Missa Est, Daniel Rops

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COMMENTAIRES ET PRIÉRES DE DANIEL-ROPS PLANCHES PHOTOGRAPHIQUES DE LAURE ALBIN-GUILLOT

LIBRAIRIE ARTHÉME FAYARD 18, R U E D U SAINT-GOTHARD, P A RI S X l V e

TABLE DES MATIÉRES ★

Préface Introíbo ad altare Dei I I Confíteor II I Le baiser á l’autel ............ Le signe de l’entrée I V V La pitié et la gloire V I .............. Unis dans le Seigneur VI I Lecture au nom de Dieu V II I Interméde et préparation I.................................................................X Parole de Dieu X .. . ..................... Régle de notre Foi X I Offertoire XI I Par le Pain et par le Yin X II I .................. Les mains purés XI V ................ Aux Trois Personnes X V Secrete XV I Prologue á l’ Eucharistie XVI I .. Sanctus, Sanctus, Sanctus X V II I L’Église au pied de la Croix X I..................................................... X Ceci est mon corps X X Ceci est mon sang XX I Mémorial XXI I ........ Les morts et nous pécheurs X X II I Action de gráces XXI V Pater Noster XX V Le pain rompu XXV I Par le sang de l’agneau XXVI I .. Communion du prétre X X V II I Communion du fidéle XXI X ...................... Sous la main de Dieu X X X . .................................... Dans la gloire du Verbe XXYTT................................................. Priére du matin y y v t t t ........................ Pour chaqué instant du jour A X X U I ................................................... Priére du soir I

Dépot légal N n 793

2* trimestre 195!1

Dal Vaticano, l¡

'SPlAYft^ ua

14 J u i£ 1952

S a n t it a

SI. 278126

Madame,

Vous avez, lors d’une récente audience, rem is entre les mains de Sa Sainteté les photographies que vous avez exécutées pour servir d!illustrations au récent livre de Mr. Daniel-Rops: MISSA EST. Je suis heureux de vous assurer que le Saint-Pére a ágréé cet hommage et feuilleté avec piáis ir ce bel álbum. II me charge de vous transmettre l’expression de Sa paternelle reconnaissance pour la délicate pensée que vous avez eue de le Lui offrir. En vous communiquant cet auguste message, je vous prie d1 agréer, Madame, l'assurance de mes sentiments bien devoués en N. S.

Madame LAURE ALBIN GUILLOT 43 Boulevard Beauséjour PARIS

R E V E R E N D ISIM O d o m . y v o n i b o s s i é r e ORD. PRAEMONSTR. CANONICO R E G U L A R I SANCTI MARTINI MONTIS D E I A B B A T I QUI DISCIPULUS FIT M AGISTER HUNC SIGNO SUO SIGILLATUM L IB R U M D . D . D. AMICUS SU U S D. R.

P

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i:

7 V 1 N S I chaqué jo u r , en queltjue

lieu que la Croix soit p lantee , la M esse... M esse de nos villa ge s et de nos villes entassées , M esse des m issionnaires dans le G rand N ord ou dans quelque case équatoriale , M esse de la solitude quarid. dans Véglise presque déserte , au p etit m a tin , un prétre sem ble ne célébrer que p o u r trois hum bles dévotes , et M esse de la fo u le et de la gloire lorsque , dans la basilique S a in t-P ierre illu m in ée , le V icaire du Christ entre , porté sur la S e d ia g e s ta to r ia , au fra ca s des acclam ations . Une Messe innom brable , en tous les in sta n ts du jo u r , se célebre p a r toutes les parties de la Terre. « A cte p r in c ip a l du cuite d ivin », a écrit S. S. P ie X I I dans V E ncyclique M e d ia to r D e i, « p o in t culm inant et centre de la religión chrétienne . » M a is nous , nous qui assisterons á cet acte p r in c ip a l du cuite que nous voulons rendre á D ieu , nous q ui allons étre places fa c e á face avec cette réalité m anifeste de notre f o i , nous, Jidéles á la M esse , que som m es-nous p o u r elle? qifest-elle p o u r nous? « lis redescendent du Golgotha et ils parlent de la te m p éra tu re! » s'é c ria it , il y a quel ques années , u n jeu n e homme alors encore á la quéte de sa f o i . C ’ esí a une exécution capitale que nous som m es conviés , á sa co m m ém o raison d 'a u ta n t p lu s bouleversante que la victim e a vo u lu m o u rir et n'est coupable de rien. C'est a u x m ystéres les p lu s p ro fo n d s q u i so ien t au monde que nous nous trouvons a ffro n tés , a u x arcanes d u sa n g qui rachete, de Vinnocent p a y a n t p o u r le coupable , de la fa ib le s s e qui est forcé, et de la vie qui p e u t vaincre la m o rt . II f a u t que la n é g li ge/ice et la routine soient su r notre am e com m e une croüte im p e n e ­ trable p o u r que , devant tant de contradictions et d 'in v r a ise m b la n c e s résolues p a r la F o i , élucidées selon V A m o u r , ?ious 7ie jio u s s e n tio n s pas la raison en déroute , V esprit p le in d 'a n g o isse m a is le cceur éperdu de tendresse, p o u r que nous p u is s io n s a ssister á la M esse comme a un spectacle ou a une quelconque cérém o n ie , a lors que, p o u r nous , il y va de to u t . L a M esse est essentiellem ent le m em o ria l d 'u n d r a m e * u n d ra m e sans cesse repris, sans cesse p résen t á n o u s , un e tra g éd ie étern ellem e n tp ro lo n g é e . L e m o t d o n t , d e p u i s ie F J e s ¿ é c í e , 0 í l í a d e s i g n e , ce m o t

de Missa em prunté á la form ule qui ja d is la term inait — /’lte Missa est — p eu t sembler bien court pour désigner un si profon d m ystere , et les termes ja d is en usage eussent p u paraitre p lu s convenables : action de gráces, liturgie, fraction du pain, synaxe ou assem blée , ou encore, comme écrivirent un Tertullien, un saint J u s tin , un saint C yprien , Dominica Passio, la Passion du S eigneur . Car la est la v é r ité : c'est la Passion du Christ qui est au centre de la M esse , appelée, annoncée , célébrée, consommée. C’est autour de cette donnée fondam entale de la fo i chrétienne , la R édem ption p a r le sacrifice de la Croix, qu'elle s'est ordonnée. C’est p a r rapport a elle qu il fa u t la comprendre et non selon les termes d'une petite form ule de renvoi .

* Originellement , la Messe garde le souvenir exact de cette derniere Cene oú, bien peu d'heures avant de souffrir et de m ourir, Jésus consacra le p a in et le vin afin qu'ils fussent Sa chair et Son san g, et ajouta : « Faites ceci en mémoire de moi. » Ces mystérieuses paroles, cette transsubstantiation de deux humbles especes issues des fru its de la terre en réalités surnaturelles, étaient chargées d'une double signification . La mort du Christ, so/i oblation volontaire , étaient annoncées p a r Zá, bien avant que les ennemis de Jésus fu ssen t les agents de son sacrifice: « Chaqué fo is que vous mangez ce p a in et buvez á ce cálice, dit saint Paul , vous proclam ez la mort du Christ , jusqu'á ce qu'il vienne.» (I Cor., x i, 26.) E t , en méme tem ps , parce qu'il ojfrait aux siens le p a in et le vin ineffablement changés , il les fa isa it participer á un bien autre banquet que celui de la Cene , au banquet de la Vie qui ne passe pas. A in si la Messe est-elle de trois fagons un m ém orial: elle reproduit les gestes et les mots consécratoires de la Cene; elle est le souvenir vivante tout chargé de tragique , du sacrifice du C alvaire; elle est le banquet oú chacun des baptisés est convié. Le noyau historique de la Messe est done la, dans la reproduction de la Cene, dans ces gestes et ces paroles enseignées p a r le Christ et dont la fo i des prem iers fideles savait percevoir Vinfinie signification . On peu t imaginer ainsi la toute premiere Messe, celle qu*au lendem ain immediat de l Ascensión ou de la jj*entecóte, les A potres durent célébrer: toute sim ple , réduite a la repétition exacte de ce qui avait été appris. Durant tous les temps apostoliques, elle dut conserver ce caractere d austere sim plicite .* ainsi voitmon saint P a u l, durant une de ses m issions, célébrer « la fraction du p a in » dans une modeste

chambre , au troisihne étage (Tune m aison , p a rm i les Jidhles lassés á étouffer (Actes des A potres, X X , 7, n). Cette cene du mystere ne se distin gu ait méme p a s de Vagape , oú chaqué com m unauté p rim itive assem blait les siens , pou r m aintenir entre eux la fra tern ité dans le Seigneur. Pres de vingt siecles ont p a ssé , et la M esse n a p a s conserv ^ cet austére dépouillement. Des éléments autres se sont ajoutés aux données fondamenlales venues de V Évangile. Les p lu s essentiels p r o cedent directement du servia* d ivin selon la L oi d 'Is ra e l; les A potres /i’étaient-ils p a s des fd s de M oíse? ne considéraient-ils p a s qu en se donnant á la Révélation du Christ ils devaiént s*affirmer p lu s fidéles aux saints préceptes? D an s les synagogues ju iv e s — V É v a n ­ gile et le livre des Actes en sont tém oins — le service d ivin comprenait deux p a r tie s : la priére et V enseignem ent: on chantait ou Vori psalm odiait des oraisons bibliques , surtout tels ou tels de ces a d m i­ rables Psaumes oú la ferveur de Vhomme s ’exprim e en termes insurp a ssa b les; on écoutait lire des passages du sain t L ivre , notam m ent de la Loi et des Prophetes. Les chrétiens ont continué ces usages et , lors méme qu'ils furent entierement détachés des observances ju d a iques , ils les transposerent sur leur p la n ; les prieres du début de la M esse , les lectures de VÉpitre et de V É vangile en provien n en t tout droit. Vers la fin du I I I e siécle , la M esse était déjá fixée dans ses grandes lignes ainsi que nous la connaissons ; telle ou telle p a rtie a p u , dans la suite , se rétrécir ou se développer; Véconomie générale de la cérémonie a conservé ses structures . M a is cette M esse p r im itiv e n ava it p a s le caractére rigoureusement fix é de la notre ; autour des p o in ts fondam entaux , une certaine latitude était laissée á Vévéque , ch ef de la liturgie , au prétre méme , pou r que la p riere s'exprim át en effusion spontanée . Des différences marquées p ou vaien t exister entre les diverses faqons de célébrer la M esse , différences qu'on observe aisément en comparant entre eux les antiques sacra m e n taires, ces ntissefs solennels aux nobles calligraphies , aux om em en ts d 'en lu m in u res . qui furent en usage durant tout le haut m oyen a g e . D e nos jo u r s , on peut trouver la trace de ces différences dan s les rits selon lesquels ont encore le privilege de célébrer la M esse certains dioceses (tel Lyon ou M ilá n ), certains ordres (tels les C.hartreux. les D o m in icam s ou les P rém on trés), et surtout dan s les d issem blan ces entre les somptueuses et pro lix es litu rg ies orientales et celles. p lu s s im p le s, de l Occident d au jou rd'h ui. L a tradition vivan te de V É glise a, au cours des siecle s . in tr o d u it

des éléments nouveaux: méme quand la m usiqu equ i les arcompagne ne vient pas démontrer avec éclat, en rompant le sobre deroulemeni du chant zrégorien. qu'ils n'appartiennent p a s aux p lu s antiques données de la liturgie, ces ajouts se reconnmssent toujours a deux traits : ils coupent la ligne, Venchainement de la priere eucharistique ; ils sont tres souvent plus subjectifs, plus personnels. A m s i le Gloria, était primitivement un chant d'acclamalion reserve a la premi'ere des trois Messes de Noel, oü il dit la joie du chrétien devant la nais sanee du Sauveur; ainsi le Credo est-il une affirmation personnelle de foi, introduite dans la Messe vers Van M ille, peut-etre pou r repon­ dré á des menaces d'hérésie. Tels gestes qui nous semblent décisifs et indispensables , la Grande Élévation p a r exemple, sont aussi des ajouts .* quand des non-confonnistes essayerent de Tiier la Presence de Dieu en Vhostie, on leur repondit en la presentant solen nellement au peuple fidéle. II y a quelque chose d'ém ouvant dans ces couches superposées de la tradition qu'on retrouve au cours de la M esse: elles sont comme la preuve d ’une Jiliation vivante , d'une jidélité sans cesse réaffirmée.

* Telle que nous la connaissons, sous sa form e rigoureuse actuelle , la Messe en Occident est celle q u a fixée , au lendemain du Concile de Trente, le pape saint Pie V. En 1570, dans sa bulle Quo prim urn, il déclarait vouloir ramener le Missel á ses normes anciennes , c e s t á-dire Vélaguer de maints éléments adventices , et en méme temps Vimposer unanimement au monde chrétien latin . C'est done en lia i son étroite avec la Primauté du Siége apostolique et sous la garantie immédiate du successeur de saint Pierre que la Messe a p r is sa form e définitive: le Missel adopté par le Concile de Trente n'était-il pas celui dont on usait dans la Ville Éternelle , le M issel romain? Aussi aucune de ses parties , dit le catéchisme du Concile de Trente « ne peut-elle étre tenue pour inutile et superflue » ; toutes , ju sq u a u x moindres mots, ont leur sens et leur portée. Le plu s petit verset , la phrase qui dure á peine quelques secondes á dire , fon t partie inté grante d'un ensemble oú s'associent et se proclament le don de D ieu , l oblation du Christ et la Gráce que nous recevons. C’esí comme une symphonie spirituelle , oú tous les themes se reprennent, se complétente s umssent dans une seule intention. Commeni s ordonne-t-elle? Une división , traditionnelle , fa it allusion a un fa it d'histoire: Messe des catéchuménes et Messe des

fidéles , la premiére étant celle á laquelle les non-baptisés euxrnémes pouvaient assister comme les baplisés , aprés quoi ils étaient renvoyés. M ais c’est le déroulernent méme de la liturgie , la courbe que suit son dessein , qui permet de marquer fondam entalement des tem ps , des « actes » r/a/is Ze se/is í/u’o/i donne á ce mot appliqué á un drame. Ils sont cinq. Dans le prem ier , arrivant au seuil du mystére , je prie, je demande á Dieu pardon de mes fa u tes , je lui dis mon désir de le connaitre , je le loue, je le supplie. Dans le second j ’écoute Venseignement de VÉglise , d'abord tel que Vont transmis les Apotres ou tel que, prophétiquement , /e Livre inspiré Vavait annoncé, pius íeZ qrae Jésus lui-méme Va donné dans son Évangile , enfin je le répéte sous la form e résumée du Credo. Désormais c*est au cceur d'une liturgie sacrificielle que je me trouve placé. Le Christ s'ojfre lui-méme dans une oblation qui est le centre méme du mystére , et, d ce don rédempteur moi-méme je m ’associe. J ’offre, p a r les mains du prétre , mon témoin et mon représentant, ces pro(Zaiís Je /a ierre qui vont étre changés , eí ce/a encore n e st qu un signe , celui de Voblation plus essentielle , p/us intérieure que je fa is de moi-méme , Voffrande étant Vojfrant. Le quatriéme tem ps , Ze pZus grave, est celui du sacrifice : Vimmolation de la victim e , c’esf moi-méme qui Vaccomplis, intimement participara á ce qu'accomp lit le prétre , á la fois sacrificateur et victime ; la chair divine est clouée sur la croix; le sang divin est répandu. E nfin , comme le Christ Va voulu , je re^ois, je communie ; au banquet de la vie , je suis rassasié.

