......................... . Cenchrus bif!Orus Croix de Malte ........................ . Tribu/us terrestris
INDEX DES NOMS VULGAIRES
Acacia langue de femme ............... . Acajou du Sénégal .................... . Adragante africain .................... . Ail ................................. . Amande de terre ..................... . Amandier ........................... . Amaranthe épineuse ................... . Anacardier .......................... . Annone .............................. . Ansérine ............................ . Arachide ............................ . Arbre à beurre ........................ . Arbre à encens ....................... . Arbre à farine ...... .1. ..•.•.. ·........ .
INDEX DES NOMS VULGAIRES
1
D ~
Dartrier .......... _ .................. Dattier du désert ..... _.......... ' .... Dattier nain du Sénégal ............... Dolique .................. , .......... Doum ..............................
. . . . .
Cassia alata Balanites aegyptiaca Phoenix reclinata V igna unguiculata Hyphaene thebaica
B E Badamier ........................... . Badamier du Sénégal ......... _....... . Bakis ............................... . Bambou ............................ . Baobab ............................. . Baobab des chacals ......... ·........... . Basilic ............................... . Bdellium d'Afrique ................... . Bègnfala ...................... : ..... . Ben ailé ............................. . Bitter kola .......................... . Bois noir ............................. . Bois rouge ........................... . Bonduc ............................. . Bougainvillée ......................... . Boule de feu .......................... . Bouleau d'Afrique .................... . Bourgou ............................ . Bouton violet ........................ .
.~....;.····t; __
Terminalia catappa Terminalia macroptera
Tinospora bakis Oxytenanthera abyssinica Adansonia digitata Adenium obesum Ocimum basilicum Commiphora africana Cymbopogon giganteus Moringa oleifera Garcinia kola Albizia lebbeck Erythrophleum guineense Caesalpinia bonduc Bougainçillea glabra Haemanthus multiflorus Anogeissus leiocarpus Echinochloa stagnina Vernonia cinerea
1
Ebénier de l'Ouest africain ............. . Ebénier du Sénégal .................... . Echalotte ........................... . Epinard piquant ..................... . Eponge végétale ..................... . Erythrine du Sénégal ................. . Etoile de Noël ....................... . Eucalyptus .......................... . Euphorbe candélabre ................. . Euphorbe flamboyante ................ .
Diospyros mespiliformis Dalbergia me/anoxylon Allium aescalonicum Amaranthus spinosus Luffa aegyptiaca Erythrina senegalensis Euphorbia pulcherrima Eucalyptus spp. Euphorbia paganorum Euphorbia pulcherrinia F
Faux Faux Faux Faux Faux ,··..;,.
1 ::
,,
baobab ........................ . kapokier ........................ . kinkéliba .....................••• kolatier ........................ . palétuvier ...................... .
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Adenium obe.mm Ceiba pentandra Cassia occidentalis Garcinia kola Avicennia africana
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·li~H;.:,.
886
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PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TRADITI( .'!ELLE
L
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Gaiacum officinale Parkinsonia aculeata Zingiber officinale Cucurbita pepo Hibiscus esculentus Acacia sene gal Acacia sene gal Sterculia setigera Acacia nilotica var. tomentosa Sterculia tragacantha Acacia nilotiva var. tomentosa Lagenaria siceraria Lagenaria siceraria Lagenaria siceraria Psidium guaja<>a Annona muricata Nicotiana tabacum Punica granatum Sorghum spp. 1 J atropha curcas Capsicum annuum Tapinanthus ssp.
•· • • • • • • • •
M
s::~fJ~~< :::::::·::::::;: ::·: ::: :::: Maniguette ..........................• Manioc rouge ......... , .............. . Mankone ............................ . Margose ............................. .
V igna unguiculata Lawsonia inermis Eclipta prostrata Sansevieria senegambica Ageratum conyzoides 1 mperata cylindrica Rhynchospora corymbosa Cassia occidentalis Leersia hexandra Holarrhena floribunda
Massette ............................ . Mbcp ............................... . Mboul .............................. . Melon d'eau ......................... . Micocoulier africain ................... . Millet digitaire ....................... . Mils ...... ,............. -····· ··· --· ··· Mils à chandelles ..................... . Mils penicillaires ..................... . Mimosa clochette ..................... . Mimosa épineux ................. . Mimosa pourpre ........... . Mombin ....................... . Mûrier ........................... . Myrrhe africaine ................. . Myrobalan d'Egypte .............. .
~
'
1
Dioscorea alata Dioscorea praehensilis Dioscorea cayennensis 1 ndigofera ar recta
Igname blanc ........................ . Igname de brousse ................... - . Igname de Guinée ............... , .... . Indigotier ............................ . Ipomée du Caire ..................... .
1 pomoea ca ir ica
Pennisetum spp.