* A in si , pas a pas suivie , la liturgie de la messe se déroule-t-elle devant nous avec une harmonie et une m ajesté incom parables. Tous les actes religieux de Vhomme s y trouvent accom plis , toas ses désirs et ses espoirs assumés et comblés. Un échange s'opére entre D ieu et moi, que ma priére a demandé , á pein e prononcé le prem ier m ot , eí giu, graduellement va étre porté á son comble . M ais est-ce entre Dieu seul et moi seul quHl s'opére? S i le prem ier com m andement est d'aimer Dieu de tout son esprit et de toute son am e , le second , am si quHl nous fu t a p p ris , et qui est p areil au p rem ier , est d'aim er son prochain comme soi-méme. E t c'est ne rien com prendre á la Messe que d oublier un seul instant que ces deux com m andem enls y sont sans cesse rappelés. La Messe est née priére de la com m unauté, priere des Dome

re u n ís, priére des premieres Églises, si fraternelles que tous les biens

y étaient mis en commun, priére des Martyrs associés les uns aux autres par la libation du sang. Chacun des assistants á la Messe nest á la vérité qu^une cellule d'un corps unique, une brebis dans un seul troupeau. Les plus belles priéres de la liturgie — elles sont aussi parmi les plus anciennes — la collecte, la secrete, la postcommunion, ne se comprennent vraiment que dans cette perspectiva communautaire, et les Mementos qui font escorte á la partie capitale de la Consécration sont la pour le redir é : par delá les temps et les espaces, par delá la mort elle-méme, selon le mystére de la Communion des Saints, nous nous préparons á nous unir á Dieu dans la mesure méme ou, fraternellement, nous sommes tous unis. Tel est le double sens de la Messe. Elle est mon dram e: c'est ma ifie, c’est ma mort qui y sont en question. C'est pour moi, moi indigne, que chacune des Messes est célébrée: « j'a i versé pour toi telle goutte de sang... ». Mais ce drame n'a de sens que si la masse entiére des enfants de Dieu s'y associe et monte avec moi dans la lumiére, car « toute ame qui s'éléve éléve le monde », et chacun est comptable de tous. Seule VÉglise entiére, prolongée vers ses origines comme elle le sera dans les siecles des siecles, est digne et capable d'assumer ce sacrifice et de Voffrir á V Unique. Cette Messe est notre drame, á tous. Et c'est comme un membre, le plus obscur, le plus indigne de cette humanité sur qui le Christ pleura mais qu’il racheta par Son Sang, uni á tous dans la foi et dans Vespérance, que j'assisterai á cette Messe, courbé d'amour, Váme déjá pleine de Vattente du Pardon.

I

INTROIBO AD ALTARE DEI

PRIÉRES AU BAS DE L’AUTEL

J

Voici le seuil de la M essc: introi'bo, je vais cntrcr jusqu'á Vautel de Dicu. Ces premieres pribres sont d'appro Jche e% de p réparation. Le pretre les recite, de nos jours , au bas de Vautel ; jadis cétait en venant de la sacristie, en oraison intime , el un certain caractere privé leur en est resté. Dans Vhistorique de la Messe elles sont récenles; le oerme n e n apparaü point avant le V i l o siécle el cest en 1570 seulement que Vusage en devint général, partout ou suint Pie V rendit le Missel romain obligatoire. Le sens est beau, de ce psaurne X L I I que, déporlés « sur les bords des fleuves », les J u ifs composérent dans la douleur de Vexil. lis y criaient le regret de leur autel perdu, de la sainte Demeure. M ais ils y affirmaient aussi une fo i plus forte que toute épreuve , une conjiance en Dieu illimitée. A u x versets de ce psaurne, Vespérance domine la tristesse. Et c'est pourquoi , au sein de la tres ancienne Église — o M ilá n , par exemple , du temps de saint Ambroise — lorsque, la nuit de Paques , les nouveaux baptisés se rendaient á leur premiére Messe , c'était ce psaurne qu'ils chantaient. « Je vais entrer jusqu'á Vautel de Dieu , du Dieu qui comble de joie mon ame rajeunie. » Dans la perspective de ce renouvellement, de cette jeunesse retrouvée, comme ils prennent tout leur sens, ces versets bibliques! Une ame jeune , une ame comblée de joie , voici done ce que nous apporterons au Dieu de vie.

viens ici, Seigneur, dans l’élan de mon áme, avec tout ce que je posséde d’espérance et d’amour. Je veux que cette Messe soit une halte lieureuse dans ma vie, qu’elle me rende des forces pour en suivre, d’un cceur plus ferme, le chemin, et que ce poids, si souvcnt intolerable, que je suis á moi-méme, s allege par la Miséricorde et le Pardon. II est tant d lieures, mon Dieu, oü je suis détaché de Vous, absent de moi, abandonné á toutes les trahisons! Rendez-moi présent á Vous, présent á moi : c est la méme chose. Je veux que cette heure-ci, sanctifiée de votre Présence, soit de fidélité, de ferveur et de joie. Enlevez de moi cette ácreté qui me séche la bouche, cette aigreur e

et ce tourm ent dont je me fais cómplice, ce désespoir sans cesse m enagant. Délivrez-moi de ma misére intérieure, de to u t ce qui me tire vers le bas, de ce mal que je hais et que je fais q u and m ém e. Au seuil de cette Messe, préparez-m oi tel que Vous me voulez. Ma confiance en Vous est totale. Mon prem ier m ot ici veu t étre d’abandon. Je crois, j ’espére en Vous; Vous étes m a seule certitude et ma seule forcé. E t c’est parce que je me sens en Vous si faible, et to u t entier remis entre vos Mains, Seigneur, que je me sais fort. Joie done, oui joie en Dieu! C’est une jeunesse nouvelle qui m ’a tte n d et dont mon áme va se trouver pleine. D ans ce face á face auquel je me présente, inondez-moi, Seigneur, de votre Lumiére, et que je sois sans cesse désorm ais, sur m a route, conduit par votre Verité, qui est amour.

CONFITEOR

II CONFESSION GENERALE

A u moment de se laisser emporíer p a r la jo ie . Varrie spnt m en e ltn poids qui la retient. E n tre D ieu et elle barr^ re est dressée. Elle sai-t le sens de ce boulet, de cet obstacle: son nom est peché. D ans la p rim itive É°lise. plus proche du cceur du Christ, p lu s spontanée , on n éprouvait pas le besoin d'im plorer le pard o n au seuil de la Messe. (P ourtant n était-ce p o in t un rite pénitentiel que le lavement des p ie d s in stitu é p a r Jésus avant la Céne?) Peu á p e u , Vusage de s'avouer pécheur et de réclamer la M iséricorde s'in tro d u isit. E n tre le V I I I e et le X I e siécles , sous le nom
les Puissances sont la, to u tes les P ré s e n e s rx rm plaires, pas seulement Celui á qui rien n ’est secret, pas seulement la mystérieuse clairvoyance de Ses Anges, mais ces liommes, ces femmes qui ont eu le courage de vivre selon l ’ainour, les saints et les m artyrs dont la seule existence rae condamne. E t moi, qui suis devant eux en posture d ’accusé, á la voix qui va s ’élever et me dem ander des com ptes, que répondrai-je? La certitude d ’étre coupable me serre la gorge et m ’in te rd it to u te défense. Voici done mes actes, méme ceux q u ’aucune justice hum aine ne réprouve, mais dont je sais p o u rtan t com bien ils fu ren t medio-

T

outes

eres, suspeets, ou pis eneore. Voici mes pensées secretes, ces basfonds de misére et d ’ab jection que cache la surface d une conscience d ’honnéte hom m e. E t voici to u t ce que je n ’ai pas fait, mes abstentions, mes láchetés, m es dérobades, to u t 1 a c c a b la n t fardeau de mes tacites com plicités. Que, par trois fois, le geste du rep e n tir, sur m a po itrin e, secoue mon cceur, réveille mon áme engourdie d ’un m o rtel som m eil. qu ’il la rappelle á ses exigences! Mais le m ystére est lá aussi, le m ystére de la M iséricorde. T outes ces Présences, toutes ces Puissances, constituées en trib u n a l pour le réquisitoire et le jugem ent, voici q u ’elles se font m es intercesseurs auprés de l ’Unique. La p u reté de la Vierge, et le sang des M artyrs, et la ray o n n an te patience des S ain ts, m e deviennent sauvegarde. M ystére de la reversión des m érites et de la Communion des Saints. E t tandis que retentissent les paroles qui m ’ab so lv en t, o u b lia n t la crainte qui me traverse de retom ber dem ain e t de sans cesse recommencer, je me redresse dans la joie retrouvée. com m e dans un subit, un indicible allégem ent.

III

LE BAISER A L’AUTEL

LE PRÉTRE MONTE A L’ A U T E L

Les priéres au bas de Vautel n'étaient q u u n exorde: /e prétre va monter les degrés. Quelques versets, empruntés ¿ ce psaum e L X X X I V , si conjiant , qu'on chante au temps de Xoel, ont su p p lié D ieu de tourner Sa Face vcrs Son peuple . afin q u il trouve en L u i sa joie. M a is , au moment méme ou il gravit les marches , un scrupule revient en son cceur et, p a r les rnots d une tres ancienne priére , qu'on disait déjá á Rom e au V o siéele. il demande encoré au Seigneur de p u rifier cette ame qui va pénétrer au sanctuaire. Maintenant Vautel est devant lu i , la chosv la plus sainte de toute Véglise, son centre et son som m et , objet mystérieux , d'une signification inépuisable. Symbole du Christ. Vautel n'est-il p a s tout ensemble le íieu ou reposent la chair et le sang du Criicijié\ vt. selon saint Ambroise , la figure méme de ce corps sacre, puisqu a u jour de sa Consécration, il a été, comme un Messie. . oint du Saint Chréme? (C inq croix burinées dans la pierre y rappellent les cinq p la ie s.) L ’É glise aussi y est présente, par ses saints dont les reliques sont incrus tées dans la table , par ce prétre méme qui la représente et va y célébrer le sacrifice. D evant une telle grandeur et tant de mystére, ce célébrant f a it un acte de religión : il pose ses lévres sur Vautel. Ce baiser , c'est le signe de Vunión, le baiser de VÉpouse á V É p o u x , car ce qui va s'accomplir ici n ’est rien d'autre que V unión de V Église a son M aitre , de Vátne á son Rédem pteur. Et cet (dan d'amour qui courbe le prétre est exactement celui q u e n nos meilleurs moments , nous éprouvons au profond de nous-mémes, vers cet autel intérieur oii le Christ veut étre présent.

votre autel, Seigneur, est au cceur de cette église. en pleine lumiére, haut placé, dans la solitude des certi­ tudes spirituelles, faites qu’en moi votre souci occupe la place unique, la plus centrale et la plus exaltée. Comme ce tabernacle abrite votre Présence, vivante, certaine par 1 affirmation de toute notre foi, faites que mon áine Vous éprouve, irrécusable, et Vous connaisse, Mon Dieu, plus intim e á moi-méme que moi.

C

omme

C om m e ce tte ta b le en ferm e les so u ven irs de vo s tém o in s, les reliq u es de vo s S a in ts, gages de p erm an en ce, d o n n ez-m oi de se n ­ tir m on a p p a rte n a n ce á v o tre É g lise , et que m on ám e s ’ unisse á sa fid élité. Com m e le p rétre, courbé d e v a n t la g ra n d e u r et le m y sté re , s’in clin e religieu sem en t á v o tre a u tel, fa ite s-m o i re co n n a itre m a p etitesse et v o tre gloire, et que, v a in cu T o rg u e il a b su rd e d ’ étre m oi, je m ’ an éan tisse en C elu i-lá seul qui est. E t com m e ce b aiser est un a ve u d ’am our, la p rom esse d ’ une un ión prés de la q u e lle to u tes les unions de la terre so n t va in es, fa ite s, S eign eu r Jésu s, q u ’á l’a u te l in térieu r de m on ám e, je V ous aim e, je V o u s posséde, et ne fasse q u ’un en V ous.

IV SIGNE DE CROIX

LE SIGNE DE L’ENTRÉE Se portant du cote droit de Vautel , ou Vattendait le ¡e célébrant lit une courte priére. C e st /’lutroít, /'Entrée, — Z’Ingressa de la liturgie am brosienne. P oUr la comprendre , il fa u t se référer au vieu x rite dont ces quelques versets gardent le souvenir. Tres anciennement, dans VÉglise (on trouve deja ce rile sous le pontifical de saint Célestin au V e siécle et il f u t embelli, am plifié par saint Grégoire le G rand), le cortege du P ape , de ses cleros, de ses diacres , de ses acolytes allait solennelle ment, du palais du Latran au sanctuaire oii la Messe devait se célébrer. P lus tard , encore longtem ps , une pro cession en tint la place . Des psaum es y étaient chantes en voix alternées, — en antiphona, antiennes — ; leur choix correspondait aux intentions profondes du sacri fice du jour, joyeux durant V A vent, douloureux en Carkme , glorieux pour louer les S a in ts , royaux á V É p ip h a n ie ou á la Transfiguration. A in s i était-ce doublement une entrée, une introduction. De nos jo u rs une seule antienne , un verset des psaum es , p lu s rarem ent , de quelque autre Écriture , suivis du Gloria Patri eí de V A ntienne répétée, soní comme Vabrégé de ce rite so m p tu e u x ; mais cet Introit raccourci, elliptique , a gardé son sens d'introduction spirituelle: changeant de M esse en M esse , i/ caractérise en peu de mots celle sur laquelle il ouvre. Et, au moment d ’en prononcer les paroles , le prétre trace le signe sacré qui est, p lu s qu'a u cu n autre , celui par qui tout commence, comme tout se f a it p a r lu i et tout s'acheve, Ze gesíe qui contient la p lén itu d e des mystkres, le signe de la Croix.

ü nom du Pére, du Fils et du Saint-Esprit. — Seigneur, faites que ce geste familier á ma main, si familier qu’il préte trop souvent á la négligence, je le trace ici comme si je le faisais pour la premiére fois, dans la plénitude de son sens et la joie de sa découverte. Au seuil de cette Messe, en face de votre sacrifice, qu’il me rende présente au cceur la croix qui me rachéte, qu’il associe ma vie á votre vie humaine, mes souffrances á celles que Vous avez acceptée.s, et la mort, que j ’attends et subis dans la crainte, á cette mort d holocauste que Vous avez voulue et consommée d’amour.

A

F aites, Seigneur, que ce sim ple signe se charge du m ystere des Noms ineffables que je prononce, que vos trois Personnes ordonnent ma volonté, mon coeur et l ’élan de mon árne, et que Ja G ráce du F ils soit m a forcé et mon guide pour Vous attein dre, Pere, dans les certitudes et la lum iére de T E sprit. A u nom du Pére, du F ils et du S ain t-E sp rit. — Seigneur, du front á la poitrine, de l ’épaule á l ’épaule, qu^ ce geste plenier rassem ble toutes mes pensées, enveloppe to u t m on étre, et que l ’hom m e de péché, dont Vous seul savez vraim en t tou te la misére, se sache béni par V ous, apaisé, consacré.

Y KYRIEET GLORIA

LA PITIÉ ET LA GLOIRE Les deux themes qui sans cesse vont revenir d a n s la M esse , comme les m o tifs m u s ic a u x d 'u n e sy m p h o n ie , les voici associés en d eu x priores q ui se c o m p lk e n t , le Kyrie et le Gloria. Glorijier D ic u et V im p lo rer so n t les deux intentions religieuses de V h o m m e ; c e s t p a rce que nous savons q u i l est la T o u te-P u issa n c e que n o u s le supplions d'avoir p itié de nous. E t h geste si beau du prétre . étendant les m a in s p u is les élevant, en f i n les rejoignant , n e x p rim e -t-il p a s toutcs onsem ble ces in te n lions inseparables? M o u vem en t qui d it V elan vers les choses celestes et im plore le sa lu t avec une fe rv e u r redoublée. Venu de VOrient grec, dont il conserve la la n g u e , p e u t etre de Jérusalem ou la pelerine esp a g n o le É th é ria Ven tendit déjá chanter vers V an 500, le, K yrie est u n reste des litanies dialoguees, des priores p a r a c c la m a tio n s , que V É glise prim itive laissait ja illir de son am e. A u m om ent oii. I Introit fra n c h i , 011 aborde vra im en t la cérém onie, par trois versets em pruntes á V É c r itu re , cette sobre p riere avoue, du fo n d du cceur, a chacune des T ro is P ersonnes divines , le besoin el le désir irrésistib le d u salut. P uis , aussitót, Vhym ne éclate p o u r diré la M a jesté de Dieu. Tres ancienne p riere . dont la trace se retrouve au 7 /e siecle, que la M esse ro m a in e co n n a issa it a u V I e, le Gloria commence p a r em p ru n ter a u x anges le chant dont ils louerent « D ieu dans les h a u teu rs »: toute Messe /i est-elle pas un N oel , ne célcbre-t-elle p a s la venue du Seigneur? De ce verset d ’E v a n g ile , les siécles de grande fo i firent couler la louange com m e u n Jleuve d'am our et de confiant abandon. M a is cette gloire du Pere ne rappelle-t-elle p a s Vhom m e á sa miskre? C'est po urquoi s'a d ressa n t a u C hrist m édiat e u r l hym ne reprend V appel á la m isé ric o r d e : p arce qu il est S a in t , S eig n eu r , T ré s-H a u t , J é s u s n o u s sauve. E t comme lu it , dans Vám e d u cro ya n t , la p ro m esse d u salut , c’csí sur la gloire étincelante d u F ils , de V E sp rit et du Pere , que se clot cette h y m n e , une des p lu s belles qui soient , d 'u n e su b lim e sim p licité.

C

KPKNDANT que. tro is fois. le trip le ap p e l m o n te ver* Vous. du fond des siecles et des áines cri de d ¿sir. su p p liq u e de p a rd o n .

C ependant que le ohcrur des auges et les voix im iném oriales de nos freres en la foi acclam ent votre G ran d eu r et Vous rendent gráce au nom de votre Gloire. faites seulem ent, Seigneur. que dans m on ám e pacifiée s é ta blisse votre silence. ce silence oü je sais que Vous étes présent. a fin que j'y puisse prononcer ces sim ples m ots : «» Mon Dieu je Vous im plore; m on Dieu, je Vous adore; m on Dieu, ayez pitié. » — Car to u t est dit p a r la.

VI

UNIS DANS LE SEIGNEUR

COLLECTE

Adorer et implorer seul ne suffisent p a s: toute M esse est communion. Dominus vobiscum! s'écrie le prétre, tourné face aux f deles, les bras ouverts, « Le Seigneur avec vous » — et dans ce geste, dans cet antique salut emprunté á la Bible , que huit fois la liturgie répétera en ses plus graves moments, il semble quHl veuille saisir tous les fideles, les réunir tous en son imploration. Tel est le dessein des oraisons de la Collecte qui vont se succéder, frappées en médailles, sobres comme des inscriptions latines. Voici done un des trois grands temps de priere durant la Messe (les autres sont la Secrkte et la Postcommunion) ; ces oraisons, qui s 1adressent á Dieu dans son Unité, le prétre les dit , mains étendues, inclinant la tete vers la croix de Vautel, s'il prononce le nomde Jésus, et le peuple les écoute á genoux. Est-ce parce qu'elles résument et ramassent toutes les intentions du sacrifice du jour qu’elles portent ce nom de « collecte »? Historiquement, le mot evoque la trés ancienne coutume qu'on pratiquait á Rome, vers le I V e siecle, de réunir la communauté chrétienne dans une église pour la mener solennellement au sanctuaire oü la Messe devait se célébrer: la collecte est done la priere de la plebs collecta, du peuple rassemblé. Avaient-ils done tort, les chrétiens du moyen age qui, élargissant le sens , traduisaient le mot par « priere commune »? En pronon$ant ces oraisons, ce sont tous nos désirs, toutes nos intentions que le prétre ramasse en gerbe et offre. Et le baiser qu'il donne, de nouveau, á Vautel, avant de les dire , qu’est-ce, sinon le signe d'une unión plus totale de cette ame c o m m u n e avec le Christ Jésus?

eigneur , ce n’est pas pour moi seul que je prie, — prier pour soi seul n’est pas prier, mais pour ce peuple, invisible ou visible, qui m’entoure, marqué au front de votre sceau, et aussi pour tous ceux qui Vous ignorent et Vous tr a h isse n t • tous, nous sommes un en Vous.

S

Je répóterai done avec tous T invocation une et définitive que votre Église d it chaqué jo u r difíerente, parce que chaqué jo u r qui passe a sa fa^on particuliére de Vous louer, de Vous prier, afin q u ’un vceu unique et perm an en t Vous atteigne : de posséder ce qui ne passera pas. D ’une ám e sans réticences, d ’un cceur pareil á celui d ’un enfant, je m ’unirai aussi á ces priéres q u ’hum blem ent votre Église en cet in sta n t Vous adresse, avec des m ots simples et forts, pour que la persécution, la fam ine, tous les m aux, épargnent la chrétienté entiére, e t que Vous donniez de la pluie á nos champs. E t, p ar l’exem ple de ces saints dont notre Messe fait m ém oire, proches ou lointains, connus ou inconnus, je particip erai au tém oignage sans cesse repris et répété que des générations Vous donnérent, afin que, p a r mes lévres, le cri méme de l’Église universelle s’éléve ju sq u ’aux pieds de votre É ternité.

VI í

LEOTURE AU NOM DE DIEU

É P IT R E

I n r 1' Vmrii est p a s avant le M issel ro m a in de 1570 que l'usage prévalut d éfin itive m e n t de choisir deux fra g m e n ts préalablem ent d eterm in és . adaptes p a r leur sens a la fé te du jour. Prem ier texte lu , /‘Épitre. selon son n o m . — tola. — est u n passage de le ttr e : tous les di m anches, c est d 'u n e lettre d*Apótre q u 'il est extra it. presque tou jours de V A pótre P a u l. A u x autres m esses, des Saints, du Caréme ou des Q u a tre -T em p s, c e s t souvent a u x pro phétes de l A n d e n T esta m en t quHl est d em a n d é de nous in stru iré : /’Épitre devient alors la Lecture, leetio. Dans les deux cas P in te n tio n est évid em m en t la m em o : c'est par l entrem ise des hom m es que D ieu d ’abord nous p a rle. p ar ses tém oins, ses in s p ir é s , com m e p o u r nous préparer recevoir directem ent son m e s s a g e ; cette le ñ a re est fa tle au nom du Seig n eu r.

INSI q u ’au bord des fleuves Israel en exil écoutait la voix de vos prophétes lui crier l’espérance. Ainsi que le peuple opprimé lisait rt relisait votre Loi comme le plus sur garant de sa íidélité. Ainsi qu'aux premiers temps TÉglise éroutait les lettres rl<* vos Apotres lui expliquer la joie et Pam our du Sauveur. Ainsi enfin qu ’aux jours dVpreuve vos m artvrs n*ervaif*nt de ces textes l’explication ineme de leur sacrifice. Veuillez. Seigneur. que ces phrases de vos témoins trouvent mon áme ferme, fervente. prete á Tenthousiasme et á la foi. et que j ’y sache entendre le son de la Parole, telle qu elle nous est adressée depuis Torigine du monde : votre Voix. Seigneur, dont il est dit qu elle brise toute solitude et emplit de forcé ma poitrine. cette Voix, qui, un jour d’aoüt, sur la piste de sable, sut vaincre d’ún seul m ot votre ennemi Saül, en le frappant au cceur.

A

DE L’ É P I T R E A L 'Í V A N G I L E

INTERMÉDE ET PRÉPARATION De /‘Épitre á /‘Évangile, voici un groupe de priores et de chants qui parnissont d'abord hotéroclites. ruáis dont Vensemblo est riche de si gniji catión. La lecture s'est achevóe par le Don G ratias. la venerable formule de gratitude quon trouve si souvent dans les lettres de saint P a u l: rendons gráces á Dieu parce qu'il a voulu que ces mots-lá fussent dits. En Israel. les lectures étaient interrompues par des psaumes . afin sans doute d'éviter toute monotonie et d'exiger du peuple q u il fút vraiment participant. Les chants d'intermede. dans notre Messe , en gardent le souvenir. Uusage en est tres anden dans VÉglise: au I I I e siécle Tertullien en témoigne deja. Ces chants sont trois: le Graduel. dont un chantre, monté sur le gradus, le degré de Vambón, lan<;ait un ver set auquel répondaient les jideles , et dont le texte fa it ordinairement un discret echo á la lecture précédente; Z’Alleluia, le chant immémorial de Vallégresse ju ive , qui appelle la venue du Seigneur et ainsi introduit á VÉvangile; et le Trait qui, dans les temps liturgiques de pénitence et de tristesse, remplace Valhüuia, chanté en solo d'un seul « trait », sur une musique noble et grave , d'une résonance tout antique. A cet ensemble, le moyen age , pour meubler de paroles les vocalises qui prolongeaient Z’Alleluia en immenses variations de joie , ajouta en diverses occasions la Séquence, commentaire poétique de la Messe entiére. Admirables morceaux, joyaux de la ferveur chrétienne: le Victimae paschali de Paques , le L auda Sion de la jete du Trks Saint-Sacrement, le Yeni Sánete Spiritus de la Pentecóte, le Dies Irae des Messes de Requiem, et le bouleversant S ta b at M ater que Jacopone de Todi écrivit pour louer Notre-Dame des Douleurs, sont sans doute des ajouts á la liturgie prim itive , mais quelles splendeurs! Et tandis que le livre est porté á la place exclusive , á la gauche de Vautel, du cote du cceur, ou sera prononcée la Parole du Christ, le prétre, qui va lui préter sa voix, se prepare á ce moment augusto en suppliant Dieu de rendre ses Ierres purés et saintes comme celles du Prophete ¡sale lorsque VAnge les toucha avec le charbon ardent.

, \/m (]or. (ie ne sont pas sciilcmcn! res levres que le rliarbon ardent devrait puriíier, levres infideles, p ro m p tes aux niots de vanité et de colere. mai> oes oreilles aussi. toujours pretes á e n te n d re les b ru its du monde plutót que la Parole, et le Mensonge inieux que la Yéritr. et res yeux qui ne savent plus s’ouvrir á la luiniere parce qu ils se sont f’aits les cómplices de la iiuit; c'est tout mon étre qui a tte n d la b rülure de Tange, m on am e, ma conscience, mon im agination et ce cceur de péchtf qui a u ra tout trahi. Munda cor! — Que to u t l ’im p u r en moi brille done, to u t ce que j'y sais boueux, opaque, intolérable, a fin que la Parole me pénétre dans une a tte n tio n sans défaillance, un am our sans reprise, dans réin e rv e ille m e n t m em e de la Hévelation.

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IX ÉYANGI LE

PAROLE DE D 1EU [A, point cu lm in a n t de V A vu n t-M o sse est muinien
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K ('.hri.-t te parle : éeoiilt'! Voir.i la N o u v d le
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de son message. qui ne fonl qu un.

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(1*11110 Y i e r g e .

ce nouveau-né de la g rotte. promi> a 1 h u m ilite et I ab a n ílo n . ce íils de travailleur, ce trav a illeu r lui-m em e d o n t la m ain a tenu le m arteau et la varlope. Celui (jui a parlé sur les eollines íle (ralilée et su r les eaux ílu lar de T ibériade.

Celui qui a guéri l‘esclave du Centurión, raim é l es Hots furieux. ressuscité Lazare. Celui qui se montra lhornm e paríait. runique modéle. 1 im age insurpassable : tout cela, écoute-le! II aura enseigné aux hommes á sa im e r les uns les autres. á pardonner á leurs ennemis et á les tra ite r comme des fréres. á étre pur comme il était pur, et hum ble de coeur com m e il était, il leur aura appris á vivre en la Présence du Pére comme luiméme il vécut. ^ il aura témoigné sans cesse de l’am our, de la vérité. de la ju s tic e , ^ des causes qui valent plus que la vie : écoute-le, écoute-le! E t lorsqu’il aura été accablé par la haine, trahi, livré, aban d o n n é á l’opprobre, lorsque sa chair hum aine aura souffert plus que tu ne pourras souffrir, qu’il sera m ort comme tu m ourras, mais plus affreusem ent, dans l’horreur et l’infamie du supplice, alors, par son exemple, il aura révélé que la M ort p e u t é tre engloutie dans la Victoire et que, raclieté par lui, c'est á la vie que tu es prom is : écoute-le, mon cceur, écoute-le!

RÉGLE

de

NOTRE F oi

Ce q u o n vieiit de m e n se ig n e r , f y am e! Tel est le sens du Credo.

crois de touip. mo °n

Des ¡es origines du ch ristia n ism e , u n acte de fo i étüit exige pour recevoir le baptéme. II était tres simple sans aucun doute , semblable á celui que re$ut, Vofficier Pthiopien , le diacre P h ilip p e : « J e crois qUe Jésus-C hrist est le Jils de D ieu. » (Actcs des Apotres, vm , 37.) M ais la fo i chrétienne se heurta bientot á del erreurs; il lui fa llu t se préciser , se d e fin ir. A in s i naquirent les Syinboles, résum és , signes concrets de la croyance , « regles de notre f o i », com m e on d isa it en Afri . que au I I l e siecle. U antique Symbole des Apotres, si sim p le et p u r ( celui de nos priéres privées) ne suffit p o in t quand les grandes hérésies du I V C siecle m iren t en cause la nature du Christ et les trois personnes d ivin es ; a u ssi , en deux Conciles , Nicée, 325, Constantinople, 381, f u i étaBli le texte d 'u n p lu s complet sym bole , celui de nos Messes dominicales. C'est á Antioche , p u is á C onstantinople que l'usage s'établit de Vinserer dans la M esse ; de la il gagna VEspagne, la France et V Á llem a g n e, R om e en fin oü il fu t adm is p eu aprés Van M ille. De nos jo u rs , le Credo est reservé a u x M esses du dimanclie , Messes des vastes assem blées , et á celles des fétes qui , dans leurs in te n tio n s , évoquent directem ent un des versets. T a n d is que le prétre le prononce avec une ferveur intim e et p ro fo n d e , le p eu p le fidele le proclame debout, tout h a u t , d 'u n e vo ix unie. « Faites retentir le Credo, ordonnait en 589 u n concile de Tolede. afín que , par ce chant , la fo i nerita ble s'afjirine avec éclat et que Váme du peu p le catholique , recevant sa croyance , se prepare á recevoir la co m m u n io n du corps et du sang du Christ. » Le Verbe a parlé a u x hom m es' dans V ÉvangH e ' m aintenant incarné , II va s'im m oler a Vautel. De 1 une á l autre partie de la M esse , le Credo sert done m e r v e il" leusement de lie n .

Q

l F 1o rlia n t de ilion haptóm o sr icnm ixello ch aq u é íoi> <| 110 jo recite le ( rrdo. dans la formo oonscioneo do mos cortiludo^ et la d h ó sio n profondo do 111011 ocrur!

Ouo le pourq u o i ot le oom m ont do m a íoi so proolainont dobout. p u b liq u e m e n t. d ans ru n a n iin o oían, ooinmo il on fut ja d is ot pout enooro 011 otro aux tonips des gran d s risques aooeptés !

One ¡non appartonance aussi totalom ont saflirme a rÉglise Mere, gardienne do mes íidólités. car oes m ots qu'elle n rap p re n d . elle les reí;oit elle-memo dans Tinfaillible lumiére de T E sp rit-S ain t!