Pertnisetum spp. Dichrostachys glomcrata Aca.cia seyal Parkia biglobosa Spondias nwm.bin Morus mesozygia Com.tniphora africana llalanites aegyptinca N
J
Symphaea lotus Parkia biglobosa Parkia biglobosa Guiera senegalcnsis
Nt··uuphar ................... . Nùr·(~ .......................... . Nl!té ................... .
Canavalia ensifor~nis A brus precatorius Zizyphus mauritiana Zizyphus mucronata
Jack bean ........................... . J équirity ............................ . Jujubier ............................ . Jujubier de la hyène ................... . Jute ................................ .
Trichilia roka Zea mays Mangifera indica llf angifera indica Al ani/tot escùlenta Aframomum melegueta Euphorbia pùlcherrima Erythrophleum guineense Azadirachta i-ndica; ,lfomordica balsamina, Momordica charantia Typha australis Sterculia setigera Cellis integrifolia Colocynthis cit.ru/lus Celtis integrifolia Digitaria exilis Penn isetum spp.
Mafauraire .......................... . Maïs ................................ .
H
Haricot indigène ................... - - Henné ................ ; ............ -.·Herbe à J'encre .... , .............. - - - - Herbe à perruque .............. - - - . - - Herbe aux sorciers ............... - - - - - - Herbe baïonnette ................... - - · Herbe à couteau ............ ·..... - -- - Herbe puante .................. - - - - - - Herbe rasoir ......................... Holarrhène ......................... --
Thel'etia neriifolia Nerium oleander Cymbopogon citratus Landolphia heudelotii Tetracera alnifolia Landolphia heudelotii A brus precatorius· Saba senegalensis var. senegalensis Luffa acutangula Azadirachta indit:a Mefia azedarach Melia azedarach Lonchocarpus sericeus Citrus auranti{olia Citrus aurantifolia Crinum pauciflorum Gloriosa sùnplex ; Gloriosa super ba 1pomoea pe5-caprae
Laurier jaune des Indes ............... . Laurier rose ......................... . Lemon grass ......................... . L!ane ~ caoutchou<; du Sénégal. ......... . Lmne a eau .......................... . Liane gohine ......................... . Liane reglisse ....................... ·.. . Liane saba .. : ....................... . Liane torchon ........................ . Lilas des Indes .............. ·......... . Lilas de Perse ........................ . Lilas du Japon ....................... . Lilas du Sénégal ...................... . Lime ............................... . Limettier acide ....................... . Lis de brousse ....................... . Lis grimpant ........................ . Liseron pied de chèvre ................ .
G
Gaïac ............................... . Genêt épineux ....................... . Gingembre .......................... . Giraumon ............................. . Gombo ............................ -. Gommier ............................ . Gommier blanc .................. - - - - Gommier mbep ...................... . Gommier rouge ................. - . - - - · Gommier tragacanthe ................ -Gonakié ............................. . Gourde de pélerins ................... - . Gourde massue ..................... - - . Gourde trompette .................. - - Goyavier ....................•........ Grand corossolier ................. ·... - Grand tabac ......................... . Grenadier ............ _- .............. . Gros mil . : ......................... -Gros pignon d'Inde.................... Gros piment .................. Guis africains ...................... - - -
Pterocarpus erinaceus Combretum micranthum Cola nitida
Kiuo de Gambie ...................... . Kinkéliba ........................... . Kolatier ............................ .
Cana<>alia ensiformis Opuntia tuna Ficus exasperata Casuarina equisetifolia Delonix re gia Passiflora foetida Digitaria exilis Plumeria acutifolia Ceiba pentandra
Fêve jack ...........•................ Figuier de Barbarie ................... . Figuier papier de verre ................ . Filao ............................... . Flamboyant .......................... . Fleur de la passion fétide ............... . Fonio ............................... . Frangipanier ......................... . Fromager ................. ; ......... .
~r.;·l:é
:::::::::::::::::::::
Vigna unguicrtlata Azadirarhta. indien
Nir11 ..................... .
Corchorus olitoriu.'J
0
K Kapokier à fleurs blanches ............. . Kapokier à fleurs rouges ............... . Karité ............................ ---'••<":' .... \.
~··
887
INDEX DES NOMS VULGAIRES
Oignon ............................. . Orgueil des Indes .......•..............
Ceiba pentandra lJombax costatum Butyrospermum paradoxum ........ ·.. ~.-..,,,.,.,~-.