XI P R I É R E S DE L’ O F F E R T O IR E

OFFERTOIRE L'Avant-Messe vient de se clore, dite encoré « Messe d Catéchuménes » car les simples postulants á la f o i* assistaient. V A cle de fo i achevé, on les invitait to¿ á sortir, eux, /es non-baptisés , et aussi les pécheUn astreints á une pénitence publique : au mystére gu¿ s'ouvre seules devaient assister les ames dignes. demeurés entre eux , /es ytáé/es, dcms une su/fe dVai! sons, énuméraient les intentions collectives de rÉ glis<¡ au seuil de ce sanctuaire: le Dominus vobiscum et VOremus en sont les trh brefs et allusifs sourenirs. Le premier acte du mystére va étre VOffertoire. £)e nos jours , un groupe de priores le marque : Vune , mobile, adaptée á chaqué jour , a chaqué f é te ; cinq autres, fixes, giu présentent á Dieu les offrandes et les offrants. Comme elle devait étre plus significative , Za cérémonie de VOffer■ íoire, aux temps anciens de V É g lise! En procession¡ les fidéles venaient déposer eux-mémes leurs offrandes, marquant ainsi fortement leur participadon. Que don• naient-ils? Du pain , du vin , d'autres nourritures , et aussi maintes autres choses, de Vor et de Vargent, ju sq u á des fleurs et des oiseaux! Sur la table spéciale , /e.s diacres faisaient le t r i : d’un cote les esphces retenues pour le Sacrifice. de Vautre tout le reste qui serait distribué aux pauvres. Un chant te répons accompagnait ce défilé: ainsi de la Messe entiére, VOffertoire était-il un des moments les plus frappants. Au début du moyen age cette coutume peu a peu dis parut , sarcs doute par peur qu’elle tournát au désordre. De nos jours , on cherche á la ressusciter syrnboliquement par la trés belle pratique d?inviter les fidéles á placer eux-mémes dans le ciboire Vhostie de leur communion. Des traces pourtant subsistent de VOffertoire des premiers temps : la quéte qui correspond á son élément charitable: le pain bénit, donné tour á tour p a r une fam ille , q ui ?n evoque Vaspect communautaire: et méme la petite sornme versée au prétre quand on lui demande spécialement une Messe et qui¡ en un sens, associe un don á une « inten* tion ». M ais dans cette action devenue pri&re, Vessentiw demeure, la parole que le prétre va prononcer pour nous. Quand, tenant á deux mains la patkne oü il a posé Vhostia il la soul&ve dans un geste auguste , ce sont vraiment noíi dons a tous, qu'il remet et présente au Seigneur.

\

C

E pain et ce vin que votre pretre Vous presente, Seigneur, je v e u x que ce soit vraim en t mon pain, vrairnent nion vin. (Test

moi qui

Vous les offre com m e si je

p ou vais Ies

porter m oi-m ém e, ainsi que ja d is, sur la table pres de votre au tel. A vo tre Messe, á votre sacrifice, je v e u x me sentir véritab lem ent présent, par la foi et le don du cceur, par l ’atten tio n et l ’acceptation de vos m ystéres. Je v e u x p articip er á cette offrande unánim e que vo tre É g lise u n iverselle, de siecle en siécle, tend chaqué jo u r vers V ous. Je v e u x étre un en tous, m em bre d ’un corps unique, brebis d ’un seul troupeau, afin que mon salut ne soit pas séparé du salu t des autres. E t c’est á Vous m aintenant que je m ’en rem ets, Seigneur, á V ous seul, pour q u ’il en soit ainsi et que mon offrande soit agréée.

PRÉPARATION DU P A I N E T D U V I N

f

PAR LE PAIN ET PAR LE VIN Avec VOffertoire commence cette sanctijication de lQ matiére dont la Consécration sera Vaccomplissernent, Deux esphces sont désignées pour étre ainsi présentées ¿ D ieu: le pain et le vin . Celles que Jésus lui-méme choisit á la derniere Cene pour étre les signes sensibles de son oblation. II est beau que ce soient d'humbles et simples produits de la Terre qui aient ainsi charge de donner q Vhomme un Sauveur : le pain , la forte nourriture qui p eut suffire á la vie et jamais ne lasse : le vin , boisson qui faú plus quapaiser la soif Car c'est pour le réconfort et lajoie que Noé le regut aprés les grandes douleurs du Déluge. Le pain de la Messe était originellement du pain de chaqué jour , pris seulement parm i le meilleur et fa$onné en galettes rondes afin qu’elles fussent fáciles á rompre, marquées de la Croix; c’est á partir du I X e siecle qu'on adopta le pain azyme, en souvenir de celui, non fermenté selon la Loi de Moise, que Jésus mangea pour sa supréme Páque. Le vin de la Messe est tout simplement le jus du « fruit de la vigne » que buvait le Maitre de son vivant sur terre; il n ’est blanc que selon une coutume datant du X I V e sikcle, pour des raisons évidentes de propreté qui ne sont pas sans nuire un peu au symbole frappant du sang.

Car, en définitive, ce pain et ce vin , des Vinstant qu'ils sont présentés á Dieu , c’est en tant que symboles de la chair et du sang qu’ils sHmposent a V esprit: VOffertoire anticipe sur la Consécration. Un geste liturgique le mani­ festé encore davantage: au vin versé dans le cálice, le prétre ajoute un peu d'eau. Ainsi que, dans le Christ, Verbe éternel et Sainte Humanité sont inséparables, ainsi que le Maitre est uni á son Église , les deux liquides se mélent. Au moyen age, on a souvent pensé que cette eau représentait aussi celle qui sortit de la poitrine ouverte de Jésus crucifié et la liturgie grecque, dans un rite pathé* tique, fait ici transpercer Vhostie d'un coup de lancette. « Nous Vous offrons, Seigneur, ce cálice de Salut »» dit /e prétre. Mystiquement, le pain va devenir chair, vin va devenir san g: le Mystkre est commencé.

S

i tu ñ a s rien d ’a u tre á ofírir au S eigneur. p ré sen te-lu i seu lem en t tes tra v a u x et tes peines, á b ea u co u p d 'h o m m e s i] a co n té b ea u co u p

d ’eflforts ce

inorceau de pain qui repose la su r la p aten e .

Si ta m ain est vide et ta bouche douloureusem ent seche, offre ton cceur blessé, to u t ce que tu as souíTert, pour que le vin fü t versé dans le cálice n ’a-t-il pas fallu que la grappe füt broyée et le grain ouvert? Si tu n ’as rien en toi que le péché et l ’am ertum e. la détresse de vivre et to u te l ’angoisse hum aine, que tes m ains ten d e n t au ciel ces pitoyables choses car la Miséricorde les a regues par avance á sa Cene. E t si tu n ’as méme plus la forcé de présenter et d ’im plorer, si to u t en toi n ’est q u ’absence et abandon, en silence accepte seulem ent q u ’un A utre se charge de toi pour toi et t ’assume, pour que l’Ofirande et l ’Offrant soient un seul don.

X III

LES MAINS PURES

l A VEMENT DES MAINS

Aux Messes solennelles, apres VOffertoire, CojHm Vavait fa it au début de la Messe des Catéchumlnes ? prétre erícense Vautel: « sacrificó des parfums », * la liturgie d'Israel, et dont le sens est riche. La ^ de Vencens monte vers Dieu comme une prikre. « ¡je ange se tenait á cote de Vautel, dit /’Apocalypse, Vencen soir d’or en mains , afin que les priores de tous les Saint fussent offertes á Dieu. » (vm , 3, 4.) s Ensuite , á toutes les Messes , se place ici un geste liturgique dont le caractere originellement pratique ne fa it nul doute: le lavement des m a in s; ayant touché les offrandes et Vencensoir, le prétre se purifie les mains avant de saisir le pain qui sera chair du Christ. (Ce lavement des mains sefa it du cóté de l'Epitre oii se trouvait jadis, creusé dans la pierre de Véglise, un bassin.) Ce rite ne continue-t-il pas directement celui des lustrations et purifications juives? ne prolonge-t-il pas celui que, jadis les fideles accomplissaient á la fontaine de Ventrée de Véglise et dont notre bénitier garde le souvenir? Mais ici encore le sens symbolique se dégage tout naturellement. De méme qu’il en est au baptéme , Veau, qui lave le corps, correspond au désir de purification de Váme. Le pre­ mier verset du psaume X X V que le prétre dit alors, le souligne: « Lavabo... » Je laverai mes mains avec ceux qui vivent dans Vinnocence, Seigneur , pu is je consa• crerai mes soins á votre Autel.

L y a en moi une souillure si p e n e tran te que toute l’eau

du monde ne pourrait la laver. Elle tien t á moi par mes plus profondes fibres, elle fait partie de Thomme que je suis. Chacune de mes pensées. chacun de mes actes, d o u lo u r e u s e m ent me la rendent présente cette boue gluante qui me recouvrc et me dégoíite, et qui sans cesse semble rem onter de moi. Y a-t-il done sur notre terre une can, une eau qui ne soit paS seulem ent celle de la terre. une eau puré, une eau ch a ste , ah ch a ste et puré surnaturelle m ent! I

qui ait l ’efficacité m erveilleuse de décaper mon étre de cette crasse indélébile et de la ver en moi ces abimes d ’opprobre oú s’accum ulent mes secretes com plicités? V otre Gráce, Seigneur... — - Alors, q u ’elle ruisselle sur mon front, mes épaules, mon étre tout entier, q u ’une lu stration perm anente renouvelle l ’eau

qui,

par le

baptém e, me donnait á Vous dans l’innocence du cceur, qu ’elle pénétre ju sq u ’en ces zones obscures, inavouables, oü j ’ose á peine me considérer, et qu’elle me rende tou t á la pureté intacte, á la joie de l ’enfance retrouvée.

XIV

AUX TROIS

T^^TllMlT^

1. 5. TRINITE

PERSONNEs

n Rfi,'WU m ÍU m * V a U td ' i n d i ™ , Dans un m stant va commencer, par lui Prélr» l ^ il se recueille pour en approfondir le sens* / ° Crí^ c«: qu'il recite alors, prikre presque privée, p r iire J P'Jirt tion, n'existait pas dans la liturgie romaine Dr£mmais est extrémement ancienne puisqu'on la , **’ d'ordinaire a saint Ambroise, le grand évéque de Mn* au I V e siécle. Ce n'est pas avant le X I I e siécle au' /í* prit officiellement place dans la M esse: le rit des Ch treux ne la contient pas encore. r* Suspice, S ancta T rinitas, hanc oblationem... R eCe. vez , Trinité Sainte , cette oblation... II est á remarquer que presque toutes les oraisons de la Messe s'adressent au Pére ou au Fils , au Pére par le F ils ; ici la Trinité Sainte est désignée par son nom. Preuve de Vimportam de cette prikre: elle est une prise de conscience profonát du sacrifice qui va s’accomplir, supréme acte religieux, voué á Dieu dans la plénitude de Sa Trinité. Ses mots d'ailleurs sont significatifs: ils évoquent d'abord le Christ dans quelques-uns des temps essentiels de sa vie, Passion , Résurrection , Ascensión (Vancien rit lyonnais, plus logique, disait d'abord: Incarnation et Nativité); puis ils désignent les mémoires exemplaires qui se font médiatrices de Vhomme auprés de la Trinité redoutable. Les deux raisons déterminantes de notre espérance du Salut, les voilá ici , récapitulées.

sauvé, je ne sais pas ex a ctem en t ce que cela veut dire, S eigneur. — Le S alu t, q u ’est-ce, sinon la connais* sanee de v o tre M ystére e t ce n ’est pas á nos yeux de chair q u ’elle a p p a rtie n t. — M ais ce que je sais, p ar to u te m on experience d é c h ira n te , c’est que p a r moi seul je ne puis me sau ver. D e v a n t Y ous, d o n t il est écrit que nul, sans m ourir, ne peut considérer la F ace, D ieu u n en Trois Personnes, je m ’éprouve e t m e confesse n é a n t : créature m ortelle et m isérable dev an t l’Étern ité e t la P uissance du C réateur, corps de péché, ame pleine de souillure d e v a n t l’exem ple p arfait, le définitif modéle, c o n s c i e n c e obscure, intelligence si faible d evant la Lumiére absolue et le Souffle qui anim e et connaít to u t. tre

Mais Dieu a pris mu* chair sem blable A la rnienne; il a \«srij, il a souffert. il est m ort tout comme moi. T out comim1 mui. non : il est ressuscit¿! CYst parce que cela fut, et que je le Main d ’une certitude irrecusable que lYspoir du salut n ’a pa* q u ittl mon ámr . Par le Fils. Dieu fait homme, un jo u r je connaítrai le P¿re. dan* l'éblouissem ent ultim e de l’Esprit. E t comine des tém oins. j'évoque ici ceux et celles qui ont franchi les Portes, et m ¿rit¿ Dieu. CVst parce q u'il y eut sur terre une femme iw m m ée Marie, cVst parce q u ’il exista des homme* nomines Jean le B aptiste, et Pierre et Paul, et tan t de 8aint*, que mon espoir s’appuie sur une expérience. Aupr^s de rin so u tenable Présence, ils aont tous mes intercesseurs et meg Puisque ceux-lá ont connu votre Gráce, Seigneur. pourquoi pa*

t

XV

SECRETE

O RA I ^ O N Le troisiéme temps de la Messe va sachever : S E C R E T E prié^ j ' ai écouté, j'a i offert. A yant baisé Vautel, le prétre demande instamment aux fidéles de s'unir á lui et de participer á son offrande. C'est la une sorte de congé qu'il prend d'eux, un plu s pressant appel qu'il leur adresse avant la Consécration. E t cette priére médiévak qu'il prononce, Z’Orate fratres, sorte d’Oremus développé, marque á merveille le sens de cette derniére invite á Vattention, á Vadhesión du coeur: « Ce sacrijice qui est mien est aussi vótre. » Ne Voubliez p a s ; je ne Voffre pas seul, mais avec vous ! Et comme une réponse á cet appel , voici la seconde des trois grandes priéres d'imploration que contient la Messe ( avec la Collecte et la Postcommunion): l<* Secrete. Extrémement ancienne , du méme age et du méme style que la Collecte, elle s ’adresse comme elle a Dieu triple dans son unité et au nom du peuple chrétien tout entier. Que signijie son nom? La priére de la pleb8 secreta, du peuple choisi des fidéles par opposition á Vensemble, catéchuménes compris , de la plebs collecta^ ou priére sur les oblats séparés du reste des offrantsOu encore priére dHntroduction aux secreta, aux mys* téres? Ordinairement on tra d u it: priére dite en secret Car c*est á voix basse qii’elle est prononcée, comme sh déjá entré dans le Saint des Saints , le célébrant étati isolé de ce peuple dont il est le porte-parole. Variables selon les fétes , ces phrases simples et fortes sont en reía* tion avec Vesprit du jour . M ais selon le mouvenient ascensionnel qui emporte la liturgie depuis le début de VOffertoire, elles marquent par rapport aux priéres pTe’ cédentes, notamment aux collectes, un progrés dans la ferveur et la certitude. Une grande idee s'en dégage * ces offrandes que je viens de faire á Dieu , je sais qu elles vont se reverser sur moi avec une générosité inépuisable; en échange de ces dons terrestres, II me donnera les dons du Ciel et de VÉternité.

C

’est á voix basse que je dirai cette priére, parce q u ’elle vient du plus profond de moi, comme un cbant de consolation et d’espérance dans la nuit opaque oú je me débats.

Seigneur, je sais que ce que je Vous offre est moins que rien — ce morceau de pain, ce vin versé dans votre coupe — et

l’hom m e que je suis — je n ’en dis pas d a v a n ta g e — rien de t o u t cela n > s t digne d ’étre re$u p a r Vous. Mais considérez-V ous le p rix de ce qui Vous est d o n n é ? A uprés d e vos T résors to u t est m isére. S e u lem e n t l ’élan d ’a m o u r q u i te n d vers Vous ces offrandes dérisoires et ce cri de foi qu i Vous su p p lie de les accueillir. Je sais que, p o u r un grain de ble, in é p u is a b le ; po u r u n m o t de p ard o n , pour un v erre d ’eau offert, l ’eau vive guible, e t p o u r une d o uleur acceptée,

Vous donnez une m oisson l ’infini de la M isé ric o rd e ; qui calm e la so if in e x tin ­ le bau m e qu i g u é rit to u t.

D ’un cceur sans calcul, d ’une ám e généreuse, S eigneur, si je Vous offre to u t — ce que j ’ai, ce que je suis, ce que je vis, ce q ue je su p p o rte — n ’est-il pas v rai que to u t m e sera reversé au centu p le , en p aix , en bonheur, en espérance, p a r la générosité sans lim ites de v o tre A m our?

PROLOGUE A L’EU CHARISTIE Le moment capital approche: ici s'ouvre la pñere qui va accompagner le sacrifice de la M e s s e * ' ^ authentique de celui de la Croix. Nous entrons Canon, c'est-á-dire , selon le sens du mot grec, dans ce ** • régle la cérémonie, lui donne sa norme et sa portée. Ext^ mement ancienne , issue de la derniére Cene qu'elle renr dint, cette action, comme disaient les premiers chrétiens frappe par la beauté de son ordonnance et la grandeur sobre de ses formules. Le Canon va comprendre sept temps , dont la Consécration occupe le centre exact. Sursum corda! lance le prétre aux fidhles: haut les cceurs! Vheure est venue de ne penser qu'á Dieu. II leve la main , comme pour soulever au ciel Vimmense atiente du peuple. Et d'une acclamation, le peuple répond que tous les cceurs se liaussent vers le Seigneur. Ainsi faisaiton en Afrique , au temps du grand évéque, saint Cyprien. A v a n t de consacrer le v in de la Chne , le Christ , dit V É vangile, rendit gráces á D ieu et cet acte était si essen• tiel que le m ot q ui le désig n e , eucharistie, a fin i par désigner le Sacrifice entier. C e s t done p a r une action de gráces que va commencer ce m om ent ca pital de la Messe. Le célébrant prononce d'abord — ou m ieu x déclame — la Préface. Le mot (en usage dep u is le m e siecle) définit bien cette priére. H éritiére de V im m ense improvisation qu 'a u x tem ps p r im itifs la fo i et Vam our fa is a ie n t jailÜT au x Ikvres du prétre , la Préface est une introduction au Sacrifice , u n prologue eucharistique. A u jo u rd 'h u i , on tend á Visoler du C a n o n : n 'en fa it-elle cependant pomt intim em ent p a rtie , cette oraison d 'u n style si p u r qui semble prendre élan dans le cceur h u m a in et déboucher en p le in ciel? L 'É g lise grecque et arm énienne ne connait qu'une Préface p o u r toute V année; á R om e il y en ava.it une pour chaqué jo u r. II nous en est resté , en principe , quinze mobiles, adaptées au x m oments de Vannée liturgi que. Toutes sont fa ites sur le méme schéma et prochdent de la méme intention. C’est au T o u t-P u issa n t que ie Sacrifice est offert. Par qui , au nom de qui? le Christ, dont chacune des préfaces rappelle tour á tour ce q u il (* fa it pour notre salut. E t, parce que ce mystkre est ineffabU , il convient que les Puissances du Ciel y participent • on les évoquera done , afin qu'éclate la gloire de D ieu.

AURAS-TU

done, mon cceur. te hausser au-dessus d(> toi-

méme et te placer sous le regard de Dieu? Combien de tem ps, chaqué jour, donnes-tu á ce qui passe et combien á ce qui ne passe pas? Fais silence, voici Theure. Essaie d ’etre tout entier éian et con-

fiance. Recueille-toi, mon cceur, élév e-to i! Tu le sais : ce mystére qui vient n ’est autre que ton mystére; c’est ta vie qui est en question. Tu le sais : jamais tu n ’éprouves joie plus vraie ni plus juste que lorsque tu fais face á Dieu. Tu le sais : si le Christ a pris chair dans le sein d ’ une Vierge, si Marie accepta d ’étre la Mere des sept douleurs, tu le sais, si l’ H om m e-D ieu a vécu comme tu vis, est alié comme tu feras dans la tombe, ce n ’ est pas pour un autre que toi. Tu sais tout cela? Mais l ’éprouves-tu dans Texigence pléniére de ton étre, dans l’ attente comblée qui sera celle du Ciel?

SANCTUS, SANCTUS SANCTUS Q u ’elle éclate done, la Gloire de D ie u ' Et a violence si impétueuse que le chant qui la m a e n i fo i^ * rompt brusquement le déroulement de la pnére euch' ristique par une triple acclamation. Le prétre s'indin '. trois fo is sonne la petite cloche; la Sainteté de Dieu i¡U mine notre nuit. Toutes les anciennes liturgies ne possédaient pas ce chant, bien qifon ait attribué son introduction dans la M esse au pape saint Sixte Jor, au I I e siécle. Toutes Vont de nos j o u r s : Sanctus des latins, Trisagion des Grecs, Deux parties le composent. La premiére evoque le mystérieux passage ou le prophéte Isa'ie raconte sa visión de Dieu (vi, 3) : « Je vis le Seigneur assis sur un sublime T ron é; le Temple était rempli des pans de son manteau. Des séraphins se tenaient pres de lui, ayant chacun six ailes ; d'une paire ils se voilaient la face , d'une autre ils se couvraient les pieds et ils volaient de la troisikme. Et leurs voix alternées disaient: Saint, Saint, Saint est le Seigneur des Puissances, toute la terre est pleine de sa gloire! » Et c’esí aussi par fidélité au Peuple de la Promesse que notre liturgie emploie encore le mot hébreu de Sabaoth pour qualifier Dieu. La seconde partie reprend la méme idée, c'est-á-dire que les Puissances du Ciel doivent venir á notre aide pour glorifier VUnique: Z’ Hosanna in excelsis ne rap* pelle-t-il pas le chant des anges dans la nuit de Bethléem. mais il en est fait application au Christ. Car cet h o s a n n a fce mot aussi est hébreu) suivi de la form ule: « Bém soit celui qui vient au nom du Seigneur », ce sont les mots qui accueillirent le Messie , le jour de son entree solennelle dans la Ville Sainte (Marc xi, 9, 10). Le Dieu fait homme est done entré parmi nous; durant cette acclamation, il a penétre au coeur méme de Vactioti mystique; comme á Jérusalem> jadis , il va gravir son troné, qui est la Croix.

P ^ B o r s q u e je considere en esprit votre G loire, Seign eur, et I



Ja puissance sans lim ites qui siege en votre M ain,

jj^S M lorsque

j ’évoque

rim m en sité

des

m ondes,

l ’infíni

des

espaces, et, toujours repousse plus loin, le m ystére de la création, lorsque je

songe

aux

abim es

des

tem ps

sur

lesq uels

aussi

votre Esprit plañe, á cet ordre supérieur, im p én étrab le, que V o u s imposez aux destins, alors méme que les choeurs in nom brables des A n g e s m e p réten t leurs accents pour louer moins m al votre S ain teté et v otre G ra n deur, courbé d ’ am our, mais devant ta n t de m ystéres c o n fo n d u , je me demande com m ent il se peut faire, que la réalité de cette Perfection et de cette G loire m e consi­ dere, moi, ce néant capable de V o u s, et que le grand secret aboutisse á répandre sur le fro n t d ’ un pécheur une goutte de sang divin.

XVIII WÍMENTO DES V I V A N T S

L’ÉGLISE AU Pied DE LA CROIX Te igitur... — « T oi done, Pero tr h .clémen, Jésus-C hnst ton fils Notre-Seigneur, nous te sun' cTaccueillir ces dons, ces présents , ces offrandes... » ^ l°n.s par dessus Veclatante interruption du Sanctus en1/15*’ nant au développement de la Préface (comme le nr l°l le mot igitur, done) débute la suite des priéres qui ^ mener á la Consécration. Ici commence vraiment le Canon , et c’esí pourquoi les miniaturistes du moyen áue ornaient-ils á merveille le T initial du premier mot cette lettre qui evoque si bien la C r o ix : origine du Cru• cifix que la plupart des M issels font figurer ici. Vinstan du Sacrifice approche;les gestes du célébrant se chargent de solennité et de m ystére: tour á tour, il joint les mains, levant les yeu x au C iel; puis baise á nouveau Vautel, puis signe par trois fo is les offrandes, enfin tient les paumes étendues au-dessus du cálice et de Vhostie comme dans un serment ou une prise á témoin. Ces priéres d'avant la Consécration — dites á voix basse — sont au nombre de cinq; elles se suivent, non sans quelque peu de disparate et de répétition, car elles se sont développées, surajoutées au cours des siecles. Le debut, par exemple, ainsi que la fin appartiennent certainement á la plus ancienne rédaction du Canon; la liste des saints dont il est fait mémoire doit dater du I I I e siécle; le reste a pu se fixer vers le K íe, sauf le Hanc igitur, plus tardif. M a is , de cette suite, une seule idée se dégage, grandiose: celle de la Communion des chrétiens en Dieu. A u moment ou le Christ va gravir la Croix , le pretre precise les intentions profondes du Sacrifice, offert pouj le salut de VÉglise de la terre et la gloire de celle du CidAutour de Vautel done, il appelle et rassemble tous les baptisés, leurs chefs en tete, tous ceux qui souffrent d combattent ici-bas afin que la Croix ne soit pas vaWe\ et tous ceux aussi qui déjá participent á la Gloire
D

ous ct

v o ic i to u s p ré s e n ts, un is d an s la fr a te r n ité de la foi de

l ’e s p é ra n c e ,

sur la

terre

m o rte lle ,

co n stitu é s

vos

tém oins,

S eign eu r, nous q u i so m m es p a r v o tr e V o lo n té e t v o tr e G rá ce

les fils de c e tte É g lis e q u e V o u s a im e z d ’ un gra n d am our. V o ici C e lu i q u i, p a rm i n o u s, v is ib le m e n t V o u s représen te, et qui, plu s q u e q u ic o n q u e , p o rte v o tr e fard eau , voici to u t le tro u p e a u , le b o n et le m a u v a is , le co u ra geu x , le lách e, tou s assem b lés dan s l ’ an x ieu se a tte n te du pard on . V o ici, p a ra llé le m e n t, c e u x q ui d eja ont co n tem p lé v o tre F a ce, vos ap otres, v o s m a rty rs, vos am is, vos élus. M y sté rieu se m e n t unis á nous, par delá nos trah ison s et nos faiblesses, en v o tr e o b la tio n et selon la Com m un ion des Saints. N o u s som m es tous ici, Jésus agon isant, l ’ám e flagellée d ’angoisse, dans la plein e conscience de ne m ériter rien, et dans la certitu d e p o u rtan t que le p ain et le v in de notre offrande, changés, v o n t étre le gage qui rachétera to u t. E t V o u s, Seigneur, com m e V ous av e z v o u lu encore, á l ’in sta n t suprém e, regarder tendrem en t votre Mere Marie et v o tre disciple Jean, considérez, présente ici, to u te votre É g lise , le cceur débo rdan t d ’ am our et l ’ám e suppliante, au pied de cette C roix ou v o tre Sacrifice s’accom plit.

XIX ÉIÉVATION DE L ' H O S T I E

CECI EST MON CORpg Toute explication sur Vhistorique et la s ' de ce haut moment liturgique — somniet a ^ i l^°n Messe — parait v ame. S'ejfagant devant Ze VA* 1(1 VÉglise ne prononce nulle parole , n'accomplit nuí ' qui ne soient siens. La Consécration est la Ckne ^ S*e duite et prolongée , la mémoire sacramentelle de ce suprime ou Jesús, devangant toute trahison et tout plice , offre librement sa Chair et son Sang pour le Salut des hommes. Des les premiers temps chrétiens, Vessentiel de la M esse était la : les Actes des Apotres, les Epitres donnent maintes preuves de cette célébration. Ce rite originellement, était confondu avec le repas fraternel Z’ agape communautaire: on Ven isole , des la fin du premier siecle, par respect. C'est done la Cene qui dicte le plan , les actes, les mots de la Consécration. Le prétre, en ce moment, est, á la lettre, Ze Christ lui-m ém e; sa personne disparait, s'absorbe en celle du Prétre éternel, d la fois victime ojferte el souverain sacrificateur. C’esí pourquoi ses gestes reproduisent ceux que VÉvangile rapporte: il léve les yeux au Ciel comme le Máitre les leva; il bénit Vhostie comme Jésus bénit le p a in ; la génuflexion qu'il ajoute n'est qu'un geste personnel d'adoration envers le Dieu présent. Les mots que le célébrant prononce sont aussi ceux que Jésus prononga: « Grandes et prodigieuses paroles », dit saint Athanase, dont la simplicité absolue contraste avec les formules des prieres voisines: pour agir , Dieu ri*a pas besoin de beaucoup de mots. Pourtant les formules liturgiques ne reproduisent pas textuellement les phrases évangéliques; les siécles y ont fait quelques additions. Des adjectifs, par exemple ceux qui qualifient de « saintes et venerables » les mains du Christ, ou celui qui dit « glorieux » le Cálice ( d'apres le Psaume X X I I , 5). Cependant un de ces ajouts a une grande importance; au milieu de la Consécration du vin, apparaissent — depuis le moyen age — ces mots: Mystére de foi. La, en effet, éclate le mystere de la foi chrétienne: véritablement, réellement, s u b s t a n t ie l l e * ment, selon les termes du Concile de Trente, le pain et le vin se changent au Corps et au Sang. C’est parce que ce mystére est immense qu'on Ventoure de solennité: surtout depuis le X I I e siécle, ou des hérésies avaient mis en doute la présence réelle. La cloche

qui trois fois sonne , V encens qui fu m e , le cierge supplé mentnire allumé magnifient cette Pr¿sence, et surtout / ’ Élcvation Vaffirme d'un geste admirable , qui tend au Ciel et présente au peuple ce pain changé en chair divine. Regarder cette petite hostie ou se cache le plus profond myst&re, mettre dans ce regará toute s a f o i , toute son espé ranee , que peutfaire de mieux en cet instant un fidble, avant de s’abimer dans Vadoration?

Y

ous étes ici présent, mon Dieu, et je Vous adore : je ne v e u x connaitre d ’ autre pensée que celle-lá; Ce pain que je regarde, tendu vers Vous dans la lumiére,

c’est V ous-m em e. votre chair. je le sais, je le crois.

En cet instant ou tou t pour moi se suspend dans le silence faites que j ’adhére pleinem ent au m ystére de ma foi, par ma volonté, m on cceur, m a raison, et par votre Gráce, selon ce méme am our que V ous m ’avez donné.

XX £ L ÉVATI 0 N OU C A UC E

CECI EST MON SANG Adorer D ieu fa it homme et présent dans Vh • cet instant , ne suffit p a s. Adhérer totalement aU° Stl! ’ en de la transsubstantiation n ’est pas encore assez 7? maintenant se placer en face de Vacte méme qui s'accom l á Vautel et qui n'est rien de moins qu'un acte sacriñci ? Plus encore que le p a in , le vin iVévoque-t-il pas d'une fagon frappante le sang volontairement répandu au Cal vaire par la victime divine? N ous sommes done témoins d'une immolation , et plus que témoins , participants en personne , car VAgneau qui va étre mystiquement sacrifié au Pére, c'est nous-mémes qui Voffrons. N ous sommes ici au cceur de la plus antique tradition religieuse, du rite immémorial. L e sang répandu, offert á la Puissance surnaturelle, a pour privilége de Vapaiser. E n Israel, toute faute , toute souillure ou morale ou physique , se rachetait par le sang. « Sine sanguine non fit remissio »; sans le sang , pas de rachat. M ais ce geste sacrificiel n'a évidemment de portée que s'il ' s'accompagne d'une intention , á’ une supplication, d’ une participation. « Le cálice que nous bénissons, dit saint Paul , ri*est-il pas une communion au sang^ du Christ? » (I Cor x , 16.) Les paroles mémes de la Consécra­ tion du Vin , bien plus explicites que celles de la Consé­ cration du Pain , ne marquent-elles pas fortement qu il s'agit d'un lien entre Dieu et Vhomme, d'une « Nouvelle Alliance »? Qu’ en participant á Voffrande de la Victime, Vhomme puisse obtenir le pardon de ses péchés, cela aussi est mystkre de foi. Comme il avait fait de Vhostie, le prétre, aprés avoir béni le cálice, Vélhie et le présente au peuple. Cette coutume, pZus récente que Vélévation du pain (sans doute parce qu'au moyen áge Zes cálices pZus évasés que les notres, rendaient cette élévation assez délicate), a evidemment le méme sens : elle affirme la Présence du Sang•

,

,

Mais c’est Vinstant aussi d'unir á cette vie immolée au Calvaire, dans une participation et dans une oblation totales, cette uie que nous croyons étre notre, et qui ri*a de sens que si elle est donnée.