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Allium cepa M elia azedarach
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888
PHARMACOPÉE SÉNÉGALAISE TH'\'
"IûNNELLE
Strychnos spinosa Il ibiscus sabdariffa
Oranger de brousse ................... . Oseille de Guinée ..................... . p
Adansonia digitata Avicennia africana Rhizophora racemasa Elaeis guineensis Ilyphaene thebaica Carica pa paya Ficus exasperata Capsicum ann.uum Parkinsonia aculeata Passiflora foetida Colocynthis .citru.llus 1porrwea bf!tatas Nauclea latifolia Catharanthus roseus Garcinia kola Digitaria exilis Pennisetwn spp. Capsicum frutescens JVicotiana rustica Asparagus pau.li·guilelmi Capsicum frutescens Piment ......................... · · · · · Capsicum annuum; C. frutescens Piment de Cayenne ................... . Capsicum frutescens Piment des jardins ................... . Capsicum annuum Piment d{)UX ........................ . Capsicum annuum Piment enragé ......· ................. . Capsicu.m frutescens Pistache de terre .................... .. A rachis hypogaea Platane du Sénégal ................... . Sterculia setigera Poil à gratter ........................ ·/ Mucuna pruriens var. pruriens J:loireau . ............................. ·:· A Ilium porum Poirier du Cayor ..................... f Cordyla pinnata Pois arachide ........................ . V oandzeia subterranea Pois bambara ........................ . V oandzeia subterranea Pois sabre ........................... . Ca.nacalia ensiformis Poivrier ............................. . Piper guineense Poivrier des Ashantis ................. . Piper guineense Poivrier d'Ethiopie .................... . Xylopia aethiopica Poivrier de Guinée .................... . Piper guirœense ; Xylopia aethiopica Poivrier du Kissi ...................... . Piper guineense Poivrier nègre ....................... . Xylopia aethiopica Poivrier de Sédhiou ................... . Xylopia aethiopica; Xylopia parviflora Pomme cannelle du Sénégal ............ . Anno na senegalensis Pomme de sodome ................... . Calotropis procera Pomme raquette ..................... . Opuntia tuna Pommier cajou ....................... . Anacardium occidentale Pommier du Cayor ................... . Parinari macrophylla Potiron ............................. . Cucurbita maxima Pourpier ............................ . Portulaca oleracea Sesuvium portulacastrum \ourpi~r maritime .................... . 1 rQS{)pls ............................ . Prosopis chilensis Prune de mer . ........................ . Ximenia americana Prune icaque ........................ . Spondias mombin .: Chrysobalanus orbicularis Prune mombin ....................... . Spondias mombin Prune noire .......................... . V itex doniana Purghèrc ............................ . J atropha curcas
Pain de singe ........................ . Palétuvier blanc ..................... .. Palétuvier rouge ..................... . Palmier à huile ....................... . Palmier d{)um ....................... . Papayer ............................. . Papier de verre ...................... . Paprika .....................•........ Parkinsonia ......................... . Passiflore fétide ....................... . Pastéque ............................ . Patate douce ........................ . Pêcher africain ....................... . Pervenche de Madagascar ............ . Petit kola ........................... . Petit mil. ............................ . Petits mils .......................... . Petit piment .. : ...................... . Petit t'! bac ........................... .
~lfi~it h:~~~.
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Q Quinquina du Sénégal . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Khaya senegalensis R
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Raphia sudanica Ricin us communis
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INDEX DES NOMS VULGAIRES
Ronier .............................. . Rose de Chine ....................... . Hoseau ............................. . Hoseau de la passion .................. . Hotin ....................... .
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Borassus aethiopum Hibiscus rosa sinensis Typha australis ; Phragmites vulgaris Typha australis Calamus deerratus
s Sangol ....................... . Cocculus pendu/us Sansevière ........................... . Sansevieria senegambica Santal du Sénégal .................... . Pterocarpus erinaceus San tan .............................. . Daniellia oliveri Saucissonnier ......................... . K igelia afriéana Saule ................................ . Salix coluteoides Scille ............................... . Sei/la picta Scille indienne ....................... . Urginea indica • Séné du Sénégal ...................... . Cassia i.talica Sensitive du Sénégal ................... . Mirrwsa pigra Sesamier ................... , ......... . Sesamum indicum Sindian ....................... . Cassia sieberian-a Sisal ............................... .. Agave sisalana Sorgho ....................... . Sorghum spp. Souchet articulé ...................... . Cyperus articulatus Souchet comestible ................... . Cyperus esculentus Souchet odorant ..................... . Cyperus articulatus Stramoine ........................... . Datura stramonium
T Tabac .............................. . Tabac femelle ...................... ·.. . Tali/ ....... .' ........................ . Tamarinier ..................... : .' .... . Tamarinier noir ....................... . Tamarix ............................. . Tamarix du Sénégal ............ . Thé de Gambie ...................•.... Thé rose d'Abyssinie .................. . Tilleul d'Afrique ............. . Tomate amère ....................... . Tomate cerise ........................ . Touloucouma ........................ . Touloucouna ......................... .
Nicotiana tabacum ,; N. rustica N icotiana rustica Erythrophleum guineense Tamarindus indica Dialium guineense Tamarix senegalensis Tamarix senegalensis Lippia adoensis Hibiscus sabdariffa 111 itragyna stipulosa Solanu.m aethiopicum Solanum lycopersicum var. cerasiforme Garapa procera Carapa procera
v Vêne ....................... . Vérek ............................... . Vétiver africain ...................... . Vigne de Bakel ....................... . Voandzou ........................... ..
Pterocarpus erinaceus Acacia sene gal V etiveria nigritana C1:ssus quadrangularis V oandzeia subterranea
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