““

C

e sa n g q u e V o u s te n d e z au Pere dans le Cálice je crois q u e c ’ est v r a im e n t le V o tre , v ra im e n t celui q u i p erla sous le fo u et, qui ja illit sous la lance e t q u i, d e v o s c in q plaies, coule étern ellem en t.

M ais fa ite s au ssi, J e sú s en C ro ix , q u ’il s’ y m éle un p e u d u m ie n , t o u t im p u r so it-il, to u t souillé. que j ’ offre á D ie u m a v ie , po u r que m on sacrifice so it un a v e c le V o tr e , e t m oi un a v e c V ous.

XXI "SUPPLICES"

m é m o r ia l " Chaqué f oís que vous Jerez cela, t ous leferez en de moi arait dil Jésu s apres la double C o n s ^ moÍri A u s s i , des Vépoque aposlolique sans doute , du

II*

siéc lec erta in em en t, V É g lise plaga-t-elle. ic de deux supplications (u n p o n ' T’1 tardives) : priere tripartite qui a la simplicité grave^ quoi l'on reconnait les textes du christianisme primitif.

Mémorial, su ivi

D e quoi fait-elle m ém oire? D e la Passion évidemment que Voblation de la Ckne evoque (et c'est pourquoi le prétre signe VH ostie el le C á lice; c’est pourquoi aussi dans certaines liturgies particuliéres , le célébrant se tieni les bras en croix) ; « chaqué fo is dit saint Paul, que vous rnangez de ce pain et buvez de ce vin , vous commémorez la mort du Seigneur » (I Cor x i, 26). Mémoire de la M ort done , mais aussi de la Résurrection et de VAscensión glorieuse du Christ . A in s i ce mémorial est-il une sorte de résumé de la M e s s e : il en souligne pleinement le sens . L es offrandes que nous avons supplié D ieu de bémr, voici qu'elles sont devenues « la Victime pu ré , la Victime sainte , la Victime sans tache, le P ain sacré de la yie éternelle, le Cálice de Salut ». Tournés done vers Dieu , nous lui disons qu'il peut les recevoir: elles ne sont plus indignes. N 'a -t-il p a s , ja d is , en ces temps ou se préparait et se préjigurait le Sacrifice du F ils , agréé ceux d 'A b el, d'Abraham et de Melchisédech? Le passé gage Vavenir . dans Vimploration , le prétre suppHe de nous rendre, dans la C o m m u n io n , le Christ que nous venons de lui offrir. C’esí le SuppHces, profonde et mystérieuse priere dont Innocent I I I disait que Ventendement humain peut á peine la com p ren d re. E n présence de la M ajesté ineffable, Uautel sublima reqoit Vunique victime , et la liturgie des Anges relate la notre, pour quele Sacrifice du Ciel compUte celui de la Terre . E n cet instant, nous en sommes sürs , ce sont nos élans, nos priores , le plus pur de nous-mémes que le Christ offert porte dans Ip Sein de D ieu , si nous savon s les lui confier. Alors

prostré

le Tout-Puissant

i j ’avais été melé á la foule sur le bord du lac ou parlait Jésus, de quelle joie sans nom l ’aurais-je entendu! Si j ’ avais pu étre témoin de ce geste simple, qui reprit Lazare au tombeau, quel bouleversement m ’eüt alors saisi! Si j ’avais été présent á la Cene quand II rendit gráce et rompit le pain, ses mots n ’ eussent-ils pas transpercé mon ám e? Si j ’ étais resté au pied de la Croix avec Madeleine et Marie et Jean, n’aurais-je pas croulé d’amour et d ’angoisse? E t si j ’avais vu, au matin de Páques la pierre levée, vide le tombeau, quel immense espoir m ’eüt enfin comblé! Alors, mon cceur, entends : tous ces mots, tous ces gestes, ces priéres noyées dans ta distraction, c’ est cela, tout cela, ce drame, ce mystére, l’insondable prodige de ta Rédem ption! Tu n’es pas seulement présent á cette Messe, elle te concerne, toi : l ’enjeu c’est ton destin. Re^ois-le jusqu’au fond de toi, et que ruisselle le Sang de Jésus-Christ répandu sur mon front.

LES MORTS MÉMENTO OES

M O R T S

ET NOUS PÉCHEURs Offrons-nous pour nous seuls le Sacrifice? T

a

on ne sau™ lt tr°P íe répéter, est communioñ A i» • ^ son seuil la Collecte, ainsi qu'avant la Consécruti qu'á formules préparatoires, deux nouvelles priéres rao / / ^ notre volonté d'union fraternelle, deux prüres p cession. l1lter* Avant que le Christ fü t elevé, VÉglise militante et VEglise glorieuse avaient été rassemblées autour de la C roix; c’ esí maintenant VÉglise douloureuse que Ja liturgie appelle, celle des morts et celle des pécheurs. Antique usage que celui de prier pour les morts, que la Synagogue pratiquait déjá, et dont saint Jean Chrysostome assure que la tradition vint directement des Apotres. Pourtant le Memento des défunts (comme les autres mementos) n'est entré qu'assez tardivement dans la Messe: des manuscrits du X I e siécle Vignorent encore. Pourquoi fut-il placé ici, en ce point si important de la cérémonie? Des Péres de V Église Vont déjá expliqué, tel saint Cyrille de Jérusalem: c’ esí au moment oii notre prikre est rendue plus efficace que nous devons en réserver les mérites sur ceux qui en ont le plus besoin, — ces ames qui, les Portes de la mort franchies, attendent encore la lumiére déjinitive. . Ames du Purgatoire: leur seule pensée suffit á nous faire faire retour sur nous-mémes, morts en sursis, futurs résidents des régions d'épreuve. C ’ esí pourquoi, enchainant et priant de toute sa ferveur, le prétre supplie la Miséricorde pour nous, pécheurs, avec des mots simple et direets, issus certainement de la plus ancienne tra­ dition. Et , ainsi qu'il Vavait fait avant la Consécration, M appelle comme intercesseurs de nouvelles figures de saints et de martyrs: ils sont nos témoins, nos gageS\ Pour la troisiéme fois, et de faqon plus définitive, voici évoquée cette grande et admirable réalité de la f 01 chrétienne: la communion des Saints.

“" N cet instant ou ma priere n ’est plus seuleraent ma priere,

E

mais celle, souveraine, de votre enfant crucifié, Seigneur, permettez que, (Tune áme confiante, je Vous

supplie pour mes fréres en Vous qui attendent encore dans la nuit : pour ceux que j ’ ai aimés, ceux que je n ’aimais guére, tous réunis dans la mémoire de mon cceur, pour ces générations de chrétiens dont les voix, sous ces voütes montérent

fidéles vers Vous, comme monte la mienne en cet

instant, et pour ce mort aussi que je serai demain, que sa faute promet d’ avance á l’ expiation dans l ’angoisse, pour tous ceux dont bientót je rejoindrai la troupe et qui n’ attendent d’ espoir que par les mérites de votre Croix. Sauvez-les!

Sauvez-m oi!

et

comme

mon

péché

annonce

et

détermine ma mort et mon épreuve, que l’ offrande de votre Sang anticipe sur votre Pardon.

ACTION DE GRACEs Le Canon de la M esse va s'achcver. QUei vont terminer la longue suite de prim es qui**** pllrQs<* avec la Préface , phrases simples en a n n / *** ° Ul’eríe comme il arrive toujours dans la litursie d ' ^ * ' ma¿s chargéesdesens. L ap rem iére , qui commencepar plu$ dit au Seigneur : a Par le Christ Vous créez s a n T * * ' tous ces biens, Vous les sanctifiez , les vivifiez, les bé **** et Vous nous les donnez. » Cette form ule est-eile un sim ? resume du Canon , sa conclusión? Ou bien le reste tres ancienne bénédiction , non seulement sur le pain^t le vin , mais aussi tantót sur le lait et le miel, tantót sur le raisin , ou Jes agneaux ou les féves nouvelles? Ainsi au Jeudi-Saint bénit-on encore en ce moment Vhuile pour les malades. Le sens en tout cas est clair. La mediation du D ieu incarné offert pour le salut du monde aboutit á une Création continuelle dans la sainteté , la grdce de Dieu et dans son arnour sans cesse reversé sur nous. C'est alors que le prétre accomplit un geste liturgique qui manifeste cette sanctification, cette surnaturalisation, des choses créées: la Petite Élévation, que le son de la clochette sígnale á Vattention. II élkve légérement VHostie et le Cálice á la fois. Cette élévation était la seule connue dans Vancienne Église , celle de la Consécration datant, on le sait, du moyen age ; elle est plus significative que la grande, mais pas de la méme faqon. Ce rCest pas au peuple qu'on présente les obláis, mais á Dieu qu on les tend , maintenant que le pain et le vin sont devenus Chair et Sang divins. A u sens plein du terme, et plus p ro fo n d é m en t que les prieres d'avant la Consécration, ce geste est une « Action de Gráces ». Les mots prononcés par le prétre le disent b ien : Per ipsum... «Par Lui (le Christ) , avec Lui et en L u i , Vous sont rendus, ó D ieu , Pere ToutPuissant , en VUnité du Saint-Esprit, tout honneur et toute gloire, durant les siécles des siecles. » Par le Christ médiateur, unis á Lui, en quelque sorte absorbés en Lui, nous, les rachetés, nous participerons, duraii rÉternité, au bonheur de louer la Trinité Sainte, avec la Création entiére! Et TAmen qui clót cette priére sublime, le plus important sans doute de toute la Messe, le sen méme qui figurát dans VAnden Canon, prend ici toute sa portée étymologique: d'une ame fervente, u n á n im es répondons: « Qu'il en soit ainsi! »

,

A IN TE N A N T, la Création entiére est rachetée,

et il n ’y a

plus parmi nous que la joie d ’une promesse ineffable! _

C ’est comme un jaillissem ent perpétuel : les sept jours de

la Genése inlassablement répétés! To u t est pur, tout est vrai, et ce monde redevenu intact qui m ’entoure, et ce cceur de misére par l ’amour reconquis! Parce que Dieu s’est fait homme, parce q u ’un morceau de pain, une coupe de yin sont élevés vers lui en offrandes sacrificielles, tou t ce qui est de la Terre est promis á la Gloire, et l ’étincelante lumiére des Trois Personnes a envahi ma nuit. Seigneur, je tends vers Vous ces biens de votre Création, qui ne m ’ appartiennent pas, qui sont uniquement Vótres, dans l ’ordre d ’un mystére que je ne comprends pas, mais dont je sais pourtant qu’il s’accomplit, attendu depuis les origines des temps, pour mon salut, et dans l ’Éternité. Ah, faites-moi reconnaitre votre Gráce sur ce monde périssable ou je passe un instant! sanctifiez, bénissez, ce que je suis et ne voudrais pas étre, ce que j ’ai et veux rendre á la Charité du Christ, et que l ’immense amour dont sur moi je sens s’épandre la tendresse, suscite dans mon ame l’élan reciproque du don!

r

XXIV

PATER NOSTER

WWW 5".

j ai

ecoute

l enseignem enseisnem ent. i'ni ofím ent. j'ai maintenant j e vais recevoir. C/est lo bann la Com munion. '

7™*,

„ i'nn/„P lmP¡orfl-

*ncrifió) sarrifineit

La / a fon r/oiu /a /l i a r le 0IMn, ,,, rfpr,|(. (/ ahora p a ra m e inattendu. Apres une pinas* ,

pew

rhante et tres ancienne ( saint Jeróme, au IV * ¡ ° u' fait déjá allusion), ou il affirme que c e si spuf?We m V l mstruction méme du Christ q u il ose dire ce q u i l j diré , phrase quHl prononce doigts joints dans un geZ qui sym bolise bien Vunión — le prétre recite lentement le Pater Noster. Alors il étend les mains et regarde VHostie. Oraison dominicale , priere pléniére. Selon saint Luc (xi, 2, 4), Jésus Venseigna á ses disciples, sur leur demande , 6ie/i peu de temps avant sa Passion. Füt-ce au balcón d'Ephrem ou sur les pentes du Mont des Oliviers? U avait-il dite déjá dans le Sermón sur la Montagne, comme Vaffirme saint Matthieu (vi, 9, 13)? II n 'y a nul doute q u il s'agisse lá de Vessentiel de son message, de son testament spirituel. Uusage de réciter le Pater á la M esse est extrémement anden , peut-étre apostolique: de nombreux Peres de VÉglise y font allu­ sion et saint Augustin le tient pour établi depuis longtemps. C'est le pape saint Grégoire le Grand, au V Ie siéele, qui jit placer cette récitation au seuil de la Commu­ nion. Inspiration sublime et intention profonde! La Communion iCest-elle pas le sacrement de VUnité? P °ur s'y préparer quoi de plus souverain que la Chanté, a laquelle le Notre Pére nous incite? Avant de communier au corps du Christ, communions á son esprit.

e t t e priere que vos lévres elles-mémes m ’ont apprise, Sei­ gneur, et que les générations inlassables de vos e n fa n ts, de­ puis des siécles. ont, selon votre ordre, répétée, je veux la diré ici non pas dans la distraction et la routine des form ules, mais lentement, d’ une ame émerveillée et méditative, comme si je l’ entendais pour la premiére fois. Vous m’ avez dit que Dieu est mon Pére, et pas seulement mon Maitre et mon Roi, pas seulement Yahweh au front terrible, le chef des armées, le redoutable, le justicier,

mais qu’il m a

institué son fils, l’héritier de son royaume, et que si haut que ré sid e n t

sa puissance et sa gloire, je puis l ’appeler d ’un nom

d’amour confiant. Pére, je Vous prie done d ’étre présent parmi nous, sur la terre c o m m e Vous étes dans les secrets du ciel; présent par la Gloire

de votre Essence qui éclairera mon ame, regirá mon esprit, et comblera d’ amour mon cceur; présent par l ’ affirmation de votre Puissance qui fondera le régne de la pleine justice; présent aussi par la manifestation de votre Volonté, á qui mon étre entier se soumet dans la joie. Je Vous demande de me conserver l’ existence aussi longtemps que Vous le voudrez, de m ’accorder mon pain par mon travail, jour aprés jour, dans une confiance totale en votre Providence, de faire que ce pain soit celui de la fraternité et de

l ’entraide

húmame, et non seulement celui qui nait avec le blé qui germe mais celui qui fut dit « pain de vie », car ceux qui s’en nourrissent n ’auront plus jamais faim. Je Vous supplie encore, devant le poids insupportable de ma dette envers Vous, de daigner en remettre la charge. E t que l’ exemple sans cesse présent de votre miséricorde me dictant ma conduite, je sache étre généreux, prompt au pardon et charitable, Pére, comme Vous étes envers nous tous. E t dans cette lutte affreuse que je dois quotidiennement livrer, dans ce cercle de fer, mortel, ou je me débats, ne permettez pas que la tentation soit inégale á mes médiocres forces; épargnez-moi les épreuves qui brisent, le trouble qui bouleverse, ne m ’ abandonnez pas á cet ennemi que je porte en m oi-méme. Pére, en cet ins­ tant oü le Sang de votre Fils me rend á votre Gráce, avez pitié de moi!

XXV F R A C T I O N DE L ' H O S T I E

LE PAIN ROMPU Apres q u ü eut rompu le p a in , qu'il Veul béni et cnn eré, Jésus dit a ses d isciples: « Preñez et m<mae z i , Communion fail done partie integrante de la M complément logique, indispensable de la C onséeraT *’ ( Et quelle erreur n est-ce done pas de Ven séparer °d communier en dehors de la M esse ou , sous pretexte de bien communier , de se désintéresser de la liturgie pour s'absorber en une méditation personnelle!) Ainsi déjá en Israel , selon VAncienne Loi , aux sacrifices était joint le « repas de VÉternel », ou les offrants mangeaient les viandes de la victime aprés qu'on en eut brülé quelques parties sur Vautel « en agréable odeur » ; participer á ce banquet de D ieu , c’était vraiment consommer de la nourriture sanctijiée, acceptée par le Tout-Puissant. Bien davantage, selon la Loi Nouvelle, le repas sacré prend tout son sens de divinisation. Le Christ lui-méme n ’a-t-il pas d it: « M a chair est vraiment une nourriture et mon sang vraiment un breuvage » (Jean vi et s q .)? A la derniére Cene , les Apotres ont certainement mangé le pain et bu le vin consacrés par le M aitre; aux temps apostoliques, VAgape rassemblait les baptisés, á la fois repas de fraternité et communion liturgique; et plus tard quand le banquet et la communion furent séparés, on continua longtemps á maintenir le souvenir vivant du banquet. De nos jours , ce sens n'est-il point trop perdu de vue , ce sens du repas qui, de faqon si frappante, correspondan á Vidée d'union fraternelle en Dieu sans laquelle il n'est point de communion féconde? Les gestes du prétre et ses paroles cependant y font noblement écho. A p res quHl a repris et développé les derniers mots du

Pater, « libera n o s », pour conclure — selon les termes d'une tres antique priére , — que nous ne sommes délivrés que p a r le Christ, le célébrant prend V H ostie , la rompt en deux , met de cóté une des deux moitiés sur la patene , p u is détache une parcelle de Vautre et la laisse tomber dans le Cálice. Trois actes également riches de signiji catión. V H o s t i e divisée c’est le pain rompu de la Cene (les J u ifs ne coupaient jam ais le p a in ), c’ est celui qui fit reconnaltre le ressuscité par les disciples d'E m m au s , c’est, mystiquement , selon Vinterprétation médiévale , le corps du Christ brisé dans la P assion , c’ est surtout la distribution aux frkres qui s'annonce et se prépare. La moitié mise de cóté c^est le souvenir de ces Sancta ,

consacrées á une M esse precedente, qu on gardait pour montrer que le méme Sacrifice se perpétuait de M esse en M esse. La parcelle d'Hostie, enfin , qui se méle au vin du Cálice, selon un rite déjá pratiqué au I V e siécle, c’esf, selon le symbole , Za Chair et le Sang du Ressuscité associés pour notre salut ou selon d'autres ses deux natures ajfirmées unies. M a is c est aussi , et toujours , Vimage de ce que chacun de nous est dans le sein de l Eglise fraternelle, associé á tous , comme cette parcelle de pain dissoute dans le vin.

S

e ig n e u r , ce pain que Vous avez V ou s-m ém e, á la derniére

Cene, rompu de vos doigts et entre vos A potres partagé, ce pain que vos martyrs s’ offraient les uns aux autres,

avant d ’ étre broyés sous la dent des fauves comme le from ent l ’ est 6 0 us

la m eule,

ce pain que des générations de vos saints se sont distribué au cceur des siécles dans un élan d’ amour et de fraternité, ce m ém e pain qu’ en cet instant, sur toute la face de la terre, une innom brable Messe intarissablem ent renouvelle, faites que je le regoive non point pour moi tout seul m ais pour l ’im mense troupeau de vos fidélités, pour ceux qui V ou s connaissent et ceux qui V ou s ignorent, faites, ó Christ donné á tous dans la moindre parcelle, que je com m unie á ce qui est le sens et le dessein de votre sacri­ fice : rachetée par votre Sang, la Sainte H um anité.

AGNUS

DEI

PAR LE SANG DE L’AGNEAU « Comme un agneau qu on mene á la boucherie co une brebis devant ceux qui la tondent, en silence T i ^ soumet á la soujfrance. » A in si le prophete Isaie dan un passage célebre ( l i i i , 4. 6) annongait-il le M essie Ü! « Voici V A gneau de D ie u , celui qui ote le peché du monde! (Jean, I, 20.) A in si le Baptiste criait-il, en apercevant Jésu s . La triple imploration que la liturgie rnet en cet instant sur nos levres reprend ce symbolisme de Vagneau, tel que les Israélites le connaissaicnt depuis cette nuit pascale ou , exilés en É g y p te , ils avaient, sur Vordre de M oíse, marqué du sang d’ un agneau les portes de leurs maisons et avaient été épargnés. Historiquement, í’ Agnus Dei semble bien étre le reste ou le substituí d^une antique litanie qu on chantait durant la fraction des espéces pour les jidéles , cérémonie qui pouvait étre fort longue. On en avait pris Vhabitude en Orient et cest un pape syrien , saint Serge / er, qui, a la fin du V I I e siecle , en établit définitivement Vusage á Rome. Le sens de ces trks simples paroles est clair, Vagneau pascal ne protégea-t-il pas Israel? UAgneau sacrifié ii’est-il pas le gage de la réconciliation de Vhomme avec D ieu? M ais les derniers mots de la triple priere précisent admirablement dans quel sens il faut cherclier l amour de D ie u ; tandis qu'á deux des Agnus Dei on répond: « A yez pitié de nous », au troisiéme on d it: « Donnez* nous la p a i x ! » Et, tout de suite aprés, le célébrant prie pour que VÉglise soit pacifiée et u n ie; p u is , aux Messes solennelles, se place le rite si beau du baiser de paix, ce rite qui vient tout droit du Christ et des Apotres , que les premiers chrétiens tenaient pour fondamental et que ceux d'aujourd'hui ont tort de négliger. Une fois de plus s’exprime dans les paroles et les actes liturgiques la grande legón quHnlassablement répete la M e s s e : pour que Dieu nous garde dans la paix de son amour, aimons-nous les uns les autres!

s

e ig n e u r , il n’y a qu’un signe auquel Vous puissiez me recon-

naitre, au Jour du Jugem ent lorsque Vous reviendrez sur les nuées du Ciel, dans la m anifestation terrible de votre

Gloire, quand to u t ce qui est caché se verra découvert. Ce signe, plus infaillible contre l’Ange de la Colore que celui dont furent marquées les portes d’Israél, ce signe dont il fu t dit q u’aux temps d’Apocalypse vos serviteurs le porteraient comme un sceau sur le front, je le connais, ce signe de votre Miséricorde, méme lorsque mon coeur ne v e u t pas l ’accepter : c ’est le signe de l ’A gneau que votre Sang éternellement trace sur l ’étre plein de haine et de violence que je suis, c’ est celui de la paix, du m utuel pardon, de la tendresse humaine, de votre am our pour tous sur chacun reversé. A h ! faites done, Seigneur, que je le désire et le re^oive, ineffagable, ju squ e dans le plus intérieur de moi, e t que, par la seule puissance de votre Marque, je possede le m onde tel que V ous l ’avez pronus a la douceur.

COMMUNION DU PRÉXRp I E P R É T R E SE (OMMUNIE

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recite deux priores ferventes , Z’ u/ie r//u siW /,e ie X ' . " donneur de vie, de sauver son serviteur et de l' - St: L u i , Vautre par laquelle son étre enticr se recon* ' indigne d'un don si inconcevable et implore pour ne tourne pas á sa condamnation. Elles sont belles priéres, mais subjectives (leur introduction relativement récente, vers le X e siécle , en est une preuve) elles n'appar tiennent pas á la ligne premiere de la M esse , d sa plus profonde intcntion qui est , on le sait, d'associer toute la chrétienté á Vacte liturgique. C ’est cette volonté d'union collective, de participation , que chacun doit éprouver en soi . La Communion du prétre est indispensable , partie inte­ grante de la M esse , si nécessaire quau cas ou le célébrant se trouverait empéché subitement de Vaccomplir, un autre prétre devrait aussitót se substituer á lui et communier pour lui. Qu’est-ce gu’ un sacrifice qui ne serait point consommé? Avec le célébrant et par lui , que chacun done le consommé! Le prétre tient notre pla ce; il sacrifie pour nous. Les mots mémes qu'il prononce ne font-ils pas écho á ceux qui se formulent dans le plus profond de notre ame? Mots d^humilité repris au touchant centurión de Capharnaüm, mots de gratitude émerveillée devanl ces richesses offertes. mots de confiance lorsque le rite s'achéve: c’esí par le Corps et par le Sang du Christ que je vivrai, moi, indigne , en Dieu et dans VÉternilé...

esprit s’ abim e en votre Frésence et m on áme a faim

et soif de Vous;

il n’y a plus rien en moi que votre atteute, ríen que

Tanxieux silence oü Vous allez venir. Jamais je n’ ai autant éprouvé ma misére, la profondeur sans borne de mon indignité; jamais je n’ai tant sentí en moi, intolerable, le poids de l’étre indigne que je suis; jamais je n’ ai si fortement compris que par moi-méme, je ne suis rien, je ne puis rien;

et c’ est vraim ent dans la nudité totale, et le dénuem ent, et la détresse, que je m ’ agenouiJle devant Vous, parce que j ’ ai placé en Vous mon unique esperance et que je sais que Vous ne la décevrez pas. Je crois que c’est Vous-méme qui allez étre en moi, pour moi et contre moi, la forcé et la plénitude de la vie; je crois que, d’ un seul m ot, Vous rendez sain ce qui était m alade, et pur ce qui était souillé; je crois que Vous étes ici présent dans l ’ Hostie et dans le Cálice —

M on D ieu, de toute mon ame, je crois en V o u s!

XXVIII

COMMUNION DU FIDÉLE

LES Fl DÉLES VONT A LA TABLE SAINTE

CVst au tour du fidele de recevoir son D ieu d * á lui , car communier est plus que recevoir. O ril; V Unir /« distribution des Saintes Especes s’ était faite ¿ y eTnent méme de VAgape, puis la couturne fu t que le distribuát dans les rangs des assistants : depuis le I J/e •? ele ce sont eux qui se dirigent, graves , vers cette « Sa¿ T Tofc/e » í/ont le nom évoque le souvenir de celle de la Cén 6 Primitivement aussi le pain consacré était re$u na chacun « dans la main disposée en creux » (les Peres de VÉglise ont vu la un moyen de sanctijication des sens) et les fideles buvaient tour á tour au Cálice. La com­ munion sous les deux especes, encore en usage chez les Grecs, a duré en Occident jusqu'au X I I e sibele et ne fu t officiellement supprimée que par le Concile de Constance en 1418. Pas davantage, aux temps anciens, quand le peuple s'associait activement á la M esse , ne lui faisait-on interrompre la grande priere liturgique pour dire, chacun en soi, le Confíteor; mais , par contre, le Chant de Communion, comme il en va encore aux Messes solennelles, était celui de toute Vassemblée. U u n aprés Vautre, agenouillés, nous tendrons la bouche vers le pain de vie. « Que le Corps de Notre Seigneur Jésus-Christ garde ton ame en la vie éternelle! » répétera le prétre á chacun, en déposant VHostie entre ses lévres. « Corpus Christi! » disait, plus simplemente Vancienne Église , celle de saint A u g u stin ; en ces deux mots n’est-ce pas toute mon áltente qui se trouve comblée, toute mon esperance qui s'exprime, toute ma fo i, tout mon amour?

A

UCUN mot n’est capable dans aucune langue de la terre, pas méme ceux qu’on murmure dans le secret du cceur,

de dire ce que je voudrais diré en cette minute, car ma joie n'est plus d’ ici-bas.

Je sens sur moi luiré la lumiére de votre Face, au plus profond de moi brüler la douceur de votre amour; Vous étes en moi, je suis en Vous, tout est mystére : mon ame se tait et mon esprit adore, prostré. II n’ y a pas de gratitude humaine pour correspondre á ce don qui est si loin au-delá de l’humain;

il n ’ y a pas d amour qui puisse étre reciproque á celui pour lequel Vous Vous étes livré ; il n ’y a pas d’ offrande et de promesse qui ne soient rnisérables auprés de votre exemple et de votre oblation. Quoi done Seigneur? que Vous donner? que Vous dire? Ríen, sinon Vous-m ém e, re<ju dans le silence et l’abandon. Alors, en mémoire de ce jour de mon enfance intacte ou je Vous ai possédé pour la premiére fois, je Vous demanderai seulement de fairc de moi selon votre désir, de me garder tel que Vous me voulez étre, de m ’ associer á l’ Hostie que Vous étes, avec ma Croix, mes joies, mes espoirs et mes déceptions, d’étre plus moi que moi, de vivre de ma vie. — Mon Dieu, faites que je sois comme un enfant entre vos Mains.

XXIX BÉNÉDICTION

SOUS LA MAIN DE DIEU Apres la Communion , la Messe s'achéve presque tout de suite: certains s'en montrent étonnés; ils préférent quun temps leur soit laissé pour prolonger leurs medítations personnelles et, cortes, Vaction de gráces de Vame en qui le Christ repose est Vune des meilleures oraisons quon puisse faire. U E g lise la recommande. M a islap iété des anciens chrétiens pensait que la M esse entiere est une , action de gráces » et que, sanctifié par la présence en lui du corps divin, chacun n'a q u á prolonger la Messe dans sa viepar Vexercice de la charité, par Vacceptation do la joie et des peines , par Ventretien en soi de laferveur. Les priéres qui suivent la communion correspondent á deux ordres de signification. Les premiéres demandent á Dieu de rendre eficaces les dons re$us, de nous main teñir purs, de faire, dit profondément Vune d'elles, que « ce que nous avons regu dans le temps demeure en nous óteme! remede ». Tel est, dans Vensemble , le sens des priéres des Ablutions, dites, depuis au moins treize siécíes, au moment ou le prétre purifie tout ce qui a touché la Chair et le Sang, ses lévres, ses doigts et le Cálice; et la Postcommunion, vénérable sceur de la Collecte et de la Secrete, mobile comme elles selon les M esses, et qui précise comment nous désirons voir durer en nous les fruits du Sacrifice : ce sont lá les conclusions á Vacte méme de la Communion. Mais voici quatre données liturgiques qui élargissent les perspectives. A u moment ou se termine la halte mystique de la Messe , ou nous allons retourner á la vie , ses périls , ses soucis, ce que VÉglise nous rappelle , c ’est que nous devons vivre sous la main de D ieu , et que, de fa it , c’est cette main qui va nous regir et nous protéger. C ’est ainsi la Messe entiére qui se trouve en quelque sorte projetée dans notre existence, et continuée. L’ Oraison sur le peuple, qui ne se dit plus de nos jours qu'en semaine , du M ercredi des Cendres au Vendredi-Saint, priére d'origine orientale aux accents de bénédiction, rappelle á chacun qu’il doit incliner la tete devant Dieu. L’Ite Missa est, qui semble nétre prononcé lá que pour nous permettre de quitter Vassemblée solennelle, signifie aussi que notre Messe commence, notre role: missio ne veut-il pas dire á la fois « renvoi » et « mission »? Le Placeat, introduit par saint Pie V au X V I e siécle, veut rappeler la présence, en face de nous, de la Trinité Sainte, au nom de laquelle

j.

nous garder.

— ------- --

« v v m 'u

u 'v v u iri'i/ u fiiri'ü r

ette Messe, Seigneur, dont vous venez de me donner

v^i

la

Gráce, ce drame ou mon étre tout entier s’est associé á Vous, ---------- ne permettez pas qu’elle ait été, dans ma vie, une heure semblable aux autres : gravez-en la mémoire au plus intime de mon cceur. Ne

m ’ abandonnez pas!

Que votre

main tutélaire

demeure

présente au-dessus de mon front; semblable á la nuée qui mena votre peuple dans sa marche, qu’elle me guide, me soutienne q u’ elle soit mon signe et ma constante pensée. Faites que moi-méme je ne Vous quitte pas, que je me souvienne que Vous étes toujours lá, présent, inoubliable, et que je Vous reconnaisse sur la face du Monde comme dans ces abimes intérieurs ou se prépare mon destin. Veuülez que toute ma vie soit emplie par la foi, animée par l ’ amour, exaltée d’espérance, que je supporte d’un cceur également ferme le bonheur et l’ épreuve, qu’en moi, autour de moi, tóut soit Gráce, et que chaqué heure du temps qu’il me reste á vivre soit comme* une Messe prolongée.

DANS LA GLOIRE DU VER^j? F R M I F 1 VA N 6 I L E

Le dernier Évangile, que le prétre va lire du nX. ■ a ' et '1U l! entoure d'un rile de vénération e ^ Y ^ vement recent dans la Messe. Les vieilles litur ' connaissent pas et ce n'est pas avant le X IIT e ,/ f ‘f ,l? le le trouve dans les Missels. C'est une fleur née de la*populaire, par la vertu méme du texte qui y est dit le plus souvent utilisé n'est autre que le P r o l o ^ T I V e Evangile, cette sorte d'hymne cndencée, que saint Jeu pla<;a au début de son livre, comme si Velan spiritueí incoercible qui le portait ne pouvait s'exprimer que por ce chant de gloire. Les chrétiens du moyen áge avaient ce texte en particulikre vénération, et c'est d'ailleurs pourquoi, de nos jours encore, á la campagne, on le recite presque comme un exorcisme, pour obtenir le beau temps ou quand Vorage terrifie les cceurs. C'est encore saint Pie V qui en fit une partie intégrante de la Messe, sa conclusión: inspiration sublime! II est beau que le drame liturgique s*aclúve sur cet élancement dans Vespace. Nul passage plus simple dans tout VÉvangile, nul aussi plus mystérieux. Le Verbe qui était au commencement de tout et par qui toutes choses furent créées, cette Parole qui appelle Vétre á la vie et dont Vineffable lumihre nous exalte au-dessus de nous-mémes, c'est cela méme, cette réalité qui est par delá toute compréhension húmame, que nous reconnaissons dans le Christ, Dieu ayant pris chair comme nous. Devant un tel mystére, Vesprit se tait et Vintelligence abandonne, mais la foi parle. C'est parce que le Verbe s'est fait chair et qu'il a dressé sa tente parmi nous que nous avons connu Sa Gloire. Quittons done la Messe dans le réconfort de cette certitude et que le Verbe éclaire notre chemin! de

T maintenant que je vais retourner dans la vie

dangereuse, difficile, la vie quotidienne des hommes, je Vous appelle sur moi, Lumiére de la Lumiére, Yerbe incréé par qui tout est, tout fut et tout sera. Sans Vous, sans votre Forcé en moi je ne puis vivre pas plus que mon corps ne vit sans votre soleil; mon esprit n’ est que le reflet terni de votre Gloire et mon sang bat au rythme de votre Création.

J ’invoque en Vous la M ajesté qui est Justice, je reconnais en V ous l ’ultim e Vérité, de Vous seul j ’ attends l ’ Espérance qui est Gráce, j ’ adore en V ous l ’inépuisable amour. Faites, Verbe de D ieu , que cette ressemblance inconcevable que Vous voulez entre mon áme et Vous, se révéle en mes actes, dans m on cceur s’accomplisse, qu’ en m es pires ténébres je sache Vous percevoir. E t puisque tou t cela est si profond mystére que m on esprit défaille et demeure interdit, V o u s qui possédez seul l ’ explication supréme, répétez á m a foi son pourquoi et son comment. V ou s qui avez pris chair dans le sein d’une Vierge, V ou s qui avez connu mon angoisse et ma mort, faites, Verbe fraternel, que vers Vous je me dresse confiant, com m e vers un étre que je reconnaitrais. R edites-m oi que la Forcé s’est faite Miséricorde, qu’ entre l ’Abim e et moi votre Croix est dressée, que le Sang n ’est pas vain, que le Salut existe; Mon D ieu , rappelez-moi que Vous m avez aime!

XXXI

PRIERE DU MATIN Au plus lointain des temps , au plus profond de l'ame, le geste de prier des le réveil est inscrit. Dans Vémerveillement de voir naitre un jour nouveau , quel homme , si prim itif soit-il. n a pas sentí en lui monter la joie et la reconnaissance? La Bible proclame maintes fo is la beauté particuliére de cette premiére prihre, de ce « sacrifice du matin » dont il est question dans les Nombres et dont le livre des Rois dit q u il est « le meilleur de tous ». Un psaume , le vingt et uniéme, n'est-il pas expressément composé pour cette imploration fervente du seuil de la journée? La régle des moines, par trois offices successifs, consacre ces heures merveilleuses: Matines quand le jour n'est encore qu'une promesse , Laudes quand Vaurore sourd aux environs de VOrient, et Prime lorsque le soleil fait éclater la gloire du Seigneur . « Voici levé déjá Vastre du jour , dit Vhymne de Prime, á genoux prions D ieu ! » Et , tandis quaux cloches de milliers d^églises, VAngélus égrene par trois fo is ses coups rythmés, du cceur fidéle monte une triple priere , de gratitude , d'engagement et de confiance: un jour nouveau s'ouvre pour D ieu .

D

A7sTs le jeune matin, Seigneur, que ma premiére pensée vers Vous s’éléve, Pére á qui je dois de voir ce jour! Je ne suis que par Vous; ma chair fut par Vous tirée de la terre

inerte; mon áme fut faite á la ressemblance de votre Face; et, du plus profond des temps, je sais que Vous m’avez appelé par mon nom. Que cette journée qui s'ouvre soit pour moi semblable á une offrande! Dans la beauté du monde, que je sache reconnaitre votre splendeur! Que j ’aie le cceur ouvert á l’ amour, la ferveur et la joie! Que chacune de mes heures s’écoule en votre Présence, Dieu á qui appartient le pourquoi et le comment de to u t! Cette journée sera claire ou sombre : qu’importe? Le malheur et la douleur peuvent en étre le lot. Je veux adorer tout ce q u ’ il m adviendra durant ces heures, et, par avance, j ’accepte le bon

et le m auvais de tout. Fils de Dieu, donnez-moi d’associer mes souffrances a u x V ó tr e s . Vous qui avez connu le fardeau de notre peine et portez avec nous

le

poids quotidien

de notre mort.

Protégez-inoi, Seigneur, contre moi-m ém e. Je sais de quelle boue je suis pétri. T an t de forces me poussent vers la nuit et vers le gouffre : en m oi, autour de moi, tentations et péchés sont coalisés. Que votre Gráce me garde; que votre Image humaine me soit sans cesse présente; qu’elle me conseille et me montre Thom m e accom pli! Car Vous ctes, Jésus, le seul Modéle : faites que j ’ aie l ’ énergie de tendre á Vous ressembler! E t Vous, Verbe Éternel, Vous aussi, Esprit

de Lumiére, qui

étes en moi com me l’ áme de mon áme et la Présence qui ne se récuse pas, guidez-moi, m enez-moi, soyez ma conscience et mon courage! Faites-m oi distinguer le tracé de ma route et donnezm oi la forcé de la suivre jusqu’ au bout!

XXXII

POUR CHAQUE INSTANT DU JOUR Le temps est ceuvre de D ie u : Vheure lui appartient et c'est justice que de lui rendre gráce, pour toutes el pour chacune. A in s i , en Israel , les fidéles m a r q u a i e n t ils des haltes dans la journée , ou leur dme et leur corpsy détachés un instant des taches quotidiennes, faisaient face au Ciel. A in s i , dans les couvents, la troisiéme, la sixiéme , Ja neuvihme heures rassemblenUelles les orants, fes orantes, et pour fin ir , déjá s'obscurcissant, celle ou parait Vétoile Vesper, Vheure des Vépres. E n ces moments choisis, qu'ojfrir aux Trois Personnes? Rien d'autre q u e ce que nous sommes , /aits de terre, mais rachetés selon la Promesse , rien d'autre que notre vie mortelle mais vouée á la Gloire, notre travail, notre nourriture, notre repos méme , eí ceífe confrontation permanente de nous-méme á auírui, si souvent pénible , en quoi il nous est demandé de voir une communion.

n

E veux Vous consacrer tous les instants de cette journée, Seigneur, méme ceux oü je Vous oublie et Vous néglige, car Vous étes présent jusque dans mes absences et fidéle jus-

qu’ au sein de mes pires abandons. Comme le soleil, d’ aplomb, illumine la terre á midi, qu’ ainsi votre lumiére tombe droite sur chacune de mes heures, qu’ elle donne á tous mes actes la splendeur de la foi, l ’éclat de l ’espérance et la douceur rayonnante de 1’ Amour. Me voici au travail, mon Dieu et dans l’effort que je poursuis, faites que je retrouve un peu de votre joie, ó Créateur, qui avez fait le monde et appelez l’homme á la Vie a fin que votre ceuvre se prolonge et que toute chose créée célebre votre Nom . E t si la peine est lourde, si la main, le bras et la nuque se lassent, faites, Charpentier Jésus et Marie Ménagére, Vous qui avez aussi connu cette fatigue, faites qu’ elle soit comptée pour le rachat de mes fautes, qu’ elle me soit á vos yeux, une chance de pardon.

Q u e cet te n ourriture d o n t m on corps a besoin soit deux fois l’ occasion

d 'u n e

lo u an ge

et

d ’ unc

g ra titu d e .

car

Vous

voulez,

S eign eu r, que les biens de la terre d evien n en t forcé de vie dans ma cliair m o rte lle . et V o u s v o u le z aussi, selon le signe et le m ystere, que le pain et le v in c o n stitu e n t pour m on am e le gage d ’éternité.

F aites

aussi, M on

D ie u , que to u t

in stant de repos en cette

jo u rn é e ne soit pas se u le m e n t un tem p s v id e, oü m on ám e, absente d ’ e lle -m e m e , cede á l ’ ennui ou á la vaine d istraction ; m ais que chacune de ces m in u tes suspendues m e fasse participer á l ’ harm onie du M o n d e, á to u t ce qui tém oigne de votre Présence et refléte en m o n cceur l ’ éclat de votre Gloire.

E t su rto u t, dans le coude á coude de la vie, d onnez-m oi, Sei­ gneur, la puissance d ’ aim er. Que tous ceux qui m ’entourent, tous ceu x

qui m e rencontrent, me trouvent les mains ouvertes,

le

regard droit et le cceur généreux. Faites que je pardonne et que je m e d évou e, que je sache participer aux épreuves des autres et m e réjouir aussi, vraim ent, de leur bonheur; q u ’aucune duplicité ni aucune équivoque ne fausse mes intentions ni m a cond u ite; faites que je sois patient et bon, pur et droit com m e Vous étes, a fin que la Charité du Christ demeure en moi.

XXXIII

PRIERE DU SOIR Derniére priére du jo u r , celle du soir rassemble parachéve le temps qui vient de s'ecouler. Comme celle du matin , elle est immémoriale et plonge ses racines au coeur méme de Vhomme. En Israel , pílese célébrait avant que la seconde étoile fu t allumée. L 'É g lise la nonime Complies : ce jour qui meurt est lá. d éjin itif; U est complet et il est accotnpli. V office , par trois psaurnes. en resume, la signijication. Ce jour a-t-il eté ce q u il eut du etre, p ltr et saint, habité par D ieu ? Trop souvent la honte et le repentir en sont seuls la conclusión legitime. Pourtant, bon ou mauvais , ce jour fu t , et « par l offrande du soir , sortant de Vajfliction » (I. Esdras) Vhomme aura le désir de remercier, de rendre gráces, pour tout ce q u il a re^u durant ce proche passé. Enfin Vheure du soir est celle de Vabandon; le corps va céder au sommeil , Váme á l'on ne sait quelles obscures pu issan ces; que la Forcé et la Lumiére suprémes nous gardent des périls de la n u it! Et puisque le mystére du soir est un mystére de mort , ajj'ronté á la grande échéance dont chaqué jou r finissatit rapproche, nous répéterons les suprémes mots du Christ, les mots du complet abandon et de la totale espérance: « Seigneur , entre vos rnains je remets mon esprit... » Car tout est dit par lá.

Y

o ic i

qu’un jour s’achéve,

Seigneur : un jour de plus,

vais-je diré? Un jour de moins dans l’attente de ma mort. Je passe en revue ces heures encore si proches, inscrites

déjá pourtant au livre de votre Jugement, et j ’ ai le cceur pensif de les trouver si vaines, si occupées de tout ce qui passe et dis­ perse, mais si vides de Vous. Pardonnez-moi, Seigneur, d’étre faible, d’étre lache, de connaitre le bien et de le faire si mal, de toujours retomber au méme endroit, sur la méme pierre, d’ étre si fade, si tiéde, de Vous aimer si peu. Aujourd huí done, encore, malgré mille proinessos, je Vous aurai trahi et je me serai trahi. Jusques á quand mon Dieu, jusques á quand?

Secouée de repentir, m on ám e est lourde et trem ble. suspm due á votre pardon . Si je n ’ avais rem is, une fois pour toutes. aux rnains du Christ m es fautes et m es peines, seul me resterait le reeours á 1’ a b im e

du

désespoir

et du dégoüt de m oi. Mais il m ’a été

dit que to u te faiblesse en V o u s est véritable forre : Seigneur. j'ai foi en V o u s.

L a nuit to m b e , la nuit cóm plice de mes ténébres et je connais ses te n ta tio n s. P rotégez m a demeure, les miens, ma vie. gardez m o n ám e. Que vos anges em plissent l ’ombre de leurs ailes tutélaires, et faites que m on som m eil, habité de votre Présence. soit to u t de confiance et de fidélité.

P u is, lorsque viendra pour moi la nuit définitive, lorsque je serai proche de com paraítre devant Vous, faites, Dieu Tout-P uissa n t, par le sang répandu de votre Fils, par la priére tres puré de m a mere M arie, que votre Miséricorde apaise mon angoisse et que je m ’ endorm e alors, heureux, dans votre amour.

TABLE DES MATIÉRES ★

Préface Introíbo ad altare Dei I I Confíteor II I Le baiser á l’autel I V .............. Le signe de l’entrée V La pitié et la gloire ................ Unis dans le Seigneur V I VI I Lecture au nom de Dieu V II I Interméde et préparation I........................................................................ X Parole de Dieu X .. . ........................ Régle de notre Foi X I Offertoire XI I Par le Pain et par le Yin X II I ..................... Les mains purés XI V ................. Aux Trois Personnes X V Secrete XV I Prologue á l’ Eucharistie XVI I .. Sanctus, Sanctus, Sanctus X V II I L ’Église au pied de la Croix X I ........................................................... X Ceci est mon corps X X Ceci est mon sang XX I Mémorial XXI I ......... Les morts et nous pécheurs X X II I Action de gráces XXI V Pater Noster XX V Le pain rompu XXV I Par le sang de l ’agneau XXVI I .. Communion du prétre X X V II I Communion du fidéle XXI X ......................... Sous la main de Dieu X X X . ......................................... Dans la gloire du Verbe I

X XY TT....................................................... Priére du matin Pour chaqué instant du jour A X X U I ......................................................... Priére du soir

y y v t t t ...........................

Dépot légal Nn 793

2* trimestre 195!1

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